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Euro : réponse à la réponse de Georges à Coralie
10/07/2011 20:38
Il y a quelques jours, Coralie Delaume taquinait NKM dont les arguments pour essayer de disqualifier le retour aux monnaies nationales pourraient laisser penser qu’elle est encore plus incompétente que Marine Le Pen en économie, s’attirant une réponse de Georges Kaplan.
L’économie -1.0
Démagogie ? Incompétence crasse ? Au final, j’en viens à espérer qu’il s’agit du premier... Car si Marine Le Pen a du mal avec l’économie, Nathalie Kosciusko-Morizet semble vouloir descendre encore plus bas pour la critiquer. C’est ainsi qu’elle s’est bien imprudemment avancée sur les plateaux de télévision en sous-entendant que le retour au franc conduirait à une multiplication par 6,5 des prix et donc à une perte dramatique de pouvoir d’achat pour les Français…
Coralie Delaume l’a donc remise à sa place, suivant l’exemple d’Eric Zemmour qui n’a pas été tendre avec la ministre de l’écologie sur le plateau de France 2, ridiculisant sa bien faible argumentation économique et retournant contre elle son exemple de la baguette, qui montre bien que le passage à l’euro a permis une envolée de certains prix. Où l’on comprend que l’économie n’est pas une matière nécessaire pour entrer à Polytechnique, semble-t-il…
Un nouveau franc pas si mini que ça…
Georges Kaplan en profite pour faire un sort aux partisans d’une transformation de la monnaie unique en une monnaie commune accompagnée d’un retour aux monnaies nationales. Son premier argument est d’évoquer une dévaluation du franc de 25% par rapport à l’euro. Or on peut argumenter que le franc ne dévaluerait pas. Miracle ? Tour de passe-passe médiatique ? Non, même la banque ING confirmait un tel scénario dans ses prédictions.
En effet, la France se trouve au centre de gravité de la monnaie unique, entre la fourmi allemande et les cigales du Sud. Résultat, si l’euro éclate, le mark nouveau sera réévalué, les peseta, lire, escudo et drachme nouveaux seront dévalués. Et au milieu, notre nouveau franc devrait rester à parité avec l’ancien euro monnaie unique, devenue monnaie commune composée de fractions des nouvelles monnaies nationales. La dévaluation du franc serait limitée au mark et au florin…
Georges au pays des merveilles libérales
Georges poursuit en nous expliquant bizarrement que les déficits commerciaux n’ont aucune importance. Il n’y aurait pas de problème quand la France vend pour 34,2 milliards d’euros et achète pour 41,6 milliards de produits, laissant un déficit de 7,4 milliards en mai. Bien sûr, nous pouvons nous endetter à l’extérieur ou vendre nos bijoux de famille pour combler ce trou. Mais in fine, il y a quand même appauvrissement puisque le pays s’endette vis-à-vis de l’extérieur pour financer ce déficit.
Puis il critique la proposition de revenir sur la loi de 1973 permettant à la Banque Centrale de financer l’Etat. Il agite le spectre de l’hyper-inflation et de la spoliation des épargnants. Tout d’abord, c’est le système actuel qui a permis l’hyper-inflation du prix de nombreux actifs depuis une quinzaine d’années, aboutissant à différents krachs. Ensuite, la monétisation peut être conduite de manière responsable et elle peut permettre d’éviter la déflation en cas de baisse de la masse monétaire.
Enfin, je ne peux pas résister à l’envie d’évoquer la théorie des Zone Monétaire Optimale, évoquée par des économistes libéraux comme Jean-Jacques Rosa, Alain Cotta ou Gérard Lafay, selon laquelle il est absurde d’avoir une seule monnaie pour des pays aussi hétérogènes que ceux de la zone euro. Et je suis curieux de savoir quels seraient les moyens, pour lui, de faire fonctionner l’euro avec tous les travers que nous amène cette construction baroque et artificielle.
Non, Georges, la fausse bonne idée, ce n’est pas le retour aux monnaies nationales, c’était la création de l’euro. En outre, quelle est la crédibilité de ceux qui nous avaient promis croissance et emplois avec l’euro quand ils nous prédisent aujourd’hui l’apocalypse si nous le quittions ?
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Pour Juncker, la Grèce devra se résoudre à perdre une grande partie de sa souveraineté
10/07/2011 20:29
Après le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide internationale de 12 milliards d'euros pour la Grèce au cours du week-end, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a prédit que le pays sera confronté à de sévères limitations de sa souveraineté, comparant la situation d'Athènes à celle de l'Allemagne de l'Est après la réunification.
