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Chevènement: "Sur l’immigration, ce que fait Nicolas Sarkozy ne sert à rien"
28/04/2011 17:05
Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Paris Match, 27 avril 2011.
Paris Match. Y a-t-il en France un réel “problème” de l’immigration ou bien les immigrés sont-ils les boucs émissaires de la crise?
Jean-Pierre Chevènement: L’immigration tient principalement à un déséquilibre démographique et aux inégalités de richesses. Notre société souffre : chômage de masse, précarité, paupérisation, dégradation du pouvoir d’achat. On stigmatise l’immigré, mais tous ces phénomènes ont une cause principale, les dérèglements du capitalisme financier. Le problème de l’immigration, c’est celui de la concentration de familles d’origine immigrée dans certains quartiers. Elle exacerbe les tensions identitaires et ralentit le processus d’intégration. Mais de génération en génération, celle-ci progresse. Et il est ridicule de faire des immigrés la source de tous les maux alors qu’ils effectuent des tâches dont beaucoup de Français autochtones ne veulent plus. Je rappelle que chaque année, 500 000 emplois ne trouvent pas preneurs !
Fermer temporairement l’espace Schengen, est-ce une solution adaptée à l’afflux de migrants?
Je préférerais qu’on garde à Strasbourg les fichiers informatisés Schengen que l’on va déménager en Estonie.
L’immigration cristallise le débat politique en tout cas…
C’est pour éviter l’amalgame que j’avais créé la loi dite Réséda du 11 mai 1998, énonçant des principes fermes et justes sur le séjour des étrangers. Or, depuis que Nicolas Sarkozy est aux manettes, il ne se passe pas une session parlementaire sans qu’un nouveau projet de loi soit à l’examen. Tout cela ne sert à rien : le nombre de cartes de séjour a augmenté de 80 % par rapport à 2000 – 200 000 contre 114 000. On ferait mieux de créer des emplois, de casser les ghettos urbains, de mettre l’accent sur l’apprentissage du français et d’affirmer des valeurs – laïcité, égalité homme/femme, respect des lois de la République.
N’est-ce pas ce que préconisent tous les gouvernements depuis vingt ans?
Vous oubliez qu’on a depuis trente ans 2 à 3 millions de chômeurs avec une politique de la monnaie forte qui épuise le tissu industriel. A chaque fois que l’euro prend dix centimes par rapport au dollar, EADS perd 1 milliard à l’exportation et c’est pareil pour l’automobile ou l’agroalimentaire. Résultat : la production industrielle ne représente plus que 13 % de la valeur ajoutée, contre 30 % en 1982. Le capitalisme financier provoque l’exode de l’épargne et pousse nos multinationales à faire leurs chiffres d’affaires, leurs bénéfices et leurs investissements à l’étranger.
La faute à l’euro donc… Voulez-vous en sortir, comme le FN?
Non. Mais il faut changer les règles du jeu. Revoir les statuts de la Banque centrale européenne pour qu’elle ne se limite pas à contenir l’inflation mais qu’elle favorise la croissance. Et renoncer à ce pacte de régression qu’est le pacte de compétitivité prôné par Sarkozy et Merkel. La crise de l’euro est due en grande partie à la déflation salariale allemande. Le choix de l’euro a été une monumentale erreur mais les élites françaises l’ont commise ensemble, de droite et de gauche : elles ne s’en excuseront pas.
Ajouterez-vous votre candidature à celles qui font redouter un “21 avril?
Je me présenterai pour faire bouger les lignes, si aucun des candidats socialistes ne fait la différence en précisant ses vues sur l’Europe, l’euro et le statut de la Banque centrale européenne. Pour l’instant, je ne vois pas ce qui les distingue. Leur projet n’est pas de réindustrialiser la France, mais de poursuivre l’intégration politique sur un modèle néolibéral. Les Français ont droit à un véritable débat et à l’exposé de solutions alternatives et ils appréhenderont mieux mon discours que celui d’une Marine Le Pen, qui n’a aucune chance au second tour. Je ne change rien aux thèses que je développais en 2002 : ce ne sont pas les marchés financiers mais les nations et les peuples qui font l’Histoire.
Propos recueillis par Sylvie Santini - Paris Match
Source : Paris Match
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Au Maroc, les manifestations se multiplient avec comme cible la corruption
28/04/2011 16:53
Deux jours après des défilés rassemblant plusieurs dizaines de milliers de Marocains dans de nombreuses villes du royaume, et après plusieurs heures de négociations avec les syndicats, les autorités ont finalement cédé. 55 euros d’augmentation par mois dès le 1er mai pour les fonctionnaires quand les plus bas salaires stagnent à 200 euros: l’annonce est de taille. Le premier ministre a également annoncé que la pension des retraités ferait un « bond » de 70% pour s’établir à… 90 euros. Le roi est même intervenu pour promettre de choyer les ouvriers agricoles en « revalorisant le SMAG, le salaire minimum agricole » et en leur garantissant une couverture médicale.
Ces ouvertures du régime ont été aussitôt contestées. « Ne nous trompons pas, assure l’économiste Mehdi Lahlou, ces mesures sont un écran de fumée. Ce sont des mesures à la marge. Dans le milieu rural, qui représente plus d’un tiers de la population, les gros exploitants agricoles sont exonérés de l’impôt sur le revenu depuis 1986. Parmi ces gros exploitants, on retrouve le roi, le président de la chambre haute du Parlement, etc. Si on avait voulu une véritable réforme pour les ouvriers agricoles, on aurait rétabli cet impôt en redistribuant les richesses.»

