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Marine Le Pen 2012 = Sarkozy 2007 ?
12/04/2011 16:07
Si Nicolas Sarkozy a fait campagne en 2007 sur le terreau du Front national, c'est aujourd'hui Marine Le Pen qui fait du Sarkozy 2007, en s'appuyant sur la déception engendrée par un Président qui n'a pas tenu ses promesses. Siphonnera bien qui siphonnera le dernier, note Jack Dion.
On dit souvent que Sarkozy marche sur les platebandes idéologiques du Front National, ce qui n’est pas faux. Mais on oublie trop que Marine Le Pen, de son côté, a repris la même stratégie que le Sarko candidat de 2007.
A l’époque, ce dernier avait mis au point une théorie attrape tout. Il surfait à la fois sur le rejet des élites, l’échec de la gauche morale et droit de l’hommiste coupée du peuple, le besoin de sécurité (sociale et civique), l’aspiration à un Etat fort en rupture avec le laisser aller de l’ère Jospin. Enfin, il proposait à peu près tout et n’importe quoi, caressant les uns et les autres dans le sens du poil, oubliant les contradictions subséquentes d’un tel positionnement.
Marine Le Pen ne fait pas autre chose aujourd’hui, avec un programme qui mord à la fois sur l’altermondialisme (à ma gauche) et la xénophobie (à ma droite ultra), sans oublier les aspirations à la justice sociale (qui réunissent tout le monde).
Il faut relire les discours du candidat Sarkozy. Il se disait pour la retraite à 60 ans et proche des ouvriers (« visiter des usines, j’aime ça »). Il vantait la « démocratie irréprochable », promettait de « vaincre le chômage », de « réhabiliter le travail », d’ « augmenter le pouvoir d’achat », de « mettre fin à l’impuissance publique », de « sortir les quartiers difficiles de l’engrenage de la violence et de la relégation », de développer « de grandes politiques de solidarité, fraternelles et responsables », de promouvoir « une école qui garantit la réussite de tous les élèves », j’en passe et des meilleures. En lieu et place de ce programme à la Prévert, on a eu la bling-bling compagnie, la fraternité du Fouquet’s, l’explosion des inégalités, le chômage massif et le pouvoir d’achat en berne. Certes, la crise n’était pas au programme initial. Mais au lieu de s’attaquer à ses causes, le Président de la République a volé au secours des banquiers et des financiers de tout poil, oubliant qu’ils s’étaient rendu coupable d’un hold up sur les richesses nationales.
Ce terreau a fait le lit de Marine Le Pen. Mais cette dernière procède exactement de la même manière, avec un culot sans limite et une démagogie qui lui permet de dire tout et son contraire avec un aplomb désarmant. Cela s’est encore manifesté à l’occasion de la présentation de son pseudo programme économique, qui brille autant par ses contradictions et ses approximations que par le halo de mystère sur l’identité de ses concepteurs. Peu importe. A la moindre remarque critique, Marine Le Pen dénonce les « élites » (comme Sarko en 2007), crie au « MacCarthysme » (comme Zemmour, qui s’exprime partout), dénonce un « complot », et promet de défendre à la fois les ouvriers (blancs), les employés (non immigrés), les commerçants (sauf les Arabes), les pauvres, les moins pauvres et les autres. Ça ne mange pas de pain et ça permet de ratisser large. Le seul invariant structurel de ce programme, hérité de papa, c’est l’hymne à la « préférence nationale » formule ambiguë qui masque une préférence ethnique s’inscrivant dans la filiation xénophobe de l’extrême droite qui plait tant au conseiller de Sarkozy, le fameux Patrick Buisson. Ce dernier espère même en faire un pilier de la campagne 2012 de son poulain, ce qui risque d’être le meilleur moyen d’assurer la préférence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. En attendant, le FN taille la route, jouant à merveille sur le rejet des partis de gouvernement et la méfiance des citoyens à l’égard de tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à une institution. Vous avez aimé le Sarkozy 2007 ? Vous adorerez Le Pen 2012 !
Jack Dion - Marianne
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Exclusif: Guéant a-t-il accusé trop vite Estrosi ?
