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Pourquoi je serai candidat
27/06/2011 20:50
Dans cette brochure de 24 pages, Jean-Pierre Chevènement expose les raisons de sa future candidature.
Dans cette brochure de 24 pages, Jean-Pierre Chevènement expose les raisons de sa future candidature.
La France est mal partie. Plus de deux millions d’emplois industriels ont disparu depuis 1983. Notre pays s’est installé dans un chômage de masse structurel (environ 9 % de la population active), désespérant pour sa jeunesse. C’est que, depuis trente ans, notre base industrielle se rétrécit : l’industrie est passée de 30 % à 13 % de la valeur ajoutée. Nos parts de marché, à l’échelle mondiale, se sont réduites (de 5,5 % à 3,6 %). Le déficit de notre commerce extérieur s’est creusé à 51 milliards d’euros en 2010 (un record qui met la France, toutes proportions gardées, dans une situation déficitaire comparable à celle des Etats-Unis).
Plus grave encore, la France ne maîtrise plus les moyens de l’action économique et politique, ni sa monnaie, ni son commerce extérieur, ni ses flux financiers, ni son droit devenu un droit subordonné. En réintégrant l’OTAN enfin, la France est revenue dans le bercail atlantique, à la remorque d’intérêts qui ne sont pas les siens.
Comment en est-on arrivé là ?
Cette situation résulte, pour l’essentiel, de choix politiques associant le Parti socialiste et la droite : Acte Unique (1985-1987), traité de Maastricht (1992), pacte de stabilité et de croissance (1997), OMC (1994), traité de Lisbonne (2008), copie conforme du projet de traité constitutionnel rejeté, trois ans avant, par 55 % du peuple français.
L’adoption de la monnaie unique en réponse à la réunification allemande a été une monumentale erreur de nos classes dirigeantes, toutes tendances confondues : l’euro est un mark-bis. Or, le mark était une monnaie faite pour l’Allemagne, qui dispose d’un fort tissu de PMI exerçant pour la plupart, dans leur spécialité, un monopole technique à l’échelle mondiale. L’euro convient à l’Allemagne mais pas à la France dont les exportations dépendent beaucoup plus des prix. L’euro, cela va sans dire, convient encore moins aux pays sous-industrialisés de l’Europe du Sud. C’est de surcroît une monnaie surévaluée qui écrase notre compétitivité et celle de la plupart des pays européens. On ne peut envisager de réindustrialiser le pays sans un euro durablement moins cher.
La crise financière et économique mondiale de 2008-2009 et la crise de l’euro de 2010 viennent sanctionner une autre erreur majeure d’orientation, l’acceptation de la dérégulation néolibérale et le choix de construire l’Europe sans, voire contre, ses nations. L’Europe, dès avant le traité de Lisbonne s’était dotée d’institutions (Commission, Cour de justice) permettant de verrouiller les pays de l’Union au sein de ce modèle. Ces choix mortifères n’ont pu procéder que d’un profond manque de confiance de la France en elle-même, lui-même né du doute issu des malheurs de notre Histoire dans la première moitié du vingtième siècle. C’est cette confiance qu’il faudra restaurer et d’abord pour redresser l’Europe qui a besoin d’une France forte.
Le capitalisme financier que nous avons laissé s’installer depuis la fin des années 1980 est un système de prédation : il confisque au profit de la sphère financière les bénéfices de l’économie réelle. Ce système qui a explosé en vol en 2008 a été ravalé avec l’appui massif des Etats, c’est-à-dire des contribuables. Mais tout est reparti comme avant : aux Etats-Unis, comme en Europe, les banques ont renoué avec les super profits et avec des bonus extravagants.
Parallèlement, la crise de l’euro n’a été que reportée par la mise en place de mécanismes de stabilisation insuffisants pour renflouer les pays qui chavirent. Les économies des pays dits « périphériques » sont engagées dans un cercle vicieux de récession, entraînant moins-values fiscales, déficits budgétaires accrus, et explosion de l’endettement public. Les plans d’aide peuvent se surajouter les uns aux autres : ils ne font que reculer l’échéance, dès lors que la tendance récessive de l’économie n’a pas été renversée par une politique de croissance conçue et mise en œuvre à l’échelle européenne, ce que ni l’organisation de l’UE ni la volonté des Etats qui la composent ne permettent aujourd’hui.
Or, face à ces défis redoutables, quelle est la réaction de ceux qui s’apprêtent à solliciter les suffrages des Français ?
Nicolas Sarkozy est tétanisé par les marchés financiers : « Si on n’avait pas fait la réforme des retraites et le « 1 sur 2 » dans la Fonction publique, écrit-il, la France ne serait plus notée « triple A », ce qui nous permet d’emprunter à 3,6 %, quand la Grèce emprunte, elle, à 16 %, à échéance de dix ans »1. Comment mieux avouer que la souveraineté nationale est désormais passée dans les mains de « Standard and Poors » ? Le pacte dit « de compétitivité » imposé par Mme Merkel conduit l’Europe et la France dans le mur. La croissance, quand elle subsiste, est trop faible pour permettre le retour à l’équilibre. L’Europe tout entière est emportée dans un déclin accéléré. L’Allemagne elle-même est fragilisée par la crise dans le reste de la zone euro. Sa politique à courte vue l’enferme dans une contradiction insoluble : à quoi bon la recherche de la compétitivité sur les marchés émergents, si la contrepartie est la chute de ses exportations sur la zone euro, où l’Allemagne réalise 60 % de ses excédents ?
Ce manque de volonté au plan européen se redouble d’un constat d’impuissance au plan mondial. À l’échelle mondiale, les facteurs de crise demeurent : importance des actifs toxiques et du « système bancaire de l’ombre » (le marché des « dérivés » représente 650 000 Milliards de dollars, dix fois le PIB mondial !), déséquilibres macro-économiques loin d’avoir été résorbés entre la Chine et le reste du monde comme entre l’Allemagne et les autres pays de la zone euro. Quant à la réforme du système monétaire international, c’est une affaire de long terme !
Au quotidien, notre politique reste donc à la merci des marchés financiers, de leurs secousses et de l’appréciation des agences de notation.
