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Faut-il quitter l’Europe pour sauver le goût de la France ?
17/02/2011 15:09
Faut-il quitter l’Europe ? C’est le cœur déchiré que l’on pose ce genre de question, comme lorsque l’on s’apprête à se séparer d’une mère ou d’un père à qui l’on ne cesse de tendre les bras et qui continue à vous taper dessus. Je suis de ceux qui placent l’idéal européen au-dessus de tous les autres, pour qui la construction de l’Europe justifie que l’on sacrifiât les orgueils dépassés et les fiertés futiles sur l’autel des nations en édifiant la grande cité continentale dont Jean Monnet et Robert Schumann avaient projeté les codes de civilisations. Déjà bien abîmée par l’arrogance des tenants du oui au Traité Constitutionnel Européen de 2005 et par le crachat au visage des Français que suppose l’adoption du traité de Lisbonne par la voie parlementaire, cette chimère est chaque jour un peu plus foulée aux pieds par l’hystérie libéralo-atlantiste du système Barroso et de ses amis de l’UMPS.
Sur quels nouveaux éléments repose notre colère ? La France négocie en permanence la redéfinition du principe de ses appellations d’origine avec les institutions européennes, apportant à l’Europe son cortège de savoirs et de savoir-faire pour que l’Union s’en saisisse dans le but de les consolider et de mieux en partager les valeurs avec les autres partenaires européens. Le trésor d’un vieux pays aux richesses façonnées par les âges à disposition des peuples du continent. « Prenez et mangez en tous »… Tu parles !
Nos négociateurs reviennent à chaque fois plus effondrés de Bruxelles où leurs joutes dialectiques avec les représentants de la Commission relèvent parfois d’un accord d’armistice entre vainqueurs et vaincus. « C’est à croire que l’on vient de perdre la guerre, confie le délégué d’une interprofession alimentaire française, et que nous avons à plier devant les oukases de nos adversaires ». Le ridicule de certaines situations prêterait à rire si l’on ne basculait vite dans l’exaspération, puis dans l’angoisse de voir disparaître un pan de notre patrimoine gastronomique sous les coups d’une réglementation tout simplement barbare. Rentrons dans le lard du débat. Les représentants de différents organismes publics et professionnels régionaux sont actuellement en discussion à Bruxelles sur le contenu et le sens de certaines appellations, ces fameuses AOP (appellations d’origine protégée) qui sont le pendant européen de nos AOC (appellation d’origine contrôlée) auxquelles elles sont désormais substituées.
Le discours de la Commission est simple : « Il vous faudra un jour abandonner le concept d’origine. Seule compte la qualité du produit. Peu importe d’où il vient s’il est conforme aux normes commerciales en vigueur. Votre obsession à identifier un aliment à partir de critères territoriaux dépassés n’a aucun sens. Si votre saucisson est bon, on se moque bien de savoir son origine. Son image de marque suffit à le qualifier. Laissez nous tranquilles avec vos terroirs et tenez vous en au respect des règles sanitaires ». Tels sont, verbatim, les propos qu’un fonctionnaire « bruxellois », certain d’avoir le dernier mot, a tenu à un professionnel français de la charcuterie. Une autre fois, la discussion portait sur la définition de la rosette de Lyon, pour laquelle une demande d’IGP (Indication géographique protégée, nos anciens « labels rouges » transposés à l’Europe) a été déposée. Les délégués français expliquaient aux technocrates de Bruxelles que la viande de porc, servant à l’élaboration de la célèbre salaison, devait provenir de cochons élevés sur une aire géographique déterminée pour justifier du label « Rosette de Lyon », telle que l’établissent depuis la nuit des temps les normes de productions garantes de l’origine d’une denrée.
Sentir l’animosité récurrente ou l’agacement systématique, chaque fois qu’un Français se voit obliger d’expliquer à son vis à vis qu’en France le paramètre géographique et environnemental est fondamental dans l’identification d’un produit, donne trop souvent l’envie de claquer la porte de cette machine à écraser nos exceptions culturelles.
