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Egypte : la France doit réagir
31/01/2011 09:54
Communiqué de Nicolas Dupont-Aignan sur les événements en Egypte
Alors que les morts se comptent désormais par dizaines en Egypte, les autorités françaises doivent prendre leurs responsabilités et condamner fermement les crimes du régime d’Hosni Moubarak.
Les violences insupportables dont sont victimes les journalistes ainsi que la coupure totale du réseau Internet font aujourd’hui de l’Egypte une dictature comme une autre, à laquelle les alliances occidentales ne doivent pas garantir le silence de la communauté internationale.
Il est bien entendu du rôle de la France de soutenir les peuples qui se révoltent pour leur liberté, partout dans le monde. La résistance à l’oppression est une valeur constitutionnelle en France.
Alors que partout dans Le Caire ce sont des slogans en français qui appellent au départ de Moubarak lorsqu’il s’agit de s’adresser au monde, la France doit faire confiance aux Egyptiens.
L’Egypte doit prendre le risque d’une véritable démocratie.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne, président de Debout la République
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2012: Villepin prépare son entrée en scène
31/01/2011 09:37
L’ancien premier ministre fait un pas de plus vers 2012.
Selon RMC Info, il dévoilera son "programme pour la France" fin avril, juste avant le procès en appel de l'affaire Clearstream.
Auparavant, il sera reçu par Nicolas Sarkozy le 20 février.
Fabien Crombé: 5h48 sur RMC. C'est l'heure du réveil politique de Véronique Jacquier. Bonjour Véronique !
Véronique Jacquier: Bonjour Fabien, bonjour à tous !
Dominique de Villepin fait un pas de plus vers une possible candidature à la présidentielle. Info RMC, avec le détail de son calendrier, Véronique, ce matin !
Premier pas (...) vers 2012: dans Libération, Dominique de Villepin donne les grandes lignes de son pré-programme et ça décoiffe ! L'ancien Premier Ministre veut couper le cordon entre l'exécutif et le judiciaire pour que les procureurs soient indépendants. Il veut réduire d'un tiers le nombre de sièges à l'Assemblée et au Sénat (il va pas se faire des copains avec les parlementaires, mais c'est déjà fait !). Et puis, de 22 régions, on passe à 10: un peu comme en Allemagne ! Détail de ce pré-programme (...) à Grenoble lors d'un débat avec Ségolène Royal. Ensuite, l'ancien Premier Ministre a prévu de distiller sa bonne parole en fonction de son procès en appel dans l'affaire Clearstream, procès qui commence le 2 mai.
Alors qu'a-t-il prévu?
Alors, il ne va pas annoncer qu'il est candidat pour 2012 avant son procès ! C'est là la nuance: il veut se présenter devant les juges comme un simple citoyen, et plutôt que de se déclarer pour la présidentielle, il va se présenter comme l'homme qui a un programme pour la France. C'est ce que me confie Jean-Pierre Grand, l'un de ses proches députés. Et ça, quand est-ce qu'il va le faire? Eh bien, fin avril ! Donc, le 2 mai pour son procès, il aura finalement déjà dit qu'il était candidat sans être candidat.
Alors, est-ce qu'il va vraiment y aller?
C'est la question, Fabien ! Confidence de François Bayrou: "s'il veut y aller, qu'il commence par aller emprunter 6 millions d'euros à la banque et après, on verra". Villepin pense faire une campagne grâce à l'Internet, avec un minimum de déplacements, avec 1 million deux cent mille euros en poche. (...) Nicolas Sarkozy a confié à un proche: "même à 3%, il m'emmerde !" Villepin est crédité de 5 à 7% d'intentions de votes dans les sondages. Et il est persuadé que le jour où il se déclare candidat, il passe la barre des 10. Bon, c'est peut-être de l'intox. Mais selon des proches de l'Elysée, le Chef de l'Etat a pris prétexte du G20 pour demander l'avis d'anciens Premiers Ministres, mais dans le but de n'en recevoir qu'un seul: Villepin. Ce dernier n'a pas encore reçu de carton d'invitation de la part de l'Elysée, mais, ça c'est une info RMC, c'est vers le 20 février que Nicolas Sarkozy devrait le recevoir.