Y a-t-il une probabilité que l’un des candidats socialistes potentiels permette de nous soustraire à la dictature des marchés financiers ? Si on met à part l’évocation par Arnaud Montebourg d’une « démondialisation » dont les modalités restent encore floues, aucun candidat potentiel n’esquisse la moindre autocritique par rapport aux choix du parti socialiste qui ont permis l’installation du capitalisme financier dans notre pays. Le droit d’inventaire, si souvent évoqué, n’a jamais été exercé. La « parenthèse libérale », ouverte en 1983, n’a jamais été refermée ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. Le « bon bilan » autoproclamé des années 1997-2002 pèse comme un couvercle sur l’esprit critique des dirigeants. C’est pourquoi les candidats socialistes potentiels ont tant de mal à remettre en cause le système de contraintes héritées de choix qu’ils ont avalisés par conformisme et auquel ils devraient immédiatement faire face s’ils revenaient aux affaires : la financiarisation de l’économie qu’a permise l’Acte Unique européen, le libre-échangisme inégal codifié par l’OMC et prêché par son directeur Pascal Lamy, et surtout le système de l’euro qui met l’Etat emprunteur à la merci des marchés financiers. Tout laisse à penser que la tyrannie du « triple A » s’exercerait sur les socialistes comme sur l’actuel Président de la République, faute qu’ils aient élaboré dans leur tête une stratégie alternative. Reconnaissons à leur décharge que l’entreprise est exceptionnellement difficile.
Le projet socialiste 2012 peut paraître comporter à première vue quelques dispositions méritoires mais il est plus probable qu’il est destiné à fonctionner comme un leurre. Le montant des mesures proposées (de 25 à 100 milliards d’euros, selon les estimations) n’est pas finançable dans le cadre actuel du système de l’euro. De surcroît, une lecture attentive montre que les mesures qui seraient décisives ne sont que timidement évoquées, quand, encore, elles le sont. Le projet socialiste 2012 est muet sur la crise de l’euro. Il n’affronte pas vraiment les problèmes auxquels la gauche victorieuse serait inévitablement confrontée. Et comment croire que la création d’une banque d’investissement pour soutenir l’industrie pourrait être autre chose qu’un faux-semblant, si on ne reréglemente pas la sphère financière et si on ne remet pas en cause les règles européennes sur la libre concurrence et la libre circulation des capitaux ?
Un candidat crédible à la Présidence de la République française doit pouvoir parler à l’Allemagne (pour le moment celle de Mme Merkel) le langage de la franchise qui est aussi celui de la véritable amitié. Quelles que soient les divergences actuelles sur la politique économique et monétaire, sur le nucléaire et sur la politique en Méditerranée ou sur la défense, les intérêts de la France et de l’Allemagne sont solidaires dans le long terme. Ou bien nos deux pays trouveront le moyen de continuer de concert leur Histoire, ou bien ils sortiront ensemble de l’Histoire, comme l’Egypte antique ou les cités de l’Ancienne Grèce.
Comment parler à l’Allemagne ?
L’Allemagne est prise dans une contradiction dont elle doit sortir : elle a fait de la zone euro son marché intérieur. Elle y réalise 60 % des ses excédents commerciaux. Mais dans le même temps, elle vise la compétitivité sur les marchés extérieurs, et cela au prix d’une compression salariale qui, depuis 2000, a déséquilibré presque tous ses partenaires européens. Si tous avaient mené la même politique qu’elle, l’Europe tout entière aurait plongé dans la récession dès 2003. En fait l’Allemagne peut-elle concevoir avec nous un projet d’« Europe européenne » pour le XXIè siècle, ou bien reste-t-elle prisonnière d’un projet national à courte vue ? L’Allemagne croit trouver dans la technologie et la compétitivité sur les marchés émergents un remède à sa démographie vieillissante. Mais y a-t-il une réponse autre qu’européenne à la montée des pays de l’Asie ? L’Allemagne peut-elle séparer son sort de celui du reste de l’Europe ? L’Allemagne a fait l’impasse sur le nucléaire. C’est un pari hasardeux et coûteux. L’Allemagne n’a pas de politique extérieure et de défense qui lui soit propre. Ainsi, la dimension méditerranéenne du projet européen semble lui échapper. Or, les Etats-Unis se détourneront toujours plus de l’Europe. Cette impasse, à long terme, est grosse de périls. Il est capital qu’une bonne entente franco-allemande assure les fondements d’un projet européen cohérent, à l’Est comme au Sud.
De nouvelles règles du jeu pour la zone euro
Dans l’immédiat, il faut donc amener l’Allemagne à revoir ses choix économiques et à accepter la renégociation des règles du jeu de la monnaie unique. C’est un enjeu prioritaire. Les questions à traiter sont d’abord la modification des statuts de la BCE, dont la mission doit être étendue au soutien de la croissance et de l’emploi, à l’intervention sur le marché des changes ainsi qu’au rachat des titres de dettes des Etats sur les marchés financiers ce qui permettrait de casser la spéculation. Il faut trouver un bon compromis entre le principe de responsabilité des Etats inscrit dans les traités, et que l’Allemagne défend à juste titre, et la nécessaire solidarité entre Etats, même si le degré de solidarité, au sein de l’Europe, ne peut pas avoir la même force qu’au sein de chaque nation. Plutôt que d’abonder constamment le Fonds européen de stabilisation financière et de multiplier les « conditionnalités » vis-à-vis des pays déficitaires, ne vaut-il pas mieux élargir le rôle de la Banque Centrale ? Une certaine imprévisibilité de la politique monétaire permettrait de mieux contenir la spéculation que des engagements publics faciles à déjouer. Enfin, il ne faut pas renoncer à reréglementer les marchés financiers, en interdisant certains types de transactions (sur les titres d’assurances, par exemple) aux non-détenteurs des titres de dette concernés. La reréglementation de la sphère financière s’imposera à la prochaine crise. Encore faut-il y être prêt !
L’Europe doit ensuite pouvoir emprunter pour financer une politique d’investissement et de recherche, ce qui implique la modification des traités européens actuels. Depuis 1994, la Commission européenne parle de financer ainsi un vaste programme d’infrastructures. Mais rien ne se fait, parce que les textes ne le permettent tout simplement pas. Ainsi l’Europe sombre-t-elle dans le psittacisme1 …
Le plus important est de rompre avec la politique d’austérité à perte de vue qu’entraînerait mécaniquement l’application du pacte Merkel-Sarkozy, dit abusivement de compétitivité. Il est nécessaire de concevoir une initiative de croissance à l’échelle de l’Europe tout entière. Cette initiative pourrait s’appuyer d’abord sur une relance salariale dans les pays excédentaires conjuguée avec une politique de change destinée à faire baisser le cours de l’euro vis-à-vis des principales devises. Nous nous heurterons là à la solidarité objective des Etats-Unis et de la Chine qui ont également intérêt à un euro surévalué. L’expérience historique montre que la réforme du système monétaire international est une affaire de longue durée. Mais certaines mesures correctrices doivent intervenir rapidement pour préfigurer le sens souhaitable de l’évolution.