Dans un entretien publié dimanche dans le magazine allemand Focus, M. Juncker explique que "la souveraineté de la Grèce sera énormément restreinte" en raison de "la vague de privatisations à venir" d'un montant de 50 milliards d'euros. "Il serait inacceptable d'insulter les Grecs mais il faut les aider. Ils ont dit qu'ils étaient disposés à accepter le savoir faire de la zone euro", a observé Jean-Claude Juncker.
Dans le cadre des mesures d'aide financière de la part de l'UE et du FMI, le Parlement grec a notamment voté la création d'une agence de privatisation. Cette agence, pilotée par des experts européens, sera fondée, selon les dires de M. Juncker, "sur le modèle de la 'Treuhand' allemande", cet organisme qui avait vendu 14 000 firmes est-allemandes de 1990 à 1994. Des privatisations qui doivent commencer "immédiatement", selon le ministre des finances allemand, Wolfgang Schauble.
"LES SALAIRES ONT AUGMENTÉ DE 106,6 % EN 10 ANS"
La Treuhand était censée revendre les actifs publics en faisant un bénéfice mais elle a clôturé ses comptes sur un énorme déficit de 270 milliards de marks (172 milliards de dollars ou 118,4 milliards d'euros). Quatre millions d'Allemands étaient salariés des entreprises passées dans le giron de la Treuhand en 1990. Seulement 1,5 million d'emplois demeuraient lorsque l'agence ferma en 1994.
Dans les colonnes de Focus, Jean-Claude Juncker souligne néanmoins que la Grèce est pour une bonne part responsable de sa crise. "De 1999 à 2010, les salaires ont augmenté de 106,6 % alors même que l'économie ne se développait pas au même rythme. La politique des revenus était totalement hors de contrôle et ne reposait en rien sur [les gains de] productivité".
Désormais, l'Eurogroupe envisage un second plan d'aide à la Grèce, dont les grandes lignes ont été discutées samedi. Le secteur financier, par la voix de l'Institut de la Finance internationale (IIF), a fait savoir qu'il était prêt à s'engager dans un effort "volontaire, coopératif, transparent et large" pour soutenir la Grèce, via un "rollover" de la dette grecque. M. Juncker s'est dit convaincu que les mesures prises pour aider la Grèce "résoudrait la question grecque".
lemonde.fr - 3 Juillet 2011
http://blogrepublicain.hautetfort.com/
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La Grèce ou le théâtre d'ombres européen
10/07/2011 20:21
Alors que l'Europe vient d'adopter un nouveau plan de sauvetage pour la Grèce, Roland Hureaux juge cet acharnement thérapeutique inutile. Selon lui, même si l'Allemagne, mais aussi la France, cherchent à sauver la face, les dirigeants européens savent pertinemment que la situation est désespérée et devraient plutôt songer à préparer l'après-euro.
Que la situation de la Grèce soit désespérée - au moins si on pense que son salut est de rester dans l’euro – qui en doute encore ? Des taux d’intérêts de plus en plus élevés, des plans d’austérité qui l’enfoncent dans la récession, un endettement de plus en plus lourd, une population de plus en plus révoltée par les médecines de la BCE et du FMI : qui peut sérieusement croire que la Grèce s’en sortira sans quitter l’euro ?
Si elle quitte l’euro, la pilule sera certes au moins aussi amère pour elle, ce que ne manquent pas de rappeler les partisans de la monnaie unique, mais elle lui laissera au moins l’espoir d’un redressement, espoir qui, dans la situation actuelle, n’existe pas.
Il est impossible que ceux qui nous gouvernement ne sachent pas tout cela. Alors, pourquoi prolonger la vie du moribond, de plan de sauvetage en plan de sauvetage, comme viennent de le faire encore les Européens la semaine dernière ?
L’aide apporte à la Grèce est certes conditionnée par des exigences chaque fois plus rigoureuses ; mais personne ne pense plus sérieusement que ces exigences, qui surpassent largement les capacités de l’économie et de la société grecque, seront jamais satisfaites.
En fait, ces exigences servent surtout à sauver la face des principaux décideurs. Elles permettent à Angela Merkel qui, au fond, sait qu'elle ne pourra pas refuser une aide supplémentaire, de la faire accepter à une opinion réticente. En France où l’aide est, au contraire, plutôt populaire (par l’inconscience de l’opinion !), le président se valorise en paraissant faire plier l’Allemagne, alors qu’au fond, les positions des deux pays sont identiques.
