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La politique de l'autruche du Parti socialiste sur l'euro
15/04/2011 08:29
Tribune de Julien Landfried, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen,
Comment expliquer que l'euro ne soit véritablement évoqué ni dans les trente principales propositions du Parti socialiste pour 2012 ("Priorités 2012"), ni dans son document principal de 50 pages ("Le changement") distribué à la presse ? Il faut se rendre sur son site Internet et se reporter au document intégral de 75 pages du projet pour trouver la trace d'une modeste réflexion sur la gestion de la zone euro. La crise n'y a rien fait : le projet du PS est plus timide que celui de sa candidate de 2007, qui proposait de revenir sur les statuts de la Banque centrale européenne (BCE).
La question de la réorientation de la zone euro (ou, plan B, de sa sortie) est pourtant la question politique cardinale qui se pose dès maintenant et se posera au prochain président de la République française.
La zone euro a en effet produit des performances économiques inférieures aux prévisions, mais aussi aux performances des autres blocs continentaux. Le taux de change de l'euro par rapport au dollar et au yuan est insoutenable pour la majorité des pays de la zone, à l'exception de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Italie du Nord. Les économies, loin de converger, se sont spécialisées, comme il était prévisible. L'Allemagne a profité à plein de la monnaie unique pour devenir le cœur industriel et technologique de l'Europe. Au contraire, les pays périphérique de la zone euro, en particulier son versant sud (Espagne, Portugal, Grèce), loin de développer une solide économie nationale, ont été victimes de bulles spéculatives, notamment dans le secteur de l'immobilier. On peut désormais schématiser ainsi la géographie politique et économique de l'Europe : un centre de production industrielle (l'Allemagne pour l'essentiel) ; une périphérie faisant office de centre de consommation (le sud de la zone), tirée par le crédit, les subventions européennes et des salaires déconnectés de toute base industrielle. La France, dont la situation est intermédiaire, est prise en étau entre un euro cher, la concurrence des pays émergents et la politique non coopérative de l'Allemagne.
Cette dernière a en effet pu accumuler des excédents commerciaux considérables sur les autres pays de la zone (les deux tiers de son excédent total). Elle a délibérément mené à partir du début des années 2000 une politique économique de restriction de sa demande intérieure (réduction des droits sociaux des salariés et des chômeurs, précarité encouragée avec les "zwei euro jobs", augmentation de la TVA) qui est venue s'ajouter à son avantage technologique structurel.
Aujourd'hui, le "pacte de compétitivité" dicté sous la pression d'Angela Merkel, acté par Nicolas Sarkozy et peu critiqué par les sociaux-démocrates de part et d'autre du Rhin, renforce encore les orientations dépressionnistes de la zone euro, au moment même où un quart des Etats membres sont maintenus artificiellement sous tente à oxygène (Grèce, Irlande, Portugal, et bientôt sans doute l'Espagne).
Dans son fonctionnement actuel, la zone euro agit ainsi comme un accélérateur de la destruction de l'appareil industriel français et de la baisse des salaires pour les classes moyennes et populaires.
DEUX SCÉNARIOS
Voilà pourquoi, à l'heure actuelle, et étant donné le niveau de décomposition de la zone euro, un candidat de gauche digne de ce nom devrait prendre à bras le corps cette question et proposer deux scénarios articulant diplomatie et politique économique.
Dans le premier, le gouvernement français issu des urnes en 2012 engagerait une discussion capitale avec le gouvernement allemand autour de trois points prioritaires : une politique monétaire plus dynamique par l'inclusion des objectifs de croissance et d'emploi dans les statuts de la Banque centrale européenne ; un euro "faible" par une politique de change fixant l'objectif d'une parité stricte entre l'euro et le dollar ; enfin le rachat d'une partie de la dette publique des pays de la zone (au sud en particulier) par la BCE. Il faudrait également espérer une victoire de la gauche aux élections législatives allemandes en 2013. Un "intérêt général européen" bien compris devrait pouvoir faire admettre au SPD que l'avenir du salariat européen, allemand compris, ne peut pas se résumer à une dégradation continue des salaires et des conditions de travail. Ce pari suppose que l'Allemagne réalise enfin un aggiornamento de sa politique économique, car elle serait appelée à relancer sa demande salariale pour soulager le reste de la zone. Ce scénario permettrait d'amorcer une réindustrialisation de l'économie française, une réduction des divergences internes à la zone euro et de mettre un coup d'arrêt à la déflation salariale.
