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Malika Sorel : « Sur l’intégration, la France fait trop de concessions »
26/04/2011 09:59
Entretien. « Rompre avec l’idéologie victimaire » en matière d’immigration.

« La France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J ’y suis né, j’ai bu aux sources de sa culture. J’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux. » En exergue du blog qu’elle tient sur Internet, Malika Sorel a fait figurer cette citation de l’historien Marc Bloch. Membre du Haut Conseil à l’intégration (elle y a été nommée par décret du président de la République en septembre 2009), Malika Sorel-Sutter vient de publier Immigration-Intégration, le Langage de vérité (Mille et Une Nuits).
Française d’origine algérienne, elle a passé les dix premières années de sa vie en France. « C’est là, dit-elle, que les graines de l’intégration ont été semées, à l’école, par la culture, ma rencontre avec la littérature. » Ingénieur de formation, elle est diplômée de l’École polytechnique d’Alger et d’un troisième cycle de gestion de Sciences Po Paris. Elle a travaillé dans l’industrie et fait « du placement d’ingénieurs » dans le secteur des hautes technologies. « Je connais bien, dit-elle, les processus de recrutement et les procédures d’insertion au sein des entreprises. »
En 2008, elle a plaidé contre l’inscription du concept de diversité dans le préambule de la Constitution devant le comité chargé d’y réfléchir, que présidait Simone Veil. Dans son livre, comme dans le précédent (le Puzzle de l’intégration, paru en 2007), Malika Sorel-Sutter aborde “en expert” ce sujet controversé, en fondant ses conclusions sur sa connaissance du terrain et sur les travaux de nombreux sociologues.
Entretien.
Dès le début de votre livre, vous distinguez l’insertion de l’intégration. En revanche, vous parlez peu d’assimilation. Pourquoi ? Les mots sont importants. L’insertion, c’est l’obligation de respecter les normes collectives d’une société, les règles du “bien-vivre ensemble”, même si l’on ne partage pas la même culture. C’est ce que font les expatriés français à l’étranger, par exemple. L’intégration, c’est plus profond : c’est le fait de se sentir concerné par une communauté de destin avec les Français. Cela se traduit, concrètement, par la transmission à ses propres descendants des fondamentaux qui composent le noyau identitaire français, ce que l’on nomme le legs ancestral. C’est un long processus qui, lorsqu’il réussit, aboutit à l’assimilation, concept qui a été victime d’un procès en sorcellerie tout à fait injustifié !
Beaucoup affirment que l’intégration des immigrés se fait mal parce qu’ils sont discriminés. Vous dites, au contraire, qu’elle se fait mal car ils sont victimisés. Qu’entendez-vous par là ? Nous ne portons pas le même regard sur les immigrés africains que sur les Européens arrivés ici avant eux. Avec les Italiens, les Polonais, les Portugais, la France était exigeante, et elle avait raison de l’être. Elle ne l’est plus avec les nouveaux venus.
Pourquoi ? Une frange de notre élite intellectuelle, minoritaire mais puissante, présente encore les immigrés d’Afrique et du Maghreb comme des victimes de la colonisation, envers qui la France aurait une dette inextinguible… Elle clame que les nouveaux migrants sont discriminés, et ceux qui osent les contredire sont aussitôt embastillés dans la case “raciste” ! Or la victimisation est catastrophique : la culture de l’excuse déresponsabilise les étrangers installés en France. Nous ne les incitons pas à faire les efforts nécessaires à la réussite dans notre société. Pis, nous multiplions en leur faveur les dispositifs dérogatoires au droit commun, nous négocions nos valeurs, nous transigeons. Sous la pression d’une minorité “bien-pensante”, nos dirigeants, droite et gauche confondues, ont renoncé à transmettre à ces populations les codes indispensables à leur intégration. Nous laissons s’implanter en France des communautés revendiquant des privilèges et s’excluant elles-mêmes de la nation. Ce qui, finalement, ne satisfait personne : ni les immigrés, convaincus qu’ils sont discriminés parce qu’on le leur répète, ni les Français, qui souffrent de ces désordres.
