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On aura tout vu, même Rocard protectionniste!
06/04/2011 17:27
Dans une interview au parisien, l'ancien Premier ministre approuve le passage du programme du PS sur les écluses, un autre mot pour désigner le protectionnisme auquel il s'est toujours opposé.
Qui prétend que le raidissement rime avec le vieillissement ? C’est avec une grande fraicheur d’esprit que Michel Rocard nous annonce cette semaine sa conversion au … protectionnisme. C’était en réaction au projet socialiste, à l’occasion d’une interview parue dans le Parisien : « Le libre-échange intégral est fini, il a fait trop de dégâts. La Chine et l’Inde sont capables de produire tout ce que nous fabriquons. Et, comme leurs coûts sont moindres, c’est tous nos emplois industriels qui sont menacés. Personne ne peut le tolérer. »
On aurait aimé que l’inventeur du parler vrai nous explique ce changement de pied qui date seulement de quelques semaines. Pourquoi tous ceux qui défendent l’option d’un protectionnisme européen depuis des années (Jean-Luc Gréau, Hakim El Karaoui, Emmanuel Todd, etc) se font traiter depuis dix ans de tous les noms d’oiseaux, ringards, passéistes, nationalistes, voire lepénistes ? Pourquoi ce protectionnisme, qualifié de repli sur soi, devient brusquement une option raisonnable ? Le libre-échange des années 2010 est-il devenu plus féroce que celui des années 1990 ou 2000 ? Le différentiel entre le coût du travail chinois ou indiens et celui en vigueur sur le continent européen –t-il été accentué en défaveur des Européens ?
Non ce qui est passe est plus prosaïque : un nombre croissant de libre-échangistes se rendent compte de l'erreur des économistes qui, tels Daniel Cohen, nous annonçaient voici dix ans que le transfert de l'industrie dans les pays émergents était une bonne chose dès lors que les pays développés gardaient la main sur l'économie de l'intelligence et des services. Aujourd'hui, chacun reconnaît que l'économie post-industrielle est une illusion et qu'il n'y a pas de croissance durable robuste sans industrie tonique.
En réalité, si l’option protectionniste est abordée dans le projet du PS, la synthèse entre les différents courants - Seuls Hamon et Montebourg défendent le protectionnisme européen - y a ajouté une bonne dose d’imprécision, voire d’incohérence. Retournons au texte : « En cas d’échec durable des négociations sur les normes dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), nous augmenterons les droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales en matière sociale sanitaire ou environnementale, le temps nécessaire pour que celles-ci soient respectées. Oui à l’Europe ouverte, non à l’Europe offerte ! Dans la mondialisation, la France et l’Europe doivent défendre des valeurs, elles doivent aussi défendre leurs intérêts. »
Le projet en reste donc au niveau des intentions qui ne gênent pas grand monde : comme l’Allemagne et les pays qui suivent ses orientations sont farouchement opposés à toute écluse européenne, il faudra bien dire aux électeurs français les mesures à prendre pour préserver la compétitivité de nos entreprises. Le choix se rétrécit drastiquement : comme un protectionnisme national serait peu efficace aujourd’hui, sauf de façon très sectorielle (la France n’a pas la taille requise) il faudrait alors envisager une sortie, si possible groupée de l’euro, ou bien la création de deux euros, comme il a été expliqué dans Marianne. Rocard, Aubry et tous les autres, encore un effort pour devenir cohérents!
Philippe Cohen - Marianne
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Christine Lagarde, la woman n'est plus trop wonder
06/04/2011 07:50
C'était le ministre modèle, peut-être le dernier bon élève pur jus du sarkozysme. En une semaine et deux accrocs majeurs, l'affaire Tapie et le budget, le dernier crack de la sarkozie a perdu une bonne partie son aura.
Le cimetière du sarkozysme est déjà bien rempli de cadavres plus ou moins embaumés : il y a les gueules cassées de l'ouverture, Bernard Kouchner, Christian Blanc; les bons élèves tombés au champ d'honneur (ou plutôt à l'hippodrome) comme Eric Woerth, les éclopés de la diplomatie comme Michelle Alliot-Marie, les recalés de Matignon comme Jean-Louis Borloo, les techniciens déchus comme Xavier Darcos ou Christine Albanel. Tous ceux-là et quelques autres tentent de se refaire une santé politique et nous devons bien admettre que leur convalescence risque d'être fort longue.
