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Alliance du nazisme et du soviet...
06/06/2011 17:36
Le pouvoir actuel, appliquant le "compromis de Washington", néo-libéral, consensus entre la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International (plus connu sous le nom de "fourre moi immédiatement"), n'est qu'un avatar.
Cet avatar, est l'alliance du soviet et du nazisme.
Les manifestants grecs ne s'y trompent guère, eux qui viennent encore d'être "sauvés" par une rallonge de 100 milliards d'euros, en échange d'un serrage de ceinture kolossal, qui devrait leur coller le bouton du ventre contre la colonne vertébrale.
Mais un autre article est intéressant. Il est paru sur le blog d'Olivier Berruyer, et il montre la participation politique aux élections...
Résumons : sur 100 électeurs, 15 ne s'inscrivent pas, il en reste 85.
Sur ces 85, 48 ne votent pas, et 2 votent blanc, il en reste 35.
Sur ces 35, 8 votent UMP et 9 PS.
On est donc, déjà, dans une configuration de soviet. 8 électeurs "représentent" le peuple pour 5 ans, avec 58 % de la représentation nationale...
Mais ce que ne dit pas le blog, c'est la maison potemkine des partis politiques. Censés "encadrer et exprimer la volonté populaire" au sens de la constitution, ils l'étouffent désormais,
L'article 4 peut être rappelé en entier :
"ARTICLE 4.
Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l'article 1er dans les conditions déterminées par la loi. La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation."
En réalité, les partis "de gouvernement", sont des soviets rassemblant, élus, leurs familles, et affidiés. Un parti aussi puissant que l'UMP est misérable en terme de militance, avec pas même 250 000 inscrits, chiffre officiel et revendiqué, loin sans doute, des réalités du nombre basique de cotisants, sans doute moitié moins élevé.
Mais, bon, les élus ne sont pas avares, ils est toujours importants de disposer de militants fantômes, même si on doit payer leur cotisation, pour les rapports de forces internes
Car, en outre, ils sont tellement émiettés entre factions diverses, qu'ils en sont impotents.
L'avenir est donc bien au léninisme, l'alternance réelle qui se fera se fera au profit d'un parti croupion... (Existant ou à créer)...
Par Patrick REYMOND
http://lachute.over-blog.com/
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(Ré)apprendre la démocratie : les révoltés des deux rives
06/06/2011 17:31
« Comparaison n’est pas raison » nous dit la « sagesse populaire » à laquelle il serait bon de revenir parfois, tant on semble avoir oublié dans nos contrées le sens de ces deux mots là. Nous ne feindrons donc pas de croire avec Olivier Besancenot que nous sommes à l’aube d’une révolution mondiale, initiée par les peuples arabes et reprise à leur compte par les Indignés de la Puerta del sol. Peut-être un avatar inattendu et moins poussif de l’Union pour la Méditerranée vient-il simplement d’éclore, avec pour ciment principal une communauté de colère.
Comparaison n’est pas raison, et nous n’irons pas jusqu’à comparer des mois de révolte ininterrompue au Yémen, des centaines de morts en Syrie et une guerre en Libye avec les quelques grappes de jeunes français réunis il y a peu sur la place de la Bastille. D’aucuns seraient résolument indignés d’un parallèle hâtif entre des peuples bravant d’implacables tyrans et d’autres, « nantis » de la rive Nord, protestant contre les plans d’austérité rendus nécessaires par la traditionnelle négligence gestionnaire des PIIGS européens.
Comparaison n’est pas raison, mais un certain déterminisme nous conduit tout de même à penser que « les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets ». Quels sont donc ces griefs communs que peuvent avoir des peuples arabes dominés d’une main de fer par des dictateurs sans concession, et cette jeunesse européenne vivant en plein cœur de la joyeuse matrice libérale-libertaire et parfois même gouvernée par d’aimables leaders socialistes ?
Il faut se souvenir que c’est d’abord une crise sociale qui mit le feu aux poudres en Tunisie : c’est le suicide du jeune Mohamed Bouazizi choisissant l’immolation après s’être vu confisqué son outil de travail, qui déclencha cette « révolution du jasmin » éminemment contagieuse. Il faut dire que dans ce pays du Maghreb, le taux de chômage global était estimé à 14% fin 2010, mais que celui des jeunes diplômés atteignait presque le double. Par ailleurs, les quelque 25 000 migrants fraîchement débarqués en Italie au grand dam de Claude Guéant et de l’agence Frontex ne sont à l’évidence pas des réfugiés politiques. Après la chute de Ben Ali, seule une solide motivation économique a pu conduire ces tunisiens à tenter l’aventure européenne.