Pour ce professeur à Rabat, les annonces gouvernementales ont principalement pour objectif de « réagir aux demandes de la rue. Ces dernières semaines, les syndicats se sont mis dans la partie, en plus des jeunes du Mouvement du 20 février. Le gouvernement tente de réduire le décalage entre les salaires du privé et du public car on détient le triste record dans le monde arabe. Entre les rémunérations du premier ministre Abbas el Fassi et un smicard, c’est un rapport de 1 à 50 ! ». Selon l’économiste, ces annonces risquent de faire pschitt car « ces mesures concernent essentiellement ceux qui ne descendent pas dans la rue. La priorité pour les manifestants, c’est la révolution constitutionnelle et la lutte contre l’impunité ».
La corruption, justement, tout le monde avait ce mot à la bouche, dimanche 24 avril. Les auteurs, supposés ou réels, des transactions douteuses, ceux qui font partie du « Makhzen économique », les « El Himma », « Majidi », des noms des proches du monarque étaient affichés sur des pancartes avec en dessous : « Dégage ».
Dans le cortège, Aziza, chef d’entreprise dans le textile est venue avec homme et enfants. « Dans mon secteur, tous les appels d’offres sont tronqués. Si vous n’êtes pas fils de… vous n’avez aucune chance », raconte-t-elle. Lasse, elle lâche : « On en a marre, la justice ne doit pas faire de différence de traitement, ce n’est pas normal. » Aziza explique que c’est la première fois qu’elle manifeste alors que le mouvement de contestation a débuté il y a deux mois. « J’ai peur que les choses traînent, que les promesses ne soient pas suivies d’effet. Jusqu’à quand on va attendre la liberté ? J’ai 38 ans, pour moi, c’est fini. Mais c’est pour mes enfants venus avec moi que je me bats ici.»
Son mari, biologiste, acquiesce et ajoute : « Il faut changer les règles politiques et économiques. Mon fils ne doit pas être le “fils de” pour réussir. C’est contre le favoritisme et contre la corruption au niveau des tribunaux, des commissariats que je suis là. Il faut réaliser ce que l’on promet, il faut une retranscription dans nos vies. Beaucoup de gens ne savent pas ce que ça veut dire le changement de la constitution. Mais il faut que ce soit palpable.»
La corruption est vécue comme une gangrène qui touche toutes les couches de la société. Dans la santé, l’éducation ou la justice, pas un secteur au Maroc n’échappe au « bakchich ». « Des clients viennent me voir en me demandant de trouver un juge pour le payer, témoigne Zohra, avocate. On s’en sort pas. Il faut miser sur l’éducation. On n’a pas d’autre choix. En matière d’alphabétisation, on est en retard, on est bien loin de la Tunisie. »
Des anciens patrons d’entreprises publiques accusés de corruption

Le discours de rupture prononcé par le roi il y a un mois et demi paraît aujourd’hui bien loin. Mohammed VI a beau avoir promis une réforme de la constitution, la commission de révision – dont les membres ont été nommés par décret royal – a commencé ses travaux, mais pour le moment sans convaincre. Car beaucoup de Marocains remettent en cause le mode de nomination des membres.
«Ils n’ont pas été élus par le peuple, ils n’ont pas de légitimité, s’emporte Abdelaziz rencontré dimanche à la manifestation à Casablanca. Il faut continuer de maintenir la pression. » Rachid Jankary, blogueur, partage ce constat. «Le mouvement va crescendo depuis deux mois. Si les gens redescendent dans la rue, c’est pour voir dans leur vie du concret. On a l’impression que l’impunité règne. Et les révélations dans ce domaine se multiplient ces dernières semaines.»
En effet, dans son dernier rapport, la Cour des comptes a épinglé un certain nombre d’anciens patrons d’entreprises publiques accusés de continuer à toucher leurs salaires alors qu’ils ne sont plus en activité. La filiale de Veolia, Amendis, est elle aussi mise en cause à Tanger et Tétouan pour des facturations fictives. Il y a deux mois, des manifestants s’en étaient d’ailleurs pris à ses agences dans le nord du pays.
Une autre affaire menace d’éclater. Selon le journal en ligne, Demain Online, nouvellement créé par celui qui fut la bête noire du régime, Ali Lmrabet, le gendarme de la Bourse de Casablanca a saisi le procureur du roi pour une vaste affaire de délits d’initiés. L’un des suspects serait « un important dirigeant du groupe MAMDA-MCMA » qui est aussi administrateur au sein des plus grandes entreprises, dont la holding royal. Autant dire qu’il pourrait être une bombe pour le « Makhzen économique » s’il vient à parler.
