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Sur le marché des otages, le Français est à la hausse
01/07/2011 09:08
« La France ne verse pas de rançon » a affirmé fermement Alain Juppé lors de l'annonce de la libération des deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Une affirmation démentie par le journaliste Michel Peyrard, envoyé spécial de Paris Match en Afghanistan qui décrit le déroulement des négociations et démontre la monnaie d'échange particulière que constituent les journalistes otages. Un kidnapping lucratif.
Instrument de puissance, médiateur involontaire, monnaie d’échange l’otage est avant tout un objet de négociation notamment depuis la médiatisation à outrance de ces enlèvements. « Face à cette « technique » la communauté internationale manifeste diverses formes d’indignation stupéfaite. Chaque enlèvement est ressenti comme une surprise douloureuse et imprévisible que l’on traite au cas par cas comme s’il s’agissait d’une aberration isolée. Les gouvernements mettent ensuite longtemps à en identifier les motivations et les auteurs avant de négocier avec eux par des canaux clandestins rarement désintéressés et de se rendre à leurs exigences sinon politiques, au moins financières – même si cela est nié avec véhémence –, ce volet n’étant jamais absent des affaires d’otages, quand il n’en est pas au centre » analysait ancien chef du service de renseignement sécurité de la DGSE dans un texte intitulé Privatisation des conflits et prises d'otages.
Contrairement à la plupart des pays occidentaux et aux affirmations d’Alain Juppé -« la France ne verse pas de rançon »-, la doctrine française en matière de négociations est relativement souple. La France a la réputation de verser assez facilement des rançons aux ravisseurs contrairement aux états anglo-saxons que l'on dit « beaucoup plus durs en affaires ». Le gouvernement américain dit même ne pas prendre part aux négociations quand il s'agit de journalistes.
De façon inhabituelle, voire maladroite, en avril 2009, Hervé Morin alors Ministre de la défense déclarait que la France avait « proposé une rançon » aux pirates somaliens qui retenaient le voilier Tanit, rompant là avec une attitude traditionnelle d'extrême discrétion des gouvernements sur le sujet.
Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait assuré en novembre 2008 qu'il n'y avait pas de doctrine française en matière de paiement de rançon. « S'il y en avait une, je ne vous la donnerais pas, mais il n'y en a pas », avait-il dit sur Canal+, interrogé sur l'enlèvement en Afghanistan d'un humanitaire français, Dany Egreteau, libéré en décembre 2008. Pas plus tard qu’hier, toujours sur Canal +, le même Bernard Kouchner s’est montré beaucoup moins prudent évoquant précisément la possibilité d’une rançon dans le cadre de la libération d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier.
Revendications financières, diplomatiques, politiques etc.
Il existe plusieurs types d’otages comme l'explique l'ancien ambassadeur Jean-Christophe Rufin : « Pour les otages d'Areva, officiellement, on ne négocie pas, car on est dans la doctrine nouvelle de Paris. Mais en même temps, comme ces otages ont été pris chez Areva, rien n'interdit à l'entreprise d'avoir ses propres canaux. Les contacts privés existent donc, mais discrets, d'où la chape de plomb autour de ces négociations ».
Selon Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement sécurité de la DGSE : « il y a une composante islamiste, banditisme, trafic, mercenaire, le tout habilement mélangé dans un shaker ». D’où des prises d’otages assez longues, des revendications financières mais aussi diplomatiques, politiques, en termes de libération de détenus etc.
Les journalistes-otages constituent une monnaie d’échange particulière pour les ravisseurs. Au Liban, dans les années 80, l'enlèvement de journalistes était devenue une industrie. Tel Juppé, à la libération des otages d'Antenne2 en 1988, Charles Pasqua déclarera: «Nous n'avons cédé à aucune revendication, pas un franc, pas un dollar, pas un mark». Outre la fin du soutien de la France à l'Irak, le Jihad islamique, pour déminer le terrain, la France épurera une dette de 200 millions à la Syrie et l'Iran sera indemnisé à hauteur de 330 millions de dollars.
Dans un reportage exclusif diffusé mercredi sur le site de Paris Match, l'envoyé spécial du journal en Afghanistan, Michel Peyrard, raconte le déroulement des négociations engagées pour la libération de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, du côté des ravisseurs.