Si ce premier scénario s'avérait impossible à mener à bien, alors le plus probable serait un éclatement de la zone euro, les pays du Sud (Grèce, Portugal, Espagne, voire Italie) recouvrant leur liberté monétaire et usant de dévaluations compétitives. L'intérêt de la France serait alors de ne pas se retrouver asphyxiée entre un euro-mark surévalué pour son économie et une Europe du sud redevenue plus compétitive. Une telle configuration sonnerait la fin de l'industrie française et réduirait à néant nos capacités de développement technologique pour le futur. Il nous faudrait donc reprendre notre liberté monétaire, avec une Banque de France soumise au pouvoir politique, un franc dont le cours serait adapté aux besoins de notre économie et un système monétaire européen (re)formé.
Seules une vision lucide et une solide préparation permettront à la gauche de faire face au problème économique central que constitue l'euro cher. L'histoire, et peut-être d'abord l'histoire électorale, sera cruelle pour ceux qui préfèreront la politique de l'autruche à la politique tout court. Il est encore temps pour les socialistes de s'en aviser et de mettre la gauche à la hauteur de ses responsabilités.
----- source : LeMonde.fr
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Libye : "pensée complexe" contre "pensée-réflexe"
15/04/2011 08:20
Les tiraillements commencent à pénaliser l’action de la coalition engagée en Libye. Pour essayer d’y mettre un terme, l’OTAN, qui assure le commandement militaire de l’opération Aube de l’Odysée, devait se réunir jeudi 14 avril à Berlin.
Ses membres ont du pain sur la planche, tant les sujets d’incertitudes sont nombreux. A la crainte, légitime, de l’enlisement, s’ajoute la nécessité de clarifier les objectifs d’une opération déclenchée dans l’urgence, sans que la question des fins n’ait été clairement tranchée. S’agissait-il seulement, de protéger les civils ? Peut-on « gagner » cette guerre sans déployer de troupes au sol, chose que la résolution 1973 interdit ? Et que signifie « gagner » la guerre de Libye ? Demeurons-nous dans une logique d’appui aux insurgés, telle qu’annoncée ? Saurons-nous nous satisfaire d’une sortie de crise négociée, avec l’un ou l’autre des caciques du régime ? Ou, en bons Occidentaux toujours prompts à imposer la démocratie par le glaive, sommes nous, comme à notre habitude, dans une optique de « regime change », supposant la chute de Kadhafi, comme nous venons d’obtenir celle de Gbagbo en Côte d’Ivoire ?
C’est cette dernière hypothèse que soupçonnent les sceptiques de la première heure, ceux qui, non interventionnistes par principe voient dans toute action de force menée par « les Occidentaux » le signe d’une rémanence du messianisme néo-con, et l’expression cynique d’un crypto-colonialisme atavique. Pour ces derniers, l’intervention en Libye n’est qu’une synthèse de tous les « monstres » que peut générer l’association mortifère des « bons sentiments » avec la recherche crue de vils intérêts. Ainsi, Kadhafi est-il perçu comme un nouveau Saddam, et cette guerre comme un « policy mix » entre celle d’Irak en 2003, et celle qui conduisit aux bombardements de la Serbie par l’OTAN en 1999. La présence de BHL aux commandes de la machine médiatique lors de la décision d’entrée en guerre leur sert d’ailleurs de preuve tangible.
Pour ces pacifistes d’un nouveau genre, il est inimaginable que « les Occidentaux » (pour lesquels l’essentialisme est autorisé) puissent avoir intelligemment combiné la recherche de leurs intérêts de puissances avec la sincérité d’un devoir moral de protection. Il est inimaginable également que Bernard-Henri Lévy, qui s’est par ailleurs presque toujours trompé, puisse cette fois avoir raison. Les choses sont immuables, et ce qui fut sera, puisque « Sarkozy est cynique », et que « BHL est droit-de-l’hommiste ».
