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A l'école, moins d'éducation, plus d'instruction : entretien avec un philosophe
21/04/2011 17:01
Jean-Claude Blanc est professeur agrégé de philosophie. Particulièrement soucieux des questions de laïcité et du devenir le l’école publique, il donne régulièrement des conférences dans le Sud de la France. Ayant gardé un excellent souvenir de celui qui fut mon « prof de philo » en terminale, je suis allée à sa rencontre pour le questionner sur le « malaise de l’école publique ».
Il est de plus en plus fréquent d’entendre dire que « l’école va mal ». Pensez vous que cela soit le fait des réformes récentes entreprises sous le règne de Sarkozy et par la main de ses ministres successifs ?
Je ne le pense pas. Car s’il est vrai que l’école va mal, il me semble qu’on peut faire remonter cela à 25 ans environ. Or il y a eu des alternances politiques sur cette période. Force est donc de constater que nous sommes là face à un problème politique singulier qui fait fi du clivage droite/gauche. Et les réformes entreprises tant par la gauche que par la droite depuis des années, loin de s’annuler, se sont complétées.
Quand la gauche était au pouvoir, elle s’est beaucoup inspirée des prétendues « sciences de l’éducation ». Les mesures décidées par Jospin ou par Allègre, et qui avaient pour objet de « mettre l’élève au centre de l’école » et de faire de celle-ci un « lieu de vie » ouvert et non plus un lieu fermé, protégé, de transmission des savoir, ont parfaitement préparé le terrain aux réformes décidées aujourd’hui par la droite libérale, et qui sont responsables, pour la première fois depuis bien longtemps, de l’apparition d’un véritable manque de moyens.
Pour la première fois depuis bien longtemps ? Vous voulez dire que le manque de moyens si souvent dénoncé par les syndicats est un phénomène récent ?
Bien sûr ! Alors que la question porte depuis longtemps déjà sur la question des fins, les syndicats s’arc-boutent sur celle des moyens. Mais savez-vous qu’il y a seulement cinq ans, la France était le pays d’Europe qui, après la Suède, consacrait la plus grosse somme à chaque élève, et ce du primaire au lycée ?
Hélas, cela n’est plus vrai aujourd’hui. Comme le rappelle Claire Mazeron, de nombreuses coupes sombres ont désormais fait passer la France au plus bas niveau européen pour son taux d’encadrement des élèves. Cependant l’apparition du phénomène, même rapide, demeure récente.
Ainsi donc nous aurions un problème de définition des fins, qui serait bien antérieur à celui de l’allocation des moyens. Pourtant, en termes de fins, l’idée d’une « école ouverte », ayant pour mot d’ordre « l’élève au centre » semble plutôt une idée généreuse !
En effet, cela a l’apparence du progressisme. D’un progressisme qui s’opposerait à « la nostalgie des blouses grises ». Mais ces slogans apparemment sympathiques sont un leurre. Ils témoignent d’un oubli des caractéristiques mêmes de l’école, qui me semblent être au nombre de deux. Tout d’abord, l’école est un lieu particulier, un espace/temps unique et singulier. Ensuite, elle a une mission particulière, qui est celle d’instruire.
En quoi ce cadre espace-temps représenté par l’école est il si particulier ? En quoi est-il différent, par exemple, d’un autre cadre de travail ? L’élève passe huit heures par jours à l’école, le salarié passe huit heures par jour dans son entreprise. La différence est-elle si grande ?
Fondamentale ! Au contraire du monde l’entreprise, l’école représente ce temps unique où l’on se détourne de l’utilitaire pour se consacrer uniquement à se « faire soi-même ». Ceci remonte à la notion latine de « schola » : c’est l’idée d’un temps où les contraintes ordinaires de la vie sont suspendues, et pendant lequel, en se dépouillant de tout souci relatif à « l’avoir », on va pouvoir cultiver son « être », sa propre humanité. Or si dans l’Antiquité seuls quelques privilégiés pouvaient prétendre à un tel « loisir », les penseurs révolutionnaires ont décrété que chacun devait pouvoir en disposer, que tout enfant était à la fois candidat à l’humanité (laquelle se conquiert, se mérite), et candidat à la citoyenneté. Toute la préoccupation des philosophes de la Révolution était de parvenir à transformer de sujets en citoyens, capables de penser le bien public, l’intérêt général. « Il faut que la raison devienne populaire » disait Condorcet. Par la suite, la troisième République a institutionnalisé cette école publique, en la voulant obligatoire et gratuite, comme nous le savons. Mais cette institution, dès lors, devra sans cesse être défendue, ne serait-ce que parce que la « société civile » n’aura de cesse de vouloir assujettir l’école à ses demandes particulières. Il faut sans cesse rappeler, par exemple, que les règles de l’école ne sont pas celles de la famille. Car l’enfant n’y est plus seulement un enfant, il y est un élève. A l’école, on ne se préoccupe plus du confort et de l’affection pour l’enfant. On s’adresse à la raison de l’élève. Le rapport maître/élève n’est d’ailleurs pas un rapport affectif : on ne demande pas à un professeur d’être « sympa ». On lui demande d’être exigent et juste. Et également exigent avec tous, d’ailleurs. Car à l’école, l’élève se trouve « un » parmi des égaux. Comme le disait Jacques Muglioni, « à l’école, il n’y a pas d’étrangers ».
