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Diplomatie: le quai d'Orsay cherche sa boule de cristal
09/02/2011 09:23
Constatant les conséquences politiques intérieures des insuffisances du Ministère des Affaires étrangères en matière d'anticipation, Michèle Alliot-Marie entend doter le quai d'Orsay d'une cellule de prospective. Déjà Kouchner avait souhaité, en 2009, mettre sur pied une telle cellule. Très inspiré, le french Doctor avait opté pour une diplomatie paillette souhaitant confier le poste à...Bernard Henri Lévy. Trop cher pour le quai d'Orsay.
Fragilisée par les événements survenus dans les pays arabes – et notamment l’attitude particulière de MAM embourbée dans les justifications de son périple tunisien-, le quai d’Orsay entend tirer les leçons de ses multiples bévues. Première priorité : anticiper et favoriser la culture de la prospective pour éviter que la France ne soit prise de court à chaque soubresaut populaire. « Nous avons besoin d'une vraie capacité d'analyse et d'expertise stratégique au ministère des Affaires étrangères, ce qui n'existait pas » a ainsi avoué Michèle Alliot-Marie dimanche à Munich en marge de la conférence internationale sur la sécurité.
« Mon ambition est de faire du Quai d'Orsay un instrument moderne d'une diplomatie au service des ambitions du pays et des besoins du gouvernement. Il y a besoin d'anticipation et d'une vraie vision prospective ».
Sur la Tunisie, la Ministre a ainsi affirmé que « nous avions des informations sur des sources de mécontentement diverses, sur des difficultés réelles », citant l'emploi des jeunes, la production agricole, l'absence de liberté de la presse et le sentiment d'injustice dans la classe moyenne par rapport aux pratiques des Trabelsi, la belle-famille de Zine ben Ali. « En revanche, nous n'avions aucune information sur la façon dont les choses pouvaient évoluer ». Aucune information ou aucune volonté d’envisager le moindre début de scénario alternatif…
En effet, selon un document wikileaks révélé par le quotidien gratuit 20minutes.fr, un diplomate français considérait la Tunisie comme «le pays le plus stable du Maghreb», et assurait que «ce pays ne connaîtra pas, à court terme, de période de déstabilisation». Des révélations contenus dans un câble américain confidentiel. En contradiction avec les affirmations de MAM, le câble mentionne que « la Tunisie a le taux de chômage le plus faible de la région et une bureaucratie qui fonctionne raisonnablement bien. L'économie tunisienne a une bonne réputation. Les Tunisiens semblent percevoir un lien entre les pratiques d'un Etat policier et la réussite économique, en conséquence, ils acceptent une sorte de contrat social: en échange de la stabilité et de la croissance, la population reste calme». Dès lors, «la France ne croit pas que le pays connaîtra, à court terme, de période de déstabilisation, à part lors de la succession de Ben Ali».
BHL ou la Madame Soleil des crises internationales
Le Ministère des Affaires étrangères n’est pourtant ni aveugle ni sourd. Bien au contraire, du quai aux services de renseignements, les tensions sociales en Tunisie étaient connues. Mais comme l’explique l’amiral Lanxade, ancien ambassadeur à Tunis « les alertes du terrain ne remontaient pas jusqu’au quai d’Orsay ». Pas plus à l’Elysée.
D’où la nécessité de tenter d’échafauder des scénarios crédibles à plus ou moins long terme : « Je veux que la nouvelle direction de la prospective du Quai d'Orsay soit capable de faire ça » a expliqué MAM.
Une telle cellule n'existe actuellement qu'à l'état embryonnaire. Et pour cause. Selon nos informations, Bernard Kouchner avait déjà souhaité mettre en place, à la fin de l’année 2009, une direction de la prospective au quai d’Orsay. Le french doctor s’en ouvre, à l’époque, à l’un de ses proches collaborateurs. Touché par la grâce, Kouchner propose alors le nom de…Bernard-Henri Lévy pour diriger la cellule.
Atterré mais gêné de contredire le Ministre des affaires étrangères, l’intéressé se fait pragmatique « C’est une excellente idée, monsieur le Ministre, mais je ne sais pas si nous pourrons nous le payer ». Imparable. C’est ainsi que fut enterrée le premier projet de direction de la prospective au Ministère des affaires étrangères. Dépité mais toujours attaché à son idée de « diplomatie paillette », Kouchner ne baisse pas les bras et poursuit son casting.