N’a-t-on pas raison, cependant, de parler de discrimination à l’embauche, par exemple ? Une erreur cent fois répétée ne devient pas une vérité. Des études le prouvent, comme celle de Jacqueline Costa-Lascoux, ancien membre du Haut Conseil à l’intégration : elle a assisté à des centaines d’entretiens d’embauche, qui ont été filmés. Les jeunes immigrés sont surtout victimes de leur comportement : ils ne savent pas quelle attitude adopter devant l’employeur. C’est logique : ils n’ont pas été éduqués dans le respect de la société française puisqu’on leur a dit qu’ils avaient “le droit à la différence”… Quand ils regardent le film de leur entretien, ils admettent eux-mêmes qu’ils n’auraient jamais recruté un candidat se comportant comme eux ! Parler de discrimination est abusif. Savez-vous combien l’État et les collectivités locales ont dépensé pour la rénovation urbaine ? 42 milliards d’euros sur dix ans : c’est le montant du plan Borloo. Des sommes considérables ! Sans compter les effets pervers d’une solidarité nationale mal comprise, coûteuse et d’autant moins efficace qu’on a laissé prospérer dans certaines cités une économie parallèle fondée sur la drogue et le travail au noir. Résultat : les jeunes de ces quartiers prennent pour modèles de réussite des trafiquants dont les profits sont considérables. Loin d’affranchir les habitants de ces quartiers, la solidarité nationale finit par entretenir leur assistanat.
N’est-ce pas aussi parce que leurs parents – qui, souvent, ne parlent pas français – sont dépassés par la situation ? Encore une idée fausse ! Les Polonais, les Russes, les Portugais ne parlaient pas non plus français en arrivant en France. Simplement, ils ont laissé les enseignants assumer leur mission. Des chercheurs, dont Nicole Mosconi, ont bien montré que, pour réussir à l’école, l’enfant devait choisir entre la figure parentale et celle de l’instituteur. Et c’est aux parents de l’aider à choisir le maître – c’est-à-dire la culture française, celle de l’école de la République : l’élève doit prendre le pas sur l’enfant. Ce n’est pas facile, c’est vrai, mais n’est-ce pas le but de toute éducation ? C’est ce qu’ont fait les immigrés européens, et ce que ne font plus les nouveaux arrivants. Au contraire, ils dissuadent souvent leurs enfants d’adopter des comportements qui leur sont étrangers. Ils ne sont pas inactifs, non : ils transmettent leur culture et empêchent les instituteurs de transmettre celle de la République. C’est l’une des raisons de l’échec scolaire de ces enfants, puis de leur difficulté à trouver un emploi.
Vous insistez dans votre livre sur le respect de la laïcité. L’échec de l’intégration n’est-il pas aussi lié au fait que l’islam, par nature, ignore la distinction entre le temporel et le spirituel ? Ce n’est qu’un aspect du problème. La difficulté est surtout d’intégrer à la nation des personnes qui ne sont pas libres de leurs actes car elles n’existent, culturellement, qu’au sein d’un groupe. De ce point de vue, le communisme soviétique, bien qu’athée, était aussi contraignant que l’islam ! Même si les immigrés européens, de culture chrétienne, étaient plus proches des Français, ramener le débat à l’islam me paraît restrictif et périlleux. De quel islam parlons-nous ? Les querelles sont nombreuses entre musulmans. L’islam arabe n’est pas le même que l’islam africain, celui des Algériens n’est pas celui des Tunisiens. Et comment distinguer l’islam de l’islamisme ? N’entrons surtout pas dans ce jeu ! Il faut rester concentré sur la culture française et sur ses exigences propres.
C’est pourtant le cas : les pouvoirs publics veulent mettre en place un “islam de France”. Cette expression est aussi dangereuse que floue. Si l’on veut dire que l’islam est aussi français, donc que la France est une terre d’islam, alors les musulmans sont fondés à négocier toujours plus de dérogations à la loi commune, toujours plus de droits, et c’en est fini de l’intégration ! Si l’on prétend faire émerger un islam des Lumières, au motif qu’il serait “de France”, cette tentative est vouée à l’échec. Penser que l’Europe pourrait organiser l’islam est d’une naïveté consternante. Voyez l’échec du Conseil français du culte musulman : ses membres ne cessent de se quereller ! Se placer du point de vue de l’islam, c’est commettre une double erreur : c’est renvoyer les immigrés à leurs origines, donc favoriser l’emprise du groupe alors qu’il faudrait les en libérer et, ce qui me scandalise, c’est engager une politique d’accommodements dont la France ne peut que souffrir. À ce propos, les statistiques ethniques, si elles étaient mises en place, feraient peser de lourdes menaces sur notre cohésion nationale. Comment des responsables politiques français peuvent-ils oser faire de la France leur variable d’ajustement ? C’est à la France de dire aux nouveaux venus ce qu’elle attend d’eux et de sanctionner les comportements contraires aux normes collectives françaises. C’est le vivre-ensemble qui se joue désormais.
