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Exclusif: le programme du PS in extenso
05/04/2011 07:34
Marianne2.fr s'est procuré le texte intégral du projet socialiste avant sa diffusion auprès des journalistes et du grand public et avant qu'il ne soit amendé par le Conseil politique et le Bureau national du PS.
Autrefois les partis proposaient des programmes et des militants pour les diffuser. Aujourd'hui, le PS se contente d'un « socle commun ». Quel est le sens du projet que s'apprête à diffuser la direction du PS ? Ce ne sera pas le programme du candidat socialiste. Il est censé lui donner un vivier de mesures dans lesquelles il pourra puiser. Certains diront que le futur candidat socialiste, qui qu'il soit, prendra soin de ne pas paraître recopier ce catalogue de 110 pages dont la hiérarchie n'est pas évidente.
Dans l'esprit de Martine Aubry, ce « presque-programme » a déjà une fonction interne : montrer aux militants qu'on peut faire exister une synthèse dans laquelle se retrouveront aussi bien les « Fabiusiens », les « Ségolénistes » que les « Hollandais » ou les « Montebouriens ». Les esprits chagrins noteront eux, que ce programme a soigneusement survolé ce qui pouvait diviser le PS ou l'électorat de gauche : la relation à l'Union européenne, la sécurité ou l'immigration. Pour un document qui prétend relever d'un récit national susceptible de faire renouer la gauche avec le succès, c'est fâcheux.
Mais ne soyons pas trop schtroumpfs boudeurs. Ce projet a le mérite d'exister. Il mérite un examen sérieux et approfondi. De la part de nos lecteurs d'abord. Pour le consulter dans sa version non encore amendée par les pontes du Parti socialiste (il s'agit d'une version « de travail » datée du 30 mars), cliquez ici ou téléchargez-le ci-dessous.
ProgrammePS_Marianne2.pdf (1.03 Mo)
http://www.marianne2.fr/Exclusif-le-programme-du-PS-in-extenso_a204719.html
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Denain : Dominique de Villepin venu tester ses idées auprès des vraies gens
05/04/2011 07:29
Denain : Dominique de Villepin venu tester ses idées auprès des vraies gens
lundi 04.04.2011, 15:43
Dominique de Villepin, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac a visité lundi matin la Fonderie et acierie de Denain - PHOTO JOHAN BEN AZZOUZ
L'ancien premier ministre de Jacques Chirac a visité lundi matin la Fonderie et acierie de Denain (FAD), avant de rencontrer des chefs d'entreprise des environs.
Il a défendu ses projets d'entrée des salariés dans les conseils d'administration des entreprises et de revenu citoyen.
Même si les salariés ont davantage parlé de pénibilité au travail et les entrepreneurs, de fiscalité, le peut-être candidat à la prochaine présidentielle a posé énormément de questions et défendu la place de l'industrie en France.
La Voix du Nord
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A Denain dans le Nord, Dominique de Villepin à la rencontre le monde ouvrier
Dominique de Villepin a visité lundi matin la Fonderie et acierie de Denain (FAD), avant de rencontrer des chefs d'entreprise des environs.
Il a défendu ses projets d'entrée des salariés dans les conseils d'administration des entreprises et de revenu citoyen. Même si les salariés ont davantage parlé de pénibilité au travail et les entrepreneurs, de fiscalité, Dominique de Villepin a posé énormément de questions et défendu la place de l'industrie en France.
En visite à Denain dans le Nord ce lundi, Dominique de Villepin a proposé lundi d'engager une "révolution de la dignité", avec notamment la création d'un revenu minimum garanti de 850 euros par mois pour chaque Français et la cogestion dans les entreprises.
Interrogé sur le projet du PS lors d'un déplacement dans une fonderie à Denain (Nord), l'ancien Premier ministre a estimé qu'il n'y avait pas "beaucoup d'idées nouvelles, innovantes".
"Ce qui me frappe, c'est que tant du côté de l'UMP que du Parti socialiste, dans le fond, on semble se contenter d'ajustements politiques qui à mon sens ne sont pas à la hauteur des véritables enjeux si l'on veut vraiment refonder notre politique française", a-t-il déclaré.
"Je propose (...) d'engager une véritable révolution qui est celle de la dignité: conférer à chaque citoyen français la reconnaissance de sa dignité, (...) par un revenu garanti (...) de 850 euros qui permettra à chacun d'avoir à la fois la sécurité et la liberté d'entreprendre", a-t-il déclaré lundi, évoquant comme contrepartie "une obligation de projet pour chacun, qui serait personnalisé et suivi".
