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Par l'abstention ou le vote, les Français manifestent leur ras-le-bol
21/03/2011 06:56
Une abstention énorme, en progression de vingt points, un léger recul de l'UMP et des divers droite, une bonne tenue de la gauche, notamment grâce aux écologistes et au Front de Gauche, et une grosse poussée FN, les électeurs français ont manifesté leur ras-le-bol.
Ils ont voté et puis après ! », chantait Léo Ferré dans les années 1970. Le problème de ces élections cantonales est que justement, ils n'ont pas voté tant que ça. Cette faible participation risquait de jouer contre le Front National en mettant très haut - à 28% des votants la barre de qualification au second tour, ce qui risquait de réduire le nombre de triangulaires.
Que nous apprennent les premiers résultats, tels que nous les annoncent les sondages réalisés par Harris Interactive dans la journée ?
1) Un recul de la droite.
Certes le score brut de l'UMP (15,76%) semble marquer une déroute du parti présidentiel. Mais avec 33,42% des voix au premier tour avec les divers droite, la droite ne recule que de 4 points par rapport à son score de 2004 où l'UMP ne totalisait que 20,95% toute seule et 37% avec l'UDF et les divers droite. En fait les calculs sont rendus compliqués par le fait que 800 listes de droite locale qui ont préféré se passer de l'étiquette UMP. Manifestement, les fuites semblent de situer du côté du Front National, le Modem, qui n'était présent que dans 237 cantons, ne paraissant plus en capacité de récupérer les électeurs umpistes.
2) Une gauche en tête sans profiter de l'ani-sarkozysme.
Avec 24,93% tout seul et 32,77% des voix avec les divers gauche, le Parti socialiste recule légèrement (33,5% en 2004) et continue de s'appuyer sur une gestion locale raisonnable et dans laquelle il dispose sans doute aujourd'hui de très bonnes compétences. Mais il ne bénéficie pas spécialement d'un bonus dû à son statut d'opposant à la majorité. En 2004, en additionnant les voix socialistes, PRG et divers gauche, on parvenait à 33,5% des suffrages.
Europe Ecologie-Les Verts a un peu bénéficié de l'effet Japon avec 7% des voix, soit trois points de mieux que leur score de 2004. Enfin, le Front de Gauche sauve un Parti communiste mal en point : il faisait 7,79% en 2004, allié à Mélenchon il repasse la barre des 8% ce qui, selon Jean-Luc Mélenchon lui donne un score à deux chiffres là où il présentait des candidats.
3) Le Front national confirme sa poussée dans les urnes.
Avec 14,2% estimation Ministère de l'Intérieur) alors qu'il ne disposait de candidats que dans 1426 des 2026 cantons en lice (contre 1850 sur 2035 cantons en 2004), le Front national semble bien capter une bonne partie du mécontentement populaire. Cette performance ne doit pas grand chose à une implantation locale devenue assez faible depuis la scission mégrétiste et le recul du Fn en 2007. Elle confirme cependant que la poussée frontiste n'a rien d'une bulle médiatique : le score moyen du FN dans les 1426 cantons dans lesquels il se présentait est de plus de 20%, alors que ce type d'élection n'est pas son point fort et qu'il n'était qu'à 12% en 2004, deux ans à peine après que Jean-Marie Le Pen se soit qualifié pour le second tour.
Il faudra, et c'est sur ce point que nous allons nous concentrer à présent, mesurer de façon plus concrète la façon dont ces grandes tendances se sont traduites au plan local. Mais une chose est sûre : la forte montée des abstentions comme les votes exprimés en faveur de la gauche et du Front national, manifestent un ralbol évident de la population. Le problème est que le Président a déjà tiré la carte du remaniement, et que l'action en Libye n'est pas un joker suffisant pour redresser le bilan plus que calamiteux de son magistère.
Philippe Cohen - Marianne
Estimation Ministère de l'Intérieur à 20h35
Extrême gauche 25.746 0,51%
Communiste 393.820 7,87%
Parti de Gauche 47.905 0,96%
Socialiste 1.245.290 24,87%
Radical de Gauche 90.524 1,81%
Divers gauche 304.904 6,09%
Europe Ecologie/Les Verts 348.716 6,96%
Ecologiste 12.827 0,26%
Régionaliste 22.781 0,45%
Autres 69.892 1,40%
MODEM 54.393 1,09%
Majorité présidentielle 298.199 5,96%
Union pour un Mouvement Populaire 788.959 15,76%
Divers droite 585.904 11,70%
Front National 712.387 14,23%
Extrême droite 4.849 0,10%
Dessin : Louison
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Vers des raids aériens français et anglais en Libye sous mandat de l'ONU?