Réforme du système monétaire international et protection
Le yuan est sous-évalué et tant que le déficit de l’Union européenne sur la Chine avoisinera les 200 Milliards d’euros, la première sera fondée à prendre des mesures correctrices. Quant aux Etats-Unis, ils sont tentés de faire baisser le cours du dollar, grâce à leur politique de « planche à billets », pour favoriser à la fois la réduction de leur déficit commercial et leur réindustrialisation. Il est vrai que pour continuer à attirer l’épargne extérieure, ils ne doivent pas trop affaiblir le dollar. Mais rien ne justifie une parité de l’euro avec le dollar supérieure de 20 %, voire davantage, au cours de lancement de la monnaie unique (1,16 dollar pour un euro). Le libre-échangisme actuel est biaisé par des asymétries qu’il faudrait corriger sans tarder (coûts de main d’œuvre – absence d’harmonisation sociale et environnementale – privilège du dollar). Car, comme le disait Keynes, « à long terme, nous serons tous morts » !
Mais là encore tout laisse penser que le retour à un degré de protection raisonnable, à l’échelle des grandes régions mondiales (Amérique, Asie, Europe) ne pourra intervenir qu’à l’occasion d’une prochaine crise. Encore faudrait-il qu’un éventuel Président de la République de gauche s’y soit mentalement préparé.
La zone euro ne peut pas rester indéfiniment la lanterne rouge de la croissance mondiale. Elle doit renouer avec le dynamisme de grands projets technologiques, allumer de nouveaux moteurs, rompre avec l’immobilisme qui n’avantage que les rentiers et condamne au déclassement les nouvelles générations. Elle doit affronter sans préjugés la question de l’approvisionnement et de la production énergétiques pour le siècle qui vient.
C’est tout cela qu’il faut faire entendre à l’Allemagne si nous voulons bâtir une identité européenne qui ait un contenu et à laquelle finalement tous, y compris l’Allemagne, ont intérêt.
Un plan B
Si ce « plan A » qui implique la modification des règles du jeu de la zone euro et l’inversion vers la croissance d’une politique qui pousse aujourd’hui à la récession ne pouvait être mis en œuvre, du fait de l’inertie des milieux dirigeants allemands et de la complicité des élites financières et rentières dans le reste de l’Europe, il faudrait se préparer à de fortes secousses non seulement dans les pays périphériques aujourd’hui sous tente à oxygène (Grèce, Irlande, Portugal), mais aussi dans de grands pays comme l’Espagne, voire l’Italie, ou même la Belgique. Plutôt que d’attendre massivement l’explosion en vol de l’euro, il serait préférable de préparer un « plan B ». Il s’agirait d’abord de transformer l’euro de monnaie unique en « monnaie commune », valable dans les transactions internationales. Il s’agirait ensuite de ressusciter un SME bis, permettant des ajustements négociés à l’intérieur de fourchettes de parités entre des monnaies nationales rétablies mais uniquement pour les transactions intérieures à la zone euro rénovée. Les pays aujourd’hui asphyxiés pourraient ainsi retrouver une compétitivité raisonnable. La Grèce devrait peut-être dévaluer de 40 % par rapport à l’euro. Celui-ci, redevenu, comme avant 2002, un panier de monnaies continuerait à fluctuer vis-à-vis du dollar, du yen, du yuan, de la livre britannique, etc.
Cette « politique harmonisée », en vue de sortir du système de la monnaie unique pour y substituer une monnaie commune, éviterait les « dévaluations compétitives ». Elle préserverait un « toit européen ». Elle permettrait surtout l’extension de la zone euro à la Grande-Bretagne, aux pays scandinaves, aux PECO’s qui s’en tiennent, à juste titre, éloignés, mais aussi à la Russie, à l’Ukraine, aux pays de l’Euroméditerranée, etc. Ce serait un système réaliste pour tout le monde, où des ajustements de parité négociés permettraient de corriger les déséquilibres commerciaux excessifs. Le cours de l’euro redeviendrait plus raisonnable. On s’étonne que les responsables des grands pays européens n’aient pas préparé ce « plan B », par prudence d’abord mais aussi par souci bien compris de l’intérêt général des peuples européens. Cécité ? Dogmatisme ? Inféodation à la rente financière et aux couches sociales privilégiées, voire à de « grands intérêts » extérieurs ? Il y a sans doute une part de tout cela dans l’épais manteau de conformisme qui empêche nos soi-disant « maîtres du monde » de penser le bien public.
Remettre la France sur une pente ascendante
Nous nous acheminons ainsi vers de violentes secousses auxquelles les candidats potentiels du Parti socialiste ne semblent pas s’être mentalement préparés. Leur pragmatisme aligné dissimule en fait une insuffisance de réflexion et une absence complète de volontarisme. Qu’attendons-nous donc d’un candidat de gauche pour qu’une victoire, en mai 2012, ne débouche pas très rapidement sur des déceptions et des frustrations qui provoqueraient assez vite la coagulation de la droite revenue à l’opposition et de l’extrême droite maquillée sous les traits de Marine Le Pen ? Non pas des promesses qu’il ne pourrait tenir mais la ferme volonté de remettre la France sur une pente ascendante.
Que signifie d’abord cette expression « remettre la France sur une pente ascendante » ?
Des choses simples : réinscrire la France sur un trend de croissance à long terme. Il est impossible de préserver l’Etat social sans un appareil productif capable de le financer. Veiller à sa réindustrialisation, en lui faisant prendre le train de la révolution technologique du XXIè siècle : la révolution numérique, en drainant vers l’industrie notre abondante épargne en reréglementant le secteur bancaire, en faisant en sorte que les multinationales françaises renvoient l’ascenseur, en échange de l’aide multiforme qu’elles reçoivent et investissent davantage sur le territoire national, en suscitant enfin la création et le développement de PMI à haute intensité technologique, sur le modèle allemand. Un tel projet de réindustrialisation s’inscrit dans la perspective d’une démondialisation marchande et financière. Il faut remettre un peu de viscosité dans une économie mondiale imprudemment globalisée et décompartimentée.
Parallèlement, un Président de la République de gauche aurait l’impérieux devoir d’organiser un nouveau « grand bond en avant » de l’Ecole républicaine, pour réduire de quatre à un l’échec scolaire et donner à la moitié d’une classe d’âge la possibilité d’accéder à un diplôme de l’enseignement supérieur long (50 % donc contre 25 % aujourd’hui), sur le modèle des pays scandinaves ou des pays de l’Asie Orientale. Ce grand bond en avant implique une réforme de la formation des maîtres, une claire priorité donnée à l’école primaire et la réforme des bacs technologiques pour remédier à la panne de l’Ecole qui depuis 1995 ne porte plus que 68 % des jeunes « au niveau du bac ». Sur 500 000 bacheliers chaque année, la moitié seulement est apte à poursuivre des études supérieures longues. Ce « pari sur l’intelligence » est évidemment indissociable du grand objectif de l’Ecole républicaine qui est de former des citoyens.