M. de Villepin a plaidé pour l'avènement d'un "nouvel esprit de dialogue social" pour défendre l'industrie, proposant "une cogestion à la française" qui consisterait à réserver aux salariés "un tiers des places dans les conseils d'administration et les conseils de surveillance".
"Cela change la répartition des pouvoirs, pour la discussion en matière salariale, pour les discussions en matière d'emploi, pour l'avenir des entreprises. Nous avons besoin de changer ce rapport de force", a-t-il poursuivi.
Interrogé sur l'antenne de France 3 Nord/Pas-de-Calais sur l'éventualité de sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, M. de Villepin a répondu que "nous ne sommes pas dans le temps de l'élection présidentielle". "Ce qui devra être annoncé le sera d'ici la fin de l'année, à un moment où nous serons alors dans le combat politique des présidentielles", a-t-il dit.
Source: Agence France Presse
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Dominique de Villepin en campagne
L'ancien Premier ministre visitait lundi une fonderie-aciérie à Denain dans le Nord. L'occasion pour lui de roder son futur programme.
Casque de chantier vissé sur le brushing, veste jaune fluo et lunettes de protection sur le nez au sortir de la fonderie-aciérie de Denain (Nord) : la visite de Dominique de Villepin, lundi, dans la ville du député-maire socialiste Patrick Roy, ressemble à s'y méprendre à un déplacement de campagne. Pourtant, on a tendance à oublier que l'ancien Premier ministre n'est toujours pas officiellement candidat à la présidentielle. D'autant qu'il s'applique à distiller les éléments marquants du programme de son parti, qu'il dévoilera plus en détail le 14 avril prochain.
Et c'est une véritable "refondation", une "révolution" même, que prétend mettre en place Dominique de Villepin : celle de "la dignité". Il faut "conférer, rendre sa dignité à chaque citoyen", martèle-t-il dans le TGV qui file vers Lille. "C'est une absolue nécessité." Au lendemain de la présentation par le Parti socialiste de ses 20 propositions pour 2012, Villepin entend bien se distinguer. Premier argument : le "revenu citoyen garanti" : un salaire pour tous, fixé à 850 euros, qui pourra être cumulé de façon dégressive jusqu'à 1 500 euros de salaire, en échange d'un engagement citoyen (bénévolat, associatif) ainsi que d'un service civique.
"La France est un pays riche !"
Rien à voir, selon lui, avec ce qu'il considère comme des "ajustements à la marge", des mesures "du passé", proposés par le PS et l'UMP. "Et qu'on ne vienne pas (lui) parler de financement", "la France est un pays riche !" s'exclame-t-il. Le budget de cette mesure représente 30 milliards d'euros, selon ses calculs, soit "l'équivalent des cadeaux fiscaux faits depuis 2007". Refusant la sinistrose ambiante, Dominique de Villepin veut se poser en porteur d'espoir.
Il anticipe les critiques et se défend de proposer une politique utopique, ou même d'assistanat : "Ce n'est pas de l'assistance, les gens donneront ce qu'ils ont à donner." Une proposition pour le moins originale qui prend le contre-pied de la politique de Nicolas Sarkozy, en redéfinissant la "valeur travail" sur laquelle le chef de l'État avait fondé sa campagne en 2007. Selon Dominique de Villepin, le slogan sarkozyste s'est heurté "au rocher de la mondialisation". "On est loin du travailler plus pour gagner plus", croit utile de préciser Dominique de Villepin. L'ancien Premier ministre veut sortir le travail d'une logique "conditionnelle" et refuse de stigmatiser les Français comme des tire-au-flanc.
Redonner confiance dans la politique
Il s'est d'ailleurs fixé un défi majeur pour 2012 : redonner confiance dans la politique. "Qui y croit encore ?" s'interroge-t-il. Dénonçant au passage les "querelles de personnes" dans la majorité, qui, selon lui, "n'arrivent pas par hasard", il estime que la France manque d'une manière générale d'"outils politiques". "Mon expérience m'a amené à penser que l'important, ce sont les outils", explique-t-il. D'où ses autres propositions majeures : la simplification des instances gouvernementales en réduisant le gouvernement à dix grands ministères. Actuellement, "les ministères ne répondent plus, ils sont fragmentés".