Christine Lagarde figurait jusqu'à cette semaine, parmi les miraculés du sarkozysme. Un profil boosté à l'anglosaxonne ce qui impressionne les journalistes, un côté pro qui donne l'impression de toujours savoir de quoi elle parle. En disant du bien de sa ministre qui l'avait aidé à affronter-la-crise-ce-qu'il-a-su-faire-de-mieux-qu'on-se-le-dire, le Président avait l'impression d'envoyer des fleurs qui lui retombaient sur le visage. C'est bien simple, Christine Lagarde, tout le monde l'aimait, et pas seulement parce qu'elle parle bien l'anglais. Même les jeunes de l'UMP (voir deux minutes après le début de la vidéo) :
On notera d'ailleurs que le clip des jeunes UMP aligne allègrement une liste très fournie d'anciens ministres en disgrâce, de Xavier Darcos à Rama Yade en passant par Rachida Dati. Normal, c'est comme sous Staline : le parti se renforce en s'épurant.
En tout cas, en une semaine, le beau profil de Christine Lagarde a été bien écorné, même si les médias semblent encore l'épargner. Il y a d'abord eu le rebondissement de l'affaire Tapie révélé par Marianne2. Apparemment, l'autorisation de l'accord à l'amiable signé entre l'Etat et Bernard Tapie pourrait bien avoir été permis par un faux en écriture établi par un fonctionnaire sous la responsabilité de la ministre. Christine Lagarde est accusée d'« abus d'autorité ». Une faute aussi grave que la tête de ses conseillers chargés de commenter l'affaire devant les journalistes depuis la saisine de la Cour de Justice, via le procureur de la Cour de Cassation, par les députés socialistes.
Certes, le ministre de l'Economie a aussitôt riposté en faisant savoir qu'elle envisageait de porter plainte contre les députés socialistes. Réaction du député Jérome Cahuzac : « Quand Madame Lagarde dit qu'elle veut poursuivre les députés, c'est étrange, car comme ils ne font que reprendre les accusations, on ne peut que se demander si Madame Lagarde a l'intention de poursuivre aussi la Cour des Comtpes, ce qui serait piquant. »
Christine Lagarde escomptait-elle se refaire une cerise en mettant en exergue la bonne performance de la France en matière budgétaire ? Las! Une lecture attentive des documents fait apparaître, comme l'a démontré dans ces colonnes Hervé Nathan, que le Grand Argentier a joué sur la trésorerie à hauteur de 1,1%, agissant comme un simple patron de PME qui jouerait sur les encours de fin d'année pour abuser son banquier ou ses actionnaires.
Dans son malheur, Christine Lagarde a pourtant de la chance : alors que les faits dont elle est soupçonnée relève de la forfaiture pure et simple, elle semble bénéficier d'une certaine indulgence dans les médias. Mais rappelons-nous : Eric Woerth aussi semblait aussi passer au travers des gouttes au début de l'affaire Bettencourt.
Philippe Cohen - Marianne
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Pékin multiplie les arrestations parmi les cyber-activistes
06/04/2011 07:37
Depuis le début du mois de février, et les appels à manifester lancés par quelques blogueurs, les autorités chinoises se livrent à une vague de répression sans précédent visant particulièrement les opposants au régime qui sévissent sur Internet. Alors qu'il s'apprêtait à quitter Pékin pour Hong-Kong, l'artiste et féroce opposant au régime Ai Weiwei, a été arrêté. Pékin refuse de donner la moindre information sur son sort.
Au moment où le président de la République Française, accompagné de quelques fidèles parmi lesquels l'incontournable Jean-Pierre Raffarin, décollait vers Nankin, le 30 mars, pour une réunion du G20, la Chine poursuivait l’une de ses plus sévères campagnes de répression contre les opposants au régime. Profitant de ce que « le reste du monde » avait les yeux tournés vers la Libye et Fukushima, Pékin a fait disparaître une cinquantaine d’opposants au régime en un mois. Sur son site, Chinageeks publie une liste de ces blogueurs, journalistes, dissidents, opposants, artistes, avocats, syndicalistes, écrivains, membres d’associations humanitaires réduits au silence par le régime. Une cinquantaine au total.