Il faut se battre pour démontrer que le concept d’origine préexiste à celui de la qualité et que le plus déterminant, dans la dimension sensorielle d’un aliment, est d’abord son authenticité. Le patrimoine alimentaire français est fondé sur la notion du « vrai » puis sur celle de « bon ». Le bon est une valeur subjective individuelle que la publicité peut faire évoluer selon les besoins du marché. La qualité en soi est un argument commercial et financier, amendable en fonction de l’offre et de la demande, que n’importe quel communicant adroit peut manier à sa guise. Pour valoriser un produit donné, sur des paramètres fiables et vérifiables, il faut d’abord savoir d’où il vient. C’est sur la conformité de l’origine territoriale, et celle des usages loyaux et constants en vigueur sur ledit territoire, facteurs du goût et des saveurs spécifiques du produit de l’endroit, que repose le postulat gastronomique français.
Au même titre que les Droits de l’homme participent des fondements de la République, la provenance certifiée détermine la légitimité de nos appellations. Ce ne sont pas des opinions, mais des valeurs. La qualité, c’est le droit du sang. L’authenticité, c’est le droit du sol.
Ainsi risquons nous de voir disparaître ce qui constitue une partie sensible de « l’âme française » telle que la définit le philosophe Régis Debray. L’Europe démonte petit à petit les piliers de cette expression de notre identité nationale que sont nos appellations d’origine. Tel un rouleau compresseur, la technocratie communautaire aux ordres d’une Commission bureaucratique acquise aux critères et aux objectifs anglo saxons, eux mêmes souvent dictés par les lobbies agro alimentaires, écrase tout ce qui se distingue ou s’émancipe du mercantilisme néolibéral. Le terroir, c’est un rempart antitrust dont le système ne veut plus, une citadelle contre le profit financier facile que le marché mondialisé souhaite voir s’effondrer. Ces pieuvres téléguidées depuis les grandes places financières comptent sur l’appareil bruxellois aux mains d’une clique de satrapes pour finir le travail en toute légalité.
Le plus douloureux est que cette offensive orchestrée par des instances où la France a son mot à dire se déroule sans que Paris n’ose vraiment s’opposer. Parfois un ministre, parfois un commissaire, parfois un haut fonctionnaire de la République risquent une réserve, formulent un doute, boudent une conférence, mais pour bien vite revenir dans le giron de notre sainte mère la Commission. La plus mauvaise nouvelle de ce remaniement gouvernemental a été la reconduction de Bruno Le Maire au ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture. Passé maître dans l’art de Sarkozyfier son action, à savoir annoncer le contraire de ce que l’on va faire et promettre, par de grandes incantations, que l’on va tout mettre en œuvre pour protéger l’agriculture paysanne et préserver le patrimoine alimentaire français, celui qui fut un instant pressenti dans les outsiders pour Matignon laisse tranquillement la sinistre mécanique ravager nos campagnes.
On fait mine de rassurer le monde agricole en difficulté par des garanties payées en monnaie de singe et l’on confie à la FNSEA, bras rural de l’UMP, la mission d’en finir au plus vite avec la résistance. Dernier épisode en date, la sortie de Christian Jacob à propos de l’enracinement territorial peu français de Dominique Strauss-Kahn. De la part d’un satrape du lobby céréalier aux ordres de la FNSEA, militant pro OGM et adversaire fanatique de tout ce qui peut favoriser le retour à une agriculture paysanne, cela ne manque pas de fumier. Jacob est l’un des principaux fossoyeurs de la ruralité et il vient nous parler de terroirs. Avec Bruno Le Maire, les deux font la paire…
Comme nos vrais paysans ne sont plus guère très nombreux puisqu’on les a remplacés par des « ouvriers agricoles », il suffira de les étouffer tout doucement avec l’aide du boa bruxellois pour mettre un terme à cette France boueuse et crottée qui s’accroche à ses fromages au lait cru. Le message du rapport Attali sur la façon dont il convient de réorganiser notre société, confortée par les thèses déclinistes de Nicolas Baverez, est sans appel. Il faut en finir avec la petite exploitation pour renaître sous le règne de la grande distribution. La rosette de Lyon ? Qu’elle aille au diable. La partie Lyon n’a qu’à être jetée aux porcheries industrielles. Quant à la partie rosette, nous aurons l’honneur de l’épingler au plastron de Monsieur Barroso.