18/03/2011 06:58
Dès que le Conseil de sécurité de l'ONU se sera prononcé, les avions français seront habilités à effectuer des raids ciblés contre les forces loyalistes fidèles à Khadafi. Jean-Dominique Merchet tente d'anticiper ce qui risque de se passer.
Vers une intervention militaire française en Libye
Si le Conseil de sécurité des Nations-Unies approuve, dans les heures qui viennent, une résolution ferme sur la Libye, le droit international permettra de déclencher des opérations militaires. Leur nature exacte reste à définir, même si l'on sait qu'elles seront aériennes. La France sera au premier rang.
L'affaire pourrait ne pas traîner et un raid aérien peut être déclenché très vite, pour montrer à Kadhafi la détermination de la communauté internationale alors que ses troupes se rapprochent de Benghazi, la capitale des insurgés.
La France jouerait un rôle leader en cas d'intervention militaires, aux côtés des Britanniques. Ces deux pays risquent de se retrouver bien seuls. Il y aura moins de volontaires pour aller à la guerre que pour voter - ou laisser voter - une résolution. Les Américains accepteront de fournir un soutien, mais sans doute pas de s'engager directement. L'Otan devrait rester - officiellement - hors jeu, à la demande de la France. Les pays arabes ne se bousculent pas au portillon, le plus puissant d'entre eux, l'Egypte, faisant valoir que ses ressortissants en Libye risqueraient de pâtir d'une intervention. En Europe, l'Allemagne et l'Italie sont contre une action de vive force, et en tout cas n'y participeront pas. Peut-être que l'Espagne fournira quelques moyens. Bref, on risque de se retrouver bien seuls et en première ligne.
Militairement, que peut-il se passer ? Une zone d'exclusion aérienne est longue et lourde à mettre en place. Or, le temps presse. Le plus probable est donc un raid de frappes contre des cibles stratégiques (bases aériennes, radars, postes de commandement), et éventuellement sur les forces "loyalistes" - en détruisant par exemple une batterie d'artillerie ou en "tapant" leur logistique. Tout cela peut se faire en quelques heures, en partant d'Istres ou de Solenzara, sans problème.
Et après ? On entre clairement dans une logique de guerre. Et la différence entre la guerre et les exercices, c'est qu'à la guerre l'ennemi réplique à sa manière. Mieux vaut s'attendre à quelques surprises. Quant à penser que quelques frappes aériennes suffiront à débander l'armée libyenne ou à contraindre Kadhafi à la reddition, c'est sans doute faire preuve d'un optimisme déraisonnable.
Jean-Dominique Merchet
Photo : (DR) Kadhafi reçu à l'Elysée en décembre 2007.
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Etienne Viansson-Ponté : la France l’ennuie…
18/03/2011 06:53
En enquêtant sur la montée de l'abstention, Marianne a rencontré ces citoyens qui ne votent pas. Portrait de l'un d'entre eux, pourtant petit neveu d'un célèbre éditorialiste du Monde.
La France s’ennuie… » écrivait l’éditorialiste du Monde Pierre Viansson-Ponté en février 1968, juste avant que la jeunesse de Mai ne la sorte de sa torpeur. « La France s’ennuie… », reprend en écho, 43 ans plus tard, son petit-neveu Etienne en sirotant un demi. « Sauf que là, les révolutionnaires s’astiquent le mental. Les gens sont vraiment assoupis, et leur seule réaction face à la guignolisation de la politique sera l’abstention ». 29 ans, pull beige, lunettes d’intello, le conseiller clientèle de GDF-Suez est loin de s’en alarmer. Il partage depuis très longtemps l’attitude de défiance de ses concitoyens à l’égard des urnes. Par philosophie, déjà : « Il faut dissocier la vérité du nombre. Pourquoi la majorité devrait l’emporter ? Quand on a admis cela, je ne vois pas comment on peut adhérer au suffrage universel ». L’aversion qu’il éprouve envers la « société du spectacle » revient en boucle. « Les gens qui votent passent de buzz en buzz. Pour moi, le sarkozysme a totalement démoli le pouvoir politique ». Les discours enjôleurs des candidats lui restent en travers de la gorge. Décidément, il ne se connaît pas d’empathie en politique.
