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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Sourdun internat d'excellence

06/06/2011 21:15

Sourdun internat d'excellence


Quelques "internats d'excellence", sortis de terre depuis deux ans, peuvent-ils camoufler la grande misère de l'enseignement français ? Ou sont-ils, au-delà de l'effet-vitrine, la promesse balbutiante de quelque chose qui pourrait émerger, l'évidence que "c'est possible", et que ce qui est pour le moment localisé dans quelques sites serait, demain, généralisable, au grand dam de tous ceux qui croient que seuls le laisser-aller, la gabegie pédagogique et l'égalitarisme forcé sont l'avenir de l'Education nationale ?

Claire Mazeron, vice-présidente du SNALC, a été invitée à visiter l'internat de Sourdun, en Seine-et-Marne. Elle en a tiré un récit précis, documenté, que je livre ici aux lecteurs de Bonnet d'âne — sans en modifier une ligne. Mais comme je partage, entre autres, ses analyses…

Jean-Paul Brighelli


Internats d’excellence : une « utopie concrète » ?

La Seine-et-Marne : ses betteraves, ses étendues agricoles sans limites, ses brumes légendaires et ses cités à problèmes. Dans cette horizontalité sans bornes, quelque part près de Provins, surgissent au détour d’une route désespérément rectiligne quelques lourds bâtiments aux allures de caserne. Sourdun. Trois dizaines d’hectares militaires hier encore promis, comme tant d’autres, à un abandon certain. Mais ici, la verticalité est avenir. Elle porte un nom, soigneusement indiqué sur un panneau routier flambant neuf : « Internat d’excellence de Sourdun ».

Son proviseur, Jean-François Bourdon, nous félicite : « Vous êtes en avance d’un quart d’heure, c’est la première fois ! D’habitude, les gens se perdent et tournent pendant une demi-heure ». C’est qu’ici la campagne est chez elle, et impose son rythme. Même entre les murs, on reste entre les champs. Seuls dominent le gazouillis des hirondelles qui ont élu domicile sous les fenêtres et les salves régulières des asperseurs – le printemps est sec cette année. Nulle âme qui vive autour des bâtiments, ni dans les vastes espaces découverts qui les entourent. Aucun bruit en provenance de l’intérieur. Une école sans élèves ? « Ils sont en devoir » - nous explique le proviseur. « Ils en ont toutes les semaines. L’essentiel ici, c’est la régularité ». Comme celle de la nature environnante, en effet, bien loin de l’agitation des ZUS, ZEP et autres RAR d’où proviennent plus d’un tiers des élèves. Un rythme immuable : cours du lundi au vendredi, de 8h à 16h, avec 4 heures de devoirs banalisées et des études chaque soir jusqu’à 20h.

Une régularité structurante et réconfortante pour des élèves majoritairement issus de milieux défavorisés. Divorces compliqués, recompositions familiales mal vécues, familles monoparentales dépassées, travail de nuit ou lointain, logements exigus et bruyants… toutes situations qui constituent le premier sésame pour Sourdun. Mais la vocation sociale n’est que l’alpha de l’établissement : l’oméga, c’est le niveau scolaire. Ici ne sont acceptés que des élèves – de la 6ème aux classes préparatoires – possédant une moyenne générale comprise entre 12 et 14/20. « Pas les meilleurs, qui se débrouilleront toujours », précise Jean-François Bourdon, « ni les élèves en grande difficulté scolaire, qui ne relèvent pas de notre compétence ». J’entends déjà les cris d’orfraie de certaines organisations syndicales et parentales bien-pensantes : comment pouvez-vous délaisser les plus exclus des exclus ? Pourquoi consacrer autant de moyens aux « moyens », quand 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans aucun bagage?

Si Sourdun recrute ainsi dans le « ventre mou » des classes, c’est pour combler un manque. Un déficit d’attention systématique de la part de l’Education nationale, qui ne s’intéresse plus guère qu’aux extrêmes, et oublie facilement ceux qui font les gros effectifs de la courbe de Gauss. Des élèves fragiles, qu’un environnement scolaire agité ou une situation familiale difficile font trop souvent basculer du mauvais côté – celui des sorties sans diplôme. « Certains parents viennent me trouver en m’expliquant qu’ils visent Polytechnique. Je leur répond qu’ils se sont trompés d’adresse », rétorque Jean-François Bourdon, avec un brin de malice.

Les mots sont en effet volontairement trompeurs. L’excellence scolaire n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen pour atteindre l’estime de soi. Une méthode Coué version scolaire, qui semble porter ses fruits. « J’ai été choisi, je suis à Sourdun, je suis excellent » répètent certains élèves, qui ont à cœur de se montrer « à la hauteur ». Des élèves à qui l’on donne beaucoup, mais dont on exige le maximum aussi : au programme, loisirs « bourgeois » – équitation, tir, escrime, théâtre ou musique, sans compter  des sorties à l’Opéra de Paris ou des voyages au bout du monde - mais aussi ménage des chambres et des parties communes, à tour de rôle. Et pour que les choses soient claires, les tenues acceptées dans l’établissement sont photographiées et affichées dans les couloirs, tout comme l’injonction d’adopter un comportement décent. « Pas assez clair pour certains garçons. L’an prochain ce sera mocassins et rien d’autre » - précise le proviseur, qui avoue que les premiers mois d’adaptation ont été difficiles. « Mais une fois que le pli est pris, ça roule tout seul ! L’essentiel c’est de ne pas céder, tout en faisant preuve de souplesse et en ménageant des plages de liberté, adaptées à l’âge des élèves ».

