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Insécurité, chômage, élections : Sarkozy restera-t-il candidat ?
28/03/2011 12:37
On se battait en Libye. Nicolas Sarkozy aurait aimé qu'on se félicite des progrès de la rébellion contre les forces du colonel Kadhafi. Mais ce week end, il pensait à autre chose. On votait en Sarkofrance, pour un scrutin cantonal méprisé. Ce fut un mauvais résultat de plus pour le Monarque. Un sujet d'inquiétude pour le candidat. Coûte que coûte, il faut oublier faire le bilan et même qu'il y avait des élections ce dimanche. A droite, on doute de lui. Dans le pays, on n'y croit plus depuis longtemps. Et ce ne sont pas les derniers bilans du chômage et de l'insécurité qui vont l'aider.
Elections Toute la semaine, l'UMP a douté. Nicolas Sarkozy a tenté d'imposer le ni FN/ni PS. Sa stratégie de rapprochement sémantique et politique vers l'extrême droite a démobilisé une belle partie du camp sarkozyste.
Le résultat définitif des élections cantonales fut sans surprise : il n'est pas fameux pour la « majorité » présidentielle. L'UMP a totalisé 19% des suffrages. Avec ce score, quelques centaines de députés UMP perdront leur siège l'an prochain. Il faudrait y ajouter les « divers droites » pour parvenir à un petit 30% coalisé. La gauche, rassemblée ou divisée, a attiré quelques 46%. Le Front national de Marine Le Pen environ 10% nationalement, mais près de 40% dans les 400 cantons (sur 1.500) où il était au second tour. L'abstention fut également importante, si importante qu'il est improbable de tirer de quelconques conclusions politiques sauf une : Sarkozy a démobilisé son camp. Sur les 19,9 millions d'inscrits, seuls 46% se sont déplacés. Quelques défaites furent symboliques : Isabelle Balkany, la grande conseillère de l'ombre, avec son mari, du Monarque, fut battue dans les Hauts-de-Seine à Levallois-Perret. Marine Le Pen triomphait : « L'espoir aujourd'hui c'est le Front national ! (...) C'est une révolution bleu-marine ! »
Les commentaires officiels furent éparses. François Fillon ne réagit que par communiqué, vers 20h15. La désertion. L'ineffable Jean-François avait du mal à cacher sa déception : « Dès demain, on repart à la conquête, ou à la reconquête, de celles et ceux qui ne sont pas allés voter ou sont sont allés voter pour le Front national. » et il ajoute, plus tard : « Nous avons reçu 5 sur 5 le message qu'ils nous ont adressé. » Son secrétaire adjoint Hervé Novelli concéda : « Il y a une forte interrogation aujourd'hui. » Rachida Dati fut à son habitude, incompréhensible et mauvaise perdante : « Pour l'UMP, c'est pas une victoire. Mais le Parti socialiste, c'est pas mieux. » Nanananèère !
Au final, il n'est pas sûr, bien au contraire, que Nicolas Sarkozy changera de stratégie. Mais il paraît évident qu'une fraction plus importante du corps UMP s'interrogera sur sa compétence politique. « Ce serait une pure folie d'avoir un autre candidat que Nicolas Sarkozy ! », s'exclama François Baroin, l'ancien chiraquien et désormais porte-parole de la Sarkofrance vieillissante. L'inquiétude est donc là.
Il y avait d'autres bilans, moins glorieux et peu présents dans ce débat politique. Insécurité Depuis 10 jours, Claude Guéant ne s'est pas épargné sur le front électoral, de petites phrases en grosses provocations aux relents frontistes. Il collait à la culotte, et sur ordre, la présidente Marine. Pourtant, il avait fort à faire sur son périmètre ministériel. En matière de lutte contre la délinquance, le ministre Guéant s'est bien gardé de commenter le bilan du mois de février, publié ce mois-ci par l’Observatoire national de délinquance et des réponses pénales (ONDRP).
