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Impôts: Sarkozy se coupe des classes moyennes
24/02/2011 09:48
La question fiscale - qui devrait occuper une place centrale dans la campagne de 2012 - s'annonce compliquée pour le très probable candidat à sa propre succession. Pour Roland Hureaux, il sera difficile de convaincre les classes moyennes, qui s'estiment lésées par une politique fiscale surtout favorable aux couches les plus aisées.
omment ne pas s’étonner que le président de la République, qui passe pour un grand stratège, mette en chantier dans une année pré-électorale, un sujet aussi périlleux que la réforme fiscale ? Sans doute, ne sait-il pas que la difficulté de réformer les contributions fut à l’origine directe de la Révolution française ?
On peut sommairement diviser la population française, et même l’ensemble des sociétés occidentales aujourd’hui, en trois segments :
- au sommet de l’échelle, le 1% de revenus très élevés, qui ont le plus souvent aussi la plus grande fortune ; peut-être faudrait-il même réduire ce pourcentage à 0,5 %; - au bas de l’échelle, entre 10 et 15 % d’ « exclus » vivant d’aides sociales (RSA, CMU, Minimum vieillesse, allocations de chômage, AAH etc.) et une frange de travailleurs à temps partiel; - entre les deux, une vaste « classe moyenne » qui va du pharmacien et du patron de PME à ce qu’on appelait autrefois la classe ouvrière : travailleurs au SMIC ou un peu au-dessus du SMIC; Cette catégorie centrale n’est assurément pas entièrement homogène (il y a assurément une grande distance entre les commerçants les plus prospères et les ouvriers ou employés les plus modestes). Mais elle se définit par le fait qu’elle gagne sa vie en travaillant : le petit patron a beau avoir un capital, il est d’abord un travailleur, et par le fait qu'elle paye des impôts et qu’elle a même le sentiment de porter le poids de l’essentiel de la charge fiscale, alors que les deux autres catégories, dans des registres évidemment très différents, ne vivent pas d’abord de leur travail.
Même si les dirigeants de grands groupes, les sportifs et les artistes, les traders les plus doués, qui appartiennent au premier groupe, travaillent, leurs revenus sont hors de proportion avec le travail qu’ils fournissent. Ils payent sans doute beaucoup d’impôts mais, bien conseillés et quelquefois « délocalisés », il s’en faut de beaucoup qu’ils subissent comme les classes moyennes supérieures le choc de la progressivité. Le cas de l’héritière Bettencourt imposée à 22 % de son revenu est significatif. Quant au troisième groupe, il ne travaille pas non plus, volontairement ou pas, et se trouve exonéré de la plupart des impôts directs. Le candidat Sarkozy a fait d’abord campagne auprès du groupe central, « ceux qui se lèvent tôt » ; en répétant à satiété qu’il fallait « travailler plus pour gagner plus », il épousait entièrement les valeurs de ce groupe : fierté du travail, hostilité à l’impôt, et à des degrés variables, hostilité aux abus de l’Etat providence, cela avec des nuances : l’hostilité au « tout-social » va croissante à mesure qu’on descend vers le bas de l’échelle ; elle atteint son maximum chez les « travailleurs pauvres » qui constatent presque tous qu’une situation d’assistance bien gérée rapporte autant ou plus que ce qu’ils gagnent en travaillant. Le milieu et le haut de la classe moyenne a moins ce souci, d’abord parce que sa situation est plus confortable et que la vie quotidienne ne lui offre pas tant d’occasions de faire de comparaisons. L’hostilité des classes moyennes à la première strate, qui devrait être grande, est largement amortie par la discrétion de celle-ci : les vrais riches, souvent très âgés, ne font en général pas de bruit. Cette hostilité ne s‘éveille qu’à l’annonce des salaires et des bonus des grandes banques et de leurs traders ou des cachets des joueurs de football. Si le bas de la classe moyenne, la classe ouvrière ou paysanne, en veut surtout aux assistés, le haut de la classe moyenne en veut à l’Etat. Plus le système fiscal est lourd, plus ses chances d’atteindre le haut de l’échelle, de rejoindre la vraie fortune, sont faibles. Comme dans le Bas-Empire romain, la lourdeur de la fiscalité rigidifie les classes sociales, ralentit la mobilité sociale ascendante (réservée à quelques grands fauves des affaires ou vedettes de la chanson au destin exceptionnel), ce qui ne va pas sans frustrations dans toute une partie de la classe moyenne. Bien qu’il ait fait surtout campagne auprès du groupe central, Nicolas Sarkozy a, on le sait, fait essentiellement la politique du premier groupe, celui des très riches – et à la marge du troisième. Non seulement, il n’a pas répondu à la frustration des classes moyennes, mais il a aggravé leur situation. Elles se sentent de plus en plus imposées alors que la classe supérieure mondialisée l’est de moins en moins, et que la classe inférieure continue de vivre de la solidarité nationale, et donc à ses dépens.
Les réformes emblématiques du début du quinquennat: abaissement du bouclier fiscal, allègement de l’ISF bénéficient principalement au premier groupe. En revanche, l’évolution des tranches de l’impôt sur le revenu, l’extension quasi-universelle de la CSG et d’autres mesures analogues donnent à toute une partie des classes moyennes et même à une partie des travailleurs modestes, le sentiment de payer plus d’impôts depuis 2007.