De fait, les élèves rencontrés sont polis et calmes – ils sortent pourtant d’une matinée de compositions écrites -, tout comme la cantine – généralement terrain de tous les dangers. « Bon appétit, Monsieur » - lance un petit 6ème. « Tiens, il ne vous a pas demandé pour quelle télé vous travaillez », s’amuse Jean-François Bourdon. Depuis son ouverture à la rentrée 2009, l’internat est en en effet – fatalement – sous les feux de la rampe, et élèves comme professeurs sur-jouent un peu. Sourdun, un « village Potemkine » ? Un miroir aux alouettes face à la majorité des établissements en déshérence de l’éducation prioritaire ? 281 élèves accueillis à Sourdun l’an dernier, 20000 places prévues en France au terme du projet – sachant qu’il s’agit surtout de « labellisation » de structures existantes, non de créations ex-nihilo. Statistiquement, les internats d’excellence ne sont qu’une goutte d’eau dans un océan de détresse scolaire et sociale. Mais les élèves de Sourdun ont tous obtenu le brevet des collèges l’an dernier (1), 53% d’entre eux avec mention. Et les moyens supplémentaires accordés en termes de DHG sont de l’ordre de 10%, une sur-dotation correspondante à celle d’un établissement de ZEP.

Pour donner le change aux critiques persistantes sur le coût du projet, Jean-François Bourdon fait dans la récup’, la traque au gaspillage, et la chasse aux partenariats, publics et privés. Le mobilier dépareillé abandonné par les hussards a été réutilisé, les drapeaux récemment découverts orneront la façade du bâtiment principal. « J’espère qu’ils ne portent pas les insignes du 2ème RH ! » plaisante-t-il. Et de s’insurger contre l’installation électrique dernier cri des bâtiments réhabilités : « Impossible d’éteindre les plafonniers, il n’y a pas d’interrupteurs ! » Le partenariat avec l’UCPA permet de rentabiliser le centre équestre, créé dans les anciennes écuries militaires, la salle de spectacle rénovée sera bientôt accessible au public extérieur. La piscine ne sera pas reconstruite, l’entretien annuel se révélant trop onéreux. Et la gratuité de l’internat n’est plus de mise cette année, surtout pour responsabiliser et impliquer les « usagers »(2). Certes, cela ne compense pas les 25 millions de travaux effectués cette année. Mais les internats d’excellence bénéficient des retombées financières de la politique de la ville comme de l’association de différents ministères : dans le cadre du grand emprunt, une partie des 500 millions d’euros prévus par la loi de finances rectificative pour 2010 est consacrée à la création, l’extension et la revitalisation des internats d’excellence. Et depuis 2009, l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSE) verse aux établissements scolaires 2000 euros pour chaque interne issu des territoires de la politique de la ville accueilli.

Sourdun vitrine ? Certainement. L’établissement n’est-il pas classé - tout comme celui de Montpellier -, « établissement d’Etat », au moment même où autonomie et décentralisation envahissent les discours ministériels ? « Il a fallu que l’Etat réapprenne à aménager un terrain de foot » plaisante Jean-François Bourdon. « Plus personne n’avait parlé béton au Ministère depuis 30 ans ». Un réinvestissement de l’Etat qui en dit long sur sa capacité d’impulsion – quand il veut...

Certes, tout reste encore à construire, dans les murs comme dans les têtes. Symbole tout à la fois du volontarisme institutionnel et du chemin à parcourir, seule une façade du bâtiment principal a été repeinte - celle qui donne sur l’entrée. La plupart des activités sportives se font dans les anciens magasins de fournitures, à peine débarrassés du bric-à-brac militaire. Et il n’y a eu, en raison des travaux, ni chauffage ni eau chaude pendant une bonne partie de l’hiver.

A Sourdun, on est en terre pionnière. Ou plutôt de mission, au regard de l’engagement attendu des personnel. Ici le recrutement (académique) se fait sur profil : disponibilité et capacité à travailler en équipe sont les principales qualités demandées. Les emplois du temps s’organisent obligatoirement sur 4 jours, et l’on attend des professeurs qu’ils prennent en charge une activité sportive ou culturelle après les cours – sans compter les sorties et voyages scolaires, partie intégrante du projet. Les devoirs sont organisés en commun et prévus à l’avance chaque trimestre, par discipline, ce qui suppose une forte concertation en amont.

Nul bénévolat cependant : les activités périscolaires sont intégrées au service ou rémunérées en heures supplémentaires, et les plages de concertation sont libérées par l’externalisation des devoirs hebdomadaires. Chaque professeur « donne » ainsi une demi-heure par classe pour ces travaux, surveillés par des AED.

Pour attirer les candidats, les contreparties sont substantielles : les enseignants disposent de bureaux, se voient remettre un ordinateur portable et peuvent être hébergés sur place, à titre gracieux. Sans compter les conditions de travail, avec élèves choisis et classes à 20 élèves. Et comme le précise Jean-François Bourdon en réponse à mon inquiétude, « la liberté pédagogique est totale. Seul comptent les résultats ». Des dispositions bien différentes de celles qui attendent les professeurs des établissements ECLAIR à la rentrée. Et qui ont surtout l’avantage d’avoir été choisies, quand l’extension du dispositif ECLAIR est imposée en passant outre l’opposition des conseils d’administration. De fait, les candidats ne manquent pas, sauf en classes préparatoires - l’isolement relatif et l’éloignement de Paris restent répulsifs. Mais, comme le reconnaît Jean-François Bourdon, « ils s’investissent tellement qu’ils risquent de s’épuiser ». Contrepartie d’un projet fort, Sourdun peut certainement aussi être pesant pour ses personnels. Une expérience plutôt pour jeunes collègues et esprits militants, mais à conseiller à tous ceux qui peinent aujourd’hui, dans un système éducatif en crise, à transformer en actes leur idéal républicain.