Sur 12 mois glissants (i.e. de mars 2010 à février 2011), les résultats sont mauvais. Sarkozy est un incompétent sécuritaire :
- Le nombre de vols est globalement stable (1,807 millions), mais les cambriolages ont progressé de 3,6% (à 320.000 au total), dont 15.000 supplémentaires contre les résidences principales. Les vols avec violences ont même explosé (+7,9%, soit 9.000 de plus en un an), pour atteindre 121.000 actes sur un an. cette progression provient pour l'essentiel des « vols violents sans arme contre des femmes sur voie publique ou autre lieu public. »
- Les destructions et dégradations de biens ont fortement baissé (-34 000 actes en un an), ce qui permet d'afficher une légère baisse des atteintes aux biens, au global.
- Les atteintes à l'intégrité physique poursuivent leur progression... comme depuis 2002. 15 000 agressions supplémentaires sur un an, soit 469 000 faits à fin février. Plus précisément, la plus forte hausse vient des violences crapuleuses (+8 000).
Dans son bilan, l'ONDPR s'essaye, comme à chaque fois, à mesurer les affrontements entre bandes. C'était le grand cheval de bataille de Nicolas Sarkozy au printemps 2009, puis à nouveau l'été dernier, une vraie diversion pour masquer l'échec plus global d'une politique : « La deìfinition d’un "affrontement entre bandes" souffre de certaines imprécisions », rappelle l'ONDPR. Mais l'observatoire livre quelques chiffres : 33 affrontements relevés en février dernier, moins de 400 sur l'année. Le chiffre reste ridicule comparé aux près de 500 000 violences physiques enregistrées chaque année. Chômage Côté chômage, d'autres chiffres furent publiés, mais il était impossible de s'en servir. Xavier Bertrand, resta modeste. Le chômage avait « encore » baissé, mais d'un minable 0,1% de sans-emplois en moins en février... En fait, le ministre du Travail s'est caché. Pas de quoi pavoiser, même quelques jours avant une élection. Il n'est pas allé fanfaronner, la veille de l'annonce des résultats, comme il l'avait fait le mois dernier. On objectera que le mois de février est court, froid et peu comparable. Xavier Bertrand avait choisi d'attendre la publication des dernières statistiques du chômage pour les commenter. Il les trouva « encourageants ». Au total, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi toutes catégories s’établissait à 4,9 millions à fin février 2011, dont 2,9 millions sans aucun emploi. Formidable ! Le nombre de seniors au chômage a explosé : +13% sur un an, dont encore 1,4% supplémentaires en février. Il faudrait faire le lien avec l'envolée des ruptures de contrats de travail à l'amiable, qui concerne nombre de plus de 50 ans.
Dimanche soir, Nicolas Sarkozy se fichait bien de tous ses chiffres. Il pense toujours à 2012. Sa nouvelle feuille de route, pour l'instant, est déjà écrite. Faire peur à l'électorat, agiter les clivages, déplacer l'agenda politique le plus loin possible de son échec social et économique.
Juan Sarkofrance
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Françoise Cachin, l’intransigeante
28/03/2011 12:18
Elle n’était pas chef d’entreprise…
Le jour même où Françoise Cachin nous quittait, le « Livre blanc sur l’état des musées de France », rédigé par l’Association générale des conservateurs des collections publiques, qui réunit un millier de membres, était rendu public dans la presse. Il dénonce pour la première fois, à haute voix, ce qu’elle avait, dans les dernières années de son mandat, dénoncé seule, dans l’indifférence quasi générale de ses confrères, suscitant l’irritation de sa hiérarchie et très vite l’hostilité du ministère, jusqu’à ce qu’elle fût en effet remerciée du Conseil artistique des musées auquel elle appartenait de droit, et démise de la présidence de FRAME, l’association des musées franco-américains qu’elle avait cependant créée. Par la suite, elle n’a jamais cessé de batailler, toujours dans un silence embarrassé puis hostile, contre la dérive mercantile des musées qui les voit assimiler les œuvres patrimoniales qu’ils ont la charge de conserver, d’étudier et de faire connaître, à de simples marchandises que l’on peut vendre ou bien louer, comme s’il s’agissait de réserves naturelles de pétrole ou de champs de patates.