Le Ministre convoque alors Muriel Domenach, Directrice adjointe du Centre d'Analyse et de Prévision au ministère, petite fille de Jean-Marie Domenach, fondateur de la revue Esprit, et fille du sinologue Jean-Luc Domenach. Il lui propose de prendre en main la nouvelle direction de la prospective. La jeune fille refuse poliment, arguant notamment de son âge et son manque d’expérience. Insistant, Kouchner sort alors l’argument massue : « ah oui, mais vous êtes une Domenach ! ».
Le poste reviendra finalement à la soviétologue Marie Mendras. Bien décidée à mettre de l’ordre dans cette administration, elle restera huit mois en poste avant d’être démissionnée. Jugée trop autoritaire, mais aussi poutinophobe, Marie Mendras s’est rapidement mis à dos des chercheurs éminents en relations internationales, notamment Thierry de Montbrial, DG de l’Ifri. L’homme est influent : les plus grandes entreprises ainsi que les ambassades sont partenaires de l'Ifri.
Abandonnant son idée de placer un intellectuel parisien « star », ou un nom à la tête de sa cellule de prospective, Kouchner reviendra à plus de sagesse, affectant finalement Joseph Maïla, directeur du pôle religion au MAE à la prospective.
Souhaitons, en ces temps difficiles, à Michèle Alliot-Marie de se montrer plus inspirée car l’échafaudage brinquebalant d’une direction de la prospective à la sauce Kouchner en dit long sur l’administration tendance Shadock qu’est devenue le quai d’Orsay.
De là à anticiper des crises…
Régis Soubrouillard - Marianne
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Sur France Info, Dominique de Villepin veut des états généraux de la justice
08/02/2011 17:16
Pour Dominique de Villepin, la colère des magistrats suite aux propos de Nicolas Sarkozy est "non seulement compréhensible, mais elle est prévisible (...) Quand on se voit désigné comme bouc-émissaire d’une faute avant même que les enquêtes n’aient été faites, cela suscite non seulement de l'incompréhension mais un trouble profond", a estimé l'ancien premier ministre sur France Info.
"Il y a besoin d'un examen très sérieux des moyens de la justice (avec) des tables rondes, des états généraux, il faut être mieux capable d'évaluer les besoins de la justice pour y apporter des réponses."
Dominique de Villepin réclame en premier lieu plus de "sérénité". "On attend du président de la République qui est le garant de l’indépendance de la justice , le garant de la sérénité de la Justice, on attend qu’il soit le premier pourvoyeur de cette sérénité et que chacun soit dans son rôle."
L'ancien premier ministre s'interroge également la répartition des rôles dans le gouvernement. "Je souhaiterai que le ministre de la justice, si nous en avons un, puisse s'exprimer et apporter des réponses."
Source: JDD.fr
Magistrats : Villepin déplore que Fillon n'ait pas "calmé les choses"
Dominique de Villepin (UMP, RS) a déploré mardi que François Fillon n'ait pas réussi à "calmer" le mouvement de protestation "comprehensible" des magistrats, après les déclarations de Nicolas Sarkozy mettant en cause la justice dans l'affaire Laetitia.
"J'aurais souhaité que hier (lundi) le Premier ministre puisse calmer les choses. Ce n'est pas le cas", a déclaré l'ex-chef de gouvernement sur France Info, alors que la fronde des magistrats continuait de s'étendre mardi.
"Je souhaiterais que le ministre de la Justice (Michel Mercier, ndlr), si nous en avons un, puisse s'exprimer et apporter des réponses", a-t-il aussi affirmé.
Lundi, après une réunion à Matignon, M. Fillon avait qualifié de "réaction excessive" la protestation des magistrats, appelant ces derniers "à la responsabilité".
Le président de République solidaire (RS) a jugé que la colère des magistrats était "non seulement compréhensible, mais prévisible". "Quand on se voit renvoyer la responsabilité, désigner comme bouc émissaire d'une faute avant même que les enquêtes n'aient été faites, eh bien cela suscite non seulement de l'incompréhension mais un trouble profond", a-t-il expliqué
"La sérénité, c'est très important pour la justice et on attend du président de la République, qui est le garant de l'indépendance de la justice (...) qu'il soit le premier pourvoyeur de cette sérénité. Donc que chacun soit dans son rôle", a lancé M. de Villepin.