Claire Mazeron

Vice-présidente du SNALC

(1) Sur des effectifs globaux peu nombreux, certes, et avec des élèves qui n’étaient pas en grande difficulté. 

(2) Le coût s’échelonne de 500 à 3000 euros annuels, en fonction du revenu familial. Bourses déduites, la participation reste toutefois symbolique.


Le SNALC tient à remercier vivement tous ceux sans qui cette visite n’aurait pas été possible : Christophe Kerrero (conseiller chargé des affaires pédagogiques et de l’égalité des chances au cabinet de Luc Chatel), Jean-Luc Demortier (chargé de mission) et Jean-François Bourdon (proviseur de l’internat d’excellence de Sourdun).

 

Internats d’excellence mode d’emploi

Actuellement, 1000 élèves répartis dans 13 internats d’excellence (qui, à terme, vont en accueillir 3300) : Barcelonnette, Cachan, Douai, Langres, Le Havre, Maripasoula-Remire, Marly, Metz, Montpellier, Nice, Noyon, Paris, Sourdun.

Attention ! Tous n’accueillent pas le même public et chaque structure possède son propre projet pédagogique. Seuls 5 internats assurent à la fois l’hébergement et la scolarité, les autres proposant un accueil dans des établissements à proximité assorti d’un accompagnement pédagogique et éducatif après les cours. Des postes d’enseignants ont été affectés par le ministère pour assurer cet accompagnement. Certains internats ne concernent que des étudiants (Paris, Metz), d’autres devraient s’ouvrir prochainement aux élèves de Cours Moyen (Sourdun). Si nombre d’internats mettent l’accent sur les sciences, les langues vivantes, les TICE ou encore les activités culturelles et sportives, d’autres ont des projets « alternatifs » très spécifiques qu’il vaut mieux connaître avant de s’engager : cours le matin (séquences de 45 minutes) et sport l’après-midi à Douai, évaluation « positive » et sports « extrêmes » à Montpellier.

A côté de ces 13 établissements spécifiques, 4300 places ont été labellisées dans 520 internats existants. Elles offrent des conditions de travail améliorées et un accompagnement spécifique aux élèves concernés.

Ø    Pour aller plus loin :

·    Candidater à Sourdun :

http://www.internat-sourdun.fr/_fichiers/profil_prof_recr...

·    Liste des internats et places labellisées :

http://www.education.gouv.fr/cid52781/les-internats-d-exc...

·    Cahier des charges des internats d’excellence :

http://media.education.gouv.fr/file/29/95/3/internat_exce

http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2011/05/27/internats-d-excellence.html#more






Ferry, un récidiviste !

06/06/2011 21:09

Ferry, un récidiviste !


Il y a deux ans, il avait déjà calomnié Rama Yade

par David Desgouilles

Depuis lundi soir, les propos de Luc Ferry ont été beaucoup commentés. Mais personne n’a noté, qu’en matière de révélations extraordinaires, le philosophe n’en était pas à son coup d’essai. Le samedi 9 mai 2009, dans l’excellente émission de Dominique Souchier sur Europe 1, il avait déjà lancé des accusations graves à l’encontre, cette fois, d’une ministre en exercice. Pour le coup, il avait lâché le nom du coupable: Rama Yade.

Certes, il n’avait pas qualifié Rama Yade de pédophile, ni de harceleuse sexuelle, ni même de voleuse à l’étalage. C’était pire ! Accrochez-vous à votre chaise et lisez le réquisitoire du procureur Ferry: «Elle est souverainiste, elle est sur la ligne de Dupont-Aignan, elle a voté Non au Traité constitutionnel européen!». La ministre venait de refuser de conduire la liste francilienne de l’UMP aux élections européennes et notre bon philosophe nous en donnait ainsi l’explication.

Curieusement, cette calomnie ne défraya pas la chronique. Même si Rama Yade démentit vigoureusement dans les jours qui suivirent. Lorsqu’on observe l’itinéraire politique de l’ex-ministre des sports, qui la mène aujourd’hui dans la reconstitution, autour de Jean-Louis Borloo, de l’UDF humaniste et européenne, on en conclut que Luc Ferry ne constitue pas le type le plus crédible de la place. Rama Yade n’a jamais été souverainiste. Opportuniste, en revanche…

http://blog.causeur.fr/antidote/ferry-un-recidiviste,002098






L’armée contre les dealers: quand la gauche devient sécuritaire

06/06/2011 19:11

L’armée contre les dealers: quand la gauche devient sécuritaire


En proposant d’envoyer des « Casques bleus » pour assurer la sécurité des écoles de Sevran face aux règlements de comptes entre dealers, l’écolo Stéphane Gatignon a fait grand bruit. Et renversé les équilibres politiques.

C'est l’hôpital qui se moque de la charité. Stéphane Gatignon, ex-communiste, maire écolo de Sevran, a été accusé de « jouer avec le feu » et de tenir des propos « dignes de l’extrême-droite »… par Eric Raoult, député-maire du Raincy, membre de la Droite populaire, l'aile droite de l'UMP.  

Une attaque qui fait suite à la proposition choc du maire de Sevran, qui a proposé d’envoyer des « Casques bleus » pour sécuriser les écoles face aux règlements de comptes de dealers dans sa ville. La semaine dernière, les élèves de l’école Montaigne ont été privés de récréation suite à des coups de feu à proximité de l’établissement. Dans le Parisien, il constatait l’impuisssance des forces de police : « Il faut des forces d’interposition, des casques bleus, comme ceux qu’on envoie à l’étranger pour empêcher les belligérants de s’entre-tuer. ». Une proposition maintes fois répétées dans les médias. Sur Rue89, il décrit une ville en quasi-état de guerre : « Les dealers s'affrontent avec des pistolets mitrailleurs Uzi. En mars, il y a eu des tirs en rafale sur une façade d'immeuble, des gens ont reçu des balles chez eux, à travers leur baie vitrée ». Des propos qui ont trouvé écho chez… Marine Le Pen. Cette dernière estime que Gatignon « a raison de comparer à Chicago ce qu’est devenue sa ville ».
Avec sa mesure choc, Gatignon rêve sans doute de devenir le Manuel Valls d’Europe Ecologie, un de ces élus de gauche qui n’hésitent pas à aller sur le terrain de Sarkozy qui a fait de la surenchère médiatique sa marque de fabrique.