L’arrogance des nouveaux maîtres de la finance et de la communication
En écrivant ce texte, à la veille des obsèques de mon amie, je suis tombé, au hasard de Google, sur la fiche technique éditée par le ministère de la Culture décrivant la profession de conservateur de musée des collections publiques. Elle commence par ces lignes : « L’image ancienne et poussiéreuse du conservateur a volé en éclats : d’un rôle de responsable scientifique, le conservateur est devenu, avec la mutation du monde des musées, un gestionnaire, parfois un véritable chef d’entreprise. »
Quel mépris de la science et des scientifiques, ces personnages pittoresques et poussiéreux dont on aimerait se passer, mais aussi quelle arrogance des nouveaux maîtres de la finance et de la communication ! Et dans ce « véritable chef d’entreprise » tendu en modèle au futur conservateur, quelle triste ambition de remettre la direction des musées à des gens étrangers au monde de la culture, mais très proches en revanche de celui du business et des médias !
Désormais, dans les textes officiels encadrant les contrats entre musées, quand vous lirez le mot « prêter », comprenez « louer ». Hier, on prêtait, à titre gratuit par définition, dans un but éducatif et pour des expositions à caractère scientifique, des œuvres tirées des collections publiques. Aujourd’hui, on les loue, dans le cadre d’un échange commercial, pour des expositions bavardes et inutiles, parfois installées dans des lieux privés, dans le seul but de « générer des profits considérables qui vont de 1 à 3,5 millions d’euros par an », comme l’écrit ingénument, dans la novlangue du « véritable chef d’entreprise », qui a peu à voir avec celle de Focillon ou d’André Chastel, l’actuel directeur du musée Picasso dans un article publié deux jours après la mort de Françoise.
J’ai parfois entendu dire de Françoise Cachin qu’elle était une femme « dure », « autoritaire », « intransigeante ». Elle l’était, en effet. Elle ne pouvait que l’être dans l’exercice de ses fonctions. Première femme directeur des Musées de France, poste auquel elle fut nommée en 1994 par Jacques Toubon, elle venait de l’Université, pas du monde des affaires ni de la haute administration. Dans un milieu où on est peu sensible à la présence féminine et dont le courage n’est pas la qualité première, il lui fallait s’imposer comme femme et comme patronne. Elle s’est imposée, en durcissant des traits qu’au naturel elle avait des plus agréables et souriants.
Françoise aura été l’honneur de cette génération qui a fait des musées ce qu’ils sont devenus.
Elle n’était pas fonctionnaire à l’origine, mais avait été reçue, en 1966, au concours national de recrutement des conservateurs des collections publiques, créé l’année précédente. Elle rappelait souvent gaiement que nous l’avions passé ensemble, ainsi qu’avec Irène Bizot. En ces temps lointains, on craignait encore l’usage excessif de l’électricité pour éclairer les musées. Ensuite, nous avons longtemps roulé nos bosses, chacun sur nos chemins, avant de revenir secouer la poussière ensemble. Car poussière il y avait. Françoise Cachin aura été l’honneur de cette génération qui en trente ans, a fait des musées ce qu’ils sont devenus.
Dure à l’occasion, mais surtout courageuse. Le fonctionnaire est là pour tenir et maintenir quand les ministres passent. J’ai compté, pendant la quarantaine d’années que Françoise a consacrée aux musées, plus de trente ministres de la Culture, les pires et les meilleurs. Je me souviens d’un épisode très significatif. Le ministre d’alors nous avait réunis pour nous annoncer la dissolution du Comité d’acquisition des musées de France. Aussi ancien que les musées, ce Comité en était le symbole. Chaque mois nous étions une cinquantaine de conservateurs à nous réunir, de la France entière, petits et grands musées de tous les temps et de tous les espaces, du musée des Eyzies au musée Picasso et de Guimet au Louvre. Nous examinions les projets d’acquisition, qui étaient alors financés par la Réunion des musées nationaux : c’était la garantie du principe que nous croyions inaliénable, de la mutualité des musées : les petits sont nourris par les gros, puisque le patrimoine, national par essence, est celui de tous, qu’il s’agisse des trésors de la Grande Galerie ou de la petite collection de céramiques d’un lointain musée de région. C’était l’occasion, pour chacun d’entre nous, de se livrer à de grands morceaux d’éloquence et d’érudition pour convaincre ses confrères de la nécessité de tel ou tel achat, une formation permanente pour tous. Surtout, c’était une opportunité de se rencontrer, de se connaître –on avait assez peu l’occasion d’aller à Pau, ou même à Fontainebleau −, d’échanger, de prendre connaissance des problèmes et éventuellement de faire front ensemble. Et voilà que cette communauté allait disparaître. Chacun mourrait de son côté, seul, abandonné et sans le sou désormais, seuls les très grands musées étant assurés de grandir jusqu’à devenir des monstres d’autosuffisance.