Savoir projeter la France vers le monde
La France conserve de grands atouts : la qualité de son peuple, sa démographie, sa position géographique au cœur de l’Europe Occidentale, son ouverture vers l’océan atlantique, la Méditerranée et l’Afrique, ainsi que vers l’Europe Continentale, la modernité de l’idée républicaine qu’attestent les mouvements démocratiques enclenchés en Tunisie et en Egypte, sa langue et sa culture, sa diplomatie mondiale, sa défense et sa dissuasion nucléaire, son épargne abondante (17 % de son revenu, comme l’Allemagne et le Japon), un réseau de firmes mondiales qui la met au troisième rang derrière les Etats-Unis et le Japon, au niveau de la Grande-Bretagne et de la Chine.
On ne peut pas demander à un candidat à la Présidence de la République un plan détaillé d’action dans l’ordre international. Rappelons que De Gaulle a essayé de 1958 à 1968 plusieurs politiques (vers les Etats-Unis, vers l’Allemagne, vers l’URSS et la Chine). Ce qu’on peut demander à un Président de la République de gauche, c’est un patriotisme profond, un dévouement entier au peuple français, un sens élevé de l’Etat, un mental d’acier pour jouer avec méthode, mais aussi pragmatisme, les atouts de la France.
Dans la situation actuelle de la France où la plupart de nos choix sont contraints par notre appartenance à l’Union européenne, nous devons influencer celle-ci de manière décisive. La France n’est peut-être plus le numéro un en Europe, ce rôle étant aujourd’hui tenu par l’Allemagne, mais celle-ci a ses faiblesses. Elle a besoin de la France pour donner un vernis européen à sa politique. Nicolas Sarkozy a tort de donner sans conditions ni contreparties la caution qu’il apporte à Mme Merkel pour mettre en œuvre des politiques sans imagination qui ne donnent pas d’autre horizon à l’Europe qu’une austérité à perpétuité. C’est en réalité le choix du déclin, peut-être encore confortable pour nos élites rentières, mais de plus en plus douloureux pour notre peuple et d’abord sa jeunesse qui subissent un chômage de masse, le creusement d’inégalités scandaleuses et insupportables, la précarité pour beaucoup et un déclassement de plus en plus prononcé. La France a un besoin de croissance d’autant plus impératif que sa démographie est plus vigoureuse que celle de ses voisins.
C’est cet abandon à un déclin programmé dont il faut inverser le cours, en desserrant progressivement les bandelettes d’un néolibéralisme aujourd’hui en crise et en réformant les textes européens imprégnés de cette philosophie. Comment le faire, sinon en parlant à l’Allemagne, aujourd’hui celle de Mme Merkel, le langage de la franchise que la conscience d’une véritable solidarité de destin autorise ? Entre l’Europe nordique et l’Europe méditerranéenne, nos deux nations remplissent une fonction d’équilibre. Elles doivent s’entendre dans leur intérêt même. Un siècle et demi de guerres les a opposées. Elles ont failli faire chavirer le monde. L’hégémonie européenne n’y a pas survécu. La France se souvient qu’à deux reprises, au XXè siècle, elle a failli périr. L’Allemagne elle-même a payé de son écrasement matériel et moral et d’un demi-siècle de division la folie de ses dirigeants. Nous avons voulu tirer un trait définitif sur cette période. Il est très important que nous sachions ensemble opérer les changements qui s’imposent aujourd’hui : l’Europe ne doit pas être écrasée dans les pinces de la « Chinamérique », cette alliance conflictuelle mais objective de l’Hyperpuissance d’hier et de la Superpuissance de demain. Au contraire, elle doit s’affirmer elle-même comme un pôle, dans un monde devenu multipolaire. Or, cela passe d’abord par une entente profonde de nos deux peuples.
Il faut donc que le Président de la République française sache parler un langage clair à l’Allemagne, un langage sans arrogance, au contraire, plein du respect que mérite un grand peuple. Les grandes qualités de l’Allemagne, sa discipline même, sa cohésion ne l’autorisent cependant pas à méconnaître l’intérêt général européen. C’est celui-ci qui est à redéfinir à l’aune des réalités mondiales actuelles que nous ne devons pas affronter avec les recettes du passé. L’Allemagne par égoïsme a courte vue commettrait des erreurs aussi funestes que celles qui, à la fin du XIXè siècle ou dans les années trente, ont conduit au naufrage, un naufrage collectif qui a d’abord été le sien. Si nous nous plaçons dans l’horizon des marchés financiers, nous oublierons les peuples. Or, ce sont ceux-ci qui, dans la longue durée, façonnent l’Histoire. Il faut rechercher les arguments qui montrent à l’Allemagne que son intérêt à long terme est dans un changement de cap.
Il faut donc que le Président de la République française trouve dès aujourd’hui le langage qu’il faut pour parler, non seulement à la Chancelière mais à l’opinion publique allemande et à toutes les forces politiques qui entrent dans le fonctionnement de la démocratie allemande. L’intérêt européen au XXIe siècle est forcément aussi celui de l’Allemagne. Il faut lui en faire prendre conscience par un langage clair et fort. L’Europe ne peut retrouver une croissance forte que si elle est capable de protéger raisonnablement son marché.
Un candidat de gauche à la Présidence de la République doit commencer à réunir les concours nécessaires aussi dans les autres pays pour réorienter le cours de la politique européenne. Le débat devrait faire rage au sein du PSE (parti socialiste européen). On attendrait du candidat de gauche à la Présidence de la République française qu’il propose la réunion d’une « Conférence européenne » sur les moyens de surmonter la crise et sur la modification des règles du jeu afin de jeter les bases d’un pacte de prospérité pour l’Europe. Il faut y associer nos voisins, la Russie mais aussi les pays de la rive Sud de la Méditerranée qui ont besoin de notre aide pour réussir leur révolution démocratique.
Il doit se rendre aux Etats-Unis pour étudier les modalités d’une « sortie de crise par le haut », concertée entre les deux rives de l’Atlantique.
Il doit également se rendre à Pékin pour refonder notre partenariat stratégique et pour que la Chine prenne mieux en considération les intérêts des couches salariées dans les anciens pays industriels et les nécessités d’un « juste échange ». Il lui faudra trouver les leviers de négociation nécessaires, en faisant appel aux intérêts à moyen terme de la Chine.