Guéant, le droit-de-l'hommiste

Et on imagine déjà ce qui se serait passé si c’était un élu de droite qui avait fait cette proposition. La gauche aurait dénoncé dans Libération des mesures qui-nous-rappellent-les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. A l’inverse, Eric Raoult aurait salué dans le Figaro le-courage-d’un-élu-face-aux-bobos-bien-pensants. 

Mais là, Raoult, peu enclin à se faire piquer sa place d’élu médiatique du 93, sort les griffes. Même Claude Guéant, qui s'est rendu à Sevran, a critiqué la proposition de Gatignon estimant que « Dans un Etat démocratique, c'est à la police républicaine, sous le contrôle de la justice, de rétablir la sécurité ». C’est tout juste s’il n’en appelle pas à la Ligue des droits de l’Homme. D’un autre côté, la guerre des dealers à Sevran, c’est surtout l’échec du préfet Christian Lambert, le protégé de l’Elysée, Guéant n’a donc pas intérêt à dramatiser la situation et à désavouer la police. Les clivages politiques classiques sont donc renversés. Dans la même logique, à gauche, certains soutiennent le maire écolo. Ségolène Royal, qui avait déjà fait sensation avec ses camps militaires pour jeunes délinquants, a estimé que Gatignon a « parfaitement raison » de faire appel à l’armée. Pour elle, «Il faut mettre sur le territoire des forces de sécurité. C'est extravagant ces villes où règne le non-droit ». Même François Hollande, peu réputé pour ses positions sécuritaires, s’est montré compréhensif. « Il y a d'abord une situation qui est insupportable. J'ai entendu le maire de Sevran demander même que l'armée vienne, c'est dire si sa détresse est grande », a-t-il déclaré. D’autres sont plus critiques. Lors du point de presse du PS, Benoît Hamon a lui estimé que « le métier de l’armée, c’est de faire la guerre ». Le député Jean-Jacques Urvoas, qui a toujours critiqué l’angélisme du PS, a pointé une « très mauvaise idée » du maire de Sevran. Urvoas préfère « investir dans le renseignement, multiplier les opérations judiciaires au long cours, démanteler les trafics et écarter les fauteurs de trouble des quartiers dont ils empoisonnent la vie ». Par contre, chez Europe Ecologie, pas ou peu de réactions. Les écolos ont sans doute assez de sujets de division.

Des Casques Bleus chez les écolos ?

Le couvre-feu mis en place à Asnières et Gennevilliers en mars, contre lequel la gauche n’a pas pipé mot, avait déjà montré que les mesures les plus sécuritaires ne sont pas un monopole de la droite dure. Ce débat montre aussi que selon les intérêts politiques, certains à gauche n’hésitent pas à employer le registre guerrier face à la délinquance. Il est loin le temps où proposer de « nettoyer (les cités) au Kärcher » valait des accusations de fascisme… Aujourd’hui, on peut être élu écolo et vouloir carrément sortir les FAMAS ; il n’y aura alors qu’Eric Raoult pour dénoncer un appel du pied au FN.Et l’idée de Gatignon n’est pas spécialement inédite. Lors des émeutes urbaines de 2005, le maire… PS de Noisy-le-Grand Michel Pajon avait lui aussi appelé à l’intervention de l’armée. « Pour un socialiste, dire que l'armée doit intervenir est un constat d'échec absolument inimaginable », avait-il déploré. Cette proposition n’est décidément pas une mesure de droite. Mais on peut aussi se demander si les Casques bleus ne seraient pas plus utiles au PS ou à Europe Ecologie.
Tefy Andriamanana - Marianne
 





Paso Doble n°206 : Eloge du Mac Ferrysme

06/06/2011 19:05

Paso Doble n°206 : Eloge du Mac Ferrysme


Qui veut noyer son chien…

Autant vous le dire : contrairement à je-ne-sais-plus-quel député PS qui a dit que Luc Ferry avait toujours été "un personnage infâme", je considère que c'est un intellectuel courageux, qui essaye dans un univers intellectuel pré-formaté de réfléchir en honnête homme. Et du coup, contrairement à la totalité de la classe politique, je pense qu'il a eu raison. D'ailleurs, soyons un peu poujadiste : le fait qu'il soit attaqué avec virulence par les 2 camps tend à me prouver qu'il a VRAIMENT raison. 

Tout d'abord, d'un point de vue juridique, le tollé provoqué est risible. Ferry n'a ni calomnié, ni médit, puisqu'aucun nom n'a été prononcé. Il n'a pas non plus omis de dénoncer un coupable puisque c'est un "on-dit" et qu'il n'a pas été directement témoin des évènements. Simplement, Ferry a voulu montrer que la classe politique, qui se drape depuis quelques jours dans la toge de la vertu en pinçant le nez devant Tron et DSK, est en réalité moralement très corrompue et que la collusion des médias est totale, au point de ne pas rapporter au grand public des évènements pénaux. Bref, il a brisé une loi tacite du silence. L'Omerta. 