La dernière fois qu’il a voté, c’était au deuxième tour de la présidentielle de 2002 : « j’ai suivi la vague des veaux de l’époque, qui ont fait barrage à la peste brune. J’étais jeune ». Il n’est pas prêt de céder à nouveau au « terrorisme intellectuel ». Quand certains lui reprochent ses abstentions au motif que le droit de vote à été conquis dans le sang, il rétorque que « ce n’est pas parce que des gens se sont battus pour le Reich que c’était légitime en soi. Mon père, mes beaux-parents votent. Je ne dévalue pas leur acte, je ne leur impose pas mes certitudes et eux pareil. Il n’y a pas lieu de s’engueuler. C’est eux qui ont le doute, pas moi » glisse-t-il, tranquille. Car pour Etienne, être un républicain convaincu ne passe pas nécessairement par le vote ou l’engagement. « Les corps intermédiaires, les syndicats, c’est ma façon d’être citoyen. Je vais adhérer à la CGT très bientôt. C’est la seule forme de pratique politique dans laquelle j’accepte d’entamer une démarche ». Sans pour autant passer ses samedi dans les manifs, « ces défilés agrées par la police nationale ».
Stéphanie Marteau - Marianne
http://www.marianne2.fr/Etienne-Viansson-Ponte-la-France-l-ennuie_a203927.html
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Exclusif : qui vote, qui ne vote pas et pourquoi ?
18/03/2011 06:49
A la veille des élections cantonales, Marianne publie en partenariat avec Europe 1 le premier sondage, réalisé par l'IFOP, auprès de ces millions de Français qui ne votent pas ou peu. Les résultats sont terribles : qu'ils votent ou non, une majorité de nos concitoyens expriment un grand doute sur le clivage entre droite et gauche et les capacités d'action de nos hommes et femmes politiques.
La vie d’un journal est parfois pleine de surprises. En commandant à l’institut IFOP un sondage sur l’abstention, nous avions une idée en tête : comparer l’état d’esprit des Français qui ne votent pas avec celui de ceux qui le font. Cerner les raisons d’un incivisme croissant afin de mettre les hommes politiques devant leurs responsabilités : leur donner quelques pistes sur ce qu’il convient de faire pour ramener les brebis abstentionnistes sur le chemin des urnes.
Échec. Échec total. Pour une raison simple : il n’y a pas vraiment de différence notable de point de vue entre la France qui s’abstient et celle qui vote. Juste une différence de génération : les Français sont en réalité tous des abstentionnistes de cœur dont certains seulement – en gros les moins de 34 ans - passent à l’acte. En revanche, l’étude nous donne une vision terrible sur l’état du pays. Abstentionnistes ou pas, les Français pensent pareillement sur beaucoup de points et il y a de quoi s’inquiéter face à l’écart abyssal entre la France d’en bas et celle d’en haut pour reprendre une formule plus que jamais actuelle.
1) Les Français pensent que le gouvernement ne les protège plus.
Tableau 1 : Êtes-vous plutôt d’accord ou plutôt pas d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?
Nicolas Sarkozy veut depuis longtemps faire de la protection l’alpha et l’omega de sa politique. Sur le fond il a sans doute raison : c’est ce que les Français réclament. Mais son action les a juste convaincus du contraire : 89% d’entre eux croient que les marchés financiers sont plus puissants que les États et 74% de nos concitoyens pensent que l’Europe et ses traités corsètent l’action du gouvernement (voir Tableau 1). Bref, les Français semblent considérer que le vrai pouvoir est désormais exercé dans le pays par les banquiers et les financiers (96%), les patrons du CAC 40, (88%) les médias (80%) et l’Union européenne (85%).
Tableau 2 : Pour chacun des acteurs suivants, diriez-vous qu’aujourd’hui il détient dans le monde beaucoup, assez, peu ou pas du tout de pouvoir ?