Fait le plus inquiétant, le site précise qu’une majorité des personnes citées a tout simplement disparu. Sans doute gardées au secret. Et le site ajoute que la liste est fort probablement très incomplète. Certains ont été arrêtés, détenus, placés en maison d’arrêt ou hôpitaux psychiatriques pour subversion à l’autorité publique, d’autres pour perturbations à l’ordre public, réunions clandestines, atteinte à la sécurité nationale.
L’association de Hong Kong, Chinese Human Rights Defenders, propose un recensement encore plus détaillé du sort des opposants au régime : 26 détenus, 30 disparitions, et plus de 200 en « soft detention », une forme d’arrestation spécifique à la République populaire de Chine, réservée aux dissidents politiques, correspondant suivant la sévérité des peines à la résidence surveillée. Selon le New-York Times la vague de répression a commencé, à la fin du mois de février, quand un site web en langue chinoise hébergé aux Etats-Unis a lancé un appel aux citoyens à descendre dans la rue, dans les grandes villes chinoises, pour des manifestations silencieuses dans le prolongement des soulèvements en Tunisie et en Egypte. Craignant une flambée de protestations de la rue chinoise, les autorités ont décidé d’étouffer dans l’œuf toute manifestation de dissidence.
La police refuse de donner des nouvelles d'Ai Weiwei
Et la liste de ne cesse de s’allonger. Dernier en date : l’artiste chinois Ai Weiwei, virulent critique du gouvernement, a été interpellé, dimanche, au moment où il s'apprêtait à embarquer à bord d'un avion pour Hong Kong et la police a perquisitionné son atelier à l'extérieur de Pékin, ont annoncé ses collaborateurs sur Twitter. Huit de ses assistants ont été emmenés par la police pour interrogatoire et sa femme était sous sa surveillance à leur domicile, selon ces mêmes sources.
L'arrestation d'Ai Weiwei, 53 ans, intervient quelques jours après qu'il a annoncé son intention de s'installer à l'étranger pour ne plus être la cible de harcèlements au moment où les autorités ont encore renforcé leur répression sur les personnes critiquant le régime. Mardi il avait évoqué l'Allemagne: « Ce qui se passe ici est très décourageant et je veux continuer à travailler, je dois trouver une base ».
Designer du stade olympique de Pékin, l'artiste Ai Weiwei s'est imposé ces derniers mois, comme un véritable contestataire du régime. Attentif aux luttes sociales, il s’était lancé dans un combat pour la publication d'une liste des victimes du séisme du Sichuan de mai 2008, que les autorités se refusaient à diffuser .
Alors que Nicolas Sarkozy n’a pas moufté un mot à son homologue chinois de cette nouvelle vague de répression lors de son récent déplacement chinois, le quai d’Orsay n’a pu éviter de se prononcer sur l’arrestation de Ai Weiwei, artiste à la réputation internationale.
« Nous sommes préoccupés par le sort de l'artiste militant, Ai Weiwei, et nous suivons sa situation, ainsi que celle de ses proches, avec la plus grande attention », a déclaré lors d'un point-presse le porte-parole du ministère, Bernard Valero. « Nous espérons qu'il sera libéré au plus tôt », a-t-il ajouté.
De son côté, la police chinoise a refusé de fournir des explications sur les motifs de l'arrestation de l'artiste. L'ampleur et la dureté de la répression n’en finissent pas d’étonner compte tenu du peu d’échos concrets rencontrés par ces appels à manifester dans les rues.
Cyber-totalitarisme contre cyber-activistes...
La carte des opposants arrêtés ou disparus établie par Chinbese Human Rights Defender
Plus que les manifestations, ou les dissidents, c’est ici toute une génération de cyber-activistes que Pékin tente de museler selon Catherine Baber d'Amnesty International: « Les autorités n'ont pas seulement placé en détention des vétérans de la dissidence, elles tentent aussi de réduire au silence toute une nouvelle génération de militants sur l'internet ».