Bien sûr, Nicolas Sarkozy va se mettre en avant à l’occasion du G20 qu’il préside mais le G20 n’est pas un organe d’exécution. Il n’en sortira pas grand-chose dans l’immédiat. C’est au mieux un forum utile. Certains l’ont décrit comme un « GO » (gentil organisateur). Ce qui sera décisif, ce seront les décisions que les pays de la zone euro pourront prendre entre eux au titre d’un véritable gouvernement économique et monétaire pour reréglementer les marchés financiers, interdire les paradis fiscaux, casser la spéculation, dépoussiérer les textes, relancer la croissance, etc.
À défaut d’une telle action, c’est le plan B qui s’imposera : une mutation si possible harmonisée de l’euro qui de monnaie unique pourrait devenir monnaie commune. Ainsi la France doit-elle avoir plusieurs fers au feu. Nos partenaires doivent être convaincus que nous ne pratiquerons pas la politique du « chien crevé au fil de l’eau ». Si l’objectif central est bien la réindustrialisation du pays, nous devons être capables de créer pour cela les conditions les plus favorables.
D’un candidat de gauche à la Présidence de la République, la France est en droit d’attendre non pas un projet tout ficelé mais une large vision, une ligne directrice, une volonté et, bien sûr, une capacité pédagogique. Un cap.
Un cap républicain
Qui dit pédagogie dit forcément République. Il s’agit, en présentant au débat collectif un projet que puissent s’approprier les citoyens, de créer les conditions qui permettront de battre en brèche la domination des marchés financiers.
Il faudra donc rappeler le lien entre la République et ses valeurs fondatrices, au premier chef les valeurs d’égalité mais aussi les valeurs de la connaissance, la laïcité, l’Ecole, la Science. Rien n’est plus éloigné de l’idéal républicain que la technophobie ambiante. La République est fille des Lumières. Elle ne doit pas laisser se rompre ce cordon ombilical, comme y inciteraient les tenants d’un nouvel obscurantisme opposant à l’Homme une Nature divinisée. La République rejette donc l’épithète méprisante de « scientiste » que voudraient lui accoler ces nouveaux obscurantistes.
Il nous faut organiser la transition énergétique pour lutter contre l’émission de gaz à effet de serre et pour préparer l’après-pétrole. Un accord se fera facilement sur la nécessité d’économiser l’énergie. Pour le reste, on ne peut faire l’impasse sur le coût de l’électricité. Le kWh d’origine éolienne est près de deux fois plus cher que le kWh du nucléaire ou du gaz. Le solaire photovoltaïque près de dix fois plus cher, dans l’état actuel de la recherche. Cet écart ne se résorbera pas avant longtemps.
Le choix du nucléaire est stratégique pour la France. Nous sommes dans cette filière au premier rang mondial. Le choix inverse de l’Allemagne ne modifiera pas ceux de la Chine, de l’Inde et des grands pays émergents. Le Japon lui-même ne remet pas en cause le nucléaire. S’il y a des leçons à tirer de l’accident de Fukushima, dont l’origine est un tsunami géant qui n’avait pas été prévu, c’est la nécessité de maintenir l’industrie nucléaire dans le giron de la puissance publique pour le soustraire à une logique de rentabilité à courte vue, et d’établir l’indépendance des autorités de sûreté.
Le pari de l’Allemagne sur les énergies renouvelables est un pari hautement aléatoire qui risque de déboucher dans les prochaines années sur le développement de nouvelles centrales à charbon. Il faudra penser à long terme le problème de l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Pour cela, il faudra d’abord que s’instaure un climat de sérénité dans le débat.
Le choix de maintenir la filière nucléaire au cœur de notre approvisionnement énergétique est capital. C’est un grand atout de la France que nous ne laisserons pas brader. Même élu avec l’appoint des Verts, un Président de la République de gauche doit être capable d’imposer un débat vigoureux sur la politique énergétique de la France, à l’abri du terrorisme intellectuel des antinucléaires et dans le seul souci de l’intérêt national. C’est aussi à cela qu’on jugera s’il peut porter « le destin de la France ».
La République est ennemie de tout dogme : elle fait confiance aux citoyens, à la lumière de leur seule raison naturelle, pour définir le bien commun. La République est naturellement « enseignante ». Elle doit former des républicains. L’Ecole doit redevenir une priorité budgétaire de l’Etat, avec trois axes majeurs : la formation des enseignants, l’Ecole primaire pour éradiquer l’échec scolaire, l’enseignement supérieur enfin, où doit s’organiser le grand bond en avant rendu nécessaire par les exigences de la compétition mondiale.
N’oublions pas, cependant, que le projet de la République est aussi un projet philosophique, étroitement lié à ce que Condorcet appelait « les progrès de l’Esprit humain ». L’Ecole républicaine doit former des citoyens. Bien sûr la République est ouverte en permanence au débat, à la remise en cause. Elle est ce régime qui s’est donné la liberté à la fois comme fin et comme moyen.
À cet égard, il serait bon de remettre au goût du jour ce que Claude Nicolet appelait la laïcité ou la République intérieure, c’est-à-dire à la fois l’esprit de libre examen et l’esprit « juste », attentif à toutes les argumentations. C’est notre héritage et c’est notre meilleur viatique pour affronter l’avenir.
C’est l’arme la plus efficace pour tenir en lisière les fondamentalismes, les communautarismes et plus généralement le différentialisme qui, sous des apparences généreuses, remet en cause les fondamentaux de la République. La laïcité n’est pas seulement une arène de neutralité. Elle est un état d’esprit. Un acte de confiance en l’Homme.
De même convient-il d’affirmer avec force la conception républicaine de la nation, fondée sur le consentement et l’adhésion. Ainsi ferons-nous reculer les partisans d’une identité figée, frileuse, contraire à la définition républicaine de la France, aussi bien que les idéologies qui sanctifient la différence au mépris de l’égalité.
Cette philosophie républicaine a évidemment des conséquences directes sur l’Ecole dont la tâche – transmettre des connaissances et former le jugement - doit être constamment rappelée à ceux qui, à divers prétextes, rabaissent le niveau d’exigence.
La République a également des implications en matière de sécurité et d’intégration des jeunes nés de l’immigration : la loi républicaine, la même pour tous, doit être intériorisée et respectée par chacun. Ainsi verrons-nous reculer le racisme plus sûrement qu’à travers la discrimination positive ou par le biais d’une judiciarisation de l’espace public. La liberté d’expression est au fondement de la République. Elle doit être défendue contre tous les terrorismes intellectuels, y compris celui du « politiquement correct ». Mais cela suppose des républicains combatifs, capables d’argumenter par eux-mêmes, et de ne pas laisser les adversaires de la République s’ériger hypocritement en victimes.