Ce doute sur le suffrage universel est tel que 68% des personnes interrogées estiment que la prochaine élection présidentielle ne changera rien pour eux (voir Tableau 4, plus bas). Par ailleurs, une écrasante majorité des Français pense qu’au niveau international, les États-Unis (94%) la Chine (90%) et le FMI (80%) sont les trois acteurs qui comptent le plus (voir Tableau 2).
2) L’insécurité et l’immigration restent des préoccupations majeures pour 65% des Français.
Tableau 3 : Êtes-vous plutôt d’accord ou plutôt pas d’accord avec chacune des affirmations suivantes... ?
Voilà les chiffres qui ont le plus marqué Jérôme Fourquet directeur d’études à l’IFOP. « En deux ans, la situation s’est énormément dégradée. Et surtout, le refus de l’immigration touche désormais 40% des bac + 5. C’est du jamais vu ! » L’inquiétude sur l’insécurité est très majoritaire à gauche : 59% des électeurs de Royal, 61% de ceux de Besancenot. Cela ne signifie pas que 65% des Français sont devenus racistes ou prêts à s’acheter un fusil pour se défendre. Ces chiffres peuvent être analysés comme une protestation devant l’inégalité face à l’insécurité et aux problèmes posés par les retombées d’une immigration sauvage qui n’affectent pas de la même façon selon les quartiers que l’on habite ou les écoles que l’on fréquente.
3) Près de 70% des Français croient que la droite et la gauche, une fois au pouvoir, mènent la même politique.
Tableau 4 : Quand vous pensez aux dernières années, diriez-vous plutôt que... ?
Si l’opposition ne devait retenir qu’un chiffre de cette enquête, ce serait celui-là : 68% des Français pensent qu’une majorité de droite ou de gauche mène la même politique (voir Tableau 4). A 14 mois de la présidentielle, ce score sidérant témoigne de la très faible crédibilité de la gauche. Rien d’étonnant quand on voit la faiblesse de son discours sur la crise ou les surprofits du CAC 40 et des banques, et sur les difficultés croissantes que rencontre des millions de Français pour joindre les deux bouts avec des salaires faibles et des prix qui ne cessent de monter.
4) Mais 83% estiment quand même que le Président de la république peut faire quelque chose.
Tableau 5 : Pour chacun des acteurs suivants, diriez-vous qu’aujourd’hui il détient en France beaucoup, assez, peu ou pas du tout de pouvoir... ?
C’est le grand paradoxe de cette enquête : les Français sont profondément désenchantés par la politique, et en même temps sont encore prêts à y croire. Après avoir été passionnés par le débat présidentiel de 2007, après avoir espéré, et même cru, que le nouveau président, quel qu’il soit, pourrait vraiment changer les choses, ils ont été immensément déçus tout en se déclarant prêts à y croire à nouveau. La preuve ? Ils sont 39% à penser que le Président dispose de beaucoup de pouvoir dans le pays et 44% assez de pouvoir.
Tableau 6 : Avez-vous l’intention de voter lors de la prochaine élection présidentielle ?
C’est à cette contradiction que se raccroche encore Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy : « Au bout du bout, à un moment donné, ils devront mettre un bulletin dans l’urne, et ils le savent. Je ne crois pas à une abstention massive à l’élection présidentielle. » Pour cette fois, il semble voir juste : 88% des personnes interrogées ont l’intention de voter en 2012 (voir Tableau 6). Finalement, une autre réponse résume bien le sentiment majoritaire : 67% des personnes interrogées estiment que les gouvernements de pays comme la France peuvent « exercer leur pouvoir et reprendre le contrôle mais n’osent pas le faire. »
5) 27% des abstentionnistes prêts à voter Marine Le Pen si le vote était obligatoire.
Tableau 7 : Si malgré tout, vous étiez obligé de voter, lequel de ces candidats correspondrait le mieux à ce que vous aimeriez exprimer ?
L’état de l’opinion mesuré par notre sondage révèle une importante réserve de voix pour Marine Le Pen (voir Tableau 7) : en dehors d’elle ils seraient 13% seulement à voter Besancenot, 10% à se prononcer pour Aubry et 12% pour Nicolas Sarkozy. Et les chiffres de l’IFOP sont limpides : trois des thématiques prioritaires du Front national (Europe, sécurité, immigration) mobilisent une très large majorité de personnes. De là à voter Front national il y a heureusement encore une grande marge. Sa préservation dépendra des propositions que l’opposition sera capable de faire dans ces domaines.
