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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Sortir de l'euro : oui mais comment ? (2)

21/02/2011 17:30

Sortir de l'euro : oui mais comment ? (2)


L'homogénéité monétaire de la zone euro empêche les Etats-membres en difficulté de se sortir de leur endettement. L'Europe est un espace géographique et économique bien trop hétérogène pour que chaque pays ait la même politique monétaire. Dès lors, comment gérer la valeur de sa monnaie ? Rudo de Ruijter via le Blog économique et social propose de contrer la spirale de l'endettement et d'arrêter l'inflation en confiant la création de la monnaie à une banque d'Etat. Qui permettrait d'envisager une sortie de l'euro.


L'euro est une monnaie appartenant à la Banque Centrale Européenne (BCE) à Frankfurt. [10] La BCE appartient aux banques centrales des pays participants. [11] Malgré leurs noms, qui ressemblent à ceux d’institutions d’État (Deutsche Bundesbank, Banque de France, etc.), elles sont toutes indépendantes du gouvernement et la plupart sont dirigées par des conseils privés. [12]

Malgré son caractère privé, la BCE est un organe officiel de l’Union Européenne. Grâce à l’article 7 du Système Européen des Banques Centrales (SEBC) et l’article 107 du Traité de Maastricht, la BCE jouit d’une indépendance totale. [13]

Notez que cette indépendance ne provient pas de quelque nécessité logique ou organisationnelle, mais est purement issue de la croyance, que seuls des banquiers centraux indépendants sont capables de gérer le système d’argent convenablement. Eh bien, si nous ne mettons pas en question cette croyance aujourd’hui, quand le ferons-nous? [14]

Le gouvernement Européen

La Communauté Européenne a débuté comme la Communauté Économique Européenne (CEE) en 1957. Dès le départ il a manqué de gouvernance démocratique: le parlement n’avait qu’un rôle consultatif. (Et c’est toujours le cas à ce jour!) Le Conseil est composé de représentants ministériels des pays participants. Par contre, la Commission n’a pas de liens avec les gouvernements nationaux et constitue un pouvoir supranational. Les buts de la CEE étaient la coopération économique et politique entre la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

En 1967 une concentration de pouvoir a eu lieu, lorsque la CEE a absorbé l’Euratom et la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Par ailleurs, les droits de veto des pays individuels étaient abolis dans beaucoup de domaines. Lorsque ceci fût réglé les banquiers sont entrés. En 1970, Pierre Werner, un banquier Luxembourgeois influant [15] , a préparé les plans pour la monnaie collective.

Bretton Woods

Pierre Werner était l’un de participants à la Conférence de Bretton Woods en 1944, qui était fortement dominée par l’esprit agressif de la Seconde Guerre Mondiale. Lors de cette conférence, les principes ont été décidés pour le commerce et la finance mondiale. Dorénavant les pays devaient accorder leur monnaie au dollar et garder leur taux de change stable. Cela était bénéfique pour le commerce et la finance internationale. En fait, ce que ce principe exprimait, c’est que l’aisance pour le commerce et la finance internationale était plus importante que la faculté des pays de pouvoir s’adapter à l’environnement international changeant. Implicitement, par ce même accord, les États-Unis étaient proclamés « maître du monde », puisque tous les pays auraient à adapter leurs taux de change au dollar, tandis que les États Unis pouvaient faire ce qu’ils voulaient.

À cette même conférence le Fond Monétaire International (FMI) a été établi, de même que les précurseurs de la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Les messieurs à Bretton Woods savaient fort bien, que les pays plus faibles souffriraient de leurs projets. Le FMI, et plus tard également la Banque Mondiale recevaient le rôle de fournir des crédits à ces pays. Ils étaient accompagnés de conditions sévères, comme des réductions de dépenses publiques, ce qui entraîna généralement de graves conséquences pour l’éducation et la santé publique. Dans la pratique, le FMI et la Banque Mondiale noyaient les pays en développement dans des crédits. Les dettes de ces pays devenaient alors tellement élevées, qu’ils ne pouvaient plus payer les intérêts et donc encore moins les remboursements. Et dès qu’un pays se trouvait dans une position sans issue, il était obligé de vendre tout ce qu’il avait (particulièrement ses minerais et son pétrole) le plus souvent à des entreprises des États-Unis. [16]

Prêts de l’étranger

Bien que la Banque Mondiale ait enseigné le contraire à ses employés, les crédits étrangers forment la plus mauvaise manière pour aider un pays en difficulté. La seule chose qu’il peut faire avec de l’argent étranger c’est acheter des produits à l’étranger et s’endetter davantage. [17]

Uniquement dans le cas où un pays a vraiment besoin d’une machine ou d’autre chose qu’il ne peut fabriquer lui-même et où, en outre, le fournisseur refuse la monnaie du pays, un prêt de l’étranger peut être justifié.

Libre mouvement de capital

Et que signifierait Euroland pour les banquiers? Les banquiers perdraient une source de revenus importante: les commissions sur l’échange des nombreuses monnaies nationales. Mais ils gagneraient une source de revenus bien plus importante: le libre mouvement de capital. C’était une pré-condition pour une monnaie unique. Grâce à cela les banquiers pouvaient facilement fournir des prêts partout où des bénéfices pouvaient être faits.

Le boom de la construction en Europe du Sud

Internationalement, les banquiers ont convenu d’un nombre de règles pour eux-mêmes, qui fixent des limites au montant total des prêts qu’ils peuvent émettre par rapport à leur capital. La norme est qu’ils doivent disposer d’au moins 8 euros de capital pour chaque 100 euros de prêts en cours dans le commerce et l’industrie. Cependant, pour la construction de maisons, ils peuvent prêter deux fois autant et donc collecter deux fois autant d’intérêts.[18] Il y a peu de temps, les banquiers pensaient encore que les prix des maisons ne pouvaient qu’augmenter et que les prêts pour la construction de maison étaient pour ainsi dire sans risque. Ainsi naissait le boom de la construction en Espagne, au Portugal, en Irlande et ailleurs. Ce que les banquiers oubliaient, c’est que pour rembourser les crédits leurs clients devaient pouvoir gagner de l’argent. Il aurait donc fallu également des activités économiques. Mais pour financer des activités économiques, comme de l’industrie et des commerces, les banquiers ne peuvent collecter que moitié autant d’intérêts...

Au secours!

La Grèce fait déjà l’expérience de ce que c’est d’avoir des « amis » Européens, qui arrivent avec des prêts et exigent simultanément des réductions énormes dans les dépenses publiques. Ces amis ont tellement de confiance dans leur solution, qu’ils ont fait entrer le chien de sauvetage enragé FMI pour avoir sa part dans la tragédie Grecque. [19] Notons en passant, que l’euro est maintenant « assisté » par le FMI. Rigolo, si ce n’était pas une réalité si tragique.

L’Irlande, le Portugal et l’Espagne se trouvent en difficulté aussi. Tant qu’ils restent dans l’euro, ils ne pourront pas dévaluer leur monnaie. L’euro fonctionne maintenant comme un taux de change invisible et imposé entre les différents pays. Les pays endettés ont un double problème. En premier lieu, ils doivent réduire leurs dettes jusqu’au niveau convenu pour la zone euro et deuxièmement ils doivent éviter de s’endetter à l’avenir.

