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Dominique De Villepin : La montée du Front National: "Une colère devant la non prise en compte des préoccupations"
07/03/2011 09:46
Selon l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, interrogé sur sur I-télé/France Inter/Le Monde/Dailymotion, "le Front national monte (...), je crois que c'est la leçon qu'il faut retenir. Quelque part on peut avoir le sentiment que beaucoup a été fait pour cela. C'est d'abord la sanction d'une politique qui n'a pas de résultat et c'est la sanction de l'abandon de la question sociale au profit de la question identitaire."
Dominique de Villepin, qui a rendu sa carte de l'UMP, interprète ce sondage comme l'expression d'"une colère devant la non prise en compte des préoccupations quotidiennes des Français".
Interrogé sur les propos de la secrétaire d'Etat aux Solidarités, Marie-Anne Montchamp, ex-porte-parole de son parti, qui lui a demandé de "ne pas être candidat" en 2012 pour ne pas favoriser "la candidate Marine Le Pen", le président de République solidaire a répondu: "Je pense exactement l'inverse. La réponse face à une montée du Front national, c'est l'engagement, c'est la conviction, c'est la République et ce n'est quand même pas ceux qui ont tiré la sonnette d'alarme depuis quatre ans qui doivent aujourd'hui s'effacer."
Source: Le Parisien
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/03/07/1819-dominique-de-villepin-invite-de-dimanche-soir-politique-sur-i-tele
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La tentation Marine Le Pen ne séduit pas que les électeurs
07/03/2011 09:20
Le sondage Harris-Parisien qui annonce Marine Le Pen en pôle position au premier tour affole la droite et la gauche. Elle instille le pire des poisons dans la campagne présidentielle : celui de tuer le débat démocratique légitime au nom d'une nouvelle injonction du genre «Tout sauf Le Pen».
Cela nous pendait au nez depuis un moment. Cela pendait, surtout à celui, de nez, des chefs de l'UMP et du PS : un sondage Harris-Interactive nous apprend que Marine Le Pen serait en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 23% si celle-ci avait lieu maintenant et qu'elle y était opposée à Marine Aubry et à Nicolas Sarkozy (21%).
Bien sûr, un sondage n'est pas une élection, Mai 2012 est encore loin et le leader du Front national est la seule à être entrée en campagne. Mille évènements - un rebond de la crise, la non-candidature de Sarkozy, voire, sait-on jamais, la mobilisation de la gauche autour d'un vrai programme, l'évolution du monde arabe, une crise en Chine, etc - peuvent changer la donne profondément.
Bien sûr, le choix des commanditaires du sondage de ne tester ni Ségolène Royal, ni François Hollande, ni surtout Dominique Strauss-Kahn jette un doute sur leurs intentions réelles : pourquoi éliminer ces trois candidats ? Pourquoi tester, en revanche, Dominique de Villepin qui ne s'est pas davantage avancé que DSK ? SI l'on s'en tient à une analyse strictement politicienne, le résultat de ce sondage est utile à deux des candidats : Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn. Pourquoi ? Concernant le Président l'interprétation est évidente : au moment où Nicolas Sarkozy incite ses partisans à éviter toute candidature de division - François Fillon samedi dans le Figaro, Xavier Bertrand et Dominique Paillé dans le Parisien - le sondage montre que la droite a intérêt à se rassembler derrière un candidat unique et à réserver la technique du râteau - plusieurs candidats pour ratisser plus de voix - pour d'autres occasions. Or, soyons en certain, le Président n'est pas homme à organiser une primaire à droite. Il dispose encore de vrais atouts - le pouvoir et l'argent rien que ça - pour éliminer toute velléité de candidature dissidente à droite. A ce sujet, les gesticulations d'un Villepin ou d'un Borloo ne doivent pas illusionner : faisons confiance à Sarkozy pour trouver des moyens persuasifs pour les faire renoncer à leur petit tour de manège présidentiel, même si le chef de République solidaire dispose désormais, avec 7% d'intentions de vote, d'un levier sérieux pour obtenir du Président quelques concessions de taille.
