Rassemblement des Gaullistes Républicains et Sociaux

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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Carrefour dépecé par le capitalisme actionnarial

22/04/2011 15:08

Carrefour dépecé par le capitalisme actionnarial


Début 2007, Bernard Arnault et Colony Capital prennent 14% du capital et 20% des droits de vote de Carrefour au prix moyen de 48 euros l’action. Mais, après une bonne année 2007, son cours s’effondre. Commencent alors des manœuvres incroyables pour récupérer leur mise…

L’histoire d’un dépeçage

Comme le raconte Philippe Douroux, l’histoire de Carrefour et Bernard Arnault a toujours été conflictuelle. Dès la prise de participation par le patron de LVMH et Colony Capital était évoquée une possible vente du parc immobilier de l’enseigne. Mais ce mauvais feuilleton ne cesse de connaître des rebondissements. En effet, les deux actionnaires ne parviennent pas à imposer tout de suite leur volonté au conseil d’administration et la crise financière complique la situation.

Le cours de l’action tombe à 23 euros avant de rebondir autour de 30, soit une perte latente de 800 millions d’euros. Même si cela peut être absorbé par la première fortune de France, un tel échec est difficilement acceptable. Philippe Douroux avance que les actionnaires ont alors proposé de mettre en vente des filiales du groupe pour réaliser une plus-value et redresser le cours de bourse. Mais le patron Lars Olofsson a refusé de vendre les joyaux du groupe.

C’est ainsi qu’un nouveau scénario est apparu où Carrefour serait découpé en trois et mettrait en vente sa filiale de hard-discount Dia et un pôle regroupant ses actifs immobiliers. L’idée est que le produit de la mise sur le marché de ces deux entités (dont Carrefour pourrait rester actionnaire) permette alors de verser un superdividende aux actionnaires, à même de compenser en partie la faiblesse du cours de bourse. Suite du feuilleton dans les prochaines semaines.

Les excès du capitalisme actionnarial

Un très bon article du Monde revient justement sur la dérive que représente cette « découpe » de Carrefour. Il souligne que l’entreprise a racheté pour 943 millions d’euros d’actions en 2010 pour soutenir son cours de bourse, conduisant à une augmentation de 75% de sa dette financière ! En outre, ce découpage devrait affaiblir le groupe, notamment en Espagne, où Dia possède des positions très fortes. Bref, il est évident que ces opérations ne servent que les intérêts de certains actionnaires.

Car l’intérêt long terme du groupe Carrefour n’est clairement pas de sortir du marché du hard-discount, qui progresse partout, ni forcément même de se séparer de ses murs, ce qui pourrait provoquer une augmentation de ses coûts immobiliers, point très pénalisant pour sa compétitivité à terme. En outre, les marchés ne semblent pas convaincus par cette stratégie puisque l’action ne tire pas le moindre profit de  l’annonce de ce découpage en trois.

Plus encore, on peut s’interroger sur l’inutile distraction que cela représente pour la direction du groupe, qui devrait plutôt se concentrer sur la croissance plutôt que de chercher à maximiser les intérêts de minoritaires, au détriment de ses intérêts long terme. Tout ceci amène à se poser la question du cadre légal et fiscal qu’il faudrait mettre en place pour éviter de tels excès. Il faudrait peut-être imposer les rachats d’action ou certaines opérations de cessions ou rachat d’entreprises par exemple.

L’histoire de Carrefour est d’autant plus symptomatique du système économique actuel qu’alors que de richissimes actionnaires peuvent provoquer le dépeçage d’une entreprise à leur profit, les salariés manifestent pour obtenir une augmentation de salaires qui peine à suivre l’inflation….

Laurent Pinsolle

http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/






Toujours plus pour les "clients" du TGV, toujours moins pour les "usagers" du RER