"Ne désignons pas des coupables injustement alors même qu'il est extrêmement difficile aujourd'hui pour un magistrat d'exercer sa mission", a-t-il dit déplorant de nouveau le manque de moyens de la justice.
Source: AFP
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Faut-il imiter l’Allemagne ?
08/02/2011 17:11
En proposant un Pacte de compétitivité, l'Allemagne veut convertir ses partenaires européens à l'austérité qu'elle s'impose depuis dix ans. Dans sa chronique pour Radio Nova, Guillaume Duval estime que si tous les pays appliquaient ce "modèle allemand", les conséquences économiques pour la zone euro seraient catastrophiques. Avec, à la clé, une chute de l'activité et un rebond du chômage.
Vendredi dernier, Angela Merkel a proposé aux dirigeants européens un Pacte de compétitivité. Une perspective qui n'a pas eu l'air d'enchanter beaucoup d'entre eux. Mais tout d'abord de quoi s'agit-il au juste ?
Après avoir failli précipiter la zone euro dans une très grave crise, le gouvernement allemand a fini par se rendre compte au printemps dernier que, pour que l'Euro survive, il fallait accepter d'aider les pays en difficulté. Faute de quoi les conséquences seraient dramatiques, non seulement pour ces pays mais aussi pour l'Allemagne. Cette aide n'est cependant pas bien généreuse : il n'a pas été question jusqu'ici d'annuler les dettes ou de donner de l'argent à ces pays. Il s'agit uniquement de leur prêter de l'argent et cela à des taux élevés : 5 % pour la Grèce et 5,9 % pour l'Irlande.
Où est le problème alors ?
Bien qu'elle soit peu coûteuse, cette aide a suffi à rendre furieuse une partie de l'opinion publique allemande, excitée par les populistes locaux. D'où la volonté d'Angela Merkel d'obliger en contrepartie les pays de la zone euro à copier les politiques d'austérité très strictes menées en Allemagne depuis dix ans. Il s'agirait notamment que tous les Etats se dotent progressivement d'une retraite à 67 ans, qu'ils mettent fin aux systèmes d'indexation des salaires sur l'inflation ou encore qu'ils inscrivent une "règle d'or" interdisant les déficits dans leurs constitutions…
Mais après tout le « modèle allemand » n'a-t-il pas fait la preuve de son efficacité ?
Si l'économie allemande exporte autant et est restée très industrielle c'est dû surtout à des caractéristiques structurelles de long terme avec les fameuses grosses PME exportatrices et une spécialisation productive favorable dans le haut de gamme et les biens d'équipements. L'effort important de limitation des coûts de production mené depuis dix ans en Allemagne a eu surtout comme conséquence un développement spectaculaire de la pauvreté et de la précarité et une explosion des inégalités. Cette austérité d'enfer a aussi beaucoup appauvri nos voisins : en 1995, un Allemand était en moyenne 15 % plus riche qu'un Français, aujourd'hui il l'est juste autant. Et comme cette austérité s'est traduite par un investissement très faible dans les infrastructures tant matérielles qu'immatérielles du pays, notamment au niveau de l'éducation, rien n'indique que l'Allemagne soit réellement mieux placée pour aborder l'avenir. Elle est déjà dans une situation critique sur le plan démographique.
Peut-être mais en attendant l'Allemagne dégage des excédents extérieurs importants et a de faibles déficits publics…
Oui mais c'est là justement toute l'ambiguïté du débat sur le « modèle allemand ». Ces résultats positifs n'ont été possibles jusqu'ici que parce que, pendant que les Allemands se serraient la ceinture, la Grèce, l'Espagne, l'Irlande… tiraient l'économie européenne, et en particulier allemande, en consommant nettement plus qu'ils ne produisaient grâce à un endettement croissant et excessif. Si tous les autres pays européens appliquent réellement la même politique que l'Allemagne nous courons ensemble à la catastrophe car plus personne ne tirera l'économie européenne. L'activité économique plongera et le chômage augmentera encore…
Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques Article Web - 08 février 2011
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Fronde judiciaire : attention à ne pas faire le jeu de Sarkozy
08/02/2011 09:56
Pour Philippe Bilger, le pouvoir politique cherche à alimenter la défiance de l'opinion publique envers la communauté judiciaire. Du coup, la grève des audiences risque selon lui de discréditer davantage la profession, qui doit regagner le respect à l'égard de l'opinion et du pouvoir politique.