Pourquoi cette comédie ?
D’abord, parce que les dirigeants occidentaux peuvent légitimement craindre que l’effondrement de la Grèce (qui pèse tout de même plus que Lehman Brothers) ait des conséquences incalculables et cela, bien au-delà de l’Europe. Cet effondrement peut relancer la crise mondiale, provoquer une nouvelle panique boursière ou bancaire. On comprend que personne ne veuille prendre la responsabilité de déclencher un tel cataclysme, même en sachant la fin de l’euro inévitable.
En France et en Allemagne, la menace se trouve redoublée du fait de l’engagement des banques auprès de l’Etat grec. La faillite de la Grèce ne serait-elle pas aussi celle du Crédit agricole et de la BNP-Paribas ? On peut le craindre. Bien sûr, l’Etat viendra à leur secours, mais comme les règles du jeu entre les Etats et le système bancaire n’ont pas été posées clairement depuis la dernière crise, tout le monde est dans l’incertitude. Les Etats font comme si leur appui à un système bancaire défaillant n’était pas acquis d’avance ; ils se gardent, sans doute faute de courage politique - ou même d’indépendance - face au lobby bancaire, d’en poser les conditions (qui pourraient être par exemple une participation au capital et une amputation des bonus au prorata de l’aide !). La véritable incertitude, paradoxalement, ce n’est pas la Grèce : toute personne sensée sait qu’elle ne remboursera pas ; c’est ce qui se passera après – or cela, c’est précisément ce qu’on devrait prévoir et qu’on ne prévoit pas.
Ajoutons que dans les méandres du système bancaire international, les obligations grecques, comme les subprimes américaines, sont, tant que la Grèce ne s’est pas effondrée, plus rentables que d’ autres placements. Dans un portefeuille, les obligations grecques viennent, selon l’expression des traders, « dynamiser » la gestion des portefeuilles : tant que la pauvre n’est pas mort, l’usurier fait son beurre… S’il n’y avait que des emprunteurs solvables, le métier n’aurait, au sens propre, pas d’intérêt !
La crédibilité de la classe politique en cause
Mais par derrière ce qu’il faut bien appeler un acharnement thérapeutique, se trouve aussi le fait que la classe politique de toute l’Europe occidentale a engagé sa crédibilité sur l’euro, comme la classe politique de l’Union soviétique sous Brejnev avait engagé sa crédibilité sur la théorie communiste. Cela entraîne une incapacité intellectuelle à voir au-delà et donc le refus collectif de considérer que le système pourrait avoir une fin.
Je demandai une fois à un proche de Sarkozy ce qu’il ferait si l’euro s’effondrait avant mai 2012. Il me répondit tout à trac : « Combien faut-il mettre au pot pour que l’euro tienne jusque là ! ». Etonnante réponse ! Il aurait pu dire : le président est un leader de crise, il saura bien gérer ce genre de situation. Non : le scénario d’une élection présidentielle française après un éclatement de l’euro, pour un certain establishment, est inenvisageable. Le débat sur ce sujet capital est tout aussi absent - qui s’en étonnera ? - de la primaire socialiste.
Autre question : qu’est-ce donc qui peut mettre un terme à cette politique de sauvetage à la petite semaine et donc précipiter la fin de l’euro ? Une partie de la réponse réside dans le peuple grec : s’il se révolte de manière si violente que les engagements de son gouvernement perdent toute crédibilité, peut-être la communauté internationale se rendra-t-elle à l’évidence ? Une autre partie se trouve chez les juristes allemands. Certes, la classe politique allemande est aussi mouillée dans l’euro que la française et, même si elle a l’air de se laisser tirer l’oreille, la chancelière Merkel boira, n’en doutons pas, le calice jusqu’à la lie, pour les mêmes raisons que son homologue français. Une action a toutefois été engagée devant le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe par un groupe d’économistes et de juristes hostiles à l’euro. Le même groupe avait déjà fait admettre à la cour suprême allemande que le droit européen n’était pas opposable à un certain nombre de droits fondamentaux du peuple allemand (alors qu’en France, le Conseil constitutionnel a pris le parti inverse : rien n’est opposable au droit européen). Il essaye maintenant de faire reconnaître, au nom du droit de propriété et donc de la stabilité de la monnaie, que l’aide à la Grèce et aux autres PIIGS est illégale : à la fois contraire au traité de Lisbonne et au droit de propriété, car inflationniste. Jacques Sapir a montré comment le seul moyen de sauver encore quelque temps l’euro était de monétiser la dette des pays les plus vulnérables et donc de lancer l’Europe dans une spirale inflationniste. C’est ce que les Allemands dont nous parlions voudraient interdire. L’affaire a été plaidée le 4 juillet. Si elle aboutit, les mains de la chancelière seront liées. Existe enfin la possibilité que des fonds de placement off shore , étrangers à la zone euro et mal contrôlés par l’establishment anglo-américain - s’il en existe - précipitent la crise en anticipant l’impossibilité de la régler, du fait du peuple grec, des juristes allemands ou de toute autre cause. Ou que tout simplement les agences de notation anticipent ces anticipations : c’est ce qu’elles commencent à faire avec le Portugal ; des voix s’élèvent déjà pour les réformer ! Face la montée de la fièvre, il en est toujours pour casser le thermomètre.
