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Sécurité : Martine Aubry réinvente la « culture de l’excuse »
16/02/2011 10:05
Dans un récent livre, la première secrétaire du PS développe sa vision des causes de la délinquance : l’insécurité serait une conséquence des discriminations et de la ghettoïsation. Un discours angéliste qui va à l’encontre de la pensée d’autres socialistes.
On croyait ce discours révolu. On croyait que le PS avait définitivement abandonné la « culture de l’excuse » en matière de sécurité., en gros : la délinquance serait expliquée par des causes extérieures principalement socio-économiques. Mais en mars 2002, avant le premier tour de la présidentielle, Lionel Jospin lui-même, avait admis ses erreurs sur le sujet : « Sur la question de l’insécurité, j’ai pêché par naïveté, Je me disais pendant un certain temps que si on fait reculer le chômage, on fera reculer l'insécurité. Or 928 000 personnes ont retrouvé un emploi et cela n'a pas d'effet direct sur l'insécurité ».
Comme quoi cinq ans après ce que certains ont appelé « le tournant de Villepinte », le PS n’en avait pas fini avec les démons de la victimisation. Lors de ce colloque organisé en 1997, Lionel Jospin avait admis que l’insécurité était un problème en elle-même, elle était une conséquence mais aussi la cause d’autres problèmes sociaux : « Il faut le reconnaître nos compatriotes sont confrontés à l’insécurité dans leur vie quotidienne. C’est inacceptable . Si ce droit n’est pas respecté, d’autres ne pourront pas l’être ».
En 2011, Martine Aubry semble être revenue à cette « culture de l'excuse ». Le PS vient de publier le livre Sécurité : le fiasco de Sarkozy, les propositions du PS reprenant ses propositions en la matière rédigées lors du forum de Créteil ouvrage préfacé par la maire de Lille. Ces propositions sont nées en novembre dernier après l’offensive du chef de l’Etat sur la sécurité. Le parti cherchait alors à montrer sa crédibilité sur le sujet. A la Rochelle, l’été dernier, Manuel Valls se montrait très optimiste. Interrogé par Marianne à l'époque, il niait toute possibilité de « retour en arrière » de son parti. Raté, à lire le texte de l’ex-ministre de l’Emploi, l’insécurité ne serait qu’une conséquence des inégalités. Bref, la délinquance, pour Aubry, «c’est la faute à la société»
« C’est la faute à la société »
« Si rien ne justifie la violence, force est de constater que la société dans laquelle nous vivons est elle-même génératrice de violence », écrit Martine Aubry (p7). La première secrétaire détaille sa doctrine selon plusieurs axes. Un déterminisme qui serait notamment le fait des inégalités socio-économiques. Elle poursuit : «Avec l’explosion de la précarité et de la souffrance au travail, le travail a perdu de sa capacité à faire lien et à intégrer, il est devenu source de frustration et de rancœur» (p7-8). Les violences ne seraient donc que le résultat d’une frustration sociale : « Des formes nouvelles et répétées de violence se développent contre soi, contre les autres et contre tout ce qui symbolise les institutions et leurs promesses d’égalité non tenues », affirme la première secrétaire (p9).
Martine Aubry développe également les propositions du PS en matière d’éducation. Pour elle, la délinquance à l’école serait due principalement... à l’école et non aux délinquants. « Le décrochage scolaire et le sentiment qu’ont beaucoup d’élèves d’être méprisés par le système sont des ferments terriblement efficaces d’une société violente », dit-elle (p25-26). Mais le lien entre délinquance et délitement de l’éducation n’est pas seulement le fait de l’exclusion d’élèves qui en deviendront frustrés. Elle est aussi le fait d’un abaissement du savoir offert et du règne de l’enfant roi. Or, Martine Aubry propose de perpétuer cette doctrine pédagogiste : « L’école a le devoir de s’adapter : elle ne peut se limiter à offrir les mêmes enseignements aux élèves (…). Cela implique d’adapter les rythmes, de personnaliser les parcours, de donner le pouvoir d’agir aux équipes pédagogiques » (p26-27).