Le Haut Conseil à l’intégration, dont vous êtes membre, a souligné que l’école était soumise à d’intenses revendications communautaires. Dans un entretien à la Revue parlementaire, Luc Chatel dit qu’il ne partage pas la “vision pessimiste” du HCI. Que lui répondez-vous ? Nous n’inventons rien : ni le rejet de la langue française, ni la contestation des cours d’histoire et de biologie, ni les revendications de repas halal… Quant aux chiffres 2005 de l’Insee, ils sont accablants : sur les 150 000 élèves qui sortent du système scolaire chaque année sans diplôme, les deux tiers sont issus de l’immigration. Est-ce le signe d’un progrès de l’intégration ? Depuis trente ans, on dit aux Français : “Ne vous inquiétez pas, tout va s’arranger !” Et l’on attend d’eux qu’ils revoient leurs revendications à la baisse. Pourquoi ? Parce qu’il est moins coûteux d’imposer ces concessions aux Français que le respect des principes républicains aux personnes issues de l’immigration. Je le dis clairement : les hommes politiques ont peur de la violence qu’une telle exigence pourrait déclencher. Qu’on se rappelle les émeutes de 2005 ! Les Français, eux, se contentent de s’abstenir dans les urnes…
Vous affirmez que les dirigeants politiques ont renoncé à transmettre aux immigrés l’amour et le respect de la France. Comment en est-on arrivé là, selon vous ? L’idée de nation s’est progressivement effacée : conversion de la gauche à la construction européenne à partir de 1984, puis à la mondialisation dans la décennie suivante ; progrès des idées libérales et du libre-échange au sein d’une droite auparavant dominée par le général de Gaulle ; pressions sur la droite et sur la gauche des milieux patronaux, partisans d’une immigration de main-d’œuvre bon marché. À quoi s’ajoutent les revendications des nouveaux venus, pris en main par un réseau d’associations dont toutes les actions sont relayées par les médias… Tout cela a joué. Le fait aussi que nos élites n’aient plus d’ancrage culturel a favorisé ces abandons. La culture qu’avaient de Gaulle et les hommes de sa génération leur permettait de résister à la tyrannie du quotidien, des sondages et du court terme. Ils savaient se projeter au-delà des échéances électorales. Aujourd’hui, des avocats, des commerciaux, des énarques occupent la scène. Des hommes qui ont remis à l’Europe le destin de la France et n’ont aucune envie d’en reprendre les commandes, alors qu’il faudrait pratiquer, comme de Gaulle, la politique de la chaise vide pour ramener Bruxelles à la raison.
La droite affirme cependant sa volonté de maîtriser les flux migratoires à nos frontières. Claude Guéant dit même qu’il faut réduire l’immigration légale. Et il a raison ! Mais il est aussitôt contredit par Christine Lagarde et par Laurence Parisot, la présidente du Medef, pour qui l’économie française ne pourrait pas tourner sans immigration nouvelle ! Ce n’est pas vrai ?
Mais non ! Notre politique de l’emploi est aberrante. La France vient d’adopter une directive européenne dont le but est d’« attirer les ressortissants de pays tiers aux fins d’emplois hautement qualifiés ». Or de nombreux diplômés français s’exilent chaque année à l’étranger, où leurs talents sont reconnus. Mieux vaudrait endiguer la fuite de nos cerveaux ! Autre exemple : la signature en 2008 d’un accord d’immigration entre la France et le Sénégal. Il s’agit d’ouvrir le marché du travail français aux ressortissants sénégalais dans cent huit métiers, dont beaucoup ne sont pas très qualifiés : des emplois qui pourraient trouver preneurs en France, à niveau de compétence égal ou moyennant la formation de chômeurs.
