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Marine le Pen et l'Alliance Républicaine
22/04/2011 07:31
Dès le 19 avril (voir billet ci-dessous), nous avions annoncé le sondage qui a été publié hier mercredi 20 avril par un flash à 19 heures 38. Marine le Pen s'installe en tête du premier tour de la présidentielle à une exception près.
Dès le 19 avril nous annonçions le sondage qui a été publié hier soir à 19 heures 38 (sondage Louis Harris pour Le Parisien). Marine le Pen passe en tête du 1er tour de la Présidentielle à une exception près. Cette semaine, dans le cadre des élections fédérales canadiennes, le NPD connait une poussée considérable. Il est donné en tête au Québec devançant de 5 points le Bloc, ce qui est une situation jamais vue de toute l'histoire électorale du Québec. Certes, dans chaque hypothèse, des facteurs spécifiques expliquent ces évolutions. Mais une tendance prend naissance : la grande lessive des formations politiques traditionnelles. Elles n'ont pas été de bonnes infirmières face à la crise : coupées des réalités comme des résultats. La crise peut les emporter. Peut-être pour pire (?) mais le pire n'est jamais sûr et pour l'instant l'opinion a besoin de revanche. Elle cautionne donc tout ce qui se distingue des partis politiques classiques.
C'est la force de Marine le Pen en France qui est la seule actuellement à exposer une offre cumulée qui parle aux classes moyennes. Pour élargir son emprise, il lui est de plus en plus prêté de changer le nom du FN et de lancer l'Alliance Républicaine ...
Une "marque" qui ajouterait deux symboles forts : l'union par le mot "alliance" qui porte une connotation affective avec le "clin d'oeil" au mariage. Mais aussi le mot "républicain" qui officialise, si besoin était, l'ancrage dans la légitimité démocratique et dans les valeurs fondamentales de la République. A suivre ...
http://exprimeo.fr/article/6720/marine-le-pen-et-l-alliance-republicaine.htm
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À un an de la présidentielle, le spectre d'un "21 avril" pèse sur les stratégies
22/04/2011 07:27
La perspective d'une présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2012 fait planer, neuf ans après, le spectre d'un nouveau "21 avril", en référence à la qualification de Jean-Marie Le Pen en 2002. Avec une incertitude, en fonction du candidat PS testé dans les sondages (Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, François Hollande ou Ségolène Royale), sur l'éventuelle configuration du second tour: un duel FN-PS ("21 avril à l'envers") ou un duel FN-UMP ("21 avril à l'endroit"). Les états-majors de droite et de gauche s'activent donc afin d'écarter cette perspective.
La première façon de limiter les risques d'un "21 avril" est mécanique: elle consiste à limiter l'offre politique à droite et à gauche. De fait, en 2002, le record du nombre de candidats avait été battu, avec seize prétendants contre neuf en 1988 et 1995, dix en 1981, douze en 1974, sept en 1969 et six en 1965 (douze en 2007). Originellement, en 1962, les candidats devaient au préalable présenter cent parrainages, un chiffre porté en 1976 à cinq cents élus par crainte d'une inflation du nombre de candidatures. Divisée entre Pascal Gauchon (Parti des forces nouvelles) et Jean-Marie Le Pen (Front national), l'extrême droite n'avait ainsi pas pu participer à la présidentielle de 1981; même chose pour l'écologiste indépendant Antoine Waechter en 1995 et 2002, pour le souverainiste Charles Pasqua en 2002 ou encore pour le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan en 2007 (de nouveau sur les rangs pour 2012).
Au-delà de ce filtre juridique, l'idée de mettre en place une primaire afin de présenter un candidat unique à l'élection présidentielle a été régulièrement avancée. Dès 1989, Charles Pasqua fonde ainsi une "association pour les primaires à la française aux élections présidentielles". Le principe de l'organisation de primaires sera bien adopté en 1990, puis une charte signée en 1991, mais le projet sera finalement abandonné en 1994 par le RPR et l'UDF dans le contexte de la division entre Jacques Chirac et Édouard Balladur.