Autre élément essentiel de son programme : la création de huit régions puissantes, capables de rivaliser avec les "Länder" allemands. Enfin, Dominique de Villepin était venu parler de dialogue social aux salariés de la fonderie. Le fondateur de République solidaire propose notamment que les conseils d'administration des entreprises comportent un tiers de salariés.
"Les Français doivent pouvoir sortir d'eux-mêmes de leur souffrance, sortir de leur paralysie, c'est une main tendue à chacun", résume enfin l'ancien Premier ministre. Et lorsqu'un journaliste se hasarde à lui demander à quoi son programme est censé servir "concrètement" : "Est-ce que ce sera un programme de campagne ou doit-il servir d'inspiration aux futurs candidats, comme l'avait fait Nicolas Hulot et son pacte écologique en 2007 ?" - Dominique de Villepin répond, dans un sourire entendu : "J'ai beaucoup d'admiration pour Hulot, mais ça fait trente ans que je suis en politique..." sourit-il. Villepin n'est apparemment pas là que pour souffler des idées...
Source: Pauline de Saint Rémy, Le Point
http://www.lavoixeco.com/actualite/Region/2011/04/04/article_denain-dominique-de-villepin-venu-tester.shtml
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/04/05/1857-a-denain-dans-le-nord-dominique-de-villepin-a-la-rencontre-du-monde-ouvrier
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Compter les « musulmans », à quoi ça sert ?
04/04/2011 17:04
On annonçait régulièrement qu’il y aurait jusqu’à 6 millions de musulmans en France. Pourtant, une étude récente de l’Ined en compte 2,1 millions. Elle a été peu relayée dans les médias. A l’heure où l’UMP clot son débat sur l’Islam, la question prend pourtant toute son importance.
Mettons les choses à plat. Le débat sur l’Islam (ou sur la laïcité) de l’UMP a déchaîné les passions autour de la communauté musulmane. Au cœur du conflit se trouve notamment le nombre réel de musulmans. En France, quelque soient ses opinions, chacun a intérêt à gonfler les chiffres, que ce soit pour entretenir le fantasme d’un choc des civilisations naissant sur le boulevard Barbès, flatter une potentielle clientèle électorale ou montrer ses muscles afin de défendre les intérêts de sa communauté.
Officiellement, l’Islam serait la deuxième religion de France. Claude Guéant met la barre très haut en estimant qu'il y a « entre 5 et 10 millions » de musulmans. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, annonçait en juin 2010 un effectif de « 4 à 5 millions » dont 1,5 millions dans toute l’Île-de-France et 500 000 à Paris. A la même époque, le ministère de l’Intérieur donnait le chiffre de 5 à 6 millions. En décembre, lorsque Marine Le Pen avait lancé la polémique sur les prières de rues, ces chiffres avaient été brandis pour démontrer qu’il n’y avait pas assez de mosquées par rapport aux musulmans présents en France.
Reste à savoir ce qu’on met derrière ces chiffres. Une récente étude de l’Ined dévoilait des données remettant en cause tous les préjugés sur ce qu'est la « communauté musulmane ». Selon l’institut, il y aurait… 2,1 millions de musulmans « déclarés » en France âgés de 18 à 50 ans. Mais « même en ajoutant les personnes âgées de moins de 18 ans, et celles de plus de 50 ans, ça ne ferait pas 5 millions », a expliqué à l’AFP Patrick Simon, co-auteur de l’étude.
Essentialisation
D’où vient ce gigantesque écart ? Tout simplement d’un biais sur la définition de ce qu’est être musulman. Le chiffre de 5 millions vient en fait d’une confusion entre appartenance religieuse et origine nationale. Dans une interview à Saphir News, Patrick Simon note que « la plupart des estimations sont fondées sur l’origine des personnes et non sur leur déclaration en matière de religion ». Bref, il suffit d’être originaire du Maghreb par exemple pour être compté comme musulman indépendamment de son attachement à cette confession. A l’inverse, l’Ined compte toutes les personnes se déclarant musulmanes : « Sont considérés comme ‘musulmans’ toutes les personnes ayant fait référence à l’islam dans leur réponse, quelles que soient leurs origines ou leurs pratiques », détaille Patrick Simon.