12/04/2011 07:34
Soupçonné de vouloir faire payer aux contribuables une note personnelle de blanchisserie, Christian Estrosi est rapidement la cible des critiques, notamment de Claude Guéant. Seulement voilà, la facture correspondait bien à une dépense pour les employés du ministère de l'Outre-mer, ministère qui a eu à sa tête le maire de Nice.
Lorsqu’il s’agit de prendre la défense de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, mise à mal dans le dossier Tapie, le gouvernement se dresse comme un seul homme. Epinglé pour une sombre histoire de facture de blanchisserie par la Cour des Comptes, ancien ministre de l’Industrie et maire UMP de Nice, n’a pas bénéficié du même traitement. C’est le Journal du Dimanche qui a ouvert le feu contre le perdant du dernier remaniement, qui ne compte pas que des amis dans la majorité. Cible : les frais de pressing qu’il aurait engagé alors qu’il était ministre de l’Outre mer, en 2007. « Les magistrats s’interrogent sur 40 000 euros de dépenses, dont 14 000 euros de blanchisserie », annonce le JDD le 3 avril dernier. Et tous de tomber à bras raccourcis sur le vilain petit canard amateur de beaux costumes…
D’où est partie cette torpille ? Dans son courrier, le socialiste Didier Migaud, patron de la cour des Comptes, explique que « L’Etat ne doit pas prendre à sa charge des dépenses de caractère privé, quelle qu’en soit la nature », après avoir expliqué que le montant total des dépenses de blanchissage s’élevait à 7 600 euros pour 2007, « dont 4 600 imputés sur les dépenses de cabinet à la rubrique "frais de représentation" ».
Sans prendre la peine de vérifier plus avant, Claude Guéant, à peine arrivé Place Beauvau, venait deux jours plus tôt d’adresser un courrier sévère à Estrosi, lui intimant l’ordre de solder ses frais de pressing. Lettre à laquelle l’élu n’avait pas encore eu le temps de répondre…
Vérifications faites, l’histoire est un peu plus compliquée. Les factures en question ne concernent pas seulement Christiant Estrosi, mais également François Baroin et Hervé Mariton, ses deux prédécesseurs au ministère de l’Outre-mer, auxquels Guéant aurait également dû demander leur part. L’imperméable Burberry, le gilet de complet, le pantalon, la cravate en soie et le manteau nettoyés le 3 janvier 2007 ne peuvent en effet appartenir qu’au ministre alors en poste Rue Oudinot, en l’occurrence Baroin, aujourd’hui porte-parole du gouvernement et ministre du Budget. « Factures manifestement personnelles », tranche la Cour des comptes. Comme celles concernant les vestes, pantalons, parkas et cravates en soie nettoyés à sec le 2 novembre 2007, cette fois pour le compte d’Estrosi.
Ulcéré par le traitement que lui a réservé la Place Beauvau, l’ancien ministre est monté à Paris pour une séance d’explication au sommet. Les factures de la boutique Sèvres Pressing (extrait ci-dessous), conservées dans les archives du ministère de l’Outre mer, montrent que les fameuses cravates en soie sont en réalité celles que portent les huissiers, alors que les vestes en toile seraient celles du « petit » personnel. De quoi alimenter moult discussions de chiffonniers dans les alcôves gouvernementales.
De source sûre, l’affaire a été jugée assez sérieuse par le ministre de l’Intérieur pour que soit déclenchée une inspection générale de l’administration… A suivre.
Frédéric Ploquin - Marianne
Facture de « Sèvres Pressing »
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Pour abattre Gbagbo, l'argent a été plus efficace que la canonnière
12/04/2011 07:25
C'est en substance ce que l'on peut retenir de l'arrestation de Laurent Gbagbo par les soldats français.
Arrêté par les forces spéciales françaises, et remis aux Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI)- bien que des diplomates français font savoir que ce ne sont par les forces françaises qui ont procédé à l’opération-, l'arrestation de Gbagbo marque la fin du conflit politique, il n’est pas sûr, pour autant, que cette reddition marque la fin des combats.
Dès le 7 avril, La lettre du continent racontait « comment le soldat Gbagbo avait perdu sa guerre ». Outre les nombreuses défections subies par le clan Gbagbo, la perte de ses derniers soutiens politiques, notamment l’Angola, les offensives menées par l’Onuci, et l’appui décisif de la force « Licorne », c'est d’abord une « guerre du cash » que Gbagbo a perdu. Car c'est en grande partie l'économie qui a été l'arbitre du bras de fer qui opposait Gbagbo à Ouattara.