Il n’y a pas de cas, aucun médecin ne nous contredira, qu’un abcès ne finisse pas par crever. C’est pourquoi, si la classe politique européenne est encore responsable, elle devrait déjà s’attacher à préparer l’après-euro.
Roland Hureaux - Tribune
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Insécurité : la grande faillite de Nicolas Sarkozy
09/07/2011 20:09
Cela aura été une des polémiques de la semaine : la Cour des Comptes a publié un rapport au vitriol sur les forces de sécurité publique, dénonçant vertement la politique du gouvernement. Elle critique les manipulations des statistiques ainsi que la politique menée sur le terrain.
Un bilan en trompe-l’œil
Nicolas Sarkozy a réussi à se faire élire en 2007 en partie grâce au bilan qu’il a vendu de son action au ministère de l’intérieur. L’ancien ministre avait réussi à vendre son agitation législative et communicante en affichant fièrement une baisse globale de la délinquance de 9% de 2001 à 2006, cassant la progression enregistrée alors que Lionel Jospin était premier ministre. Mais cette version des faits ne résistait pas à une analyse des chiffres même du ministère.
En effet, en mars 2007 j’avais étudié les chiffres avancés par la place Beauvau et j’avais constaté que si le chiffre global baissait, c’était notamment parce que les vols de voiture ou les cambriolages baissaient (du fait de la plus grande sophistication des équipements) alors qu’en revanche, les violences aux personnes avaient continué leur progression. Les coups et blessures non liés à un homicide s’étaient alors envolés de 41% (de 116 à 164 mille) sur la même période.
C’est exactement ce qui continue depuis 2007 : le chiffre global de la délinquance poursuit sa baisse régulière, dans un mouvement dont la maîtrise semble bien suspecte, et les violences aux personnes continuent de progresser. Il y a eu une progression de 18% des coups et blessures de 2006 à 2009 pour un total de 193 mille, soit une progression de 70% en huit ans. Bref, paradoxalement, nous étions beaucoup plus sûrs quand le PS était aux affaires…
Un gouvernement inefficace
Claude Guéant a beau monter sur ses grands chevaux, le bilan de Nicolas Sarkozy sur cette question est catastrophique. Le chiffre des violences aux personnes est doublement significatif. Tout d’abord, il rassemble les actes qui contribuent le plus au sentiment d’insécurité, des actes plus traumatisants. D’ailleurs, de manière inquiétante, le chiffre des violences non crapuleuses (violences gratuites) s’est envolé, passant de 155 à 240 mille de 2002 à 2008.
Mais surtout, ce sont des actes où il est beaucoup plus difficile de trafiquer les statistiques. Le rapport de la Cour des Comptes estime "que les statistiques départementales présentent parfois une grande instabilité, qui peut faire douter de leur fiabilité", rejoignant les dires du criminologue Alain Bauer pour qui « le dispositif statistique national a été le plus souvent utilisé, depuis 1945, pour ne pas dénombrer la réalité mais pour la mettre en scène ».
La cour des Comptes questionne également la pertinence de la politique suivie, critiquant la faible présence des policiers sur le terrain, leur mauvaise répartition et le manque d’efficacité de la vidéo surveillance. On pourrait ajouter, comme le fait Nicolas Dupont Aignan dans un communiqué de presse publié sur le site de Debout la République que la baisse des effectifs est absolument anormale étant donné la montée permanente des violences aux personnes.
Merci à la Cour des Comptes de dénoncer officiellement les tricheries du gouvernement et sa mauvaise politique en matière d’ordre public. Cela fait maintenant environ neuf ans que Nicolas Sarkozy est en charge de notre sécurité et l’agitation ne saurait camoufler un bilan calamiteux.