Ceci n’explique pas pourquoi l’idée « d’école ouverte » vous apparaît si incongrue…
« Eloge des frontières », dirait Debray…Tout d’abord, il apparaît essentiel que l’école soit un lieu fermé à l’air du temps et à la mode. Il est urgent de mettre un terme à cette « école supermarché » singeant le monde de l’entreprise, mettant les établissements en concurrence, proposant une « offre de culture », et donnant le choix aux parents d’accepter ou de refuser un redoublement au motif que « le client est roi ».
Pour que l’école demeure ce lieu sanctuarisé de la transmission du savoir, il me semble évident qu’il faut la rendre hermétique au tumulte du monde et de la rue. Ne serait-ce que par ce qu’elle est ouverte sur tout autre chose : sur la vie de l’esprit, sur la culture, sur les grandes œuvres de l’humanité !
Une nécessaire fermeture à l’ordinaire, pour une meilleure ouverture « vers le haut », en somme…Vous disiez également que l’école à pour mission d’instruire. N’est-ce pas là un truisme ?
Pas si l’on considère la différence entre « instruction » et « éducation ». L’éducation me semble renvoyer plutôt à la transmission d’un modèle préexistant, de conventions sociales : les convenances, la politesse…Ainsi, l’éducation est plutôt du ressort de la famille. Celle-ci y ajoute d’ailleurs ses propres préférences, ses croyances, les usages en vigueur dans sa « communauté ». L’instruction quant à elle, est un enseignement raisonné et détaché des modèles et des déterminismes sociaux. Elle n’assène pas, mais elle transmet des savoirs raisonnés…
Pensez-vous qu’il faudrait revenir à un ministère de « l’instruction publique », en lieu et place du ministère de l’éducation nationale ?
Pourquoi pas ? Il conviendrait surtout que l’école se recentre sur ses fondamentaux, et notamment sur la maîtrise de la langue, ce véhicule de tous les autres savoirs.
Certains sont tentés d’être laxistes avec la langue au motif que toutes les langues évoluent. Il conviendrait d’être bienveillant envers les erreurs de syntaxe et d’orthographe, qui ne seraient pas des fautes, mais des transformations naturelles.
Ceci me paraît grave pour deux raisons : d’abord, à ce rythme, de plus en plus rares seront ceux pouvant s’emparer d’une pièce de théâtre du XVII° siècle. Petit à petit, ce sont des pans entiers de notre immense patrimoine culturel que nous nous apprêtons à perdre.
Ensuite et surtout, cette défaillance dans la transmission de la langue enferme les élèves dans leur milieu social d’origine. La non-maîtrise d’une langue correcte est un discriminant social très puissant, un marquant que l’on porte avec soi toute une vie !
Quant à la capacité des enseignants à transmettre la langue, je ne vois pas pourquoi elle serait moindre que celle des maîtres qui autrefois réussissaient à enseigner le français à des enfants parlant chez eux mille patois !
A quoi imputez vous cette crise de l’école qui ne serait pas seulement liée, selon vous, à un problème de moyens ?
A l’affrontement de deux camps, sans aucun consensus possible, sur la question des fins. Ainsi que je vous le disais, ces deux camps ne recoupent d’ailleurs pas du tout le clivage droite/gauche. Je considère que le premier camp regroupe tous ceux qui sont attachés à l’école de Condorcet et…de Jules Ferry.
On les moque souvent en les traitant « d’archaïques », la suspicion d’anachronisme étant devenue absolument disqualifiante. Avec un « ringard », il n’est même plus utile de dialoguer. Pourtant, les tenants de ce camp sont attachés à une conception de l’école qui essaye de tirer tout le monde vers le haut. Même en sachant que tout le monde n’obtiendra pas un succès équivalent, on cherche à obtenir de chacun le meilleur. Cela s’appelle « l’élitisme républicain ».
Il est vrai que le terme même « d’élitisme » est suspect aujourd’hui. Mais c’est justement parce que l’on a oublié de quoi il s’agit vraiment ! Brighelli le rappelle dans son ouvrage Tireurs d’élites : l’élitisme républicain, loin de glorifier les élites de fortune ou de naissance, a pour objet de leur substituer d’autres élites : celles qui se fabriquent à force de talent, et surtout de travail. De telle sorte que, loin de s’opposer à l’idée d’égalité, elle permet la réalisation de cette égalité. En effet, ici, le plus humble est censé pourvoir accéder aux plus hautes fonctions à force de travail, et par le seul fait de son mérite.
Il ne s’agit ni plus ni moins que de la thématique de l’égalité des chances…
Exact. Rien à voir, évidemment, avec l’égalitarisme de nos jours, qui conduit non pas à une élévation de chacun, mais à un passage de tous à la toise, et qui, loin de plaider pour une démocratisation du savoir, glorifie sa massification, au prix d’une baisse générale du niveau. C’est d’ailleurs ce que semblent promouvoir les tenants de mon « deuxième camp », celui des « modernistes ».