On ne contestera certes par que l’entrée en scène, aux prémisses de cette affaire, d’un intellectuel médiatique, en lieu et place du ministre des Affaires Etrangères nouvellement nommé, était d’un goût douteux. Ce que l’on peut contester, en revanche, c’est cette myopie des adeptes de la « pensée réflexe », qui choisissent d’être « contres » aujourd’hui parce qu’il étaient « contres » hier, sans accepter cette évidence : aucune situation n’est identique à la précédente. Et si l’on peut éclairer le présent à l’aune des évènements passés, il est en revanche absurde que considérer l’histoire comme un éternel recommencement.
Car la Libye n’est pas l’Irak, et Kadhafi n’est pas Saddam. L’Irak a été envahi à la hussarde par les anglo-américains arguant d’un mensonge quant à l’existence d’armes de destruction massives. Ils le firent par ailleurs sur un mode messianique, supposant que la « démocratisation par le haut » de l’Irak serait la première pierre à la démocratisation en cascade de tout le Moyen-Orient. Les évènements de Libye résultent bien d’un « effet domino », mais ce sont les exemples réussis de révoltes populaires en Tunisie et en Égypte qui en furent le déclencheur. Aucune intervention extérieure cette fois, mais un soulèvement interne, fruit de la détermination du peuple libyen. Ce sont bien les insurgés qui ont choisi les fins (la chute de Kadhafi), l’OTAN n’apportant pour sa part que des moyens.
Par ailleurs, ces moyens n’ont été mis en œuvre qu’alors que la révolte libyenne était sur le point d’être écrasée par un chef d’Etat ayant proféré des menaces d’une rare violence à l’endroit de son propre peuple, promettant un « bain de sang ».
Enfin, le cadre légal n’est pas comparable à celui de la guerre en Irak. L’entrée en guerre des Franco-Anglais en Libye s’est faite sur la base d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, à laquelle même la Chine et la Russie n’ont pas opposé de veto. Quant à la Ligue Arabe, elle était à la fois consentante et demandeuse, quels qu'aient pu être par la suite les atermoiements d’un Amr Moussa soucieux de son image alors qu’il compte briguer prochainement la présidence de Égypte.
Les pourfendeurs systématiques de la non-ingérence moquent les guerres faites au nom des sentiments. Ils se font les hérauts de la realpolitik, qui ne devrait tenir compte que d’une chose : l’inviolable souveraineté des Etats. Ils convoquent le souvenir de l’ex-Yougoslavie et nous rappellent combien l’on se trompa, en imaginant que la Seconde guerre mondiale était vouée à se rejouer sans cesse, en assimilant Milosevic à Hitler, les bosniaques à des résistants, et en voulant s’épargner à tout prix d’être de nouveaux « munichois ».
Ce faisant, ces phobiques de la « moraline » et du « droit-de-l’hommisme » se muent eux même en exégètes myopes de l’Histoire. A leur tour, ils soupçonnent le néo-conservatisme et l’occidentalisme de déterminer chaque décision. A contretemps, ils voient l’esprit du « bushisme » à l’œuvre partout, et tous les dictateurs sont pour eux des Saddam. Ainsi deviennent-ils aussi anachroniques que ceux qu’ils se sont toujours fait un devoir de combattre.
Elisabeth Lévy et Gil Mihaely écrivent avec raison: « rien n’est plus déprimant que les positions prédéterminées, les automatismes de pensée érigés en principes, les analyses imperméables à la complexité du réel ». Cela est aussi vrai pour ceux qui dénoncent Munich tout le temps que pour ceux qui voient l’Irak partout. Car la « pensée-réflexe » n’épargne ni les tenants sirupeux de « l’empire du Bien », ni les « realpolitciens » autoproclamés, les anticonformistes structurels, et les « jamais d’accord » pavloviens. Contre elle, efforçons nous de « penser complexe ».
Coralie Delaume
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La prostitution viole t-elle la constitution ?
15/04/2011 08:16
Jacques et Bernard viennent tous les deux de fêter leurs soixante-deux ans. Ils ne se connaissent pas. Entre eux, quelques points communs et quelques différences.