Le premier problème est généralement résolu avec des mesures extrêmement dures, comme des coupes dans les dépenses sociales et culturelles, dans l’éducation et la santé publique, puis le licenciement de fonctionnaires et la privatisation d’infrastructures (comme des aéroports espagnols) et des services publics et, pour couronner le tout, une forte hausse d’impôts. Ces mesures sont agressives et très injustes pour les gens ordinaires, qui ne sont pas responsables de cette tragédie. Beaucoup de gens tomberont dans la pauvreté. Ont-ils une chance de s’en sortir?

Est-ce que les choses pourront aller mieux?

Pour en avoir une idée, il faut voir le deuxième problème. Comment peut-on éviter, que des pays moins productifs s’endettent? Eh bien, on ne peut pas. Il n’y a aucune manière pour empêcher que les gens dans de pays moins productifs importent plus qu’ils n’exportent. Il est même logique de supposer, qu’ils préfèreront acheter des produits moins chers et meilleurs importés de pays plus productifs de la zone euro. C’est le défaut fondamental de la monnaie unique dans un marché commun composé d’économies très hétérogènes.

D’après moi, les mesures dures que ces pays prennent en ce moment sont complètement inutiles, si ces pays ne quittent pas l’euro.

Mauvaises solutions

Une mauvaise solution serait de retourner vers la situation d’avant l’euro et de laisser les banquiers créer l’argent et de les laisser gonfler la masse d’argent avec leur inflation éternelle.

Il y a des gens qui pensent, que si les banquiers ne sont plus autorisés à créer de l’argent simplement en le tapant dans un compte bancaire, l’inflation s’arrêterait. La seule chose qui s’arrêterait est l’effet multiplicateur des avoirs bancaires. [20] Il est vrai, qu’on aurait alors du vrai argent sur nos comptes bancaires, mais, comme indiqué plus haut, les banquiers ont besoin d’inflation. Ils continueraient donc à fournir de plus en plus de prêts, mais au lieu de créer de l’argent du néant, ils devraient l’emprunter à la banque centrale. Celle-ci peut créer de l’argent indéfiniment. Et bien entendu, les banquiers feraient porter ce coût supplémentaire par leurs clients. Les prêts deviendraient plus chers et l’inflation ne cesserait pas pour autant.

Une autre mauvaise solution serait de choisir une monnaie basée sur de l’or. Bien que de pareilles monnaies aient existé dans le passé (aux États-Unis jusqu’en 1971), de l’argent basé sur de l’or a beaucoup de désavantages. Les pays sans mines d’or seraient obligés d’en acheter (c’est à dire, livrer des biens et services aux pays fournisseurs d’or) dans le simple but de disposer d’un moyen d’échange national. Et chaque fois que plus d’or arrive sur le marché, ils seraient obligés d’en acheter plus pour éviter que leur monnaie dévalue par rapport aux pays qui continuent à augmenter leurs réserves d’or. L’industrie des mines d’or détiendrait en bien des aspects un pouvoir supranational, même plus que la Réserve Fédérale aujourd’hui. L’or n’a pas de valeur stable. Son prix peut être influencé par ceux qui détiennent de grands stocks (comme ces industries des mines d’or et les banques centrales). Même de grands nombres de petits vendeurs et d’acheteurs, lorsqu’ils agissent par peur ou par avidité, peuvent influencer le prix. Encore plus qu’aujourd’hui l’or causerait des conflits, de l’oppression et des guerres.

Toute couverture de l’argent par des biens commerciaux, que ce soit de l’or, de l’argent ou autre chose, aura un impact sévère sur la monnaie en question, de même que sur le prix des biens commerciaux choisis.

La solution avec de l’argent d’État

La plupart des gens pensent que l’argent est émis par l’État. C’est ainsi que cela devrait être. L’argent doit appartenir à la société et non pas aux banquiers. C’est la seule manière d’obtenir un système d’argent honnête et un gouvernement qui ne dépend pas des banquiers.

En ce moment nous avons un système d’argent très onéreux, avec des banquiers qui, chaque année, augmentent leur capital avec des bénéfices gigantesques. Les banquiers diront, qu’ils ont besoin de ce capital pour le cas où ils doivent absorber des pertes. Ces pertes seraient alors à déduire du capital. Eh bien, objectivement, leurs capitaux sont énormes, mais simultanément ils ne couvrent qu’une fraction infime des prêts en cours. Si les pertes sont trop grandes, le capital aura vite disparu. Mais si nous regardons de plus près les accords internationaux entre banquiers, on constate, qu’ils ne peuvent même pas utiliser leur capital obligatoire pour absorber des pertes. S’ils déduisent quelque montant que ce soit du capital obligatoire, il y a immédiatement vingt fois plus de prêts sur leur bilan qui ne sont plus couverts par du capital. Donc, ce que nous voyons aujourd’hui, ce sont des banquiers qui, au lieu de subir leurs pertes, courent simplement voir le ministre des finances pour lui dire qu’ils ont besoin d’argent frais, puis qu’autrement ils n’auront plus assez de capital!

- Banque d’État

Eh bien, nous pouvons en finir avec ce système onéreux et malhonnête en créant une banque d’État, qui sera la seule banque autorisée à créer de l’argent dans le pays. Celle-ci créera l’argent nécessaire pour les prêts dans le pays, de même que pour l’avance des dépenses de l’État. Et quant aux banquiers privés, il leur serait désormais interdit de créer des avoirs sans disposer de l’argent correspondant. Si les banquiers veulent, ils pourront opérer comme intermédiaires entre la banque d’État et le public pour l’émission de crédits. Pour ceci ils recevraient une provision et non pas d’intérêts. Ils pourront également gérer les comptes clients au nom et pour le compte de la banque d’État. De cette façon les clients peuvent garder leurs comptes bancaires et hormis l’instant de la mutation vers la monnaie nationale, il n’y aura pas d’interruption dans les services de paiements interbancaires. (Dans le cas où les banquiers ne voudront pas coopérer, la banque d’État devra ouvrir ses propres guichets, par exemple dans les bureaux d’impôts.)

A côté de leur nouvelle fonction comme intermédiaire pour les prêts de la banque d’État au public, les banquiers pourront toujours réunir de l’argent existant pour former des fonds qui pourront être prêtés à intérêt. Puis qu’il s’agira d’argent existant, cela ne créera pas d’inflation.

- Arrêt de l’inflation

Avec cette réforme le gouvernement dispose des moyens pour arrêter l’inflation. Disposer des moyens ne veut pas dire qu’il faut le faire. Il est plus probable que les gouvernements freineront l’inflation progressivement, lorsque pas à pas la philosophie de « l’avidité est belle » sera infléchie en « soin pour l’environnement et l’avenir ». Et quelle que soit la forme que cela prend, nous ne serons plus obligés de travailler tout le temps plus pour faire plaisir aux banquiers.

- Plus de dette publique

Si le gouvernement peut créer l’argent dont nous avons besoin, la dette publique peut disparaître.

La dette publique se forme lorsque le gouvernement fait des dépenses pour lesquelles les impôts correspondants n’ont pas encore été levés. En ce moment nous payons beaucoup d’intérêts pour les Bons du Trésor que l’État émet pour financer ces dépenses. Les banquiers aiment bien investir dans ces Bons du Trésor, comme ils délivrent des intérêts quasiment sans risque. Donc, d’un côté le gouvernement devait s’endetter pour sauver les banquiers et, de l’autre côté les banquiers reçoivent des intérêts sur ces mêmes dettes!

- Fonds de retraites complémentaires

D’autres profiteurs de la dette publique sont les fonds de retraite complémentaires, qui y puisent une partie de leurs revenus. Nos retraités sont payés pour une partie consistante de ces intérêts, qui, à leur tour, sont payés par les payeurs d’impôts. Une autre partie est payée par les primes de retraite de la population active. Donc, derrière la façade, qui fait penser que les gens mettent de l’argent de côté pour leur retraite, la majeure partie de l’argent que reçoivent nos retraités provient des primes et impôts payés par la population active.