Pour ces derniers, d’obédience libertaire, il faut rejeter l’élitisme sous prétexte qu’il contraint. Toute contrainte est en effet bannie au motif qu’elle entraverait la liberté, le désir, la spontanéité de l’enfant. Et même sa créativité, puisque l’élève est sommé de découvrir seul comment on « apprend à apprendre », au lieu d’être guidé pour apprendre tout court.
Ce camp des libertaires ne recule d’ailleurs pas devant la mauvaise foi : on s’attaque à la personne même de Jules Ferry, au motif qu’il était « colonialiste ». Peu importe que cela soit hors sujet. On discrédite ces petites sanctions que sont les notes ou les classements, en les présentant comme des violences d’un autre âge, auxquelles il conviendrait d’ajouter les cours magistraux, dénoncés comme « frontaux ». On va même jusqu’à jouer sur les deux sens du mot « maître », en feignant d’assimiler le maître qui enseigne et celui qui exploite….
Pensez vous qu’il existe aujourd’hui une solution pour réconcilier ces deux camps ?
Peut-être, à force d’arguments, pourra-t-on un jour revenir à un accord sur la notion de « culture », sur ce qu’elle peut avoir d’universel, et sur la mission faite à l’école : transmettre LA culture en faisant fi DES cultures.
Il y faudra sans doute du temps, tant l’acception sociologique du terme et l’exaltation DES cultures a pris le dessus, faisant le lit du relativisme culturel. Il est pourtant vrai qu’il existe des cultures. Lévi-Strauss nous a appris cela. Mais faut-il en conclure pour autant que tout est équivalent ? Qu’une recette de cuisine exotique vaut une pièce de Racine ? Faut il sacraliser toutes les traditions ? Faut-il sombrer dans un scepticisme niveleur qui sera bientôt nihilisme, car après tout, si « tout se vaut », rien ne vaut vraiment !
Pour ma part, j’opte plutôt vers une redécouverte de la notion d’universel, et je fais le pari qu’il existe bel est bien UNE culture, composée d’œuvres qui dépassent le temps et le lieu ou elles sont nées, et qui ont vocation à parler à tous. A cette culture, bien évidemment, chaque culture particulière peut apporter sa pierre. Picasso s’intéressant aux sculptures africaines et nous révélant ce qu’on appellera ensuite « l’art nègre » nous montre cette voie.
Mais ces œuvres de l’esprit on cela de commun qu’elles s’adressent non pas à chaque homme en tant qu’être singulier, mais à chaque homme en tant qu’il fait partie d’une seule et même « condition humaine ». C’est le contraire même de cette idée qu’il existerait DES cultures irréductibles, imperméables les unes aux autres, qui finalement n’auraient vocation qu’à s’opposer. Car à trop vouloir faire l’éloge des différences, on finit un jour par nier le fondement même de tout humanisme : cette idée que l’humanité est « une ». C’est ainsi qu’avec la meilleur conscience du monde, on prépare la barbarie.
Coralie Delaume
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Les aberrations de la libéralisation des services publics
21/04/2011 16:55
Depuis quinze ans, la droite et les socialistes suivent l’Europe pour mettre en place la libéralisation des services publics. Mais alors qu’ils nous promettaient un meilleur service et des prix moins élevés, nous avons exactement l’inverse.
Il n’y a que les profits qui progressent.
Les conséquences ubuesques de la libéralisation
Nous avons déjà fait l’expérience plus limitée de la libéralisation des renseignements téléphoniques. Et le résultat est très simple : une explosion spectaculaire des prix, une plus grande complexité pour le client et au final, les seuls gagnants sont les médias qui empochent les recettes de publicité et les actionnaires qui n’ont pas bu la tasse. Bref, la libéralisation des renseignements téléphoniques n’a clairement pas profité à l’intérêt général, largement dégradé depuis la fin du 12.
Le cas des tarifs d’EDF est tout aussi abracadabrantesque. Le Point ose ainsi écrire sans la moindre ironie que la loi Nome, destinée à « doper la concurrence », « pose les bases d’une forte hausse des tarifs de l’électricité ». Bref, la gestion législative semble encore plus complexe, l’Etat est contraint d’intervenir et les tarifs progressent fortement (alors qu’étant donné que 80% de notre électricité est d’origine nucléaire, nos tarifs devraient être relativement stables)…
Pour la dé-libéralisation des services publics
N’est-il pas temps aujourd’hui de faire un bilan de ces libéralisations qui n’ont apporté aucun des bénéfices escomptés ? Le service ne s’améliore pas, les prix ont tendance à monter, tout devient plus difficile pour le client qui doit essayer d’échapper aux chausse-trappes des différents fournisseurs et même l’Etat se voit contraint d’agir pour trancher les conflits entre les autorités de régulation et les différents acteurs de marchés complexifiés et bureaucratisés du fait de la libéralisation.
Fondamentalement, il faut comprendre que certains marchés sont des monopoles naturels. Quand les investissements sont si lourds que seuls deux ou trois acteurs peuvent être présents ou qu’il faut collectiviser la production et ne libéraliser que la commercialisation (qui ne représente qu’une fraction du coût), la libéralisation n’a aucun sens. De facto, elle produit un oligopole où les quelques acteurs présents n’ont aucun intérêt à mener une guerre des prix préjudiciable à tous.