Laurent Pinsolle
Photo : http://www.lalsace.fr/actualite/2011/02/28/alliot-marie-et-hortefeux-s-en-vont-gueant-arrive-juppe-au-quai-d-orsay
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/insecurite-la-grande-faillite-de-97341
Merci à Clément dont j’ai utilisé les travaux pour nourrir ce papier
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Raffarin avoue tout : en plus des électeurs, il faut séduire les fonds de pension !
08/07/2011 11:32
Gagné par un excès de franchise, l’ancien Premier ministre a expliqué que lors de la prochaine présidentielle, les électeurs français auront autant leur mot à dire que… les créanciers du pays ! Mais plutôt que de s’offusquer de cette perte de souveraineté, Raffarin appelle à caresser dans le sens du poil les fameux marchés…
On connaissait Jean-Pierre Raffarin en grand spécialiste de la phrase sinueuse et imagée, en expert en langue de chêne massif et en circonvolutions. Mais ce matin, sur RTL, l’ex-Premier ministre y est allé, sans tortiller de l’arrière-train, de ces petites vérités qui font mal à entendre.
Après avoir salué le « métier difficile » (sic) des agences de notation, voilà qu’il nous dit tout haut le rôle déterminant et désastreux que ces organismes-là ont désormais sur la vie politique de notre pays : « Au fond, dans le passé, l’élection présidentielle dépendait d’un seul facteur : l’avis des électeurs. Maintenant, l’élection présidentielle dépend de deux facteurs : l’avis des électeurs, mais aussi l’avis des prêteurs. Nous sommes endettés comme tous les pays endettés. Pour que notre pays marche, il faut que certains lui prêtent de l’argent. Ce “certains”, ce sont des fonds de pension, ce sont des retraités, ce sont des acteurs mondiaux, ce sont surtout des acteurs hors de France. Ces acteurs-là, ils ont leur avis sur l’économie française. »Mais plutôt que de s’insurger contre ce déni de démocratie fait aux Français (puisqu’il s’agit bien d’une perte de notre souveraineté au profit des fameux marchés), Jean-Pierre Raffarin préfère servir la soupe à nos « prêteurs » : « Il va falloir faire des promesses de bonne gestion, des promesses d’équilibre budgétaire, de rigueur budgétaire, de réforme ».
On savait déjà pertinemment que l’UMP ferait campagne sur ce thème-là face au candidat socialiste. La sortie de Raffarin au micro d’Aphatie n'en est finalement qu'une éclatante confirmation. « Voter PS, répèteront jusqu’à plus soif les pontes de la majorité, c’est prendre le risque de nous fâcher tout rouge avec les agences de notation et de voir la note de la France dégradée ». Ou comment faire passer le débat politique sous les fourches caudines de la dette et des marchés. Ou comment même le faire disparaître des écrans radars de la campagne. Nicolas Sarkozy et l’UMP n’ont d’ailleurs aucun intérêt à ce qu’il y ait un vrai débat politique. Il n’y a qu’à voir avec quelle délectation la droite va de l’avant vers la présidentielle pendant que les dirigeants PS, eux, sont empêtrés dans l’affaire DSK.
Les socialistes ont d'ailleurs intégré depuis de long mois que la campagne se fera sur ce terrain-là, qu’il leur faudra apparaître plus « responsables » que jamais pour ne pas effrayer les marchés. Depuis plus d'un an, il parle de « période d’argent public rare ». Bien avant même sa déclaration de candidature à Lille, la première d'entre eux, Martine Aubry, affirmait déjà plus ou moins dans ses discours que « tout ne sera évidemment pas possible tout de suite »...
Ce matin donc, Raffarin nous a prévenu de la teneur de la campagne à venir. Il s’est montré d’une franchise qu’on ne lui connaissait pas. Mais au moins le fait-il aussi envers son propre camp ! Lorsque Jean-Michel Aphatie lui fait par exemple très justement remarquer que nous avons eu droit à « cinq ministres des Affaires européennes en quatre ans » et que le dernier en date, Jean Leonetti, comme un « symbole », est « spécialiste de la fin de vie », Raffarin dégaine sa franchise toute neuve et pas encore usée : « Ce qui compte, c’est que c'est Alain Juppé qui est à la tête de ce dossier et je peux vous dire que, lui, ses convictions européennes sont affirmées ». Leonetti appréciera…
Gérald Andrieu - Marianne
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