Emblématique fut l’institution du RSA qui s’est traduite par un transfert d’1,5 milliard supplémentaire en faveur des exclus – transfert d’une utilité douteuse selon un économiste de gauche comme Michel Godet –, entièrement mis à la charge de catégories moyennes et moyennes inférieures par l’alourdissement de la fiscalité de l’épargne, les plus riches se trouvant exonérés de cette solidarité grâce au bouclier fiscal. L’évolution fiscale renforce ainsi celle de revenus primaires qui, dans tous les pays, a vu les 1% les plus riches progresser d’environ 30 % au cours de la décennie 2000-2010, tandis que le revenu des 99% autres, singulièrement des classes moyennes, stagnait ou régressait. Ce mouvement, exacerbé aux Etats-Unis – au bénéfice non point des 1 % mais des 0,1 % les plus fortunés, se voit aussi dans toute l’Europe continentale, France comprise. Le projet de réforme fiscale est ainsi pris entre deux feux : - d’un côté les classes moyennes ressentent vivement un malaise du fait de promesses qui ne sont pas tenues ; - de l’autre le président ne veut pas finir son mandat sans tenir jusqu’au bout la promesse qu’il a faite à ses amis du Fouquet’s, très représentatifs de la première catégorie : non seulement le bouclier fiscal mais la suppression complète de l’ISF.
Le seul moyen de satisfaire en même temps les uns et les autres, serait de réduire la pression fiscale. Or aucune des conditions pour ce faire n’est aujourd’hui remplie, au contraire : Il aurait fallu réduire les dépenses publiques, mais on est à cet égard loin du compte : les collectivités locales ont toujours la bride sur le cou pour augmenter les impôts locaux, qui pèsent le plus lourdement sur les classes moyennes, notamment l’impôt foncier ; la RGPP a induit toute une série de dépenses supplémentaires que personne ne s’est soucié de contrôler : hausse massive des traitements des hauts fonctionnaires sous prétexte d’introduire la rémunération au mérite, désordre mis dans l’administration par des réformes de structure brouillonnes. Il est clair que dans ces trois années 2007-2010, rarement l’Etat français aura autant démontré son incapacité à réduire ses coûts ; Dans une situation de croissance, la matière imposable se développant, il est possible de réduire les taux des impôts sans réduire leur rapport ; or la crise a entrainé un rétrécissement de la matière imposable qui limite considérablement la marge de manœuvre. Les deux dernières périodes de croissance où il eut été possible de réduire la pression fiscale: sous Rocard et sous Jospin, furent des occasions manquées : non seulement on ne l’a pas fait, mais on a alors utilisé la « cagnotte » pour engager des dépenses de fonctionnement pérennes. Enfin l’acquiescement, discutable en lui-même, de Nicolas Sarkozy à la politique d’austérité promue par Angela Merkel va l’obliger à réduire fortement le déficit et, comme les dépenses ne diminuent pas rapidement, d’augmenter encore la pression fiscale. Paradoxe étonnant : Sarkozy veut inscrire l’équilibre budgétaire dans la constitution alors que tout le reste de sa politique rend cet équilibre à peu près impossible.
La conséquence est claire : en l’absence de perspective de réduction du prélèvement total, si le président supprime l’ISF – qui représente près de 6 milliards d’euros, il va nécessairement accroître encore la pression fiscale sur « ceux qui se lèvent tôt », soit la plus grande partie des classes moyennes, le troisième tiers étant hors course. Typique de ce transfert de charges est la proposition d’un expert fiscal parisien formulée récemment dans le Figaro : remplacer l’ISF par une augmentation uniforme de l’impôt foncier. Rarement on vit proposition aussi légère ! Ce personnage ignore sans doute que dans une bonne moitié de la France (qui ne comprend ni Paris, ni Neuilly), l’impôt foncier est déjà écrasant ; il équivaut même dans certaines villes à un vrai loyer. Des petits propriétaires vendent leurs biens durement acquis car, la retraite venue, ils ne peuvent plus faire face aux charges. C’est la rançon de la licence accordée aux collectivités locales de dépenser sans compter. La taxe d’habitation est à l’avenant, à ceci près que la troisième strate en est généralement exonérée et quelle repose donc d’abord, elle aussi, sur les propriétaires. C’est pourquoi l’équation de la réforme fiscale posée par Sarkozy est insoluble. C’est la quadrature du cercle : il ne pourra, comme il le souhaite, alléger encore les impôts de ceux qui, de fait, gagnent déjà de plus en plus, sans alourdir les impôts de ceux dont les revenus stagnent ou baissent. Une cote mal taillée, telle qu’elle est envisagée par une partie de la majorité, se traduisant par de simples aménagements, risque de mécontenter tout le monde. Fin politique malgré tout, le président a compris que, tant qu’à faire les mécontents, il valait mieux faire des choix clairs : contre les atermoiements de sa majorité, il préconise la suppression pure et simple de l’ISF. Les classes moyennes n’y retrouveront pas leur compte. Mais les 1 % du haut de l’échelle, eux, s’y retrouveront et seront encore mieux fidélisés et, comme ils contrôlent la plupart des moyens de communication, ils seront d’autant plus motivés pour faire la campagne du président sortant. C’est sans doute là le calcul que fait le président.