Du coup, même sans le moindre comportement délictueux, les différents acteurs ne se battent pas sur le prix et profitent de facto d’une rente financière. La production d’énergie, le transport ferroviaire, la distribution du courrier, les autoroutes, ne sont clairement pas des activités où la libéralisation apporte quoique ce soit. Ces secteurs doivent rester dans le service public. Et on pourrait se poser la question pour la distribution de l’eau, voir même la téléphonie.
Les tenants de la libéralisation à tout crin se heurtent aujourd’hui à une réalité qui démontre que la privatisation des services publics est lourdement préjudiciable à l’intérêt général et ne profite qu’aux actionnaires qui profitent d’une situation d’oligopole. Il faut donc revenir en arrière.
Laurent Pinsolle
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Les nouvelles propositions de Jacques Sapir
21/04/2011 08:33
Jacques Sapir vient de publier un nouveau texte sur la sortie de l'euro. Il s'agit d'un texte proposant des stratégies à adopter en pratique pour l'éventuelle sortie de la monnaie unique. Risque auquel nos dirigeants risquent d'être confrontés dans les années qui viennent. Jacques Sapir avait critiqué il n'y a pas longtemps les propositions du FN, des critiques qui se voulaient constructives et non fondées sur des assertions morales auxquels certains défenseurs de la pensée unique font appel dès qu'il s'agit du FN. Le document de Jacques Sapir est au format PDF que vous pouvez télécharger sur ce lien (merci à Malakine qui a signalé le document en question sur son blog). Je ne le mets pas en texte entier sur mon blog le texte serait trop long et il est plus agréable à lire dans son format d'origine. Nous allons tout de même voir ensemble les propositions de Jacques Sapir. Je fais quand même une critique sur sa stratégie concernant un éventuel maintien de la zone euro actuelle, les propositions qu'il fait sur cette éventualité me semblant soulever un problème à plus long terme. Je reviendrai dans d'autres textes sur les propositions que Jacques Sapir fait ici, car je n'ai pas le temps ni la place de tout traité en un seul billet. C'est en tout cas un texte et un travail formidable que vient de faire Jacques Sapir. Et même si l'on peut être en désaccord avec quelques propositions, il est tellement rare de nos jours d'avoir des propositions aussi rationnellement construites en terme de programme économique qu'on ne peut que se réjouir d'avoir de telles propositions à lire. Les partis politiques français seraient bien inspirés d'être aussi cartésiens dans leurs propositions.
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Analyse des propositions de Jacques Sapir:
Les conditions non négociables de Jacques Sapir
L'un des problèmes qui se posent dans les propositions de Jacques Sapir concerne son passage sur l'hypothèse d'un maintien de l'euro tel qu'elle est avec une stratégie de dévaluation de la monnaie unique. Car pour Jacques Sapir la sortie de l'euro n'est pas un but en elle même, on ne saurait lui donner tort sur cela. Le fait est que la sortie de l'euro n'est qu'un moyen de rendre à la politique toute sa place dans la gestion des affaires économiques.La priorité de Jacques Sapir étant la réindustrialisation du pays, seul mécanisme capable de rendre une certaine efficacité aux politiques de plein emploi keynésiennes. Il faut bien voir que l'Europe actuelle est la fille ainée de l'idéologie néolibérale, elle en est la quintessence, et sa représentation la plus aboutie à l'échelle de la planète. Les pères de l'Europe, qui étaient tous des libéraux, pensaient que supprimer l'état des affaires économiques était un bon moyen d'accroître les libertés individuelles, le résultat fut en réalité inverse. Bien loin d'accroitre les libertés individuelles ou d'améliorer le sort de la majorité de la population, le laissez-faire n'a fait que concentrer ces libertés et les richesses entre les mains d'une toute petite quantité d'individus richissimes et de multinationales. En réalité, la seule liberté que les citoyens possèdent est celle de choisir les contraintes qui s'exerceront sur eux à travers la politique. Et s'il y a une contrainte forte dans la vie de tous les jours c'est bien celles exercées par le système économique. En laissant les marchés décider des orientations économiques, on a donc vidé de sa substance la démocratie. À quoi bon voter si en définitive ceux que nous élisons n'ont aucun pouvoir? Le seul pouvoir qui reste aux Européens étant de choisir le parfum de leur pot de yaourt ou la couleur de leur voiture. Ils n'ont plus le pouvoir de choisir la répartition des richesses, ni la possibilité de choisir les grandes orientations macroéconomiques.