Dès le début du mois de décembre 2010, le FMI fait savoir qu'il ne collaborerait pas avec un pouvoir non reconnu par l'ONU. Si Gbagbo parvient encore à retirer encore 664 milliards de Francs CFA (1000 francs CFA=1,52 euro) de la BCEAO (Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest) entre le 22 et le 27 décembre 2010, « son régime était financièrement exsangue » explique La lettre du continent. Des rentrées fiscales divisées par huit, et des rentrées non fiscales divisées par trois. Soit un manque à gagner qui s’élève à 4444 milliards de francs CFA. Rapidement les comptes de la Côte d'Ivoire à la BCEAO seront soumis à l'approbation de Guillaume Soro.
Recettes des douanes, des impôts, payement des salaires de la fonction publique et de l’armée, fonctionnement des ports, c’est toute l’activité économique de la Côte d’Ivoire qui est plongée dans l’incertitude dès le début de l'année 2011.
« Les sanctions financières prises contre Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire sont en train de porter leurs fruits », assurait dès la mi-mars Alain Juppé. « Nous avons pris toute une série de mesures qui, peu à peu, donnent des effets. Les sanctions financières, ça ne marche pas à quinze jours, ça marche à plusieurs mois. On voit bien aujourd'hui que Laurent Gbagbo est progressivement asphyxié. Nous ferons tout pour que la légalité l'emporte et que Ouattara, qui est le président légalement élu, exerce réellement le pouvoir et c'est ce qui est en train, petit à petit, je pense, de se passer en Côte d'Ivoire ».
Gbagbo réduit à mendier de l'argent à ses derniers soutiens
Une stratégie payante, en effet. Car après la crise financière, viendra la débâcle militaire. Déjà en décembre 2010, Philippe Mangou, le chef d’état major des armées confiait « n’avoir pas assez de munitions pour se battre pendant trois jours ». Il tiendra, malgré tout, trois mois.
Gbagbo perdra beaucoup d’argent dans des tentatives avortées d’achats d’armes et d’équipements en Biélorussie ou en Bulgarie, payant ses factures rubis sur ongle, sans jamais recevoir ses armes. D’où la perte de dizaine de millions de dollars, allant jusqu'à mendier de l'argent en Guinée-équatoriale et en Angola. Le président ivoirien aurait sollicité des millions d’euros en compensation de puits de pétrole et de contrats d’exploitation et de gestion de sociétés étatiques.
C'est alors la décision de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) de fermer le robinet de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest qui affaiblit le clan Gbagbo. Acculé, Gbagbo ne parvient plus à payer ses mercenaires, miliciens, avocats, mais aussi les salaires des fonctionnaires. La mesure de suspension des exportations de café et de cacao prorogée jusqu'au 31 mars sera un autre coup dur.
Enfin, c’est l’Angola qui précipitera la chute de Gbagbo en décidant de rappeler ses 130 soldats logés au Palias présidentiel. « Malgré sa dette morale vis à vis de Gbagbo, en remerciement de sa lutte contre l’Unita de Jonas Savimbi en Côte d'Ivoire, l'Angola a dû se raviser sous la pression américaine » relate encore La lettre du Continent.
Dans le même temps, les forces françaises et américaines et françaises apportaient leur soutien en matière de renseignement aux forces de pro-Ouattara qui infiltrent les Forces de Défense et de sécurité de Gbagbo, parvenant à obtenir le ralliement de nombreux de ses fidèles. Au titre de président élu, la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest débloque alors 467,27 milliards de Francs CFA. Avec l'intervention de la force Licorne, c'est le coup de grâce. L’argent est le nerf de la guerre…
Régis Soubrouillard - Marianne
MàJ (11-04-2011 à 20h50): Gérard Longuet affirme que Laurent Gbagbo a été arrêté par les forces pro-Ouattara soutenues par l'OnuCi et la force Licorne. Alain Toussaint, le porte-parole de Laurent Gbagbo affirme, au contraire qu'il a été arrêté par les forces françaises et « remis aux chefs de la rébellion ». Selon des témoins cités par RFI, c'est une trentaine de chars et de blindés de l'Opération Licorne qui ont mis le cap sur Cocody ce lundi matin et se sont positionnés dans le quartier autour de la résidence présidentielle, épaulés par des hélicoptères français. Les tirs ont été violents selon des habitants.