Interdits, stupéfaits, nul d’entre nous n’osa répondre à ce ministre. Alors Françoise se leva, monta sur l’estrade et prit le micro. De sa voix tranquille mais indignée, elle souligna le désastre que cela serait ; elle avait vu clairement la manœuvre : c’était non seulement renoncer à la mutualité des musées, donc à l’unité et à l’indivisibilité du patrimoine, mais encore diviser le corps des conservateurs, le rendre impuissant et muet, de sorte à pouvoir, entre soi, entre « véritables chefs d’entreprise », préparer les mauvais coups, dont le contrat privé passé avec un émirat fut l’exemple le plus éclatant.
J’ai beaucoup admiré Françoise ce jour-là, malgré sa dureté souriante et inflexible, ou plutôt à cause d’elle.
Un autre épisode, autrement pénible, fut celui des MNR, les « Musées nationaux récupération », l’indication que portaient les œuvres d’art spoliées par les nazis et inventoriées par les musées. Françoise avait courageusement entrepris de rouvrir le débat et de régler le problème qu’on avait enterré depuis trop longtemps. Mal lui en prit. Elle fut l’objet d’insinuations et de lâchetés indignes, adressées qu’elles étaient à la petite-fille d’un militant communiste et d’un vieux peintre anarchiste – Marcel Cachin et Paul Signac.
Une autre nouvelle a été publiée dans la presse, deux jours après sa mort, qui l’aurait autant réjouie, je crois, que l’annonce de la parution du Livre blanc des conservateurs le jour de sa disparition : la nouvelle que, grâce au combat de quelques-uns, en particulier Pierre Nora, le ministère de la Marine ne serait sans doute pas transformé, comme cela avait été prévu, en un hôtel de luxe avec galeries marchandes .
Le ministère de la Marine, pour moi, c’est la gravure de Charles Meryon, où le monument est attaqué de profil par une escadrille d’oiseaux de proie griffus et monstrueux. Meryon, ce fut le graveur du Paris de Charles Baudelaire : le Pont au Change, la Morgue, le chevet de Notre-Dame de Paris, le Pont Neuf, c’est-à-dire le Paris même que Françoise a chéri, et au centre duquel elle vivait, dans l’île Saint-Louis, derrière l’Hôtel de Lauzun.
Elle avait, au début de sa carrière, écrit un bel essai, publié dans la collection des Lieux de mémoire de Pierre Nora sur le paysage français, des miniatures de Pol de Limbourg aux vues de la Seine de Bonnard et de Jean Fouquet à Corot. Analyse érudite et sensible, dont certains passages seraient sans doute aujourd’hui soumis à la censure puisque elle ose y parler d’un « sentiment d’identité nationale » « lié structurellement à l’art du paysage ». Elle écrivait en conclusion que ces paysages peints qui survivent à l’art du peintre et nous aident aujourd’hui à revoir des lieux et des instants sont aussi des « memento mori implacables ».
« Les impressionnistes à Paris » : une nouvelle image de la ville
Or, cet art du paysage, paysage rural, paysage mélancolique, paysage de la mort et de la vanité dont elle devait longtemps scruter les traits de la Bretagne à la Méditerranée, elle devait l’enrichir, à la fin de sa vie, par un autre art du paysage, cette fois de la ville, dans une magnifique exposition qui s’est tenue, non à Paris mais au musée Folkwang d’Essen, dans la Ruhr, Images d’une métropole : les Impressionnistes à Paris.