L’exigence républicaine est plus que jamais actuelle. Elle commande un combat sur deux fronts : d’abord contre la droite et l’extrême droite « identitaires », contre le racisme, les injustices et les inégalités dont souffrent les jeunes nés de l’immigration, mais aussi contre l’idéologie victimaire – compassionnelle, l’angélisme, la culture de l’excuse, bref contre le différentialisme, souvent plus difficile à combattre car paré des meilleures intentions et qui se manifeste souvent au sein de la gauche elle-même. Ainsi la tâche de la gauche républicaine est difficile mais elle répond seule à l’intérêt profond du pays. Or, comment la gauche pourrait-elle appeler à l’effort et se maintenir au pouvoir si son action ne paraissait pas d’abord inspirée par le souci de l’intérêt général ?
Un Président de la République de gauche doit ainsi réaffirmer l’identité républicaine de la France. C’est nécessaire à l’intérieur. Mais c’est nécessaire aussi vis-à-vis de l’extérieur. Le monde ne ressemblera plus jamais à celui dominé par l’Europe puis par les Etats-Unis que nous avons connu. Des nations milliardaires en hommes qui sont aussi des civilisations millénaires – la Chine et l’Inde – se sont réveillées. Les nations émergentes, particulièrement en Asie, se sont saisies de la technologie qu’elles maîtrisent désormais aussi bien que nous. Nous entrons dans une phase de l’Histoire où des identités conquérantes apparaissent déjà à l’horizon. Mais nous n’avons aucune raison de ne pas défendre et illustrer notre modèle politique et notre modèle social, y compris dans l’intérêt bien compris des peuples des nations émergentes.
La seule réponse idéologique que nous pouvons donner est l’affirmation de l’identité républicaine de la France. La France a préexisté à la République. Celle-ci n’est pas née sur une table rase mais elle a refondé notre identité collective. La République est le nom moderne de la France. Le patriotisme républicain qui est l’amour des siens se différencie du nationalisme qui est la haine des autres. La mission pédagogique de la France doit donc s’exercer sans faiblesse.
C’est en affirmant la conception républicaine de la Nation que nous servirons le mieux la cause des autres peuples et d’abord des peuples européens. Le but pour la France est de faire avancer l’idée d’une Confédération européenne élargie à la Russie, à l’Est, et à l’Euroméditerranée, au Sud. Un Président de la République de gauche doit offrir une perspective de civilisation.
Remettre la France dans le jeu, en ce début du XXIè siècle, ne peut se faire qu’avec un grand dessein.
Notre pays a failli périr deux fois au XXè siècle : en 1914-18 et en juin 1940. Il lui faut surmonter le doute qui l’étreint depuis lors. L’Europe que Jean Monnet a voulu faire, essentiellement par le marché et contre les nations, était une idée courte. Le « pari pascalien » de François Mitterrand sur un au-delà des nations appelé « Europe » trouve aujourd’hui ses limites dans les modalités choisies qui la confondaient avec la mondialisation néolibérale. Le moment est venu de les remettre en cause, sans abandonner le grand dessein géopolitique visant à resserrer la solidarité des peuples européens.
Une nouvelle grande page est à écrire : ni la République ni la France ne doivent disparaître. Elles se sauveront ensemble l’une et l’autre.
La République parce qu’elle offre à chaque nation le moyen de concilier son legs historique particulier avec les exigences de l’universel.
La France parce qu’elle est un facteur d’équilibre essentiel pour l’Europe à construire et qu’elle doit rester un phare pour l’Humanité tout entière, encore loin d’avoir su définir, pour chacune de ses nations, un chemin d’universalisation. On pourra discuter longtemps de la nation et de la citoyenneté, de la laïcité et de la sécularisation, de la démocratie et de la République : il est essentiel que la France redevienne une grande nation politique, capable de faire vivre chez elle ses valeurs, pour éclairer le chemin de l’Humanité. C’est cette foi hors du commun qu’on attend du prochain Président de la République française.
Jean Pierre Chevenement
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Retrait d'Afghanistan: Dominique de Villepin dénonce le "suivisme" de Nicolas Sarkozy
27/06/2011 20:37
Dominique de Villepin a salué vendredi sur son blog la décision de Nicolas Sarkozy de retirer les troupes d'Afghanistan en soulignant que la "présence là-bas n’a plus de justification".
"Nous n’avons ni but politique clair, ni but militaire ; ni stratégie politique, ni stratégie militaire", précise le candidat à l'élection présidentielle de 2012 dans un nouveau post intitulé "Cher Nicolas", le troisième en trois semaines d'existence du blog.
Dominique de Villepin n'a pas manqué cependant de dénoncer une décision "mécanique et trop numérique".
"Elle s’apparente à un suivisme des Etats-Unis qui n’est jamais une bonne chose pour notre pays, qui a vocation à être initiative, vous le savez comme moi. Mais je veux croire qu’elle est le début d’une prise de conscience et d’une reprise en main de la stratégie politique", poursuit l'ancien Premier ministre.
"La solution doit être politique, inscrite dans le long terme et régionale", précise Dominique de Villepin en appelant à "engager un processus de réconciliation nationale impliquant l’ensemble des forces politiques en présence en Afghanistan".
Source: Europe 1
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Cher Nicolas, par Dominique de Villepin
Je suis heureux, Monsieur le Président, qu’en tant que commandant en chef de nos armées, vous ayez pris la décision d’amorcer le retrait des troupes en Afghanistan. Nous devons regarder la réalité en face avec lucidité et courage, notre présence là-bas n’a plus de justification. Nous n’avons ni but politique clair, ni but militaire ; ni stratégie politique, ni stratégie militaire. Nous devons la vérité aux soldats français engagés en Afghanistan et à leurs familles, et tout particulièrement à celles de 62 disparus et des nombreux blessés.
Pour l’heure cette décision reste mécanique et trop numérique. Elle s’apparente à un suivisme des Etats-Unis qui n’est jamais une bonne chose pour notre pays, qui a vocation à être initiative, vous le savez comme moi.
Pour lire la suite du billet de Dominique de Villepin, cliquez ici
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/06/25/1948-retrait-d-afghanistan-dominique-de-villepin-denonce-le-suivisme-de-nicolas-sarkozy
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Gérard Lafay : il faut transformer l’euro en monnaie commune !
27/06/2011 20:32
Philippe Cohen – Marianne
Dans une tribune publiée dans le Figaro, l’économiste Gérard Lafay affirme que la Grèce ne s’en sortira pas sans dévaluation, tout comme le Portugal et l’Espagne. D’où sa proposition : une sortie de l’euro en douceur, permettant de gérer les différences de situation économique des différents pays.