Jacques et Bernard sont mariés tous les deux depuis une grosse trentaine d’années. Leurs épouses, sexagénaires elles-aussi, ne pratiquent plus beaucoup la bagatelle. La première, parce que c’est Jacques qui ne la touche plus depuis une douzaine d’années, la seconde, parce qu’elle se refuse à Bernard depuis cinq ou six ans estimant, à tort, avoir dépassé la date de péremption.
Jacques vit à Paris pour son travail la semaine et rentre chaque fin de semaine dans sa bourgade provinciale. Bernard, en revanche, retraité après avoir passé la case pré-retraite, vit dans un pavillon de banlieue dans le Val d’Oise.
Jacques a un secret. Depuis quinze ans, il mène une double-vie. Successivement, Tatiana, Corinne et Ursula, étudiantes en… sciences humaines, ont partagé avec lui les quatre soirées et nuits qu’il passe chaque semaine dans la capitale. Avec Ursula, vingt-et-un ans, cela dure depuis trois ans. Il lui paye un appartement. Il lui donne aussi de l’argent de poche, beaucoup d’argent de poche. Accessoirement, son titre de séjour est renouvelé sans aucun problème grâce aux excellentes relations de Jacques. Ursula n’est pas une ingrate. Si elle a des petits amis pendant les absences de son bienfaiteur en fin de semaine, elle fait preuve d’une grande énergie, d’une énorme générosité et d’une certaine imagination dans des longues séances que le coeur de Jacques arrive encore à supporter.
Bernard, chaque jeudi après-midi, part en RER vers la capitale. Depuis de longues années, il voit Géraldine. Géraldine a trente-huit ans et elle est divorcée. Elle a un boulot à mi-temps de caissière dans une superette du Val-de-Marne, insuffisant pour faire vivre ses quatre enfants. Alors, avec son vieux monospace d’occasion, dont elle rabat les sièges deux fois par semaine, elle voit quelques habitués au bois de Boulogne. Bernard en fait partie. Elle leur prend entre cinquante et deux cents euros selon les cas. Elle fixe le prix en fonction du dégoût que lui inspire le monsieur et, bien entendu, des prestations gratifiées.
Jacques, en fait, est député. Et je me pose une question. Fait-il partie de la commission qui préconise de transformer Bernard en délinquant parce qu’il va voir Géraldine chaque jeudi ? Votera t-il cette loi de pénalisation des clients de prostituées sans s’interroger sur la nature de sa relation avec Ursula ?
Evidemment, Jacques et Bernard constituent des personnages totalement fictifs. Mais ils permettent tout de même de se poser de bonnes questions. De très bonnes questions.
David Desgouilles
http://blog.causeur.fr/antidote/la-prostitution-viole-t-elle-la-constitution,002052
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Les propositions de Dominique De Villepin
15/04/2011 08:13
Hier nous avons parlé de la pléthore de candidats qui se présentent pour les prochaines élections et cela à l'occasion de l'annonce de la candidature de Nicolas Hulot. Il se trouve qu'aujourd'hui ont été annoncées les propositions politiques et économiques de Dominique De Villepin. On ne sait toujours pas par contre s'il sera candidat il doit attendre le dernier moment pour voir si son score éventuel estimé par les sondeurs se sera pas trop ridicule. Comme pratiquement tous les candidats, DDV se présente en rupture avec la France actuelle, il appelle à une refondation politique et sociale. Il est vrai qu'un candidat se présentant avec comme programme unique l'austérité la misère et la stagnation aurait probablement peu de chance de percer... Mais ce n'est bien évidemment pas sur les intentions affichées qu'il nous faut juger les propositions de DDV et bien plus sur les outils qu'il compte utilisé pour atteindre les objectifs qu'il se donne. Malheureusement comme pour les écologistes c'est là que ça coince, même si quelques propositions sont évidemment intéressantes.