Parallèlement, les forces pro-Ouattara étaient elles aussi reparties à l'offensive.
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Exclusif: chez Renault, les cadres virés réclament des millions
08/04/2011 07:51
Cette semaine, Marianne publie une enquête sur l'indemnisation des cadres de Renault accusés à tort d'espionnage par l'entreprise. Des cadres licenciés abusivement qui réclament maintenant plusieurs millions d'euros à leur ancien employeur !
La fausse affaire d’espionnage qui secoue Renault depuis le début de l’année s’est déplacée sur un nouveau terrain : celui de l’argent. Comment indemniser les salariés indûment « virés » à la juste valeur de l’indéniable préjudice moral subi ? Dans son édition à paraître demain samedi, Marianne révèle en exclusivité le montant des dommages et intérêts que Michel Balthazard, Bertrand Rochette et Matthieu Tenenbaum, les trois salariés de Renault accusés à tort d’espionnage et injustement licenciés, réclament à leur entreprise en réparation du préjudice moral qu’ils ont subi : entre 2,4 et 3,5 millions d’euros chacun. Du jamais vu dans ce type d’affaire.
Selon nos informations, Michel Balthazard, 57 ans dont 32 ans chez Renault, aurait déjà touché 480 000 euros d’indemnité légale. Il se verrait, en outre, attribuer une indemnité pour licenciement abusif de 750 000 euros et réclamerait, par ailleurs, 3,2 millions d’euros pour le préjudice moral subi. Montant total : plus de 4,4 millions d’euros, soit environ 18 années de salaire !
De son côté, Bertrand Rochette, 22 ans de maison et environ 12.000 euros de salaire mensuel, aurait touché près de 200 000 euros d’indemnité légale. Il se verrait octroyer une somme d’environ 500 000 euros au titre du licenciement abusif et réclamerait quelque 3,5 millions d’euros en réparation du préjudice moral. Total : 4,2 millions, soit plus de 29 années de salaire !
Matthieu Tenenbaum, 33 ans dont 12 chez Renault où il gagnait 5000 euros par mois comme directeur adjoint au programme des voitures électriques, aurait perçu 50 000 euros d’indemnité légale. Il devrait toucher 120 000 euros pour licenciement abusif et prétendrait à plus de 2,4 millions d’euros pour le préjudice subi. Total : 2,6 millions d’euros, soit 43 années de salaire ! Renault lui a cependant proposé de le réintégrer à un poste et un salaire plus importants après une formation aux États-Unis. Le cas de Philippe Clogenson, licencié fin 2009 dans des conditions tout aussi injustes, est différent. Selon une source interne au constructeur, ce cadre négocierait lui aussi sa réintégration dans une filiale de Renault à Boulogne-Billancourt pour un salaire supérieur au précédent. Ce retour serait assorti d’une compensation financière estimée à ce jour à 300 000 euros environ. Au-delà des négociations qui, aujourd’hui encore, se poursuivent, Renault se heurte à un véritable dilemme. Si l’entreprise accepte de payer des sommes aussi exorbitantes du droit commun, notamment pour s’assurer la paix sociale et médiatique, elle prend le risque, en retour, de faire l’objet d’une plainte pour abus de bien social. A titre d’exemple, Philippe Delmas, l'ancien haut dirigeant d'Airbus, dont la plainte avait lancé toute l'enquête Clearstream, accusé à tort de blanchiment et injustement licencié, a perçu 350 000 euros. De même, licenciés en 2002 et 2003 pour faute lourde et faute grave, d’anciens salariés d’Altran, accusés publiquement à tort comme les salariés de Renault, n’ont obtenu que 200 000 euros, alors qu’ils en réclamaient chacun 3 millions. Un seul justiciable a explosé tous les compteurs du « préjudice moral » en France : Bernard Tapie. Au terme d’un arbitrage privé – et non d’un procès – il a obtenu la somme himalayenne de 45 millions d’euros ! Ce qui a d’ailleurs déclenché un scandale d’Etat… D’où, en cas de « surindemnisation » de ses trois ex-salariés, le risque, pour Renault, d’ajouter au scandale de la fausse affaire d’espionnage un délit pénal. A l’inverse, si Renault refuse de céder à leurs exigences financières, l’entreprise prend le risque d’un procès prud’homal retentissant et d’une nouvelle campagne médiatique, terrible pour l’image de la marque et, surtout, pour son PDG. Autant dire que la position de Carlos Ghosn est pour le moins inconfortable. Réponse, peut-être, lundi 11 avril, à l’issue d’un conseil d’administration de Renault qui s’annonce pour le moins compliqué (l’intégralité de cette enquête est à lire dans Marianne, demain, samedi ou dès cet après-midi en achetant la version électronique de notre hebdomadaire).