La rupture avec l'euro n'a donc de sens que si l'on rompt également avec les politiques néolibérales, sinon cela n'a rigoureusement aucun sens. La Grande-Bretagne est un fabuleux exemple en la matière, puisque ce pays n'est pas dans l'euro et possède encore quelques libertés économiques. Cependant il en use pour faire des choix encore plus libéraux que ceux de la construction européenne. On l'a vu avec les décisions du gouvernement Cameron consistant à taper encore sur les plus faibles par la suppression des quelques restes de l'état providence britannique. C'est à se demander pourquoi la Grande-Bretagne n'adhère pas à l'euro puisqu'elle pratique les mêmes politiques macroéconomiques que cette zone monétaire. Les propositions de Jacques Sapir visent donc en premier à rétablir cette supériorité de la logique politique sur les questions économiques. Il vise à rendre à l'état sa prérogative si irresponsablement laissée aux marchés de toute sorte. Pour Sapir la meilleure chose serait que ce soit l'UE elle-même qui mette fin à ces orientations néolibérales, mais il sait bien que cela ne se produira pas par miracle. Sa première orientation consiste donc à tenter de tordre le bras à nos partenaires comme l'avais suggérait Emmanuel Todd il y a quelque temps. Évidemment c'est le bras de la reine de l'Europe qu'il faut tordre, celui de l'Allemagne. Pour se faire, il propose des conditions non négociables pour que la France reste dans l'euro, si ces conditions ne sont pas respectées l'état français fera cavalier seul et sortira de l'euro. voici donc ces premières conditions:
A) Établissement d’un contrôle strict des capitaux aux frontières de la zone Euro afin de retrouver une marge de manœuvre sur le taux de change. La suspension des règles du « marché unique » européen peut être justifié à titre temporaire et dans l’attente d’une révision du traité qui devrait distinguer les flux de marchandises et les autres flux.
B) Baisse de ce taux jusqu'à un niveau compatible avec l’état des pays les plus faibles de la zone (sans doute 1 euro pour 1 USD).
C) Émission d’un montant de 1000 milliards d’Euros par la BCE dont une partie serait constituée par des « avances aux Trésors Publics » à se répartir entre pays ayant des besoins de financement important et une autre partie (300 milliards ?) en dotation à la Banque Européenne d’Investissement pour financer des grands projets d’infrastructures. Législation pour toutes les banques intervenant dans la zone Euro établissant un « plancher minimal d’effets publics » dans leur bilan et des règles communes dans la Banque de Détail.
D) Achats de Dollars US par la BCE (les mesures C et D ont d’ailleurs aussi pour but de faire baisser le cours de l’Euro).
E) Un plan de relance concerté et coordonné avec une hausse des salaires de 10%en Belgique, France, Italie et Espagne, de 15% aux Pays-Bas et en Finlande, et de 20% Allemagne.
F) Mise en place d’un comité chargé sous 6 mois de présenter des recommandations pour le passage du système de monnaie unique à un système de monnaie commune, avec des propositions pour la révision des Traités.
Ces propositions vont évidemment dans le bon sens et elles seraient tout à fait susceptibles de redresser la situation du continent et de la France, mais il y a quand même deux points qui me posent problème. Ce sont les points B et D. Le problème ici n'est pas tant dans les conséquences pour l'économie française et européenne en général, que sur les effets à l'extérieur de la zone euro. Il semble en effet que Jacques Sapir passe ici sous silence les conséquences extérieures à la dévaluation massive de l'euro. Dans le point B Sapir propose d'aligner le taux de l'euro sur sa valeur efficace pour les membres les plus faibles de notre zone monétaire. Or comme nous le voyons sur le graphique de Jacques Sapir ci-dessous cela nous donnerait un taux de 0.925€ pour un dollar, alors que nous sommes à l'heure actuelle à 1.42€.
Une telle dévaluation aura certainement un effet positif sur l'ensemble des PIGS qui soufrent d'un manque de compétitivité à l'heure actuelle et cela rendra la zone euro beaucoup plus vivable. En effet les pays membres les plus faibles pourront rééquilibrer ainsi leurs comptes extérieurs en ayant des excédents en dehors de la zone pour équilibrer en partie leur déficit avec l'Allemagne. Cependant il ne faut pas oublier que cette dévaluation aura comme effet de favoriser un peu trop les pays qui sont déjà en excédent à l'heure actuelle. Car quel niveau d'excédent atteindra l'Allemagne avec un euro à 0.925€/$? Pour faire survivre l'euro, Sapir nous propose là une stratégie d'exportation des contradictions de notre zone monétaire vers d'autres lieux de la planète. À n'en pas douter cela déclencherait des levées de boucliers un peu partout sur terre. Y compris aux USA d'ailleurs, car ce pays n'a pas vraiment d'excédent avec l'Europe, une telle dévaluation n'a donc pas de sens pour le commerce transatlantique surtout dans le cas de l'Allemagne. Le vrai problème, nous le savons ce sont les pays d'Asie qui collent leurs monnaies au dollar tel des moules qui s'accrochent à leur rocher. On a là l'un des problèmes majeurs de la régulation commerciale par les taux de change, une dévaluation vis-à-vis d'un pays en particulier provoquant des dégâts collatéraux chez un pays tiers qui n'avait rien demandé. Ce qui risque d'entrainer une guerre des monnaies à l'échelle internationale.