Alors, quitter l’Europe pour sauver le goût de la France ? Bien sûr que non. Pour l’instant il s’entend. Mais en penser une autre, oui, et de toute urgence. Il convient d’arracher l’idéal européen à ses fossoyeurs et de lui redonner vie pour envisager enfin un projet confédéraliste.
Même si cela n’est pas à leur ordre du jour, espérons que les Français prendront cela en compte au moment de choisir leur avenir en 2012.
Par Périco Légasse
Ce blog prétend défendre une certaine idée du goût de la France. Notre patrimoine gastronomique, qu’il soit agricole, maritime, viticole ou culinaire, n’est en aucun cas la propriété exclusive des Français, mais celui de l’humanité toute entière. Encore faut-il pour cela que l’ensemble des producteurs et, surtout, des consommateurs, admette ce principe.
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MAM, une défense en lambeaux
17/02/2011 09:59
Le Canard enchaîné révèle ce mercredi que les parents de Michèle Alliot-Marie ont profité des vacances de Noël en Tunisie, dans l’hôtel d’Aziz Miled, pour acquérir une société appartenant à cet homme d’affaires proche du régime de Ben Ali, dont la famille de la ministre des affaires étrangères a emprunté le jet à quatre reprises entre le 25 décembre et le 4 février.
Mediapart expliquait dès mardi que la ministre a bel et bien téléphoné au président Ben Ali lors de ce séjour en Tunisie, alors que la révolte grondait. Que se sont-ils dit? Mystère. La ministre va devoir s’expliquer.
Reste que, depuis un mois, la ministre a multiplié affirmations erronées, mensonges par omission ou caractérisés pour se défendre. Aujourd’hui, sa défense est en lambeaux. Mercredi midi, le porte-parole du gouvernement François Baroin a pourtant affirmé que la ministre a «tout le soutien de l’équipe gouvernementale». Pour combien de temps?
«Je n’ai jamais dit que je souhaitais envoyer en Tunisie des policiers ou des gendarmes français pour aider le régime à maintenir l’ordre» (Le Parisien, 30 janvier)
Le 11 janvier, alors que le régime de Ben Ali réprime les manifestations, la ministre des affaires étrangères a pourtant clairement proposé l’aide de la France: «Nous proposons, dit-elle alors, que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays (…) d’agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité.»
Dans Le Parisien du 30 janvier puis sur France-2 quelques jours plus tard, la ministre explique (à chaque fois dans les mêmes termes) qu’elle a été mal comprise. La ministre paraît très embarrassée, son explication est très alambiquée.
Reste une interrogation; pourquoi la ministre a-t-elle jugé bon de faire une telle proposition d’aide policière, qu’elle considérera finalement fin janvier «impossible juridiquement, impossible moralement et tout simplement aberrant(e)?». Au Quai d’Orsay, des diplomates qui connaissent bien la Tunisie expliquent que l’idée semble avoir germé dans la tête du ministre ou de ses conseillers, car la coopération policière entre les deux pays est notoirement mauvaise. Aurait-elle eu lors de son séjour des contacts avec des officiels du régime demandant une telle aide ? Mardi, Mediapart révélait que la ministre a bien eu Ben Ali au téléphone lors de son séjour en Tunisie. Que se sont-ils dit? Mystère. Mais tôt ou tard, la ministre va devoir s’expliquer.
«Le suicide qui a été à l’origine des événements s’est produit à la fin de mon séjour» (France-2, 2 février)
Selon nos informations, Michèle Alliot-Marie est arrivée à Tabarka le 25 décembre et est repartie le 2 janvier. Or l’immolation de Mohamed Bouazizi, ce jeune chômeur de Sidi Bouzid dont le geste a déclenché la révolution tunisienne, a eu lieu le 17 décembre, avant de succomber à ses blessures le 4 janvier.
Du reste, l’exemple de Sidi Bouzid a été très vite imité par d’autres étudiants sans emploi dans l’intérieur du pays, totalement en marge du développement économique prôné par Ben Ali, et a conduit à de nombreuses manifestations. Et ce, y compris durant le séjour de MAM. «Il n’y avait pas de problème. Il n’y avait aucune répression», a même osé affirmer la ministre sur France-2. C’est complètement faux: le 24 décembre, deux jeunes hommes de la région de Sidi Bouzid sont mortellement blessés par les tirs à balles réelles de la police. Le 27 et le 29 décembre, alors qu’elle est en vacances, ses services sont d’ailleurs officiellement interpellés par des journalistes sur la situation en Tunisie. Et le 28, Ben Ali promet dans un discours télévisé les foudres du régime aux manifestants, qu’il qualifie d’«extrémistes et d’agitateurs».