L'idée a toutefois été relancée en 2008, à gauche cette fois, par la fondation Terra nova. encore traumatisé par l'élimination de Lionel Jospin en 2002, le PS a donc décidé, en juillet 2010, d'organiser les 9 et 16 octobre 2011 une primaire "ouverte à tous les citoyen(ne)s qui veulent la victoire de la gauche en 2012 et co-organisée par les formations politiques de gauche qui souhaitent y participer", avec un dépôt des candidatures ouvert du 28 juin au 13 juillet 2011. Pour l'instant, aucun autre parti de gauche n'a toutefois décidé d'y participer: si le MRC de Jean-Pierre Chevènement et le PRG de Jean-Michel Baylet n'ont peut-être pas définitivement fermé la porte, Europe Écologie - Les Verts ainsi que le Front de gauche (PCF et Parti de gauche) ont déjà entamé le processus de désignation de leur propre candidat.
Un ultime "Appel du 21 avril" vient tout de même d'être rendu public, exhortant "tous les partis de gauche à travailler ensemble sur une plateforme commune visant la désignation d'un candidat unitaire dès le premier tour, grâce à des primaires ouvertes". Parmi les signataires figurent notamment Laurianne Deniaud, présidente du Mouvement des jeunes socialistes, et Olivier Ferrand, président-fondateur de Terra nova. "Je pense que c'est une erreur, que cela figerait la vie politique française, cela appauvrirait notre débat démocratique", a répondu, mercredi, sur France 2, Eva Joly, candidate à la candidature au sein d'Europe Écologie - Les Verts.
À droite également, la volonté de limiter le nombre de candidats est un leitmotiv de Nicolas Sarkozy. Pour l'Élysée, il s'agit non seulement d'éloigner le spectre d'un "21 avril", mais également d'afficher la conviction que la victoire s'obtient en distançant au premier tour son adversaire du second. en 2007, Nicolas Sarkozy avait en effet obtenu 31 % au premier tour, contre 26 % pour Ségolène royal. Or, les éventuelles candidatures du radical Jean-Louis Borloo et du gaulliste Dominique de Villepin, tous les deux membres de l'UMP jusqu'à cette année, risqueraient de porter un coup fatal à cette stratégie. L'ancien ministre Alain Lamassoure suggère donc, dans une tribune publiée ce jeudi dans Le Monde que le président sortant prenne "lui-même l'initiative de proposer des primaires à droite, en annonçant sa propre candidature". Selon ce parlementaire européen UMP issu de l'UDF, "les ambitions seraient mises au défi de se dévoiler" et "si personne n'ose sortir du bois, la preuve sera faite que, pour représenter la majorité actuelle, Nicolas Sarkozy n'est peut-être pas le meilleur candidat, mais que c'est le seul possible".
La seconde façon de limiter les risques d'un "21 avril" est de s'adresser directement aux électeurs tentés par un vote en faveur de Marine Le Pen, notamment dans les catégories populaires. C'est dans cet objectif de reconquête de l'électorat d'extrême droite, qu'il avait en partie capté en 2007, que Nicolas Sarkozy a redroitisé son image depuis le discours prononcé en juillet 2010, à Grenoble, sur la sécurité. Les récents propos controversés sur l'islam et l'immigration de Claude Guéant, ministre de l'intérieur, s'inscrivent également dans cette logique. Même chose en ce qui concerne le déplacement effectué mardi par le président de la République à Charleville-Mézières (Ardennes), là où celui qui se voulait "le président du pouvoir d'achat" avait prononcé en 2006 son discours sur "la France qui souffre".
À gauche, telle est également la stratégie d'Arnaud Montebourg (PS), candidat déclaré à la primaire, à travers le concept antilibéral de "démondialisation". En rupture avec la politique menée par tous les gouvernements de droite et de gauche depuis le "tournant de la rigueur" de 1983, ce concept est défendu par les économistes Jean-Luc Gréau et Jacques Sapir ...sur les analyses desquels s'appuie également le FN.
La récupération de travaux d'économistes extérieurs à l'extrême droite participe en effet de l'ambition de Marine Le Pen de crédibiliser son programme et de respectabiliser son image. "Les grands serviteurs de l'État réellement soucieux de l'intérêt général n'ont aucune raison de redouter notre arrivée au pouvoir et l'application des idées que je porte", a même écrit Marine Le Pen aux préfets, dans une lettre dévoilée sur le site Marianne2. Selon Rue89, le parti d'extrême droite a en outre donné des consignes afin d'interdire de son traditionnel défilé du 1er mai "tout ce qui ressemble de près ou de loin à un ‘‘skinhead''", ainsi que les "tenues vestimentaires type treillis, rangers, etc.". Enfin, mardi dernier, Alexandre Gabriac, l'un de ses trois élus proches du groupuscule pétainiste l'Œuvre française, a été exclu du parti. Preuve que le FN veut devenir une formation comme une autre. Mais preuve, aussi, que ce n'est pas encore le cas.