Les liaisons dangereuses

Je regrette évidemment la dérive à l'américaine. A force de sautiller de bonheur en voulant singer le Nouveau Monde, on importe sa démocratie-spectacle. Je crains malheureusement que la démocratie ne sorte pas gagnante de la grande lessive qui s'amorce. Députés queutards qui défendent hypocritement la famille ; bisexuels ayant des jeunes gitons dans les pays du Maghreb ; homosexuels homophobes ; pervers sexuels ; adultérins notoires… Si on cherche dans la classe politique des gens "normaux", cela risque d'être compliqué. Bienvenue dans la démocratie bunga-bunga, houba houba !

Je connais personnellement le cas d'une ancienne ministre connue pour faire des photos de ses partouzes ; d'un proche du Président qui a parachuté sa maîtresse dans un poste de responsabilité par copinage ; de deux ou trois femmes politiques qui ont su utiliser tous leurs atouts au bon moment pour avoir un maroquin ; d'une ancienne ministre qui couchait avec son conseiller spécial ; d'un ancien ministre de l'Intérieur qui aimait se faire goder (dit-on) dans les bars à putes de Paris ; et d'un ancien Premier ministre qu'on aurait surpris, il y a longtemps, le pantalon sur les genoux avec son directeur de cabinet à quatre pattes. 

Et je ne vous parle pas des anecdotes encore plus croustillantes qui fourmillent dans le secteur privé, et même jusqu'au Vatican, avec ses putes et ses gitons. Comme par exemple ce producteur de disque (dont j'ignore le nom) qui obligerait systématiquement les jeunes artistes mâles à coucher avec lui s'ils veulent percer… au point que l'un d'eux aurait fait une tentative de suicide. 

L'opinion publique saura-t-elle faire la différence entre des pratiques qui concernent des adultes consentants et d'autres qui sont répréhensibles pénalement ? Je n'en suis pas sûr. Néanmoins, si la démocratie effective repose sur la "virtu" romaine, alors notre République est à l'image de son économie : en ruine. Quand je pense à Marianne, je fane, je fane…

Par Toréador

http://www.google.fr/search?hl=fr&biw=1028&bih=560&gbv=2&tbm=isch&sa=1&q=luc+ferry&btnG=Rechercher&aq=f&aqi=g7&aql=&oq=






Morts pour la France ?

06/06/2011 19:00

Morts pour la France ?


A l’heure où j’écris, cinquante-neuf soldats français sont morts en Afghanistan [1].

 Régulièrement, une dépêche AFP tombe, discrète, entre deux missives people. Parfois, une annonce à l’arrache s’échappe mi-figue mi-raisin de la bouche d’un présentateur de JT sans plus susciter de commentaires. Dans le meilleur des cas, un article bref paraît dans un fond de colonne… Rien de bien folichon sur le plan médiatique pour un pays en guerre, rien de bien concerné dans le communiqué ni d’instructif dans le semblant d’explication.

 Bien-sûr, il y aura toujours un jeune ou un vieil anar en chambre, subventionné par l’Etat, pour ricaner, l’écume aux lèvres, que c’est bien fait, que la soldatesque a fait son temps, que les types ont signé pour se faire pulvériser au front et que c’est leur boulot. Z’avaient qu’à pas y aller. En général, le mioche à pustules fume des roulées en nous expliquant la vie et le barbon nous enfume d’une expérience pratiquée uniquement dans ses rêves. Sauf que le cercueil qui descend de l’avion au petit matin sur un tarmac de Roissy, est bougrement concret. Le type à l’intérieur, s’il a certes signé pour défendre son drapeau, ou pour trouver (la sécurité d’)un travail, ou pour voir du pays, a normalement, qu’il le veuille ou non, donné un sens à son engagement. Que celui-ci soit contestable, naïf, décalé, obsolète ou noble et héroïque n’est pas le propos - chacun voit midi à sa porte - mais il est allé courageusement au feu et y a perdu la vie.

 La France est en guerre depuis dix ans en Afghanistan et c’est à peine si l’on est au courant. Le silence radio, télé, papier est à la mesure de l’intérêt porté à la question. Faute de relais efficaces, de concret immédiat (les combats n’ont pas lieu sous nos fenêtres) et de rentabilité générée par l’excitation voyeuse, cette guerre - dont on ne sait plus ni pour qui ni pour quoi elle continue d’être menée – ne soulève, curieusement, aucune problématique pressante au sein de la population. Les médias dominants, qui devraient avoir vocation à informer, et dans le meilleur des cas à éclaircir, restent vagues et laconiques sur le sujet. Les rédactions rechignent à y envoyer leurs reporters se faire kidnapper et zigouiller, sauf à être embedded (embarqués dans les convois militaires) pour en rapporter du présentable, du ficelé- maison bien astiqué aux entournures, photogénique et gratifiant. Notre participation militaire sur ce terrain n’allume aucun débat : la droite affiche une bouche en cul-de-poule devant l’interventionnisme présidentiel, par trop altruiste et moralisateur, sentant son ambition personnelle élevée au rang historique ; la gauche, bordéliquement vide, réagit dans le sens du vent comme à son habitude et la majeure partie des Français, face au manque d’investigation sérieuse, croit à une opération de maintien de la paix et de promotion des droits de l’homme - tartufferie enfournée d’office dans son gosier, bien enrobée de miel pour faire passer la pilule. L’engagement français en Afghanistan a été vendu au départ comme une expédition visant à stabiliser un pays dit ami, un mouvement de solidarité à un peuple opprimé par un ramassis de brutes sanguinaires, une mission de sauvetage de petites filles et d’accompagnement de rustres villageois par un Occident éclairé et généreux, dans la voie de la modernité, du droit et du salut. Mais très vite - comme toujours lorsqu’on se frotte au réel - la carte postale a perdu de son pittoresque, les choses n’ont pas été si simples et si manichéennes, elles ont entraîné des opérations de guerre que personne ou presque [2] n’a commentées ni tenté de mettre au clair. Et cela dure, dans un quasi-motus consensuel, depuis dix ans.