«Je n’avais aucun contact privilégié avec [Ben Ali]» (Le Parisien, 30 janvier)
«La dernière fois que j’ai vu l’ancien président, en tête à tête, c’était en 2006, dans mes fonctions de ministre de la défense», ajoutait-elle dans ce long entretien. Peut-être. Mais en vacances à Tabarka, au nord-ouest du pays et donc très loin des événements qui ensanglantent alors le sud du pays, Michèle Alliot-Marie a bel et bien téléphoné au dictateur, sans que l’on sache ce qu’ils se sont dit. Il a fallu que Mediapart pose, mardi 15 février, la question au cabinet de la ministre pour que cet entretien soit rendu public.
«Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre» (France Info, 5 février)
La ministre ajoutait: «Je suis Michèle Alliot-Marie, qui a des amis de longue date, qu’elle a l’habitude de recevoir en France, qui sont heureux de me faire découvrir leur pays. Je pensais qu’un ministre avait le droit d’avoir des amis…
Deux jours plus tard, consciente de l’énormité de ses déclarations, la ministre se rétractait sur Europe 1. D’ailleurs, aujourd’hui, son cabinet soutient au contraire que si la ministre a parlé à Ben Ali pendant ses vacances en Tunisie, c’est précisément parce qu’un ministre des Affaires étrangères est toujours opérationnel, et téléphone en permanence à toutes sortes de chefs d’Etat et de ministres. La preuve que le cabinet de la ministre adapte sans cesse sa stratégie de communication au gré des évènements, quitte à se contredire totalement…
Aziz Miled est «plutôt une victime [de Ben Ali] qu’autre chose» (France-2, 2 février 2011)
Une fois son voyage vers Tabarka dans le jet de l’homme d’affaires Aziz Miled révélé, Michèle Alliot-Marie a martelé une ligne de défense: Miled, hôtelier puissant, a été spolié par le régime de Ben Ali. Un argument martelé par ses services, mais aussi par son compagnon, Patrick Ollier, également présent à Tabarka.
Le problème, c’est que le portrait de M. Miled esquissé par la ministre ne correspond pas franchement à la réalité. Comme Mediapart l’a révélé, le chef d’entreprise a en réalité été un pion central du système économique du régime déchu. «La cheville ouvrière de la prédation en Tunisie», selon un avocat spécialiste de la corruption.
Même s’il s’est lancé dans le business avant l’arrivée au pouvoir de Ben Ali, Miled est un des rares entrepreneurs tunisiens à avoir été en affaires, dans la finance, le tourisme ou l’aviation, avec à peu près toutes les composantes du “clan Ben Ali”. Que ce soit les familles Materi, Trabelsi, Chiboub ou Mabrouk.
Selon les informations recueillies par Mediapart, il a baptisé sa compagnie aérienne Nouvelair pour faire plaisir au président. Il est membre du comité de réélection du président depuis au moins 1999, a été décoré par Ben Ali du plus haut insigne du régime et désigné sénateur. Bailleur de fonds des campagnes électorales depuis 1989, il aurait versé 500.000 dinars tunisiens (258.645 euros) pour la campagne de Ben Ali en 2009, a appelé à sa réélection, et aurait même financé à hauteur de 500.000 euros le feu d’artifice fêtant la victoire du dictateur…
Enfin, le jet d’Aziz Miled dans lequel est montée la ministre était en réalité utilisé la plupart du temps par le frère de Leila Ben Ali, Belhassen Trabelsi (ses initiales figuraient même dans l’immatriculation de l’appareil, TS-IBT). Le 14 janvier, l’avion a d’ailleurs été une pièce maîtresse dans le dispositif mis en place pour la fuite des membres les plus éminents du clan à l’étranger…
Aziz Miled «n’a aucun moment mis son avion à disposition» (Assemblée nationale, 2 février)
Devant les députés ce 2 février, la ministre est formelle. «En ce qui concerne enfin le problème de l’avion que vous soulevez, je veux simplement dire une chose: arrivant après Noël à Tunis un ami qui allait à Tabarka, lieu final de destination de son avion, m’a effectivement proposé de voyager avec lui plutôt que de faire les deux heures de voiture. Il n’a à aucun moment mis son avion à disposition, je l’ai accompagné pendant 20 minutes de trajet seulement.»