Ce biais a déjà été dénoncé par la démographe Michèle Tribalat. Et même si on sa basait sur la seule généalogie, ce chiffre serait au dessus de la réalité. En 2003, Michèle Tribalat donnait le chiffre de 3,7 millions de « personnes susceptibles d'être musulmanes par filiation ». Mais comme être blanc et français ne fait pas forcément de vous un catholique, avoir des parents marocains ne fait pas forcément de vous un musulman. Ici, on confond une histoire familiale qui appartient au passé avec l’attachement revendiqué à une religion qui relève du présent. Faire ce classement, c’est assigner aux gens une identité qu’ils n’ont pas choisi en raison de la génétique, une essentialisation qui ne peut que fragmenter encore plus une société française qui n’en avait pas besoin.
Le chiffre de l’Ined souffre cependant d’un deuxième biais. Il confond croyants, pratiquants et revendications identitaires. Le ministère de l’Intérieur disait que 43% des musulmans comptés par ses services n’étaient pas pratiquants. De même, l’Ined rassemble tous les musulmans revendiqués quelque soit le niveau de leur pratique. Or, cette distinction a son importance. Si l'on cherche à connaître le nombre de musulmans pour évaluer la construction de mosquées, c’est le nombre de pratiquants réguliers qui compte. Et plus encore, c’est la concentration des musulmans dans certaines zones qui est la donnée la plus importante. Savoir qu’il y a 2 ou 5 millions de musulmans partout en France a peu d’importance, si on veut savoir s’il y a assez de mosquées, ce qui importe c’est de savoir combien il y a de pratiquants réguliers dans telle ville voire telle quartier.
Comptage ethnique déguisé ?
Mais, il reste qu’il y a des personnes qui se disent musulmanes même si elles ne seront jamais amenées à utiliser des équipements voués à la pratique de l’Islam. Se dire musulman n’est pas seulement le signe d’une pratique plus ou moins régulière, c’est aussi un blason, une façon de revendiquer une identité pour des personnes naviguant entre deux cultures. C’est une façon de savoir, de dire qui on est, indépendamment de ce que l’on fait.
De là, une question à poser. Compter les musulmans pratiquants pour savoir combien s’il y a assez de mosquées relève du bon sens urbanistique, au même titre de savoir combien il y a de personnes âgées pour construire des maisons de retraites. Mais à quoi sert de compter les musulmans revendiqués, pratiquants ou non ? Est-ce une façon de compter le poids d’une « communauté » ? Si la méthode de l'INED (le musulman est celui se revendique comme tel) est différente du comptage par la généalogie, les deux techniques posent la même question, celle de l'intérêt du comptage en dehors des objectifs pratiques (les mosquées). Ne serait-ce pas une façon déguisée de faire du comptage ethnique ?
Il est vrai que, comme il est toujours interdit de compter qui, en France, est arabe ou noir, on se contente de compter les « musulmans ». Dans l’imaginaire collectif, le nombre de « musulmans » affichés renvoie autant un groupe religieux qu’à un groupe ethnique. On nage alors dans l’hypocrisie totale. Au lieu de se demander au bout de combien de générations on peut être compté comme musulman, ne conviendrait-il pas mieux de (ré)ouvrir le débat sur les statistiques ethniques ?
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La laïcité mérite-t-elle un débat?
04/04/2011 16:59
En décembre 2005, on pouvait compter sur les doigts de la main les colloques et conférences organisés autour du centenaire de la loi de 1905, de séparation des Eglises et de l’Etat. Tout cela semblait tellement ringard. Tellement loin des préoccupations médiatiques du moment. Dans ces colloques, pourtant, quelques uns évoquaient le fait que la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école ne réglait qu’une partie du problème. Encore cette loi avait-elle été votée après d’interminables palabres, et les protestations des tenants d’une « laïcité ouverte », c’est-à-dire ouverte à tout ce qui n’est pas la laïcité. Parmi ceux-là, les représentants des différentes religions, certains intellectuels ou journalistes ravis de dénoncer une fois de plus une détestable « exception française », ou certains hommes politiques, comme le ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy. On inventa même pour l’occasion des qualificatifs peu amènes pour les quelques irréductibles anti-modernes qui s’obstinaient à croire que la laïcité est une chance pour la France et pour tous les Français. « Laïcards », « laïcistes » (dont le suffixe