En Europe, personne ne niera que l’épuisement des peuples a également et avant tout des causes sociales. N’en déplaise à ceux que l’amitié a aveuglés au point de leur faire apparaître Dominique Strauss-Kahn en sauveur de la Grèce, le taux de chômage est de 16% dans ce pays, et dépasse 40% chez les jeunes de moins de 25 ans. Quant à l’Espagne, elle peut afficher le triste record d’avoir vu son chômage bondir de 9% à 21% en trois ans, soit dix points de plus que la moyenne européenne. A cela, il convient d’ajouter l’érosion continue du pouvoir d’achat, et l’étrangloir que constituent ces dettes publiques de plus en plus difficilement finançables, en tout cas si l’on compte y parvenir en baissant les salaires et en conservant eu Euro structurellement surévalué, anéantissant dans une même euphorie libérale toute perspective de relance par la demande intérieure comme par les exportations.
Dans le monde arabe, l’étincelle fût économique, et l’explosion fut politique. Rien de tel à redouter chez nous, qui vivons dans de grandes démocraties tellement fières d’elles-mêmes qu’elles n’hésitent pas à s’exporter, même si elles sont également, pour certaines d’entre elles, largement surévaluées. Mais que penser de démocraties où le choix des peuples est sans cesse ignoré ? Que penser, en effet de ces gouvernants socialistes de Socrates à Papandréou en passant par Zapatero, qui mettent en œuvre des politiques économiques d’une rigueur mortifère pour complaire à cette Europe désincarnée supposée leur venir en aide ? Les électeurs socialistes d’Espagne avaient d’ailleurs senti venir le coup, eux qui criaient « ne nous trahis pas » à leur nouveau leader au soir du 14 mars 2004.
Que penser de démocraties où l’on commandite un référendum pour se donner bonne conscience et l’on en confisque le résultat dès lors qu’il ne convient pas ? Alors que nous venons de célébrer discrètement le sixième anniversaire de la consultation volée où le « non » se transforma en « oui » par la grâce du traité de Lisbonne, souvenons-nous que les néerlandais dirent également « non » au projet de traité constitutionnel européen. Souvenons-nous également qu’on fit voter le peuple irlandais quatre fois pour approuver deux traités : celui de Nice, rejeté à 54% en 2001 et approuvé en 2002, et celui de Lisbonne, rejeté en 2008, et approuvé en 2009. A croire que dès lors que des questions européennes sont en jeu, la volonté des peuples devient une variable d’ajustement.
Bien sûr, nous ne ferons pas l’affront aux méditerranéens de l’autre rive de comparer les régimes autoritaires qu’ils endurèrent ou endurent encore avec le diktat des synthèses molles imposées par des technocrates dont on se demande à la fois qui ils sont, et d’où ils tirent l’immense pouvoir qui leur échoit. Mais, si nous avons en Europe le bel avantage de la liberté, au moins les Arabes ont-ils le privilège de pouvoir mettre un visage sur ceux qu’ils veulent chasser.
Que mettront-ils à la place ? Cette question nous taraude, car il semble que les partis dits « islamistes modérés », d’Ennahda en Tunisie aux Frères musulmans en Egypte, aient le vent en poupe sur les côtes Sud de Mare Nostrum. Et cela nous rend sévères. Mais les démocraties balbutiantes doivent probablement faire quelques essais malheureux, avant d’atteindre leur régime de croisière. Ne pêchons pas par excès d’impatience.
Quant à nous, par quoi remplacerions ces sociaux-libéraux et libéraux-libertariens qui se ressemblent et qui s’assemblent dans la vénération commune d’une supranationalité qui les exonère de leurs responsabilités en faisant d’eux les exécutants honteux d’un Empire du moindre mal [1] ? Il semble que les populismes de tout poil aient le vent en poupe sur les côtes Nord de la Méditerranée. Sans doute les démocraties agonisantes sont-elles tentées de faire quelques essais malheureux lorsqu’elles ont tout essayé et que tout semble avoir échoué. Que ceux qui nous exhortent à la vigilance entament dès à présent leur examen de conscience.