Le journaliste a pu rencontrer le « commandant Z », l'émissaire de Qari Baryal, le commandant taliban qui retenait les deux reporters de France Télévisions. Qari Baryal « figure en bonne position au sein de la liste des commandants les plus traqués par la coalition internationale », selon Michel Peyrard.
« Qari Baryal a fait récemment savoir à Quetta (NDLR, la ville où siège l’organe suprême des talibans ) qu’il fallait accélérer les négociations ou qu’il traiterait lui-même directement avec les Français » explique le commandant Z: « Vendredi 24 juin. Nouveau contact avec le commandant Z. Les évènements s’accélèrent. Le message de Baryal a été entendu par l’organe suprême des insurgés. Selon notre interlocuteur, les talibans ont revu à la baisse leurs exigences financières — pratiquement de moitié — et ne demande plus que l’élargissement de deux des leurs, contre quatre précédemment, en échange de la libération des otages: le maulavi Ihsanullah, capturé blessé en janvier dernier dans le district de Tagab, en Kapisa, et Mohamad Yunus, un important taleb ».
Les fonds spéciaux de la DGSE
Outre l'élargissement des prisonniers, c'est la rançon qui constitue le « dur » de la négociation. Les rançons sont devenues un véritable pactole pour les groupes terroristes, le kidnapping une activité lucrative. L'euromillion du terrorisme ! Selon certains spécialistes, AQMI tirerait 90% de ses ressources des rançons obtenues contre libération. Et la mort de deux français au Niger, le 7 janvier 2011, tués lors d'une opération de libération menée par les services français dit bien la difficulté de définir une doctrine ferme sur la question. Selon le quotidien londonien Times, la France, l'Allemagne et l'Italie auraient versé 45 millions de dollars pour la libération de leurs ressortissants en Irak.
Pour la France: 10 millions pour la journaliste Florence Aubenas, du quotidien Libération, libérée en juin 2005 après 157 jours de détention; 15 millions pour les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, libérés en décembre 2004 après 124 jours de détention.
La DGSE dispose de fonds spéciaux votés par le parlement français (53,9 millions d'euros en 2011). Plus qu'une rançon, les agents de la DGSE préfèrent expliquer qu'on achète une information, un silence, un soutien, on rémunère des intermédiaires.
Fin août 2010, après l'exécution de Michel Germaneau, deux otages espagnols, Albert Vilalta et Roque Pascual, étaient libérés par AQMI. Cette libération aurait donné lieu au paiement d'une rançon et à la libération d'un membre de l'organisation. La France dénonce alors l'attitude espagnole dans le règlement de cette affaire craignant une surenchère. AQMI parle quant à elle d'une « leçon pour la France et ses services secrets qui devront en tenir compte à l'avenir ». Si les autorités françaises ont toujours nié la possibilité d'un dialogue avec ses ravisseurs, dans le cas des journalistes de France 3, les liens avec les intermédiaires étaient réguliers.
Régis Soubrouillard - Marianne
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Outreau : quand les journalistes jouaient les procureurs
01/07/2011 09:03
L’affaire d’Outreau n’est pas qu’un fiasco judiciaire, c’est aussi un fiasco journalistique. Pourtant, le film « Présumé coupable », inspiré du parcours de l’huissier Marécaux, se concentre uniquement sur le volet strictement judiciaire.
Accusés, levez-vous ! Une réplique qui aurait dû être adressée aux journalistes lors de l’affaire d’Outreau. Ce scandale judiciaire qui s’est terminé par 13 acquittements dont Me Alain Marécaux, l’huissier de justice, qui a subi 23 mois de détention provisoire. Ce dernier a vu son livre Chronique de mon erreur judiciaire adapté au cinéma par le film « Présumé coupable » de Vincent Garenq.
Se voulant parfaitement réaliste (l’avocat d’Alain Marécaux, Me Hubert Delarue, a travaillé sur le scénario), il met en scène des acteurs ressemblant physiquement aux protagonistes de l’affaire. Philippe Torretton incarne Me Marécaux, Raphaël Ferret, le juge Burgaud et Farida Ouchani, Myriam Badaoui. En attendant sa sortie en salles le 7 septembre, plusieurs projections privées ont été organisées y compris pour les parlementaires et Me Marécaux en en a fait une large promotion dans les médias.