Situation que résume Khalid el Hariry, député USFP (parti de gauche), présent lui aussi à la manifestation à Casablanca : « Le constat de corruption n’a jamais été aussi fort. Le sujet a été maintes fois débattu au Parlement, mais il n’a jamais abouti. Maintenant c’est une demande populaire. On associe aujourd’hui des noms à la corruption. Aujourd’hui le système judiciaire ne fonctionne pas et est lui-même corrompu. Il faut rendre le gouvernement entièrement responsable de ses actes. Ce n’est plus au roi de nommer des grands commis de l’Etat, mais au gouvernement. Ainsi, il sera comptable de ce qu’il fait alors que le roi reste intouchable. »
Depuis maintenant deux mois, le Maroc vit au rythme de ce bras de fer entre le pouvoir et la rue. Avant les annonces des hausses de salaires dans le public, le roi avait accordé sa grâce à 190 prisonniers d’opinion. « Mais ça ne suffit pas, répond Abdelaziz, il faut libérer tous les prisonniers politiques .» Les dernières annonces sociales risquent certainement de créer le même effet. Et ne pas apaiser les dizaines de milliers de manifestants. Dimanche dernier, on pouvait lire ce slogan : « Le Maroc avance jusqu’à la victoire de la liberté ». Parions que dimanche prochain, on verra le même.
http://www.gaullisme.fr/2011/04/28/manifestations-au-maroc/
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L’Europe c’est la paix ? Non, l’Europe c’est la guerre !
28/04/2011 16:44
L’affirmation selon laquelle la construction européenne aurait installé la paix sur le continent européen doit être étudiée avec beaucoup de précision car il s’agit de l’un des arguments les plus efficaces de la propagande européiste.
Tirant parti de ce qu’il n’y a pas eu de conflit armé, en effet, entre la France et l’Allemagne depuis 1945, la propagande européiste nous assure que cette situation heureuse découle indubitablement de la construction européenne et que celle-ci ne saurait donc être remise en question, sauf par de dangereux va-t-en guerre.
Pour beaucoup de Français, cet argument selon lequel « l’Europe, c’est la Paix » est d’autant plus intimidant qu’il semble incontestable. Il joue même un rôle décisif pour les Français qui ont personnellement des souvenirs d’enfance de la Seconde Guerre mondiale. Comme l’ont révélé les sondages post-électoraux effectués par tranche d’âge après le référendum de 2005, l’argument de la paix explique principalement pourquoi ce sont les électeurs de plus de 60 ans – et davantage encore ceux âgés de plus de 70 ans – qui ont été les seuls à voter majoritairement en faveur de la Constitution européenne.
Pourtant, cet argument selon lequel « l’Europe, c’est la Paix » est à la fois faux et très dangereux. Et l’UPR tient non seulement à ne pas le passer sous silence mais elle tient par-dessus tout à en expliquer la fausseté. Car, comme bien souvent dans l’histoire des hommes, une construction politique prétendument porteuse de paix est en train de nous conduire à la guerre.
Examinons pourquoi.
1) La construction européenne n’a été pour rien dans le maintien de la paix en Europe depuis 1945
Contrairement à ce qu’assène la propagande, la construction européenne n’a été pour rien dans le maintien de la paix sur le continent européen depuis 1945 (plus exactement dans sa partie occidentale, car le continent a connu plusieurs conflits très meurtriers dans l’ancienne Yougoslavie).
Qu’est-ce qui permet de l’affirmer ?
Tout d’abord la simple chronologie des faits.
En effet, si la fameuse Déclaration Schuman date du 9 mai 1950, le Traité de Rome n’a été signé quant à lui que le 25 mars 1957 et les institutions communautaires ne se sont mises en place que très progressivement ensuite. Ce simple rappel des dates a une conséquence logique immédiate : si la paix a prévalu entre 1945 et, disons, le début des années 1960, il est tout simplement impossible d’en attribuer le bénéfice à quelque chose qui n’existait pas.
Ainsi, ce n’est pas grâce à la CECA balbutiante ou au Traité de Rome, puisqu’il n’existait pas, que le blocus de Berlin de 1953 ou que l’insurrection hongroise de 1956 n’ont pas dégénéré en conflit mondial. Si la France et l’Allemagne ne sont pas entrées en guerre l’une contre l’autre pendant les années 50, c’est parce que ce n’était tout simplement pas le sujet du moment, loin s’en faut. La guerre qui menaçait d’ensanglanter l’Europe ne risquait pas d’opposer les deux rives du Rhin mais le camp occidental sous influence américaine et le camp socialiste sous influence soviétique.
Or, ce qui a préservé la paix porte un nom : l’équilibre de la terreur. C’est-à-dire la perspective d’une « destruction mutuelle assurée » – c’était le nom même du concept stratégique (« MAD » pour « Mutual Assured Destruction » en anglais) entre les troupes de l’OTAN et celles du Pacte de Varsovie -, à l’issue d’une apocalypse nucléaire qui aurait anéanti le continent et sans doute même la planète entière.
Ainsi donc, et l’on se sent presque gêné de devoir le rappeler tant la propagande européiste a occulté la réalité des faits, si la paix a prévalu entre 1945 et la chute du Mur de Berlin en 1991, c’est parce que l’Europe était, de part et d’autre du rideau de fer, armée jusqu’aux dents. C’est une triste réalité mais elle est indéniable : ce sont les bombes thermonucléaires, les sous-marins lanceurs d’engins, les forces aériennes stratégiques et les missiles balistiques ou de croisière, qui ont assuré la paix en Europe. Ce ne sont pas les montagnes de paperasses des technocrates de la Commission de Bruxelles visant à harmoniser l’éclairage des voitures ou le pourcentage de matières grasses dans le beurre de cacao…
D’accord. Mais maintenant ? Eh bien maintenant, il faut regarder le monde tel qu’il est en 2010 et non pas le monde tel qu’il était il y a cinquante ou cent ans.
2) Les trois évolutions majeures de l’Occident depuis 1945
Trois évolutions structurelles extrêmement puissantes se sont imposées en Europe occidentale depuis la fin du second conflit mondial.