suggère subtilement qu’il ne s’agirait que d’une idéologie, quand les contempteurs de la laïcité ne seraient que de sympathiques pragmatiques philanthropes) et même, le mieux de tous, « intégristes républicains », puisqu’il est bien connu que ces gens-là font autant de mal que les autres intégristes, ceux qui veulent imposer la loi de Dieu, soumettre les femmes et massacrer les infidèles. Il fallut donc attendre que Marine Le Pen évoque les prières de rue pour que la France médiatique et politique se souvienne que la laïcité n’est pas une idéologie mais un principe inscrit dans la loi, une loi qui a permis un siècle de vie en commun dans un pays où chacun trouvait à peu près sa place. Au point de voir l’UMP lancer un « débat sur l’Islam », rapidement mué en « débat sur la laïcité », pour finir en une convention du parti rassemblant ceux qui n’auront pu s’y soustraire. On s’abstiendra ici du réflexe qui consiste à penser que tout sujet évoqué par la présidente du Front National est immédiatement invalidé, frappé du sceau de l’infamie, et toute personne prononçant désormais le mot banni, responsable de la « lepénisation des esprits » si chère aux éditorialistes en vue. Nous avons pris la peine de rappeler en préambule que certains s’inquiétaient des atteintes répétées à la laïcité avant que le Front National n’opérât son OPA sur la République, après avoir réussi celle sur la Nation. Mais il valait mieux maintenir dans l’ombre ces mauvais coucheurs qui présentaient l’inconvénient de ne pouvoir être diabolisés et rejetés hors de « l’arc républicain ». Après avoir été réduits au silence, ils sont maintenant accusés d’avoir « préparé le terrain » ou « fait sauter les digues », nouvelle expression à la mode chez les analystes politiques. Il n’y a pas que les religieux qui ont besoin de croire au diable. Et l'on s'amuse en ce moment de la crainte de certains de perdre leur Enfer... Peu importe, donc, qui pose la question, si elle vaut la peine d’être posée. Mais vaut-elle la peine de l’être ? Ou plutôt, quelle question est réellement posée ? Autant le dire d’emblée, s’il s’agit de savoir comment adapter la laïcité à l’arrivée en France d’une religion qui n’était présente pas en 1905, cela revient purement et simplement à remettre en cause la laïcité telle que l’a pensée la France. Et c’est ce que nous proposent depuis des années déjà ceux qui entendent faire plier la République devant des demandes particulières, au nom d’un « multiculturalisme » fondé sur une remise en cause des valeurs républicaines héritées des Lumières. Qu’on se souvienne simplement qu’en 1989, lors de la première affaire de voile qui éclata en France, il aurait suffit au ministre de l’Education Nationale de l’époque, en l’occurrence Lionel Jospin, de rappeler que la circulaire Jean Zay de 1936 interdisait les signes religieux et politiques dans les écoles. Avoir demandé l’avis d’un Conseil d’Etat gagné par la mode du « droit à la différence » est une responsabilité dont nous commençons seulement à mesurer l’ampleur. Mais de la part d’un ministre qui, dans l’article 10 de sa loi d’orientation sur l’école, avait consacré la « liberté d’expression » des élèves, il n’y avait là rien de fortuit. La laïcité n’est pas une simple règle de neutralité qui s’imposerait aux agents de l’Etat, comme tentent de le faire croire certains commentateurs. C’est le cadre dans lequel peut s’épanouir sereinement une société. Le constat d’échec du multiculturalisme dressé par James Cameron et Angela Merkel nous le prouve encore, il ne suffit pas de faire vivre des communautés côte à côte, dans une tolérance proclamée, pour fonder une société. Il ne s’agit pas seulement d’organiser la bonne cohabitation des croyances. La laïcité est un principe qui postule un espace public neutre, où ne sont reconnus que des individus égaux (ce qui ne signifie pas semblables, mais ne pouvant revendiquer de droits spécifiques en fonction de leurs différences). Les croyances, l’histoire et les origines personnelles, tout ce qui fait que tel ou tel sort de la moyenne, de la norme, sont des richesses, mais qui n’ont pas à être prises en compte par la puissance publique. En revanche, celle-ci organise l’égalité de droits en corrigeant au besoin les injustices naturelles par la solidarité nationale. Un système équilibré, qui satisfaisait jusqu’à présent la majorité des Français. Il n’y a donc pas à débattre de la laïcité, parce qu’on ne débat pas d’un principe fondateur, à moins de choisir de vivre dans une tout autre société ; mais cela nécessiterait plus