22/04/2011 15:06

Toujours plus pour les


Hier se tenait dans ma ville et à ma demande un débat sur le projet d'interconnexion des lignes à grande vitesse en Ile-de-France, afin que les TGV puissent contourner Paris et non plus emprunter comme aujourd'hui la ligne dite de la "grande ceinture" entre Massy et Valenton, utilisée également par le RER.
J'ai voulu que ce débat public se tienne à Yerres afin que les habitant de ma ville sachent la vérité sur le projet de l'Etat, et croyez-moi, nous n'avons pas été déçus.
En effet, outre le décorum fastueux (retransmission en direct sur Internet, "monsieur loyal" pour la présentation des différents intervenants) et le défilé des technocrates de RFF (Réseaux Ferrés de France), c'est à un débat à proprement parler surréaliste auquel j'ai assisté.
En résumé, alors que l'Etat a déjà débloqué des millions d'euros pour l'amélioration de la voie empruntée actuellement, RFF envisage de débloquer 3 milliards d'euros pour une nouvelle ligne, alors même qu'elle ne permettra au mieux que le passage de 3 TGV par heure de pointe à 4 - et sur une journée le passage de 74 à 100 TGV au maximum et dans 20 ans...
3 milliards d'euros, rien que ça, alors que l'on demande au citoyen de se saigner toujours plus et que l'on détruit les services publics pour réduire un déficit qui augmente à vitesse lumière (notamment en raison du scandale sur je dénonce dans mon livre).
Or - sI l'on peut de toute façon s'interroger sur la pertinence du nouveau projet pharaonique de RFF - j'ai été absolument scandalisé par le mépris affiché des représentants de RFF, capable de venir développer leur grand projet, leurs concepts d'efficacité à long terme et déverser "leurs" milliards face à des administrés qui vivent l'enfer au quotidien sur la ligne D.
Les représentants de RFF semblaient ne même pas avoir conscience que les sommes qu’ils comptaient dépenser pour les usagers du TGV venaient de la poche de ceux qui les écoutaient et qu'ils semblaient narguer de leur suffisance technocratique : les contribuables !
Or, jusqu'à preuve du contraire le RER D, c'est 550 000 usagers par jour. Et le projet en question ne concernera au mieux que 6 000 usagers supplémentaires !
Poussés dans leurs retranchements, les ingénieurs en charge du projet ont d'ailleurs fini par m'avouer après 2 heures de questions que la vraie finalité du projet - puisque le gain en nombre de TGV par heure serait de toute façon faible malgré les sommes dépensées - était uniquement de faire en sorte qu'ils ne soient pas perturbés par les RER qui empruntent aujourd'hui la même voix...
Je me suis alors demandé - sans parler de la pertinence économique à long terme du projet de ligne et du gain éventuel pour l'ensemble des usagers - comment ils pouvaient avoir eu le courage de venir présenter un tel projet, alors même que l'Etat et la Région n'ont mis que 500 millions pour le RER D, et qu'1 milliard supplémentaire solutionnerait pourtant tous les problèmes de la ligne D.
Mais je sais qu'il ne s'agissait pas de courage - juste d'inconscience et de mépris. Les réactions de la salle ont été d'ailleurs à la hauteur de leur décalage total avec la réalité : saignantes.
C'est tout le drame de notre société : une coupure radicale et bientôt irréversible entre des élites qui ne raisonnent absolument plus en prenant en compte l'aspect humain, qui ne voient les citoyens que comme des "usagers" ou des "clients". Un Etat faible, car entièrement soumis à l'économique là où il devrait au contraire se porter garant de l'intérêt général contre le tout financier.
Et en face, des citoyens qui ont perdu toute confiance dans les acteurs politiques et économiques de leur pays, n'ayant que trop bien compris qu'ils étaient désormais à leur service et au service de leurs intérêts personnels, et non l'inverse.
Bref, une fracture sociale que Chirac décrivait dès 1995 mais qui ravage aujourd'hui désormais également les classes moyennes, à savoir ceux-là même qui hier soir aurait pu - dans un monde meilleur - se réjouir de gagner en confort lorsqu'ils prendront le TGV, mais qui sont désormais réduits à prier pour que leur RER parte à l'heure, à se lever plus tôt et à attendre des heures par mois sur les quais de gare de Yerres, Montgeron ou Brunoy en espérant ne pas arriver en retard et ne pas perdre leur boulot.
J'ai essayé hier d'exprimer comme député de la nation cette colère et je pèserai de tout mon poids pour que les décisions prises soient conforme à l'intérêt général.
C'est tout l'objet de mon combat politique, et des soirées comme celle d'hier me regonfle d'énergie pour des semaines de combat.
Nicolas Dupont Aignan
http://blog.nicolasdupontaignan.fr/post/Toujours-plus-pour-les-%22clients%22-du-TGV%2C-toujours-moins-pour-les-%22usagers%22-du-RER





Nucléaire : la manip...