Il s’agissait de plus, bien sûr, que des Impressionnistes : elle commence, là aussi, avec Corot, pour finir avec Matisse. Mais surtout, elle montre, mêlées aux maîtres, de Manet à Caillebotte, des œuvres peu connues, de Maximilien Luce à Devambez, d’Adler à Louis Anquetin, ou d’étrangers, de Menzel à Evenepoel, qui donnent de Paris une image bien éloignée de la vision traditionnelle de la « Ville-lumière ». Cette ville industrielle et pauvre, avec les cheminées d’usines, les fumées des locomotives et les gazomètres, avec les foules en fureur, les défilés, les émeutes ouvrières, me fait penser que le conflit qui l’avait opposée, lors de la conception du musée d’Orsay, à Madeleine Rebérioux, n’avait peut-être pas été aussi définitif qu’on l’avait dit. La dureté ou l’intransigeance supposée de Françoise n’étaient pas aveuglement ni suffisance, mais plutôt réserve et réflexion en attendant la décision.
À mesure que le temps a coulé et que la politique culturelle en France s’est infléchie vers un ultra-libéralisme désastreux pour le patrimoine, elle n’aurait plus eu à choisir, peut-être, entre ses deux grands-pères, celui qui croyait au ciel de la réflexion politique et celui qu’elle chérissait, qui avait choisi la solution esthétique dans la lumière pure du ton décomposé. C’est, je crois, les deux, le politique et l’artiste, qu’elle aurait fini par appeler à l’aide.
Conservateur des musées de France, ancien directeur du musée Picasso, directeur de la Biennale de Venise du Centenaire, Jean Clair est l’auteur de très grandes expositions comme « Vienne, 1880-1938, naissance d’un siècle » (1986, Centre Georges-Pompidou, Paris), « L’Ame au corps, arts et sciences, 1793-1993 » (avec Jean-Pierre Changeux, Grand Palais, Paris, 1993), « Mélancolie : Génie et folie en Occident », (2005, Grand Palais, Paris), « Crime et châtiment », (avec Robert Badinter, 2010, musée d’Orsay, Paris). Il a également publié de très nombreux ouvrages, essais, pamphlets, journaux, dont certains ont suscité des polémiques féroces. Paraissent prochainement deux livres, L’Hiver de la culture, (Flammarion) et Dialogue avec les morts (Gallimard).
Jean Clair
- Anne Baldassari : « Nos expositions ne sont ni cyniques ni mercantiles », Le Monde, 8 février 2011
- « Le sort de l’Hôtel de la Marine », Le Monde, 8 février 2011
- « Le Paysage du peintre » in La Nation II, Gallimard, Les Lieux de mémoire, 1986 , p. 439
- Ibid, p. 463
- Bilder eine Metropole : Die Impressionisten in Paris, musée Folkwang , Essen , octobre 2010 – janvier 2011
- Jean-François Revel a parfaitement résumé cet épisode en évoquant la « politique culturelle » inventée par les socialistes en 1981 : « L’ère de la culture comme pédagogie commence (…). L’art sera rendu à sa fonction qui est d’illustrer l’histoire du mouvement ouvrier. Par exemple, le ministre de la Culture, Jack Lang, a dépêché une historienne des mouvements sociaux auprès des historiens d’art qui se consacraient impunément depuis trois années à l’installation du futur musée d’Orsay où sera exposée la peinture française du XIXe et du début du XXe siècles. La mission de cette personne est de faire rayonner sur les conservateurs des musées nationaux une surveillance sanctifiante pour les empêcher de céder à la tentation picturale. » La Grâce de l’Etat, Grasset, 1981, pages 157-158
http://www.causeur.fr/francoise-cachin-l%e2%80%99intransigeante,9335
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Pour faire réellement face au Front national
28/03/2011 11:11
Une tribune de Julien Landfried, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen, parue sur Rue89, dimanche 27 mars 2011. L'espace politique que Marine Le Pen semble conquérir témoigne d'une radicalisation du monde du travail face à la globalisation financière, l'euro et le libre-échange. Une gauche regardant le monde tel qu'il est devrait y répondre politiquement. Cela implique de rompre avec l'état d'apesanteur dans lequel elle s'est enfermée.
Il aura fallu attendre les analyse stimulantes de Christopher Caldwell parues sur Rue89 et dans le Weekly Standard et celle d'Emmanuel Todd sur Marianne2.fr pour sortir du débat convenu qui entoure la montée du Front national.
Le journaliste américain et l'intellectuel français se rejoignent pour décrire la percée de Marine Le Pen comme une réponse populaire à la décomposition des élites (« la dérive du pouvoir » pour Caldwell, une « classe dirigeante incompétente » pour Todd). Celles-ci se révèlent incapables d'assurer un niveau de protection suffisant à un monde du travail broyé par la globalisation financière et le libre-échange.