En fait c’est assez logique. Si l’on stockait simplement de l’argent pendant des décennies et qu’on le libérait ensuite, on ne provoquerait que de l’inflation. Ce que l’on peut faire avec l’argent quand on est vieux dépend en grande mesure de la force de travail et de la productivité de la population active à ce moment-là.

Une autre partie des revenus de nos retraités provient de placements à l’étranger, où, pour le dire plus clairement, du travail de gens à l’étranger. Éthiquement c’est comme du colonialisme financier. Pas de quoi être fier.

C’est pour cela que ce serait plus logique d’avoir une caisse de retraite gérée par la banque d’État. Ou pour le dire différemment, la population active devra tout simplement accepter qu’elle doit prendre soin de la population âgée. Les citoyens, qui voudraient transférer leurs droits acquis dans les caisses de retraite privées vers la caisse d’État, doivent avoir la liberté de le faire.

- Intérêts

Beaucoup de gens trouvent, que les intérêts ne sont pas éthiques. Cependant, si une partie du produit des intérêts est utilisée pour absorber les pertes sur les prêts qui ne peuvent pas être remboursés, et quand le reste va au Trésor du pays, je ne vois pas d’inconvénient. Cette dernière partie diminuerait les impôts à lever.

Le gouvernement pourrait mettre en place des taux d’intérêts variés selon le secteur et le type d’investissements qu’il veut privilégier. Au lieu de conduire bêtement un seul taux d’intérêt, comme le font les banques centrales d’aujourd’hui, le gouvernement pourrait diriger les prêts et les investissements dans les directions nécessaires.

Les intérêts sont également un moyen utile pour inciter les emprunteurs de payer leurs dettes à temps.

- Riches et pauvres

Aujourd’hui, lors de la délivrance de prêts, les banquiers exigent un gage qu’ils peuvent saisir si l’emprunteur ne paye pas sa dette. De cette façon les riches peuvent toujours obtenir des prêts et investir plus facilement et donc s’enrichir davantage plus facilement. L’écart grandissant entre riches et pauvres est dangereux pour la société. La banque d’État n’a pas besoin de gages. On peut comparer les prêts qu’elle fournit avec des dettes d’impôts. S’ils ne sont pas remboursés, ils peuvent être traités de façon similaire. En principe, les pauvres pourraient emprunter et investir aussi facilement que les riches.

Comme expliqué plus haut, dans un environnement sans inflation il est plus difficile de rembourser des emprunts. Cependant, ceci sera compensé par le fait que les taux d’intérêts pourront rester plus bas, puisque nous n’aurons plus à contribuer à la capitalisation chère et inutile des banques privées. En outre, si nécessaire, des compensations supplémentaires peuvent être offertes aux emprunteurs via la politique d’impôts.

- Est-ce que ça coûte cher de quitter l’euro?

Quelques politiciens cherchent à effrayer les gens et prétendent que ce serait extrêmement coûteux de quitter l’euro et que cela mettrait le développement économique des années en arrière et ainsi de suite, etc. Eh bien, pour commencer, des pays n’arrêtent pas de commercer parce qu’un pays a quitté l’euro et a une nouvelle monnaie. Et si ce pays opte pour de l’argent d’État, les coûts sont principalement organisationnels et relativement minimes par rapport aux gains obtenus.

Tout l’argent nécessaire à la mutation peut simplement être créé du néant par la banque d’État. Tous les euros en circulation dans le pays pourront être achetés par la banque d’État par l’émission d’argent nouveau. Ces euros pourront être mis de côté comme réserve stratégique ou pour régler des importations.

Le gouvernement pourra racheter toutes les infrastructures essentielles et services publics du pays. La reconstruction d’entreprises nationales à partir des nombreuses entreprises privées et fragmentées dans les domaines de l’énergie, postes, téléphone, chemin de fer et autres mènera certainement à des services beaucoup plus fiables. Dans ces services essentiels la qualité et le client devraient avoir la priorité. Cela ne signifie pas un retour vers les entreprises d’État poussiéreuses d’autrefois. Des entreprises d’État peuvent parfaitement être gérées d’une façon moderne et efficace et, pourquoi pas, offrir des services bien meilleurs que n’importe quelle entreprise privée à la recherche de profits.

Je ne dis pas que tous ces changements sont faciles. Mais si nous voulons atteindre une société durable, où la démocratie et la liberté veulent encore dire quelque chose lorsque nos enfants et petits-enfants seront grands, c’est le chemin qu’il faut prendre.

- Résumé

La réforme, telle que je la vois, peut être résumée comme le schéma ci-dessous. Veuillez prêter attention aux notes sous le schéma.
[]url:../930710/www.courtfool.info/fr_contact.htm
 

Sortir de l'euro : oui mais comment ? (2)
Notes et références: se référer à l'article original.

Copyright:

La reproduction de cet article est autorisée sous condition de mentionner ce lien vers l’article original : http://www.courtfool.info/fr_Sortir_de_l_euro.htm.

L'auteur peut être contacté sur cette page.

Retrouvez la première partie de cet article ici.

Lire d'autres articles du Blog économique et social.
 





Vers l’inégalité, mais ensemble

21/02/2011 17:11

Vers l’inégalité, mais ensemble


Par Pierre Jourde

L’OCDE vient de découvrir que l’école française produit des illettrés et reproduit les inégalités. On s’en doutait un peu, et ça ne date pas d’hier. La question revient régulièrement, comme un marronnier. Les réponses sont toujours les mêmes : soit on considère qu’il n’y a pas de problème, circulez, et ceux qui s’inquiètent sont de vieux réacs qui regrettent l’école de papa. Soit on envisage des mesures radicales : plus de notes, ou alors de A à D, à la rigueur. Plus de redoublement. Un travail des enseignants en équipe, des projets d’établissements, and so on, c’est-à-dire, en gros, tout ce qui a si bien marché jusqu’à présent.

Chaque fois qu’on a admis qu’il y avait un problème dans l’enseignement en France, et osé constater que seuls les enfants de la bourgeoisie parvenaient à s’en sortir, on a immanquablement donné les mêmes solutions, répété le mantra : démocratiser, démocratiser, démocratiser. Démocratiser, oui, mais qu’est-ce que ça signifie concrètement ?

En France, la démocratisation est une opération très simple : elle consiste à augmenter la quantité de diplômes. L’échec scolaire n’est pas un vrai problème, il suffit de le supprimer par non-redoublement et délivrance du bac à 75% des non-redoublés. Comme ça, on aura l’air démocratique. Tout le monde il réussit, tout le monde il est égal. Que ces diplômes ne recouvrent aucune compétence, c’est accessoire. Qui casse le thermomètre ne voit plus qu’il a la fièvre. Sauf que les bourgeois, comme moi, savent ce que cela vaut. Et ils placent leurs enfants dans l’enseignement privé pour éviter le désastre du public. Enfants qu’on retrouvera dans les grandes écoles, ce qui leur épargnera le naufrage de l’université. Entre mes principes et l’avenir de mes enfants, le choix est vite fait. Je ne vois pas pourquoi ils paieraient toute leur vie pour les errements démagogiques de quelques théoriciens pédagogistes qui ont réussi à ruiner un système qui fonctionnait bien. Je ne vois pas pourquoi je devrais leur faire subir les classes en état d’agitation permanente, l’impossibilité de faire cours, le langage zyva considéré comme norme linguistique, le sympathique débat à la place de l’apprentissage des fondamentaux, le livre jeunesse traduit de l’anglais à la place de Molière et Maupassant.