22/04/2011 15:01

Nucléaire : la manip...


Comme toujours d'ailleurs. Les bonnes gens sont favorables au nucléaire, qu'ils disent, mais un peu moins.

Là où ça devient intéressant, c'est sur les points suivants :

- sondage réalisé du 23 au 24 mars 2011 et publié le 21 avril. Il y a un hiatus entre les deux dates. Presque un mois pour le publier ? Alors que l'incident de Fukushima a tourné à Tchernobyl ?

Entre parenthèses, pour la planète, un Tchernobyl, ou un Fukushima, c'est bien plus grave qu'Hiroshima et Nagasaki.

D'abord par les quantités de matières fissiles, 1.5 tonnes dans les attaques, 150 à Tchernobyl, plus d'un millier de tonnes à Fukushima, sans doute 3 000 ou 4 000 tonnes avec les piscines...

On voit donc que l'échelle des catastrophes est largement dépassé. H et N, furent un MOMENT, mais il n'y a pas de différence entre le bombardement de Tokyo, celui de Dresde, pour le nombre de victimes.

j'irais plus loin. Les plus grands massacres se font à l'arme blanche, et le problème n'est pas, finalement, celui de l'arme, mais le problème, c'est la guerre.

FUKUSHIMA, TCHERNOBYL, ne sont pas des MOMENTS, mais des PERIODES HISTORIQUES dont on ne voit pas la fin. Avec quelles conséquences ???

Même si, comme certains disent, elles n'ont été qu'essentiellement psychosomatiques, c'est quand même des CONSEQUENCES de l'accident. Et il y aura, sans doute, des conséquences identiques à Fukushima.

- Là aussi, quelle a été la question posée ??? Et quel a été le non-dit ??? Par exemple, la montée "inéluctable" des tarifs avec ma fin du Nuke (en occultant la montée "inéluctable" des tarifs AVEC le nuke).  

En bref, on peut résumer en voyant dans cette salade une splendide opération de manipulation qui tente de cacher une montée en puissance très forte du sentiment anti-nucléaire, d'abord en sortant un sondage TRES vieux, dans le contexte actuel, un mois, c'est la préhistoire, ensuite se demander ce qui a été dit en "OFF" ?

Là aussi, le clivage entre "instruits" et "moins instruits" perdure. Dans l'adversité, on apprend à se méfier, les + de 3500 euros ont appris le larbinisme.

Le cadet, le mis à l'écart apprennent la rébellitude.

Par Patrick REYMOND

http://lachute.over-blog.com/






Emploi des seniors : Chronique d'une catatastrophe annoncée !

22/04/2011 14:46

Emploi des seniors : Chronique d'une catatastrophe annoncée !


S'il est un sujet sur lequel gouvernement et patronat se font discrets, c'est bien l'emploi des plus de 50 ans. Les plans ou accords cosmétiques peinent à dissimuler ... une catastrophe, que le report de l'âge légal de la retraite à 62 ans devrait accélérer !

Aujourd'hui, indique Anne Marie Guillemard sociologue et chercheur au Centre d'étude des mouvements sociaux : « 6 salariés sur 10 qui font valoir leurs droits à la retraite ne sont déja plus en emploi » Et d'ajouter : « (...) Le gouvernement s'est contenté d'augmenter le temps de latence entre le dernier emploi et la retraite (..) Entre mars 2009 et mars 2010 le chômage des plus de 50 ans a augmenté de 21,2% après une hausse de 16,7% au cours des 12 mois précédents (...) »

Tout cela est bien loin des engagements et promesses du Président, si fier de son «
bon bilan »

En effet, en
mai 2008 : le chef de l'Etat déclarait que : « (...) le sous-emploi des seniors constituait une erreur économique doublée d'un scandale social (...) » et d'indiquer comme première mesure : « le relèvement progressif du seuil de déclenchement des dispenses de recherches d'emploi pour les salariés de 57,5 ans et plus »

Ceci ayant été suivit comme chacun le sait du passage de l'âge légal de la retraite à 62 ans à partir du
1er juillet 2011

Son ministre de l'époque Laurent Wauquiez, du haut de ses certitudes, assénait : « (...) L'idée serait de permettre aux entreprises qui embauchent des chômeurs âgés d'être exonérées de charges. Il faut arrêter de se voiler la face, les entreprises n'embauchent pas les seniors parce qu'ils coûtent trop cher. C'est une des pistes à l'étude (...) »

Qu'en est-il en 2011 ?