Merci beaucoup, Véronique Jacquier. A demain pour un nouveau réveil politique !
Source: RMC Info (Le réveil politique - jeudi 27 janvier 2010)
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/01/31/1778-2012-villepin-prepare-son-entree-en-scene
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Natacha Polony : Le conservatisme est un humanisme
31/01/2011 09:31
C’est entendu, « le monde bouge », et l’on nous somme de toutes parts de nous intégrer joyeusement au mouvement. A gauche par haine des vieilles traditions forcément réactionnaires et obscurantistes, à droite par nécessité de ne pas se laisser déborder par la concurrence, de quelque nature qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. La révolution a gagné. Elle est l’indépassable mot d’ordre d’un Occident qui s’est trouvé là le souffle que ne lui donne plus sa force créatrice. La révolution, dans la nouvelle mythologie occidentale, se décline dans tous les avatars de notre vie sociale comme un refus absolu d’envisager notre inscription dans une généalogie, c’est-à-dire autant notre condition d’héritiers que notre responsabilité envers les enfants à venir. Aussi, à tous ceux que François Bégaudeau consterne, à tous ceux que Joy Sorman afflige, à tous ceux qui jugent Daniel Cohn-Bendit parfaitement ringard, à tous ceux qui ne supportent plus les leçons de ces vieux jeunes étalant devant leur public leurs tristes tentatives pour demeurer adolescents, à tous ceux qui ne croient pas que faire du passé table rase nous prépare un avenir radieux, mais à tous ceux, également, qui ne croient pas que plonger tête baissée dans toute nouvelle lubie proclamée « moderne » soit un progrès pour l’humanité, il est un petit livre qui apparaîtra comme un havre salutaire. Oser l’éloge du conservatisme, quand on a achevé sa troisième décennie et ouvert la quatrième en ce début de XXIème siècle, vous a quelque chose d’un Cyrano moderne. Mais Nathanaël Dupré-Latour, qui signe cet essai aux antipodes des postures convenues, n’aveugle pas le lecteur par un panache de pacotille et des ronds d’épée dans l’eau. L’Instinct de conservation (éd du Félin) est simplement un très grand petit essai ; un livre empreint, non seulement d’intelligence, mais de cette profonde humanité que seuls portent ceux qui parlent pour l’avenir. Car l’auteur ne se laisse pas porter par une quelconque vague de contestation du « politiquement correct » en se gargarisant de sa propre liberté de pensée, il ne cherche pas à s’inscrire dans un courant ou à profiter d’une supposée mode. Il récuse d’ailleurs le terme de « réactionnaire », posture qui, selon lui, trouve sa « raison d’être dans l’adversité qu’il rencontre », et lui préfère l’humilité du conservateur qui « se situe en deçà – ou au-delà – de cette adversité, en deçà – ou au-delà – de la lutte elle-même », qui « ne s’oppose pas, tout au contraire » et « propose à peine », mais qui « cherche simplement à continuer ». Il trace un sillon. Celui qui consiste à assumer la responsabilité du monde pour les générations à venir. A travers l’évocation de cette Europe sans racines que nous édifions, de cette dette abyssale que nous creusons, et de ces ressources naturelles que nous épuisons, il dresse un portrait de l’Occident oublieux de son histoire et de ses mythes, et qui, même dans son école, a voulu effacer sa propre mémoire. « L’écologisme, écrit-il à rebours des grande théories de l’écologie politique actuelle et de ses brillants porte-parole que sont Cécile Duflot ou Noël Mamère, est par nature un conservatisme, jusqu’à souhaiter parfois (la deep ecology) un monde musée dans lequel le spectateur humain n’aurait plus aucune place. Entendons-nous bien : pour un humanisme conséquent, le problème n’est pas tant que des insectes meurent, la diversité n’étant pas forcément souhaitable en tant que telle (quid de la préservation, voire de la production d’espèces dangereuses pour l’homme ?) ; mais que la disparition des insectes et les perturbations de notre écosystème entraînent des bouleversements d’une nature telle qu’ils puissent