Coralie Delaume
[1] Jean-Claude Michéa, L'enpire du moindre mal - Essai sur la civilisation libérale, Climats, 2007
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La rechute de l'économie US
06/06/2011 17:27
Comme je l'avais dit il y a quelque temps déjà, la croissance économique US va connaître un fort ralentissement, et le premier signe est la dégradation de l'emploi outre-Atlantique les chiffres étant assez mauvais. Le taux de chômage recommence à grimper avec une création d'emploi totalement insuffisante pour absorber l'accroissement de la population active. Et cela au moment où, le gouvernement US continue d'injecter des sommes énormes dans l'économie du pays. Je rappelle que le déficit public estimé en moyenne annuelle pour cette année 2011 est de 8.8%. Et ce n'est qu'une estimation qui se base elle même sur un retour à la croissance. Et cela malgré deux épisodes de Quantitative easing successifs. Si la croissance n'est pas aussi forte que prévu ce qui est très probable, ce déficit sera largement dépassé. Les USA se retrouvent donc devant une contradiction phénoménale soit arrêter l'endettement et plonger l'économie dans une dépression auto-entretenue soit continuer à injecter de la monnaie dans le tonneau des danaïdes. Cette contradiction est bien évidemment le fruit des orientations économiques prises par l'oncle Sam depuis trente ans à savoir un libre-échange total. L'argent injecté par l'économie américaine arrosant en fait de plus en plus l'extérieur de l'économie USA comme nous allons le voir par la suite. La puissance américaine est devenue l'empire de l'endettement, mais elle est prise dans ses contradictions et s'est probablement trop élargie en absorbant les nouvelles puissances émergentes. Les USA arrivaient très bien à dominer leur empire lorsqu'il ne s'étendait que sur l'Europe et le Japon, les excédents de ces deux zones dominées étaient encore supportables. Mais avec l'élargissement vers l'Europe de l'Est, l'Asie émergente et la Chine le morceau est probablement devenu trop gros pour l'économie américaine.
Les USA sont le seul moteur de la demande mondiale
Pour l'instant, cette dégradation de l'économie US ne se ressent pas sur le déficit commercial du pays qui recommence à se creuser depuis mai 2009. La reprise mondiale n'a été possible que parce que les US ont appuyé comme jamais sur l'endettement de leur propre économie. On mesure mal cet accroissement parce que les Américains n'ont pas hésité à en monétiser une bonne part. Lorsque le déficit commercial américain s'est seulement divisé par deux entre juillet 2008 et février 2009 la croissance dans les pays exportateurs comme l'Allemagne, le Japon, ou la Chine s'est effondré. Nous avons affaire là au cœur du fonctionnement de l'économie mondiale. Les USA sont le seul moteur de la demande qu'il vienne à caler et toute la structure s'effondre. Je vous laisse imaginer la situation en Europe et en Asie si les USA se mettaient à équilibrer leur balance commerciale. En 2009 l'Allemagne a vu son PIB reculer de 4.7%, la Chine est passée à 8.4% alors qu'elle était habituée à une croissance de plus de 10%, quant au Japon il recula de 6.3%. Si les USA réduisaient leur déficit à néant, on pourrait facilement imaginer une récession de 8% en Allemagne, une croissance à 5% en Chine et un recul de 12% au Japon. On comprend là tout le ridicule qu'il y a chez certains à réclamer de la rigueur aux USA alors qu'une telle politique produirait à court terme un effondrement des principaux donneurs de leçon comptable de la planète.
Nous en revenons donc toujours à cette question. Pourquoi les nations du reste du monde préfèrent-elles l'asservissement par la dette US? D'où vient cette esprit de servitude volontaire qui conduit toute l'humanité à dépendre ainsi de la capacité des USA à s'endetter indéfiniment? On pouvait croire que la crise allait mettre fin à cette situation, il semble pourtant que le système reparte de plus belle en atteignant des niveaux toujours plus incroyables de déséquilibre. Les Européens et les Asiatiques préférant continuer à torturer leur propre population pour acquérir leurs précieux excédents commerciaux, plutôt que de tirer leur croissance de leur demande intérieure. La raison principale est probablement dans le fait que cette orientation économique permet aux élites des différents pays excédentaires d'avoir de la croissance sans avoir à augmenter les salaires et sans avoir à mieux répartir les richesses. L'inconvénient c'est de devoir supporter la lourdeur de la puissance américaine sur les épaules.