Le Figaro a consacré, le 13/04/2011,
un article, aux divers plans et accords seniors, dans les entreprises. Que dit-il ?

« (...) Au 1er janvier 2010, les employeurs devaient en avoir signé un sous peine de payer une pénalité (...) »Si les divers accords signés, reposent en quasi totalité, sur le maintien des seniors dans les entreprises : « (...) ont surtout été privilégiés les engagements en matière de formation, d'anticipation des carrières (entretien seconde partie de carrière, bilan de compétences…) et d'aménagement de fin de carrière (...) »

En ce qui concerne l'embauche de seniors au chômage le tableau est carrément sombre, puisque, pour la région IDF par exemple : « (...) seuls 14% des dispositifs franciliens fixent des objectifs chiffrés de recrutement (...) Et un des spécialiste interrogé par Le Figaro, d'ajouter : « (...) la majorité des entreprises se contentent pour le moment de mesures cosmétiques, les plus simples à mettre en œuvre ».

Les spécialistes que le
Nouvel Economiste du 14 au 20 avril 2011 ont interviewé sont encore plus féroces sur les dernières mesures proposées par le gouvernement :

Aides financières accordée, depuis janvier 2011, aux entreprises embauchant en CDI ou CDD d'au moins 6 mois d'un chômeur âgé d'au moins 55 ans

Prime de 2000 € pour l'embauche en contrat de professionnalisation d'un demandeur d'emploi de 45 ans ou +

La réponse de Nicole Turbé-Suétens (expert auprès de la Commission européenne et fondatrice de
Distance expert) est sans appel : « (...) Avec de telles propositions, on frise le comique de situation. Ce ne sont que des mesurettes qui n'ont aucune chance d'avoir un impact notable sur le problème de l'emploi des seniors. Au mieux, elles feront l'objet d'effets d'aubaine (...) » De son côté, Anne Marie Guillemard rappelle que de toute façon : « (...) les entreprises ne sont pas là pour faire des actions citoyennes (...) » Ce que n'oublie pas de nous confirmer Laurence Parisot ... à chaque déclaration sur le sujet !

Et dans la mesure où, comme
l'affirme l'OFCE : « (...) sous l'effet cumulé de la suppression des départs anticipés des seniors, de l'extinction des dispositifs d'accompagnement des licenciés économiques et des premiers effets de la réforme des retraites (...) le taux de chômage en métropole passerait de 9,2 à 9,4% de la population active (...) » Force est de constater, qu'à moins qu'une majorité des chômeurs de 55 ans, ne disparaisse dans le « trou noir » des fin des droits, les statistiques ne risquent pas de s'améliorer !

En bref, on va droit à la catastrophe, pour une grande partie de la population, en âge et obligation de travailler !

Alors, en ces temps de bilan, préparatoire à la présidentielle de 2012, il serait bon que le Président qui a tenu ses promesses de 2007,
consistant à : « Supprimer la dispense de recherche d’emploi pour les seniors (...) » Veuille bien, mettre toute sa détermination, avant la fin de son quinquennat, pour réaliser la deuxième partie de son engagement : « (...) créer les conditions juridiques, économiques et sociales pour permettre aux seniors de conserver une activité professionnelle le plus longtemps possible (...) ».

Slovar

Crédit photo : Montréal à Moi
http://slovar.blogspot.com/





Qu'est-ce qu'une nation ? Ernest Renan (4/6)

22/04/2011 14:39

Qu'est-ce qu'une nation ? Ernest Renan (4/6)


CHAPITRE 2 Fin

II. - Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue.
La langue invite à se réunir ; elle n'y force pas. Les États-Unis et l'Angleterre, l'Amérique espagnole et l'Espagne parlent la même langue et ne forment pas une seule nation. Au contraire, la Suisse, si bien faite, puisqu'elle a été faite par l'assentiment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans l'homme quelque chose de supérieur à la langue : c'est la volonté. La volonté de la Suisse d'être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus important qu'une similitude souvent obtenue par des vexations.