Ce partage de causalité entre inégalités sociales et insécurité n’a jamais été fixé au PS. En 30 ans, les socialistes ont souvent changé de doctrine. Si le colloque de Villepinte avait au moins marqué un progrès dans le discours, l’ère Aubry a marqué une certaine régression. La manifestation ratée du Printemps de libertés en 2009 avait symbolisé cet angélisme qui ne disait pas son nom. A l’époque, Benoît Hamon disait d’ailleurs : « Là où l'Etat social recule, l'Etat pénal progresse ». Il ne serait pas venu à l’idée de Hamon ou Aubry que l’insécurité pouvait être aussi une cause d’inégalité. Dans un quartier pauvre rongé par la délinquance, les commerces fuient, les services publics ferment, les établissements scolaires sont snobés mais les habitants qui ont les moyens déménagent. Face à la montée de la délinquance, les inégalités sociales s'aggravent entre ceux qui ont les moyens de se protéger et les autres.
L'insécurité, cause de la rélégation urbaine
Mais l’erreur doctrinale d’Aubry va plus loin. L’insécurité ne serait plus seulement la conséquence d’inégalités sociales mais aussi des discriminations et de la ghettoïsation des quartiers. Dans sa préface, la Maire de Lille développe le rôle supposé des discriminations dans la délinquance. Elle appelle notamment à faire réaliser par l'Insee « une grande enquête indépendante » pour connaître l’état des discriminations sur une base ethnique mais « de manière anonyme et sur le principe de l’autodéclaration » (p28). Le rapport du Forum sur la sécurité énonçait clairement ce lien entre discrimination et insécurité : « L’agence européenne des droits fondamentaux a démontré la réalité d’un lien entre les discriminations subies par les jeunes Français et leur propension à la violence » (p2).
Soit, il n’est pas question de nier et encore moins d’excuser la discrimination au faciès. Mais faire un tel lien de causalité revient presque à excuser le repli communautaire. Pire, elle enferme les discriminés dans un rôle de victime au lieu de les inciter à se mobiliser pour rehausser l’image de leur quartier. Au passage, notons que si le PS admet qu’il y a un lien entre discriminations ethniques et insécurité, il admet implicitement que les populations noires ou maghrébines sont sureprésentées dans la délinquance. Dont acte.
Même erreur sur le rôle des villes. « Quelle image la société renvoie-t-elle d’eux-mêmes à ces jeunes qui vivent dans des immeubles sales et dégradés, dans un environnement dégradé et éclaté ? (…) Comment s’étonner, dès lors, que les quartiers de relégation concentrent aussi les problèmes d’insécurité, de déscolarisation et de trafics en tout genre ? », écrit Martine Aubry (p22). La première remarque à faire, et que la première secrétaire oublie aussi, est sur la relégation du monde rural et péri-urbain qui n’est pas épargné par l’insécurité. Pire, elle semble aussi oublier que les dégradations de l’habitat sont aussi le fait d’actes de délinquance, que la relégation de certains quartiers est aussi due à la fuite des commerces, des entreprises et des services publics, aux transports collectifs qui n’osent plus y passer. Bref, la ghettoïsation est autant, si ce n’est plus, une conséquence qu'une cause de l’insécurité.
Sans ligne fixe
Pourtant au sein du PS, on n’adhère pas forcément à cette culture de l’excuse. En septembre dernier, Jean-Jacque Urvoas, rapporteur du Forum sur la sécurité, s'exprimait dans une note pour la Fondation Terra Nova. Il changeait de focale et pensait l’insécurité non pas comme une conséquence mais comme une cause de problèmes sociaux notamment la défiance envers la police. « La France est parmi les pays de l’Union européenne l’un de ceux qui enregistrent le nombre de cas le plus élevé de violences urbaines. Un constat alarmant, qu’il convient de mettre en rapport avec une étude de la Commission Européenne révélant que les relations entre les Français et leur police se dégradent inexorablement depuis quelques années », écrivait-il.
En cela, « si depuis presque dix ans, la délinquance avait été combattue avec succès, nul doute que les Français en créditeraient les forces de l’ordre ainsi qu’accessoirement les responsables politiques qui en orientent l’action ». Bref, la vision d’Urvoas amène à s’interroger d’abord sur l’efficacité et les moyens de la police plutôt que sur des causes sociales ou sociétales à la délinquance. Une doctrine qu’il avait déjà exposée en juillet sur RTL. Ce débat montre que contrairement à ce que disait Ségolène Royal, le problème du PS n’est pas la persistance d’une « ligne laxiste » mais l’absence totale de ligne.