DDV et ses propositions vont comme toujours se heurter au contexte des contraintes européennes qui sont en fait au cœur du problème français même si certains pensent passer outre nos différents accords internationaux sans pour autant franchir le rubicond par la sortie pure et simple de l'UE et de la zone euro. Mais bien évidemment, en bon libéral qu'il est, le pauvre DDV ne risque pas de sortir dans sentiers battus. D'autant qu'il reste dans le cadre de la doxa traditionnelle sur la question de la dette publique qu'il faudrait remboursée par des moyens conventionnels selon lui. Il est pourtant assez facile de voir qu'il est physiquement impossible de rembourser la dette publique à son niveau actuel avec un tel procédé, à moins de conduire le pays à la faillite pure et simple. Mais oublions cette question et intéressons-nous aux propositions concrètes de DDV et de son parti République solidaire.
Critique des propositions point par point
1-Un revenu citoyen garanti de 850 euros
J'en ai longuement parlé dans un texte consacré récemment à la notion de revenu citoyen. Il s'agit d'une idée libertarienne à l'origine et qui n'avait pour but la dignité ou l'égalité, mais le bon fonctionnement du marché par l'équilibrage de rapports de force entre patrons et salariés. L'origine de cette proposition ne la disqualifie pas pour autant, elle peut être dans le cadre d'une société fortement individualiste, où les liens sociaux et les syndicats sont faibles, un moyen par lequel effectivement on offre un mécanisme efficace de régulation sur les salaires. Le gros problème c'est que cette proposition n'aura pas les effets escomptés dans un cadre de libre-échange intégral et de monnaie surévaluée. Cette proposition de DDV ne pourra produire dans ce cadre qu'une nouvelle aggravation du déficit commercial français déjà passablement élevé. En effet, une telle politique aurait pour conséquence une augmentation de la demande, mais sans que pour autant le pays ne produise une amélioration de sa compétitivité commerciale, terme qu'affectionne pourtant DDV qui le répète sans cesse.
C'est d'autant plus grave que DDV ne propose rien de réellement efficient pour améliorer les comptes extérieurs de la nation. À croire qu'il s'agit d'un problème secondaire alors que cela traduit une désindustrialisation grave et que cela produit une fuite de la masse monétaire ce qui produit la basse croissance que nous connaissons depuis tant d'années. Si la mesure était accompagnée de politiques protectionnistes ou d'une proposition de dévaluation, elle serait nettement plus crédible. Il n'y a pourtant dans les propositions de DDV que la taxe TVA 3E qui est une forme de protectionnisme beaucoup trop timide pour être à la mesure du problème. Pour faire une analogie médicale, la France a une hémorragie de sa masse monétaire, ce qui fait baisser sa tension, la monnaie jouant dans l'économie le même rôle que le sang dans le corps humain. Pour éviter la mort, il faut bien évidemment une tension à un certain niveau . Pour faire faire revenir le niveau de la tension à la normale, pour qu’il y est plein emploi et croissance, il faut donc accroitre la quantité de sang pour la faire augmenter, mais avant cela il faut d'abord mettre fin à l'hémorragie sans quoi la transfusion ne servira à rien. Les propositions de DDV sont un moyen d'accroitre la tension dans l'économie française, mais elle ne peut pas soigner le malade tant que l'on ne s'attaque pas à la blessure qui produit l'hémorragie, à savoir les déficits commerciaux et la désindustrialisation. C'est valable également pour les politiques de monétisation de la dette publique ou pour les politiques d'émission de crédit productif par la création monétaire publique. Ces politiques aussi font monter la tension du corps, mais ne résolvent pas le problème de l'hémorragie. On le voit aux USA où ces politiques échouent malgré d'énormes injections de liquidité, car la monnaie va nourrir les exportations d'autres nations, la Chine et l'Allemagne en particulier.
2-Favoriser l'emploi des jeunes par la création d'un taux de jeunes en emploi, formation ou alternance.