On estime à 4 millions le nombre des demandeurs d’emploi, si l’on tient compte des chômeurs qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi et des salariés à temps partiel subi. Peut-on tout à la fois supporter la charge du chômage et recourir à une immigration de travail massive ? Ce n’est pas seulement une question financière, c’est une question de dignité : priver d’emploi des hommes et des femmes capables de travailler, c’est les condamner à l’exclusion sociale.
Vous évoquez un risque de “libanisation” de la France. Que proposez-vous pour l’éviter ? Les solutions se déduisent du diagnostic. Il est impératif de réduire les flux migratoires, dont l’importance nuit à l’insertion des immigrés installés en France. Il faut aussi responsabiliser les parents de ces familles, dans l’intérêt de leurs enfants et de la France.
Quelques chiffres : officiellement, il y a 200 000 entrées nouvelles en France chaque année. S’y ajoutent 80 000 à 100 000 clandestins par an : c’est Nicolas Sarkozy qui l’a dit en 2006 devant le Sénat. « La proportion de jeunes issus de l’immigration atteint 37 % en Île-de- France, 23 % en Alsace, 20 % en Rhône- Alpes », écrit la démographe Michèle Tribalat. En Seine-Saint-Denis, un jeune sur six est originaire d’Afrique subsaharienne. Et l’on n’aurait pas le droit de se demander si la France peut encore accueillir de nouveaux immigrés ?
On émet le vœu pieux, et totalement stérile, de “déghettoïser” alors que l’on sait pertinemment que cela n’est plus possible du fait du fort taux de natalité et des flux migratoires, et que, par ailleurs, les migrants eux-mêmes cultivent l’entre-soi et refusent de plus en plus de respecter le cadre culturel français. Donc réduire l’immigration de travail, mais aussi les entrées pour raison familiale, est une urgence. Aujourd’hui, l’un des principaux motifs d’immigration est le mariage.
Que les mariages mixtes se multiplient, n’est-ce pas l’indice d’une intégration croissante des immigrés ? Non, car ces mariages ne sont mixtes qu’en apparence. Dans la plupart des cas, il s’agit d’unions entre deux conjoints dont l’un est français de fraîche date et l’autre arrive de l’étranger où la famille est allée le chercher. Il ou elle ne parle pas français, ou mal. Son conjoint reste culturellement étranger… Si la France n’attribuait pas aussi généreusement la nationalité française, on ne parlerait pas de mariage mixte.
Vous voulez dire qu’il y a trop de naturalisations ? En septembre 2010, le ministre de l’Immigration – c’était alors Éric Besson – se félicitait en commentant le chiffre des naturalisations (80 175 durant les huit premiers mois) que « ces résultats placent la France en tête des pays européens pour l’acquisition de la nationalité ». Il indiquait ensuite qu’il souhaitait faire signer aux étrangers naturalisés une « charte des droits et des devoirs du citoyen » les engageant à être « fidèles aux valeurs de la France ». C’est-à-dire que l’État accorde la nationalité française à des personnes dont il n’est pas encore certain qu’elles soient véritablement intégrées… L’octroi de la citoyenneté française doit venir valider la réussite du processus d’intégration, qui conduit à l’assimilation. Prétendre que l’on peut être français sans être porteur de l’identité française est mensonger, comme il est mensonger d’affirmer qu’octroyer le droit de vote aux étrangers favoriserait leur intégration. Le taux d’abstention est extrêmement élevé parmi les populations issues de l’immigration.
Vous dites aussi qu’il faut responsabiliser les parents. Comment ? Ce sont eux qui détiennent les clés de l’insertion. Il ne faut pas hésiter à les sanctionner quand leurs enfants commettent des délits. Dans ces familles, les mineurs sont éduqués dans le strict respect qu’ils doivent à leurs parents. La mère occupe d’ailleurs une position sacrée. En cas de mauvais agissements de leurs enfants, il est donc indispensable que les parents soient placés face à leurs responsabilités. Qu’ils soient astreints, par exemple, à financer les réparations en cas de dégradations. Cela inciterait les enfants à ne plus récidiver et enclencherait un cercle vertueux. La sécurité ne pourra s’obtenir qu’en agissant sur les familles.
