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Maurice Allais, résistant
10/03/2011 15:24
Maurice Allais, résistant
Par Gaël Nofri
Paradoxe français, Maurice Allais était le seul économiste français à avoir reçu le prix Nobel d’économie, mais aussi le seul dont aucun de nos dirigeants politico-médiatiques n’aient jamais voulu écouter les analyses et les réflexions. C’est que, n’appartenant à aucune famille politique, l’homme n’hésitait pas à prendre des positions iconoclastes, au risque de choquer par la liberté de ses analyses : il s’était notamment exprimé en faveur de la défense de l’agriculture française par la mise en place d’une « préférence locale » ou encore pour la préservation de l’industrie nationale par une politique protectionniste qu’il jugeait « non seulement justifiée, mais absolument nécessaire ».
Un intellectuel qui, quoique se définissant lui-même comme libéral, n’était pas un adversaire acharné de la notion même de frontière dénotait dans le paysage français. Loin de l’idée largement répandue par les adeptes de la « bien-pensance » selon laquelle l’idée nationale, la protection des économies et le maintien des frontières étaient l’apanage de sous-diplômés, alcooliques, ignares et limités, le personnage de Maurice Allais rassurait. Il rassurait tous les Français qui pensent que la zone euro, la construction européenne sans cesse élargie et la mondialisation sans frontière ne sont pas des choix économiques pertinents.
Résistant, mais terroriste aux yeux des élites médiatico-financières, Maurice Allais avait été condamné par les gardiens vigilants des dogmes mondialistes. Car dans le monde qui nous dirige, et la crise récente l’a encore prouvé, nul ne cherche à écouter des économistes qui « raisonnent juste » ; ce que l’on exige ce sont des théoriciens qui vont dans « le bon sens ». Qu’importe l’erreur, et même si le système s’effondre, on prend les mêmes et l’on recommence, comme si de rien était, comme si les réalités vécues ne comptaient pas et que seule importait la chimère des lendemains sans frontière, d’un monde apatride et donc forcément plus heureux…
Que l’on soit tout ou partie d’accord avec lui, Maurice Allais était un grand français qui eut, outre sa réflexion et son Nobel, l’immense mérite de nous rappeler qu’une contestation est toujours possible et que les schémas que l’on nous impose peuvent, et méritent, d’être remis en cause.n
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Chronologie de la 5e République sous Charles de Gaulle (3)
10/03/2011 15:15
Janvier à juin 1959

Charles de Gaulle, premier Président de la Ve République

15 janvier. Michel Debré à l’Assemblée nationale.

le pape Jean XXIII

Houphouët-Boigny

Anthony Eden

Léon Noël, premier Président du Conseil constitutionnel de la Ve République
* Léon Philippe Jules Arthur Noël est un diplomate et homme politique français, né le 28 mars 1888 à Paris, décédé le 6 août 1987 aux Monins à Toucy (Yonne). Haut fonctionnaire puis ambassadeur avant-guerre, il représente le ministère des Affaires étrangères lors de la négociation d’armistice dans la clairière de Rethondes en mai 1940 qu’il refuse de signer. Engagé dans la Résistance, gaulliste, il sera le premier président du Conseil constitutionnel de la Ve République de 1959 à 1965.
** Comme lors des élections municipales du mois précédent, on retrouve une certaine stabilité dans la répartition des sièges, qui reste conforme à celle du dernier Conseil de la République de la IVe République puisque 84 % des sortants sont réélus. La gauche conserve 40 % des sièges et compense partiellement sa déroute des législatives de 1958. Nombre de députés battus aux élections législatives précédentes retrouveront d’ailleurs, à cette occasion, un nouveau mandat : Jacques Duclos, Gaston Defferre, Edgar Faure, François Mitterrand, etc.
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1er janvier : La France accepte la mise en vigueur d’une première phase du Marché commun. À Cuba fuite du général Batista, proaméricain, remplacé par Fidel Castro, « progressiste». 3 janvier : Troubles au Congo belge, notamment à l’instigation de Patrice Lumumba, « progressiste ». Instruction personnelle au général Maurice Challe.
6 janvier : Ordonnance prolongeant la scolarité obligatoire jusqu’à seize ans.
7 janvier : Ordonnance portant sur l’intéressement des travailleurs aux profits des entreprises.