nous faire retourner à la barbarie. » Le ton est donné. Nathanaël Dupré-Latour a ce courage de plume de celui que n’aveuglent pas les modernes totems. Il ose écrire le mot « morale », le mot « ordre », et parce qu’il les définit avec intelligence, ces mots retrouvent leur noblesse et se dépouillent des scories dont veulent les affubler les contempteurs professionnels des « heures les plus sombres de notre histoire ». Car la morale est une exigence envers soi-même, comme l’ont oublié ces libertaires qui ont préparé avec zèle l’avènement d’un libéralisme qui n’a plus rien du libéralisme politique de Tocqueville, mais tout d’une moderne « caserne » où « tout serait à vendre, c’est-à-dire où tout potentiellement devrait être vendu ». Récusant Claude Lévi-Strauss, et sa phrase, « le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie », sorte de talisman des angélistes, il observe que « l’une des distinctions fondamentales que la modernité comme « passion du neutre » tend à effacer est celle qui sépare la barbarie de la civilisation. » Or, cette distinction est au cœur du déploiement de la pensée occidentale, depuis la démocratie grecque jusqu’à ces Lumières qui purent théoriser les Droits de l’Homme. « Le civilisé, écrit-il, c’est d’abord celui qui croit à la barbarie comme une possibilité d’être en tout homme, à commencer par soi-même. C’est celui qui a vaincu en lui la barbarie, ou qui s’efforce d’y parvenir. » Car l’Instinct de conservation se paye également le luxe de reprendre les Droits de l’Homme à ceux qui les ont kidnappés pour mieux les confondre avec les droits de l’individu. Et l’on trouve là comme un écho du personnalisme d’Emmanuel Mounier, c’est-à-dire cette recherche d’une voie originale, qui ne soit ni l’écrasement de l’Homme par l’Etat totalitaire (l’auteur est un spécialiste de la dissidence tchèque), ni la plongée dans un capitalisme consumériste vidé de sens. « Rien ne limite l’errance politique comme la conscience, héritée de la considération du passé, que tout n’est pas possible. » L’avenir ne s’érige pas sur une table rase, mais sur la connaissance intime de ces récits et de ces mythes qui nous constituent. Et ce livre les visite et les relit. Surtout, il réhabilite cette si belle notion de « vergogne », déclinaison moderne de l’aïdos grec, à la fois honneur et pudeur, qui pose en chacun de nous les limites à ne pas franchir. « Immodeste et sans vergogne, l’Occident gagnerait à retrouver cette retenue, cette réserve qui correspond à l’art de maintenir l’ordre privé séparé de l’ordre public. » Et lorsqu’il évoque, au moment de clore son livre, ces voyageurs russes qui, avant de partir pour un périple, s’asseyent au seuil de leur isba pour une « méditation sur le foyer, l’ordre des choses et l’aventure humaine », c’est pour nous rappeler que l’on ne peut bâtir « avec le souffle de l’audace » les cathédrales à venir, ces « temples de ferveur » dont rêvait Saint-Exupéry, sans un ancrage profond et des fondations qui nous disent à chaque instant ce que nous sommes.
Natacha Polony
Nathanaël Dupré-Latour: L'Instinct de conservation; éd. du Félin; 138 pages; 10,90 euros http://blog.lefigaro.fr/education/
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Mariage homosexuel : malgré tout, le Conseil Constitutionnel a raison
31/01/2011 09:26
Jeudi, le Conseil Constitutionnel a refusé de statuer sur le mariage homosexuel. Parallèlement, un sondage indique que 58% des Français y sont favorables et 35% opposés, signe d’une évolution assez rapide des mentalités sur la question.
Une décision prévisible
Même si je suis favorable à la légalisation du mariage homosexuel, je crois que le Conseil Constitutionnel a pris la bonne décision. Sur la base des textes existants, il ne me semble pas que les Sages avaient autorité pour autoriser ce que le législateur n’avait pas fait. Comme l’indique l’article du Monde, le code civil indique clairement que le mariage, en France, est une union entre un homme et une femme. Accepter que le Conseil Constitutionnel puisse défaire cela porterait un grand risque.