Mais le sondage Harris-Le Parisien est tout aussi utile aux partisans de DSK. Chacun sait que, lui présent dans l'étude, elle aurait annoncé un deuxième tour DSK-Marine Le Pen, laquelle serait alors devant Sarkozy. Le sondage apparait donc comme un vibrant plaidoyer en faveur d'une gauche unie derrière le Président du FMI. Ou bien, à tout le moins pour une limitation des candidatures à gauche, à fortiori d'ailleurs si DSK n'y allait pas. Désormais, Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly, Olivier Besancenot seront stigmatisés avec l'étiquette infamante : « Attention, ce candidat peut amener un nouveau 21 avril! »
Marine Le Pen ? Un rêve de second tour à droite et peut-être à gauche
Car une chose est sûre : si les sondages qui arrivent ne prédisent rien, ils agissent sur le débat politique ici et maintenant : l'effet d'une illusion n'est pas forcément une illusion. Et l'hypothèse, même improbable, d'une possible qualification politique de Marine Le Pen au second tour, va peser lourd dans les stratégies politiques des uns et des autres. Allons même plus loin : la percée de Marine Le Pen peut tuer le débat démocratique du premier tour en l'organisant autour de la peur d'un nouveau 21 avril. A l'endroit ou à l'envers, selon le camp dans lequel on tricote sa pelote. Le terrible sondage CSA-Le Parisien souligne un drôle de paradoxe : désormais le candidat de l'UMP comme celui du PS va rêver d'affronter Marine Le Pen au second tour pour mettre de son côté toutes ses chances de gagner. Pour Nicolas Sarkozy, cette hypothèse est même en train de devenir la seule lui permettant d'espérer la victoire. Dès lors, la priorité absolue, à droite comme à gauche va être d'éliminer tous ses concurrents et d'imposer une candidature unique dans son camp.
Voilà une très mauvaise nouvelle, pire encore peut-être que celle constituée par le score du FN. Car imaginons un instant que chacun, à droite ou à gauche devienne en effet « raisonnable ». Imaginons que Besancenot et Dupont-Aignan n'obtiennent pas leurs 500 signatures, qu'Eva Joly puis Jean-Luc Mélenchon renoncent pour prendre le risque de voir leur camp éliminé au premier tour. Une telle occurrence serait un formidable cadeau pour le Front National. Nous avons vécu « le tout sauf Le Pen » au second tour de mai 2007, et nous risquons maintenant d'avoir un « Tout sauf Le Pen » au premier tour de mai 2012. Ce magnifique progrès aboutirait à ce que les partis de droite et de gauche disposent ainsi d'un programme commun! Marine Le Pen serait alors très confortable pour, durant toute la campagne, dénoncer « l'UMPS et » démontrer encore plus facilement qu'elle seule incarne la rupture et le changement. Transformer le premier tour en quasi-triangulaire serait le meilleur moyen de lui faire la courte échelle.
Bref, la tragédie qui se profile - mais le pire n'est jamais sûr - offre peu de bonnes solutions pour la conjurer. Sauf à prendre à bras le corps le symptôme qu'incarne le Front National, dont Marcel Gauchet avait eu l'intuition dès la fin des années 1980 : le FN risque de devenir l'unique expression possible d'une version effrayante du retour de la lutte des classes à l'heure de la mondialisation neolibérale : dans les derniers sondages, Marine Le Pen séduit deux fois plus d'ouvriers que Sarkozy ou DSK ! Pour contrer le Front national, traiter les questions de l'identité nationale, de l'islam ou de l'immigration ne sont pas ou plus des solutions suffisantes n'en déplaise aux Buisson et Copé (qui vient de commander à un institut de sondage une consistante étude qualitative sur Marine Le Pen). Ces sujets, s'ils existent, ont une dimension qui reste périphérique pour les Français séduits par le vote Le Pen. Ce qui compte pour eux, c'est le chômage, les délocalisations, le pouvoir d'achat, les salaires et l'avenir de leurs enfants paupérisés. Toutes angoisses pour lesquelles, malheureusement, le discours n'est peut-être plus une arme suffisante.
Philippe Cohen - Marianne
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Dominique de Villepin, invité de Dimanche Soir Politique sur I-Télé
07/03/2011 09:14
Dominique de Villepin était dimanche soir l'invité de Dimanche Soir Politique sur I-Télé et France Inter, en collaboration avec Le Monde et Dailymotion.
De A comme alternative à V comme vision politique, retrouvez dans ce billet ses principales déclarations.
Alternative: "Je vais proposer une alternative à la politique qui est menée".