6) Les électeurs de gauche sont plus mobilisés que les électeurs de droite.
Tableau 8 : Pour votre situation personnelle, estimez-vous que la prochaine élection présidentielle aura ...?
Cette donnée apparaît aussi bien pour les élections cantonales que pour l’élection présidentielle : alors que 85% des anciens électeurs de Ségolène Royal considèrent que la prochaine élection présidentielle peut changer leur situation personnelle, ils ne sont que 62% parmi les anciens électeurs sarkozystes (voir le détail du rapport). Pour les élections cantonales, le différentiel est du même ordre, soit 20%. Retrouvez l'intégralité du rapport IFOP en cliquant ici. Lisez le dossier spécial abstentions dans le numéro 726 de Marianne en vente dans les kiosques samedi et dès 18h sur Marianne2.fr en version numérique. Ce numéros comprend un grand articles d'analyse sur l'état d'esprit des Français, des reportages sur les abstentionnistes, des enquêtes sur Clichy sous Bois et les artistes et la politique.
Méthodologie
Philippe Cohen - Marianne
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Dominique de Villepin à Nice Matin: "On sous-estime la souffrance des Français"
18/03/2011 06:39
Si le mouvement « République Solidaire » ne compte qu’un peu plus de 25 000 adhérents, son président-fondateur, Dominique de Villepin, pourrait espérer bien plus d’électeurs s’il était candidat à la présidentielle en 2012. Un récent sondage le crédite en effet de 7 % d’intentions de vote mais voit en lui – et Bayrou – le diviseur de la droite capable de provoquer la chute de Nicolas Sarkozy qui serait balayé dès le premier tour par Dominique Strauss-Kahn et Marine Le Pen.
Incroyable promesse de retour de bâton politique pour celui qui voulait voir Dominique de Villepin pendu à un « croc de boucher ». L’ancien Premier ministre se définit aujourd’hui en citoyen indépendant que les ténors de l’UMP courtisent assidûment depuis qu’il leur a tourné le dos en ne renouvelant pas son adhésion au parti présidentiel. Tout est donc possible...
Nice Matin: Comment réagissez-vous aux sondages qui annonceraient l’élimination de Nicolas Sarkozy si vous-même et François Bayrou étiez candidats ?
Dominique de Villepin: Les sondages d’aujourd’hui sont le reflet d’une inquiétude, voire d’une exaspération d’un certain nombre de Français. L’erreur serait de vouloir réduire le jeu politique au simple affrontement entre le Parti socialiste et l’UMP, sous prétexte qu’il y aurait des risques d’un 21 avril à l’envers. Où est la vraie menace aujourd’hui ? Dans l’absence de propositions, de perspectives, d’alternatives à la politique qui est menée.
Politiquement, votre position risque d’être assez compliquée ?
Depuis 2007, je n’ai cessé d’alerter le gouvernement et la majorité sur les risques que comportait une politique coupée des aspirations des Français et méconnaissant leur besoin de justice sociale. Aujourd’hui, j’entends me consacrer de façon tout à fait prioritaire aux propositions qui peuvent apporter des réponses à des problèmes concrets. Le besoin d’une refondation de la politique, une refondation économique et sociale pour permettre à notre pays de retrouver toutes ses chances dans l’Europe et dans la mondialisation. J’ai une vraie inquiétude pour mon pays, et un sentiment de gâchis face à une image abîmée.
Nicolas Sarkozy pourrait-il ne pas être le candidat de la droite en 2012 ?
Je crois que rien n’est écrit. Sur un fond de désenchantement et de rejet de la classe politique, l’évolution du chômage, de l’insécurité, du pouvoir d’achat feront pencher la balance dans un sens ou dans un autre. L’essentiel c’est d’aller de l’avant et de proposer une autre voie que celle qui a été empruntée.
Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher d’être candidat ? Le procès en appel de l’affaire Clearstream ?
Non ! J’ai toujours bien marqué à quel point les choses étaient pour moi séparées. Et la relaxe en première instance m’a blanchi de tout soupçon et a bien montré que j’étais toujours resté fidèle au service de l’Etat. Nous sommes dans des circonstances exceptionnelles où les Français ont besoin de responsables politiques mobilisés autour de l’intérêt général.