Le soir, la ministre sert la même histoire de la rencontre fortuite sur le plateau de France-2.
«Il m’a dit, puisque je devais de Tunis aller à Tabarka où il n’y a pas de liaison aérienne pendant l’hiver, il m’a dit »je dois aller à Tabarka dans mon hôtel, j’ai un avion, son avion privé qui a 12 places ». Il dit: « je suis tout seul, est-ce que vous voulez m’accompagner plutôt que de faire deux heures de voiture »?»
Problème: la ministre ne s’est pas contentée d’un trajet de 20 minutes. Quelques jours plus tard, elle admet avoir fait l’aller-retour Tunis-Tabarka. Puis, à la suite d’un article du site nouvelobs.com, son cabinet admet que la ministre a de nouveau emprunté le jet pour se rendre en «excursion» à Tozeur, dans le sud du pays, le 29 décembre. En réalité, comme elle le reconnaît finalement dans un nouvel entretien au Parisien le 7 février, la ministre a également pris l’avion pour rentrer à Tunis le 3 janvier. Selon nos informations, Aziz Miled a bel et bien mis son avion à disposition de la ministre: le 2 janvier, l’avion part à vide de Tunis, et revient chargé de six passagers: la ministre et toute sa famille.
«Une relation désintéressée et amicale» (Europe 1, 6 février)
Avec Aziz Miled, tout ne serait qu’une affaire d’amitié, rien de plus. Telle est la ligne de défense qu’a longtemps adoptée la ministre en faisant son mea culpa sur Europe 1: «J’étais claquée (…) je me suis détendue et j’ai vu uniquement les relations amicales oui, d’accord c’est possible et je le regrette profondément.»
Là encore, l’argument est un peu court. Ce mercredi, le Canard enchaîné révèle que dans l’hôtel Tabarka Beach où Michèle Alliot-Marie séjournait avec ses parents, ceux-ci ont racheté les parts d’Ikram, une société civile immobilière appartenant à Aziz Miled, pour un montant inconnu. Le voyage amical était donc aussi un voyage d’affaires…
«Si je prends mes vacances parfois en Tunisie, c’est à mes frais, voyage et hôtel» (Assemblée nationale, 2 février)
La ministre a-t-elle vraiment payé sa chambre, une suite présidentielle construite pour le président Ben Ali, à l’hôtel Sentido Tabarka Beach, comme elle le jure devant les députés le 2 février? Aujourd’hui, rien ne permet de l’affirmer.

Michèle Alliot-Marie répète qu’elle a payé les billets d’avion, et que ses parents ont payé l’hébergement. Problème: la facture est introuvable. Se protégeant derrière le grand âge des parents de la ministre (ils ont 92 et 94 ans), le cabinet de la ministre refuse de donner le montant de la note. Impossible donc de savoir si la ministre a payé sa chambre au prix normal, si elle a bénéficié d’une forte ristourne, ou si Aziz Miled l’a invitée.
Sur place, des consignes ont été données au personnel de l’hôtel. Le groupe Miled se tait. Mais à Tabarka, personne ne croit que la ministre se soit vu établir une facture. Ou alors, dit un homme d’affaires tunisien qui veut garder l’anonymat, «à un tarif qui fait rire, comme quand on achète un Gucci à 30 dinars avenue Montaigne».
Par Mathieu Magnaudeix - 16 février 2011
http://www.gaullisme.fr/?p=12602
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Quand les révoltes arabes révèlent l'inconsistance de nos diplomaties
17/02/2011 09:31
Entre opportunisme et ingérence mal placée, les diplomaties européennes, et en particulier celle de la France, se sont illustrées par leur amateurisme, comme l'explique le chroniqueur associé Roland Hureaux. Au mépris des grandes traditions diplomatiques.