Mais ce calcul demeure éminemment risqué. Chirac avait sans doute perdu les élections de 1988 sur une annonce trop claironnée de la suppression de ce qu’on appelait alors l’IGF (impôt sur les grandes fortunes). Cette annonce était venue en tout début de mandat : les vieux routiers de la politique disent que l’opinion ne retient que ce qui se fait dans le premiers mois et dans les derniers. La mesure emblématique des premiers mois de la mandature Sarkozy fut la baisse du boulier fiscal ; si la mesure emblématique des ses derniers mois est la suppression de l’ISF, sa réélection est bien compromise.
Roland Hureaux - Chroniqueur associé
image : (Flickr - World Economic Forum - cc)
http://www.marianne2.fr/Impots-Sarkozy-se-coupe-des-classes-moyennes_a203124.html
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Laïcité : la gauche navigue à vue
24/02/2011 09:39
Pour le blogueur Romain Pigenel, Anne Sinclair, en rejetant sur son blog l'annonce par l'UMP d'un grand débat sur l'islam, illustre un des travers de la gauche : celui de répondre aux inquiétudes suscitées par l'islam et la coexistence républicaine des communautés en fustigeant la droite et l'extrême droite. Une attitude contre-productive qui empêche la gauche d'avoir une ligne claire sur ces thèmes.
On l’a bien compris : pour deviner la pensée et la parole « empêchées », comme on dit, de DSK, il faut désormais surveiller de près le blog d’Anne Sinclair. Très « écoutée » de son mari, chargée d’entretenir le désir, elle pourrait bien devenir le porte-parole le plus clairement identifié du directeur du FMI. Et comme pour répondre coup pour coup aux attaques de la droite contre celui-ci, elle a justement publié lundi une note fustigeant l’annonce par l’UMP d’un grand débat sur l’Islam dans la perspective de 2012. Un débat ? Des « petits et vieux manèges », dans la lignée de l’identité nationale, de la burqa et du discours de Grenoble, une « volonté d’agiter des peurs en espérant dégonfler l’extrême droite et ressouder [la] droite » ; « remuer encore une fois cette trouble marmite […] jouer avec le feu ». Il n’y a pas de problème lié à l’Islam en France, et ce qui « alarme » véritablement les Français, c’est « les inégalités inacceptables, le chômage omniprésent, l’école en déroute, la santé en panne, l’Europe toute entière en crise ».
« It’s the economy, stupid ! ». On connaît bien le discours repris en filigrane dans ce billet : les vrais problèmes sont économiques (« inégalités », « chômage »), sociaux (« école », « santé »), et le reste ne serait que calembredaines superficielles, voies sans issue pour la gauche et manipulations nauséabondes de la droite. Toute la nébuleuse complexe des questions religieuses, identitaires, culturelles devrait être reléguée aux débats télévisés du samedi soir, pour se consacrer au dur, à l’infrastructurel, aux valeurs socialistes, éducation, emploi, protection sociale. Une fois ce « gros œuvre » traité par l’État, à la société de s’organiser comme bon lui semble. Anne Sinclair mi-marxisante, mi-libérale « sociétale » ? Il est vrai que sa hiérarchie des préoccupations n’est pas absurde : elle reflète à peu de choses près, par exemple, le dernier sondage TNS Sofres, que le staff DSK a (on imagine) regardé de près. Le sujet que l’on pourrait le plus rapprocher du débat UMP sur l’Islam, « l’intégration et les relations entre groupes sociaux », n’y arrive que 15ème. Cela dit, on peut se demander en quelle mesure une formulation aussi contournée a été réellement comprise des sondés. Surtout quand on se remémore une autre étude IFOP récente, dont le résultat, aussi inquiétant que consternant, a finalement été fort peu commenté, peut-être justement parce qu’il dérangeait. Effectuée en Allemagne et en France, elle révélait dans les deux pays un rejet des Musulmans (et une conviction de leur non-intégration) transcendant les clivages politiques, et particulièrement saillant dans les catégories populaires. Ces deux études ne sont pas contradictoires : elles disent simplement, mises bout à bout, que même si la confession de son voisin n’est pas la principale obsession au jour le jour du citoyen français, elle peut devenir un sujet hautement problématique quand elle finit par arriver sur la table.
Or c’est précisément dans la nature de la question confessionnelle, comme des autres questions identitaires/culturelles/« sociétales », que de surgir dans le débat par à-coups, via un fait divers dont la portée émotive et symbolique dépasse de loin l’importance quantitative. Le port de signe religieux « ostentatoire », l’occupation d’une rue par des prières de groupe ou une tentative de baignade en burkini ne sont certes pas des événements du quotidien (hors contextes très particuliers) ; mais qu’ils viennent à passer devant les caméras des médias et alors ils prennent par contraste une importance d’autant plus forte, surtout qu’ils interrogent des principes fondamentaux (par définition, il n’y a de pas de petite entorse à un principe). Ce qui est vrai en temps normal se vérifie d’avantage encore dans les séquences d’hyper-attention que sont les campagnes présidentielles ; on se souvient, pour la problématique sécuritaire, l’ampleur qu’avaient eu et le rôle qu’avaient joué Papy Voise en 2002, et les émeutes de la gare du Nord en 2007. Si jamais un incident relatif à la pratique de l’Islam survient durant la campagne de 2012 – et il ne manquera pas d’y en avoir, provoqués s’il le faut, n’en doutons pas – il focalisera l’attention et aura valeur de test sur la fermeté et la justesse des principes, et des convictions, des différents candidats en lice. Malheur à celui ou celle qui étalera alors publiquement son désintérêt pour la question, ou sa confusion sur la réponse à apporter.