Un fait honorable pour la France, c'est qu'elle n'a jamais cherché à obtenir l'unité de la langue par des mesures de coercition. Ne peut-on pas avoir les mêmes sentiments et les mêmes pensées, aimer les mêmes choses en des langages différents ? Nous parlions tout à l'heure de l'inconvénient qu'il y aurait à faire dépendre la politique internationale de l'ethnographie. Il n'y en aurait pas moins à la faire dépendre de la philologie comparée. Laissons à ces intéressantes études l'entière liberté de leurs discussions ; ne les mêlons pas à ce qui en altérerait la sérénité. L'importance politique qu'on attache aux langues vient de ce qu'on les regarde comme des signes de race. Rien de plus faux. La Prusse, où l'on ne parle plus qu'allemand, parlait slave il y a quelques siècles ; le pays de Galles parle anglais ; la Gaule et l'Espagne parlent l'idiome primitif d'Albe la Longue ; l'Égypte parle arabe ; les exemples sont innombrables. Même aux origines, la similitude de langue n'entraînait pas la similitude de race. Prenons la tribu proto-aryenne ou proto-sémite ; il s'y trouvait des esclaves, qui parlaient la même langue que leurs maîtres ; or l'esclave était alors bien souvent d'une race différente de celle de son maître. Répétons-le : ces divisions de langues indo-européennes, sémitiques et autres, créées avec une si admirable sagacité par la philologie comparée, ne coïncident pas avec les divisions de l'anthropologie. Les langues sont des formations historiques, qui indiquent peu de choses sur le sang de ceux qui les parlent, et qui, en tout cas, ne sauraient enchaîner la liberté humaine quand il s'agit de déterminer la famille avec laquelle on s'unit pour la vie et pour la mort.

Cette considération exclusive de la langue a, comme l'attention trop forte donnée à la race, ses dangers, ses inconvénients. Quand on y met de l'exagération, on se renferme dans une culture déterminée, tenue pour nationale ; on se limite, on se claquemure. On quitte le grand air qu'on respire dans le vaste champ de l'humanité pour s'enfermer dans des conventicules de compatriotes. Rien de plus mauvais pour l'esprit ; rien de plus fâcheux pour la civilisation. N'abandonnons pas ce principe fondamental, que l'homme est un être raisonnable et moral, avant d'être parqué dans telle ou telle langue, avant d'être un membre de telle ou telle race, un adhérent de telle ou telle culture. Avant la culture française, la culture allemande, la culture italienne, il y a la culture humaine. Voyez les grands hommes de la Renaissance ; ils n'étaient ni français, ni italiens, ni allemands. Ils avaient retrouvé, par leur commerce avec l'antiquité, le secret de l'éducation véritable de l'esprit humain, et ils s'y dévouaient corps et âme. Comme ils firent bien !

III. - La religion ne saurait non plus offrir une base suffisante à l'établissement d'une nationalité moderne.
À l'origine, la religion tenait à l'existence même du groupe social. Le groupe social était une extension de la famille. La religion, les rites étaient des rites de famille. La religion d'Athènes, c'était le culte d'Athènes même, de ses fondateurs mythiques, de ses lois, de ses usages. Elle n'impliquait aucune théologie dogmatique. Cette religion était, dans toute la force du terme, une religion d'État. On n'était pas athénien si on refusait de la pratiquer. C'était au fond le culte de l'Acropole personnifiée. Jurer sur l'autel d'Aglaure, c'était prêter le serment de mourir pour la patrie. Cette religion était l'équivalent de ce qu'est chez nous l'acte de tirer au sort, ou le culte du drapeau. Refuser de participer à un tel culte était comme serait dans nos sociétés modernes refuser le service militaire. C'était déclarer qu'on n'était pas athénien. D'un autre côté, il est clair qu'un tel culte n'avait pas de sens pour celui qui n'était pas d'Athènes ; aussi n'exerçait-on aucun prosélytisme pour forcer des étrangers à l'accepter ; les esclaves d'Athènes ne le pratiquaient pas. Il en fut de même dans quelques petites républiques du Moyen Âge. On n'était pas bon vénitien si l'on ne jurait point par saint Marc ; on n'était pas bon amalfitain si l'on ne mettait pas saint André au-dessus de tous les autres saints du paradis. Dans ces petites sociétés, ce qui a été plus tard persécution, tyrannie, était légitime et tirait aussi peu à conséquence que le fait chez nous de souhaiter la fête au père de famille et de lui adresser des vœux au premier jour de l'an.