Attentes des Français: "Ce qu'attendent les Français, ce sont des réponses économiques sociales".
Candidature en 2012: "Je suis déterminé à avancer, tout en étant très conscient de la difficulté".
Candidature en 2012 (bis): "Je suis un pragmatique. Je crois à l'intérêt supérieur de la France et c'est à partir de là que je prendrai ma décision" pour 2012.
Choix: "Je veux que les Français aient un choix" en 2012.
Conseil Européen extraordinaire du 11 mars: "Est-ce que l'Europe décroche du monde et s'efface ou bien, est-ce qu'au contraire l'Europe reprend position?"
Critiques: "J'ai toujours voulu ouvrir les yeux de la majorité sur des erreurs stratégiques commises depuis le 1er jour" du quinquennat.
Débat: "Je crois qu'il faut avoir le courage de dire qu'il y a des questions qui se posent dans notre pays, mais que nous avons des solutions. (...) Appliquons la loi et faisons en sorte qu'il y ait des propositions qui soient faites."
Dialogue: "Il ne s'agit pas de faire la paix" avec Nicolas Sarkozy. "Je peux accepter d'avoir un dialogue républicain dès lors qu'il s'agit de la France et des Français".
Dignité: "Donner la dignité à chacun permet à chacun de choisir sa vie."
Diplomatie: "Il faut donner une vision à la diplomatie française. (...) Il va falloir redonner son indépendance à la France".
Election de 2007: "L'élection de Nicolas Sarkozy s'est faite sur deux bases: la promesse de réponses concrètes aux Français (...) et la réponse identitaire avec la création du ministère de l'immigration et de l'identité nationale".
Election de 2012: "L'essentiel, c'est la dynamique. Aujourd'hui, les Français sont dans une logique de rejet".
Europe: "L'Europe doit marcher sur deux pieds: certes la rigueur, mais aussi la croissance".
Faire réussir la France: "La volonté de faire réussir la France, c'est ma seule ambition".
Flux migratoires: "Nous assistons d'abord à un déplacement de population dans cette région du Maghreb".
Front National: "Les solutions du Front National nient la réalité".
Immigration: "Nous avons besoin d'une politique ambitieuse à l'échelle européenne en matière d'immigration."
Islam: Le Chef de l'Etat a "le doigt pointé sur l'Islam et sur les musulmans".
Juppé: "Alain Juppé est un homme de grande qualité et un homme de grand talent".
Justice: "La justice, elle vaut pour tous les Français, quels qu'ils soient. Il faut accepter d'expliquer, de rendre des comptes devant la justice, et tout particulièrement quand on est au pouvoir. (...) Je ne crois pas à la possibilité de s'exempter de cette exigence démocratique".
Justice sociale: "La France a besoin d'un message fort de justice sociale".
Kadhafi menaçant de la présence d'Al Qaïda aux portes de l'Europe s'il tombe: "C'est une chanson que l'on entend sur la scène nationale. C'est la chanson des peurs".
Kadhafi (bis): "N'adressons pas au Colonel Kadhafi le message de nos propres peurs. Adressons lui le message de notre détermination."
Kadhafi (ter): "Je n'ai jamais pensé que le Colonel Kadhafi puisse changer".
Laïcité: "J'ai clairement indiqué au Chef de l'Etat qu'ouvrir le débat sur l'Islam, c'était faire le jeu des peurs."
Le Pen: "La montée du Front National est le résultat de l'abandon de la question sociale au profit de la question identitaire."
Loi de 1905: "On ne touche pas à la loi de 1905".
Maroquin ministériel: "Je ne suis pas aujourd'hui dans la vie politique pour accepter n'importe quelle mission ou maroquin."
Marie-Anne Montchamp demandant à DDV de renoncer à 2012: "Je suis un peu surpris de sa part à elle. Je pense exactement l'inverse: la réponse face à la montée du Front National, c'est l'engagement, c'est la République."
Mouvements des peuples arabes: "Rappelons la chance formidable que constitue ce mouvement des peuples, mouvements non violents qui ne se lèvent pas au nom de l'Islam, qui ne se lèvent pas au nom d'un combat contre Israël, mais qui se lèvent au nom de la dignité et de la justice économique et sociale."
Nouvelle rencontre avec Nicolas Sarkozy, ce lundi: "C'est un dialogue républicain".