J’insiste aussi sur la responsabilité des parents vis-à-vis de l’école. L’enseignant ne peut pas tout, il est souvent désarmé face aux incivilités qu’il subit dans sa classe. Aujourd’hui, l’école n’est plus en mesure d’assumer sa mission et, pour moi, c’est un problème de fond. Il est impératif que les pouvoirs publics la préservent des revendications communautaires et sanctionnent les parents des élèves qui ne respectent pas leur maître.
Nous devons rompre avec l’idéologie victimaire qui inspire toute notre politique d’intégration, et qui a échoué. Remettons les choses à l’endroit : le point de départ de cette politique, ce doit être la France, ce qu’elle exige, et non les immigrés, ce qu’ils revendiquent. On ne la fera pas respecter en méprisant son histoire. La France fait beaucoup pour les étrangers qu’elle accueille. Les Français ne sont pas racistes ! Finissons-en avec la repentance ! On demande aux peuples européens de disparaître ; c’est une entreprise terrifiante !
Il serait temps que nos dirigeants politiques s’en rendent compte avant que des troubles majeurs n’éclatent. « Dieu, a écrit Bossuet, rit des hommes qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes. »
Propos recueillis par Fabrice Madouas le jeudi, 21/04/2011

Immigration-Intégration : le Langage de vérité, Mille et Une Nuits, 288 pages, 18 €. Immigration – Intégration
Voir également sur Gaullisme.fr : Le Puzzle de l’intégration par Malika Sorel
 
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Prime de 1 000 €: l’histoire de l’idée la plus idiote de l’année
26/04/2011 09:47
Le président voulait faire un gros coup en promettant une « prime de 1 000 € contre dividendes » aux salariés. Problème : cette mesure se révèle inapplicable. Encore du vent…

Nicolas Sarkozy nourrirait-il une passion cachée pour Lucien Jeunesse, feu l’animateur du célèbre Jeu des mille francs ? Depuis deux semaines, la France ne parle plus que de ça, une audience que jamais l’animateur n’aurait espérée : qui va gagner cette prime de 1 000 € ? Mille euros ou moins, car le montant, annoncé la première fois le 15 avril par le ministre du Budget, François Baroin, devra être négocié dans chaque entreprise concernée.
Une semaine plus tôt, en déplacement à Issoire (Puy-de-Dôme), le président de la République, à la peine sur la question du pouvoir d’achat, croit tenir enfin sa martingale : « Je voudrais qu’on imagine un système qui fait qu’au moment où on augmente ce qu’on donne aux actionnaires […] les salariés en aient une partie aussi », lance-t-il devant des ouvriers du groupe Alcan. Voilà comment naît l’idée de la fameuse « prime de 1 000 € contre dividendes ». L’incrédulité des salariés du groupe d’aluminium augurait mal du destin de cette annonce.
Car le rêve vire au cauchemar. Laurence Parisot, patronne du Medef, s’emporte contre une vision d’économie « administrée ». Pis, les syndicats fustigent un dispositif qui ne concernerait que 25 % des salariés, laissant sur le carreau les moins protégés, ceux des petites entreprises. Enfin, que dire aux fonctionnaires à qui l’on vient d’annoncer un gel des salaires ? « Que demandent les salariés aujourd’hui ? Ils veulent plus sur leur fiche de paye, c’est tout simple », conclut Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière. A l’unisson, les centrales syndicales entendent qu’on parle salaires et pas prime exceptionnelle. Quant au gouvernement, il est pris de court par un projet qu’il découvre… en même temps que les Français. Et se divise sur les modalités, voire sur son opportunité.
Deux semaines après l’annonce présidentielle, le gouvernement a été contraint de sortir du bois en annonçant que la mesure ne sera obligatoire que pour les entreprises de plus de 50 salariés et uniquement en cas de hausse de leurs dividendes. Ce qui limite sérieusement la portée de la mesure.