Marianne : Vous écrivez dans le Figaro, avec Jacques Sapir et Philippe Villon, que l’euro est en train de mourir. Mais beaucoup de responsables pro-européens affirment au contraire que l’Europe ne progresse qu’au bord du gouffre. Pour eux, les Cassandre de l’euro ont toujours été démentis par les faits depuis quinze ans…
Gérard Lafay : Il est vrai que l’Europe a déjà surmonté de multiples crises. La solution choisie, jusqu’ici, a toujours été la fuite en avant vers « plus d’Europe ». L’échec du marché unique, qui devait donner davantage de croissance, a servi à justifier la monnaie unique. L’échec de plus en plus évident de celle-ci va servir à justifier un fédéralisme fiscal, déjà proposé par Jean-Claude Trichet. Ce ne serait concevable qu’en violant la volonté populaire, en la qualifiant de « populiste ». Les bureaucrates qui dirigent de facto l’Europe, à Bruxelles, Francfort et Luxembourg, envisagent ainsi de rééditer, en l’amplifiant, le déni de démocratie déjà opéré pour le passage en force du traité de Lisbonne, les référendums étant bannis. Ce n’est pas de cette façon que l’on construira une véritable Europe.
Pourquoi écrivez-vous que les restructurations de dettes ne suffiront pas à relancer les économies?
Les restructurations de dette peuvent permettre d’effacer tout ou partie des dettes passées, mais elles ne peuvent pas empêcher les dettes extérieures de reprendre de plus belle, car les économies concernées ne sont plus compétitives, en raison des écarts passés d’inflation et de la surévaluation chronique de l’euro. La seule solution est une dévaluation raisonnable en termes réels. Ceci n’empêche pas de lutter efficacement contre l’inflation et d’appliquer des plans réalistes de redressement, aux antipodes de la purge insensée que les bureaucrates prétendent infliger aux malheureux Grecs.
Les partisans du maintien de l’euro tel qu’il est affirment qu’une sortie de l’euro serait une catastrophe pour les pays qui prendraient cette option car elle provoquerait un dévissage de leur monnaie et accroitrait donc brusquement l’endettement public du pays considéré.
Pour les pays qui subissent un déficit extérieur, la sortie de l’euro provoquerait une dépréciation de la monnaie considérée, mais celle-ci serait bénéfique car elle la condition sine qua non d’un retour à la compétitivité. Encore faut-il que cette dépréciation soit réelle, en s’accompagnant d’une lutte contre l’inflation et d’une gestion cohérente de l’économie. Toute dépréciation entraine fatalement un renchérissement des produits importés en dehors de la zone euro, mais cet effet est relativement faible. Pour la France, les importations de biens et services hors de la zone euro représentent 13 % du Produit intérieur Brut. En cas d’une dépréciation de 20 %, l’effet inflationniste serait donc de 13 % x 0,20, soit 2,6 %, à condition de faire accepter par la population cet appauvrissement temporaire. Celui-ci serait largement compensé par les gains de croissance les années suivantes.
En ce qui concerne l’endettement, la disparition de l’euro ferait que la dette devrait être convertie dans une monnaie commune, moyenne des monnaies nationales équivalente à l’ancien écu. Vis-à-vis de celle-ci, la position d’un franc nouveau resterait grosso modo inchangée : les monnaies des pays du Nord de la zone euro s’apprécieraient, tandis que celles des pays méditerranéens se déprécieraient. Si en revanche l’euro subsistait, la dette publique détenue par les non-résidents (67 % du total) serait réévaluée au prorata de la dépréciation, mais le total ne serait augmenté que de 12 % en cas de dépréciation de 20 %, coût qui serait d’autant plus faible que l’euro aurait baissé auparavant.
Vous prônez un scénario de sortie douce de l’euro ou plutôt de sa transformation en monnaie commune. Pensez-vous qu’il soit possible de faire accepter par les Allemands un divorce à l’amiable ? Dans le cas inverse, pensez vous possible de convaincre les « PIG’s » de s’en aller avec la France ?
La position des Allemands est ambiguë. D’un côté, ils ont profité de l’euro en accroissant leurs excédents, au détriment de leurs partenaires de la zone, de près de 100 milliards de dollars entre 2000 et 2008 ; ceci résulte d’une politique délibérée de stagnation des salaires, leur croissance ne provenant que des exportations. De l’autre, ils n’envisagent pas d’opérer d’opérer vers ces partenaires des transferts permanents de revenus, ayant déjà suffisamment payé pour opérer la réunification avec l’ancienne RDA. Il appartient donc au gouvernement français de leur faire comprendre cette contradiction afin d’opérer, de façon concertée, une dissolution inévitable de la zone euro. S’ils ne comprennent pas, la France devra sortir de l’euro avec ce que certains Allemands appellent avec mépris les PIGS, car notre situation, sans être aussi catastrophique que celle de ces pays, est de plus en plus mauvaise.
Que penser de la proposition d’Angela Merckel de faire payer aux banques et compagnies d’assurances une partie de la facture grecque ?
Ce n’est pas une mauvaise idée. Le seul problème est de savoir comment s’y prendre. Elles ne l’accepteront que si les Etats et/ou l’UE leur offrent des garanties. De toute façon, cela ne règlerait pas le problème de la compétitivité grecque, insoluble sans une forte dévaluation.
Les partisans de l’Union européenne, notamment Jean-Claude Trichet proposent une sortie par le haut de la crise de la dette, par un pas de plus vers l’Europe fédérale. Pourquoi cela ne vous parait-il pas réaliste ?
En fait, ils y pensent depuis le départ, la mise en place de l’Euro n’étant qu’un prétexte pour aller vers cette Europe fédérale. Quand la fédération s’applique à une nation, une solidarité nationale s’applique très naturellement entre ses régions les plus riches et ses régions les plus pauvres. Les premières fournissent au budget fédéral les ressources fiscales qui permettent de financer les dépenses d’infrastructure et de transfert au bénéfice des secondes. J’explique dans mon dernier essai chez l’Harmattan, « 12 clés pour sortir de la crise » (1), que l’Allemagne l’a fait après la réunification, des länder de l’Ouest vers ceux de l’Est. Or, si je suis favorable à la construction européenne, je pense que les partisans de l’Europe supranationale mettent la charrue avant les bœufs. L’Europe est très loin d’être une seule nation. La construction européenne doit s’appuyer sur l’amitié et le renforcement des nations existantes. En les affaiblissant comme le fait l’euro, facteur majeur de désindustrialisation, on ne fait qu’affaiblir, ipso facto, l’ensemble de l’Europe.