Qui connait encore la grande tradition diplomatique sur laquelle a si longtemps reposé le « concert des nations », en Europe et ailleurs ? A entendre les principaux responsables de l’Etat ou de la diplomatie en Europe occidentale, on est confondu par l’amateurisme, la naïveté, l’immaturité avec lesquels sont traitées les crises qui parcourent le monde arabe : Tunisie, Égypte et peut-être Syrie, Yémen, Algérie etc. Les ministres interviennent à contretemps, tantôt semblant protéger le régime en place (Mme Alliot-Marie en Tunisie), tantôt demandant à la légère le départ d’un chef d’Etat (Mme Bougrab en Égypte). Les hommes politiques sont interpellés pour n’avoir pas anticipé les événements. La Commission européenne fait son mea culpa pour n’avoir pas prévu ce qui s’est passé. Les oppositions reprochent aux gouvernements leur passivité, ceux–ci prennent position contre les gouvernements arabes en place dès que la tournure des événements limite leur risque d’erreur, les uns et les autres semblent courir derrière les foules arabes pour n’avoir pas l’air dépassés. Le président d’un petit parti se réclamant du gaullisme a appelé bruyamment le gouvernement français à prendre parti pour les révoltés égyptiens et la démocratisation de l'Égypte, oubliant – ou sans doute n’ayant jamais su – combien le général de Gaulle était particulièrement à cheval sur le principe de non-ingérence. On lui a même fait grief de l’appliquer trop strictement à l’Algérie nouvellement indépendante au point de ne pas y être intervenu pour protéger les harkis. En reconnaissant la Chine populaire en 1964, il précisa bien que la France ne connaissait que des gouvernements de fait sans se prononcer, ce faisant, sur leur légitimité. Le gaullisme que certains prêchent aujourd’hui, c’est du gaullisme kouchnérisé. Ces attitudes sans précédent dans l’histoire diplomatique classique forment un concert bruyant et désolant. Elles reposent d’abord sur la présomption. Les chancelleries devraient prévoir ce qui va se passer partout et toujours. On sait certes que les tyrannies ont toujours une fin. Le problème est de savoir quand. En fait, on reproche aux gouvernements européens de ne pas avoir lâché les régimes en perdition à J-15 au lieu de J-1. De fait, tous ceux qui exaltent la démocratisation et voudraient en pousser les feux s’intéressent à des régimes déjà chancelants. Ils ne courront pas le risque d’appeler la démocratisation de régimes encore plus tyranniques mais qui semblent pour le moment solides comme l’Arabie saoudite, la Libye ou la Chine. Présomption de tout prévoir, présomption aussi de pouvoir influer sur les événements, ou plutôt naïveté. Est-il nécessaire de dire que les déclarations de nos ministres ou les communiqués de la commission européenne ne sauraient avoir qu’une influence à la marge sur des événements qui sont d’abord de politique intérieure ? Il se raconte que les États-Unis, dont les moyens d’intervention sont beaucoup plus puissants que les nôtres auraient « suscité » la révolution égyptienne. Cela reste à prouver. Non seulement, notre influence n’est pas grande, mais l’hostilité des opinions publiques des pays arabes envers l’Occident est telle qu’il y a de fortes chances que ces interventions soient contre-productives, qu’en soutenant un homme ou un parti, nous le décrédibilisions. Cette attitude est d’ailleurs de tous les temps et de tous les peuples : souvenons-nous de l’impact contraire aux intentions de son auteur qu’eut le manifeste de Brunswick au moment de la Révolution française ! Sans changer de registre, on peut se demander si l’emballement démagogique de l’affaire Cassez, tout aussi marqué d’amateurisme et qui a pris une tournure offensante pour un grand pays comme le Mexique, ne va pas retarder de plusieurs années la libération de la jeune femme. Cet activisme verbal tout azimut est aussi un signe d’immaturité. Cette règle ancestrale de sagesse selon laquelle on ne saurait se mêler des affaires de son voisin que dans les cas extrêmes, et qui vaut autant dans les affaires familiales que dans les affaires internationales, semble perdue de vue depuis longtemps. C’est le retour aux illusions de l’adolescence ! Enfin, l’interventionnisme en faveur de la démocratie est, on ne saurait l’oublier, devenu depuis vingt ans l’un des masques de l’hégémonie américaine, laquelle au Kosovo, en Irak, en Afghanistan s’est toujours drapée dans les oripeaux de la démocratisation pour exercer une politique de puissance, avec les résultats que l’on sait. Les idéologies universelles sont toujours la marque des empires. Le rôle de l’Europe, si elle veut encore en jouer un, n’est sûrement pas de mettre un peu plus d’huile sur le feu ou de céder à l’emportement général, mais au contraire de défendre le classicisme et donc le principe de non-ingérence. La langue