2.1. – Première évolution majeure : la fin des guerres classiques entre pays développés
La première de ces évolutions concerne la fin des guerres classiques entre pays développés.
L’histoire européenne a été marquée, depuis la Renaissance, et surtout depuis la Guerre de Trente Ans et le Traité de Westphalie de 1648, jusqu’en 1945, par la guerre classique, c’est-à-dire des conflits opposant les armées d’État à État (armées de mercenaires d’abord, régulières ensuite).
Or ce type de conflits classiques tend désormais à disparaître, sinon de toute la surface de la planète, du moins de tous les pays très développés.
Pourquoi ? Pas du tout sous l’effet des institutions communautaires. D’ailleurs, les Français envisagent-ils davantage de faire la guerre à la Norvège qu’à la Finlande parce que la première n’est pas dans l’Union alors que la seconde l’est ? Evidemment non.
Autre exemple : un coup de chasse-mouche du dey d’Alger contre l’envoyé de Charles X avait été un motif jugé suffisant pour que la France intervienne militairement en Algérie en 1830. Mais, un siècle et demi après, le gouvernement français n’a jamais même simplement envisagé d’envoyer des soldats français en Algérie pour empêcher qu’un nombre significatif de nos compatriotes s’y fassent assassiner pendant les années 1980 et 1990. L’Algérie n’étant pas dans l’Union européenne, ce refus français d’entrer en guerre, si exactement contraire à ce que fut l’attitude française en 1830, tient donc à des causes qui n’ont rien à voir avec la construction européenne.
Quelles sont ces causes ?
Si la guerre classique d’État à État tend à s’éteindre dans l’ensemble des pays développés, c’est essentiellement sous le double effet :
* – d’une part d’un profond changement des mœurs, découlant de la hausse des niveaux de vie et de la généralisation de l’éducation, * – d’autre part de la généralisation des moyens de communication visuels et instantanés : la télévision, puissamment relayée désormais par Internet.
Les Etats-Unis ont perdu la Guerre du Vietnam en 1975, d’abord et avant tout parce que le peuple américain ne supportait plus de voir les appelés du contingent mourir en direct sur le petit écran jour après jour, et que la conscience universelle n’aurait pas toléré que Washington usât de l’arme nucléaire dans ce cas.
C’est l’instantanéité et l’omniprésence de l’information qui rend la guerre classique de plus en plus inacceptable aux yeux des opinions publiques des pays développés, et nullement les institutions bureaucratiques de Bruxelles.
Cet état de fait entraîne deux conséquences majeures :
a) l’apparition de guerres nouvelles et d’un type inconnu entre les pays développés
La première conséquence, c’est que les États développés ne peuvent plus réellement se faire de guerre classique entre eux. Cela ne signifie hélas pas qu’ils ne se font plus la guerre du tout ! Cela signifie seulement que les guerres qu’ils se livrent sont d’une toute autre nature que les guerres classiques.
Désormais, les guerres entre pays développés sont beaucoup plus sournoises. Elles se font de façon invisible pour l’homme de la rue : il n’y a plus de déclarations de guerre, les armements classiques n’apparaissent plus, les destructions matérielles et humaines sont devenues très faibles.
Les guerres du XXIe siècle usent d’autres moyens, beaucoup plus perfides et sophistiqués :
- leurs armes sont les médias, les campagnes de propagande, les opérations de désinformation, les manipulations psychologiques, les actes terroristes à la paternité douteuse ;
- leurs cibles sont les cerveaux de chaque individu, leur mise en conditionnement pour accepter des évolutions et des prises de contrôle souvent bien plus totales que ce à quoi parvenaient les guerres classiques d’autrefois.
C’est en pensant à ce nouveau type de « guerre inconnue », de guerre du XXIe siècle, que François Mitterrand a livré, dans le testament politique qu’il a confié au journaliste George Marc Benamou quelques semaines avant sa mort, ces terribles phrases que j’évoque dans certaines de mes conférences : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort…apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde… C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ! » (Source : Le dernier Mitterrand de Georges-Marc Benamou – Date de publication : 27/1/1997 – Editeur : Plon – Omnibus).
b) – la relégation des guerres classiques dans des zones périphériques et hors du champ des médias
La seconde conséquence, c’est que lorsque les pays très développés ont encore recours à des interventions militaires, ils ne le font désormais que dans des zones périphériques du monde, éloignées et difficiles d’accès pour les médias, et sous des contraintes très fortes : en n’utilisant plus de conscrits mais une armée de métier, en ayant pour objectif le « zéro mort » pour leurs propres soldats, donc en privilégiant les bombardements aériens aux opérations terrestres, en visant à ce que le conflit soit le plus bref possible, et enfin en verrouillant le plus possible la couverture de presse.
C’est ce type de guerre qui se déroule dans plusieurs régions du monde, et notamment en Afghanistan ou en Irak, où les armées des pays membres de l’Union européenne sont d’ailleurs très largement engagés, sous couvert d’opérations de l’OTAN.
2.2. – Deuxième évolution majeure : le déclin du taux de natalité dans les pays d’Europe
La deuxième évolution structurelle concerne le déclin du taux de natalité dans les pays d’Europe, qui entraîne depuis des années un vieillissement accéléré des populations.