Les récents propos du président de la République, la forte contestation judiciaire qui les a suivis, Jean-François Copé et quelques autres à l'UMP s'attachant à les défendre, enfin la réaction du garde des Sceaux cherchant à les expliquer et à les noyer dans un océan de rondeurs et de compréhension générale méritent qu'on tente d'aller plus loin que la controverse immédiate et virulente. Il me semble en effet que ces polémiques ne ressemblent pas aux précédentes, qu'elles sont révélatrices d'un climat démocratique préoccupant où les institutions ne se respectent plus, où la suspicion des uns s'affronte au mépris des autres et où, en définitive, la paix de la République est quotidiennement troublée (Le Monde, nouvelobs.com, Marianne 2, Le Figaro).
Quand Michel Mercier souligne que le président de la République n'a fait qu'exprimer « ce que ressentent les Français », je ne crois pas que ce soit totalement vrai. On espère leur faire ressentir, à la suite de ce terrible drame qui nous affecte et nous traumatise tous comme Yves Charpenel l'a très bien rappelé (Le Parisien), un sentiment d'hostilité à l'égard de la communauté judiciaire en aggravant un discrédit dont elle pâtit déjà à cause de certaines de ses pratiques. Il se trouve qu'en l'occurrence les magistrats mis en cause par le président, pour ne parler que d'eux, n'ont pas à être incriminés mais qu'ils ont été les victimes d'un pouvoir politique inefficace, voire impuissant. Cela ne rend pas moins insupportables les carences nantaises mais oblige, par honnêteté, à « cibler » qui les approuvent - là où ils sont, ont-ils un autre choix qu'une liberté domestiquée ? - croient jouer sur du velours en se livrant à cette offensive dont je suis persuadé qu'au fond de lui, l'élan agressif d'Orléans étant derrière lui, le chef de l'Etat la perçoit injuste. Il est clair que sur le plan de la tactique, pour un gain apparent, cette inéquité du discours présidentiel entraînera une triple conséquence négative. Elle ne fera pas gagner un pouce sur le Front National, ne rameutera pas les sarkozystes déçus et accentuera le ressentiment citoyen fondé sur le fait que les politiques ont et se donnent tous les droits, l'exemple désastreux de MAM étant éclatant sur ce point. Je suis sûr que Nicolas Sarkozy, en revanche, retrouverait une adhésion forte s'il se rappelait qu'il est le garant de l'indépendance de la magistrature et donc de sa sérénité et s'il veillait par ailleurs, dans l'exercice du pouvoir, à ne jamais laisser soupçonner l'injustice d'un « deux poids deux mesures ». Jeter du gros sel sur les plaies vives ne fait qu'exacerber alors qu'on attend du président - ce qui n'est pas du tout contradictoire avec le désir d'action - qu'il apaise et unifie.
Pour ma part, aussi critique que je puisse être avec cette dernière démarche présidentielle, j'estime aussi que la magistrature et ses syndicats s'honoreraient en ne mettant pas en œuvre dans l'ensemble de la France judiciaire une grève des audiences (sauf les urgentes) jusqu'au 10 février, journée qualifiée d'action nationale. Nous avons eu la suspension de quelques heures décidée dans l'urgence à Nantes et elle était justifiée. Aller au-delà serait maladroit et dangereux.
D'une part, cela ferait clairement le jeu du président de la République qui pour le coup bénéficierait de la désapprobation publique pour ce type de mesures extrêmes. Autrement dit, ce qu'à Orléans il n'a pas réussi à impulser se verrait réalisé du fait même des magistrats.