En effet, je crois que la justice doit exécuter les lois votées par les Assemblées et ne doit pas céder à la tentation législative qui existe aux Etats-Unis où la Cour Suprême, outrepassant le rôle qui devrait être le sien, émet des jugements de nature législative et non judiciaire. Nous devons éviter le gouvernement des juges et des experts de toutes sortes, qui affaiblit la démocratie et le rôle des gouvernements. Et du fait de nos textes, cette question doit être tranchée par le Parlement.
Une légalisation qui viendra
De toutes les façons, l’évolution rapide de l’opinion, aujourd’hui largement favorable à la légalisation, devrait permettre une évolution de nos lois. Et ce n’est pas l’opposition du Front National ou celle de Jacques Myard, qui dépasse Marine Le Pen par sa droite (en considérant que les notions de droite et de gauche aient un sens sur cette question) qui freinera un mouvement qui semble bien engagé. La France avait pris de l’avance avec le PACS. Elle est aujourd’hui en retard sur cette question.
Car je reste partisan de la légalisation du mariage homosexuel pour plusieurs raisons. Je crois qu’il n’est pas normal que la République traite les couples homosexuels comme des couples de seconde catégorie par rapport aux couples hétérosexuels. Quel message envoie la société en faisant deux poids deux mesures ? Implicitement, cela sous-entend qu’il y a une sexualité plus légitime qu’une autre et que les homosexuels sont des citoyens de seconde catégorie.
La République ne doit pas distinguer ses enfants selon leur sexualité. La distinction faite par la société entretient l’idée que tous les citoyens ne se valent pas, ce qui est inacceptable. Bien sûr, certains évoqueront les enfants pour faire la distinction. Mais que faire alors des couples stériles ? Leur interdire le mariage ? En outre, ceux qui évoquent cela sont souvent opposés à l’adoption par des couples homosexuels, dans un raisonnement circulaire.
Bien sûr, la décision du Conseil Constitutionnel en décevra certains, mais, malgré tout, il ne revenait pas aux sages, qui doivent veiller à l’application des textes et pas à les créer, de prendre une telle décision. Il reviendra au Parlement de réaliser cette avancée nécessaire.
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Sophie Coignard Le Pacte immoral
31/01/2011 09:21
Candide est donc parti au pays d’Educ-Nat : il n’en est pas revenu.
Il — ou plutôt Elle, puisque c’est la journaliste Sophie Coignard qui a opéré cette plongée dans l’abîme (1) —, a fait cela avec tout le professionnalisme dont était capable l’auteur (ne m’en voulez pas, ma chère, je suis physiquement incapable d’écrire « auteure ») de l’Omerta française (Albin Michel, 1999 — avec Alexandre Wickham) ou d’Un Etat dans l’Etat (Albin Michel, 2009), son étude sur la Franc-maçonnerie. Mais aucun de ses ouvrages précédents, qui pourtant ne lui ont pas fait que des amis, tant la vérité dérange l’ordre, ne lui aura valu, je le lui prédis, autant de haines et de commentaires vitriolés que celui-ci.
Ça a déjà commencé. Dans le Point de cette semaine (n°2002, 27 janvier 2011), qui publie quelques-unes de ses « bonnes feuilles », Marie-Sandrine Sgherri est allée interviewer quelques-uns des illustres morticoles mis en cause par Mme Coignard. Chœur des demi-vierges ! Levée de boucliers de la bien-pensance ! « Elle reprend les lieux communs sur « l’enfant au centre » sans aller voir ce que font réellement les militants pédagogiques, souvent très mal vus par la hiérarchie qu’elle critique », fulmine Meirieu, jamais à court de contre-vérités (Allons, allons, Philippe, moins de modestie, vous et vos amis tenez le haut du pavé pédagogique depuis 30 ans — et encore aujourd’hui, puisqu’au fond le libéralisme de Luc Chatel va dans le sens des lubies libertaires que vous avez toujours défendues). Ou Jack Lang, jamais en retard d’une insulte : « Ce livre tient à la fois de la malhonnêteté intellectuelle et de l’ignorance crasse » — avant de se lancer dans une démonstration proprement sublime sur la responsabilité de la droite dans la baisse des résultats au classement PISA (ah bon ? Les élèves de 15 ans d’aujourd’hui ont été alphabétisés sous la droite ? J’aurais cru qu’ils étaient entrés à l’école élémentaire sous la houlette d’un certain Lang, successeur d’un certain Allègre — qui avait si bien défini leur programme)) — et l’hécatombe des étudiants en première année de fac, due, on ne s’en serait pas douté, à… la disparition des TPE, qui n’ont jamais disparu.