Laurent Neumann et Anne Rosencher - Marianne
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Beyrouth craint les conséquences d'une révolution syrienne
08/04/2011 07:47
Martine Gozlan, envoyée spéciale à Beyrouth, nous raconte comment les Libanais vivent de l'intérieur les tentatives d'insurrection chez le voisin syrien. Pour eux, le détestable régime de Bachar el-Assad possède au moins une vertu : celle d'assurer la paix à Beyrouth.
Quand les Syriens tentent de se révolter, les Libanais se demandent s’ils vont trinquer. Otage des puissances étrangères comme de ses terribles divisions intérieures, brûlé par la mémoire de la guerre civile et des guerres d’Israël, le pays du Cèdre prend les révolutions arabes avec des pincettes.
Le début d’insurrection qui flambe de l’autre côté de la frontière, dans cette Syrie qui n’a jamais vraiment accepté que le minuscule Liban se détache de ses flancs, on en parle bien sûr différemment si on est assis chez Paul, le restaurant branché de Gemmayzé, en quartier chrétien, ou dans un café-chicha de Dahye, l’immense banlieue chiite de Beyrouth, fief du Hezbollah. Le Hezbollah, allié de Damas, règne de facto sur le Liban depuis janvier dernier : il a fait tomber le gouvernement de Saad Hariri et installé le pro-syrien Najib Mikati au poste de Premier ministre. La raison et l’enjeu de la crise : le tribunal spécial de l’ONU sur le Liban tout prêt de rendre ses conclusions sur l’assassinat de Rafic Hariri en 2005. Avec des personnalités du Hezbollah dans la ligne de mire de l’accusation.
Les Libanais ont donc depuis trois mois un Premier ministre qui compte parmi les meilleurs amis de Bachar el Assad. Mais ils n’ont pas de gouvernement, tout le monde se déchirant à belles dents sur une scène politique aussi déchiquetée que la topographie de Beyrouth. Et, franchement, les Libanais s’en fichent. Ils en ont vu d’autres, l’essentiel étant que les kalachnikovs et les bombes ne se remettent pas dans la partie.
Côté chrétien, paradoxalement, on ne se réjouit pas forcément du vent révolutionnaire qui souffle sur les banlieues de Damas, sur Lattaquié ou Deraa. Tout en détestant la Syrie, beaucoup redoutent l’arrivée d’un régime islamiste hostile aux minorités, une guerre civile entre les Alaouites de Bachar et les insurgés sunnites. Comme en Irak, elle pourrait prendre les chrétiens en otage. D’autres applaudissent sans redouter ce scénario. « La liberté des Syriens, ce sera la liberté des Libanais ! », martèle un avocat qui défend la cause des droits de l’homme. Depuis longtemps dans le collimateur des services de renseignements, il dénonce la main-mise des partisans de Bachar et des hommes du Hezbollah sur le Liban : « Ça ne pourra pas être pire si la dynastie Assad tombe, elle nous a fait tout subir… »
Le ton change quand on prend la route de la banlieue sud, à une dizaine de minutes du centre-ville. Ici, on est ailleurs, on a franchi la ligne de démarcation invisible que les Libanais ne parviennent pas à effacer. Les portraits géants de Khomeiny, ceux du Guide de la révolution iranienne Ali Khamenei nous avertissent de notre arrivée en terre iranienne. Celle d’Ahmadinejad, bien sûr, pas celle des millions de jeunes Iraniens qui défient depuis 2009 la barbarie du régime de Téhéran. Et puisque nous sommes à Téhéran, nous sommes bien sûr à Damas, qui chérit Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais. « Cheikh Hassan » comme le nomme avec amour et respect le jeune Ali, 24 ans, qui conduit son taxi dans le dédale de Dahye, vers l’immeuble qui abrite le bureau de presse du Hezbollah. Pour Ali et sa famille, Nasrallah est le héros de la résistance contre Israël et tous ceux qui le soutiennent sont les amis de Dieu, à plus forte raison Bachar el Assad. C’est grâce à Bachar, qui laisse passer vers le Liban les armes iraniennes, que le Hezbollah est fort et le restera, « contre Israël et contre les traitres qui soutiennent les sionistes au Liban ». A Dahye, on ne parle pas de révolution arabe. On a encore toutes les guerres dans la tête. Les pans d’immeubles fracassés racontent celle de 2006. Mais le paysage urbain n’est pourtant pas celui de la désolation. Boom immobilier. On reconstruit fiévreusement. La hâte, la volonté d’effacer les cendres, de faire de la vie sur les gravats ? C’est typiquement libanais, ça ressemble à la reconstruction qui a redonné un visage aux quartiers chrétiens, au centre-ville. L’argent, lui, est surtout chiite. C’est le Hezbollah qui a reconstruit Dahye grâce au mécénat iranien. Grâce aussi aux capitaux du Qatar et du Koweit. L’Etat libanais a mis un peu du sien et on ne lui en est pas du tout reconnaissant.