Cette évolution est tout spécialement spectaculaire en Allemagne puisque l’un des scénarios démographiques probables envisage que l’Allemagne perde 13,7 millions d’habitants d’ici à 2050, et cela malgré l’immigration annuelle massive de 100 000 personnes. En 2050, les personnes de plus de 60 ans représenteraient plus de 40 % de la population allemande et seraient presque trois fois plus nombreuses que les moins de 20 ans. (source : article « Démographie de l’Allemagne » dans Wikipédia).
Ces données démographiques sont capitales car tous les historiens savent que les guerres naissent très généralement entre des zones pauvres enregistrant une forte croissance de leur population et des zones riches de faible pression démographique. De ce point de vue, quel historien ou spécialiste des conflits peut sérieusement croire que la guerre est plausible entre les pays de l’ouest européen, alors que ceux-ci sont menacés de dénatalité et que les personnes âgées y sont d’année en année plus nombreuses ?
2.3. – Troisième évolution majeure : la démographie des pays du sud de la Méditerranée (Maghreb et Afrique)
Enfin, la troisième évolution structurelle concerne justement la démographie des pays du sud de la Méditerranée (Maghreb et Afrique), ainsi que, de façon plus éloignée géographiquement, celle du sous-continent indien.
Pour les raisons que l’on vient de rappeler, tout spécialiste sérieux ne peut pas ignorer que la disparité des situations démographiques et économiques entre les deux rives de la Méditerranée constitue le principal risque de guerre pour l’Europe dans les décennies qui viennent.
Or, et c’est là la tragique ruse de l’Histoire, le principe même de la construction européenne consiste précisément à repousser les pays du Maghreb et d’Afrique à l’extérieur du périmètre de prospérité européen (la candidature du Maroc à l’entrée dans l’Union européenne ayant d’ailleurs été officiellement rejetée).
Les européistes peuvent évidemment rétorquer que les pays du Maghreb ou d’Afrique n’ont pas leur place dans une « construction européenne », comme si la définition purement conventionnelle de ce que sont des continents devait primer sur une réflexion sage sur ce qu’il convient de faire pour préserver la paix des futures générations des deux côtés de la Méditerranée.
En réalité, ce raisonnement cynique et dur des européistes prouve en quoi l’Europe, loin de nous assurer la paix, est au contraire en train de nous amener la guerre. Si les européistes croyaient sincèrement que ce sont les dizaines de milliers de pages de directives d’harmonisation émanant de la Commission de Bruxelles qui ont empêché une nouvelle guerre en Europe depuis un demi-siècle, alors ils devraient logiquement proposer d’intégrer au plus vite les pays du sud dans cette construction politique censée garantir la paix.
En rejetant au contraire ces pays, ils font la preuve de leur terrible inconséquence et ils révèlent à leur corps défendant que la construction européenne n’est bien qu’une opération conçue depuis des années à Washington pour faire de l’Europe un glacis géostratégique américain.
Cet asservissement politique nous conduit tout droit au Choc des Civilisations théorisé précisément par Washington.
http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-europe-c-est-la-paix-non-l-92947
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Commune de Paris - Vie d'un globe - Benoît Malon
28/04/2011 16:33
Au moment où les militants républicains commémorent le 140è anniversaire de la Commune de Paris, nous abordons une série d'articles qui lui sont dédiés. Nous commençons par un de ses principaux acteurs.
Benoît Malon est un militant ouvrier, communard, journaliste et écrivain, né le 23 juin 1841 à Précieux (Loire), et mort à Asnières-sur-Seine le 13 septembre 1893, inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Il est le quinquaïeul de la personne qui partage la vie de l'auteur de ces lignes, depuis 25 ans. La biographie est extraire de wikipédia et recoupée des archives personnelles en ma possession.
Fils de paysans pauvres, il avait le goût de l'étude : bon élève à l'école communale de Précieux, mais orphelin de père, il dut se placer comme ouvrier agricole dans l'Ain. Malade, il revint en Forez et fut recueilli par son frère Jean Malon, instituteur, et bénéficia pendant deux ans de ses leçons ; puis il fut élève à Lyon d'une école cléricale qui préparait au petit séminaire. Cette formation explique comment il put devenir ensuite journaliste et écrivain.
Ayant perdu la foi, Benoît Malon renonça à entrer au séminaire, gagna Paris en 1863 et trouva un emploi d'ouvrier teinturier dans une usine de Puteaux. Zéphyrin Camélinat le fit adhérer en 1865 à l'Association internationale des travailleurs (AIT). En 1866, à Puteaux, Malon organisa la grève des ouvriers teinturiers et fonda une coopérative de consommation. Devenu avec son ami Eugène Varlin, l'un des dirigeants de la section française de l'Association internationale des travailleurs qui avait été interdite, il fut emprisonné à deux reprises (1868 et 1870). En 1870, devenu journaliste à La Marseillaise, le journal de Rochefort, il rendit compte, dans une série d'articles remarqués, de la grande grève des usines Schneider du Creusot. En 1870, lors du troisième procès de l'Internationale il est condamné à un an de prison. Il est libéré par la proclamation de la République le 4 septembre 1870. Pendant le siège de Paris par les Allemands, il organise avec Eugène Varlin l'assistance publique pour les parisiens les plus pauvres. Il est membre du Comité central républicain des Vingt arrondissements et maire-adjoint du XVIIe arrondissement. En février 1871, Benoît Malon fut élu député, socialiste révolutionnaire, de la Seine mais démissionna, avec Victor Hugo et d'autres députés républicains, pour protester contre la cession de l'Alsace-Lorraine. Le 26 mars il est élu au Conseil de la Commune et maire de l'arrondissement des Batignolles dont il organisa la défense pendant la Semaine sanglante. Il siège à la commission du Travail et de l'Échange, et vote contre la création du Comité de Salut public. Après la Semaine sanglante, il s'exila à Lugano, en Suisse, puis en Italie où il participa au mouvement ouvrier. En décembre 1871, il adhère à la Fédération jurassienne de tendance bakouniniste. Il publie La Troisième défaite du Prolétariat français. Contraint à l'exil en Suisse, il y devient le compagnon de la féministe André Léo. Rentré en France après l'amnistie de 1880, Benoît Malon présida le congrès socialiste de Saint-Etienne (1882) qui vit la rupture entre réformistes (possibilistes) menés par Paul Brousse, dont il faisait désormais partie, et guesdistes (« marxistes »). Socialiste indépendant, il fut le fondateur, avec Elie Peyron et le premier directeur, de 1885 à sa mort, de La Revue socialiste qui fut ouverte à toutes les tendances du socialisme français. Il publia de nombreux ouvrages, dont Le Socialisme intégral (1891) qui influença toute une génération de militants et dans lequel il prône la création d'un Ministère de l'Assurance sociale. Benoît Malon était aussi franc-maçon.