Pire, elles semblent s'enfoncer dans un déni surréaliste : sur l'euro (qui nous « protégerait »), le libre-échange (qui nous spécialiserait sur l'« innovation »), l'immigration (aux effets nécessairement bons). Les souffrances des classes populaires et des classes moyennes sont euphémisées : on parle de « sentiment » de déclassement ou d'insécurité pour ne pas avoir à leur apporter une réponse politique.
La zone euro, machine à accélérer les divergences Commençons par l'euro. Depuis son instauration, non seulement la désindustrialisation de l'économie française s'est poursuivie, mais elle s'est accélérée. La zone euro, loin de faire converger ses économies, fonctionne en réalité comme une machine à accélérer les divergences. Le seul mécanisme d'ajustement qui demeure est celui de la baisse des salaires et des niveaux de vie (salariat allemand, et désormais grec, portugais, espagnols, etc.).
Le « pacte de compétitivité » conclu entre Mme Merkel et M. Sarkozy est de ce point de vue la dernière erreur en date des élites politiques françaises : mentalité de rentier, privilégiant les possédants sur le salariat et les entrepreneurs. Est-il besoin de le préciser ? Ce « pacte » n'améliorera en rien la compétitivité de l'économie française qui souffre avant tout d'un taux de change de l'euro trop élevé au regard de sa spécialisation.
Soit la France discute fermement avec le gouvernement allemand (peut-être plus accommodant après 2013) pour réorienter l'euro (euro faible, statuts de la Banque centrale européenne réformés dans le sens de l'emploi, restructuration d'une partie des dettes publiques). Soit, si le dialogue s'avérait impossible et les différences de projection entre les deux voisins trop grandes (on pense en particulier à la démographie), il faudrait que la France reprenne sa liberté monétaire et pour tout dire, reprenne ses affaires en main, avec les responsabilités que cela implique (en particulier quant à la compétitivité de son économie et aux niveaux de ses déficits).
Le monde du travail sent bien que sans base industrielle solide, le financement de la protection sociale et des retraites fait défaut. Et ce n'est pas l'incantation à une « Europe sociale » ou à un « smic européen », propositions surréalistes dans le contexte politique européen actuel, qui peuvent ramener les couches populaires vers un vote plus raisonnable. L'« irreal politik » européenne (pour reprendre l'expression d'Hubert Védrine) n'est pas une politique.
Face au libre-échange, reconquérir un appareil industriel Le libre-échange, ensuite. L'idée que, dans le libre-échange actuel, l'Amérique du Nord et l'Europe se spécialiseraient sur l'innovation tandis que l'Asie serait l'atelier du monde, ne résiste pas à l'analyse. L'Asie sera demain la plus grande concentration de chercheurs et de techniciens de l'histoire : elle sera à la fois le premier centre de production et le premier centre de recherche. Il est donc aberrant de continuer à fonctionner en système parfaitement ouvert avec des économies, elles, ouvertement protectionnistes (le cas de la Chine est bien entendu emblématique).
La gauche doit donc comprendre que la défense du monde du travail passe d'abord par une stratégie de défense du tissu industriel (en particulier des PME sacrifiées par les grands groupes), puis par une reconquête d'un appareil industriel digne de ce nom.
A cet égard, toutes les mesures favorisant l'industrie nationale sur la compétition étrangère doivent être mobilisées, sans à priori : on pense à la TVA sociale, mais aussi à des mesures permettant au capitalisme familial (qui fait la force de l'Allemagne) de prospérer. Mais rappelons-le, aucune issue n'existe sans un taux de change moins élevé pour nos produits (euro réformé ou plan B, comme évoqué précédemment).
Pour faire face au Front national, qui n'a évidemment pas les moyens de répondre à la crise du capitalisme mondialisé, les élites françaises, et singulièrement les élites de gauche, doivent abandonner certaines vieilles lunes (Todd parle de « concepts-zombies ») et accepter de protéger à nouveau les gens ordinaires. Telle est la véritable stratégie qui permettra non de se donner bonne conscience, mais de renouer avec un peuple, qui demeure, en dernière analyse, le souverain en démocratie.