Et l’huissier n’est pas rancunier. Le film qui lui est consacré est tout aussi clément envers les journalistes. S’il constitue une violente critique contre le juge Burgaud, dépeint comme un magistrat froid voire psychorigide, obsédé par sa théorie du réseau pédophile, les médias sont en revanche épargnés. Ils ont pourtant été une pièce maîtresse dans le fiasco d’Outreau.
Médias épargnés
Seules deux séquences du film sont consacrées aux médias. En prison, Alain Marécaux regarde deux JT de France3 présentés par Elise Lucet. Dans le premier apparaît la thèse du « réseau pédophile », dans le deuxième, il apprend que des recherches ont été effectuées pour retrouver le cadavre d’une petite fille. Venant lui rendre visite, son avocat semble ne pas être au courant de ces fouilles, se plaignant même de ne pas avoir accès à tout le dossier. Sans que ce soit dit explicitement, là sont mises en lumière les mystérieuses fuites dans l’affaire qui ne font que desservir les accusés et présumés innocents.
Là est la limite du film, « Présumé coupable » souffre de la difficulté à se lancer dans la critique médiatique. Pourtant, peu de journalistes ont assumé leur traitement de l’affaire. Pour son film, Vincent Garenq a demandé à plusieurs journalistes de réenregistrer leurs voix afin de reprendre leurs sujets selon le Nouvel Observateur. Tous ont refusé et ont demandé à ce que l’on change leurs noms « tant ils avait rétrospectivement honte de leurs reportages », selon le réalisateur. Seule Elise Lucet a assumé son travail et réenregistré ses JT.
Mais hormis ces deux séquences télévisées, les journalistes n’apparaissent jamais dans le film. Ils sont souvent filmés comme une masse attendant Me Marécaux à l’entrée du palais de Justice ou cherchant une réaction du juge Burgaud avant son témoignage devant la Cour d’assises de Saint-Omer ou face aux acquittés lors du procès en appel à Paris. On ne voit jamais aucune Une de quotidien, on n’entend pas de flash à la radio et les journalistes ont tous des rôles de figurants. On ne sait rien non plus de l’impact des médias sur les familles des accusés ou sur les co-détenus (les pédophiles présumés ou condamnés étant stigmatisés et mêmes violentés en prison) alors que le nom des accusés ont été diffusé dans les médias. Bref, l’affaire d’Outreau est vue dans le film comme une stricte affaire de justice
Traitement à charge
Pourtant, il y aurait eu à dire sur le traitement à charge des médias. Les fuites « malencontreuses », les sujets à charge, la thèse du réseau pédophiles, sont tout autant d’éléments qui ont pesé sur la réputation des accusés. C’est le symbole d’un journalisme qui se contente de relayer des « sources proches du dossier » (des policiers voire le juge lui-même) ou des PV qui apparaissent comme par magie et de chercher le sensationnel au lieu d’enquêter et de recouper.
Dans le rapport de la commission d’enquête sur l’affaire d’Outreau, une petite partie est consacrée au traitement médiatique. Plusieurs journalistes ayant traité l’affaire ont d’ailleurs été auditionnés. Le rapport critique « un manque de prudence et de rigueur pendant l'instruction et par l'exercice d'une forte influence sur la procédure ». Il ajoute : « De fait, à quelques rares exceptions près, le traitement médiatique de l'affaire d'Outreau pendant l'instruction du dossier a donné lieu à des approximations, des contrevérités, des révélations ‘affriolantes’ jetant l'opprobre sur des personnes présumées innocentes ». Bref, des journalistes qui ont plus faits dans le réquisitoire à charge que dans l’information, au mépris de toute déontologie professionnelle.
D’autres fictions abordant des scandales judiciaires avait tenté d’aborder la question des médias, avec des journalistes réels ou fictifs dans les premiers rôles.. En 2006, « France 3 » avait diffusé « L’affaire Villemin » sur l’affaire du Petit Grégory, certains personnages ont gardé leurs vrais noms (le couple Villemin, la journaliste Laurence Lacour…), mais les autres ont changé de patronyme à l’écran comme le juge Lambert qui est devenu le juge Bertrand. Mais dans ce téléfilm, plusieurs archives télévisées sont utilisées et les vrais noms des médias employés. Pour ce téléfilm, France3 a été condamnée pour diffamation suite à une plainte de la famille de Bernard Laroche.