A sa mort, 10 000 personnes accompagnèrent son corps au Père-Lachaise. En 1913, un monument destiné à recueillir ses cendres fut érigé face au Mur des Fédérés et Jean Jaurès prononça un discours. Ce même Jaurès qui fut influencé par l'oeuvre de Benoît Malon, considéré aujourd'hui comme le "père" du socialisme français, à mille lieues des élites mondialisées du Parti socialiste, de Terra Nova et autres oeuvres mortifères du socialisme.
Œuvres de Benoit Malon. La plupart de ces ouvrages sont disponibles à la vente, notamment le premier. La Troisième défaite du Prolétariat Français
Manuel d'Économie sociale (1883) Morale sociale (1886, réédité aux éditions Le bord de l'eau, Latresne, 2007, sous le titre "La morale sociale. Morale socialiste et politique réformiste") Le socialisme intégral, Alcan, Paris, (1891) Précis historiques, théorique et pratique du socialisme (1892)
LA MORT D'UN GLOBE
A. B. MALON, membre de la Commune.
Aux mers d'azur où nagent les étoiles, Notre oeil de chair se noie en se plongeant, Mais l'infini parfois lève ses voiles Pour notre esprit, cet oeil intelligent. Peuples du ciel, les astres ont une âme, Leur tourbillon peut jouir ou souffrir, L'amour unit tous ces frères de flamme : Pleurez, soleils, un globe va mourir !
Il pivotait dans son noble équilibre, Pour que jamais on n'y connût la faim. L'homme groupé pouvait, heureux et libre, Tirer de lui des récoltes sans fin. Mais ses erreurs ont causé ses désastres, Sous la contrainte il s'est laissé pourrir, De son typhus il gangrène les astres, Pleurez, soleils, un globe va mourir ! Fleuve de sang, la guerre s'y promène, L'Idée y porte un bâillon outrageant, L'anthropophage y vit de chair humaine, De chair humaine y vit l'homme d'argent. C'est le bourreau qui, dans ses mains infâmes, Porte ce globe et qui semble l'offrir Au Dieu vengeur, au dieu bourreau des âmes, Pleurez, soleils, un globe va mourir !
Pourtant le code est écrit dans nos veines ; L'attrait conduit les esprits et les corps. Du grand concert des volontés humaines Les passions sont les divins accords. Non, le poids ment ! l'âme à tort se dilate, En amputant la hache croit guérir : De Prométhée on fait un cul-de-jatte ! Pleurez, soleils, un globe va mourir ! On entendra comme un sanglot qui navre, Dernier soupir du condamné géant, L'Éternité prendra ce grand cadavre Pour l'enfouir aux fosses du néant. Les univers, au sein des nuits profondes, Cherchant ses os les pourront découvrir Au champ de lait, cimetière des mondes. Pleurez, soleils, un globe va mourir ! Jouy-en-Josas, 1849
http://voltaire.republique.over-blog.com/
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Primaires PS : Montebourg, un peu d'air frais ?
28/04/2011 16:18
Arnaud Montebourg consulte et rallie des intellectuels, rassemble ses réseaux et s'arme sur le Net en vue de la bataille des primaires socialistes qui débutera le 16 juillet. Il mise sur la radicalité et la singularité de son projet face à deux candidats mainstream, François Hollande et DSK, que peu de choses différencieront en dehors des performances respectives de leurs régimes amaigrissants.
Pour la fusée Montebourg, le compte à rebours a commencé. Jour après jour, le député de la Saône et Loire peaufine son dispositif pour les primaires socialistes qui démarreront le 16 juillet pour s'achever par les scrutins des 9 et 16 octobre.
Arnaud Montebourg n'a pas beaucoup d'illusions sur un Parti socialiste qui, muet sur la mondialisation depuis des années, a offert tout un électorat populaire sur un plateau d'argent à Marine Le Pen. « Si la gauche ne gagne pas en 2012, le PS éclatera. », lance-t-il, songeur mais on ne sent pas que cette hypothèse le ravit. Le PS vu de sa fenêtre ? Une machine à broyer l'innovation et le renouveau des idées. Une machine qui tend irrésistiblement à couper du peuple l'électorat du PS, quitte à le rétrécir toujours davantage. « Aux lecteurs du Monde ? » plaisante-t-il avec un sourire doux-amer. Une machine qui a failli le tuer lui-même lorsqu'il a tenté de faire des compromis, avec Ségolène Royal puis avec Martine Aubry. Il en a récolté une image de jeune politicien tacticien prompt aux compromis utiles à sa carrière.