Est-il possible que vous saisissiez un jour la main tendue par Bayrou ?
Je suis pour un dialogue républicain respectueux des différences. L’essentiel, c’est la dynamique des projets, la capacité à proposer des alternatives qui soient susceptibles de répondre aux besoins. Nous ne sommes pas dans un temps où l’on peut se contenter d’ajustements ou de réformes à la marge. Nous sommes dans un temps où il faut refonder. Pour cela toutes les énergies seront nécessaires dans un esprit de large rassemblement national. Que le vaste espace politique entre le PS et l’UMP ait un rôle à y jouer me semble naturel.
Comment tout ça doit-il se traduire en terme de candidature ?
C’est une autre affaire.
Comment envisagez-vous cette refondation ?
Elle doit être institutionnelle pour mettre fin à l’impuissance des pouvoirs publics. Fidèle à l’héritage gaulliste et à mon parcours, je crois à l’autorité de l’Etat. Je propose de réduire à dix le nombre de ministères et de les stabiliser dans la durée, un changement profond dans la capacité stratégique des ministres à agir. Je propose de réduire le nombre de régions métropolitaines à huit, pour permettre à des territoires solidement ancrés de défendre leurs intérêts dans l’Europe et dans le Monde. Des présidents de région élus au suffrage universel pourraient se rassembler sous l’égide du président de la République dans un conseil territorial, permettant de traiter réellement les sujets de cohésion nationale. Ce qui me frappe, c’est que nous ne disposons toujours pas des outils pour agir efficacement face à des pays émergents, face à des nouveaux pôles de puissance qui eux s’organisent. Donnons-nous les moyens, créons ces outils.
Qu’est-ce que la révolution de la dignité dont vous avez parlé ?
Il faut redonner à chaque citoyen confiance en lui, pour lui permettre de choisir son destin. C’est pour cela que j’ai proposé un vrai choix de société : un revenu citoyen de 850 euros pour permettre à chacun d’accéder à la dignité et de trouver sa place dans la société avec une contrepartie morale qui serait de consacrer une partie de son temps à l’intérêt général. Pour que ce revenu citoyen trouve tout son sens, il faut l’adosser à un service citoyen obligatoire pour les jeunes mais ouvert à l’ensemble de nos compatriotes qui pourraient ainsi accompagner les jeunes.
Après la catastrophe nucléaire au Japon, vous pointiez du doigt les sous-traitants en France. Pourquoi ?
Parce qu’il faut des garanties pour la sécurité de nos concitoyens. Il faut faire en sorte qu’à travers les nominations de l’autorité de sûreté nucléaire, il n’y ait aucune confusion possible sur l’indépendance de ses membres. Il faut également un contrôle extrêmement strict des sous-traitants. Pour éviter le moins-disant en termes d’exigence de sécurité. Enfin, il faut une garantie du financement à hauteur de l’enjeu et pérenne de la part d’EDF pour ce qui concerne l’entretien des centrales et pour la prévention des risques sismiques. Or aujourd’hui, il y a un décalage entre les investissements et les besoins. Mais il faut se poser la question de notre politique énergétique à plus long terme, même si cela bouscule des tabous.
Face au conflit en Libye, fallait-il proposer des frappes ciblées comme l’a fait Nicolas Sarkozy et reconnaître officiellement le Conseil national de transition libyen ? J’ai rencontré deux fois le président de la République sur l’enjeu libyen et les mouvements dans le monde arabe. Nous avons évoqué l’ensemble des options. J’ai insisté sur la nécessité d’une France en initiative et demandé au Président de marquer sa détermination mais d’essayer de privilégier les voies praticables dans la concertation. La multiplicité des initiatives a pu nuire en créant une certaine confusion et en particulier la reconnaissance précipitée du Conseil national de transition libyen. Aujourd’hui la donne est changée par la contre-offensive du colonel Kadhafi. Nous devons concentrer nos efforts sur Benghazi pour empêcher un bain de sang ; que ce soit par un brouillage immédiat des communications, une zone d’exclusion aérienne ou la définition de zones humanitaires. J’ai une conviction, nous ne pouvons laisser faire.
Source: Nice Matin (propos recueillis par André Fournon)
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/03/18/1835-dominique-de-villepin-a-nice-matin-on-sous-estime-la-souffrance-des-francais
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