http://www.gaullisme.fr/2011/06/26/gerard-lafay-euro/
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Etats-Unis, domino suprême
27/06/2011 20:09
Les endettements publics grec et américain atteindront respectivement 150% et 100% du P.I.B. de chacun de ces deux pays vers la fin de cette année. Les déficits publics de ces deux nations, eux, sont relativement équivalents puisqu’ils se montent tous deux à approximativement 10% de ce même P.I.B… Le patron de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, a beau se vouloir rassurant vis-à-vis du système bancaire US dont il affirme qu’il ne devrait quasiment pas souffrir du défaut programmé de paiement grec. Pour autant, notre univers profondément interconnecté d’aujourd’hui – et subsidiairement l’expérience des années écoulées – devraient inspirer la plus grande circonspection…
Les Banques Européennes, qui se taillent la part du lion en terme de détention d’obligations grecques, sont certes et de très loin les plus menacées par cet inéluctable restructuration grecque. Une mauvaise surprise frappant les établissements financiers d’Outre-Atlantique est cependant d’autant moins à exclure que les grands fonds spéculatifs américains révèlent progressivement leur très substantielle exposition au marché de la dette européenne. En outre, le risque majeur – parce que difficile à mesurer – reste celui de l’immense foire aux bestiaux des CDS ou credit default swaps, en d’autres termes le marché des assurances contractées (et vendues) censées protéger contre le défaut de paiement des dettes souveraines.
Qualifié de l’appellation d’ » over-the-counter” ou, en français, de gré à gré qui revient à reconnaître qu’il ne se conforme à aucune régulation, ce marché constitue une bombe à retardement potentiellement dévastatrice – sur un plan universel – du fait de l’incapacité de la finance globale, mais également des Etats, à en appréhender les montants qui y sont traités comme les contreparties qui les contractent ! En fait, ce n’est que lorsque la Grèce aura vraiment fait défaut que l’on saura qui est réellement impliqué dans les CDS de ce pays.
Souvenons-nous de l’année 2008 ayant vu l’Etat fédéral américain se porter avec 200 milliards de dollars au secours d’AIG, plus important assureur mondial, qui avait vendu des montants impressionnants de CDS contre la baisse de notation des titres subprimes. Autrement dit, voilà un géant de l’assurance qui ne se réassurait pas, qui vendait donc à découvert, qui –indirectement – misait sur la qualité de subprimes qui se sont bien-sûr révélé rapidement des actifs pourris. Le plus intéressant, pour revenir à notre cas grec, étant que ce n’est qu’à l’issue de la déconfiture des subprimes que l’ampleur de l’implication d’AIG put vraiment être quantifiée, voire dévoilée. Dans un contexte où les grands « hedge funds » américains, très corrélés avec le système bancaire de ce pays, sont lourdement investis dans les papiers valeurs européens, il va donc de soi que l’Océan Atlantique n’atténuera en rien la secousse grecque…
Et pourtant, la ruée vers les T-Bonds américains – considérés comme « valeur refuge » par les investisseurs – ne semble pas faiblir, nul n’étant désireux d’envisager le scénario catastrophe mais fort vraisemblable où les spéculateurs joueront contre un placement subitement jugé (et avec raison) peu fiable et qui par surcroît offre un rendement quasi nul. Alors que les investisseurs anticipent un défaut grec à hauteur de la moitié de leurs placements, telle que reflétée dans la décote des obligations de ce pays, aucun questionnement existentiel ne saisit ceux – c’est-à-dire la planète entière ! – qui ont acheté les 14’000 milliards de dollars de Bons du Trésor américain et ce en dépit de la tragi comédie nauséabonde à laquelle se livre la politique US à propos du relèvement du plafond de son endettement national…
Les Etats-Unis ne sont bien-sûr pas le Grèce mais, du haut de leurs déficits insoutenables et de leur jeu politique malsain, ils en prennent le chemin. Avec, pour corollaire, une question angoissante : Qui sera bien capable de renflouer les Etats-Unis le moment venu ?
par Michel Santi (son site)
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/etats-unis-domino-supreme-96616
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NON à l'entrée de la Croatie dans l'UE ! NON à l'UE et à l'euro ! OUI à la sortie de notre pays de l'UE et de l'euro !
27/06/2011 20:05
Alors que l'UE est en crise grave, que le peuple grec est frappé par une cure d'austérité sans précédent imposé par l'UE et le FMI, les dirigeants européens annoncent l'entrée de la Croatie dans l'UE !
Nous devons nous opposer d'une part, à cette Union Européenne et à cette monnaie unique qu'est l'euro, nouvelles prisons des peuples et fossoyeures de la souveraineté des Etats-Nations et des acquis démocratiques et sociaux et d'autre part, à la reconstitution de la zone d'influence allemande en vue d'un retour à un "saint" empire germanique !
Les seuls bénéficiaires de l'entrée de la Croatie dans l'Union Europénne seront d'une part les grandes entreprises qui pourront jouer du dumping social et fiscal et délocaliser leurs unités de production dans un nouveau pays de l'UE et d'autre part, Allemagne qui sera plus que jamais le puissant européen et qui est le seul état qui reconstitue sa zone d'influence tout en poussant à la ruine des Etats comme la Grèce. Une Grèce épuisée, sous oxygène financier européen et international, dont le patrimoine économique est vendu à la découpe aux Chinois, ne posera plus de problèmes géopolitiques aux desseins allemands d'ouvrir l'Europe à l'Albanie puis à la Turquie !
L'affaire n'est pas encore terminée. L'entrée de la Croatie doit être ratifiée par la voie référendaire ou parlementaire en Croatie mais aussi dans les 27 autres Etats membres de l'Union Européenne !
Le parlement mais aussi le peuple français doit se prononcer ! Citoyens souverains exigeons un référendum !
La France, notre patrie républicaine, doit s'opposer à cet élargissement et aussi entreprendre la reconquête de sa pleine et entière souveraineté d'Etat-Nation (politique, monétaire, budgétaire, législative,diplomatique, économique, bancaire, culturelle, patrimoniale, etc...) en quittant l'UE, l'euro et le GMT !
Le peuple Français doit aussi se prononcer par référendum sur le maintient ou pas de leur pays dans l'UE et dans l'euro !
Il serait temps qu'un vent nouveau, républicain, libérateur se lève dans notre pays et que la France redevienne libre, indépendante, souveraine, républicaine, laïque, porteuse des idéaux des Lumières, de la Grande Révolution et de l'esprit de l'universalisme. Un sursaut républicain de Salut public est nécessaire !
Que la France se libère de ses chaînes européennes et économiques et redeviennent grande puissance ! Puissance républicaine productive et universaliste rayonnant à travers les mers, les terres et les continents !
Vive la République ! Vive la France souveraine !
Salut et Fraternité.
D-P.
http://darthe-payan-lejacobin.over-blog.com/
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