Un slogan, pas une mesure
Mais d’où vient donc l’idée la plus idiote de l’année ? « De Jean Castex, le conseiller social du président. Nous avons appris l’existence de ce projet le jour ou le président en a parlé », raconte-t-on à Bercy. Où l’on reconnaît que si « le président a ouvert le débat », le ministère de l’Economie a bel et bien été pris au dépourvu : « Nos services n’ont pas fait d’analyse d’impact avant le 7 avril », nous confirme-t-on. Bref, l’absence de consultation des technos du ministère de l’Economie montre, si besoin, que la proposition tient davantage du slogan que de la mesure pensée, étudiée et chiffrée.
Même son de cloche au ministère du Travail : « Ça vient tout droit de l’Elysée », assure l’entourage de Xavier Bertrand. Proche des « sociaux » de l’Elysée, le ministre du Travail a pourtant fait le job. Rue de Grenelle, on sait que l’affaire est mal emmanchée : « Cette histoire va finir en usine à gaz. »
Il faut dire que, sous les coups de boutoir du patronat, relayé par le ministre de l’Economie et le Premier ministre, la proposition initiale s’est réduite comme peau de chagrin. S’il est toujours question de prime pour les salariés des entreprises qui ont versé des dividendes, les conditions sont devenues de plus en plus drastiques au fil des jours.
Au seul critère de versement de dividende s’ajoute désormais celui de leur augmentation d’une année sur l’autre. Selon le rapport Cotis, du nom du directeur général de l’Insee, 16 % des PME, 30 % des entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 5 000 salariés) et 41 % des grandes entreprises répondaient, en 2006, au premier critère, soit 25 % des salariés. Avec le second critère ? On ne sait pas…
Tournant « social » raté
Mais prenons l’exemple de Total. Les dividendes du pétrolier étant restés stables, à 2,30 € par action, la plus riche des entreprises françaises, la plus emblématique, avec ses 10 milliards de bénéfices en 2010, ne devrait rien à ses salariés !
Ce n’est pas la première fois que le président, par précipitation et absence de consultation, se casse les dents dans sa tentative de réconcilier le capital et le travail, façon gaulliste*. En 2004, alors ministre des Finances, il avait déjà assoupli les règles de l’épargne salariale, pour permettre aux salariés de la toucher immédiatement, sans pénalité. Résultat ? « Ce fut une double arnaque. En forçant les entreprises à verser cette participation, c’est autant qu’elles ont refusé en augmentations de salaire ! Et pour les comptes publics, l’exonération de charges a entraîné une perte fiscale et sociale… », ironise un ancien responsable patronal.
Rebelote en 2009. Nicolas Sarkozy découvre la règle des « trois tiers » pour le partage des profits. A nouvelle idée, nouveau slogan : un tiers aux salariés, un tiers à l’investissement et un tiers aux actionnaires. Idée finalement enterrée… en demandant un rapport sur le partage de la valeur ajoutée à Jean-Michel Cotis, le directeur de l’Insee. « Nicolas Sarkozy tourne comme une mouche autour du même sujet depuis longtemps, ironise un économiste libéral. Le problème, c’est que la boîte à outils qui va avec ce discours existe bien, mais qu’elle est très à gauche. Des outils qui ne figurent même pas dans le programme du PS ! »
Pourquoi donc annoncer publiquement une prime qui courait, de toute évidence, tous les risques de finir dans le bas-côté ? Il fallait bien que la présidence fasse un geste sur le pouvoir d’achat. Après les tarifs sociaux, le gel du prix du gaz, celui de l’électricité jusqu’en 2012, la hausse des indemnités pour frais kilométriques – autant de mesurettes censées amortir la poussée d’inflation sur l’énergie ou les produits alimentaires –, Nicolas Sarkozy pensait faire ainsi un gros coup.
La prime de 1 000 € constituait un double bénéfice : taper sur les dividendes et redonner un coup de pouce aux salariés. Comme si les hauts cris du Medef valideraient automatiquement un tournant « social » de la présidence. « L’idée était d’estomper l’assouplissement de l’ISF », glisse-t-on aussi chez Xavier Bertrand. En effet, selon les calculs de Thomas Piketty, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, la réforme de l’ISF et la disparition du bouclier fiscal vont permettre à 1 900 foyers aisés d’économiser « en moyenne plus de 160 000 € par rapport au système actuel ».