Laurent de Boissieu La Croix, 21/04/2011 (version légèrement modifiée)
http://www.ipolitique.fr/
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«Appel du 21 avril»: la candidature unique à gauche est-elle la solution?
22/04/2011 07:21
Neuf ans après le « séisme » du 21 avril 2002, le PS ne semble pas à l'abri de revivre le même scénario. Faut-il pour autant rationaliser l'offre politique à gauche et présenter un candidat unique ? C'est ce que prône le collectif derrière « l'appel du 21 avril », qui déplore « 15 ans d'alternance »...
La gauche a-t-elle tiré les leçons du 21 avril 2002 ? On se rappelle la phrase désormais célèbre de Lionel Jospin à l’approche du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, l’ancien Premier ministre considérant qu’il ne fallait « pas tout attendre de l’Etat ». Une phrase qui pouvait être interprétée de mille et une façons, mais qu’on ne lui pardonnera pas et qui restera ancrée dans les esprits comme un terrible aveu d’échec de la gauche face à la machinerie broyeuse de la mondialisation.
Évidemment, l’impuissance de la gauche face à ce sentiment d’abandon, cette gauche qui voulait d’abord « changer la vie » en 1981, puis qui en 2002 en était rendue à « l'Etat ne peut pas tout », était cruelle. Elle n’avait pas su convaincre lors de cette présidentielle marquée par une forte abstention. Le deuxième tour était de toute façon connu d’avance : le Premier ministre sortant affronterait une deuxième fois le Président sortant, et risquait bien de l’emporter. Mais à 20h, sursaut de frayeur : la sanction des urnes avait porté Le Pen père au deuxième tour. Un traumatisme électoral à même de provoquer la fameuse « quinzaine anti Le Pen » de l’entre deux tours : un défilé non stop de la gauche « anti-raciste » pour en appeler à faire bloc contre une très hypothétique victoire du Front national.
Mais la gauche a-t-elle su entamer une autocritique ? Pas certain, la défaite de la gauche, c’était forcément la faute des autres ! Les abstentionnistes, la montée en épingle de faits divers dramatiques (l’affaire « Papy Voise »), et même celle… du troisième homme annoncé, Jean-Pierre Chevènement, finalement arrivé en cinquième position avec 5,33% des voix. Mais à ce compte-là, pourquoi ne pas accuser Christiane Taubira ? Après tout, ses 2,32% des voix étaient virtuellement suffisants pour faire passer Jospin devant Le Pen ! Mais la gauche dans son ensemble, y compris le PCF de Robert Hue, avait laissé filer dramatiquement une bonne partie de son électorat populaire…
Un PS toujours fragmenté
Et voilà qu’en ce jour d’anniversaire du 21 avril, 9 ans après, on s’active à gauche. Pour mettre en avant le programme ? Pas suffisamment en tout cas : à sa sortie, sa durée de vie sous les projecteurs a été de quelques jours, après quoi ce socle commun à l’usage du ou de la futur(e) candidat(e) désigné(e) est pour l’instant retourné au placard médiatique.
L’attention n’est même pas fixée sur une personnalité forte et polarisante : c’était pourtant le phénomène « gagnant » en 2007 puisque Ségolène Royal était parvenue à rassembler assez largement, un pied dans le parti, un pied en dehors, en s’affranchissant tant bien que mal de l’image d’apparatchik dont elle aurait pu souffrir. Cela n'aura certes pas suffi à transformer l'essai contre Nicolas Sarkozy au deuxième tour, mais le tour de force de Royal aura été d'impulser une dynamique nouvelle au PS en s'affranchissant de son statut d'éléphant de la Mitterrandie et de la gauche plurielle.
Mais pour l'instant, le PS est loin d'être en ordre de bataille. Hollande rassure et s'affiche partout, Montebourg peine à sortir sa « démondialisation » de la confidentialité, Royal « bosse » et (re)commence à sortir de l’ombre alors que sa rivale Aubry pourrait être la candidate naturelle du parti, en tant que Première secrétaire. Et puis il y a bien sûr DSK, le directeur du FMI, candidat encore fantôme qui enregistre ses premières chutes dans les sondages. La récente accalmie médiatique autour du directeur du FMI y est-elle pour quelque chose, sa candidature n'étant toujours à l'heure actuelle qu'une hypothèse ? Du reste, peut-être les électeurs de gauche - à qui l'on a assené quotidiennement que DSK était l'unique espoir de battre Sarkozy - commencent-ils à se lasser de l'absence de l'homme providentiel.