Pauvreté: "Il y a environ 8 millions de Français qui vivent avec moins de 750 euros par mois".
Peurs: "C'est en ne remettant pas la question sociale au coeur du débat" que l'on entretient les peurs.
Problèmes des Français: "Les problèmes des Français, c'est le chômage des jeunes, la compétitivité, les hausses de prix."
Procès Chirac: "Je mesure bien l'épreuve que constitue ce procès pour Jacques Chirac. Mais Jacques Chirac a une position courageuse."
Projet présidentiel: "Mon projet a vocation à déboucher quelques mois plus tard sur un programme."
Propositions: "J'ai des propositions très précises à faire sur les préoccupations des Français".
Propositions (bis): "Si j'étais contre Nicolas Sarkozy, je n'accepterais pas la proposition qu'il m'adresse" de le rencontrer à l’Elysée . "Je suis dans une logique de propositions".
Question sociale: "La question sociale a été abandonnée au cours des dernières années."
Question identitaire: "Je crois que le Front National monte dans cette période et je crois que c'est la leçon qu'il faut retenir. Mais ça, nous le savions tous. C'est prévisible. Quelque part, on peut avoir le sentiment que beaucoup a été fait pour cela. C'est d'abord la sanction d'une politique qui n'a pas de résultats. Deuxièmement, c'est la sanction, je le redis parce que c'est important, c'est la sanction de l'abandon de la question sociale au profit de la question identitaire. Je crois que c'est véritablement la traduction concrète de cet échec."
Refondation: "L'enjeu aujourd'hui, c'est la refondation politique, économique et sociale de la France."
Réforme fiscale: "Si on n'est pas capable d'adresser aux Français un message de justice sociale, alors ce n'est pas la peine" d'engager une réforme fiscale.
République Solidaire: "Quand on est tout seul avec 25.000 adhérents, on n'est pas tout à fait tout seul".
Revenu citoyen: "Je propose un revenu citoyen garanti de 850 euros pour chaque Français, qui coûte 30 milliards d'euros et qui sera financé pour moitié par une augmentation de 2 points et demi de TVA" et pour moitié par une hausse de l'impôt sur le revenu.
Révolutions arabes: Il faut "offrir à tous les pays en transition démocratique le bénéfice d'un statut très avancé qui accompagne ces pays vers le développement économique, social et politique".
Révolutions arabes (bis): "Nous devons être prêts à toutes les éventualités", avec "des enjeux encore plus difficiles".
Révolutions arabes (ter): "Nous devons prendre l'initiative d'une force de pays qui sera à disposition de la région, avec l'Union Africaine et la Ligue arabe".
Sérénité: "La responsabilité du Chef de l'Etat, c'est d'apporter de la sérénité".
UMP: "L'UMP s'est enfermée dans une gestion partisane du débat".
UMP (bis): "Je ne crois pas aujourd'hui que l'UMP puisse se sauver de l'intérieur. Les responsables de ce mouvement n'ont pas pris la mesure de la gravité de la situation. Il faut de la hauteur."
Valeurs: "Qu'est-ce que dit Kadhafi? "Si je tombe, vous aurez une invasion, vous aurez du terrorisme et vous aurez du trafic de drogue qui explosera partout dans le pays." Il joue sur les peurs. Eh bien, je crois que le meilleur message à adresser au Colonel Kadhafi, c'est que non seulement nous n'avons pas peur, mais nous croyons dans nos valeurs et nous croyons dans la force des valeurs qui s'expriment aujourd'hui à travers les peuples arabes."
Vision politique: "La vision de la politique, c'est la prise de risque dans les réponses aux Français. Ce n'est pas de manipuler" les sondages.
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/03/07/1819-dominique-de-villepin-invite-de-dimanche-soir-politique-sur-i-tele
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Réfugiés: l'Union Européenne en proie à ses vieux démons
04/03/2011 18:56
Confrontée au risque d'une vague d'immigration massive, l'Union Européenne redécouvre son impuissance politique et logistique ainsi que son incapacité à tirer les leçons de son histoire récente, s'accrochant toujours aux vieilles lunes d'une immigration temporaire et canalisée, alors que toutes les tentatives de promotions de retours se sont révélées des échecs.