Renversement avec « Notable donc coupable », inspiré de l’affaire Baudis-Allègre et du livre des journalistes Marie-France Etchegoin et Matthieu Aron (par ailleurs co-scénaristes du film). Le téléfilm, diffusé sur France2 en 2006 tente d’apparaître comme une totale fiction : Dominique Baudis est devenu Fabien Borda, France2 s’appelle Vision 2, Le Monde est rebaptisé L’Univers…. Une chance, aucun média, malgré les critiques contre l’exploitation de l'affaire, n’en prend nommément pour son grade. Pourtant sur le fond, la fiction s’inspire de la réalité : un président d’une autorité de régulation audiovisuelle accusé de crimes sexuels, le même qui se défend en nage sur le plateau du 20 heures ; un trublion (inspiré de Karl Zéro) qui sent le scandale télégénique… Une belle hypocrisie. A croire que le maljournalisme bénéficie d’une totale immunité.
Tefy Andriamanana - Marianne
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Mélenchon : plus besoin de le calmer !
01/07/2011 08:57
Hier soir, le lancement de la campagne du Front de Gauche était placé sous le signe de «l'union». Plus posé, Jean-Luc Mélenchon a quitté la « fureur » du tribun pour endosser la stature d'un présidentiable.
Ce qui fait la richesse du socialisme, c'est qu'il ne sera pas le régime de la minorité. Nous avons fait le choix de la justice et du nombre », lance Christian Picquet, porte-parole de la Gauche unitaire, devant les 4000 personnes réunies à Stalingrad, hier soir. C'était le «leitmotiv» des militants, il fallait que la place « soit trop petite!» Plusieurs fois dans la soirée, il en sera question, le chiffre « incroyable » de « 6500 » participants est même annoncé avant l’entrée en scène de Jean-Luc Mélenchon. Plus tôt, Clémentine Autin, fondatrice de la Fédération pour une alternative sociale et économique (FASE), appelait déjà « les déçus du NPA qui hésitent » à venir grossir les troupes du Front de gauche.
Le choix du lieux est symbolique. Il rappelle les places prises par le « peuple » dans les pays arabes mais aussi par les « indignados » en Espagne. Les drapeaux du Parti de gauche flottent au vent en compagnie de ceux du PCF, de la Gauche unitaire, de la FASE et de deux ou trois drapeaux français. Et ce n’est pas un hasard si nulle part on ne peut trouver de bannière « Mélenchon 2012 » ou « Mélenchon Président ». L’heure est à « l’union » et à l’effacement du « je » pour le « nous ». C'est la condition à laquelle le Parti communiste a accepté, pour la première fois depuis 1974, d’être représenté à la présidentielle par un candidat qui ne fait pas partie des siens. Du coup, quand Christian Picquet parle d’en finir avec la « présidentialisation» et la «personnalisation» de la Ve République, les réactions ne se font pas attendre. «Ecoute ça Mélenchon! Faut le calmer!», s’emporte une militante. Signe que le choix du « bruit et de la fureur » n’a pas fait l’unanimité au sein du PC. Pourtant, si l’ex ministre de Lionel Jospin a été plébiscité le 19 juin dernier à 59,12%, c'est justement parce qu’il était le candidat le plus médiatique face à un André Chassaigne moins à l'aise avec l'exigence de personnalisation qu'impose la présidentielle.
« Mélenchon Président ! »
(marianne2)
Ton posé, plus solennel - presque « mitterrandien », osent certains militants du PG - Jean Luc Mélenchon a vraisemblablement endossé la stature d'un présidentiable. Contrairement à Pierre Laurent (PCF), en chemise décontractée, qui l'a précédé sur l'estrade, le co-président du Parti de gauche porte le costume sombre et la cravate rouge foncé des grands soirs.