Face à l'incertitude, faut-il pour autant en appeler rallier toute la gauche sous la bannière d'un seul candidat ?
Un appel contreproductif ?
Que signifie cet « appel du 21 avril », lancé entre autres par le président de Terra Nova Olivier Ferrand, le patron de la radio Génération 88.2 Bruno Laforestrie et la présidente du MJS Laurianne Deniaud ? Ils avancent l'idée d'un « pacte générationnel », faisant écho au « pacte écologique » que Nicolas Hulot avait proposé aux candidats de 2007 de signer. A l'époque, il s'agissait en signant ce pacte de s'acquitter d'un droit de péage pour être labellisé candidat « écolo-compatible » à la présidentielle. Le « pacte générationnel » de l'appel du 21 avril proclame « la nécessité d'une double alternance : politique bien sûr, mais aussi culturelle et générationnelle » et prévient la vieille garde : « Ils n'auront pas nos voix sans nos idées. »
L'initiative est louable dans le sens où elle interpelle sur ce possible hold-up du FN sur les couches de la société qui devraient, sociologiquement, constituer l'électorat de la gauche. Un hold-up idéologique qui interroge sur la pertinence des candidats dits « de gauche » : l'appellation n'est-elle plus qu'une abstraction, qu'un label déconnecté de la réalité ou a-t-elle encore une vraie consistance idéologique ?
Le texte intégral du « pacte générationnel », trouvable sur leur site, rend un diagnostic difficilement contestable de l'état du pays. Rien toutefois sur l'insécurité, le rôle de l'État, la remise en cause des effets pervers de la mondialisation. Le pacte générationnel porte surtout sur l'idée qu'il faut renouer le lien entre les générations, et n'a pas vocation à remplacer le programme socialiste, mais plus à y figurer en annexe. L'appel aurait pu ressembler à une déclaration de Premier secrétaire du PS si l'on n'y trouvait - vers la fin du texte - cette critique isolée :
« Les partis de pouvoir à gauche, et particulièrement le Parti socialiste, ont failli ainsi à leur devoir de représentation de la société française. S'ils avaient été exemplaires, et si la composition du groupe socialiste à l'assemblée était radicalement différente de celle de l'UMP, nous aurions pu nous projeter, nous aurions pu essayer le mercredi à la télévision de trouver des gens qui nous ressemblent. » Une pique visant à acter l'indépendance du collectif, même si l'on sait que certains signataires « vedettes » de l'appel, nommés plus haut, sont proches des caciques du PS. Plus surprenant, l'appel qui se voulait « générationnel » s'achève finalement ainsi : « (...) Nous appelons tous les partis de gauche à travailler ensemble sur une plateforme commune visant la désignation d'un candidat unitaire dès le 1er tour, grâce à des primaires ouvertes. » Pourquoi finalement faire une telle déclaration ? En appeler à unir la gauche autour d'une seule candidature (comprendre, une seule candidature PS) comme un vaccin préventif contre un nouveau 21 avril ne risque-t-il pas au contraire de réitérer les erreurs de 2002 et d'empêcher le PS, grâce à la concurrence de ses alliés naturels, de proposer un projet plus audacieux pour la gauche ? Ce parti pris du moindre risque électoral pour assurer une alternance confortable, face à un Sarkozy supposé déjà battu, n'est-elle pas dangereuse ?
D'ailleurs, Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé d'Europe Écologie, qui se trouvait hier en début de journée dans la liste des signataires, a depuis démenti avoir signé l'appel du 21 avril, visiblement en raison de l'appel à une candidature unique de la gauche. Une démarche étonnante alors que l'eurodéputé avait déjà fait savoir depuis un certain temps que si le risque d'un 21 avril « à l'endroit » s'amplifiait, il faudrait selon lui songer à ne pas présenter de candidat écologiste dans un an. Il a sur ce point été rejoint par sa camarade Eva Joly qui elle, estime que cette candidature unique « appauvrirait notre débat démocratique ».
Faut-il choisir LE candidat unique de gauche qui est le plus à même, selon les sondages, de faire gagner la gauche, au lieu de « s'éparpiller » ? La gauche a-t-elle plus besoin de propositions fortes ou d'une candidature unique qui lui servirait de talisman antilepéniste ? Faut-il à terme aller de plus en plus vers un système bipartite à l'américaine, entre démocrates et républicains, et où le FN serait l'équivalent des Tea Parties ? On pourra cependant arguer que le candidat unique émanerait du vote des militants de gauche, et qu'il n'y a aucune évidence à ce que Dominique Strauss-Kahn soit ce candidat. Mais peut-on écarter d'un revers de main la pression du « vote utile » sur les attitudes de vote dans de telles circonstances ?