N'oublions pas que l'Europe est un poids lourd commercial qui ne peut être négligé. Une dévaluation globale aura forcement des effets de réaction en Asie surtout à cause des excédents de la zone d'exportation germanique qui sera là largement favorisée par cette situation. Cette solution est donc particulièrement dangereuse et en fait extrêmement égocentrique puisque cela consiste encore une fois à exporter nos problèmes à l'image des USA pour qui le dollar est leur monnaie, mais le problème du reste de la planète. Dévaluer aussi fortement l'euro pour en permettre la survie est donc un peu une politique de la terre brûlée. Maintenant, j'ai bien conscience que Sapir ne voit cela que comme une solution transitoire visant à terme à remplacer l'euro unique par l'euro commun, mais il arrive souvent que le provisoire se mette à durer. En parlant du dollar, la partie D des propositions n'est pas sans poser également quelques problèmes. L'euro à l'origine avait pour but non officiel de mettre fin à la domination absurde du dollar sur le système monétaire international. Or ici en préconisant l'achat par l'Europe de dollar nous allons encore une fois permettre à cette monnaie de flotter en dehors de toute considération commerciale. Le fait est que le dollar même à son niveau actuel est trop fort pour l'économie des USA. Malgré la crise de 2007-2010 le déficit commercial n'a été divisé que par deux, il est en plus encore une fois en train de se creuser avec les mesures de relance d'Obama. Les USA ont un gros problème de compétitivité et leur monnaie est encore beaucoup trop forte pour leur commerce extérieur. Alors évidemment on retombe sur la question des monnaies asiatiques, mais l'Europe n'a pas à jouer le même jeu délirant que les Asiatiques.
Les USA ont un déficit commercial avec l'Allemagne de 6.5 milliards de dollars et de 1 milliard avec la France pour les estimations de 2011. La zone euro dans son ensemble devrait enregistrer un excédent de 11 milliards de dollars cette année. Cela signifie que non seulement l'euro n'est pas trop fort, mais au contraire que le dollar devrait encore diminuer pour permettre l'équilibre des échanges entre la zone euro et les USA. (Ces chiffres proviennent de ce document de l'US census bureau). Dans les propositions non négociables, j'aurai donc personnellement préféré une mise en place d'une nouvelle forme de préférence communautaire. Les quotas et les taxes permettant de viser essentiellement les pays responsables de nos déficits commerciaux et non les pays qui manifestement n'y sont pour rien. Une vaste dévaluation de la zone euro tout entière aurait trop d'effets collatéraux dommageables pour être sincèrement acceptable. De plus, on pourrait très bien mettre en place un régime de taxe à l'intérieur de la zone euro pour permettre aux pays les plus faibles de rééquilibrer leurs comptes commerciaux. L'euro commun n'est d'ailleurs pas la seule solution théorique aux divergences internes de l'euro. Un traité obligeant à l'équilibre des balances des paiements à l'intérieur de la zone euro et permettant, le cas échéant, la mise en place de quotas ou de droits de douane par les pays déficitaires pourrait tout autant faire l'affaire. D'autant que comme nous l'avions vu dans un autre texte, la régulation par les taxes et les quotas s'avère beaucoup plus stable et rationnelle que celle des flottements monétaires chaotiques.
La monétisation de la dette publique
Dans la partie concernant la préparation pratique de l'éventuelle sortie de la zone euro. Jacques Sapir propose une émission de crédit public à hauteur de 500 milliards d'euros à titre d'avance sur le trésor public. Il propose de rayer une partie de la dette par le rachat direct d'une partie d'entre elles. Les lecteurs réguliers de ce blog savent que je suis un fervent partisan d'une monétisation de la dette publique, je suis donc content que Jacques Sapir fasse cette proposition. Une autre partie de cet "emprunt" public servira à la nouvelle politique industrielle et au rachat de certaines entreprises indispensables à ce retour à la politique de planification. Politique qui avait fait les beaux jours de la France gaulliste. On voit d'ailleurs ici que Sapir casse l'idée, qui selon la doxa habituelle, affirme qu'il n'y aurait pas assez d'argent pour entreprendre quoi que ce soit. En fait, l'état a toujours agi ainsi, les nationalisations ne s'étant jamais faites par l'usage d'une épargne publique préalablement constituée, mais bien par l'émission monétaire. Rien ici ne nous empêcherait de nationaliser les banques et de recréer un pôle public d'investissement, et par la même occasion de faire une séparation entre banque de dépôt et banque commerciale. Ce qui, au passage, aurait dû être fait au lendemain de l'effondrement bancaire.
Sapir nous prévient également de l'inéluctable retour de l'inflation ce qui en réalité n'est pas une catastrophe. Une fois la période de transition post-euro nous devrions avoir une inflation pendant quelques années qu'il estime entre 5 et 7%. Cette inflation n'est pas un drame si parallèlement on assiste à des hausses salaires. Il faut bien comprendre que l'inflation traduit en partie un phénomène de restructuration de la répartition des richesses nécessaire à la remise en route de l'économie. La mise en place d'un régime protectionniste et d'une monnaie favorable à l'industrie locale ne peut que renchérir le prix des marchandises importées. Il faudra alors payer le vrai prix des biens que nous consommons, et qui seront maintenant produits sous des conditions sociales françaises. C'est un choix de civilisation que nous faisons ici. On sent d'ailleurs que ces politiques séduiront naturellement les inégalités salariales et les inégalités entre le revenu du capital et du travail. Les travailleurs à l'échelle française seront rapidement rares à cause du déclin démographique de la population active, une relocalisation des activités entrainera rapidement un transfert des revenus vers le travail au détriment des classes sociales oisives qui vivent de la rente foncière ou capitalistique. L'inflation n'est donc pas un drame pour tout le monde.