Maintenant, si on veut démocratiser les grandes écoles, le principe est le même : plaçons-y d’autorité des quotas de prolos. C’est l’idée nouvelle. Ça améliorera les statistiques sociales. Surtout, ne pas se préoccuper de savoir s’il est important d’intégrer une grande école sur le mérite, le savoir, le travail, les capacités. Faudrait-il faire en sorte que les enfants des classes sociales défavorisées acquièrent un savoir ? Vous n’avez rien compris : il faut des diplômes. Ce n’est pas parce qu’on a des compétences qu’on obtient un diplôme, renversons le problème : si vous avez un diplôme, c’est bien la preuve que vous avez des compétences. Quant aux dégâts éventuels exercés par les heureux diplômés dans l’exercice d’une profession, ça ne se mesure pas, donc on n’a pas à s’en inquiéter. C’est ainsi, depuis trente ans, qu’on règle les problèmes d’éducation en France, toutes tendances politiques confondues, droite et gauche. J’ai discuté avec des chefs d’entreprise ou des cadres administratifs. Ils s’étonnaient d’avoir pour employés des gens qui ne savaient pas écrire ni compter sans de sérieuses difficultés. Ces sales types ne comprenaient rien à la démocratisation.

Pour mieux comprendre les joies de la « démocratisation » à la française (c’est-à-dire, en gros, à la soviétique : l’important, c’est de sortir des chiffres de production) prenons l’enseigné à l’extrémité de la chaîne d’enseignement, c’est-à-dire à l’université. On n’a pas encore assez démocratisé, c’est entendu, mais ceux qui arrivent jusque là ont été salement démocratisés quand même. Cela apparaît, en fac de lettres, dès les premières copies, avec des dix ou douze fautes d’orthographe par feuillet, un langage à peine compréhensible. Lorsqu’on parle de fautes, c’est du genre « elle surprena », ou « ils ont décidaient », c’est-à-dire celui sur lequel toute réforme de l’orthographe serait impuissante (sauf à décréter qu’un verbe se conjugue comme on veut, et puis zut). Ce n’est même pas de l’inattention : invité à rétablir la bonne orthographe de « ils ont décidaient », un groupe entier d’étudiants en lettres (oui, en lettres, pas en fabrication d’enclumes) éprouve des difficultés. Les propositions fusent, au hasard : « ils ont décider », « ils ont décidés », tout y passe. Ils ne savent pas très bien comment ni pourquoi écrire ceci plutôt que cela. Cela n’a rien d’exceptionnel, bien au contraire. Et tout le monde sait que c’est ainsi. La secrétaire de mon université, qui n’a pas le bac, a obtenu son CAP il y a plus de trente ans et ne fait pas de fautes d’orthographe, le dit sans ambages : l’université est devenue un collège.

Donc : des générations entières de jeunes gens ont réussi à demeurer quinze ans dans le système scolaire sans acquérir la maîtrise des bases de la langue. Ils ont tranquillement passé de classe en classe, obtenu le baccalauréat. Pas de problème. Ils n’avaient aucun besoin de vouloir apprendre, puisqu’ils étaient de toutes façons quasi assurés d’aller jusqu’à la fac sans problème majeur. Les voilà à l’université. Et, bien sûr, c’est à vingt ans que, pour la première fois de leur vie, le couperet tombe : 30% d’échec en première année. Inadmissible, déclarent les gouvernants, il faut trouver une solution. Démocratisons. Débrouillez-vous, universitaires, pour m’emmener 90% de démocratisés jusqu’à la licence. Soyez plus pédagogiques ! Travaillez en synergie ! Réunissez-vous pour en parler ! Changez les modalités de contrôle, modifiez les coefficients, entourez mieux ces petits. Bref : appliquez un sinapisme de moutarde à la double fracture, peu importe, l’important, c’est de sortir de bons chiffres. On y arrivera, Objectif Réussite, Horizon Excellence, et tout ça.

Pourquoi ce désastre de l’école ? Pourquoi des centaines de milliers de jeunes sortent-ils de ce système en sachant à peine déchiffrer un texte et manier leur propre langue ? Pourquoi après des années d’études sont-ils toujours incapables de maîtriser une langue étrangère ? Bien sûr il y a eu les ravages du pédagogisme, le cataclysme de la méthode globale, après laquelle l’orthographe ne repousse plus, l’idée que l’enfant pouvait produire son savoir tout seul, l’obsession de ne surtout pas traumatiser le malheureux apprenant par des notes et des classements. Mais il y a autre chose encore.

J’ai discuté récemment avec une famille indienne du Kerala qui me disait à quel point l’école est importante en Inde. C’est le moyen de s’en sortir. Les écoliers indiens prennent la chose au sérieux. En Corée, au Japon, en Chine, le lettré est un homme respecté, le savoir est vénéré, l’école est faite pour travailler et apprendre, on y acquiert les éléments fondamentaux de la culture nationale. Devinez quelles seront les grandes puissances de demain ?

Pour que l’école fonctionne, il faut qu’elle soit objet de désir. Ce n’est plus le cas en France. Le professeur est une sorte de prolo de l’enseignement. Les locaux sont hideux et dégradés. Allez au lycée Jean Vilar de Meaux : on dirait la prison. L’argent roi, la télé, les valeurs de la fringue et de la pub ont totalement ringardisé l’école, le discours dominant dévalorise le savoir dès lors qu’il n’est pas directement utile et rentable. Le jeune français n’a plus envie d’aller au collège, ni de travailler, la culture n’est pas séduisante, le savoir n’est pas sexy. On va en cours comme on se rend à une obligation pénible et ennuyeuse, qui ne sert à rien. Dans le pire des cas, le prof est l’ennemi. Simplement parce qu’il impose des contraintes. L’idée même de contrainte et d’effort est devenue insupportable, quasiment fasciste. C’est parce qu’elle n’est plus objet de désir et d’idéal que l’école meurt.

Pierre Jourde, Publié sur son blog NouvelObs.com "Confitures de culture"

Retour sur la convention nationale pour l’Ecole républicaine organisée par DLR en cliquant sur ce lien : pour l’Ecole républicaine.

http://www.debout-la-republique.fr/Vers-l-inegalite-mais-ensemble.html






Sortie de crise spectaculaire pour le CAC 40

21/02/2011 11:01

Sortie de crise spectaculaire pour le CAC 40


D’ici quelques jours, on devrait connaître le montant des profits réalisés par les entreprises du CAC 40 pour l’année 2010. Après la progression de 86% réalisée au premier semestre, nul doute que ces résultats illustreront encore le décalage croissant entre les citoyens et les grandes multinationales.

Des profits abracadabrantesques

C’est la saison des résultats financiers et le moins que l’on puisse dire est que le cru 2010 devrait être bon pour le CAC 40. Total avait ouvert le feu en annonçant plus de 10 milliards d’euros de bénéfices nets pour l’année et la distribution de 5 milliards d’euros de dividendes. Certes, le record de 2008 n’est pas atteint (13,9 milliards), mais la hausse du prix du baril permet d’espérer approcher ou battre ce record pour l’ensemble de l’année 2011.