Pire que le bipartisme, l'effet pervers de la candidature unique serait de prêter le flanc à la vieille antienne du FN : « l'UMPS », soit la dénonciation de la collusion supposée du système. Dans un premier tour resserré où subsisterait un candidat de gauche, un candidat de droite, et Marine Le Pen, peut-on prendre le risque de laisser Marine Le Pen devenir la seule candidature radicale et alternative revendiquée ?
C'est pourtant cet appauvrissement du politique que semblent craindre les membres du collectif, qui se déclarent « déçus par le jeu des alternances politiques des 15 dernières années qui [leur] laissent un sentiment de malaise et d'inachevé ». Il ne s'agit pas de verser dans le procès d'intention à l'égard des auteurs de l'appel du 21 avril, appuyés dans leur démarche par la tribune parue hier dans Libération, en faveur de « primaires pour toute la gauche ». Seulement, en appelant à une candidature unitaire qui pourrait bien ne profiter qu'au PS, ne seraient-ils alors pas en train de promouvoir ce qu'ils dénoncent ?
Maxime Bellec - Marianne
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A l'école, moins d'éducation, plus d'instruction : entretien avec un philosophe
21/04/2011 17:01
Jean-Claude Blanc est professeur agrégé de philosophie. Particulièrement soucieux des questions de laïcité et du devenir le l’école publique, il donne régulièrement des conférences dans le Sud de la France. Ayant gardé un excellent souvenir de celui qui fut mon « prof de philo » en terminale, je suis allée à sa rencontre pour le questionner sur le « malaise de l’école publique ».
Il est de plus en plus fréquent d’entendre dire que « l’école va mal ». Pensez vous que cela soit le fait des réformes récentes entreprises sous le règne de Sarkozy et par la main de ses ministres successifs ?
Je ne le pense pas. Car s’il est vrai que l’école va mal, il me semble qu’on peut faire remonter cela à 25 ans environ. Or il y a eu des alternances politiques sur cette période. Force est donc de constater que nous sommes là face à un problème politique singulier qui fait fi du clivage droite/gauche. Et les réformes entreprises tant par la gauche que par la droite depuis des années, loin de s’annuler, se sont complétées.
Quand la gauche était au pouvoir, elle s’est beaucoup inspirée des prétendues « sciences de l’éducation ». Les mesures décidées par Jospin ou par Allègre, et qui avaient pour objet de « mettre l’élève au centre de l’école » et de faire de celle-ci un « lieu de vie » ouvert et non plus un lieu fermé, protégé, de transmission des savoir, ont parfaitement préparé le terrain aux réformes décidées aujourd’hui par la droite libérale, et qui sont responsables, pour la première fois depuis bien longtemps, de l’apparition d’un véritable manque de moyens.
Pour la première fois depuis bien longtemps ? Vous voulez dire que le manque de moyens si souvent dénoncé par les syndicats est un phénomène récent ?
Bien sûr ! Alors que la question porte depuis longtemps déjà sur la question des fins, les syndicats s’arc-boutent sur celle des moyens. Mais savez-vous qu’il y a seulement cinq ans, la France était le pays d’Europe qui, après la Suède, consacrait la plus grosse somme à chaque élève, et ce du primaire au lycée ?
Hélas, cela n’est plus vrai aujourd’hui. Comme le rappelle Claire Mazeron, de nombreuses coupes sombres ont désormais fait passer la France au plus bas niveau européen pour son taux d’encadrement des élèves. Cependant l’apparition du phénomène, même rapide, demeure récente.
Ainsi donc nous aurions un problème de définition des fins, qui serait bien antérieur à celui de l’allocation des moyens. Pourtant, en termes de fins, l’idée d’une « école ouverte », ayant pour mot d’ordre « l’élève au centre » semble plutôt une idée généreuse !
En effet, cela a l’apparence du progressisme. D’un progressisme qui s’opposerait à « la nostalgie des blouses grises ». Mais ces slogans apparemment sympathiques sont un leurre. Ils témoignent d’un oubli des caractéristiques mêmes de l’école, qui me semblent être au nombre de deux. Tout d’abord, l’école est un lieu particulier, un espace/temps unique et singulier. Ensuite, elle a une mission particulière, qui est celle d’instruire.