D'autre part, il me semble non seulement possible mais souhaitable de favoriser des répliques singulières et/ou collectives au président et au garde des Sceaux - elles abondent et sont utiles - mais il serait absurde de se laisser aller à un mélange des genres. Nicolas Sarkozy a saisi l'ampleur de la fronde judiciaire, il en tirera les conclusions qu'il veut. En tout cas, le mouvement prévu jusqu'au 10 février est superfétatoire s'il vise seulement à alourdir la riposte aux propos présidentiels et à lui adresser un message encore plus déterminé. De sa part et de la nôtre, les positions sont connues et les convictions arrêtées. En revanche, au bout de cet antagonisme, c'est le citoyen auquel dans ce débat on ne doit pas porter préjudice qui va devenir la victime de ce blocage des audiences, les magistrats confortant ainsi une idée fausse mais ancrée que leur profession est ordinaire, qu'elle autorise des coupures de cette importance et que pour tout dire, devant les défis de la justice au quotidien, ils vont se dérober avec bonne conscience. Il y a mille manières de se battre, de protester, de libérer une parole de vérité, aussi éloignée du corporatisme qui nous est souvent reproché à juste titre que d'une complaisance suspecte à l'égard du pouvoir, quoi qu'il ait accompli ou non. Il est tactiquement et profondément contre-productif de donner des verges pour nous faire battre quand ceux qui n'estiment pas notre corps et notre beau métier n'en avaient pas trouvé par eux-mêmes. Ce qui a changé dans le climat d'aujourd'hui, et depuis quelques mois, c'est que la gestion calamiteuse et, à la fois, partisane de certains dossiers politico-médiatiques et, plus globalement, l'évolution de l'image politique auprès des citoyens ont favorisé l'effacement de ce sentiment capital en démocratie et qui est le respect. Le respect du pouvoir pour l'institution judiciaire, ce qui n'exclut pas les critiques légitimes. Le respect de la Justice pour les gouvernants et, au-delà, le monde politique. La magistrature, à tort ou à raison, n'est plus prête à se soumettre avec révérence ou à se laisser flageller avec un masochisme peureux. Non pas tant parce que les procès qui lui sont faits seraient toujours injustes ou de mauvaise foi mais parce qu'elle dénie toute exemplarité à ceux qui prétendent les lui intenter. Cette transformation est radicale qui a ajouté à la méfiance politique pour les juges - en dépit de la considération affichée - la désillusion judiciaire à l'égard des politiques. Pas seulement dans le champ de la Justice mais globalement. S'il a existé une période où le pouvoir, les ministres, les députés et les sénateurs ont été parés d'une sorte d'aura de principe, elle est bien révolue. Le respect, de tous côtés, s'est évaporé. Plus personne, ici ou là, ne peut compter sur un capital qui dispenserait d'avoir à offrir la preuve de son excellence.
La démocratie, pour tous, est devenue moins un acquis, une conquête qu'un but, une exigence.
Lire d'autres articles de Philippe Bilger sur son blog.
Philippe Bilger - Blogueur associé
(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)
http://www.marianne2.fr/Fronde-judiciaire-attention-a-ne-pas-faire-le-jeu-de-Sarkozy_a202616.html
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Rony Brauman: le «droitdelhommisme» est un discours de combat
08/02/2011 09:43
Ancien président de Médecins Sans Frontières, Rony Brauman n'a cessé de s'interroger sur l'instrumentalisation des droits de l'homme en croisade morale. A l'occasion des événements de Tunisie et d'Egypte, il revient sur le droit d'ingérence et la mission civilisatrice que s'arrogent encore les puissances occidentales, les ONG, les intellectuels et certains médias, à chaque révolte populaire.
Marianne2: A l’occasion des mouvements de révolte en Tunisie et en Egypte, est-ce que vous observez le regain d’un discours droit delhommiste dans les médias, chez les intellectuels, les ONG et les politiques ?
Rony Brauman: Le discours n’a jamais vraiment disparu. Cependant, nous assistpns effectivement à une reprise et une reconfiguration de ce discours, y compris chez les nouveaux philosophes, mais qui peut tout à fait se retourner contre la révolte populaire à laquelle nous assistons. Le problème est de lire ces événements à travers une grille idéologique « droitdelhommiste », c’est à dire une vision très normative d’événements qui sont inscrits dans une réalité politique locale, régionale, internationale. Si on analyse un événement seulement à travers la grille des droits de l’homme, on arrive à une vision « aplanissante » du monde. D’un point de vue politique, on a des appréciations beaucoup plus subtiles, nuancées et on peut choisir un camp par rapport à un autre.
Marianne - Concrètement, quelles sont les principales critiques que vous formulez à l'égard du discours « droitdelhommiste » ?
Rony Brauman - Tout dépend où on pose le regard. J’ai beaucoup de réserves et de critiques à formuler au discours sur les droits de l’homme lorsqu’il vient des ONG, de la presse et des intellectuels, mais on ne peut pas le tenir pour une pure hypocrisie. En revanche, quand il est tenu par le pouvoir, c’est un discours de combat, une façon de se poser dans une compétition, et de se donner des avantages par rapport aux autres. Si on se place du point de vue de l’Elysée, par exemple, Sarkozy nous expliquait au moment de la campagne que tout persécuté dans le monde avait une deuxième patrie qui était la France. Kouchner a été nommé au Quai d’Orsay pour mettre en avant les principes de l’ingérence humanitaire, la défense universelle des droits de l’homme. On a vu ce qu’il en était. De ce point de vue, le discours s’est considérablement abaissé mais ce n’était que par rapport à une posture déclamatoire, électoraliste qui annonçait des ruptures là où il n’y avait que de la continuité. Bref, c’est un discours de circonstances.