BNP Paribas a annoncé cette semaine avoir réalisé un bénéfice net de 7,8 milliards (nouveau record pour le groupe, battant le résultat de 2007 grâce à l’absorption de Fortis). Le résultat opérationnel ressort à 13 milliards d’euros pour un Produit Net Bancaire de 43,8 milliards, soit une marge opérationnelle proche de 30%. Même si en pourcentage de marge, la BNP n’est pas encore au niveau de 2007, cela montre que les grandes banques se sont vite remises de la crise.

Plus globalement, les entreprises du CAC 40 avaient augmenté leurs profits de 86% au premier semestre, à près de 42 milliards d’euros et le chiffre attendu sur l’ensemble de l’année 2010 devrait dépasser les 80 milliards, contre un record de 101 milliards en 2007. Mais il faut noter qu’en 2004, ces mêmes profits avaient atteint seulement 57 milliards. En clair, dès la première année de sortie de crise, le CAC 40 va réaliser les 3èmes profits les plus élevés de son histoire derrière 2007 et 2006.

Une inégalité très problématique

Le décalage entre les multinationales et la population est extrêmement choquant. En effet, le chômage a continué de progresser pendant l’année 2010. Les hausses de prix laminent le pouvoir d’achat des ménages. Bref, les effets de la crise se font lourdement sentir par la grande majorité de la population. De l’autre côté, si les profits des multinationales ont beaucoup baissé, il faut noter qu’elles ont continué à en générer et que le rebond est spectaculaire.

Tout porte à croire que le record de 2007 sera battu dès 2011, voire 2012. Et cela pose plusieurs problèmes. En effet, l’Etat vient au secours des multinationales quand elles vont mal, n’hésitant pas à leur donner ou leur prêter de l’argent, s’endettant même à l’occasion. Pire, ce sont les mêmes banques qui ont été aidées par les Etats qui leur prêtent de l’argent aujourd’hui et font des profits énormes sur ces opérations, en créant à leur profit de la monnaie, avec l’aide de la BCE.

Plus globalement, comme je l’avais évoqué il y a un an, dans certains secteurs, on peut se demander s’il n’y a pas des profits totalement excessifs. Des marges opérationnelles de 30 ou 40% sont-elles normales dans des secteurs comme la banque ou la pharmacie ? Ne s’agit-il pas d’une rente ? En outre, c’est cette logique qui a poussé Renault à diviser par deux sa production en France (20% de sa production seulement et plus qu’un tiers des véhicules vendus en France).

Le montant des profits réalisés par les grandes multinationales démontre un disfonctionnement majeur de notre organisation économique, d’autant plus que le pouvoir d’achat de la grande majorité baisse ou stagne. Bref, c’est à une réorganisation complète de notre économie que nous devons nous atteler.

Laurent Pinsolle

http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/

 






L’europe et l’euro, histoire d’un divorce annoncé

21/02/2011 10:51

L’europe et l’euro, histoire d’un divorce annoncé


Par Bernard Prudhon
Avocat à la Cour, ancien Maitre de Conférences aux universités de Paris I et de Paris XII
Docteur d’Etat en science économique

 

Ainsi donc, il aura fallu à l’Etat français emprunter 35 milliards d’euros sur les marchés financiers au titre du grand emprunt Sarkozy de septembre 2009 pour qu’il ait à contribuer à raison de 26 milliards d’euros six mois plus tard au financement de la dette publique grecque. Ce serait risible si ce n’était consternant.

Que n’a-t-on entendu depuis plus de dix ans d’éloges en tous genres de l’euro, nouvelle monnaie. Elle devait apporter la croissance, la stabilité financière et la fin du chômage, le tout sous l’autorité d’un organisme non élu, la BCE. Qu’est il donc advenu à ce jour d’autant d’annonces optimistes faites à des populations récalcitrantes ?

Dettes et déficits budgétaires explosent, les critères de convergence des traités fondateurs (déficits à 3%, dettes à 60% au plus des Pib et plafonnement de l’inflation par rapport aux niveaux les plus bas des relevés de prix des exercices précédents etc…) ne sont observés par personne. Les autorités de la BCE n’ont rien vu venir de la crise, et sans doute n’auraient elles rien changé à la placidité de leur posture si les marchés eux mêmes ne leur avaient signifié leur souci de ne plus suivre.

Nul ne saurait être surpris dans ces conditions que les Pouvoirs en place fassent diffuser une musique connue, celle du bal des têtes de turc. A entendre les uns, la faute en reviendrait aux agences de notation qui ne sont responsables des désordres des marchés pas plus que le thermomètre du médecin n’est la cause de l’état de santé du malade. A croire les autres, les marchés financiers eux mêmes seraient à montrer du doigt comme s’ils étaient en quoi que ce soit facteurs des déficits budgétaires continus et des emprunts publics sans cesse empilés par des gouvernements inconséquents.

Les dénoncer ne saurait suffire à régler le problème. La réalité est autre et dispense pour expliquer l’échec ou atténuer la responsabilité de ses auteurs de recourir à des circonstances qui n’ont rien à voir à l’affaire. Le drame de l’Europe du présent tient au plus fondamental de ses instruments : sa monnaie unique, nocive par nature. Le démontrer consiste à en constater la perversité, à se référer aux expériences par ailleurs réussies qui lui sont opposables, et à y déceler les desseins occultes qu’elle sert

I – FONDAMENTAUX A EFFETS DÝSCRÝMÝNANTS

Discriminations à de multiples égards. Que l’Allemagne ou la Grèce par exemple ne puissent progresser également en vertu des mêmes règles, nul n’en discute. S’en induit qu’il ne peut être de zone monétaire optimale qu’à la condition que les pays qu’elle inclut soient pourvus de similitudes économiques suffisantes.

En l’occurrence ces similitudes n’ont cessé de faire défaut. Ainsi un taux d’intérêt unique, – comme l’exige par définition toute monnaie unique – appliqué à des taux d’inflation différents, est générateur de charges réelles d’endettement divergentes. Sur une base 100 en 1997 les niveaux de prix avaient atteint en 2009 l’indice de 146 en Grèce, de 139 en Espagne alors qu’il n’était que de 119 en Allemagne et de 122 en France. Hausses qui, ramenées à leur moyenne annuelle, elle même déduite du taux unique d’intérêt, mesurent par différence le taux réel d’emprunt propre à chaque Etat débiteur. Taux réels d’évidence variables pour chacun d’eux, d’autant plus bas que l’inflation est forte et d’autant pus haut que l’inflation est faible.

Inégalités de charges d’emprunt et partant inégalités du montant des dettes publiques elles mêmes non dues aux vertus des nations débitrices à les supposer même inégales, mais au principe même du taux d’intérêt unique appliqué à un espace économique hétérogène. Voilà pourquoi la Grèce et l’Espagne entre autres sont plus endettées que la France et l’Allemagne. Ce en quoi l’unicité d’un taux d’intérêt s’avère être incitateur puissant d’endettements divergents.

Le taux de change non moins unique d’un tel système s’avère tout aussi discriminatoire des Etats membres les uns par rapport aux autres dans leur recherche commune d’excédents commerciaux. A taux de change unique, de tels excédents sont accessibles à des Etats pourvus d’exportations à demande constante nonobstant la hausse de leurs prix , — c’est le cas de l’Allemagne pour ses machines outils, – mais sont hors de portée de pays exportateurs de services ou de produits de luxe, de moindre nécessité, et dont la demande est plus sensible aux variations de prix à régler. C’est le cas d’autres nations à structures d’échanges extérieures plus fragiles, — dont la France et la Gréce.