8 janvier : Le général de Gaulle prend ses fonctions de président de la République et de la Communauté française, nomme M. Michel Debré Premier ministre et prend des mesures de clémence à l’égard de rebelles algériens.
9 janvier : Formation du gouvernement de M. Debré.
10 janvier : Nomination de M. Raymond Janot au secrétariat général de la Communauté. Ordonnance sur l’organisation générale de la Défense. M. Khrouchtchev propose un projet de traité de paix avec les deux Allemagnes et la création d’une ville libre de Berlin.
13 janvier : Mesures d’amnistie
14 janvier : Signature d’un accord culturel, scientifique et technique franco-soviétique. Entretiens avec M. Tsiranana, président de la République malgache, et avec M. Fanfani, président du Conseil italien.
15 janvier : Message du général de Gaulle au Parlement réuni en session extraordinaire. Discours de Michel Debré.
17 janvier : Le Soudan et le Sénégal forment la fédération du Mali projetée en conférence à Bamako les 29 et 30 décembre précédents. De Gaulle écrit au général d’armée Ely (Sujet : l’Algérie)
20 janvier : Voyage aux États-Unis et entretiens avec M. Dulles et M. Mikoyan, ministre soviétique.
30 janvier : Allocution radiotélévisée du général de Gaulle notamment sur le principe de la séparation des pouvoirs.
31 janvier : Désignation des ministres chargés des affaires communes de la Communauté (défense, diplomatie et monnaie).
3-4 février : Première session du Conseil exécutif de la Communauté.
5-10 février : Entretiens du général de Gaulle à l’Élysée avec MM. Dulles, secrétaire d’État aux États-Unis, Boganda, président de la République centrafricaine, Moktar Ould Daddah, Premier ministre de Mauritanie., Mamadou Dia, Premier ministre du Sénégal, Yaméogo, Premier ministre de Haute-Volta, et Tsiranana, président de la République malgache.
14-17 février : Voyage du général de Gaulle à Toulouse (Haute-Garonne), à Perpignan (Pyrénées-Orientales), à Foix et Pamiers (Ariège), à l’Isle-Jourdain, Auch et Mirande (Gers), à Tarbes (Hautes-Pyrénées), à Billère, Lacq, Mourenx et Pau (Pyrénées-Atlantiques).
19 février : La Grande-Bretagne accorde l’indépendance à Chypre en y conservant deux bases.
20 février : Nomination des membres du Conseil constitutionnel par les présidents de la République, du Sénat et de l’Assemblée nationale. M. Léon Noël* est nommé à sa présidence.
21 février : Visite du général de Gaulle à l’École normale supérieure.
21 février-3 mars : Voyage à Moscou de M. Macmillan, Premier ministre britannique, illustrant la détente après la crise de Berlin.
28 février : Entretien du général de Gaulle à l’Élysée avec M. Spaak, secrétaire général de l’OTAN.
2-3 mars : Deuxième session à Paris du Conseil exécutif de la Communauté.
4 mars : Entretien du général de Gaulle à Marly avec le chancelier Adenauer.
7 mars : Les forces françaises navales de la Méditerranée sont retirées au commandement de l’OTAN.
8-15 mars : Élections municipales. Environ 40 % des élus sont favorables au gouvernement.
10 mars : Entretien du général de Gaulle à l’Élysée avec M. Macmillan.
11 mars : Lettre de Charles de Gaulle au président Eisenhower concernant la politique allemande
12 mars : Entretien du général de Gaulle à l’Élysée avec M. Houphouët-Boigny, ministre d’État du gouvernement français et Premier ministre de la Côte-d’Ivoire.
19 mars : Insurrection au Tibet menée par les lamas et progressivement écrasée par l’armée populaire chinoise.
20 mars : Entretiens du général de Gaulle à l’Élysée avec MM. Segni et Pella, respectivement président du Conseil et ministre des Affaires étrangères d’Italie, ainsi qu’avec M. Ahidjo, Premier ministre du Cameroun.
25 mars : Conférence de presse du général de Gaulle à l’Élysée, consacrée à la politique étrangère (Berlin, sécurité européenne, ligne Oder-Neisse frontière occidentale de la Pologne), à l’Algérie, à l’OTAN et à l’aide aux pays sous-développés.
13 avril : Entretiens du général de Gaulle avec MM. Senghor, président de l’Assemblée du Mali, Modibo Keita, président du Mali, Mamadou Dia, Premier ministre du Sénégal, et Lamine Gueye, président de l’Assemblée sénégalaise.