Puisqu’abcès il semble y avoir sur le sujet culturel et religieux de l’Islam, il faut le percer, et le plus tôt sera le mieux. Il ne suffit pas de se lamenter sur la désinformation ou l’immaturité du « peuple », de souligner que ceux qui critiquent nos concitoyens musulmans n’en ont peut-être aucun dans leur entourage, ou de tenter la méthode Coué et le catéchisme de masse sur l’air de « tout va très bien, madame la marquise ». Fustiger la droite ou l’extrême-droite sans se prononcer sur le fond, comme on l’a vu lors de l’épisode de la rue Myrha en décembre dernier, est une attitude éminemment contre-productive. La première chose à faire est de prendre au sérieux et de respecter les Français qui éprouvent un malaise, et de discuter de façon ouverte et non polémique de ce qui leur pose problème. On notera à ce sujet l’ambivalence du papier d’Anne Sinclair, à vrai dire classique des démonstrations de ce type : d’un côté, on évacue le sujet religieux, mais de l’autre on lui reconnaît bien tacitement une existence puisque l’on parle de « jouer avec le feu » ou de « remuer encore une fois cette trouble marmite ». Il faudrait savoir : soit les Français sont fous, malléables et stupides et la droite peut leur mettre ce qu’elle veut dans la tête en lançant les débats ad hoc ; soit il y a bien un ressentiment problématique qui prospère dans l’ombre, ce « feu » ou cette « trouble marmite », et alors il me semble qu’il est politiquement suicidaire et irresponsable de faire l’autruche à son égard.
A partir de là, que faire ? Prendre les devants, clarifier la position de la gauche et commencer à imposer son propre cadrage idéologique du débat, qui ne peut bien sûr être en négatif sur l’Islam, comme le propose Sarkozy, mais doit se faire en positif sur la réaffirmation et l’interprétation contemporaine de la laïcité. Jusqu’à présent, les polémiques médiatiques ont surtout démontré la division et le manque de ligne claire du PS et de la gauche : candidate voilée qui clive au sein du NPA, votes disparates sur l’interdiction de la burqa, maires socialistes protestant contre l’implantation de Quick halal sans prise de parole du national, Benoît Hamon reprenant maladroitement la condamnation de Marine Le Pen sur les prières de rue plusieurs jours après elle, des élus comme Manuel Valls ou Daniel Vaillant défendant plus ou moins franchement le financement (in)direct des lieux de culte… On navigue à vue. C’est l’impréparation plus qu’on ne sait quelle malédiction ou « trouble marmite », pour reprendre l’expression sinclairienne, qui fait de ces épisodes des chausse-trappe pour la gauche. Et ils le seront de plus en plus, à chaque nouvel incident, et à chaque fois que l’UMP ou le FN retourneront le couteau dans la plaie, si une clarification n’a pas lieu. Le PS doit donc utiliser le temps qui lui reste pour organiser une convention de travail sur la laïcité et les principes de la République – dans les textes des conventions organisées jusque là, le terme n’est apparu que deux fois (dans la synthèse sur l’égalité ), avec pour seule proposition de … mettre en place le service civique. On avance par ailleurs dans le même texte l’idée d’épurer les manuels scolaires des stéréotypes racistes. Chacun conviendra que c’est un peu court. Une convention permettrait de trancher les questions ouvertes et les interrogations factuelles (y a-t-il oui ou non assez de mosquées, par exemple ?) pour couper court aux fantasmes et aux approximations, de vérifier si la loi de 1905 permet encore de répondre à toutes les situations, de réfléchir à d’éventuels accommodements, de faire le bilan catastrophique du sarkozysme sur ce point, de souligner les contradictions de Marine Le Pen, et d’envoyer un signal fort au pays. Elle pourrait aussi être l’occasion de reposer calmement la question de l’identité nationale et de définir le fameux « vivre ensemble » socialiste, en interrogeant les concepts hautement problématiques de « diversité » et de « métissage », qui ne peuvent sérieusement être considérés comme un viatique suffisant pour répondre aux interrogations d’un pays doutant de lui-même et travaillé par des tensions ethniques et culturelles qui ne disent pas leur nom (Lagrange ou Guilly ont eu récemment le mérite de poser le débat sur ces sujets). Il s’agit ni plus ni moins que de repenser un projet national donnant une place à tous les citoyens de notre pays, sans les assigner à leur identité individuelle.
Que la droite s’empare la première d’un sujet ne devrait pas le marquer comme pestiféré et décourager la gauche de s’y attaquer, mais au contraire l’inciter à ne pas abandonner des terrains entiers du débat à ses adversaires. Nous avons chèrement payé ce genre d’erreur, dans le passé, au sujet de la sécurité. Assumer un débat permet de ne pas s’en laisser dicter les thèmes : Jean-Luc Mélenchon l’a apparemment bien compris ; et le PS ? Espérons que pour une fois DSK n’écoute pas sa compagne et ne s’enferme pas dans une myopie économico-centrée funeste pour sa famille politique.