Mais Jean-Luc Mélenchon se garde bien de rentrer dans les détails du programme commun. Rien sur l’euro en particulier, ni sur le protectionnisme. Il déroule tranquillement ses thèmes de campagnes : « partage des richesses » (salaire maximum), « planification écologique », «VIe république», « une autre paix »(sortie de l’Otan, fin des interventions en Libye). La rhétorique est bien rodée. Il oppose le « peuple qui sait mieux ce qu’il y a de mieux pour lui » à « l’oligarchie », au « capitalisme fou » et aux « bons docteurs du FMI ». « A bas le mot d'assistanat ! » envoit-il à l'intention du gouvernement. « Il y en a qui se sont déjà beaucoup sacrifiés, c'est au tour des autres. Ca tombe bien, ils en ont les moyens », ironise-t-il plus loin, suscitant les acclamations des militants. Soucieux de rapprocher la démarche du Front de gauche de celles des autres mouvements européens, Mélenchon ne manque pas l'occasion de dédier son discours « à nos frères et soeurs grecs » à qui les banques « demanderaient de vendre jusqu'à l'air qu'ils respirent ». Sa seconde « dédicace » est destinée au juge qui a relaxé Xavier Mathieu, le « Conti » qui avait refusé de se soumettre à un prélèvement d'ADN, « créant une jurisprudence ». « L'action syndicale pour protéger son gagne-pain n'est pas un crime, c'est un droit! », s’exclame-t-il alors que son auditoire scande la « résistance ». Lorsque à la fin de son discours, il loue la France « la belle, la rebelle » et que l'« Internationale » puis « La Marseillaise » sont entonnées, il ne fait plus aucun doute que les militants sont conquis. Enfin, les mots sont lâchés : « Mélenchon Président ! Mélenchon Président !»
Chloé Demoulin - Marianne
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Mediator: les sénateurs cognent à leur tour
01/07/2011 08:52
Les membres de la mission d’information, présidée par le sénateur François Autain, entendent mettre fin aux dysfonctionnements dans la chaine du médicament.
La "démédicamentation" de notre société est une urgence ». Le néologisme est signé François Autain, sénateur CRC de Loire-Atlantique et président de la mission d’information sur le Mediator. Après les inspecteurs de l’IGAS, les députés, les professeurs Debré et Even, les sénateurs ont remis leur rapport sur le système de contrôle du médicament français. Un rapport qui fait écho à celui paru il y a 5 ans, à la suite d’un autre scandale sanitaire, celui de l’anti-inflammatoire Vioxx. Les propositions des sénateurs pour restaurer la confiance à l’égard du médicament étaient alors restées dans l’ombre.
« Si les conclusions avaient été prises en compte à l’époque, nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui », glisse la sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange, rapporteure à la fois des rapports de 2006 et de 2011. « Nous sommes allés beaucoup plus loin cette fois », tranche François Autain, le président de la mission d’information sénatoriale. Adopté à l’unanimité – « le médicament n’est pas une affaire de droite ou de gauche », dixit François Autain – le rapport prescrit un bon gros coup de balai dans la pharmacopée française.
Plus de 12.000 médicaments sont aujourd’hui commercialisés en France. Une bonne partie d’entre eux ne servent pourtant pas à grand chose. Les sénateurs proposent ainsi de ne mettre sur le marché que les médicaments qui ont fait la preuve de leur réelle efficacité, par des essais comparatifs avec d’autres traitements. D’après François Autain, seuls 10% des nouvelles pilules et autres gélules lancées chaque année sur le marché ont un véritable intérêt thérapeutique. Les médicaments qui auront obtenu leur autorisation de mise sur le marché (AMM) devront en outre repasser une évaluation tous les cinq ans. Concernant l’expertise, les sénateurs se prononcent pour la création d’un corps d’Etat d’experts de santé publique indépendants et exempts de liens d’intérêts avec les labos, qui ont fait défaut dans l’affaire du Mediator. « Notre objectif est d’extraire l’industrie pharmaceutique de l’Afssaps », explique François Autain. Les labos n’ont pas beaucoup plus le droit de cité dans les cabinets médicaux. La mission sénatoriale envisage ainsi de mettre un terme à la profession de visiteur médical et de faire financer le développement professionnel continu des médecins par la puissance publique et non plus par l’industrie pharmaceutique. Au total, les sénateurs font 65 propositions et gardent l’espoir, « peut-être illusoire », d’être mieux entendus qu’en 2006. Ce que n’a pas vraiment fait le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui a présenté ses propres conclusions avant même que le Sénat présente les siennes…
Clotilde Cadu - Marianne
Dessin Louison http://www.marianne2.fr/Mediator-les-senateurs-cognent-a-leur-tour_a207959.html
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Grèce : y a-t-il un plan B à la sortie de l’euro ?