En quoi ce cadre espace-temps représenté par l’école est il si particulier ? En quoi est-il différent, par exemple, d’un autre cadre de travail ? L’élève passe huit heures par jours à l’école, le salarié passe huit heures par jour dans son entreprise. La différence est-elle si grande ?
Fondamentale ! Au contraire du monde l’entreprise, l’école représente ce temps unique où l’on se détourne de l’utilitaire pour se consacrer uniquement à se « faire soi-même ». Ceci remonte à la notion latine de « schola » : c’est l’idée d’un temps où les contraintes ordinaires de la vie sont suspendues, et pendant lequel, en se dépouillant de tout souci relatif à « l’avoir », on va pouvoir cultiver son « être », sa propre humanité. Or si dans l’Antiquité seuls quelques privilégiés pouvaient prétendre à un tel « loisir », les penseurs révolutionnaires ont décrété que chacun devait pouvoir en disposer, que tout enfant était à la fois candidat à l’humanité (laquelle se conquiert, se mérite), et candidat à la citoyenneté. Toute la préoccupation des philosophes de la Révolution était de parvenir à transformer de sujets en citoyens, capables de penser le bien public, l’intérêt général. « Il faut que la raison devienne populaire » disait Condorcet. Par la suite, la troisième République a institutionnalisé cette école publique, en la voulant obligatoire et gratuite, comme nous le savons. Mais cette institution, dès lors, devra sans cesse être défendue, ne serait-ce que parce que la « société civile » n’aura de cesse de vouloir assujettir l’école à ses demandes particulières. Il faut sans cesse rappeler, par exemple, que les règles de l’école ne sont pas celles de la famille. Car l’enfant n’y est plus seulement un enfant, il y est un élève. A l’école, on ne se préoccupe plus du confort et de l’affection pour l’enfant. On s’adresse à la raison de l’élève. Le rapport maître/élève n’est d’ailleurs pas un rapport affectif : on ne demande pas à un professeur d’être « sympa ». On lui demande d’être exigent et juste. Et également exigent avec tous, d’ailleurs. Car à l’école, l’élève se trouve « un » parmi des égaux. Comme le disait Jacques Muglioni, « à l’école, il n’y a pas d’étrangers ».
Ceci n’explique pas pourquoi l’idée « d’école ouverte » vous apparaît si incongrue…
« Eloge des frontières », dirait Debray…Tout d’abord, il apparaît essentiel que l’école soit un lieu fermé à l’air du temps et à la mode. Il est urgent de mettre un terme à cette « école supermarché » singeant le monde de l’entreprise, mettant les établissements en concurrence, proposant une « offre de culture », et donnant le choix aux parents d’accepter ou de refuser un redoublement au motif que « le client est roi ».
Pour que l’école demeure ce lieu sanctuarisé de la transmission du savoir, il me semble évident qu’il faut la rendre hermétique au tumulte du monde et de la rue. Ne serait-ce que par ce qu’elle est ouverte sur tout autre chose : sur la vie de l’esprit, sur la culture, sur les grandes œuvres de l’humanité !
Une nécessaire fermeture à l’ordinaire, pour une meilleure ouverture « vers le haut », en somme…Vous disiez également que l’école à pour mission d’instruire. N’est-ce pas là un truisme ?
Pas si l’on considère la différence entre « instruction » et « éducation ». L’éducation me semble renvoyer plutôt à la transmission d’un modèle préexistant, de conventions sociales : les convenances, la politesse…Ainsi, l’éducation est plutôt du ressort de la famille. Celle-ci y ajoute d’ailleurs ses propres préférences, ses croyances, les usages en vigueur dans sa « communauté ». L’instruction quant à elle, est un enseignement raisonné et détaché des modèles et des déterminismes sociaux. Elle n’assène pas, mais elle transmet des savoirs raisonnés…
Pensez-vous qu’il faudrait revenir à un ministère de « l’instruction publique », en lieu et place du ministère de l’éducation nationale ?
Pourquoi pas ? Il conviendrait surtout que l’école se recentre sur ses fondamentaux, et notamment sur la maîtrise de la langue, ce véhicule de tous les autres savoirs.
Certains sont tentés d’être laxistes avec la langue au motif que toutes les langues évoluent. Il conviendrait d’être bienveillant envers les erreurs de syntaxe et d’orthographe, qui ne seraient pas des fautes, mais des transformations naturelles.