Ce qui était vrai à Sparte, à Athènes, ne l'était déjà plus dans les royaumes sortis de la conquête d'Alexandre, ne l'était surtout plus dans l'Empire romain. Les persécutions d'Antiochus Épiphane pour amener l'Orient au culte de Jupiter Olympien, celles de l'Empire romain pour maintenir une prétendue religion d'État furent une faute, un crime, une véritable absurdité. De nos jours, la situation est parfaitement claire. Il n'y a plus de masses croyant d'une manière uniforme. Chacun croit et pratique à sa guise, ce qu'il peut, comme il veut. Il n'y a plus de religion d'État ; on peut être français, anglais, allemand, en étant catholique, protestant, israélite, en ne pratiquant aucun culte. La religion est devenue chose individuelle ; elle regarde la conscience de chacun. La division des nations en catholiques, protestantes, n'existe plus. La religion, qui, il y a cinquante-deux ans, était un élément si considérable dans la formation de la Belgique, garde toute son importance dans le for intérieur de chacun ; mais elle est sortie presque entièrement des raisons qui tracent les limites des peuples.

IV. - La communauté des intérêts est assurément un lien puissant entre les hommes.
Les intérêts, cependant, suffisent-ils à faire une nation ? Je ne le crois pas. La communauté des intérêts fait les traités de commerce. Il y a dans la nationalité un côté de sentiment ; elle est âme et corps à la fois ; un Zollverein n'est pas une patrie.

images?q=tbn:ANd9GcTFGfUe6LYe68ESzJA2199Ge1XObtmXHSDgXEqES_a_mJ1f1LUB&t=1V. - La géographie, ce qu'on appelle les frontières naturelles, a certainement une part considérable dans la division des nations.
La géographie est un des facteurs essentiels de l'histoire. Les rivières ont conduit les races ; les montagnes les ont arrêtées. Les premières ont favorisé, les secondes ont limité les mouvements historiques. Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis, que les limites d'une nation sont écrites sur la carte et que cette nation a le droit de s'adjuger ce qui est nécessaire pour arrondir certains contours, pour atteindre telle montagne, telle rivière, à laquelle on prête une sorte de faculté limitante a priori ? Je ne connais pas de doctrine plus arbitraire ni plus funeste. Avec cela, on justifie toutes les violences. Et, d'abord, sont-ce les montagnes ou bien sont-ce les rivières qui forment ces prétendues frontières naturelles ? Il est incontestable que les montagnes séparent ; mais les fleuves réunissent plutôt. Et puis toutes les montagnes ne sauraient découper des États. Quelles sont celles qui séparent et celles qui ne séparent pas ? De Biarritz à Tornea, il n'y a pas une embouchure de fleuve qui ait plus qu'une autre un caractère bornal. Si l'histoire l'avait voulu, la Loire, la Seine, la Meuse, l'Elbe, l'Oder auraient, autant que le Rhin, ce caractère de frontière naturelle qui a fait commettre tant d'infractions au droit fondamental, qui est la volonté des hommes. On parle de raisons stratégiques. Rien n'est absolu ; il est clair que bien des concessions doivent être faites à la nécessité. Mais il ne faut pas que ces concessions aillent trop loin. Autrement, tout le monde réclamera ses convenances militaires, et ce sera la guerre sans fin. Non, ce n'est pas la terre plus que la race qui fait une nation. La terre fournit le substratum, le champ de la lutte et du travail ; l'homme fournit l'âme. L'homme est tout dans la formation de cette chose sacrée qu'on appelle un peuple. Rien de matériel n'y suffit. Une nation est un principe spirituel, résultant des complications profondes de l'histoire, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol.

Nous venons de voir ce qui ne suffit pas à créer un tel principe spirituel : la race, la langue, les intérêts, l'affinité religieuse, la géographie, les nécessités militaires. Que faut-il donc en plus ? Par suite de ce qui a été dit antérieurement, je n'aurai pas désormais à retenir bien longtemps votre attention.

Ernest Renan - Qu'est-ce qu'une nation : Conférence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882

http://blogrepublicain.hautetfort.com/






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