Tefy Andriamanana - Marianne
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Sécurité : le fiasco de Sarkozy, les propositions du PS, préface de Martine Aubry, postfaces de François Resbamen et Jean-Jacques Urvoas, éditions Jean-Claude Gasewitch, 128 pages.
http://www.marianne2.fr/Securite-Martine-Aubry-reinvente-la-culture-de-l-excuse_a202893.html
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Jacob-DSK ou les heures les plus sombres du débat politique
16/02/2011 09:38
C'est parti mon kiki : depuis hier, la saillie bêbête de Christian Jacob sur l'étrangeté de DSK par rapport au terroir suscite une levée de boucliers. Mais la polémique qui l'a suivie augure mal du débat politique de la présidentielle.
Le staff de DSK devrait envoyer des fleurs à Christian Jacob. Le député UMP a rendu un fier service à leur champion en déclarant, fort maladroitement, « DSK, ce n'est pas l'image de la France, l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien, celle à laquelle je suis attaché ». Le député entendait fustiger la conception des primaires du PS (10 000 bureaux de vote alors qu'il y a 36 000 communes), négligeant le territoire rural au profit d'une consultation centrée dans les villes.
Mais la forme compte souvent plus que le fond. En trente secondes nous étions ramenés à l'un des mantra favoris d'une certaine gauche : « l'antisémitisme sous-jacent »,« le maurrassisme latent », « les heures les plus sombres de notre histoire », « la ligne brune » (Cf. l'édito de Laurent Joffrin dans Libération ), etc. Jean-Christophe Cambadélis, devenu le ministre du politiquement correct du PS, qui est monté bien vite au cocotier, se frotte les mains : voilà une saillie qui va permettre de ressouder les troupes autour du patron du FMI candidat virtuel. Qui refuserait de dénoncer l'antisémitisme au moment où Marine Le Pen juge, dans Le Point que « les camps de concentration ont été le summum de la barbarie »? Mais Cambadélis, même s'il sait plaisanter - DSK incarnerait « la gauche couscous » et non « la gauche caviar » - a tort. Car, tout autant que le propos de Jacob, les cris d'orfraie de certains « deskistes » augurent bien mal du débat présidentiel.
Certes, la remarque de Jacob ne brille pas par son acuité : il n'y a pas de plus-value de légitimité qui serait octroyée par la terre par rapport à la ville. La France est constituée par les deux types de territoires qui, d'ailleurs, sont en interférence permanente : ainsi, c'est parce que le foncier urbain augmente que beaucoup d'urbains déménagent à la grande périphérie des centres urbains, comme l'ont bien analysé des auteurs comme Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin ou Christophe Guilly.
Mais les avocats de DSK poussent le bouchon trop loin. Leur plaidoirie est sous-tendu par un argument pervers dont tous les acteurs du débats - et singulièrement les Juifs eux-mêmes - devraient se méfier : critiquer DSK pour son rapport à l'argent n'est pas forcément un signe d'antisémitisme. Comme me l'a rappelé notre ami Jacques Julliard, lorsque l'extrême droite française des années 1930 évoquait la vaisselle en or de Léon Blum, il s'agissait d'un bobard ignoble. Lorsque les adversaires politiques de DSK parlent de son rôle au FMI, évoquent son Ryad au Maroc ou son côté Bling bling, ils parlent du réel. Rien ne ferait davantage le jeu des antisémites que de donner à penser que, sous prétexte qu'il est d'origine juive, il est interdit de critiquer le rapport à l'argent de DSK ou le symbole qu'il incarne.
Philippe Cohen - Marianne
http://www.marianne2.fr/Jacob-DSK-ou-les-heures-les-plus-sombres-du-debat-politique_a202889.html
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La Grèce vent debout contre le diktat libéral du FMI
16/02/2011 09:32
Venus examiner la mise en oeuvre du plan de sauvetage censé permettre à la Grèce d'échapper à la faillite, les inspecteurs du FMI, de la BCE et de l'Union Européenne ont suscité une vague de colère dans le pays. Les prêteurs ont estimé que Athènes devait redoubler d'efforts, allant jusqu'à demander de privatiser ses plages. Dénonçant l'ingérence des institutions, Papandréou s'en est allé parler du pays à DSK.