16 avril : Conférence arabe au Caire pour la défense des intérêts pétroliers.
16-19 avril : Voyage du général de Gaulle à Sens et Auxerre (Yonne), Clamecy et Nevers (Nièvre), Montluçon, Vichy et Moulins (Allier), Mâcon, Chalon-sur-Saône, Le Creusot et Autun (Saône-et-Loire), Beaune et Dijon (Côte-d’Or).
21 avril : Organisation de la Défense (courrier à Michel Debré)
22 avril : Entretien du général de Gaulle avec le général Vanier, gouverneur général du Canada.
24 avril : Visite de Fidel Castro, chef du gouvernement révolutionnaire cubain, aux États-Unis.
25 avril : Entretien à l’Élysée du général de Gaulle avec sir Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères de Grande-Bretagne. Courrier à Harold Macmillan, premier Ministre de Grande Bretagne.
26 avril : Conformément à la Constitution, renouvellement du Sénat à la suite des élections municipales de mars précédent**.
27 avril : Élection de Liu Shaoqi à la présidence de la république populaire de Chine.
28 avril : Entretien du général de Gaulle à l’Élysée avec M. Herter, secrétaire d’État des États-Unis.
28 avril-6 mai : Le général de Gaulle se rend aux Floralies internationales au rond-point de la Défense, à la finale de la coupe de France de football à Colombes et à la Foire de Paris à la porte de Versailles.
4-6 mai : Troisième session à Paris du Conseil exécutif de la Communauté. Entretiens à l’Élysée avec MM. Houphouët-Boigny, Premier ministre de Côte-d’Ivoire et président du Conseil de l’Entente, Fulbert Youlou, Premier ministre du Congo, David Dacko, Premier ministre de la République centrafricaine, et Moktar Ould Daddah, Premier ministre de Mauritanie.
7-9 mai : Voyage du général de Gaulle à Bourges dans le Cher, à Issoudun et Châteauroux dans l’Indre, à Orléans dans le Loiret, à Blois en Loir-et-Cher, à Tours et Amboise en Indre-et-Loire.
10 mai : Le général de Gaulle préside la cérémonie commémorative de la victoire de 1945 à l’Arc de Triomphe à Paris, reportée au dimanche suivant le 8.
11 mai : Ouverture à Genève de la Conférence des Quatre (États-Unis. URSS, Grande-Bretagne et France), avec participation d’observateurs des deux Allemagnes, sur le statut de Berlin et les traités de paix allemands. Sans résultat, elle sera ajournée le 20 juin.
25 mai : Lettre au général Eisenhower. La France, l’Otan et la Défense.
12 mai-2 juin : Entretiens du général de Gaulle à l’Élysée avec MM. Houphouët-Boigny, président du Conseil de l’Entente, Modibo ibo Keita, président du Mali, S A R Norodom Sihanouk, chef de l’État cambodgien, S A I Reza Pahlavi, chah d’Iran, S A R Moulay Hassan, prince héritier du Maroc.
5-7 juin : Voyage du général de Gaulle à Aurillac, Murat et Saint-Flour dans le Cantal, au Puy et à Brioude en Haute-Loire, à Issoire. Clermont-Ferrand et Thiers dans le Puy-de-Dôme, à Roanne, Saint-Étienne et Saint-Chamond dans la Loire.
9 juin : Visite du général de Gaulle à l’École polytechnique.
10-11 juin : Entretiens du général de Gaulle à l’Élysée avec MM. Modibo Keita, président du Mali, Willy Brandt, bourgmestre de Berlin, et Moktar Ould Daddah, Premier ministre de Mauritanie.
13 juin : Le général de Gaulle visite le Salon de l’aéronautique au Bourget.
18 juin : Le général de Gaulle préside les cérémonies anniversaires de l’appel du 18 juin 1940 à l’Hôtel de Ville de Paris, à l’Arc de Triomphe et au Mont-Valérien.
19 juin : Entretien du général de Gaulle à l’Élysée avec M. Menzies, Premier ministre australien.
20 juin : Allocution du général de Gaulle à la Sorbonne à la distribution des prix du Concours général des lycées, collèges et écoles normales. L’URSS dénonce ses accords nucléaires du 15 octobre 1957 avec la République populaire de Chine.