Romain Pigenel - Blogueur associé Lire d'autres articles de Romain Pigenel sur son blog.
image : (capture d'écran Dailymotion - LePostfr - cc)
http://www.marianne2.fr/Laicite-la-gauche-navigue-a-vue_a203122.html
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La Gauche moderne, un parti qui a perdu sa raison d'être
24/02/2011 09:33
Bockel président ? Alors que la Gauche moderne envisage de présenter l'ancien Secrétaire d'État à la présidentielle, Elie Arié revient sur ce mini-parti de tendance social-libérale, membre de la majorité. Selon lui, Bockel, comme les autres ministres de l'ouverture, a confondu solidarité gouvernementale et beni-oui-ouisme. Or, avec son éviction du gouvernement, ses militants peuvent quitter le navire.
La « Gauche Moderne » annonce qu’elle envisage de présenter Jean-Marie Bockel à la présidentielle.
La « Gauche Moderne » est un mouvement créé lors de son entrée au gouvernement, après l’élection de Sarkozy, en tant que « ministre d’ouverture », par Jean-Marie Bockel, un des rares membres du PS affichant son soutien au blairisme (terme tabou chez les socialistes, même si DSK l’est au moins autant que lui, avec son concept de « socialisme de production » social-libéral, destiné à remplacer le classique « socialisme de distribution » social-démocrate, et à empêcher l’apparition de la pauvreté qu’il ne serait plus possible de compenser par des allocations de remplacement du revenu : mais il ne faut pas le dire !). Ce mouvement était destiné à rester distinct de l'UMP et à constituer l’aile « social-libérale » de la majorité présidentielle pour équilibrer les tendances trop droitières de l’UMP ; et, accessoirement, à servir de sas d’entrée à des militants déçus de la gauche et susceptibles de rejoindre le sarkozysme. Et le fait est que l’on est surpris de voir le nombre d’ancien militants du PS, mais surtout du MRC de Jean-Pierre Chevènement (dont l’ancien député Michel Suchod), qui y exercent des responsabilités - peut-être en souvenir des débuts en politique de Jean-Marie Bockel dans le très à gauche CERES de Chevènement ? Toujours est-il que ce recrutement donne une fâcheuse impression de gens ne s’embarrassant pas trop de revirement idéologiques parfois surprenants par leur rapidité... même si « seuls les imbéciles ne changent pas d’avis » : si c’est là le seul critère de l’imbécillité, il s’agit alors de gens supérieurement intelligents. Très vite, il a fallu déchanter de cette fonction de sas de recrutement de militants sarkozystes ; toujours restée micro-groupusculaire, la « Gauche Moderne » (appellation anachronique s’il en est, à moins qu’il ne s’agisse d’une antiphrase du type « parti radical ») est sans doute appelée à perdre ses derniers militants avec l’éviction de Jean-Marie Bockel du gouvernement : ceux qui ambitionnaient de faire une carrière politique devront aller chercher ailleurs - une fois de plus. Reste à analyser les raisons de l’éviction gouvernementale de Jean-Marie Bockel, qui semblait évidente à tous - et le principal intéressé, qui a déclaré, en l’apprenant « être tombé de l’armoire », doit bien être le seul à en avoir été surpris. Bockel a failli perdre son poste ministériel, une première fois, en 2008, lorsque, secrétaire d'État chargé de la Coopération et de la Francophonie, il avait annoncé que « la Françafrique, c’était fini » - revivant la même mésaventure qui avait mis fin, une trentaine d’années plus tôt, à la carrière d’un de ses prédécesseurs, Jean-Pierre Cot, sous la présidence de François Mitterrand, pour des propos identiques : la politique de la Françafrique est aussi constante que sa condamnation officielle. Cet acte fut la première et la dernière manifestation de « gauche » de « la Gauche Moderne » : depuis, celle-ci s’est caractérisée par le soutien inconditionnel et totalement langue de bois de la politique sarkozyste et de tous ses virages successifs, allant, parfois, jusqu’à déborder l’UMP sur sa droite avec sa proposition de « flat tax » (impôt sur le revenu à taux unique pour tous, quintessence de la pensée économique ultra-libérale) ; d’ailleurs, aujourd’hui, Bockel participe aux réunions des centristes : la « Gauche Moderne » ne peut se laisser déborder sur sa gauche par les centres ! Dès lors, la présence de Bockel au gouvernement, comme celle des autres « ministres d’ouverture », perdait toute raison d’être : ils ont confondu solidarité gouvernementale et béni-oui-ouisme, se gardant bien, à tout moment, de tenter de faire valoir leur sensibilité particulière, d’exprimer publiquement leur révolte contre leur impuissance organisée, au besoin en mettant en jeu leur démission, à une époque où cette menace aurait pu avoir un certain poids, car elle aurait mis trop tôt en évidence le mythe que constituait cette « ouverture ». Jean-Marie Bockel a ainsi découvert et démontré qu’un gouvernement n’a pas besoin de suivistes inconditionnels qui ne lui apportent rien (c’est là le rôle des militants), que la seule reconnaissance que pouvait lui valoir cet effacement volontaire était... son « remerciement » aujourd’hui acté, que la politique n’est qu’un rapport de forces dans lequel on n’existe plus si on renonce à user de la sienne ; en définitive, c’est son hantise de perdre son portefeuille sous-ministériel qui lui aura justement valu de le perdre : n’est pas Chevènement qui veut.