Cent soixante fois plus que cette prime incertaine.
Emmanuel Lévy – Marianne
* NDLR : Si l’article est particulièrement pertinent, Emmanuel Lévy ne peut comparer cette injuste et ridicule “mesurette” sociale à la “participation” voulue par le général de Gaulle, œuvre inachevée qu’il appartient aux gaullistes de conviction (Nicolas Sarkozy n’en fait pas partie) de promouvoir. Le Général voulait une intégration complète des salariés dans l’entreprise, partageant “en honnêtes actionnaires” l’enrichissement collectif du travail, mais également le pouvoir de décision.
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Syrie : la répression continue, des blindés dans Deraa
26/04/2011 09:42
Selon plusieurs témoignages concordants, des blindés des forces de sécurité syrienne sont entrés cette nuit dans Deraa, la ville du sud du pays d’où est partie la contestation. Plusieurs personnes auraient déjà été tuées.
“ Ils ont tiré. Des témoins m’ont dit qu’il y avait pour l’instant cinq morts et que des maisons avaient été transformées en hôpitaux” affirme un habitant de Deraa joint par Reuters par téléphone.
“Les hommes des services de sécurité sont entrés par centaines dans la ville, accompagnés de chars et de blindés…Les hommes tirent dans toutes les directions et avancent derrière les blindés qui les protègent… L’électricité est coupée et les communications téléphoniques sont presque impossibles… ” précise un militant politique contacté à Nicosie par l’Afp.
La grande majorité des journalistes étrangers ont été expulsés de Syrie. Il n’est donc plus possible de rendre compte précisément de la situation sur le terrain.
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Assad : pilote fou sur siège éjectable
26/04/2011 09:37
Le régime a atteint le degré zéro de la politique
L’accélération de la contestation en Syrie depuis le 22 avril démontre que la stratégie de Bachar el-Assad a échoué. S’il peut s’accrocher encore au pouvoir, c’est uniquement grâce à la force brute. Suite à ses discours creux et à son cynisme ahurissant, les mots n’ont plus de sens aujourd’hui à Damas. Le régime touche le fond, réduit au degré zéro de la politique. Assad braque un revolver sur la tempe de chaque citoyen pour rester au pouvoir. Aucun régime ne peut tenir longtemps dans ces conditions car, pour paraphraser le célèbre mot d’Abraham Lincoln : on peut faire peur à tout le monde pendant un certain temps ; on peut également faire peur à un certain nombre de gens tout le temps ; mais on ne peut pas faire peur à tout le monde tout le temps. Pourtant, c’est à cet exercice suicidaire que Bachar el-Assad se livre depuis cette fin de semaine.
Aucun pouvoir, aussi démocratique et libéral soit-il, ne peut faire l’économie de la peur du gendarme. Mais la matraque n’est qu’un dernier ressort et une réminiscence symbolique rappelant le lien entre pouvoir et force. Le consentement de millions d’individus repose essentiellement sur le sentiment que celui qui détient le pouvoir a le droit de gouverner et mérite une coopération. Pour que le système fonctionne le pouvoir doit s’appuyer sur une certaine légitimité – divine, démocratique ou charismatique. Plus le pouvoir est légitime, plus il s’éloigne de la force, car les citoyens acceptent les règles du jeu et croient qu’ils peuvent agir autrement que par la violence pour se faire entendre. En revanche, quand il n’y plus de légitimité, le pouvoir retrouve son origine primitive et redevient force. C’est le cas aujourd’hui de la Syrie : sans baïonnettes, Assad serait lynché, ses proches pendus, ses biens pillés et sa résidence brûlée. Il suffit de regarder la façon dont les Egyptiens traitent Hosni Moubarak et ses fils – qui ne sont pourtant pas allés aussi loin qu’Assad – pour imaginer le sort que les Syriens réservent à leur président.
Un régime sans légitimité comme celui de Bachar el-Assad doit appliquer une savante économie de la force, seul moyen de survivre. Selon tous les indices, Assad a choisi la terreur, la meilleure façon de démultiplier la force : tuer des centaines pour en effrayer des millions. Pour que ça marche, la violence doit frapper aveuglément, distillant un sentiment d’effroi, paralysant et réduisant la société en un troupeau politiquement docile. Il faut terroriser et isoler, faire en sorte que chaque individu ait aussi peur de la police que de son voisin. Or, semble-t-il, les Syriens n’ont plus peur les uns des autres, ce qui est très fâcheux pour un régime policier. Pour restaurer la dissuasion, le régime n’a d’autre choix que la violence directe.