A l’ombre des révolutions égyptiennes et tunisiennes, de même que la Côte d’Ivoire se cherche toujours un président légitime, la Grèce s’enfonce dans un chaos persistant confrontée à une crise budgétaire sans équivalent depuis un an, acculée par la pression toujours plus forte du FMI et de l’Union Européenne. En bonne brigade de police financière internationale, le FMI a fait une nouvelle descente, la semaine dernière du côté d’Athènes. Maniant un peu la carotte et beaucoup le bâton, la « Troïka », comme les Grecs appellent leurs créanciers, a salué vendredi au cours d'une conférence de presse les progrès réalisés par le pays, qui a réduit en un an de six points de pourcentage son déficit public, tombé à 9,4% du produit intérieur brut (PIB) contre 15,4%.
Côté bâton, les inspecteurs de l’UE et FMI ont eu la main lourde invitant la Grèce à accélérer ses réformes et à procéder à davantage de privatisations. Après une inspection complète des finances du pays, les inspecteurs ont jugé que les réformes structurelles devaient être encore « accélérées » et « étendues ». Les prêteurs ont estimé que les privatisations devraient permettre de recueillir 50 milliards d'euros entre 2011 et 2015. Le précédent objectif du gouvernement était de sept milliards d'euros entre 2011 et 2013. Deux ans de plus pour trouver sept fois plus d’argent et démanteler toujours un peu plus l’appareil d’Etat.
Après avoir réformé les retraites, abaissé les salaires des fonctionnaires et engagé une vaste réforme pour ouvrir à la concurrence une myriade de professions jusqu'à présent protégées, le gouvernement grec est désormais sommé de procéder à une réforme de l'administration fiscale pour mieux lutter contre la fraude, à restructurer son secteur bancaire et à mieux contrôler ses dépenses publiques, notamment dans le secteur de la santé. Le FMI ne fait pas dans la dentelle. Un véritable système de ventes à la découpe des biens publics à l’échelle d’un pays. Le 1er avril 2010, un blog laissait entendre que le gouvernement pourrait vendre certaines de ses îles pour payer sa dette. Il s'agissait d'une blague. Nous n'en sommes plus là...
Les révélations du quotidien To Vima indiquent ainsi qu’après les ports, les aéroports, les chemins de fer, l’électricité, le nouveau plan recommande, également la privatisation… des plages touristiques du pays « pour développer le tourisme et le marché des propriétés ». Le Parthénon, Delphes, et le Temple d'Apollon, une question de jours ?
La montée en puissance des « je paie pas »
Mercredi dernier, deux jours après le débarquement des agents « bazookas » du FMI et de l’UE, plusieurs milliers de médecins étaient descendus dans la rue afin de protester contre une réduction des dépenses de santé. Dans le même temps, les cas de désobéissance civile se multiplient à travers le pays. Selon le quotidien Suisse Le Matin, Apostolos Gletsos, le maire de Stylida, une commune de 6800 habitants située à 140 kilomètres au nord-ouest d’Athènes, est devenu un héros national pour avoir pris les commandes d’un bulldozer de la voirie et défoncé la barrière d’un péage autoroutier tout proche : « Je l’ai fait pour protéger les droits des citoyens qui devraient pouvoir se déplacer librement, a-t-il expliqué avant d’être arrêté. Je ne le regrette pas et si c’était à refaire, je le referais» a-t-il déclaré au journal.
Face aux augmentations, frôlant parfois les 40% des billets de transports en communs et péages, les coupes budgétaires dans le système de santé, la vague des « je ne paie pas » commence à se faire entendre, soulevant les barrières de péage ici, refusant de payer les taxes hospitalières là.
Evoquant les groupes opposés à l'ouverture de professions strictement réglementées, Poul Thomsen, le chef de la délégation du FMI a affirmé que « certains des groupes qui descendent dans les rues, les chauffeurs routiers, les pharmaciens se cachent derrière leurs privilèges qui leur permettent d'extorquer des prix élevés, d'imposer un lourd fardeau au reste de la société ». Le ministre des Infrastructures, Dimitris Reppas, a répliqué que le nouvel objectif pour les privatisations n'était pas réaliste : « Recueillir 50 milliards d'euros d'ici 2015 grâce à la privatisation de biens de l'Etat n'est pas possible », a-t-il affirmé samedi à la télévision publique TV Net.