23-27 juin : Voyage du général de Gaulle en Italie : à Milan le 23 ; à Brescia, San Martino, Solferino et Rome le 24 ; au Capitole de Rome et à la villa Madame le 25 ; au palais Farnèse, ambassade de France où il reçoit MM. Gronchi, président de la République, et Segni, président du Conseil d’Italie le 26 -, au Vatican le 27, où il est reçu par Sa Sainteté Jean XXIII.
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http://www.gaullisme.fr/?p=12873
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Taxe sur les transactions financières européenne: les pour et les contre
10/03/2011 14:16
Mardi a été voté au Parlement européen, par 360 voix contre 299 (et 12 abstentions), un amendement favorable à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières européenne.
Voici les votes des parlementaires européens français:
1) Ont voté pour:
- l'unique élue CAP 21 (Corinne Lepage, élue sous l'étiquette MoDem)
- 3 élus du Front de Gauche sur 5 (Jacky Hénin, Patrick Le Hyaric et Jean-Luc Mélenchon)
- 2 élus FN sur 3 (Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen)
2) Ont voté contre:
- 5 élus UMP sur 29 (Philippe Boulland, Joseph Daul, Jean-Paul Gauzès, Dominique Riquet et Dominique Vlasto)
- l'unique élu MPF (Philippe de Villiers)
3) S'est abstenu:
- un élu FN sur 3 (Bruno Gollnisch)
4) N'ont pas voté:
- 2 élus UMP sur 26 (Rachida Dati et Maurice Ponga)
- 2 élus PS sur 14 (Kader Arif et Stéphane Le Foll)
- 2 élus du Front de Gauche sur 5 (Élie Hoarau et Marie-Christine Vergiat)
Laurent de Boissieu
http://www.ipolitique.fr/
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Le Pen, le Nouvel Obs et Marianne: une leçon d'histoire
10/03/2011 14:03
Dans son dernier numéro, le Nouvel Observateur, par les signatures de Laurent Joffrin et Ariane Chemin, mettent gravement en cause Marianne2 et Philippe Cohen, les accusant de «décontaminer» les idées du Front national. Philippe Cohen leur répond ci dessous.
Quand j’étais petit, j’étais trotskiste. J’ai passé de longues après-midi ensoleillées – je vivais en Provence - à étudier, sous la dictée de brillants intellectuels, comment les staliniens, dans les années 1930, faisaient le lit du fascisme grâce à la fameuse théorie du social-fascisme. En Allemagne, en Italie ou en France, des bureaucrates déguisés en savants marxistes mettaient dans la tête des ouvriers que l’ennemi prioritaire n’était pas constituée par les hordes de chemises brunes qui défilaient dans les rues la main levée, mais par les braves sociaux-démocrates qui détournaient les masses de l’esprit révolutionnaire. Et tandis que la droite proclamait plutôt Hitler que le Front Populaire, les partis communistes beuglaient qu’Hitler était moins dangereux que les chefs des partis socialistes.
C’est à cette leçon d’histoire, grand classique des écoles de formation trotskistes et à cette fameuse théorie du social-fascisme que me fait songer la dernière livraison du Nouvel Observateur de ce matin.
Revenu pour la troisième fois au Nouvel Observateur, il tient à cœur à Laurent Joffrin de réorienter le journal à gauche. Il a donc voulu frapper un grand coup. L’actualité s’y prête quand les pauvres bobos urbains que nous sommes pensent, en s’asseyant sur la banquette du métro, que l’un des quatre voyageurs pourrait voter Marine Le Pen. Donc logiquement, dans un numéro consacré à la montée de la Présidente du FN, le Nouvel Observateur se devait de réfléchir sur les responsabilités de chacun. Le journal pourrait, par exemple, déplorer que ni le PS ni le Parti de Gauche ni Europe Ecologie n’aient lancé de grande campagne d’indignation contre les 83 milliards de profits des entreprises du CAC 40 en 2010 (le double de 2009). Il pourrait inciter ces mêmes partis à dénoncer le fait que, dans la France de 2011, 25% de salariés gagnent moins de 750 euros. Il pourrait remettre en cause la façon dont toute une gauche, qui ne fut pas sous-représentée au Nouvel Observateur, a diffusé l’idée que l’industrie était ringarde et que notre avenir résidait dans les nouvelles technologies et les services.