Elie Arié - Tribune
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La crise n'a pas remédié à la déconnexion des élites
24/02/2011 09:27
Dans sa chronique du 21 février 2011, Flore Vasseur estime que la crise de 2008, qui aurait du sonner le glas des dérives du système financier, a au contraire renforcé la déconnexion entre le peuple et ses élites qui sont au pouvoir.
Cette impression de déconnexion entre pouvoirs et réalité, entre une élite de plus en plus exsangue et ratatinée sur ses acquis et une société qui s’effondre sur elle-même devient douloureuse. Tout démarre vraiment en 2008. La finance fait son lit – de mort – avec les subprimes. La bulle éclate, la société trinque. Le Politique a la formidable opportunité de reconnecter l’économie à la réalité. En lieu et place d’un projet de véritable ampleur, ou même d’une remise en cause, on a un sauvetage des banques sur les deniers publics. Depuis, l’écart se creuse : le taux de chômage réel aux États-Unis dépasse les 22% selon shadowstats.com, un site qui démaquille les statistiques officielles. Le déficit extérieur américain augmente de 43%. Pourtant les marchés, Nasdaq en tête, renouent avec les records d’avant crise. Les liquidités injectées en masse par la FED, la Banque centrale Américaine, pour relancer l’économie n’auront servi qu’à acheter des biens à l’étranger et à doper les marchés. Ils se sont jetés sur cet afflux d’argent frais pour investir dans les produits spéculatifs : matières premières, valeurs technologiques. N’y a-t-il pas un dirigeant, une entité, pour dénoncer cette fuite en avant ? Cette déconnexion précisément avec la réalité ? Surtout pas ! Gardons nous surtout de les empêcher de prospérer tranquille en avançant quelques revendications. Les augmentations de salaires, c’est pour les traders ! Le CAC 40 explose, la finance se régale mais pour Jean-Claude Trichet, le patron de la Banque Centrale Européenne, ce serait une « grosse bêtise » ce sont ses mots, que d’augmenter les salaires des fonctionnaires. Entre nous, cela ne l’a pas empêché lui d’augmenter son salaire. Oyez, oyez pauvres pécheurs, faites ce que je dis pas ce que je fais ! Et regardez les bulles passer en silence. Va encore que nos dirigeants ne saisissent pas l’injustice de leurs politiques économiques. Ils peuvent prétexter que les marchés vont trop vite, que la mondialisation, ma bonne dame, c’est bien compliqué, que le capitalisme est une tyrannie, que les institutions bancaires sont trop puissantes. Tiens d’ailleurs, comme un fait exprès Barclays est entrain de changer de statut juridique pour éviter d’avoir à se soumettre à la loi Dodds-Franck sur la nouvelle régulation bancaire. Encore une qui n’est pas prête de se reconnecter à la réalité. Prospérons tranquille donc ! C’est ce qu’a dit aussi et entre autres l’un des fils Khadafi dimanche à la télévision pour calmer les protestants ivres de liberté : « Arrêtez, leur a-t-il dit, vous êtes en train de faire échouer un plan de 200 milliards d’investissement ». Comme en Égypte, il leur a coupé Internet. La déconnexion, mesure panique de gouvernements mal en point. Hillary Clinton en sait quelque chose : dans un étonnant numéro de claquettes toutes technocratiques, elle a dévoilé son plan pour défendre la liberté d’Internet dans les dictatures quelques jours après que le Sénat américain, son Sénat ait prolongé le Patriot Act qui précisément verrouille la liberté de l’internet aux États-Unis… .shadowstats.com
Mais la déconnexion la plus affligeante dans cette histoire, c’est la non réaction ou les réactions à contre temps de notre démocratie roupillante face aux soulèvements du Moyen Orient : silence radio au Quai d’Orsay alors que le régime libyen ordonne à son armée de tirer sur les manifestants et de brûler vifs les soldats qui refusent. Pourquoi ce silence ? Michèle Alliot-Marie subitement dépêchée au Brésil, on pourrait demander à Patrick Ollier, son mari, le Monsieur Libye du gouvernement. Coincé entre des contrats en panne, un baril de pétrole qui explose et des électeurs qu’ils espèrent atones, notre gouvernement se tait, espérant que le souffle révolutionnaire passera en les épargnant. C’est la Real Politik. Elle a rarement été glorieuse. L’internet l’a rendue plus crue. C’est que, de déconnexion en clivage, notre élite n’arrive plus à penser. Morte de trouille, elle fonce droit vers la rupture. C’est comme la bourse, une énorme fuite en avant. Un crash assuré. Heureusement, l’Elysée a son plan de com’ : Carla S. va chanter Trenet et susurrer Douce France en italien. Déconnexion donc….