Ceci me paraît grave pour deux raisons : d’abord, à ce rythme, de plus en plus rares seront ceux pouvant s’emparer d’une pièce de théâtre du XVII° siècle. Petit à petit, ce sont des pans entiers de notre immense patrimoine culturel que nous nous apprêtons à perdre.
Ensuite et surtout, cette défaillance dans la transmission de la langue enferme les élèves dans leur milieu social d’origine. La non-maîtrise d’une langue correcte est un discriminant social très puissant, un marquant que l’on porte avec soi toute une vie !
Quant à la capacité des enseignants à transmettre la langue, je ne vois pas pourquoi elle serait moindre que celle des maîtres qui autrefois réussissaient à enseigner le français à des enfants parlant chez eux mille patois !
A quoi imputez vous cette crise de l’école qui ne serait pas seulement liée, selon vous, à un problème de moyens ?
A l’affrontement de deux camps, sans aucun consensus possible, sur la question des fins. Ainsi que je vous le disais, ces deux camps ne recoupent d’ailleurs pas du tout le clivage droite/gauche. Je considère que le premier camp regroupe tous ceux qui sont attachés à l’école de Condorcet et…de Jules Ferry.
On les moque souvent en les traitant « d’archaïques », la suspicion d’anachronisme étant devenue absolument disqualifiante. Avec un « ringard », il n’est même plus utile de dialoguer. Pourtant, les tenants de ce camp sont attachés à une conception de l’école qui essaye de tirer tout le monde vers le haut. Même en sachant que tout le monde n’obtiendra pas un succès équivalent, on cherche à obtenir de chacun le meilleur. Cela s’appelle « l’élitisme républicain ».
Il est vrai que le terme même « d’élitisme » est suspect aujourd’hui. Mais c’est justement parce que l’on a oublié de quoi il s’agit vraiment ! Brighelli le rappelle dans son ouvrage Tireurs d’élites : l’élitisme républicain, loin de glorifier les élites de fortune ou de naissance, a pour objet de leur substituer d’autres élites : celles qui se fabriquent à force de talent, et surtout de travail. De telle sorte que, loin de s’opposer à l’idée d’égalité, elle permet la réalisation de cette égalité. En effet, ici, le plus humble est censé pourvoir accéder aux plus hautes fonctions à force de travail, et par le seul fait de son mérite.
Il ne s’agit ni plus ni moins que de la thématique de l’égalité des chances…
Exact. Rien à voir, évidemment, avec l’égalitarisme de nos jours, qui conduit non pas à une élévation de chacun, mais à un passage de tous à la toise, et qui, loin de plaider pour une démocratisation du savoir, glorifie sa massification, au prix d’une baisse générale du niveau. C’est d’ailleurs ce que semblent promouvoir les tenants de mon « deuxième camp », celui des « modernistes ».
Pour ces derniers, d’obédience libertaire, il faut rejeter l’élitisme sous prétexte qu’il contraint. Toute contrainte est en effet bannie au motif qu’elle entraverait la liberté, le désir, la spontanéité de l’enfant. Et même sa créativité, puisque l’élève est sommé de découvrir seul comment on « apprend à apprendre », au lieu d’être guidé pour apprendre tout court.
Ce camp des libertaires ne recule d’ailleurs pas devant la mauvaise foi : on s’attaque à la personne même de Jules Ferry, au motif qu’il était « colonialiste ». Peu importe que cela soit hors sujet. On discrédite ces petites sanctions que sont les notes ou les classements, en les présentant comme des violences d’un autre âge, auxquelles il conviendrait d’ajouter les cours magistraux, dénoncés comme « frontaux ». On va même jusqu’à jouer sur les deux sens du mot « maître », en feignant d’assimiler le maître qui enseigne et celui qui exploite….
Pensez vous qu’il existe aujourd’hui une solution pour réconcilier ces deux camps ?
Peut-être, à force d’arguments, pourra-t-on un jour revenir à un accord sur la notion de « culture », sur ce qu’elle peut avoir d’universel, et sur la mission faite à l’école : transmettre LA culture en faisant fi DES cultures.
Il y faudra sans doute du temps, tant l’acception sociologique du terme et l’exaltation DES cultures a pris le dessus, faisant le lit du relativisme culturel. Il est pourtant vrai qu’il existe des cultures. Lévi-Strauss nous a appris cela. Mais faut-il en conclure pour autant que tout est équivalent ? Qu’une recette de cuisine exotique vaut une pièce de Racine ? Faut il sacraliser toutes les traditions ? Faut-il sombrer dans un scepticisme niveleur qui sera bientôt nihilisme, car après tout, si « tout se vaut », rien ne vaut vraiment !