Voilà pourquoi et comment un même taux de change peut être tout à la fois facteur d’excédent chez les uns et de déficit chez les autres. En résulte que vouloir réformer les critères de convergence des traités fondateurs ne peut servir à rien dés lors que du seul fait de ses fondamentaux, l’euro fonctionne, d’une part comme "une centrifugeuse" d’hétérogénéités économiques à débit permanent, et d’autre part comme incitateur incontournable d’endettements publics non moins permanents, faute d’accès possible à des taux de change diversifiés

Ainsi s’entendent les appréciations d’un quotidien du soir des plus modérés, dont le chroniqueur spécialisé ne craint pas d’écrire des artisans de l’Euro, qu’ils l’ont construit sur des "bases pourries"(1), ce que ne contesteraient sans doute pas sur le fond de distingués universitaires en matière d’économie, l’un n’y voyant qu’un "échec patent"(2) et l’autre une "erreur tragique"(3).

2 – VAÝNES RÉFORMES

Le débat est-il ainsi ouvert ? On n’ose le prétendre. Les européistes de tous bords n’en voient pas apparemment l’intérêt. Ils ne perçoivent de solution que dans le renforcement de la "gouvernance économique" dont les ministres de l’U E seraient dépourvus, et ceux-ci de sortir aussitôt leurs dossiers préparés pour en avancer les pistes.

Ce fut l’œuvre du G 20 de 2009. Elles consistent pour l’essentiel en effet

  à ce que les Etats membres soumettent leurs projets de budget à la Commission européenne avant même qu’ils les aient présentès à leur Parlement respectif,

  à ce qu’ils rendent compte à la Commission d’indicateurs lui permettant la mesure des écarts de compétitivité venant à les écarter par trop les uns des autres, et à la doter d’un droit de "recommandation" à leur égard,

  à ce que soit constitué, au sein même des instances de l’U E, un "fonds de stabilisation" pourvu de ressources sous forme de garanties de paiement permettant aux Etats membres de lever sur les marchés des fonds destinés à leur permettre de faire face aux menaces de cessation de paiement, dont ils viendraient à faire l’objet .

Le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) fut créé alors même que le sauvetage des finances publiques grecques n’était pas achevé dans des conditions de régularité juridique des plus discutables(4). Il n’en a pas moins été pourvu de 440 milliards d’euros et mis ainsi en charge d’assumer des prestations de garanties de paiement à hauteur de prés du double. Toutes dispositions d’un mérite certain, celui de mutualiser les échéances des dettes publiques, mais dont aucune n’est de nature à en alléger la charge, et moins encore à en tarir le cours.

Par les garanties de paiement qu’il accorde ainsi aux souscripteurs des emprunts d’Etat, le FESF ne manque pas de mettre les Etats membres en mesure de poursuivre leurs émissions de bons et obligations de dettes publiques. Mais rien là qui puisse suffire à assurer la stabilisation du cours des titres émis, la croissance de l’épargne nécessaire à leur achat n’y étant nullement corrélée. Force reste même d’en anticiper l’insuffisance puisque l’affaissement des cours, si elle vient à se produire, se traduit par la hausse des taux d’intérêt(5), elle-même incitatrice d’investissements amoindris d’où procède l’épargne.

Ce pourquoi la stabilisation des cours ainsi fragilisés s’avère la plus urgente des tâches des autorités monétaires. Elle consiste pour les banques d’émission, — dont la gestion de la dette publique sur les marchés est le métier, — à y acheter, racheter ou prendre en pension les titres de dettes d’Etat qui ne trouvent pas preneur. Tel est l’objectif que la BCE leur assigne, selon les termes mêmes de la déclaration que son Président fait à la presse quand il déclare avoir besoin d’une "fédération budgétaire"(6).

Vaste entreprise à hauts risques de surcroît, car ce faisant, elles incisent dans les circuits financiers des liquidités, — affectées en principe au financement de crédits consentis aux entreprises de production ou de services, — mais dont en l’occurrence ces dernières ne sont pas preneurs, les perspectives stagnantes de leurs chiffres d’affaires à la mesure de la réduction des déficits publics et les délocalisations industrielles en cours, les mettant à l’abri du besoin qu’elles pourraient en avoir.

Aussi bien établissements de crédits de tous ordres et autres organismes d’intermédiation bancaires, pour rentabiliser les ressources croissantes de cette provenance et renforcer ainsi leurs fonds propre (règles de Bâle 3), n’ont-ils d’autre issue que de les affecter à des opérations dites de marchés. Elles consistent à souscrire aux titres qu’on y trouve, — dont les obligations d’Etats qui rapportent des intérêts créditeurs, — sans exclure d’autres placements et opérations de termes à incidences parfois déstabilisantes(7).

Façon en tout cas, de soutenir les cours de bourse, de rassurer les porteurs et de plaire aux émetteurs, mais moyen très sûr d’instiller en permanence dans les circuits financiers des poches de liquidités sans emploi sauf spéculatif, laissant ainsi libre cours à la crise sous-jacente, ainsi qu’à ses manifestations : krachs boursiers et rebonds subséquents.

Difficultés ainsi différées, problème non résolu, le tout étant remis à plus tard. Prolongations assurées donc, et…vogue la galère.

De ce point de vue, et contrairement à ce que d’aucuns prétendent l’euro, parce qu’il est un facteur d’endettement permanent, n’est pourvu d’aucune vertu salvatrice. Il s’avère au contraire gravement attentatoire à l’épargne existante ainsi qu’aux structures de financement en place.

3 – ALTERNATIVE DES EXPÉRIENCES RÉUSSIES

Et s’il ne s’agissait pourtant que de contenir ou de réduire le flux continu des endettements publics qui ne cessent de s’accumuler, ne serait-il pas plus efficace et plus simple de restituer aux gouvernements de la zône euro l’arme monétaire dont le traité de Maastricht les a dépossédé ? Elle seule leur permettrait de dégager les excédents commerciaux de nature à compenser la stagnation si ce n’est la régression de leur demande interne, et d’échapper de cette façon à la dépression qui les menace quand elle ne les a pas déjà atteints.

Un tel aggiornamento n’impliquerait pas l’anéantissement mais la réforme de la monnaie européenne. L’Euro nouvelle manière tenant lieu de monnaie de rattachement, les Etats membres la partageraient à parité de change propre à chacun d’eux, parité elle même insérée dans une échelle de taux assujettie à l’agrément collectif des autres Etats. Un tel panier de monnaie pourrait fonctionner à l’instar de l’agrégat des monnaies de l’european current unit (ECU) du temps du "serpent monétaire européen" (SME) de la Communauté Economique Européenne (CEE), à ceci prés qu’à la différence de l’ecu qui ne fût qu’une monnaie de compte, le nouvel euro aurait fonction de monnaie de paiement à taux diversifiés.

Réforme à avantages multiples. Elle préserverait des dévaluations en "représailles" d’avant guerre (au demeurant pas plus préjudiciables que les variations actuelles incontrôlée de l’euro), tout en conservant à l’Europe la cohérence monétaire nécessaire à l’homogénéité de son espace économique. Elle restituerait aux Etats membres la juste mesure de problèmes qui les concernent, et leur permettrait d’impulser les plans de relances mis en place pour nombre d’entre eux dès septembre 2008, l’histoire des faits économiques ne fournissant aucun exemple de relance budgétaire réussie qui n’ait été soutenue par une dévaluation monétaire ajustée.

Ce fut le cas de la Suède confrontée en 1990 à une explosion de crédits immobiliers et qui a laissé la couronne, jusqu’alors rattachée par taux fixe à un panier de monnaies, perdre 20% de sa valeur initiale. En quelques mois ses exportations s’en sont trouvées portées de 27 à 50% de son Pib sans qu’il lui ait fallu pour autant accroitre la charge de son endettement public(8).