Un vrai plan de sortie du néolibéralime
Plutôt que de parler d'un plan de sortie de l'euro on devrait parler du texte de Sapir comme étant une stratégie de rupture avec les politiques néolibérales de ces trente dernières années et dont l'euro n'est en fait qu'un des nombreux outils de coercition. Le but de Jacques Sapir n'est pas tant la sortie de l'euro, que la sortie de l'ordre néolibéral tel qu'il s'est imposé en France depuis les années 70 avec une accélération notable pendant la période 1983-84. Le texte de Jacques Sapir est extrêmement dense et je vous invite à le lire en entier. Je n'ai fait ici qu'une analyse partielle sur les effets de la dévaluation de l'euro. Nous pourrions parler longuement du traitement donné par Sapir à la question de la dette et de la stratégie de sortie pratique de l'euro. On sort ici de l'amateurisme du FN pour entrer vraiment dans les procédures pratiques et les problèmes posés par cette sortie. On voit par exemple que Jacques Sapir s'inquiète des différences sur l'endettement privé suivant que l'on parle des PME ou des grandes entreprises. Je reparlerai donc du texte de Jacques Sapir sur d'autres points dans un autre papier. Je remercie en tout cas Jacques Sapir pour cette analyse en espérant sincèrement qu'elle touche enfin les grands médias et nos responsables politiques actuels. Il est enfin temps que la France s'attèle sérieusement à son redressement et cesse les discussions de salon pleines de morale et de bons sentiments. Ce texte tord le cou à la démagogie réelle de ceux qui ne veulent rien changer au système économique actuel. Les vrais démagogues sont déjà au pouvoir, ce sont ceux pour qui l'économie actuelle fonctionne bien et pour qui l'euro est une franche réussite.
Yann
http://lebondosage.over-blog.fr/article-les-nouvelles-propositions-de-jacques-sapir-72151665.html
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Des nouvelles de la démondialisation V
21/04/2011 08:26
Sortir de la mondialisation exige de sortir d'un carcan mental absolu, dont voici un excellent exemple :
" Une ferme de pomme de terre était située juste à côté d’un « Safeway » (grande chaîne de supermarchés nord-américaine). Ce dernier décida d’acheter les pommes de terre du fermier. Safeway envoya la marchandise jusqu’à Calgary, où elle fut empaquetée, et la ramena sur l’île où les pommes de terre furent vendues à un prix très élevé à cause du coût du transport."
Ces pauvres garçons n'ont absolument rien compris au film.
Le problème, ce n'est pas l'état comme disait Reagan, c'est le transport et l'emballage.
ça ne sert à rien, l'achat local, si on fait rentrer cette production dans un circuit qui l'envoit ballader dans les 4 coins du pays.
Le tout, c'est de produire local, et de consommer local, donc de faire appel de manière marginal au transport.
Mais là, on retombe sur le problème de la prison mentale, que seule une catastrophe peut modifier, involontairement et contre son gré, malgré toutes les bonnes intentions.
Il est clair, par exemple, pour moi, et pour la plupart de ceux qui me lisent, qu'une banqueroute aura lieu.
Mais les importants font tout pour retarder l'inéluctable, par simple incapacité à penser différemment.
Les "10 objectifs de long terme", sont, pour ceux qui ont connus le début des années 1970, un simple retour à ces années là :
"1. Une économie verte
2. Être leader en matière de politique climatique
3. Bâtiments écologiques
4. Réseau de transport écologique
5. Zéro déchet
6. Accès à la nature
7. Empreinte écologique plus faible
8. Eau propre
9. Air propre
10. Nourriture locale "
Prenons le zéro déchet. Je me souviens des poubelles de 1970, elles étaient réduites, mais c'est la supermarchisation de l'économie qui en est responsable.
En effet, on a basculé d'un approvisionnement local, encore largement présent dans les années 1960, pour un appel d'offre national, puis planétaire.
Le haricot ne vient plus du jardin du coin, mais du Burkina Faso.
Le déchet est la conséquence du packaging du supermarché, et de la fin de certaines "anomalies".
Je me souviens de l'époque où les verres étaient consignés, et ils ne furent plus environ vers 1973. L'industrie du verre, surcapacitaire, le voulut, la grande distribution, fut bien contente aussi de se débarrasser des consignations.
On n'allait plus nous embêté avec ces bêtises, il était plus "moderne" de tout mettre à la poubelle. En plus, la bouteille plastique se développa.
Nos poubelles aussi. Les déchets d'avant 1973 faisaient des tas modestes, ils devinrent pléthoriques et tournérent à la montagne...
Dans la foulée, on nous indiqua que l'on ne pouvait continuer ainsi pour le verre, et qu'il était nécessaire de recycler... Couteusement, avec l'aide de nos impôts.
Mais, pour le bien de l'économie, il fallait produire le verre, ne pas le consigner, parce que cela allait contre les intérêts de l'industrie du verre...
Comme on le voit, le progrès en la matière est finalement, réduit. Ce n'est pas notre bien qui a été pris en compte, mais des "intérêts économiques supérieurs", qui ne nous apporte absolument rien, sinon des gros chiffres de PIB, qui ne signifient plus rien.
Le début des années 1970 aussi, ont marqués une inflexion. Je me souviens d'une vision de la place Michelet au Puy, en 1972. Elle était couverte de cars. Pour tous les patelins, il y en avait un.
Aujourd'hui, c'est un parking à voitures, on est devenu "libre" en étant obligé d'avoir une automobile qui coûte un bras et les yeux de la tête, et nous permet d'être totalement flexible avec le boulot...