diplomatique, qui sera bientôt aussi oubliée que le grec et le latin, ne manquait pourtant pas de formules pour « gérer » le genre de situations que nous venons de connaître. Il n’était pas difficile de dire que « le destin de l'Égypte est d’abord l’affaire du peuple égyptien », que « même si la France souhaite partout la démocratie et les libertés, elle n’a pas à s’ingérer dans une affaire qui est d’abord une affaire interne », que « les États reconnaissent des États, que la reconnaissance ses régimes de Ben Ali et Moubarak n’emportait aucune forme d’approbation », etc. C’est enfin, faut-il le rappeler, une illusion idéologique, que de croire que tout changement va vers plus de démocratie, que la fin de l’histoire, telle la Parousie, est proche. Même si le renversement de dictateurs depuis longtemps en place ne peut que réjouir les Français, ne nous faisons pas trop d’illusions sur ce qui va suivre de peur d’être vite déçus. Les mêmes qui célébrèrent la chute du régime du shah d’Iran durent déchanter. Même sans céder au fantasme du risque islamiste, sachons regarder ce qui se passe au sud de la Méditerranée - et ailleurs - avec sang froid.
Roland Hureaux - Chroniqueur associé
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Multiculturalisme: Sarkozy 2011 s'attaque à Sarkozy 2007
17/02/2011 09:25
Le débat sur le multiculturalisme cher à Nicolas Sarkozy ressemble à une machine à enfumer selon le collectif « Le Vrai Débat », le chef de l'État ayant toujours été un ardent promoteur du communautarisme. Selon « Le Vrai Débat », la dénonciation du multiculturalisme par le président de la République sonne faux, à moins de deux ans de la présidentielle.
La machine à enfumer va bientôt reprendre du service : en mars, à l'occasion d'un énième « débat » que Nicolas Sarkozy souhaite lancer, cette fois sur le multiculturalisme. Inutile de décrypter l'énorme ficelle électoraliste qui se cache une nouvelle fois derrière cette opération de pure communication.
Comme d'habitude ce « débat » organisé sous les caméras permettra au chef de l'Etat et à ses sbires de l'UMP de multiplier les discours musclés, aux accents patriotiques et gaulliens. Comme toujours, il en sortira une ou deux mesurettes destinées à faire croire aux Français que le gouvernement s'est saisi du problème (ainsi, on nous annonce une interdiction des prières dans la rue, pourtant normalement déjà proscrites par les simples règles relatives à l'occupation de l'espace public). Ce « débat » sur le multiculturalisme ne sera bien sûr que du flan électoraliste. Le chef de l'État serait même bien inspiré de réfléchir à deux fois avant de se lancer dans pareille aventure, parce qu'il se pourrait bien qu'elle lui revienne à la figure tel un boomerang non maîtrisé. A cette occasion, les Français pourraient en effet prendre conscience de deux choses qui disqualifient totalement la majorité actuelle dans sa dénonciation du multiculturalisme : 1. D'abord, sous la présidence Sarkozy, les chiffres de l'immigration n'ont jamais été aussi élevés. Nombre de Français, et d'électeurs UMP en particulier, l'ignorent sans doute encore, tant la communication gouvernementale s'est évertuée depuis des années à leur faire croire l'inverse. Et pourtant, selon les propres chiffres du ministère de l'Intérieur, le nombre de titres de séjour est plus élevé que jamais (200 000 environ l'an dernier, soit 25% de plus que du temps de Lionel Jospin). Même chose pour les naturalisations, dont Éric Besson alors ministre de l'immigration disait dans son livre « Pour la Nation » qu'elles étaient en France plus nombreuses que partout ailleurs en Europe (plus de 100 000 par an). 2. Ensuite, les Français finiront de se convaincre que le chantre du multiculturalisme en France n'est autre que... Nicolas Sarkozy. Pétri de culture anglo-saxonne, le président n'a jamais caché son affection pour le modèle communautariste, dont témoignent la présence ostentatoire de tout son gouvernement au dîner du CRIF, ses relations avec le CFCM, et plus généralement sa façon très américaine d'aborder les campagnes électorales et d'appréhender l'opinion publique, par segments. Rappelons aussi que Nicolas Sarkozy est l'importateur le plus zélé de la discrimination positive, qui consiste à accorder des passe-droits et à créer des passerelles en fonction de la couleur de la peau, à rebours de la méritocratie républicaine qui vise la diversité sociale. C'est bien son gouvernement qui a créé les PACTE, qui permettent d'entrer dans la fonction publique sans concours. C'est bien son ministre en charge de l'immigration qui récompense régulièrement d'un « label diversité » les entreprises les plus en pointe dans le respect de « la charte de la diversité » (dont l'article 3 précise qu'elle vise à la diversité « culturelle et ethnique » dans l'entreprise).