Ce fut également le cas du gouvernement argentin, alors interdit par la loi de toute création monétaire au de là de ses réserves de change, et qui pour se financer n’avait d’autre issue que de procéder, lui aussi, à d’incessantes émissions obligataires à taux prohibitifs. L’Argentine n’est venue à bout de ses difficultés en 2002 que par la rupture de la parité fixe liant le peso à sa monnaie de rattachement, c’est-à-dire par la dévaluation de celui-ci et la conversion d’autorité publique des contrats libellés en dollars en contrats libellés en pesos.

Toutes mesures gratifiantes puisque nonobstant les pressions extérieures dissuasives qu’il lui fallut subir, — dont celles du FMI, — la dette publique de l’Argentine qui avait atteint 150% du Pib s’en est trouvée réduite à 75% en 2005 et à 50% en 2008(9).

Autre référence, notamment celle du Royaume unis en 1992 qui a réussi à comprimer ses dettes à l’appui de sa dévaluation de même date. Preuve a contrario étant par ailleurs rapportée de l’impossibilité de toute politique autre de déflation, dont l’échec patent de la dernière expérience qui en ait été faite, remonte à celle dite du bloc or de 1932.

Dans ces conditions, comment comprendre, dans l’impasse où ils sont parvenus, qu’au nombre des commissaires et ministres de l’Union Européenne, nulle voix ne s’est élevée et ne s’élève pour évoquer au service de l’Europe l’existence d’une solution alternative à l’actuel euro ? Où veulent ils donc en venir ? En réalité, leurs propos le laissent de surcroit transparaître à demi-mot, le but qu’ils poursuivent est plus politique qu’économique. Il consiste, à l’appui des difficultés actuelles et à venir, portées au comble du désastre et dans le désarroi des opinions, à forcer l’allure vers une Europe fédérale, celle dont les peuples ne veulent pas.

o O o

Il n’est de grand dessein qui n’ose dire son nom. De quelle Europe s’agit-il en effet, d’une Europe ouverte dans laquelle chacun de ses partenaires reste libre de ses choix et responsable en conséquence de la place qu’il entend y occuper, ou d’une Europe fermée d’un avenir économique univoque et hiérarchisé par des règles statutaires qui fondent la promotion des uns sur le handicap des autres ?

Question ouverte à réponse urgente. Les effets de l’euro se sont maintenant suffisamment développés pour qu’en puisse être dressé un premier constat : déficit des Etats membres à l’exception d’un seul dont plus de 60 % des excédents sont les importations des autres, recours contraint de ceux-ci à l’endettement publique continu à défaut d’accès permis à des taux de change diversifiés, et surcharge des marchés en obligations d’Etat dont l’affaissement des cours ne peut être éludé que par l’acquisition rémunérée qu’en font les banques et le rachat contraint qu’en peuvent effectuer les Etats.

Tel était l’état d’inventaire lors du G 20 de 2009, tel est celui qu’on peut encore dresser à la date du G 20 de 2010 à quelques différences prés non moins inquiétantes : les taux d’emprunt public de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande se sont tendanciellement élevés tout au long de l’année, signe d’une défaillance chronique de leur demande qu’il faut sans cesse rémunérer plus, pour éviter qu’elle ne se dissipe ; les taux des emprunts publics de l’Allemagne et de la France, après avoir précédemment baissé, sont en cours de relèvement notable depuis le dernier trimestre 2010, signe de la nécessité pour les émetteurs de payer plus pour maintenir la demande à la hauteur des besoins.

Preuve ainsi faite en tout cas que ne rassurent les marchés, ni les discours du G 20 2009, ni les recommandations préalables de la Commission européenne aux gouvernements des Etats en mal de confection budgétaire, ni non plus les garanties juridiques de bonne fin du Fonds Européen de Stabilisation Financière. Ce qui se conçoit d’évidence quand se profile à l’horizon, un endettement public permanent, une offre d’épargne potentiellement insuffisante, des marchés financiers en état de lévitation administrée, et des anticipations de hausse de taux d’intérêt à tout moment possible, toutes conditions d’une stagnation forte, accompagnée de son cortège de misères.

Mais, – dira-t-on, – qu’importe. Les contribuables paieront, ne l’ont ils pas déjà fait, et les autres aussi puisqu’il ne suffit plus d’être indigent ou chômeur pour ne pas avoir à payer son écot, l’inflation qui en opère le prélèvement sans formalité de recouvrement, faisant le reste.

L’inflation suffirait elle à faire le reste, que les opinions publiques des nations européennes auraient tort d’y voir comme une sorte de solution finale. Mais qui donc a dit qu’il n’est de fatalité que celle des peuples qui se couchent pour mourir ? Les peuples du vieux monde seraient ils à ce point fatigués qu’ils ne puissent s’engager sur la voie d’expériences réussies par ailleurs ?

Elle passe, il est vrai, par ce que l’anthropologue Georges Ballandier appelle "l’insurrection de la différence."

Paris le 10 novembre 2010


(1) Le Monde du 10 mai2010 "un d’mi ? Ben ça f’ra 15 francs, m’siieu" – P A Delhommais (2) Le Monde du 5 mai 2010, La crise de la zone Euro – Pr J J Rosa (3) Le Monde du 11 mai 2010, La moins mauvaise des solutions — Pr J P Vesperini (4) Art. ci-dessous : Gouvernance Européenne et Légalité – B Prudhon (5) Les bons et obligations à intérêt fixe, valent à qui les acquiert, quand leur cours s’est affaissé par rapport à leur valeur nominale initiale, un rendement accru (par évidence arithmétique), impliquant, par effet de marché, la hausse des taux d’intérêt. (6) Le Monde du 1ier juin 2010, Nous avons besoin d’une fédération Budgétaire – Interview de M. Trichet (7) Opérations de termes qui consistent sur les marchés orientés à la baisse à vendre à découvert des titres rachetés à terme à moindre prix (8) Le Monde Economie du 11 mai 2010, En Suède la monnaie flottante… (9) Le monde du 11 mai 2010, Comment l’Argentine a réduit son endettement.

http://www.debout-la-republique.fr/L-europe-et-l-euro-histoire-d-un.html







Main basse sur une île

21/02/2011 10:38

Main basse sur une île


L’Ecole n’est pas la seule corde de mon arc. J’ai également commis quelques ouvrages sur la Corse.

Bien sûr, je pourrais connecter les deux sujets. Par exemple en évoquant le procès qui s’est récemment tenu à Ajaccio, où sont mis en cause divers officiels du rectorat et quelques enseignants, accusés d’avoir corrigé à la main — conformément, en fait, à ce que l’on demande dans tous les jurys — les résultats du Bac, mais avec quelques coups de pouce supplémentaires (1)…

Mais non : aujourd’hui, je m’offrirai un spécial narcissisme — ça ne me change pas, diront les mauvaises langues.

(1)Voirhttp://lescarnetsdulabyrinthe.blogs.nouvelobs.com/archive...et http://generation69.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/02/1...

 Donc, une fois n’est pas coutume, je parlerai télévision.

Le 25 février prochain, sur Arte, et sur le coup de 20h40, est diffusé un téléfilm intitulé Main basse sur une île.