Je me rappelle aussi une époque où il existait une SNCF, ailleurs qu'en RP.
Pour ce qui est de faire construire, c'est encore plus simple. On vous propose le "choix" entre système de chauffage, alors que le "bon choix", c'est justement d'en dépendre le moins possible, tout comme le "choix" de la récupération de l'eau est très récent...
Il y a dix ans, j'étais pionnier en la matière. 1000 mêtres cubes récupérés plus tard (je n'ai pas mis de compteur, trop cher, c'est une estimation à la louche), je peux croire que ma radinerie a été récompensé (merci Saint Picsou, patron des avares).
La réalité, c'est que l'incontournable marché, censé faire notre bien, ne fais le bien que des actionnaires, en nous créant des besoins que nous n'avions pas, et qui sont discutables, et qui deviennent de plus en plus difficile à satisfaire.
Dernier avatar en date. EDF va gagner beaucoup d'argent, en vendant très cher son électricité... Pour permettre la concurrence...
Et on va nous dire que c'est grâce au nuke qu'on a une électricité bon marché, et que sans lui, elle augmenterait beaucoup...
Décidément, les bozos le clown, involontaires mais plein de ressources, sont en pleine action...
Bon, pour rire, il parait que l'URSS est morte d'une allocation inefficace des ressources...
Par Patrick REYMOND
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Interview de Dominique de Villepin à l'hebdomadaire Jeune Afrique
21/04/2011 08:18
L'ancien Premier Ministre (et ancien ministre des Affaires étrangères) qui ne cache pas son ambition d'"incarner un projet" lors de l'élection présidentielle de 2012, se fait du rôle de la France dans le monde une conception très gaullienne.
L'actualité internationale lui fournit pourtant l'occasion de... ne pas être en total désaccord avec Nicolas Sarkozy.
Dominique de Villepin répond aux questions de l'hebdomadaire Jeune Afrique.
Jeune Afrique: Le rôle joué par la France dans la crise libyenne vous paraît-il légitime?
Dominique de Villepin: La France a été à l'initiative sur le plan diplomatique. Quand il est apparu que les choses se dégradaient gravement sur le terrain, que les populations civiles étaient menacées, c'était son devoir de faire voter par le Conseil de sécurité des Nations Unies la résolution 1973. Mais je souhaite que le cadre strict posé par cette résolution soit respecté. Nous ne sommes pas en guerre avec la Libye. L'objectif est d'obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible pour qu'à cette intervention militaire puissent répondre des initiatives politiques et diplomatiques. En revanche, j'aurais souhaité que l'OTAN, qui est une mécanique sous domination américaine, ne soit pas directement impliquée dans l'opération.
Avec qui négocier une solution politique?
En période de crise, il faut s'efforcer de trouver les interlocuteurs les plus représentatifs. En Afghanistan, par exemple, l'Occident a commis l'erreur de s'enfermer dans un tête-à-tête avec des gens qui ne représentaient pas suffisamment les populations, qui n'avaient pas suffisamment à coeur de s'ouvrir à la diversité des idées, des ethnies et des religions. Ne commettons pas la même erreur en Libye. Dès lors qu'un dialogue s'est noué avec le Conseil national de transition, veillons à ce que celui-ci s'élargisse le plus possible.
Mohammed VI a-t-il raison de vouloir faire évoluer la monarchie marocaine?
Sans aucun doute. Il a raison de vouloir avancer vers une monarchie constitutionnelle, de vouloir mieux reconnaître les droits de l'opposition et d'avoir un Premier ministre plus représentatif. Il me paraît lucide quant aux attentes de son pays. Les chefs d'Etat qui choisissent de se replier sur eux-mêmes et prétendent tout verrouiller ne prennent pas en compte le caractère global des aspirations à la dignité, à la justice et à la liberté qui traversent le monde arabe.
La France, justement, a-t-elle encore une politique arabe?
Je suis très attaché à une politique capable de parler à l'ensemble du monde arabo-musulman. J'ai regretté que, depuis quelques années, la France ne soit plus à l'initiative dans la recherche d'un règlement du conflit israélo-palestinien; que, dans la crise iranienne, elle adopte une position plus à droite encore que celle des Etats-Unis. Sa voix se fait parfois moins entendre, son engagement perd de sa spécificité. C'est le cas, par exemple, en Afghanistan, où notre position s'est banalisée dans le concert occidental. C'est d'autant plus regrettable que les Etats-Unis sont actuellement en retrait et que l'Europe, même si elle reste le premier pourvoyeur d'aide à la Palestine est absente.
L'arrivée d'Alain Juppé au Quai d'Orsay peut-elle permettre de redresser la barre?
Alain Juppé a été ministre des Affaires étrangères entre 1993 et 1995 - j'étais d'ailleurs à l'époque son directeur de cabinet. Je crois qu'il a toute l'expérience pour pouvoir, peut-être, dans certaines circonstances, recadrer cette exigence diplomatique.
Source: Propos recueillis par Nicolas Marmié - Jeune Afrique (numéros 2623-2624 du 17 au 30 avril 2011)
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/04/21/1877-interview-de-dominique-de-villepin-a-l-hebdomadaire-jeune-afrique
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