Bientôt une rechute de l'économie mondiale?
Cependant, cette stratégie visant à faire des USA l'état keynésien de la planète entière (expression utilisée par Emmanuel Todd dans « Après l'empire ») a un énorme point faible. L'accumulation de déficits commerciaux rend de moins en moins efficaces les plans de relance américains, comme je l'avais expliqué dans ce texte sur le multiplicateur keynésien. L'affaiblissement de l'efficacité des plans de relance est aujourd'hui palpable, elle décline continument depuis l'époque de Reagan. Avec une franche accélération depuis le début des années 2000. Déjà à l'époque de Bush la croissance américaine après la bulle internet a mis plus de temps qu'à l'accoutumée pour reprendre son souffle et elle a connu une croissance au final assez lente au prix d'une bulle immobilière énorme. Comme les déséquilibres commerciaux du pays n'ont cessé de croitre, une part de plus en plus importante de la masse monétaire sort chaque année du pays. Pour maintenir la croissance, il faut donc que l'état américain injecte des sommes de plus en plus importantes pour maintenir le dynamisme économique à un niveau suffisant. À l'heure actuelle malgré un déficit record et deux QE successifs le chômage recommence à croitre et la croissance retombe. Il faudra donc que les USA aillent plus loin encore avec un troisième QE s'ils veulent toujours maintenir leur système de libre-échange total.
On peut conclure de cette situation que les pays excédentaires sont devenus trop gros et trop nombreux pour que les USA arrivent à en supporter les effets. Et pour cause, les USA ne représentent plus qu'un quart du PIB mondial. Une part qui décroit d'ailleurs chaque année. Il est normal que leur influence décroisse et que leurs plans de relance aient de moins en moins d'effets à l'échelle planétaire. Les autres régions du monde devraient prendre leurs responsabilités, mais elles préfèrent se comporter en prédateur commercial. La politique de Quantitative easing actuelle n'est qu'une réponse à ces déséquilibres monstrueux que l'économie américaine est obligée de supporter. Bon nombre d'économistes pensent que cette politique va nous mener à une hyperinflation mondiale, en réalité cette politique nous a évité pour l'instant une déflation planétaire. Déflation résultant des politiques mercantilistes agressives d'une partie croissante de bon nombre de pays et de la déflation salariale provoquée par le libre-échange entre des zones économiques très hétérogènes. Encore une fois, le déficit américain permet la mondialisation de fonctionner s'il venait à disparaître, s'en serait fini de la mondialisation. Malheureusement, il y a peu de chance pour que nous connaissions une sortie par le haut de cette situation, nous le voyons rien qu'à l'échelle européenne. L'Allemagne et les autres pays excédentaires continuant à tirer la couverture à eux tout en nourrissant les mécanismes qui mettront fin à la monnaie unique.
On dit souvent que la crise des années 30 fut le résultat du retour du protectionnisme, quiconque est bien informé sait qu'il n'en est rien. Le protectionnisme fut la nécessaire politique menée par les pays qui ne pouvaient plus supporter les excédents d'autres nations. Nous vivons exactement le même phénomène. Les pays en déficit doivent soit suivre les pays excédentaires et comprimer leur demande intérieure en provoquant misère et chômage ainsi qu'une délation à l'échelle planétaire. Soit se protéger pour permettre un retour à leur demande intérieure sans avoir à se soucier de leurs déséquilibres commerciaux. L'Amérique est aussi dans cette situation, elle doit de plus compter sur le plan intérieur avec une extrême droite libertarienne prônant des politiques qui seraient en pratique suicidaire pour l'oncle Sam. On imagine si les USA essayaient à leur tour de devenir excédentaires dans quel état se retrouverait l'économie mondiale. C'est d'autant plus vrai que comme vous pouvez le voir ci-dessous le Baltic Dry, qui est un bon indicateur de l'évolution du commerce mondial, est loin d'avoir rejoint son niveau d'avant crise.