Je n'aime pas du tout ce genre de politique qui consiste à segmenter la population en de multiples fragments les jeunes, les séniors, les immigrés, les handicapés, les femmes, les homosexuels, etc.. Ce genre de politique catégoriel nourrit le ressentiment et la jalousie entre les différentes strates de la société. Ces politiques participent donc à la communautarisation du pays que prétend pour combattre DDV. Elles cachent en plus souvent les inégalités intrinsèques aux strates visées qui ne sont pas si homogènes que semblent le croire ceux qui font ce genre de propositions. Il y a différentes sortes de jeunes par exemple, certains héritent, d'autres galèrent, et suivant leurs statuts sociaux respectifs, ils seront plus proches des vieux de leur propre catégorie sociale que des jeunes qui ont leur âge, mais pas leur niveau de vie. La seule fragmentation sociale qui est un sens est en fait celle des niveaux de vie, rien d'autre. De plus, ces politiques se résument souvent à ne faire que changer la place dans la file d'attente du chômage. Car le cœur du problème c'est le manque d'emploi global, tant qu'il n'y aura pas assez d'emploi pour tout le monde ces politiques d'aide catégorielles se traduiront en un immense jeu de chaises musicales. On ne guérit jamais une injustice en en fabriquant d'autres.
3-La création d'un «grand impôt citoyen, progressiste»
Cela fait longtemps que l'on parle de simplifier le système fiscal français qui s'est probablement trop complexifié avec le temps. Les impôts divers et variés s'accumulant en strate et, tels les sédiments, leur analyse peut nous faire remonter le temps et nous faire comprendre le contexte de l'époque où ils ont été créé. La proposition de DDV consiste à faire payer l'impôt à tout le monde avec un plafond limite fixé à 60% ce qui est quand même très bas pour les très hauts revenus comme limite supérieure. L'infâme communiste qu'était Roosvelt aux USA est allé jusqu'à taxer à 95% les très hauts revenus par exemple. Cette proposition semble également oublier, ou vouloir faire croire, que certaines populations en France ne payent pas d'impôts, c'est complètement faux. Même les SDF en France payent des impôts sous la forme de la TVA. Il n'y a que l'impôt sur le revenu et les diverses taxes locales ou d'habitation dont une partie de la population est exonérée. Vouloir étendre l'impôt à toute la population en sous-entendant qu'en fait une partie de la population en serait exonérée est donc particulièrement vicieux. Il s'agit là très probablement un discours qui vise une clientèle de type classe moyenne aisée « Celle qui en a mare de payer pour tous ces fainéants ». Au passage, je suis surpris que personne ne propose une TVA plus juste. En réalité, la TVA est un outil qui pourrait très bien agir pour mieux répartir les efforts en fonction des revenus. En effet, rien n'interdit de créer de nombreuses tranches TVA allant jusqu'à 90% du prix d'une marchandise pour des produits qui seraient très luxueux, et à 0% pour les produits de première nécessité.
4-Le vote obligatoire et la reconnaissance du vote blanc.
Première question à cette proposition comment va-t-on obliger les gens à aller voter? Si je suis pour la reconnaissance du vote blanc, par contre l'idée d'obliger les gens à voter me paraît incongrue. D'autant que le vrai problème de la démocratie française n'est pas une désaffection pour la chose politique contrairement à ce que peut laisser supposer cette proposition. La dernière présidentielle ou le référendum de 2005 avait attiré les foules et les débats. C'est la médiocrité des offres politiques et la disparition du choix, principalement à cause de la construction européenne et de ses contraintes, qui ont produit une désaffection pour les hommes politiques actuels. C'est une crise de la représentation et non une crise de la politique au sens large. Mais c'est vrai que pour un homme politique actuel qui a eu le pouvoir, il est plus facile d'accepter l'idée d'une dépolitisation de la population qui l'exonère de toute forme de responsabilité.
5- Une réduction du nombre de régions à 8 ou 10
Cette idée est présentée comme un moyen de rivaliser avec les autres grandes régions européennes. Quel drôle d'idée! Ce n'est pas très gaulliste d'ailleurs, car c'est plutôt une vision fédéraliste de la société. À moins que DDV ne veuille participer à la déconstruction de l'état français dans l'Europe par la conjugaison de grands pouvoirs octroyés aux régions ajoutées au rôle écrasant donné à Bruxelles et Francfort. DDV veut-il préparer l'élargissement du nouveau Saint-Empire germanique aux régions françaises? Vouloir décentralisé ce n'est pas une mauvaise chose en soi, mais faire des régions plus grosses n'est pas forcement la meilleure façon de faire. Des monnaies locales seraient des outils nettement plus efficaces pour y arriver, mais c'est un autre débat. De toute façon le vrai problème en France aujourd'hui ce n'est pas la faiblesse des régions celles-ci s'avèrent même puissante et gaspilleuses. Non, le vrai problème c'est l'impuissance de l'état central, dans ce cadre donner encore plus de pouvoir aux régions serait éminemment dangereux.