La fin de l’Histoire est terminée. Après des décennies d’équilibre fragile, à la fin du XXème siècle, le monde a connu et connaît encore une spirale d’événements à l’origine de nombreux bouleversements politiques, géopolitiques et sociaux. Outre les victimes qu’ils ont faites, ces conflits « ont provoqué, au cours de ces dernières décennies, des déplacements de population, des ondes migratoires improvisées de réfugiés et des exodes de masse. Inévitablement, les changements géopolitiques se transforment donc en changements démographiques et sociaux, qui engendrent de profondes mutations dans le scénario migratoire international et modifient le profil des populations migrantes » écrivaient Cinzia Conti et Marija Mamolo, chercheurs italiens en sciences démographiques dans un ouvrage collectif sur les Migrations internationales.
De tout temps, des circonstances diverses (conquêtes, transferts de population, persécutions, catastrophes naturelles…) ont contraint des hommes à quitter leur lieu d’habitation pour s’installer ailleurs. Les violences d’Etat apparaissant comme un facteur déclenchant fréquent et prolongé des migrations de population. L’ampleur des massacres de population en Algérie au début des années 90 a entraîné un déplacement massif de population. De la seconde guerre mondiale à la fin du XXème siècle, les exodes de masse dus aux affrontements armés ont été rares. Le terme de « réfugié » désignant le plus souvent des personnes échappées ou exilées de l’ex-bloc soviétique. Depuis la chute du Mur de Berlin, tout a changé. Les migrations forcées de populations consécutives à des tensions ethniques ou politiques ont pris une importance croissante. Le conflit en ex-Yougoslavie est à ce titre emblématique. De 1992 à 2001, la « dynamique migratoire » suit l’extension, la propagation et l’aggravation du conflit. Dès 1992, l’Union Européenne recensait 672.000 demandes d’asile, en hausse de 31% par rapport à l’année précédente. Du jamais vu.
Le mythe du retour
A l’époque l’UNHCR demanda aux gouvernements nationaux d’offrir aux ex-yougoslaves une « protection temporaire » en les accueillant sur leur territoire jusqu’à ce que soit possible un retour dans leur pays dans des conditions de sécurité.
Plus de 10 ans plus tard, les chercheurs constatent que les conflits ayant éclaté en ex-yougoslavie n’ont pas modifié le cadre migratoire de façon uniquement provisoire : « En dépit des mouvements de rapatriement considérables, de nombreux réfugiés n’ont pas pu ou n’ont pas désiré rentrer dans leur patrie. Donc s’il était permis de penser dans un premier temps que la présence de réfugiés dans le pays d’accueil était transitoire et, par conséquent, encore à résoudre, il est devenu évident avec les années que, dans de nombreux cas, il s’agissait d’une présence destinée à perdurer et qui requérait donc des politiques spécifiques d’intégration ». Un constat que les auteurs appliquent aussi bien aux populations d’Afghanistan, d’Iran, du Pakistan au début des années 2000, qui fuyaient alors aussi bien des guerres en cours que des régimes autoritaires.
Autant de cas qui ont radicalement changé la donne « migratoire » , le problème des réfugiés ne relève plus de l’assistance mais fait partie intégrante de l’agenda des politiques intérieures en ce qui concerne le contrôle de l’immigration et de l’intégration des sans papiers tant asile et immigration sont intimement liés.
« Différence de taille avec la période d’il y a cent ou cent cinquante ans : n’existent plus les grandes étendues largement inhabitées que les émigrants venus d’Europe trouvèrent aux Amériques. Une émigration clandestine et « anarchique » a remplacé les voyages très organisés des migrants des XIXe et XXe siècles. Les migrants sont devenus des personæ non gratæ pratiquement partout sur la planète, des États du Golfe au Japon, en Europe ou en Amérique. Il leur faut s’introduire subrepticement dans le pays de leur choix et parfois attendre nombre d’années avant d’y être admis en tant que citoyens en règle. Il n’est plus un seul pays qui accueille volontiers de larges populations immigrées. La politique désormais standard est celle du « migrants unwanted » écrit Eberhard Rhein, chercheur au European policy center de Bruxelles, un think tank indépendant.
Autre constat, nombre d’historiens ont montré en quoi l’immigration temporaire avait vocation à…durer. Depuis les migrations de masse du 19ème siècle, le « mythe du retour » est largement alimenté par les pouvoirs politiques comme pour mieux faire passer la pilule « migratoire » à des opinions publiques méfiantes. Question d’autant plus anxiogène, que le réfugié est « médiatiquement visible »: « Les échecs répétés des tentatives gouvernementales pour promouvoir les retours massifs sont autant de révélateurs du mythe mal fondé de la temporalité de l’immigration » estime Nancy Green, historienne de l’immigration.