Il se trouve que j’y ai un peu mis la main. Après tout, il est inspiré d’un roman initialement paru chez Ramsay sous le titre Pur porc (et il reste quelque chose de cet amour des suidés dans le film) et réédité il y a deux ans chez Balland sous le titre Viande froide. Le réalisateur, Antoine Santana, a donc écrit avec moi le scénario, puis les dialogues.

Bien sûr, nous avons quelque peu coupé dans un roman qui prenait son temps sur une route extrêmement saignante. Là n’était pas l’essentiel.

Le titre du téléfilm, Main basse sur une île, a une double origine.

L’action se passe en Corse, et Main basse sur une île fut d’abord le titre d’un pamphlet édité par le Front Régionaliste Corse (1) en 1971. Allusion, bien sûr, à ce film remarquable de Ferancesco Rosi, Main basse sur la ville (1963), qui raconte les magouilles immobilières d’un entrepreneur (Rod Steiger, d’une italianité napolitaine plus convaincante encore que s’il était né sous le Vésuve) poussant les politiciens locaux à transformer, à son gré, des terrains agricoles en terrains constructibles…

Toute ressemblance avec une situation réelle, à Naples ou ailleurs, ne serait, comme on dit, que pure coïncidence…

Ce n’était pas le premier des films politiques de Rosi, depuis le Défi (1958) jusqu’à Oublier Palerme (1989), en passant par des chefs d’œuvre inoubliables comme l’Affaire Mattei (1971) ou Cadavres exquis (1975).

Ce dernier film était marqué par la performance exceptionnelle de Lino Ventura, dont l’image me hanta tandis que j’écrivais Pur porc. Le personnage principal, l’Ange, était calqué sur ce cher fantôme.

Mais quand il fut question de casting, il s’avéra que cela faisait quelques années que le tonton flingueur n’était plus disponible…

Sauf à être Giraudoux, qui écrivait avec, en tête, la voix de Jouvet qui interpréterait ses pièces, on écrit souvent un dialogue à l’aveugle, et on se soucie après de l’adapter aux acteurs effectivement retenus. En l’occurrence, à François Berléand.

Berléand n’a pas besoin de moi pour qu’on lui tresse des couronnes. Chacun sait de quoi il est capable.
Ou plutôt, chacun croit le savoir. J’ai découvert, durant le tournage, et en visionnant le film terminé, un acteur extraordinaire — plus corse que jamais Steiger ne fut napolitain, ou Ventura sicilien. Capable comme eux de transcender une fiction pour l’amener à ce que nous désirions en faire — un film politique (2).

Oui, nous avons pensé à l’affaire Erignac en l’écrivant. Oui, nous avons évoqué la mort de François Santoni, dit « l’Iguane », le dernier chef du FLNC canal historique. Oui, nous sommes persuadés, comme 90% de la population corse, que quelques procès bâclés, à l’issue prévisible (et en grande partie désavouée en appel) sont très loin d’avoir fait le tour de cet assassinat politique. Un meurtre qui a peu de chances d’être le fait de quelques bergers autonomistes qui se partagent un neurone, comme les Grées, les Sœurs grises de la mythologie grecque, se partageaient un œil unique.

Mais, comme le rappelle in fine dans le film la phrase célèbre de Lampedusa dans le Guépard, il faut bien que tout change pour que tout demeure identique. Il fallait bien qu’on abatte un préfet qui s’opposait, le Code à la main, à toutes les combines immobilières — les derniers plans du film montrent, vue d’avion, une Corse en voie de baléarisation avancée — qui ont fait florès depuis sa disparition. Combien d’amis des puissants du monde médiatico-politique ont, depuis 1998, fait construire leur maison, pieds dans l’eau et piscine sur l’évier, dans une Corse désormais soumise aux appétits des bétonneurs — et de ceux qui les financent…

Parce que pour construire à grande échelle, il faut de l’argent. Beaucoup d’argent. Le fait, évoqué dans le film comme dans le roman, que de nombreux Corses tiennent le trafic des jeux en Afrique, ou que les sommes issues des échanges pétrole contre armes n’aient jamais émergé sur le marché légal, est… un fait.

« Mais en février 1998, quand Erignac a été abattu dans une rue d’Ajaccio (alors qu’un imbécile ordinaire aurait pensé qu’il était plus simple de tirer tranquillement dans le dos d’un homme qui faisait régulièrement du vélo entre Ajaccio et Vizzavona), c’était la Gauche qui était aux commandes ! Vous n’allez tout de même pas imaginer que… »

Comme dit l’un des personnages du film : « Pourquoi voulez-vous que la Gauche aime moins l’argent que la Droite ? »

Allons, allons ! Pure fiction ! Comment imaginer que dans la réalité des services très secrets récupèrent une action montée par un ancien ministre passionné par la Corse — un vrai-faux meurtre, comme il fut des vrais-faux passeports —pour le compte de leurs nouveaux patrons ? Ou pour les mouiller, allez savoir…

C’est compliqué ? Vous n’y comprenez rien ? Eh bien, je vous invite à suivre, vendredi prochain, les démêlés d’un ancien flic (Berléand) racontant à son nègre-biographe (Alexandre Steiger, très drôle en Candide d’une île qui a fait de la ruse et de la paranoïa ses modes de pensée préférés) comment un agent particulièrement dangereux (Jean-Michel Portal, inquiétant à souhait sous son allure sympathique) l’a doublé — et lui a fait, au sens propre, un enfant dans le dos de son épouse (Héléna Soubeyrand, belle et rebelle). Avec son accord, à vrai dire : que ne ferait-on pas pour gagner la précieuse seconde qui vous permet de tirer plus vite…

Alors certes, il y a un peu de sang dans cette histoire. Un peu de sexe aussi — comme dans la vraie vie. Et des considérations culinaires autour du cochon et de son alimentation — cet exquis petit goût de noisette…

Mais ce que nous avons surtout voulu faire, c’est un film politique, comme les Italiens savaient les faire dans les années 60-70 (et comme les Français ont toujours peiné à en faire, malgré Yves Boisset et quelques autres — bonnes intentions louables, le talent en moins). Merci à Antoine Santana, tout aussi corse que moi, d’avoir si bien transcrit nos désirs — et si bien filmé la Corse. Ce film est un manifeste, pour un cinéma qui saurait utiliser la fiction pour parler de la réalité, parce que c’est le meilleur moyen d’être vrai. « On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments », disait Gide — et il n’avait pas tort. Nous avons tenté de faire un bon film avec mauvais esprit — de quoi faire passer nos bonnes intentions.

Jean-Paul Brighelli

 (1) Rappelerai-je que le Front a donné naissance à l’Action Régionaliste Corse (l’ARC était aisément confondue avec l’Azzione per a Rinascita di a Corsica, dirigée par Edmond Simeoni), dont la première manifestation fut l’occupation — pacifique —,le 21 août 1975, de la cave d’un rapatrié d’Algérie qui déshonorait la viticulture corse avec des pratiques de chaptalisation dégradantes, tout en bénéficiant de subventions refusées depuis toujours aux agriculteurs insulaires. Que le gouvernement de Giscard et Poniatowski ait cru bon d’envoyer 2000 CRS et gendarmes mobiles, équipés de blindés légers, contre une douzaine de manifestants témoigne d’un esprit de dialogue et de conciliation qui fit long feu, si je puis dire. Le FLNC est né de ce malentendu sanglant (Pour plus de détails, voir JP Brighelli, la Corse, île de beauté, terre de liberté, Coll. Découvertes / Gallimard).

(2) http://www.programme-tv.net/news/tv/10706-main-basse-sur-...

http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2011/02/19/main-basse-sur-une-ile.html#more






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