 L’OPEX Afghanistan (opérations extérieures des troupes françaises) compte quatre mille militaires essentiellement issus des compagnies de combat de l’armée de terre et de détachements des divers corps auxquels il faut ajouter un dispositif de deux-cent-cinquante gendarmes. Les effectifs français sont partagés en deux opérations distinctes : la Force internationale d’assistance et de sécurité sous commandement de l’OTAN (résolution 1386 du Conseil de Sécurité de l’ONU) chargée officiellement d’aider le gouvernement Karzaï à contenir, sécuriser et reconstruire le pays, et l’Operation Enduring Freedom (Opération Liberté immuable) sous commandement américain, destinée à lutter contre le terrorisme. Le coût français de cette intervention s’élève en 2010 à 470 millions d’euros (soit plus de la moitié des coûts consacrés aux OPEX) [3] et de 59 soldats tués à ce jour, sans compter le nombre de blessés – estropiés, mutilés, traumatisés - que la communication des Armées met prudemment sous le boisseau.

 Pour ceux qui auraient loupé un wagon, rappelons que tout a commencé en 1996 lorsque les Talibans [4] prirent le pouvoir à Kaboul et permirent l’installation de camps d’entraînement d’Al-Qaïda, nébuleuse djihadiste transnationale, dans les montagnes près de la frontière pakistanaise. Les terribles attentats du 11 septembre 2001 amenèrent le gouvernement américain de l’époque à délimiter un « axe du Mal » avec Ben Laden aux commandes, ce dernier définissant à son tour George W. Bush et son pays comme le « Grand Satan » à éliminer. Seuls les exorcistes et démonologues rompus aux rhétoriques infernales pourront trancher le débat car stricto sensu l’observateur moyen aura tendance à s’y paumer. Toutefois, le premier mouvement, après cette agression sur son sol et le traumatisme consécutif, fut d’agir en représailles et de vouloir tout défoncer dans la minute à coups de rangers. Le gouvernement américain somma donc les Talibans de lui livrer sur un plateau le moujahid milliardaire ; génuflexion qu’ils refusèrent. Qu’à cela ne tienne, un mois plus tard, l’Empire du Bien – qu’on ne nargue pas impunément - envahissait l’Afghanistan sans autres formes de protocole.

 Débusquer l’ennemi public n°1 dans des taupinières escarpées à l’autre bout du monde n’est pas une promenade de santé. Les occupants s’appuyèrent sur des moujahidines un peu différents, autres fondamentalistes mais de l’Alliance du Nord [5], rivaux tadjiks, ouzbeks et hazaras aussi féroces et liberticides que les Talibans pachtounes, mais ayant le bon goût de s’associer aux Américains pour mieux se débarrasser de leurs adversaires, hôtes d’une clique étrangère obsédée par la guerre sainte n’ayant, à leurs yeux, rien à fricoter dans leur pays. Fortes de ce rapprochement, quelques semaines suffirent à déloger les Talibans de Kaboul ; l’administration Bush installa alors provisoirement son champion au pouvoir, Hamid Karzaï, rare et sympathique pachtoune au service du Bien, qui fut confirmé par la suite président de la République lors des premières élections de 2004. 

 La contribution aux forces américaines s’enrichit parallèlement d’un certain nombre de nations comme la France pour se coaliser en une Force internationale d’assistance militaire (ISAF) constituée de plus de cent mille personnes provenant de quarante-sept pays différents et opérant sous commandement atlantique. La raison officielle de ce déploiement de troupes était de soutenir la nouvelle gouvernance afghane et de lui permettre d’organiser dans ses frontières un contrôle plus rigoureux des belligérants en présence, de former un système militaire et policier autonome et de se doter, entre autres, d’infrastructures routières, hospitalières et éducatives capables d’initier une prise d’indépendance nationale et de développer socialement le pays. Tout cela, bien entendu, dans un climat humanitaire, providentiel et protecteur, dans le pur respect des coutumes locales et des spécificités tribales et historiques [6].

 Mais c’était compter sans l’ennemi. Toutes ces jolies visions d’un monde paisible, prospère et démocratique (dont les pays occidentaux peuvent se targuer) allaient se déliter comme du carton-pâte sous l’effet, encore une fois, des conditions ambiantes. La stratégie contre-insurrectionnelle développée par la coalition avait pour but d’affaiblir les Talibans et leurs copains terroristes planqués chez l’habitant, tout en respectant les traditions du crû pour légitimer, par un tour de passe-passe particulièrement ambitieux, l’intervention occidentale. Tactique convaincante dans les briefings et sur les cartes d’état-major mais plus confuse sur le terrain. Les résultats escomptés furent décevants, ce qui poussa la Maison Blanche à revenir aux méthodes éprouvées : capturer et tuer ceux d’en face, comme au bon vieux temps, sans s’embarrasser d’inutiles coquetteries.