Enfin, c'est Nicolas Sarkozy qui a nommé au poste de commissaire « à la diversité et à l'égalité des chances » son ami Yazid Sabeg, fervent défenseur de la discrimination positive ethnique. Les revirements électoralistes un an avant l'élection présidentielle ne tromperont donc plus grand monde. La dénonciation du multiculturalisme par Nicolas Sarkozy, et l'UMP (ne parlons pas du PS qui en est au même point) sonne déjà terriblement faux.
Les pommes ne sont pas des poires : le chef de l'État aura bien du mal à cacher aux Français qu'il est sans doute le président le plus en pointe dans l'immigration massive (parce que plus que tous les autres soumis au grand patronat), et de façon certaine le plus imprégné de culture anglo-saxonne, et de culture Benetton !
Qu'il fasse donc très attention : au final, les Français qui l'ignorent encore risquent de s'en rendre compte...
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Et si l’affaire Tapie était une affaire d’Etat ?
16/02/2011 19:11
Vendredi, Marianne a publié de nouveaux éléments donnant un éclairage peu flatteur à l’affaire Bernard Tapie et au versement par l’Etat de sommes probablement inconsidérées suite à la vente d’Adidas par le Crédit Lyonnais. Retour sur ce qui est peut-être une affaire d’Etat.
De nouvelles failles dans le dossier
Les magistrats de la Cour des Comptes soulignent qu’il y a un « défaut d’autorisation législative », à savoir que la procédure aurait du passer devant les députés. Ils soulignent également que ce n’était pas à l’Etat et au CDR de payer cette somme mais au Crédit Lyonnais. La Cour des Comptes va jusqu’à estimer que la décision pourrait bien être cassée juridiquement, contrairement à ce qui avait été répliqué aux députés qui souhaitaient la remettre en question.
Charles de Courson, député Nouveau Centre et Jérôme Cahuzac, président socialiste de la Commission des Finances semblent vouloir en découdre. Le premier a affirmé que « dans cette affaire, le gouvernement a tort juridiquement et politiquement » et le second a mis en cause la responsabilité du gouvernement et de l’Elysée. Bref, les députés pourraient porter l’affaire devant le Conseil d’Etat qui devrait casser la décision au regard des conclusions sans appel de la Cour des Comptes.
Des conflits d’intérêt majeurs
Ensuite, rien n’indique qu’Adidas valait davantage en février 1993. Pourquoi Bernard Tapie devrait-il tirer profit du redressement de l’entreprise, qui a plus que doublé sa valeur à fin 1994 ? Un actionnaire vendant ses actions aujourd’hui devrait-il pouvoir demander une part des profits que son acheteur pourrait empocher fin 2012 ? Bref, la demande de Bernard Tapie est abracadabrantesque. Et le conflit d’intérêt reste entre le président et son soutien pour la présidentielle de 2007…
On ne saura sans doute jamais le fin mot de l’histoire, mais ce dossier présente de multiples zones d’ombre et de conflits d’intérêt qui font peser de sérieux doutes sur l’honnêteté des décisions prises par l’Etat. Si la Cour des Comptes attaque la forme, le fond ne semble pas plus net…
Laurent Pinsolle
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