L'Union Européenne et Frontex vite débordés
Longtemps dépourvue de politique d’immigration, l’exemple libyen prouve combien au moment des crises politiques, l’UE en est toujours réduit au colmatage, à courte vue. L’agence Frontex, dont le nom en forme de sigle apparaît dans les médias lorsque des bateaux de migrants africains sont interceptés sur les côtes sud de l'Europe, faute de moyens, pare au plus pressé. De même que l’UE se révèle incapable de parler d’une seule voix, les systèmes européens d'asile pourraient être très vite dépassés par un afflux massif d'immigrés fuyant l'instabilité en Afrique du Nord.
Le compte rendu de la réunion des députés européens de la commission des libertés civiles auditionnant, le 1er mars, les représentants de Frontex est à ce titre édifiant. Conscients des limites de la politique européenne en la matière, les députés présents ont appelé les uns et les autres à cesser de se renvoyer la responsabilité.
Jugées insuffisantes, les mesures d’urgences pourraint être renforcées. La France et le Royaume-Uni ont déjà envoyé des avions pour aider aux évacuations. Depuis le 26 février néanmoins, on n'a observé aucune nouvelle arrivée, a expliqué le directeur de Frontex, Ilkka Laitinen. Par ailleurs, M. Laitinen a assuré les députés qu'Europol veillait à ce que terroristes et criminels ne profitent pas de la situation pour venir en Europe. La commissaire européenne aux affaires intérieures, Cecilia Malmström, a exprimé son inquiétude face à une immigration économique déguisée sous des motifs politiques.
« Quelle que soit l'évolution de la situation, Frontex tentera de coordonner les politiques des Etats membres. Mais si la situation d'alerte perdurait, l'agence aurait besoin de ressources et de personnel supplémentaires », a conclu Ilkka Laitinen. « Une éventualité que personne n'appelle de ses vœux » conclut le site du parlement européen dans un ultime aveu d'impuissance.
Régis Soubrouillard - Marianne
Photo : (cc flickr noborder network)
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Sarkozy: « Juppé ? Ce type est fou ! »
04/03/2011 18:49
Alain Juppé, nouvel homme fort du gouvernement, est loin d'être en odeur de sainteté auprès de Nicolas Sarkozy. Nous publions ici un extrait de « [Off] Ce que Nicolas Sarkozy n'aurait jamais dû nous dire », un livre de Nicolas Domenach et de Maurice Szafran qui retrace vingt années d'entretiens confidentiels avec le président. Vous retrouverez plus d'extraits de ce livre dans le Marianne de cette semaine.
Nicolas Sarkozy a le jugement souvent expéditif. Les « nuls », « médiocres », « connards » ne valent pas qu’on s’y arrête. Mais Alain Juppé, lui, mérite un traitement à part. C’est le seul qu’il ait qualifié devant nous, et à plusieurs reprises, de « fou ». Une distinction très particulière, lorsqu’on sait qu’il ne supporte pas qu’on lui applique le même diagnostic, ou même qu’on suppute qu’il y ait quelques accès d’irrationalité dans sa passion démesurée pour le pouvoir et pour lui-même. Or, la folie juppéiste ne faisait aucun doute à ses yeux effarés, au point de lui avoir signifié – nous étions dans le bureau d’à côté – qu’il lui faudrait « trouver un psy d’urgence pour [s]e faire soigner » ! Parole d’expert !