Pour ma part, j’opte plutôt vers une redécouverte de la notion d’universel, et je fais le pari qu’il existe bel est bien UNE culture, composée d’œuvres qui dépassent le temps et le lieu ou elles sont nées, et qui ont vocation à parler à tous. A cette culture, bien évidemment, chaque culture particulière peut apporter sa pierre. Picasso s’intéressant aux sculptures africaines et nous révélant ce qu’on appellera ensuite « l’art nègre » nous montre cette voie.
Mais ces œuvres de l’esprit on cela de commun qu’elles s’adressent non pas à chaque homme en tant qu’être singulier, mais à chaque homme en tant qu’il fait partie d’une seule et même « condition humaine ». C’est le contraire même de cette idée qu’il existerait DES cultures irréductibles, imperméables les unes aux autres, qui finalement n’auraient vocation qu’à s’opposer. Car à trop vouloir faire l’éloge des différences, on finit un jour par nier le fondement même de tout humanisme : cette idée que l’humanité est « une ». C’est ainsi qu’avec la meilleur conscience du monde, on prépare la barbarie.
Coralie Delaume
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Les aberrations de la libéralisation des services publics
21/04/2011 16:55
Depuis quinze ans, la droite et les socialistes suivent l’Europe pour mettre en place la libéralisation des services publics. Mais alors qu’ils nous promettaient un meilleur service et des prix moins élevés, nous avons exactement l’inverse.
Il n’y a que les profits qui progressent.
Les conséquences ubuesques de la libéralisation
Nous avons déjà fait l’expérience plus limitée de la libéralisation des renseignements téléphoniques. Et le résultat est très simple : une explosion spectaculaire des prix, une plus grande complexité pour le client et au final, les seuls gagnants sont les médias qui empochent les recettes de publicité et les actionnaires qui n’ont pas bu la tasse. Bref, la libéralisation des renseignements téléphoniques n’a clairement pas profité à l’intérêt général, largement dégradé depuis la fin du 12.
Le cas des tarifs d’EDF est tout aussi abracadabrantesque. Le Point ose ainsi écrire sans la moindre ironie que la loi Nome, destinée à « doper la concurrence », « pose les bases d’une forte hausse des tarifs de l’électricité ». Bref, la gestion législative semble encore plus complexe, l’Etat est contraint d’intervenir et les tarifs progressent fortement (alors qu’étant donné que 80% de notre électricité est d’origine nucléaire, nos tarifs devraient être relativement stables)…
Pour la dé-libéralisation des services publics
N’est-il pas temps aujourd’hui de faire un bilan de ces libéralisations qui n’ont apporté aucun des bénéfices escomptés ? Le service ne s’améliore pas, les prix ont tendance à monter, tout devient plus difficile pour le client qui doit essayer d’échapper aux chausse-trappes des différents fournisseurs et même l’Etat se voit contraint d’agir pour trancher les conflits entre les autorités de régulation et les différents acteurs de marchés complexifiés et bureaucratisés du fait de la libéralisation.
Fondamentalement, il faut comprendre que certains marchés sont des monopoles naturels. Quand les investissements sont si lourds que seuls deux ou trois acteurs peuvent être présents ou qu’il faut collectiviser la production et ne libéraliser que la commercialisation (qui ne représente qu’une fraction du coût), la libéralisation n’a aucun sens. De facto, elle produit un oligopole où les quelques acteurs présents n’ont aucun intérêt à mener une guerre des prix préjudiciable à tous.
Du coup, même sans le moindre comportement délictueux, les différents acteurs ne se battent pas sur le prix et profitent de facto d’une rente financière. La production d’énergie, le transport ferroviaire, la distribution du courrier, les autoroutes, ne sont clairement pas des activités où la libéralisation apporte quoique ce soit. Ces secteurs doivent rester dans le service public. Et on pourrait se poser la question pour la distribution de l’eau, voir même la téléphonie.
Les tenants de la libéralisation à tout crin se heurtent aujourd’hui à une réalité qui démontre que la privatisation des services publics est lourdement préjudiciable à l’intérêt général et ne profite qu’aux actionnaires qui profitent d’une situation d’oligopole. Il faut donc revenir en arrière.
Laurent Pinsolle
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