------- source : Rue89
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Dominique de Villepin sur Canal+
28/03/2011 11:06
Dominique de Villepin était, ce lundi matin, l'invité de La Matinale de Canal+. Il a estimé aujourd'hui que le revers de l'UMP aux cantonales était "un avertissement très solide" à Nicolas Sarkozy et sa majorité qui, selon lui, ont eu tort de "braconner sur les terres" du Front national.
Vous pourrez revoir l'émission en cliquant ici.
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Cantonales/UMP: "un avertissement"
L'ancien premier ministre Dominique de Villepin (RS) a estimé aujourd'hui que le revers de l'UMP aux cantonales était "un avertissement très solide" à Nicolas Sarkozy et sa majorité qui, selon lui, ont eu tort de "braconner sur les terres" du Front national.
Pour éviter le scénario d'un FN présent au 2nd tour de la présidentielle, "on fait différemment. D'abord on évite d'encourager le Front national, c'est-à-dire de braconner sur ses terres, on évite de céder à la tentation d'une surenchère identitaire sur des sujets comme l'immigration ou la sécurité", a déclaré le président fondateur du mouvement République solidaire sur Canal+.
Il faut "aborder ces sujets au fond et pas à travers de faux débats, des polémiques qui ne font que favoriser le Front national", a-t-il dit. Et "on revient surtout aux préoccupations des Français : le logement, l'emploi, le pouvoir d'achat...". "Cela fait quatre ans que j'avertis la majorité et le gouvernement de ce qui est en train de se passer. Aujourd'hui, je ne suis plus tout seul à dire ce que je dis. Au sein même de la majorité, on voit les Radicaux prendre fermement position contre ces surenchères identitaires stériles qui ne font qu'agiter les électeurs sans pour autant faire progresser ni la république, ni la démocratie", a aussi déclaré M. de Villepin.
Quant à dire que Nicolas Sarkozy serait le seul candidat valide pour la droite en 2012, "je crois que c'est une vision un peu simpliste. Aujourd'hui, ce que je vois c'est que le candidat de l'UMP perd dans tous les cas de figure" dans les sondages, a souligné l'ex-chef du gouvernement. Selon lui, seules "des réponses alternatives à la politique qui a été menée" peuvent "permettre de contrer une progression du Front national". Les deux sièges obtenus par le FN "c'est pas le Pérou", a-t-il relativisé, "mais une forte progression en voix, ça c'est beaucoup plus inquiétant".
Source: AFP
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/03/28/1849-dominique-de-villepin-sur-canal
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La France et la Grande-Bretagne, un pôle pour faire exister l’Europe dans le monde multipolaire
28/03/2011 11:04
Original en français de la tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans The Guardian, 26 mars 2011.
Deux grands choix qui ont modelé la politique étrangère française depuis soixante ans ont écarté la France et la Grande-Bretagne l’une de l’autre : celui de la construction européenne, selon la conception de Jean Monnet au lendemain de la seconde guerre mondiale, et celui de l’indépendance nationale voulue par le Général de Gaulle après son retour au pouvoir en 1958. Ces deux choix étaient d’ailleurs contradictoires : le premier, celui d’une Europe intégrée, n’est compréhensible que parce que la France, ayant failli périr deux fois dans la première partie du XXème siècle (en 1914-1918 et en juin 1940), en était arrivée à douter si profondément d’elle-même qu’elle a voulu faire de l’Europe un substitut à la nation (1). Or la Grande-Bretagne ne pouvait accepter de s’effacer ainsi dans une « Europe supranationale ».
Ce n’était d’ailleurs pas non plus la conception du Général de Gaulle qui ne croyait pas à la supranationalité, mais voulait bien faire « l’Europe des nations ». Au-delà, il définissait son objectif comme étant l’émergence d’une « Europe européenne », actrice de son propre destin. C’est là que le bât blessait avec la Grande-Bretagne attachée à sa « relation spéciale » avec les Etats-Unis d’Amérique.