Or, l'Obs fait tout l’inverse : si Marine Le Pen prospère d'après l'Observateur et Joffrin, ce serait d’abord grâce au travail de « préparation idéologique » menée par des individus louches ... dans mon genre (voir l'article ci-dessous). Une grande partie de l’éditorial de Laurent Joffrin et un article d’Ariane Chemin désignent les anciens de la Fondation Marc Bloch qu’avec quelques amis, j’ai créé en 1998, comme les premiers responsables de la « lepénisation des esprits ». Ceux-là, donc, « décontamineraient la pensée FN ». Passons sur le fait que ladite Fondation n’a jamais été réputée pour accueillir des médecins et des notaires mais plutôt des profs et des journalistes et qu’elle n’existe plus depuis huit ans. Passons sur le fait qu'une enquête élémentaire sur le destin de ses adhérents démontrerait qu'on retrouve beaucoup d'entre eux dans toutes les écuries de la gauche et de la droite, de Mélenchon à Sarkozy en passant par Montebourg, Bayrou,etc.
Contrairement à ce qu’écrivent Laurent Joffrin et Ariane Chemin, je ne me suis jamais revendiqué du souvernainisme ni du national-républicanisme, étiquette qui se voulait infamante inventée par Edwy Plenel en 1998 pour stigmatiser la Fondation Marc Bloch (1) que, déjà à l’époque, les bien-pensants désignaient comme un dangereux rassemblement « rouge-brun ». Et puisqu'elle m'accuse d'être un « passeur » de l’idéologie lepéniste, j’attends d’Ariane Chemin qu’elle communique aux lecteurs du Nouvel Observateur ou de nouvelobs.com les nombreux articles que j’ai écrit sur l’identité nationale ou l’islam. Qu'elle le sâche, il y en a fort peu. Je m'intéresse davantage à la mondialisation et à la crise, souvent, en effet, pour critiquer les faiblesses de la gauche sur ce terrain.
Plus embêtant encore : Laurent Joffrin évoque un « Républicain national de Marianne » derrière lequel les lecteurs de l’Obs n’auront aucun mal à me désigner puisque ma photo figure en gros pour illustrer l’article d’Ariane Chemin. Nous voilà donc ramenés au social-fascisme à la mode Joffrin : je serais donc l’un des « passeurs » de l’idéologie frontiste. Pourquoi ? Quel crime ai-je commis ? Ai-je sauté sur les genoux de Jean-Marie Le Pen ? Suis-je parti en vacances sur son bateau en Méditerranée? Non, j’ai, dans un article publié le 17 janvier, évoqué la « sophistication » du programme mariniste et repéré une influence « chevènementiste ». J’invite donc Laurent Joffrin à lire l’enquête que Marianne publie dans son prochain numéro. Il y lira qu’en effet d’anciens chevènenmentistes influencent aujourd’hui la présidente du Front et font partie de son cabinet.
Voilà plus d’un an en effet que je m’efforce, dans mes articles sur « le relais influent » que constitue selon Ariane Chemin, Marianne2, d’alerter les électeurs de gauche et les républicains en général sur la menace que constitue Marine Le Pen aujourd’hui : un véritable hold up sur la doctrine et les valeurs républicaines. De la même façon que Le Pen père avait préempté le drapeau tricolore abandonné par la gauche dans les années 80, Le Pen fille tente de récupérer la laïcité et l'égalité abandonnées par une grande partie de la gauche au profit de ce qu’elle appelle la diversité, le nouveau concept utilisé pour remplacer la « différence » exaltée dans les années 1980. Qui rend donc un fier service au Front national ? Ceux qui veulent nous rejouer à la virgule près la « quinzaine anti-Le Pen » de 2002 et se contenter de dénoncer la lepénisation des esprits ? Cet anti-fascisme d'opérette a largement fait la preuve de son inefficacité. Le numéro d’anti-fascime signé Joffrin est d’autant plus désolant je partage son analyse sur la responsabilité de la gauche dans la percée mariniste (1): son refus d’accepter que certains quartiers populaires sont moins sûrs que les environs du Flore, son oubli de la nation au profit d’une Europe aujourd’hui en panne, son adhésion totale au libre-échangisme le plus débridé, sa passivité face à la finance, tout cela a éloigné le peuple de la gauche. Celle-ci est donc, tout autant que la droite responsable de la percée lepéniste. Et Laurent Joffrin devrait comme moi dénoncer ces Jean Moulin de pacotille qui, par leur ignorance de la vraie situation du peuple, offrent un boulevard à quatre voix au Front national.