30/06/2011 09:11
Alors qu’un nouveau prix Nobel vient de critiquer la monnaie unique, qui n’aurait jamais du être mise en place selon lui, la Grèce est sur le point d’accepter un nouveau plan d’austérité sauvage qui devrait débloquer la dernière tranche d’aide et déclencher un nouveau plan.
Austérité et plan de financement
C’est pour l’instant la voie choisie par la troïka technocratique BCE / Commission / FMI. La Grèce doit réduire drastiquement son déficit (pour viser l’équilibre en 2015) et réduire son rythme d’endettement. En échange, la communauté internationale finance l’intégralité de son besoin de trésorerie (premier plan de 110 milliards d’euros). L’idée est que la meilleure gestion du pays pourrait permettre à Athènes de pouvoir à terme faire face à ses obligations.
Mais cette voie apparaît comme totalement illusoire pour la plupart des économistes. En effet, la Grèce est insolvable et sera incapable de rembourser une dette qui pourrait bien atteindre 180 ou 200% du PIB dans trois ans. En effet, la radicalité des plans d’austérité a plongé l’économie dans une violente récession, qui, en réduisant la richesse nationale, alourdit encore le poids de la dette. Pire, les Etats, le FMI et la BCE se substituent aux investisseurs privés, assurant le risque de défaut.
Austérité et restructuration
C’est pour cela que de nombreux économistes appellent à une restructuration de la dette grecque qui semble aujourd’hui inévitable. Le très sérieux The Economist recommande cette semaine une réduction de 50%, qui correspond à l’évaluation actuelle des marchés. Les banques européennes pourraient absorber une telle somme. Il faudrait en revanche recapitaliser les banques grecques, dont l’exposition est trop forte pour une telle restructuration.
Cela laisserait la Grèce avec une dette d’un peu moins de 80% du PIB, une réduction automatique de son déficit de 3,5 à 4 points de PIB (économie d’intérêt) et diminuerait nettement son besoin de financement pour les années à venir (le déficit 2011 étant divisé par deux par exemple). Un tel scénario permettrait de grandement limiter le coût du plan à venir. On peut estimer que le besoin serait au minimum divisé par deux (moins de 50 milliards au lieu de 100).
La question de la compétitivité
Il est bien évident qu’une telle solution permettrait de grandement réduire la pression sur le gouvernement grec et donnerait sans doute une bouffée d’air dans cette crise sans fin de l’euro en réduisant fortement la pression sur Athènes. Cependant, tout ne serait pas réglé. Le pays ne serait pas pour autant tiré d’affaire car il présente un énorme déficit de sa balance commerciale et de ses paiements : il manque tous les ans 5 à 10% du PIB pour équilibrer ses comptes extérieurs.
Paradoxalement, la restructuration de la dette freinerait le rééquilibrage de la balance des comptes courants car la Grèce se retrouverait dans trois ans avec un budget à l’équilibre mais des comptes courants dans le rouge, nécessitant toujours une l’injection d’argent de l’étranger… En effet, le pays souffre cruellement d’un manque de compétitivité qui plombe ses exportations. Bref, la situation resterait instable à moyen terme, à moins d’un transfert permanent de 5 à 10% du PIB…
Du coup, la seule solution, évoquée par Patrick Artus dans une de ses notes, serait une dévaluation interne, une baisse des salaires pour retrouver de la compétitivité. Cela a déjà été entamé, mais l’économiste en chef de Natixis évoquait le chiffre de 35% ! Une telle évolution serait un cataclysme économique qui provoquerait des années de récession économique qui remettraient en cause le remboursement de la dette, même après un ajustement de 50%.
A moins d’accepter des transferts colossaux pour combler le déficit de la balance des paiements, les deux options qui se présentent pour la Grèce, en complément d’une restructuration de la dette, sont une baisse d’un tiers des salaires ou une sortie de l’euro. La deuxième n’est-elle pas plus humaine ?
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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