Et ça a été ministre ?
Ou Antoine Compagnon, qui aurait dû en rester à Montaigne ou à Proust, sur lesquels il a écrit des choses lumineuses. Mais qui plaide à présent dans le Point pour une autonomie accrue des établissements, à l’heure où nous déplorons tous le « moins d’Etat », et pour un recrutement ciblé d’enseignants « différents », — déjà en place dans le dispositif CLAIR, qu’il salue au passage.
Ou Luc Chatel soi-même : « Une caricature truffée d’erreurs grossières », dit notre DRH, qui estime que « le collège unique a été un progrès extraordinaire »… Franchement, Monsieur de Grenelle, vous devriez de temps en temps visiter impromptu, anonyme et sans escorte, tel ou tel établissement que je vous désignerais — il y a le choix. Là où les profs craquent. Là où les élèves trinquent. Vous en reviendriez édifié sur les vertus du collège unique, et sur l'épaisseur de la bulle qu’ont construite autour de vous les premiers communiants frileux qui vous servent de conseillers.
C’est un peu maladroit de la part d’un homme si doué pour la communication. Un livre se grandit par la taille de ceux qui l’insultent — j’en ai fait l’expérience. Et celui-ci pourrait bien bénéficier — je le lui souhaite — des invectives de tous ceux dont Sophie Coignard dénonce les petits complots et les grandes incompétences, avec l’habileté imparable du naïf jeté en grande Carabagne, comme aurait dit Michaux.
Qu’a vu et entendu Candide au cours de ses pérégrinations ? Un président de la République quelque peu Janus, défendant l’élitisme républicain et appliquant pour son héritier le premier principe de la thermo-dynamique, le piston : exemple redoutable pour tous ceux qui ont vu l’ascenseur social dont l’Ecole était l’unique moteur hoqueter, dans les années 1980, et s’arrêter définitivement, depuis que les apprentis-sorciers de la pédagogie ont remplacé le souci d’égalité par l’obsession de l’égalitarisme. Sophie Coignard a constaté le complot, conscient ou non, mené par les élites pour assurer à leurs rejetons les places au soleil des grandes écoles, pendant que les misérables — au sens hugolien du terme — s’échinaient dans des ZEP obscures. Elle a ausculté les instances chargées d’évaluer l’Ecole, toutes « peuplées des créatures qui ont contribué à la dévaster ». « L’école, le collège, le lycée et l’université sont donc devenus des trompe-l’œil où se joue la comédie de la réussite », conclut-elle dès les premières pages, où le ton est donné.
Ministre de l’Education ? Une punition, lui a expliqué l’un des proches collaborateurs de François Fillon, qui officia rue de Grenelle juste avant Robien, qui y vécut un calvaire. Juste avant Darcos, qui ne veut surtout plus en entendre parler. Juste avant Chatel, qui s’y est impliqué à fond, comme l’on sait. Juste avant… « Tous les ministres qui s’y sont succédé depuis vingt ans sont soit des punis, soit des illuminés », confie à Candide l’un des hiérarques de la maison. En tout cas, des Kleenex. Jetés — à moins qu’ils ne choisissent, comme le dit plaisamment Coignard qui a des lettres en matière d’espionnage, « l’exfiltration ».
Il n’y a guère que Chevènement qui ait constamment manifesté son intérêt pour ce qui se passe rue de Grenelle depuis qu’il n’y est plus. Parce que l’Ecole est le premier maillon de la République — et, aujourd’hui, son maillon le plus faible.