Papandréou appelle Strauss-Kahn pour lui parler du pays
Probable candidat aux primaires socialistes, que pense donc DSK de ce vaste programme de privatisations, véritable diktat libéral imposé à un pays sous perfusion ?
Lors d’une conversation téléphonique, le premier ministre grec George Papandréou a vertement parlé du pays à DSK, transmettant « le message du gouvernement grec concernant le comportement inacceptable des représentants de la Commission européenne, de la BCE (Banque centrale européenne) et du FMI lors de la conférence de presse d'hier », affirme un communiqué du premier ministre.
Porte-parole du gouvernement grec, Georges Petalotis a, de son côté, a dénoncé les ingérences des institutions internationales et européennes : « Nous ne demandons à personne de s'ingérer dans les affaires intérieures. Nous ne prenons nos ordres que du peuple grec ».
Apparemment peu inquiet de mettre le feu aux poudres, le chef de la délégation du FMI, Poul Thomsen a invité les Grecs à courber l'échine pour ne pas laisser « ceux qui ont des intérêts » personnels empêcher le plus grand nombre de profiter des privatisations. Sans préciser s’il s’agissait des plages.
Régis Soubrouillard - Marianne
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Lampedusa illustre la désunion européenne sur l'immmigration
15/02/2011 11:59
L’Italie a déjà déclenché l’alerte humanitaire face à l’arrivée de milliers de Tunisiens sur ses côtes. La France ne semble pas s’inquiéter. Et l'Union européenne paraît impuissante.
Déjà 5000 immigrants, majoritairement de Tunisie, sont arrivés en cinq jours sur la petite île italienne de Lampedusa disante de 130 kilomètres des côtes tunisiennes.Un homme est déjà mort sur une de ces embarcations de fortune. Ces migrants fuient les désordres politiques et économiques dans leur pays. Même débarrassés de Ben Ali, le pays reste dans l’incertitude et de nombreuses entreprises ont fermé. Le tourisme a été particulièrement touché. Face à cette crise, l’Italie a proclamé l’état d’urgence humanitaire et en a appelé à l’aide internationale. Rome a également accusé Bruxelles de ne rien faire pour l’aider. La Commission européenne a rétorqué que l’Italie avait refusé toutes ses demandes d’aide… ce que Rome a démenti. Mais on ne peut pas dire que l’Europe découvre ce phénomène.
La gestion des frontières de l’UE est depuis longtemps un problème politique. Les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc sont déjà tristement célèbres pour être une porte de passage pour les candidats à l’émigration clandestine. Mais surtout, la hausse de l’immigration venant de pays en crise politique est un phénomène connu. Et on peut se douter que la destination finale que ces immigrants à la France, grand pays d'accueil des migrants tunisiens. D'autres obtiendront le droit d’asile et donc le droit d’aller librement en France. Reste aussi à savoir combien réussiront à échapper aux gardes italiens ou renteront avec un simple visa touristique vite expiré. Marianne2 avait déjà montré comment la crise en Côte d’ivoire ou au Congo avait provoqué un fort afflux d’immigrés venant de ces pays. Ces crises peuvent également inciter les immigrés déjà présents à prolonger leur séjour. Quitte à passer dans la clandestinité pour des papiers non renouvelés.
Cette crise migratoire pourrait donc bien nous concerner à court terme. Pourtant à l’heure actuelle, le ministère de l’Intérieur n’a toujours pas réagi à l’affaire. Ni sur son site ni suite aux questions posées par Marianne2. Seules réactions officielles : celle d’Eric Besson, ministre... de l’Industrie et ex-ministre de l’Immigration. « Il ne peut pas y avoir de tolérance pour l'immigration clandestine » a-t-il dit sur Canal+ même « si certains peuvent avoir le droit à l'asile ». Le Quai d’Orsay a également réagi dans un communiqué disant que la France « affirme sa pleine solidarité avec l’Italie pour faire face aux arrivées massives de migrants irréguliers en provenance de Tunisie ». Le sujet devrait être abordé lors du prochain Conseil des ministres de l’Intérieur selon le ministère. Mais pas un mot sur la situation française en elle-même.