Un malentendu, explique-t-il aujourd'hui. Après avoir rassemblé la gauche du non au TCE (48% au référendum interne de 2004 tout de même), il a été abandonné par ses alliés (Vincent Peillon notamment) au Congrès du Mans de 2005, ce qui a abouti à la dilution de son courant NPS (Nouveau parti socialiste), les statuts ne lui permettant plus de disposer des parrainages suffisants pour maintenir son courant. Il a cru bon ensuite de bâtir une alliance avec Ségolène Royal, qui a ensuite piétiné ses deux exigences - la lutte contre la mondialisation et la VI° République -. Montebourg insiste sur le fait que sa ligne n'a pas varié, comme s'il tenait absolument à démontrer une constance et une pugnacité qu'il n'a pas toujours su manifester dans le passé.
Mais comme tout challenger - c'est bien la moindre des choses - Arnaud Montebourg croit aujourd'hui en ses chances. Son premier atout est d'être le seul candidat de rupture à gauche. Partisan de la démondialisation et d'un « protectionnisme vert », son credo lui parait aujourd'hui en effet le seul opposable à gauche à celui de Marine Le Pen. Il pense incarner le seul programme d'alternative au sein d'une gauche dont l'image est de plus en plus gestionnaire, en décalage avec des classes populaires et moyennes affolées par la mondialisation.
Le vote utile va s'imposer à gauche
La synthèse entre l'écologie et le protectionnisme, qu'il a explicitée sur 300 pages dans son livre Des idées et des rêves (1), était plutôt inattendue. On aime bien Gramsci et son hégémonie culturelle du côté de chez Montebourg et le contexte sert ladite synthèse : la désindustrialisation de la France sera l'un des thèmes forts de la campagne 2012; et, adoubé par les enjeux de l'écologie, le protectionnisme gagne plus facilement une vraie légitimité parmi les intellectuels et les classes moyennes. Quand au peuple français, chacun sait que, dès qu'on lui pose la question, il se prononce à une écrasante majorité pour la protection, toutes les études en témoignent. Mais le peuple votera-t-il aux primaires ?
Une chose est sûre : sur ce terrain, le positionnement de Montebourg est singulier et son directeur de cabinet, Gaël Brustier, un ancien du Mouvement des citoyens, auteur de livres salués dans ces colonnes (2), se réjouit de voir la bonne humeur s'installer entre jeunes chevènementistes et ex-militants du pôle écologique du PS qui s'apprêtent à animer la campagne des primaires.
Qui d'autre en effet ? Jean-Luc Mélenchon ne mord pas sur l'électorat populaire, du moins selon les sondages. Son allié communiste aussi discret que pesant, le contraint à ne pas trop s'écarter d'une ligne politiquement correcte, façon « Good bye Lénine » de la social-démocratie. Il ne parlera ni de sécurité ni d'immigration sauf pour défendre les sans-papiers, et on a vu qu'il était passablement gêné aux entournures sur l'euro. En outre, que deviendront les candidatures écolo et Front de Gauche lorsque la gauche tétanisée par le risque d'une élimination au premier tour, sonnera le tocsin de la lutte anti-Le Pen ?
En réalité, selon les calculs d'Arnaud Montebourg, les primaires socialistes seront le seul vrai débat de l'élection présidentielle. Nous vivrons ensuite une campagne à trois forces centrifuges - UMP, PS, FN - qui lamineront tout le champ politique. Plus encore qu'en 2007 où l'on sentait bien l'affaiblissement du Front national, le vote utile s'imposera à gauche. D'ailleurs, des primaires ouvertes à toute la gauche définiraient, en pointillés, selon lui, les contours d'un grand parti de gauche. La gauche du PS, - Henri Emmanuelli et Benoît Hamon - est encalminée par son alliance avec Martine Aubry, laquelle est pieds et poings liés avec DSK. Pour le staff de Montebourg, l'affaire est pliée : la première secrétaire du PS ne pourra pas rompre le pacte dit de Marrakech, car son maintien contre DSK ferait le jeu de François Hollande, en divisant par deux l'actuelle majorité. En confirmant son ralliement, le maire de Lille gagnerait son ticket pour Matignon en cas de victoire de DSK, alors qu'elle perdrait sa majorité au PS en ferraillant avec l'homme du FMI.
Enfin, Ségolène Royal, bien qu'elle affirme encore l'inverse, ne sera pas, selon Montebourg, candidate jusqu'au bout. Mieux vaudra pour elle pactiser avec Strauss-Kahn en évitant de mesurer son poids électoral déclinant au sein de la gauche. Attentifs aux « quali », ces études donnant la parole aux futurs électeurs des primaires, les montebouriens affirment en effet que la Présidente de Poitou-Charentes est décrédibilisée pour une très large majorité d'électeurs de gauche.