On peut aussi imaginer un scénario étrange autre que celui du retour du protectionnisme américain ou d'une déflation planétaire. Ce scénario serait celui évoquer par Todd dans l'ouvrage précédemment cité, de l'arrivée à complétude de l'empire américain. Les USA n'équilibreraient plus du tout leurs comptes extérieurs et se contenteraient d'émettre indéfiniment de la monnaie pour couvrir leurs déséquilibres. Todd ne croyait pas vraiment à un tel scénario, mais qui sait ? On objectera que le dollar devrait tomber, mais force est de constater que trop de monde à intérêt à court terme à le maintenir. L'euro ne risque pas de le remplacer et la Chine est tout aussi obsédée que le Japon ou l'Allemagne par ses excédents pour courir le risque de changer le système. L'Amérique est peut-être en passe de devenir une espèce de banque du monde vis-à-vis de laquelle nul ne se demande d'où viennent ses prérogatives. Est-ce si inimaginable? Nous qui vivons déjà dans un monde étrange où des acteurs privés peuvent faire des bénéfices en prêtant de la monnaie qu'ils n'ont pas par un simple jeu d'écritures.
Yann
http://lebondosage.over-blog.fr/article-la-rechute-de-l-economie-us-75772536.html
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DSK, Tron, Ferry : affaires, morale et politique
06/06/2011 17:21
C’est triste à dire mais ces trois dernières semaines, l’actualité politique a été largement dominée par des affaires de mœurs. Bien sûr, il était difficile de ne pas en parler du tout et certains débats sont justifiés, mais certains médias n’auraient-ils pas pu mieux hiérarchiser l’information ?
Les points positifs
Il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l’eau du bain. Il était tout de même naturel d’accorder du temps à ces affaires, aussi sinistres soient-elles car elles représentent de vrais évènements. En outre, au global, la couverture de l’affaire DSK a plutôt été équilibrée (à quelques dérapages près), quand on compare avec la presse anglo-saxonne. En outre, il semble qu’il n’y ait pas de véritable remise en cause du principe très français de préservation de la vie privée.
En effet, si la réputation de DSK était de notoriété publique (les humoristes se chargeant de rappeler presque tous les jours ce point de sa personnalité au grand public avant l’affaire), les journalistes n’ont pas tort de dire que c’est une chose de préserver le libertinage d’une personne, cela en est une autre de protéger des comportements criminels. Et il semblerait que la plupart de la classe médiatique ait agi de bonne foi en ne parlant pas de la vie privée de DSK.
Cette affaire a également un point positif (expliquant peut-être les plaintes contre Georges Tron) : les victimes vont peut-être davantage oser porter plainte, voyant l’exemple de la femme de ménage et du patron du FMI. Tout ceci pourrait finalement aboutir à une meilleure protection des victimes et une moindre impunité des coupables, ce qui naturellement extrêmement positif.
Les points négatifs
Malgré tout, voir l’actualité politique dominée depuis trois semaines par des affaires de mœurs est assez navrant, d’autant plus que ce ne sont pas les sujets de fond qui manquent (Grèce, printemps arabe,…). Je suis également partagé devant l’utilisation par les humoristes de ces affaires. Peut-on vraiment rire de tout ? Ne faut-il pas penser aux enfants ou aux proches des personnes mis en cause aussi souvent ? N’y a-t-il pas une forme de curée de la part d’humoristes qui exploitent ces évènements ? Pourtant, il me semble impensable de pratiquer une quelconque censure.
Mais le comble de l’absurde a été atteint avec Luc Ferry lundi dernier sur le plateau du Grand Journal, évoquant une affaire que tout le monde connaîtrait, racontant certains détails avant de refuser de donner le nom au prétexte qu’il pourrait être poursuivi. Bref, l’ancien ministre aurait mieux fait de se taire. Il s’est cru dans un dîner mondain et a cherché à faire l’intéressant. Mais soit il y a une vraie affaire, et il fallait aller parler à la police au lieu de le faire sur le plateau du Grand Journal. Soit il s’agit d’une rumeur (ce qui est possible), et dans ce cas, son comportement est assez minable.
La police a eu parfaitement raison d’avoir convoqué l’ancien ministre. En tout cas, il semble essentiel d’essayer de retrouver son calme, d’éviter les propositions à l’emporte-pièces (comme celle, de Christophe Barbier, de réserver 50% des circonscriptions à des femmes) et de prendre le temps de réfléchir avant de tirer des conséquences définitives de cette séquence assez désolante. S’il faut combattre certains comportements, ne tombons pas dans d’autres excès.