Manque de prévision
Pourtant, la situation politique en Tunisie, les troubles persistants en Algérie et au Maroc, sans parler des problèmes économiques, laissent présager que la situation n’est pas encore réglée. Même si l’Office des migrations internationales dit que le flux d’immigrants tunisiens vers l’Italie a, pour l’instant, cessé. Mais la Tunisie, avec une administration et surtout une police en pleine épuration de l’ère Ben Ali, ne saura pas faire face seule au phénomène. Cette perspective ne semble en tous cas pas inquiéter les autorités françaises. Un comportement caractéristique de la politique migratoire française où l’anticipation et la fine connaissance des flux ne sont pas de mise.
Une erreur car cet afflux risque d’avoir des conséquences importantes. Si des immigrants clandestins viennent directement en France, les préfectures, l’Ofpra, chargé des procédures des demandeurs d’asiles, et les centres d’accueil chargé de les héberger en attendant seront encore plus surchargés. Toutefois, les demandeurs d’asile passés clandestinement d’abord par l’Italie ne retourneront pas en Tunisie mais… en Italie. En effet, selon les règles européennes, le demandeur d'asile est censé s’adresser au premier pays européen par lequel il est rentré. C'est un peu le principe du retour à l'envoyeur. Ce qui n’est pas sans poser de problème vis-à-vis de l’Espagne, de la Grèce et de l’Italie, grands points de passage de clandestins, qui doivent donc gérer toutes ces ces procédures. On pourrait donc se demander si l’attentisme de la France n’est dû au fait qu’elle considère que le problème est du ressort de l’Italie. La solidarité européenne a ses limites.
Mais même si les immigrés rentrent en règle en France, le problème continuera de se poser. L’Ofii qui gère l’accueil des migrants a assuré à Marianne2 avoir « bien évidemment » les moyens de gérer un éventuel afflux même s’il n’y a pas de « signes particuliers » sur ce phénomène. Cela dit, les autorités françaises n’ont jamais su mener une politique de gestion à long terme des flux migratoires. La brusque entrée de migrants suite à une crise politique risquera de bousculer les marchés de l’emploi locaux. D’autant plus que la France connaît mal ses immigrés comme l’avait déjà souligné la démographe Michèle Tribalat dans Les yeux grands fermés.
Où est passé le développement solidaire ?
La seule solution que proposent les pays européens reste pourtant la répression plus bête que méchante. La France a demandé le renforcement des moyens de l’agence européenne Frontex chargée de coordonner la surveillance commune des frontières. Robert Maroni, ministre de l’Intérieur italien (de la Ligue du Nord, parti ouvertement anti-immigrés), a même proposé l’envoi de policiers italiens en Tunisie, déclenchant l’ire de Tunis qui a dénoncé une atteinte à sa souveraineté. Mais sans véritable politique de prévision concertée, tout ceci peut paraître vain. La polémique sur les Roms entre Paris et Bruxelles avait montré d’autres failles de la politique migratoire européenne. La Commission aurait été légitime pour défendre les droits des Roms si elle savait voir plus loin que la sacro-sainte libre circulation des personnes (et des capitaux et marchandises accessoirement). On gère les conséquences policière ou humanitaire sans gestion en amont.
Dans cette optique, au-delà d’une capacité à prévenir la fluctuation des flux migratoires, la solution à cette crise viendra de la stabilisation politique et économique des pays d’origine des migrants. Paris a déjà débloqué en urgence... 350 000 euros pour aider les populations tunisiennes dans leur pays. L'ambassade de France à Tunis précise que cet argent est une « assistance aux groupes les plus vulnérables de la population, en particulier aux enfants et aux personnes âgées ainsi qu’aux victimes des manifestations et aux personnes malades ». En regard des enjeux, la somme semble totalement dérisoire.
En créant le ministre de l’Immigration et de l’identité nationale en 2007, Nicolas Sarkozy avait pourtant consacré le « co-développement » (devenu développement solidaire en 2008) comme politique censée inciter les migrants à rester chez eux. Plusieurs accords ont été signés en ce sens avec le Congo, le Sénégal… et la Tunisie. Pour ce dernier pays, il semble que les grands principes du texte adopté n’aient pas résisté à la crise politique. A croire que la politique migratoire du chef de l’Etat n’est que du vent. Et que la régulation n'est décidément pas le fort de l'Union européenne.