Pour tout le monde ici, le grand artisan du renouveau immobilier et du reste, le maitre de la gloire, des armes et de l’assistance sociale, c’est « Cheikh Hassan », le pire ennemi d’Israël et le meilleur allié de Bachar. Nasrallah, dont le visage poupin sourit sous les oriflammes jaune et vert du parti de Dieu, au dessus des magasins qui s’appellent « Mesdames », « Jolie Fleur », ou « La Diva », souvenir têtu du passé français de Beyrouth. Les foulards aux motifs cachemire flottent sur les épaules des adolescentes, en manteau cintré ou en jeans, les plus âgées en abaya noire à l’iranienne. Maquillages orientaux, scintillements des lèvres, regards immensément charbonneux. Les instituts de beauté s’étalent sous les affiches des beaux gosses souriant en kalachnikov : dommage, ils sont morts. Ce sont les jeunes « chahids » de la guerre contre Israël. Pas assez d’hommes pour trop de femmes, c’est à Dahye comme ailleurs le drame secret des Libanaises. Les stores beige-marron ou vert fâné, d’une saleté désolante, semblent dissimuler des vies aussi éclatées et mutilées que les façades. Au bureau de presse du Hezbollah, Madame Rana, la responsable de l’accueil, est souriante, photocopie passeport et demandes d’interview. Le Parti de Dieu n’était pas rétif aux entretiens jusqu’à cette imprévisible colère de la rue syrienne. Aïe, que dire, que faire ? Le mouvement est celui des déshérités, il prône la justice sociale, le Hezbollah s’est forgé dans le creuset de la philosophie révolutionnaire chiite, dans le discours messianique des lendemains qui chantent, des pouvoirs corrupteurs, de l’héroïsme populaire, du sacrifice de soi. Ces révolutions arabes le prennent de court, le paralysent. D’accord pour Tunis, puis le Caire où Moubarak n’avait pas hésité à traiter avec l’ennemi sioniste. Ok pour la Libye où Kadhafi, naguère, a fait disparaître l’imam Moussa Sadr, fondateur du mouvement chiite libanais Amal. Mais la révolution en Syrie ? Allons, donc, un complot américano-sioniste ! « Je ne crois pas que nous aurons le droit de parler de cette crise… », nous dira le lendemain au téléphone d’une voix timide la douce Rana. Le porte-parole du parti, Ibrahim Moussawi, a déjà appuyé, depuis le début des troubles, la position de Damas. On ne touche pas à Bachar el Assad…
« Il faut comprendre les raisons du Hezbollah, aucun Occidental n’essaie de se mettre à sa place ni à la place de la Syrie », plaide Talal Atrissi, sociologue qui enseigne à l’université libanaise et qui se définit lui-même comme « compagnon de route » du parti d’Hassan Nasrallah. Dans un café de Hamra, le quartier qui fut autrefois si cher au cœur des Libanais, avant le chaos de la guerre civile, frappé de plein fouet par les combats – il se trouvait dans le camp « islamo-progressiste- et redevenu aujourd’hui gaiement à la mode, Atrissi se glisse dans les arcanes de la pensée syrienne et « Hezbollienne ». Verbatim.