L’aliéné Alain Juppé se contentait alors d’appeler celui qui venait d’être nommé ministre de l’Intérieur pour le féliciter et lui dire qu’il était désolé qu’il ne soit pas promu à Matignon. Explosion de rage de Nicolas Sarkozy : « Tu es complètement malade. C’est toi qui m’as poignardé dans le dos, et maintenant tu viens me présenter des condoléances ! » En politique, le coup de poignard par-derrière n’est tenu pour un art que lorsqu’on tient le manche. Quand vous vous êtes fait vous-même planter, vous criez à l’assassin, au meurtrier dément ! Le maire de Bordeaux « démentait » justement avec véhémence et proposait de l’inviter à déjeuner pour une mise au point amicale. Refus effronté de son interlocuteur qui lui conseillait fortement de consulter, l’accusait de lui avoir menti en prétendant le soutenir dans toute cette affaire alors qu’il avait poussé Raffarin en coulisse. Il finissait par raccrocher en lui disant que, « si un jour ils déjeunaient, c’est lui, Alain, qui paierait l’addition. Et elle serait salée ! »
Ils ont déjeuné, chez Guy Savoy, l’un des meilleurs restaurants parisiens. La soupe d’artichaut aux truffes, une spécialité de la maison, est le plat préféré du maire de Neuilly. Ça a coûté cher à celui de Bordeaux. Mais c’était le prix de la réconciliation. De façade. Car, si ces deux-là s’aimantaient, ils se révulsaient et se repoussaient tout autant. Du moins, aussi longtemps que l’un, le « fou » de Juppé, parut au-dessus de l’autre, le dominer, exercer une prééminence dans l’affection et l’estime de Chirac. Il y avait le fils préféré et le fils rebelle. Le favori, le dauphin reconnu et le mal-aimé, le rebuté, puis le banni. C’est le « malade » pourtant qui, dès le lendemain de la victoire de Chirac en 1995, avait, après Dominique de Villepin, demandé personnellement le retour en grâce de ce « traître » qui avait fait la campagne de l’infâme Balladur. Le nouveau président n’avait rien voulu savoir ni concéder. Or le Premier ministre Juppé, le soir même de la composition de son gouvernement, avait téléphoné à l’exilé de Neuilly pour lui exprimer toute sa sympathie.
« Sincèrement ? » avions-nous demandé interloqués à Sarkozy. Pour toute réponse, celui-ci avait éclaté de rire, avant d’ajouter : « Juppé respecte ma vitalité. Il veut savoir ce que je pense, à quoi je m’occupe. Au fond, il me craint parce que je travaille beaucoup plus que les autres et que j’ai dix ans de moins que lui. » La crainte ne serait-elle pas une manifestation de considération ? La réplique tombait, coupante : « Cet énarque normalien n’a aucun respect pour ceux qui n’ont pas fait l’Inspection des finances. Je ne vous parle même pas de l’ENA. » […]
Juppé, c’était pour lui désormais la figure paroxystique du technocrate devant lequel il se jurait de ne plus faire de complexe. « Il leur manque une case », nous disait-il. Ces « mabouls » ont perdu le contact avec la réalité.
Le diagnostic du Dr Sarkozy tenait en une phrase : « Ce mec n’est pas normal, il croit que tout lui est dû. » […]
Le soir de l’élection de Chirac en 1995, alors que Philippe Séguin, l’un des principaux artisans de la défaite balladurienne, échangeait sur le plateau de TFI de petits mots manuscrits avec Nicolas Sarkozy, le battu, le maudit – « Quand c’est qu’on va voir un match de foot ensemble ? » –, Juppé refusait de s’asseoir à côté de lui.
« Du délire, s’indignait encore Sarkozy quinze jours après. Ce malade avait même tourné le dos à Cécilia avant de s’enfermer dans une loge jusqu’à ce que je m’en aille. » Le maire de Neuilly n’en doutait pas : « Il a perdu les pédales, il veut me tuer. » L’ascension juppéiste aurait été trop fulgurante : « Alain avait disjoncté. » Et Sarkozy ajoutait, afin de trouver une raison à un comportement politique qu’il jugeait irrationnel : « Au fond, il a peur de moi. Il veut me tuer, consciemment ou inconsciemment. » Une sauvagerie brutale, primate serait dissimulée sous le masque de la civilité bourgeoise du Bordelais. « Nicolas » croyait avoir percé à jour la vérité, folle, meurtrière, d’« Alain » ! Voilà que nous ne comprenions pas bien : c’était le même personnage « odieux et fou » qui avait ensuite demandé à Chirac de reprendre le maire de Neuilly au gouvernement ! « C’est parce qu’il valait mieux m’avoir à l’intérieur qu’à l’extérieur. Juppé avait compris ça, que leur sectarisme allait me sauver, alors que j’aurais dû être mort. » […]
Maurice Szafran et Nicolas Domenach - Marianne
Retrouvez d'autres extraits du livre de Nicolas Domenach et de Maurice Szafran dans le nouveau numéro de Marianne.
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