Tefy Andriamanana - Marianne
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L'esbrouffe de Sarkozy ne passe plus
15/02/2011 11:51
Pour Maurice Szafran, le « show » présidentiel a atteint ses limites. Impressionnant dans sa campagne de 2007, le discours sarkozien ne trompe plus personne. Dans ces conditions, on peut donc se demander comment la gauche pourrait ne pas profiter de cette rupture entre le chef de l'Etat et les Français.
Les Français ne marchent plus dans la combine « géniale » du président-communicant. Ils l'écoutent ; ils ne le croient plus; ils suivent le show (huit millions de téléspectateurs et plus, l'autre soir sur TF1) ; ils n'en retiennent rien, sinon des mots creux et des formules éculées. Quoi qu'en disent Nicolas Sarkozy et son entourage, ses sorties à répétition - sur les écrans de télé sous de nombreuses formes - sont faites pour retrouver des points dans les études d'opinion. Or, les différentes cotes du chef de l'Etat demeurent basses, très basses. La preuve que « quelque chose » ne passe plus, même si l'on persiste à « admirer » l'artiste.
Reste à déterminer ce qui désormais « empêche » les Français.
COMMUNICANT OU BATELEUR ?
De 2004 à 2007- oui, trois ans ! - Nicolas Sarkozy sut conduire une exceptionnelle campagne électorale (ah, la couillonnerie des socialistes qui osent prétendre que, eux, trois mois leur suffiront...). Il s'avéra en effet un communicant d'exception. Mais cette forme, résolument moderne et novatrice - je parle comme les vraies gens, je fais les mêmes fautes qu'eux - s'appuyait sur un programme, sur des idées, sur des promesses, sur des bribes d’idéologie, aussi contestable tout cela fut-il.
Désormais, le discours de Nicolas Sarkozy ne fonctionne plus car il n'en subsiste que l'absence de résultats et la démagogie. Le fond ? Quel fond ? La réhabilitation de l'argent et sa bonne influence sur la société tout entière... Les idées ? Quelles idées ? Moraliser le capitalisme financier et ramener les traders, les banquiers à la raison et à la décence... Les résultats ? Quels résultats ? La progression ininterrompue du chômage et des agressions physiques contre les personnes... Et l'on pourrait tant et tant multiplier les exemples. Un bon communicant - et Nicolas est bien mieux que ça - ne peut « vendre » que ce dont il dispose. Le chef de l'Etat dispose-t-il encore d'une « came », d'une « marchandise » vendable ? Rien n'est moins sûr.
QUELS BONIMENTS POUR LE BONIMENTEUR ?
En 2007 - ce ne sera jamais suffisamment répété - Nicolas Sarkozy avait réussi une campagne exceptionnelle, sans doute la plus brillante en Ve République. Il parvint en effet à ce prodige : tenir, sans rompre à aucun moment, un fil allant de l'extrême droite (la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale) au centre gauche (la bourgeoisie était tombée sous son charme, bastonnant allègrement Ségolène Royal), sans jamais négliger une ode républicaine qui, grâce à Jaurès, à Mandel et à... Henri Guaino, ne manqua pas, elle non plus, de faire son effet.
Rien de tout cela, de ce tour de magie politique ne pourra être répété, copié, dupliqué en 2012.
QUELLE CAMPAGNE EN 2012 ?
Disons-le sans détour : aujourd’hui Nicolas Sarkozy n'en sait rien. Il balbutie, il tâtonne, il hésite, il change de pied. A l'été 2010, il lance à Grenoble une campagne nationalisto-sécuritaire teintée de xénophobie. Échec. Depuis, il vise à se présidentialiser (échec) et à s'internationaliser (échec). On dirait une large majorité de Français désormais insensibles à ses charmes, à ses retournements, à ses sautillements.
D’où cette hypothèse en rupture avec celles des meilleurs analystes de la presse d'opposition : et si la rupture entre Sarkozy et les Français - y compris au sein de son propre électorat - était irréversible ? Et si le sortant ne trouvait désespérément pas une nouvelle histoire à raconter ? Et si la communication en politique touchait enfin ses limites ?
Dans ce contexte, pourquoi la gauche, pourquoi l'opposition ont-elles autant la trouille? Nous aurons à l'évidence l'occasion d'y revenir.
Maurice Szafran - Marianne
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