Une fois débarrassée « des deux filles », la route du 9 juillet serait ainsi plus ouverte qu'il n'y parait pour le député de la Saône et Loire : si la compétition ne concernait que trois candidats - DSK, Hollande et Montebourg -, ce dernier pourrait alors se déployer à l'abri des deux autres candidats. D'abord parce que les troupes dskistes attaqueront frontalement les hollandais et parmi eux nombre d'élus soucieux de ne pas se mettre en difficulté lors des prochaines échéances électorales, les seules qui comptent pour leur carrières. Ensuite parce que, sur le front des idées, Hollande n'est qu'un sous-produit du strauss-kahnisme. Peu de choses séparent en effet les deux candidats réformistes : ils sont européistes, partisans de l'orthodoxie budgétaire et libre-échangistes, même si l'un et l'autre auront la tentation de gauchir leurs discours. DSK a déjà commencé en évoquant le mot-fétiche de Montebourg, démondialisation. Quant à François Hollande, son contact avec Jean-Pierre Chevènement montre qu'il songe lui aussi à passer à gauche, un grand classique des batailles internes au PS.
Qu'importe, pour Montebourg la bataille Hollande-DSK sera illisible, « deux petits nègres dans un tunnel » lance-t-il en paraphrasant le célèbre roman d'Agatha Christie. Là réside sa chance : alors que dskistes et hollandais se déchireront à coup de chantages aux postes ministériels et locaux, la charge légère de la brigade Montebourg pourrait le hisser au deuxième tour des primaires. Dès lors, tout serait possible.
Mobiliser très au delà du PS
Au fait Montebourg, combien de divisions ? Le député dispose il est vrai de moyens limités. Ses points d'appui se situent en Bourgogne bien sûr, mais aussi dans le Nord-est de la France, en Languedoc-Roussillon et en Rhône-Alpes. Il bénéficie aussi du soutien de l'ex-pôle écologique du PS de Géraud Guibert, quelques centaines de militants tout de même. Il compte bien élargir son audience durant la campagne des primaires. D'abord, toute la gauche du PS, et une bonne partie des aubrystes ralliés au Maire de Lille pour s'opposer à DSK, se sentira trahie dès lorsque Martine aura pactisé avec Dominique. Certes, Hamon et Emmanuelli plieront, mais leurs troupes se sentiront plus proches des idées de Montebourg que de celles de DSK. Deuxième atout, son fort engagement écologique - il défend un protectionnisme « vert » - peut lui faire gagner des suffrages dans cet électorat dont une partie votera aux primaires socialistes. Enfin, la fibre républicaine de Montebourg, vivifiée par des relations anciennes et maintenues avec Jean-Pierre Chevènement, peut faire du candidat Montebourg un rasoir à trois lames. Il vient d'ailleurs de s'adresser aux Radicaux de gauche, autre famille orpheline de la gauche DSK pour leur proposer de participer aux primaires.
Il y a aussi la question des moyens. La règle des primaires limite à 60 000 euros le plafond de campagne. Montebourg ne sera donc pas désavantagé. Il bénéficiera en outre du soutien de la Netscouade sur Internet, plus gros budget de sa campagne interne, l'équipe qui avait assuré le succès de Ségolène Royal avec Désirs d'avenir. Le site desideesetdesreves.fr, fonctionne déjà depuis novembre 2010. Montebourg a pris langue avec plusieurs intellectuels non conformistes, comme Hakim El Karaoui ou l'économiste Jean-Luc Gréau, qui a été longuement interviewé sur le site. Emmanuel Todd, qu'il a rencontré plusieurs fois, va préfacer un petit ouvrage « agitatif » une sorte de manifeste vendu 2 € : Voter pour la mondialisation (3). Montebourg y prendra position assez clairement pour une politique plus offensive à l'égard de l'Allemagne, assez hétérodoxe par rapport aux violons socialistes sur le couple franco-allemand. Enfin, Aquilino Morel, l'ancien conseiller de Lionel Jospin, devrait devenir l'un de ses porte parole, tandis que Benoït Thieulin, le patron de la Nestcouade, fait partie du staff rapproché du candidat.
Un électorat flou
La campagne des primaires socialistes conserve cependant une inconnue de taille : c'est la seule élection dont on ne connait pas le périmètre électoral puisqu'il suffira de pas grand chose pour voter. Et le résultat ne sera pas le même selon que le corps électoral sera de 500 000, un ou quatre millions de personnes. En s'investissant dans l'organisation des primaires, Montebourg a voulu torpiller - en l'ouvrant - un système qui écrase selon lui les idées au profit des batailles d'appareil. L'incertitude du scrutin repose donc en grande partie sur son caractère inédit. Mais comment prôner la rupture avec le système tout en restant dans le cadre unitaire puisque chaque compétiteur devra s'engager derrière le vainqueur ? Comment crédibiliser un combat pour la démondialisation tout en acceptant de rallier ensuite celui qui restera, pour longtemps encore, l'ex-patron du FMI ? Pour réveiller un électorat de gauche anesthésié par toutes les raclées électorales et sociales subies depuis 2002, il faut sans doute taper fort. Arnaud Montebourg, le moins médiatique des candidats, peut-il y parvenir dans une campagne en forme de sprint de moins de deux mois (si on compte la trêve estivale) ? On le souhaite, ne serait-ce que par aversion pour un duel Hollande-DSK qui se jouerait davantage sur le tour de taille et le maintien médiatique que sur les idées. Montebourg, un peu d'air frais comme disait Orwell ?
(3) A paraître fin mai chez Flammarion.
http://www.marianne2.fr/Primaires-PS-Montebourg-un-peu-d-air-frais_a205538.html
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