 Les Talibans ont repris du poil de la bête, renforcés par de farouches chefs de tribus et des seigneurs de guerre locaux excédés par l’occupation militaire. L’intensité des combats ne se dément pas au regard du nombre croissant de victimes de tous bords. Beaucoup d’insurgés rallient la guérilla pour bénéficier d’avantages, sortant ainsi leur famille d’une misère endémique tandis que des kamikazes, toxicomanes ou malades condamnés, vendent leur vie au profit d’un bonus opportun pour leurs proches. Les soldats de la coalition, eux, tombent souvent à la suite d’accrochages ou d’engins explosifs improvisés, leur rappelant que chacun a ses façons de faire, pas forcément compatibles avec ce qu’on apprend dans les casernes de l’Hexagone. Hamid Karzaï peine à se faire entendre, est la cible récurrente de tirs d’obus, traîne derrière lui une insistante odeur de trafic d’opiacées entretenant les membres de sa famille et de son gouvernement, mais aussi les rebelles, les paysans, les hommes d’affaires, les commerçants, pratiquement tout le monde, dans un système de corruption à l’air libre jouissant d’une formidable impunité. Des tensions et des heurts altèrent la coopération entre les deux armées, l’occidentale et l’afghane, où les désertions dans cette dernière, faute de soldes et de conditions de vie décentes, en affaiblissent l’unité et les performances. Les civils ne sont pas épargnés, des milliers de victimes « collatérales » grossissent le classement, les droits fondamentaux si chers à l’occupant tardent à se mettre en place et les mauvais traitements, la terreur, la torture se généralisent dans les deux camps [7]. La défiance de la population afghane tend à s’accroître contre la présence de la coalition, de plus en plus regardée comme une invasion étrangère - jets de pierres au passage des convois, hostilité manifeste des civils à l’égard des soldats, lassitude des habitants devant une situation bloquée. Et que dire de l’image que cette guerre véhicule dans le monde musulman ? Critiquée, blâmée, elle fournit des arguments légitimes aux activistes les plus extrêmes.

 Le gouvernement français refuse impudemment le débat sur notre présence en Afghanistan : « Nous resterons là-bas autant qu’il le faudra » martèle-t-il sans argumenter. Les déclarations du Premier ministre (F. Fillon) et des ministres successifs de la Défense (H. Morin et G. Longuet) [8] insistent sur notre « mission de paix », notre « lutte contre la tyrannie », la menace contre notre sécurité intérieure si nous nous retirons, notre vocation à porter les valeurs de la liberté et de la démocratie à des peuples qui n’ont pas eu la chance d’avoir reçu assez tôt les lumières étincelantes de notre meilleur des mondes. En prendre acte mais encore ? L’élan primordial, solennellement proclamé à la planète entière, était animé par l’intention d’éradiquer le terrorisme, d’aller chercher l’infâme barbu à turban par la peau des fesses, de le remettre à l’Oncle Sam - ou d’en faire des confettis, c’est selon – bref, de casser à bon droit de l’Arabe indocile. La figure tutélaire d’Oussama Ben Laden, narguant le monde civilisé d’une caverne obscure de Tora Bora, s’est secrètement diluée en mer d’Oman, à l’heure où les combattants d’Al-Qaïda se réduisent comme peau de chagrin sur le sol afghan. Devons-nous pour autant continuer à traquer des terroristes là où ils ne sont plus ? Nous mêler à une guerre civile (largement attisée par notre folie des grandeurs) qui ne concerne plus qu’un peuple entre lui et lui-même et dont une grande partie nous réclame expressément de dégager sous peine de faire durer l’enfer « jusqu’au départ du dernier soldat étranger » (communiqué des Talibans du 30 avril 2011) ? La fièvre monomaniaque des attentats, l’épidémie de terreur irrationnelle et de paranoïa diffusée dans les pays occidentaux ont fait naître une campagne démesurée contre les libertés individuelles : fichages d’identité à outrance, dépistages obligatoires de tout et de n’importe quoi, surveillance morbide du quidam lambda poussée aux détecteurs de métaux dès qu’il entre quelque part et aux recherches d’explosifs jusqu’au fond de son slip. Le progrès de l’humanité doit-il en passer par cette humiliante régression ?

 Ces dix années de guerre n’ont conduit qu’à l’enlisement quand toutes celles menées depuis trois décennies dans la région, sous l’orchestration des blocs soviétique et américain, ont échoué face à des Afghans déterminés, bien résolus à échapper à tout impérialisme étranger. Sommes-nous à ce point hallucinés et sûrs de nous pour prétendre faire fi des leçons du passé et s’entêter dans une situation chaotique ? L’objectif militaire est loin d’être atteint, les Talibans sont toujours aussi actifs, la pseudo-greffe démocratique n’a pas pris, la région n’est pas stabilisée et les pertes humaines devraient nous faire rougir de honte. Le coût de l’intervention, dans une France minée par la précarité et le chômage, frôle l’obscénité et l’Alliance du Bien commence à battre de l’aile face au réveil des populations, à l’Est comme à l’Ouest, décidées à donner de la voix. On va-t-en-guerre avec des trémolos dans le discours, la bouche fleurie de bons sentiments scandés depuis les lambris du Pouvoir, les éditoriaux d’observateurs qui copinent, d’experts qui mangent à tous les rateliers en fonction des places à prendre et de fumistes patentés qui s’auto-proclament intellectuels. Les Droits de l’Homme sont tellement servis à toutes les sauces qu’on en a perdu la valeur réelle, comme par exemple le droit fondamental de pouvoir déambuler à poil dans la rue sans se faire lapider. On s’emmêle les crayons à trop vouloir bomber le torse. Pourquoi le Bien n’interviendrait-il pas aussi en Arabie Saoudite ? Les femmes y sont-elles mieux traitées qu’en Afghanistan ? Qui sait si la sélection du pays à bombarder ne dépendrait pas de principes moins nobles et d’intérêts plus cyniques soigneusement dissimulés sous un argumentaire vendeur ? [clin d’œil ou rire gras, au choix].

 Et si nous commencions à en avoir notre dose de cette attitude d’aligné, de contremaître de champs de coton, de coolies intermédiaires ? Il n’y a pas de guerre morale, propre, chirurgicale qui ne ciblerait que des noyaux stratégiques ou alors, peut-être, à la rigueur, dans les jeux vidéo. Le front et l’arrière ne sont plus balisés comme ils l’étaient jadis, il n’est plus possible de trier celui qui combat de celui qui ne combat pas, y aller à la louche garantit encore, malgré les récents développements technologiques, un bien meilleur rendement en termes de victimes. Et tout cela dans une plaidoirie à vous tirer les larmes des yeux en faveur de la justice et de la paix. Des tartines et des tartines d’émotion pour justifier nos réflexes de Rambo. Le droit d’ingérence est la bonne excuse pour s’imposer davantage ; notre culture dominatrice est ainsi légitimée, légalisée par des valeurs que nous prétendons universelles. Accepterions-nous ce même droit d’ingérence entre nous, entre Etats libéraux, ou pire, de la part de pays que nous considérons comme de la merde ? Non.