6-Sortir de l'Otan.
Voilà bien le seul point sur lequel je n'aurai aucune critique à faire, on voit bien là que DDV est gaulliste uniquement sur la question de la politique étrangère. À vrai dire, je ne sais absolument pas ce qui a poussé l'UMP et Nicolas Sarkozy à rejoindre une organisation qui aurait dû être dissoute dans les années 90 au lendemain de la fin de la guerre froide. L'OTAN est le vestige d'une autre époque et n'a plus aucune justification existentielle, si ce n'est se faire le bras armé de la puissante industrie militaire américaine. Cette organisation est d'autant plus anachronique qu'elle semble incapable de vraiment gagner les conflits dans lesquels elle s'engage. La professionnalisation de l'armée et l'orientation des matériels militaire vers la projection ont rendu les troupes de l'OTAN incapable d'agir sur le terrain. Car cette orientation vers une armée de projection a un coût, elle a réduit les possibilités de maintenir un nombre de troupes élevé à budget constant. Le résultat c'est que les armées occidentales n’ont pas assez de troupes ou de matériels en quantité. Sans parler du rendement décroissant qui touche le progrès technique en matière d'armement. Il est dommage que DDV n'aborde pas ce problème. Il y a une dernière question d'ailleurs que les hommes politiques devraient peut-être se poser en matière militaire. Est-il possible de créer ou de faire fonctionner des armées modernes sans pétrole? Ça, ce sera la vraie problématique du monde militaire des prochaines décennies. D'ailleurs DDV n'aborde absolument pas la question du pétrole c'est un autre mauvais point.
7-Une «TVA 3E» : emploi, environnement, exportations.
Pas de grandes précisions à ce sujet. Il est probable que DDV nous ressorte ici la fameuse TVA sociale qui est un outil protectionniste intéressant même si complètement insuffisant face au problème que produit l'euro sur notre économie. D'ailleurs DDV n'a absolument pas parlé des problèmes monétaires qui sont pourtant essentiels pour notre commerce extérieur. La dégradation économique de la France et de sa balance commerciale étant largement imputable à l'évolution de l'euro comme l'avais montré Jacques Sapir.
Conclusion
Dominique De Villepin essaie de faire croire que son programme est révolutionnaire. Sa mesure phare est certes intéressante, mais ne suffit pas à rendre son programme réellement révolutionnaire. Il n'a eu de cesse au début de se conférence de nous rappeler à quel point les hommes politiques sont actuellement privés des outils leurs permettant d'agir concrètement. Mais pour seule réponse à cette impuissance DDV nous propose une énième réforme constitutionnelle. Comme si la dépossession du pouvoir politique était liée uniquement aux institutions. La réalité est que la France a renoncé au pouvoir réel, elle ne possède plus de monnaie propre et n'a donc plus ni politique d'investissement public, ni politique monétaire commerciale. Elle a renoncé à contrôler ses frontières commerciales, humaines et fiscales en permettant aux marchandises, aux hommes et aux capitaux de circuler librement grâce à l'Europe, ce qui rend impossible toute régulation en ces domaines. Et enfin, elle a renoncé à ses choix militaires en rejoignant l'OTAN. DDV ne nous rend qu'une seule liberté dans son programme, c'est la liberté militaire, sur toutes les autres il ne propose rien. On peut donc à l'écoute de ce programme se poser une question: A quoi sert vraiment la candidature de Dominique De Villepin? N'est-ce pas justement une simple affaire de querelle interpersonnelle qui le pousse à éventuellement se présenter à l'élection? N'use-t-il pas des mêmes procédés qu'il critique pourtant si fortement chez ces confrères, démagogie et clientélisme électoral?