Et c’est ce qui rend ce livre passionnant : l’auteur les a tous rencontrés, ou presque. Comme c’est une femme charmante, et opiniâtre, elle les a fait parler. Enseignants, syndicalistes, responsables politiques, théoriciens, sociologues, inspecteurs divers et variés… Oui, tous. Elle a même des révélations saignantes — par exemple sur les agrégations "au mérite" obtenues par certaines et certains à force de reptations et d'acoquinements. Il est des anecdotes qui en disent long sur la façon dont les politiques s'achètent des hommes et des femmes-liges.
Qu’apprend-on, au passage ? Des confirmations détaillées de ce que l’on subodorait déjà, quand on vit au cœur des ténèbres pédagogiques. Mais presque tout quand on est un consommateur tout juste éclairé du système, ancien élève, parent d’élève ou prof perdu dans les steppes. Darcos, par exemple, après avoir réformé le Primaire, voulait s’occuper du Collège. Mais que cela ne faisait pas les affaires de Bercy, où commence et finit la rue de Grenelle, depuis que l’on demande aux enseignants de payer les économies qui permettront de s’offrir un Airbus privatif : la réforme du lycée était porteuse de bien plus d’économies en puissance. Moins d’heures, moins de postes — une solution que les fédérations de parents d’élèves, aussi bornées fussent-elles, n’auraient pas laissé passer, tant le collège a été, en trente ans, vidé de sa substance (2).
Comme Candide, Sophie Coignard a beaucoup voyagé : la liste des remerciements en témoigne. Elle a voulu voir, sans forcément se fier à ce qu’on lui racontait. Je l’ai rencontrée à Paris, je lui ai raconté une histoire insensée — celle de l’Ecole —, elle n’en a rien cru, elle est descendue voir ce qui se passait dans mes classes, elle a interviewé les élèves de SPE-IEP, cette propédeutique aux IEP réservée, au lycée Thiers, aux élèves massacrés par des années de ZEP. Et ils lui ont raconté — elle le rapporte avec consternation — que l’un de leurs enseignants de Terminale, l’un des ces « profs référents » qui feront la loi dans des établissements définitivement autonomes, avait tout fait pour les dissuader d’oser une prépa — « pas fait pour vous, trop bourgeois ». Sic.
Et c’est prof !
Je ne déflorerai pas un livre de 280 pages foisonnant de détails invraisemblablement vrais, de portraits irrespectueusement malicieux, de réalités trop crues pour être croyables. Le tout écrit dans un style objectif, le style même du géographe cartographiant une terra incognita — on a souvent l’impression que Candide s’est aventuré dans ces zones blanches de la carte, où la main du journaliste n’avait pas encore mis le pied, comme dit l’Autre (3).
Peut-être aurai-je une réserve sur le titre, qui n’annonce pas assez la couleur aux yeux du profane. Même s’il dit excellemment ce que nous pouvons penser de ce chaos délibéré qu’est devenue l’Education nationale : tout fonctionne comme si une infime minorité de privilégiés avait délibérément organisé un système déliquescent dont seuls leurs héritiers tireraient profit — enfants de cadres ou enfants d’enseignants, rejetons de démagogues et de pédagogues qui se gardent bien d’inscrire leur progéniture à « l’école publique » qu’ils recommandent aux autres, et adeptes du chèque-éducation, pour lesquels chaque aberration du système est un pas de plus vers l’apocalypse qui justifiera leurs ambitions — et leurs appétits.
Jean-Paul Brighelli
(1) Sophie Coignard, Le Pacte immoral, Albin Michel 2011 (19,50 €)
(2) Pour mémoire, un élève fin troisième de 1976 sortait du collège avec, dans sa besace intellectuelle, 2800 heures de Français depuis le cours préparatoire. En 2004, il en avait eu 800 de moins — soit deux ans et demi de cours de moins. Comme si, dit suavement Sauver les lettres (http://www.sauv.net/horaires.php), « il était passé directement de cinquième en seconde » — ce qui est le sentiment général des profs qui enseignent en Seconde…
(3) On sait que l’Autre est un auteur prolifique auquel on attribue nombre de hauts faits littéraires, sous des identités multiples. Ici, par exemple, il s’appelle Claude Farrère.
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