Flore Vasseur - Blogueuse associée
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Ecologie et développement humain
24/02/2011 09:20
La plupart des médias, pour attirer les lecteurs, les auditeurs ou les téléspectateurs délivre des informations anxiogènes principalement dans le domaine écologique pouvant remettre en cause le développement humain, alors il est extrêmement difficile aux citoyens de se faire un point de vue objectif de la situation.
Nos sociétés sont de plus en plus complexes et nous sommes de ce fait confrontés à de multiples questions. En voici une liste non exhaustive :
• Fallait-il vacciner tout le monde contre la grippe porcine ? • Les téléphones portables et les antennes pour la téléphonie mobile sont-ils dangereux ? • Quels sont les dangers et les avantages des OGM ? • Quelle est la toxicité de la dioxine rejetée par l’incinération des ordures ménagères ? • L’utilisation des nano particules présente-elle un danger ? • Faut-il autoriser la création de nouvelles lignées de cellules souches embryonnaires ? • Les déchets des centrales nucléaires font-ils courir un risque déraisonnable ? • Y a t-il un réchauffement climatique et l’homme en est-il responsable ? • Les accélérateurs de particules peuvent-ils provoquer un « avalement » de toute la terre par un trou noir créé par une collision de haute énergie ?
Des mouvements économiques, médiatiques ou politiques peuvent parfois donner des réponses en fonction de leurs propres intérêts. Pour cela il suffit de se souvenir de quelques faits : l’industrie du tabac a financé de nombreuses « pseudos études » niant ses effets toxiques, la mémoire de l’eau, un chercheur prétendait observer des réactions même lorsque la solution étudiée ne contenait plus que de l’eau. Cette thèse qui remettait en cause toutes les sciences physiques, chimiques, biologiques… avait reçu le soutien financier de « laboratoires » homéopathiques.
Il ne faut pas attendre des informations fiables sur les effets du round-up ou la vérité sur de possibles économies de pesticides que l’on peut attendre, ni même sur les OGM de la part de Monsanto. Par ailleurs l’entreprise sert de prétexte de la part des opposants systématiques, pour éluder toute interrogation sur les OGM. Cette firme est un moyen très commode pour justifier le fait d’arracher les champs expérimentaux de l’INRA pourtant destinés précisément à examiner s’il y a ou s’il n’y a pas de problèmes.
Oubliant le siècle des lumières, le pays de Pasteur est souvent celui qui est l’un des plus enclins à se méfier des résultats scientifiques. Est-il possible que la cause soit le fait que nous sommes le seul pays au monde à avoir inscrit le principe de précaution dans notre constitution ?
Tout le monde s’accorde pour dire que les insecticides et les pesticides sont dangereux pour la santé. Mais c’est la dose qui fait le poison. Utilisés en faible dose ils éliminent les insectes et les maladies des végétaux leur permettant une meilleure croissance sans pour autant présenter de danger pour l’Homme.
Le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) était le premier insecticide moderne, développé au début de la Seconde Guerre mondiale. Il fut utilisé avec beaucoup de succès dans la lutte contre les moustiques transmettant le paludisme, le typhus, ainsi que d'autres insectes vecteurs de maladies et également comme insecticide agricole. En 1948, le chimiste suisse Paul Hermann Müller, reçut le prix Nobel de médecine pour sa découverte de la grande efficacité du DDT en tant que poison contre divers arthropodes. Le DDT fut fréquemment utilisé jusqu’en 1960 où l’on découvre à Long Island que celui-ci (utilisé pour se protéger de la malaria) fragiliserait les coquilles des œufs de faucons sauvages. Il y a un procès au USA et le DDT est interdit au Etats-Unis d’abord, puis sur l’ensemble de la planète. La malaria refait sa réapparition et 700 millions de personnes sont actuellement atteintes, faisant de l’ordre de 1 à 3 millions de morts par an dans les pays du sud (comparables à celles due au SIDA). Depuis l’an 2000, l’utilisation du DDT est à nouveau possible sous certaines conditions (application le long des murs) : six mois plus tard, le nombre d’infections avait chuté de moitié. Cet exemple montre que le choix a été fait pendant plusieurs années de sauver le faucon sauvage de Long Island contre la mort de plusieurs millions d’habitants des pays du Sud.
Enfin traditionnellement les partis de « gauche » étaient plus portés vers la science que les partis de « droite » plus conservateurs, jusqu’à ce que les mouvements écologistes soient venus faire l’union avec la « gauche ». Cela a entrainé une grande partie la « gauche » vers une attitude antiscience. Le mouvement écologiste qui souhaite une meilleure gestion de la planète devrait s’appuyer sur les sciences pour améliorer cette gestion.
Les progrès technologiques ont été très souvent plus protecteurs de l’écosystème que destructeurs de celui-ci. Deux exemples :
• Le passage de paléolithique au néolithique a permis à l’humanité de s’affranchir de contraintes environnementales en diminuant les périodes de disette et a conduit l’humanité à une véritable explosion démographique. Le passage du cueilleur chasseur à celui du cultivateur éleveur a favorisé la sédentarisation. Elle a également permis le développement des rapports humains et l’accumulation et la transmission des connaissances acquises, développant ainsi les premières civilisations. • Plus récemment, le développement des nanotechnologies dans l’électronique a permis à la plupart d’entre nous de posséder dans sa poche un ordinateur qui, de plus, lui permet de téléphoner. Cet ordinateur est environ un million de fois plus puissant que son ancêtre des années 1970, un million de fois moins consommateur d’énergie et possède un nombre d’applications beaucoup plus grand. Faire la même chose voire plus avec moins de matériaux est une avancée écologique bénéfique à l’humain.