Malheureusement, demain va commencer le procès DSK, ce qui devrait encore encombrer l’actualité politique de détails sordides. Même s’il ne s’agit pas de tout oublier ou de fermer les yeux, tâchons d’essayer de ne pas accorder une place excessive à ces faits divers…
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Jacques Généreux conte la grande régression économique
06/06/2011 17:16
L’économiste du Parti de Gauche, qui a longtemps officié au Parti Socialiste, a publié il y a quelques mois « la Grande Régression », une synthèse abordable de sa pensée et des nombreux ouvrages qu’il a pu publier (et notamment « La dissociété », dont j’avais écrit une revue en trois parties).
Le procès de la libéralisation
Comme avec Jacques Sapir, l’intérêt de l’analyse de Jacques Généreux est qu’elle est systémique, prenant en compte la libéralisation du commerce et de la finance. Mais si le premier y ajoute une dimension plus historique, le second y ajoute une analyse plus psychologique et philosophique, sur laquelle je reviendrai demain. Au global, les analyses des deux auteurs sont extrêmement proches. Ils mettent tous les deux en cause la libéralisation généralisée de l’économie depuis les années 1970.
Pour lui, les pays du Nord « ont placé leurs propres travailleurs en état de guerre économique (…) ; ils ont restauré les pleins pouvoirs du capital en déréglementant les transactions financières et en étendant le principe du libre-échange ». « En instituant une libre concurrence entre des pays où les standards de rémunération, de droits sociaux, de sécurité sociale et d’imposition des revenus sont très différents, la généralisation du libre-échange ne peut avoir d’autre effet ni d’autre but que de miner la compétitivité de ceux qui ont les standards les plus élevés ».
Il critique la libéralisation des mouvements de capitaux, et souligne « qu’un marché où la compétition est sans limites n’institue pas un doux commerce profitable à tous les hommes, mais une guerre impitoyable où les gagnants accumulent toujours plus de moyens pour renforcer leur domination ». Il critique un système où l’on oppose « les poids mouches aux super-welters ». Pour lui, « ce que le capitaliste revendique en réalité, dans son appel au marché libre, c’est la liberté d’agir à sa guise pour dominer tous ses concurrents au sens large, c’est à dire tous ceux qui se mettent en travers de sa course au profit ». En fait, « la libre concurrence susceptible de menacer les profits est en même temps l’outil nécessaire à l’élimination de la concurrence, car elle n’est au fond que la loi du plus fort qui élimine les plus faibles ».
Il dénonce également les inégalités entre une Bourse « sangsue qui pompe bien plus de revenus aux entreprises qu’elle ne leur fournit de capitaux propres » mais aussi les inégalités de revenus en soulignant qu’à un certain niveau, elles ont un effet démobilisateur pour la majorité de la population. Il critique vertement le modèle étasunien, sa violence, sa pauvreté et souligne qu’au contraire, ce sont nos services publics qui font que la France attire toujours autant de capitaux.
Un processus historique
Jacques Généreux synthétise les mouvements de l’histoire ainsi : « la phase précédant la Grande Régression avait enclenché une dialectique positive dans laquelle le capitalisme s’adaptait aux exigences de la société. La contre-révolution néolibérale des années 1980 a mis ce moteur dialectique en marche arrière, contraignant désormais la société à s’adapter continuellement aux exigences toujours plus hautes du capital ». Puis il s’attarde un peu plus longuement sur la crise que nous traversons.
Il souligne justement que les attaques contre quelques capitalistes (Madoff, Kerviel ) sont surtout un moyen « d’épargner le capitalisme ». Il montre que plus qu’une régulation de la finance, c’est à une « régulation des Etats conforme aux attentes des marchés financiers » que l’on assiste. Il note que « la capacité de notre société à survivre à une crise mondiale de la finance affaiblit la contestation du système fauteur de crise », indiquant la victoire de la lecture néolibérale de la crise.
Il souligne les dangers de la couverture des risques, qui distord les intérêts des banques : « imaginez que vous puissiez vous assurer contre le risque d’incendie non seulement chez vous, mais aussi chez n’importe qui : voilà de quoi susciter des vocations de pyromanes ! ». Il rappelle que la baisse du pouvoir d’achat a été compensée par l’endettement des ménages. Enfin, il attaque le plan européen « d’aide » à la Grèce en disant qu’il revient à « pratiquer une saignée sur un patient en pleine hémorragie ».
Ce nouveau livre de Jacques Généreux a l’intérêt de représenter une synthèse extrêmement bien balancée des carences de notre système actuel. Demain, j’étudierai son volet sociétal.
Source : Jacques Généreux, « La grande régression », Seuil
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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