qu’un débat, une constituante… La laïcité ne se débat pas, elle s’applique. Ou devrait s’appliquer, dans tous les endroits où des individus ou des communautés réclament des aménagements en fonction de leurs spécificités. Car on peut craindre que les atermoiements de la puissance publique depuis vingt ans n’aient fait qu’amplifier une tendance ritualiste de certaines religions, que ce soient les interdits alimentaires, les pratiques de jeûne, ou toute autre manifestation visible dont le seul but est d’afficher une identité et non de se rapprocher réellement de Dieu. Il fut un temps où l’on pouvait se sentir juif ou musulman, en France, sans pour autant manger casher ou hallal, et exiger des cantines scolaires des menus spécifiques. Il fut un temps où les religions ne revendiquaient pas (ne revendiquaient plus), car la spiritualité se vivait de l’intérieur, et au sein de la communauté des croyants, mais ne constituait pas un enjeu politique d’occupation de l’espace public et d’affichage de nombre. Ce sont les reculs et les contritions de la puissance publique qui ont rompu cet équilibre. Mais le drame, pour la société française, est dans l’hypocrisie que génère cette polémique. Les représentants des « six grandes religions » qui se sont exprimés dans la Croix ont parfaitement le droit de refuser le débat proposé par l’UMP. Et l’on peut se réjouir de les voir défendre la laïcité. Ou du moins on s’en réjouirait si les mêmes ne s’étaient pas farouchement opposés à la loi de 2004 sur les signes religieux, prouvant que leur adhésion à la loi de 1905, et surtout à son esprit, est plus qu’aléatoire. De même, ceux qui hurlent à la « stigmatisation » d’une communauté devraient se souvenir qu’ils sont les premiers à renvoyer les musulmans à leur identité supposée en ne voulant pas leur appliquer la loi commune. La plus grande marque de respect dont on puisse faire preuve à l’égard des citoyens français de confession musulmane est de les traiter rigoureusement comme n’importe quel citoyen français, en tant qu’individu et non en tant que membre à vie d’une communauté. S’ils ne méritent pas un débat, ce n’est pas par peur d’une « stigmatisation », c’est parce qu’en tant que Français, ils vivent dans ce cadre commun qu’est la laïcité, et qu’il suffit d’appliquer la loi, partout, et dans sa totalité, pour faire respecter leurs droits et ceux des autres.
Post scriptum: Amis internautes, vous voudrez bien excuser les quelques silences de votre hôtesse. Durant quelques semaines, l'activité de ce blog s'est un peu ralentie, car j'étais appelée à d'autres tâches. Vous devriez en voir le résultat dans un petit livre qui paraîtra en septembre. D'ici là, je nourrirai davantage vos réflexions. Il y a tant à dire sur l'état de la France...
Natacha Polony
http://blog.lefigaro.fr/education/
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Zadig et Voltaire plombent Frédéric et Lefebvre
04/04/2011 16:54
Pauvre Frédo (Lefebvre). Le secrétaire d’Etat aux PME est, une nouvelle fois, la risée du web. Depuis samedi, une vidéo réalisée par le Figaro.fr tourne partout, dans laquelle Frédéric Lefebvre explique que son livre de chevet est « Zadig et Voltaire », du nom de la célèbre marque de T-shirt troués et chers.
Pauvre Frédo, parce que sa bourde a permis de faire oublier les pitoyables prestations des autres personnalités politiques interrogées en marge de la journée du livre politique de l’Assemblée. Mis à part Chevènement qui parle avec conviction de Stendhal et Jacques Myard qui cite Yourcenar et Céline, il faut voir Hervé Mariton (député de la Drôme) sécher quand on lui demande quel est son livre favori. Il bafouille un truc sur Un cœur simple, de Flaubert « court mais dense » et Belle du Seigneur, « un livre épais .» Quant à savoir ce qu’il lit aujourd’hui…
Plus fort encore Jean-Pierre Soisson, député de l’Yonne : « vous voulez dire un livre qui ne soit pas le mien ? » Avant de reprendre la vieille technique politique : quand on ne sait pas comment répondre à une question, il convient d’abord de la répéter pour gagner du temps. Espérant qu’une réponse émerge par miracle du fin fond du cerveau reptilien. Soisson lit donc les classiques, sans arrêt, « Stendhal, les classiques tout ça. »
Je crois surtout que tous ces députés interrogés devraient acheter le dernier livre de Frédéric Lefebvre, en remerciement de leur avoir permis d’échapper au ridicule littéraire grâce à sa bourde plus grosse que leur propre inculture crasse.
Muriel Gremillet
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