Toutefois des problèmes demeurent :
Avec 9 milliards d’habitants prévus vers 2050, la diminution des ressources énergétiques fossiles, le réchauffement climatique et la raréfaction annoncée de matériaux indispensables aux technologies modernes, le questionnement sur la biodiversité, les questions écologiques sont au cœur des politiques publiques actuelles.
L’humanité va devoir faire face au changement climatique : en limiter l’impact humain nécessite un plan d'action développé sans démagogie et sans catastrophisme. Il faut développer des systèmes de productions d’énergies décarbonées et cela sans exclusive en prenant toutefois en compte les éléments économiques. La France devrait développer un pôle énergétique public ou au moins très majoritairement contrôlé par le public.
Le 21ème siècle verra la raréfaction des ressources gazières et pétrolières. Il faut anticiper la pénurie à venir, développer les économies d’énergie et les énergies alternatives aux énergies fossiles. Il faut donc réorienter la consommation énergétique vers l’électricité en particulier quand elle est, comme en France, produite à 90 % sans gaz à effet de serre. L’isolation et le chauffage des habitations par pompe à chaleur, la voiture électrique doivent être développés. Pour le nucléaire, la France doit poursuivre son effort et en particulier contribuer au développement du nucléaire de 4ème génération afin de s’affranchir des ressources d’uranium et bénéficier de réserves énergétiques pour plusieurs milliers d’années. La question des déchets nucléaires qui inquiète très justement les Français doit également être prise au sérieux. La 4ème génération de réacteurs nucléaires produisant environ 10 fois moins de déchets et brulant une grande partie de ceux produits par la génération précédente sera un moyen efficace pour une meilleure gestion de ces déchets.
L’année de la biodiversité qui vient de se terminer fait craindre une disparition plus importante des espèces que lors les périodes précédentes. Cette diminution de la biodiversité présente de grands risques pour l’humanité, car la grande majorité des molécules contenues dans nos médicaments sont obtenues par synthèse de molécules d’origine biologique. Elles représentent un stock d’une importance primordiale pour l’Homme. Nous devons tout faire pour maintenir ce stock.
Les océans sont également un milieu important pour les écosystèmes. La pêche industrielle met certaines espèces de poissons en danger. Les norvégiens Axel Boeck et Ossian Sars ont, dès 1850, calculé à partir des prises de morues des pêcheries arctiques des îles Lofoten que les stocks étaient modulés par une variation naturelle cyclique, mais aussi par une surpêche conduisant périodiquement à l’effondrement de la pêcherie et à l'épuisement de la ressource au-delà d'un seuil ne permettant plus à l'espèce de se reproduire. Le biologiste anglais Michael Graham a noté que certains stocks de poissons (plies en l'occurrence) se sont reconstitués après qu'on eut diminué la pression de pêche durant la Première Guerre mondiale. Ceci a laissé penser qu'en diminuant la pression de pêche, le stock se reconstituerait rapidement, mais, plus tard, il a été montré que l'écosystème pouvait être durablement affecté par la régression massive d'une espèce et que, parfois, cesser la pêche d'une espèce ne suffisait pas à lui permettre de reconstituer sa population antérieure. En mer du Nord, le stock de morue serait en train de lentement se reconstituer depuis que sa pêche est fortement limitée. Toutefois une étude du centre de recherche de Kiel, publiée en 2010, a néanmoins montré qu'avec les plafonds actuels fixés par la politique commune de la pêche, l'objectif européen de reconstitution des ressources halieutiques ne pourra être atteint avant 2030, et que pour 12 espèces, dont la morue, le carrelet et le flétan, le niveau des stocks est tellement faible que même l'arrêt total et immédiat de la pêche pour ces poissons ne permettra pas leur reconstitution d'ici 2015. Dans ce domaine comme dans de nombreux autres le libéralisme sans contrainte produit des dégâts qui peuvent devenir irréversibles.
La méthode, utilisée sous l’impulsion du député Christian Bataille, peut être considérée comme exemplaire et devrait servir de modèle. En décembre 1991, les députés ont voté une loi sur les déchets nucléaires. Différentes solutions sont envisagées : le stockage en surface, qui consiste à attendre après avoir correctement conditionné les déchets , l’enfouissement profond, à condition que le confinement des déchets soit assuré, ou la transmutation des déchets par réaction nucléaire. Les députés ont voté une loi qui exige des organismes publics (CEA, CNRS, ANDRA) de travailler sur ces trois axes de recherche et rendez-vous leur est donné 15 années plus tard. Voici l’exemple qu’il faut suivre du bon rapport entre élus et scientifiques. Les élus qui doivent prendre des décisions difficiles interrogent alors les scientifiques, leur demandent de travailler sur des domaines qui paraissent encore trop mal connus. Cet exemple d’interaction entre le monde scientifique et le monde politique aurait pu être suivi dans de nombreux cas.
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