Est-ce que ces discours s’appuient sur la même base idéologique que le « droitdelhommisme » qui connut son heure de gloire dans les années 80 ?
Il n’est pas totalement différent, c’est une vision juridico-morale qui sous tend ces mouvements, également l’idée naïve d’extension de nos modèles européens et américains au reste de l’humanité. Au moment de la guerre froide, la question des droits de l’homme était beaucoup plus politique : l’anti-totalitarisme pour faire vite. Nous sommes passés du fascisme rouge au fascisme vert. Désormais s’y rajoute une sorte d’armature juridique, l’idée qu’il n’y a pas de paix sans justice, dont le Tribunal pénal international est la démonstration. Ce qui me frappe c’est l’absence totale de vision historico-politique que j’oppose au juridico-morale.
En quoi ces discours qui prônent le « droit d’ingérence » peuvent avoir des conséquences négatives sur les processus révolutionnaires en cours en Tunisie et en Egypte ?
Ces mouvements ont leur dynamique propre et donc ils font leur chemin indépendamment de ce que l’on peut en attendre. Mais, toute ingérence qui deviendrait pesante, au delà d’un discours de soutien à la démocratie, pourrait être très négative sinon contre-productive. Quand Obama laisse entendre, dans son discours du 5 février, que Moubarak doit quitter le pouvoir, il commet une grossière erreur parce que tout départ de Moubarak est dès lors perçu comme un acquiescement à la puissance américaine ce qui trahirait l’essence même du mouvement. Il faut évidemment regarder ces mouvements avec sympathie et émotion mais en sachant que nos moyens de pression sont très limités. Et heureusement.
Au-delà, est-ce que vous estimez que le repoussoir islamiste a joué le rôle d’assurance-vie pour ces régimes ?
On a toujours brandi l’épouvantail islamiste, à travers l’exemple iranien, mais sans jamais rappeler que la révolution islamiste a pris place dans un environnement où toute opposition laïque avait été impitoyablement réprimée et que les mosquées étaient les seuls lieux d’expression de la contestation et qu’il y avait de « bonnes » raisons pour que cette révolution soit islamiste. Sans défendre la révolution iranienne, loin de là, on oublie d’expliquer que cette dérive fascisante de la révolution islamique est, au moins, en partie, le fruit de l’agression dont l’Iran a été l’objet par l’Irak. Le tout soutenu par l’Europe, les Etats-Unis etc.
En Egypte, il n’y a rien de comparable, il y a une opposition démocratique et laïque, les frères musulmans ont leur place dans l’opposition même s’ils ne sont pas, à proprement parler un mouvement démocratique et laïque. Mais ils sont eux-mêmes divisés. Il faut donc en finir avec cette espèce de bloc terrifiant de barbus fanatiques. Voyons la réalité politique dans sa complexité et ses différences qui sont gommées, encore une fois, par une vision purement droitdelhommiste de l’affaire.
Est-ce que vous pensez qu'une chute de Moubarak comporte le risque d'enterrer les traités de Paix signés entre l'Egypte et Israël ?
La politique égyptienne a pour une part été un pôle de stabilité dans la région mais, on oublie que le calme revenu sur le flanc sud d’Israel n’a pas été mis à profit pour enclencher une dynamique de paix mais pour partir à l’attaque sur les flancs est et nord avec un démarrage de la colonisation cisjordanienne. Là aussi, il y a une façon anhistorique de considérer le traité de Camp David de 1978. En ce sens, on surévalue l’effet stabilisateur du traité de paix israélo-égyptien. D’ailleurs, on le voit, en ce moment, les Israéliens disent que tant que les régimes arabes seront dictatoriaux, aucune paix ne sera possible, mais quand ils voient poindre un mouvement démocratique, ils expriment vivement leurs inquiétudes quant à un éventuel changement. L’entrée dans un processus de négociations devient impossible dans tous les cas.
Propos recueillis par Régis Soubrouillard
Photo : Rony Brauman (cc Wikimédia Commons)
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