 Evidemment, les intrigues géopolitiques, énergétiques, économiques dépassent de loin en profit potentiel la réflexion philosophique sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’accommodement entre les différentes ethnies d’Afghanistan n’est possible que par la négociation sous l’égide du « pouvoir » en place avec le concours des Etats de la région. La participation de l’OTAN à ses possibles pourparlers n’est pas fondée ni requise, si ce n’est, certainement, au nom d’ouvertures commerciales, d’un partage de butin à préserver des griffes chinoises, motivant notre empressement à nous ranger sous le Stars and Stripes. En être, même dans le rôle du laquais, pour reconstruire un pays ravagé, pour exploiter tranquillement ses richesses (ressources en gaz naturel et en pétrole, nombreux gisements de métaux rares, charbon, pierres précieuses, etc.) - ou plutôt les miettes des richesses que les monstres anglais et américain daigneraient nous laisser. Realpolitik, dîtes-vous ? Jawohl ! mister President.

 Les autorités françaises nous désinforment sur la question afghane. La poursuite des combats contribuera à s’enferrer davantage dans une situation bloquée. Imposer une démocratie incertaine à coups de canons Caesar est une approche peu crédible d’émancipation des peuples ; un enfant de quatre ans le comprendrait d’instinct. Avec de la bonne volonté et une politique extérieure digne, équilibrée et courageuse, d’autres méthodes plus matures (diplomatiques, financières, aide au développement, reconnaissance et soutien des partisans « gentils », non-coopération avec les Etats « très méchants », etc.) peuvent porter leurs fruits. Il en va de la crédibilité des pays occidentaux. Mais il semble que notre gouvernement ne table pas sur les mêmes ressorts et se pique de la mauvaise manie de s’affubler à tort et à travers d’une cape de Zorro international pour des raisons de politique intérieure, de visées électoralistes et de mégalomanie.

 Cinquante-neuf soldats français sont morts en Afghanistan. Qu’ils reposent à présent en paix. Ceux qui en reviennent ne sont pas reconnus. Le désintérêt de leurs compatriotes en dit long sur l’ignorance et l’omerta qui pèsent chez nous lorsqu’il s’agit des orientations essentielles de notre pays. Est-ce trop fatigant d’y réfléchir ? Trop compliqué d’en débattre ? Trop imprudent de les évoquer ? C’est visiblement trop quelque chose ou pas assez, mais le flou artistique qui entoure la question et l’apathie citoyenne qui en fait l’écho ne plaident pas en faveur d’un retrait des troupes qui, suprême horreur ! nous grillerait définitivement de l’OTAN. La France n’a pas choisi le camp de la France et c’est bien regrettable. Nos jeunes soldats, quant à eux, ont malheureusement du souci à se faire. A défaut de mourir pour leur pays, ils mourront pour les postures d’un fanfaron.

 

[1] Liste des 59 soldats français tués en Afghanistan : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110526.OBS3987/afghanistan-les-morts-oublies.html - le site n’a pas encore mis à jour sa liste avec la mort du Caporal-Chef Nunes-Patego.

[2] Général Vincent Desportes : http://www.cawa.fr/on-ne-peut-pas-faire-la-guerre-contre-le-moral-des-soldats-article003971.html

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2010/07/le-g%C3%A9n%C3%A9ral-desportes-critique-la-doctrine-de-contreinsurrection-mise-en-oeuvre-en-afghanistan.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/01/05/le-general-vincent-desportes-a-ete-ecoute-par-la-dcri_1461490_823448.html

[3] Présentation du projet de loi des finances 2011 pour la Défense : http://www.senat.fr/rap/a10-112-5/a10-112-5.html

[4] Fondamentalistes sunnites constitués de plusieurs mouvances issues principalement des peuples pachtounes d’Afghanistan et du Pakistan et professant le retour à un islam pur, excessivement restrictif en termes de.. de tout. Leur chef était le mollah Omar (l’homme qui s’échappa en mobylette), proclamé Commandeur des Croyants et évanoui dans la nature depuis belle lurette.

[5] L’Alliance du Nord ou le Front Uni Islamique et National pour le Salut de l’Afghanistan dirigé jusqu’en 2001 par le Commandant Massoud.

[6] Plaquette du Ministère de la Défense sur l’engagement de la France en Afghanistan : http://asset.rue89.com/files/plaquette_afghanistan.pdf

[7] War logs – Wikileaks via Owni : http://owni.fr/2010/07/26/wikileaks-la-plus-grande-fuite-de-renseignements-de-lhistoire-de-la-guerre

[8] Communication du gouvernement français sur les opérations en Afghanistan : http://www.assemblee-nationale.fr/13/dg/dg0769.asp

http://lesdiscours.vie-publique.fr/pdf/093003310.pdf

http://discours.vie-publique.fr/notices/113001095.html

Photographies : 1-ROUSSEAU, H., La Guerre ou la chevauchée de la discorde, 1894, huile sur toile, 114 x 195 cm, Musée d’Orsay, Paris. 2- DELACROIX, E., Panorama de montagnes, 1845, aquarelle et mine de plomb, 11,5 x 19,5 cm, Musée du Louvre, Paris.

 
 

Documents joints à cet article

Morts pour la France ?





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