Voilà pourquoi des snipers embusqués sur les toits tirent sur les passants ou dans les cortèges d’obsèques. Ces tireurs d’élite ne visent personne en particulier mais le peuple syrien tout entier. Il faut empêcher à tout prix les rassemblements qui libèrent les individus de leurs craintes, l’occupation permanente des places publiques avant que ces sit-in ne deviennent des « places Tahrir ».
C’est ainsi qu’il y a quelques jours à Djebla, ville côtière au nord de Lattaquié, à l’issue des discussions – plutôt positives – entre les dignitaires locaux et le gouverneur, la répression s’abattait. Pour être efficace, la violence terrorisante doit surprendre par sa démesure et son caractère aveugle et arbitraire.
Assad père, ancien pilote de chasse et chef de l’armée de l’air syrienne, léguait à son fils le manche à balai. Ce dernier semble avoir le même niveau de compétences qu’un autre pilote célèbre, Mohammed Atta, leader des terroristes du 11 septembre : il n’a pas appris ni à faire décoller ni à poser un avion. Le résultat est que le régime « décroche » et, malgré les gestes de plus en plus violents, les gouvernails ne répondent plus. La Syrie, en plein piqué, va-t-elle s’écraser ? Y-a-t-il un (autre) pilote dans l’avion ?
Gil Mihaely
http://www.causeur.fr/assad-pilote-fou-sur-siege-ejectable,9654
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Qu'est-ce qu'une nation ? Ernest Renan (5/5)
26/04/2011 09:34
CHAPITRE 3
Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant spartiate : «Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie.
Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l'avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l'on comprend malgré les diversités de race et de langue. Je disais tout à l'heure : «avoir souffert ensemble» ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun.
Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie. Oh ! je le sais, cela est moins métaphysique que le droit divin, moins brutal que le droit prétendu historique. Dans l'ordre d'idées que je vous soumets, une nation n'a pas plus qu'un roi le droit de dire à une province : «Tu m'appartiens, je te prends». Une province, pour nous, ce sont ses habitants ; si quelqu'un en cette affaire a droit d'être consulté, c'est l'habitant. Une nation n'a jamais un véritable intérêt à s'annexer ou à retenir un pays malgré lui. Le vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir.
Nous avons chassé de la politique les abstractions métaphysiques et théologiques. Que reste-t-il, après cela ? Il reste l'homme, ses désirs, ses besoins. La sécession, me direz-vous, et, à la longue, l'émiettement des nations sont la conséquence d'un système qui met ces vieux organismes à la merci de volontés souvent peu éclairées. Il est clair qu'en pareille matière aucun principe ne doit être poussé à l'excès. Les vérités de cet ordre ne sont applicables que dans leur ensemble et d'une façon très générale. Les volontés humaines changent ; mais qu'est-ce qui ne change pas ici-bas ? Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. Mais telle n'est pas la loi du siècle où nous vivons. À l'heure présente, l'existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n'avait qu'une loi et qu'un maître.
Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations servent à l'œuvre commune de la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l'humanité, qui, en somme, est la plus haute réalité idéale que nous atteignions. Isolées, elles ont leurs parties faibles. Je me dis souvent qu'un individu qui aurait les défauts tenus chez les nations pour des qualités, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qui ne pourrait rien supporter sans dégainer, serait le plus insupportable des hommes. Mais toutes ces dissonances de détail disparaissent dans l'ensemble. Pauvre humanité, que tu as souffert ! que d'épreuves t'attendent encore ! Puisse l'esprit de sagesse te guider pour te préserver des innombrables dangers dont ta route est semée !
Je me résume, Messieurs. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister. Si des doutes s'élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d'avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre à terre. «Consulter les populations, fi donc ! quelle naïveté ! Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d'une simplicité enfantine». - Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé.
Ernest Renan - Qu'est-ce qu'une nation : Conférence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882
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