« Premièrement, le début de révolution en Syrie risque de mener à un scénario libyen. Bachar a beaucoup de partisans et le manque d’homogénéité confessionnelle risque de faire basculer le pays dans la guerre civile. Du reste, les appels à manifester ces derniers jours n’ont pas été vraiment suivis d’effet. Les Syriens ont peur du chaos. Si leur président n’a pas réformé comme il le promettait en 2000, en succédant à son père, c’est que la Syrie a affronté à ses frontières en 2003 l’invasion américaine de l’Irak, puis la crise libanaise en 2005 avec le retrait de ses troupes du Liban à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri. Puis l’installation du tribunal spécial avec les menaces de mise en cause du pouvoir syrien dans l’assassinat. Enfin, la guerre d’Israël contre le Hezbollah et le Liban en 2006. Tout cela ne donne pas très envie à un régime de s’ouvrir à des oppositions. Bachar a fermé le jeu et s’est rigidifié parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. Je le déplore parce que je connais bien les intellectuels de l’opposition syrienne, jamais ils n’auraient dû être emprisonnés, c’est absurde. Mais j’essaie d’expliquer. Les régimes de Ben Ali et de Moubarak étaient menacés de l’intérieur, par leur peuple. Celui de Bachar a toujours été mis en péril par l’extérieur, isolé par les grandes puissances. Et c’est précisément ce qui lui garde ses assises en profondeur dans la population. La révolution, la vraie, n’est pas pour demain en Syrie ».
Le Hezbollah devrait donc être rassuré, selon Talal Atrissi. Et tant mieux, insiste-t-il. Pour lui, le Hezbollah, donc le régime de Bachar, c’est… la stabilité libanaise et la meilleure protection contre la guerre civile ! Bien plus habile propagandiste que les porte-parole du « Hezb », il en convient en souriant, l’universitaire estime que la prise de Beyrouth par les hommes de Nasrallah, les 7 et 8 mai 2008, n’était qu’une « réponse désespérée au projet de milice sunnite de Saad Hariri ». Sommes-nous loin des événements d’aujourd’hui, des peurs libanaises en 2011 ? Non. Le Liban ne cesse de répéter les scénarios de ses divisions. Autant tenter de comprendre pourquoi elles se perpétuent. Le « camp du 14 mars », comme on appelle le vaste mouvement qui regroupe les sunnites et une partie des chrétiens, cherchait donc à recruter 10 000 hommes pour encercler et étouffer le Hezbollah. Les télégrammes dévoilés par Wikileaks font état de rencontres explicites dans ce sens entre le camp Hariri et l’ambassadeur américain à Beyrouth. Ce qui a mis le feu aux poudres, ce fut la coupure de la ligne téléphonique du Hezbollah. A l’époque, les responsables du mouvement chiite n’utilisaient pas de portable, de peur d’être ciblés et assassinés par Israël. Couper leur ligne fixe, c’était donc couper les communications entre les chefs et leur base. Le Hezbollah riposta les 7 et 8 mai 2008 en envahissant Beyrouth. Combats furieux avec les militants du « Courant du Futur », le camp de Saad Hariri. Des dizaines de morts dans la capitale libanaise, dans la montagne druze, à Saida.
Le pays saignait à nouveau, l’Occident ne réagissait pas vraiment. Solitude répétitive et tragique… Talal Atrissi m’explique les raisons du camp chiite pro-syrien, un peu plus tôt Issa Goraieb, le grand éditorialiste du quotidien l’Orient-Le jour, chrétien maronite, m’expliquait celles du camp opposé, pro-occidental : « Nous avons toujours été affreusement seuls… notre sort a toujours dépendu du bon plaisir des grandes puissances, des diktats de la Syrie… » Pendant la guerre civile, la rédaction de l’Orient-le Jour était à Hamra, en pleine zone musulmane. Issa Goraieb vivait à l’hôtel pour tenter d’échapper aux assassinats alors que sa famille vivait à Achrafieh, en zone chrétienne, de l’autre côté du no man’s land. C’est un survivant. Comme tous les Libanais. Comme eux, il attend le jour lointain où son pays lumineux cessera d’être pris en otage.
Martine Gozlan - Marianne
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