Philippe Cohen - Marianne
(1) Notre ami Régis Debray lui avait fort bien répondu dans un petit livre - Le Code et le glaive, Albin Michel -dont le temps, me semble-t-il, a bonifié la valeur.
(1) J’ai publié quelques livres (Le Bluff républicain en 1997 et Protéger ou disparaître en 1998) et des dizaines d’articles sur ces thèmes.
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Montebourg: pour une diplomatie de transformation du monde
10/03/2011 10:01
Pour Arnaud Montebourg [1], les révolutions arabes ont dévoilé une image ternie d'une diplomatie française qui a renié ses principes. Le socialiste appelle à la réinventer, en la fondant sur les valeurs universelles qui ont été celles de la France.
Nous assistons ces dernières semaines à l’une de ces extraordinaires accélérations de l’histoire, portées par le sursaut de peuples longtemps privés de liberté et d’espoir. En Tunisie, en Égypte et en Libye, la démocratie et la liberté gagnent la bataille des idées. Le torrent démocratique, impétueux et romantique ne s'arrêtera pas là, malgré le prix élevé payé par les peuples. D’Alger à Tripoli, de Sanaa à Amman, les jeunesses arabes protestent pacifiquement pour obtenir la liberté de réclamer leur dû dans le partage inégal de la richesse. Elles utilisent Facebook, Twitter et Wikileaks et partagent avec nous des valeurs qui nous sont chères. Les opinions publiques arabes viennent de monter sur la scène politique, demandent des comptes aux pouvoirs, et ont organisé elles-mêmes la meilleure défaite d'Al Qaïda en préférant les marches de protestation pacifiques aux actions terroristes et au djihadisme. Désormais, le statu quo est intenable. Les régimes ne s’y sont pas trompés, qui, pour beaucoup, se sont résolus à lâcher du lest. Au Yémen, en Jordanie, en Algérie des réformes politiques et des mesures économiques ont été annoncées, insuffisantes.
Pour les peuples – y compris en Tunisie – le chemin est encore long. Le risque est d’abord celui, qu’une fois l’onde de choc passée, ne soient engagées que des réformes de façade et étouffée toute contestation ; et, qu’une fois de plus, l’occident détourne les yeux de peur d’une déstabilisation régionale ou de l’arrivée au pouvoir de régimes islamistes radicaux ; ces peurs sur lesquelles les autocrates ont misé pour s’assurer la complaisance des démocraties occidentales.
Ce serait là une lourde erreur. Car c’est précisément par l'instauration audacieuse d'un solide état de droit qui luttera contre la corruption et les abus de pouvoir, et d'une démocratie délibérative qui autorisera la répartition de la richesse et tempérera les impatiences sociales que passe la stabilité en Tunisie, en Égypte et dans toute la région. Si ce chemin démocratique n'est pas emprunté, l’islam radical, qui prospère quand la démocratie n’a rien à offrir, recommencera son travail.
Ce scénario du pire n'est pas programmé. Nous ne sommes pas dans l’Iran de 1979, et il semble peu probable que ces jeunesses, adeptes d’Internet et des réseaux sociaux, soient prêtes à se laisser gagner par les sirènes d’un nouveau pouvoir obscurantiste et les tenants du fascisme vert. Notre propre histoire a montré que le chemin vers la démocratie est long. Chaque nation emprunte sa propre voie, selon ses traditions, sa culture et sa volonté. Nous ne devons ni chercher, ni nous attendre à ce que s’instaure, dans le monde arabe, une vie et un débat politique décalqués des nôtres. La Turquie a montré que les formations politiques d’inspiration islamique pouvaient non seulement se combiner avec une laïcité constitutionnelle, mais porter l’aspiration des populations à la démocratie et à la modernité. Tout ne nous plaira peut-être pas. Et alors ? La démocratie n’est-elle pas d’abord un apprentissage perpétuel, dont nous ne sommes certainement pas exemptés ?