Yann
Conférence de presse de Dominique de Villepin au... par publicsenat
Les propositions de DDV sur Le figaro Les echos Le parisien liberation
http://lebondosage.over-blog.fr/article-les-propositions-de-dominique-de-villepin-71724290.html
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Immigration : le grand mythe de la substitution
15/04/2011 08:06
C’est une petite musique traditionnellement véhiculée par le Front National et le MPF de Philippe de Villiers et plus dernièrement par Claude Guéant : l’identité de la France serait menacée par l’immigration musulmane. Un fantasme qui ne résiste pas une seconde à l’analyse.
Le fantasme des identitaires
Certaines personnes pensent sincèrement que notre pays est littéralement envahi par des immigrés qui vont finir par se substituer à la population d’origine. Mais cela vient souvent d’un problème de comptage. Ils raisonnent souvent comme si tous les immigrés étaient d’origine africaine et y ajoutent les personnes naturalisées (déjà comptées). Pire, ils maîtrisent mal l’évaluation des flux, comptant 200 000 immigrés de plus tous les ans alors que le solde net est 2 à 3 fois inférieur.
Bref, de multiples erreurs de raisonnement cumulatives les poussent à avoir une vision déformée des flux migratoires et à imaginer une substitution qui est un pur fantasme quand on examine froidement les chiffres, même ceux de Michèle Tribalat. Pour leur défense, la proportion de personnes de couleur en France est sans doute supérieure à celle de l’immigration, du fait de notre histoire et leur concentration géographique accentue les choses, mais cela ne change rien au niveau limité des flux.
L’immigration d’origine africaine
Aujourd’hui, si on part des chiffres de l’INED (nettement supérieur à ceux de l’INSEE), et que l’on estime que 60% des immigrés sont d’origine africaine (entre les chiffres de l’INSEE et ceux de Tribalat / Gourévitch), cela représente 4 millions de personnes sur une population de 65 millions. Mais la particularité de notre pays est d’avoir un solde naturel très positif, de l’ordre de 300 000 personnes par an. Déjà, cela tord le cou au fantasme de substitution, puisque notre population croît fortement.
En effet, il ne pourrait y avoir substitution que s’il y avait remplacement de la population d’origine par des immigrés, ce qui n’est absolument pas le cas puisque la population de notre pays augmente encore fortement et principalement par la forte fécondité plutôt que par l’immigration (qui ne représente que 20 à 25% de notre croissance démographique). Ici, les identitaires rétorquent volontiers que notre forte fécondité vient de notre population immigrée.
Pourtant, l’Allemagne ou l’Espagne, qui accueillent proportionnellement plus d’immigrés que nous (selon l’INED) ont une fécondité beaucoup plus faible, ce qui montre que notre démographie doit plus à notre politique familiale et à notre culture. Le modèle familial Français est différent de celui de nos grands voisins : la norme est d’avoir deux enfants (et autant de familles ont un ou trois enfants) alors que la norme Italienne, Espagnole ou Allemande est de un à deux enfants.
Projections pour le futur
Si on projette les chiffres actuels pour les cinquante années à venir, la vague d’immigration n’est pas prête de changer la nature de la France. Avec un solde net de 40 000 à 60 000 immigrés d’origine africaine par an, on atteint le chiffre de 2 à 3 millions de personnes de plus d’ici à 2060, (soit un total de 6 à 7 millions sur une population de 80 millions d’habitants). Il est évident que de tels chiffres ne changeront pas la face de notre pays, même si les flux étaient doublés.
Bien sûr, les populations d’origine africaine font plus d’enfants. Néanmoins, dès la deuxième génération, les immigrés font autant d’enfants que la moyenne. Mieux, la transition démographique accélérée de l’Afrique a considérablement rapproché nos comportements : l’indice de fécondité en Algérie n’est plus que de 2,4. En clair, même en poussant tous les curseurs au maximum, nous sommes extrêmement loin du phénomène de substitution agité par les milieux d’extrême-droite.
Bref, on peut prendre les chiffres par tous les bouts. Même en considérant les hypothèses les plus extrêmes, la France n’est pas du tout sur la pente d’un phénomène de substitution par des immigrés d’origine africaine. Il ne s’agit que d’un fantasme agité par Marine Le Pen et consorts.
Laurent Pinsolle
Photo : ABC news
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