Les cartes sont en train d’être rebattues : La crise de la monnaie unique aujourd’hui, reflète l’impasse de l’Europe supranationale. L’Allemagne se disait fédéraliste à l’époque où elle était divisée. Le projet français de noyer la réunification allemande dans une Europe fédérale (c’était l’objet du traité de Maastricht), a aujourd’hui fait long feu. Cela était prévisible depuis longtemps. Curieusement, c’est le moment historique qu’a choisi le Président Sarkozy pour faire réintégrer la France à l’organisation militaire de l’OTAN, au prétexte bizarre de faciliter l’émergence d’une « défense européenne ».
La diplomatie française a donc doublement « la gueule de bois » comme disent les amateurs d’alcool: l’Allemagne a entraîné l’Europe (en tout cas la zone euro) dans une surenchère de rigueur qui conduit à une régression économique et sociale dont on ne voit pas l’issue. La France n’ose pas contester vraiment la politique de Madame Merkel, parce qu’elle hésite à remettre en cause des règles du jeu des traités européens d’essence néo-libérale que François Mitterrand a acceptées au départ en pensant pouvoir les changer le moment venu, mais qui se révèlent aujourd’hui tout à fait inadaptées et impossibles à modifier substantiellement : la monnaie unique est une monnaie surévaluée qui asphyxie toutes les économies européennes, en dehors de celle de l’Allemagne. L’euro est une variable d’ajustement entre le dollar et le yuan chinois : la zone euro est prise dans les tenailles du G2 (la « Chinamérique »). Il est tout à fait improbable que le G20 arrive à desserrer cette tenaille : l’Europe, marché offert, se désindustrialise et, à l’échelle mondiale, se marginalise.
De même, en vertu des règles posées à Maastricht, la Banque Centrale Européenne ne se croit pas autorisée à intervenir sur les marchés de la dette pour casser la spéculation et sauver l’euro. Celui-ci semble condamné, si les règles du jeu n’en sont pas profondément modifiées. Peut-être n’est-il pas trop tard pour réfléchir à une organisation monétaire de l’Europe qui organise la coopération entre la Grande-Bretagne et l’Europe continentale. Mais cette occasion viendra à son heure…
Au moment où son projet européen bat de l’aile, la France s’est mise à la remorque de la politique extérieure américaine. Mais les Etats-Unis se soucient de moins en moins de l’Europe. Ils sont de plus en plus tournés vers le Pacifique et obsédés par la montée inéluctable de la Chine. La diplomatie française a provisoirement perdu ses marques par rapport aux deux grands projets qui l’avaient vertébrée depuis un demi siècle, mais elle pourrait les retrouver assez vite si elle revenait à la conception d’une « Europe des nations » à la mode gaulliste, l’ « Europe européenne » n’ayant plus aujourd’hui le même sens qu’à l’époque de la guerre froide.
Est-ce ce chemin que dessinent les accords franco-britanniques de Londres de novembre 2010 ? Il est sans doute trop tôt pour le dire, si souhaitable qu’en soit la perspective. Les relations avec les Etats-Unis d’Obama ne sont pas vraiment une pomme de discorde entre nos deux pays. La Grande-Bretagne cherche à les influencer en se tenant proche d’eux. Et la France poursuit le même objectif par une démarche inverse : l’indépendance, mais dans l’alliance. L’OTAN oui, mais à condition de ne pas compromettre notre influence dans les pays arabes.
Les Etats-Unis n’ont accepté que de donner un « coup de main » limité à la France et à la Grande-Bretagne en Libye. Nos deux vieilles nations doivent, ensemble, relayer le leadership américain en prenant soin de rester dans le cadre de la légalité internationale (la protection des civils) et en rassemblant le maximum de pays arabes, africains et plus généralement émergents, autour d’une politique dont le but ne peut être que de réunir les conditions de l’autodétermination du peuple libyen. Respectons la volonté de démocratie qui s’exprime dans le monde arabe. C’est ainsi que nous préparerons au mieux l’avenir d’une grande Europe démocratique des nations allant de la Méditerranée jusqu’à la Russie. La Grande-Bretagne et la France peuvent jouer ensemble un rôle moteur, non pas tant pour maintenir notre statut que pour permettre à l’Europe d’exister comme « pôle » dans le monde multipolaire de demain.
------ 1) « La France est-elle finie ? » par Jean-Pierre Chevènement - Editions Fayard - Paris - Janvier 2011 => voir l'article en anglais
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