La France par sa diplomatie affairiste, connivente et corruptible, s'est laissée embringuer par les dictateurs déchus, reçus en grand carrosse par l'Elysée, et faisant de Ben Ali, Moubarak et Khadafi les piliers de notre politique méditerranéenne. Les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne, et nos hésitations face à la contestation qui naît en Algérie et ailleurs, mettent à nu les slaloms hypocrites de la diplomatie française, prétendument fondée sur la défense des libertés fondamentales et des droits de l’homme, mais en réalité orientée vers la défense d'intérêts à courte vue, quand il ne s’agit pas d’intérêts privés, ou pire d'intérêts personnels de dirigeants sans envergure, comme nous les collectionnons ces temps-ci. Sauf à perdre le peu de crédibilité internationale qui lui reste, la France doit retrouver la force d’une diplomatie ferme, assise sur ses principes, ainsi que la stature du message universel émancipateur installé dans la génétique de son histoire, et qui lui a valu le respect des peuples, parfois même de leurs dirigeants les plus éloignés de nous, y compris lorsque nous nous opposions à leur politique. Oui, la France peut et doit avoir les intérêts solides de ses valeurs, et non les valeurs flottantes et opportunistes de ses intérêts d'affaires, au demeurant sans grande efficacité.
C'est une diplomatie de transformation que nous devons réinventer.
Si pour les Français et la France le monde doit se transformer, alors, comme Lamartine le prôna en 1848 en s'adressant aux peuples européens, comme François Mitterrand à Mexico en 1981, s'adressant aux damnés de la terre, comme Barack Obama en 2009 dans son discours du Caire, notre diplomatie doit viser à changer le monde avec ceux d'abord qui veulent le transformer, en portant et mettant nos valeurs universelles en partage. Nous avons perdu notre influence et notre âme à fermer les yeux sur des Etats policiers et à entretenir des réseaux de corruption pour d’illusoires et coûteux grands contrats. Dans le monde arabe, en Asie ou ailleurs, la faiblesse ou la cupidité de notre politique étrangère n’ont jamais attiré le respect.
Pourtant, choisir de construire partout l'État de droit par la démocratie, c'est choisir le développement et la prospérité par le partage des richesses créées, et augmenter la force de nos idées sociales, tout comme notre influence dans le monde. Cette diplomatie de transformation, sereine et ferme sur ses valeurs, c’est l’exact inverse de la « diplomatie de compromission », celle des réseaux de financement des campagnes électorales et des échanges de services entre des oligarchies qui épuisent les ressources au sud et détruisent l'économie et le travail au nord, qui ne s’adresse qu’aux hiérarques enfermés dans leurs pouvoirs frauduleux, repliés sur d’étroits cénacles et coupés de la réalité violente et cruelle des inégalités sociales d'un capitalisme mondialisé qui a perdu la tête.
Une diplomatie de transformation, c’est une diplomatie qui représente nos espoirs et non pas nos peurs. On attend de la France qu’elle défende les droits de l’individu et la capacité des peuples à forger leur propre destin, non pas qu'elle les craigne. C’est une diplomatie du possible qui rend la France indispensable quand les signes de dérive des régimes autoritaires apparaissent avec la montée des tensions et de la corruption. En lieu et place, a émergé une diplomatie bridée par l'autocensure à laquelle s’astreignent les diplomates lorsqu'il s'agit des chasses gardées de l'Élysée ; cette diplomatie qui perd le nord et renie les principes mêmes de notre République en nous couvrant de honte ; cette diplomatie, somme toute, indigne de la France et indigne de nos diplomates, qui, partout dans le monde, mettent leur énergie et leur talents au service de notre pays, de sa réputation et de son honneur.
Face au vent d’espoir qui soulève les nouvelles générations de Tunisie, d'Égypte, de Libye, d’Algérie, et d’ailleurs, réinventer notre diplomatie pour transformer avec eux le monde, c’est retrouver le sens de l’histoire et de la grande politique arabe de la France. Car, par peur de l’islamisme et par volonté d’alignement sur les thèmes et la vision dangereuse des néoconservateurs américains, nous n’avons pas seulement ignoré les revendications morales et matérielles, sociales et démocratiques de ces peuples, nous avons également refusé de considérer qu’ils pouvaient avoir un destin en écrivant l'histoire. Mais ces grands peuples arabes que nous avons tant méprisé sont en train de renaître, dans une commune aspiration à la dignité et à la démocratie, en inventant le mouvement mondial du « Dégagisme », loin de l’islamisme radical d’hier, donnant aujourd’hui à l’Occident et au reste du monde une fabuleuse leçon de morale et de démocratie. Appuyons nous sur cette nouvelle force qui émerge pour imaginer avec eux le nouveau monde celui que nous transformerons ensemble.
Arnaud Montebourg - Tribune
[1] Arnaud Montebourg est député de Saône et Loire, Président du Conseil général de Saône et Loire, candidat à la primaire socialiste
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