Le dissident Liu Xianbin, 43 ans, a été condamné la semaine dernière à 10 ans de prison pour avoir mis en ligne des textes pro-démocratie. « Le but de cette vague d'arrestations est de dompter l'internet en éliminant les critiques les plus connus et en incitant à l'autocensure les internautes », estime Nicolas Bequelin de Human Rights Watch, « les autorités réduisent au silence, l'une après l'autre, les principales voix critiques qui ont accumulé une large audience sur l'internet au fil des ans ».
Une campagne de répression qui se distingue ainsi nettement des cycles habituels de répression précédents tant elle vise « à réajuster la réalité avec la nature profonde du système politique chinois, et à forcer la société à rentrer dans le rang ».
Indifférente aux critiques, de plus en plus rares, de l’occident, le gouvernement chinois serait ainsi engagé dans la mise en place d’une nouvelle forme de cyber-totalitarisme avec dans son viseur les milliers d'activistes qui se déploient sur la toile. Une stratégie de conquête des territoires virtuels. Une lutte pour le pouvoir.
Régis Soubrouillard - Marianne
http://www.marianne2.fr/Pekin-multiplie-les-arrestations-parmi-les-cyber-activistes_a204723.html
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Lynchage de Noisy : Guéant nous la rejoue façon Kärcher
05/04/2011 17:06
Après le lynchage d’un jeune pour une rivalité amoureuse, le ministre de l’Intérieur s’est en mis première ligne mobilisant derrière lui les pontes de la police. Une méthode télégénique et théâtrale digne de ses prédécesseurs Sarkozy et Hortefeux.
Il existe une solution pour que la police soit plus efficace. Non pas sortir de l’idéologie de la rigueur budgétaire, non pas abandonner la politique du chiffre mais un bon fait divers, de préférence avec une histoire de bandes et de rivalités entre quartiers, histoire de s’adapter au 20H de TF1. C’est sans doute le meilleur moyen pour obtenir des moyens de police supplémentaires et qu’une enquête avance au plus vite. Le reste du temps, les forces de l’ordre ne rentrent dans certains quartiers, les plaintes n’aboutissent pas et les commissariats fonctionnent avec des bouts de chandelle.
C’est le cas avec le récent lynchage à Noisy-le-sec. Un jeune de 19 ans a été violemment tabassé samedi soir sous les yeux d’une jeune fille présentée comme sa petite amie dans la gare RER de la ville par plusieurs autres jeunes. Il est actuellement hospitalisé dans un état critique. Dans un premier temps, on a cru que l’agression était un vol, puis les médias ont bénéficié de fuites venant d'une « source proche de l’enquête » montrant qu’il s’agirait en fait d’une rivalité amoureuse. Les agresseurs venant de la cité du Bois-Perrier à Rosny-sous-Bois, n'auraient pas apprécié que la victime, originaire de Sartrouville. soit en couple avec une fille de leur quartier. Selon RTL, les jeunes de Rosny auraient même « prémédité » leur expédition punitive. Mais dans Le Parisien de ce mardi, le père de la victime a démenti toute relation amoureuse entre son fils et la jeune fille.
Mais peu importe les détails, l’histoire a tout pour attirer les médias, on a là un véritable Roméo et Juliette des temps modernes. Le Parisien, dans un grand élan de romantisme, écrit même : « Ils se fréquentaient depuis quelque temps et si, au début de leur relation, ils étaient restés discrets, ils affichaient désormais leur amour au grand jour ». Pour aller plus loin dans l'émotionel, pour ne pas dire le voyeurisme, le père de la victime a été invité a témoigner un peu partout dans les médias : RTL (qui a eu l’exclu), Le Parisien, Europe 1. « Ma femme et mes filles, tout le monde pleurait. Je l'ai vu allongé, des tuyaux dans la bouche, dans le corps. Les médecins ont dit que c'était grave. Franchement, j'ai beaucoup angoissé », a raconté le père sur Europe1. Un grand moment de radio.
Sociologues de service
Et la pression médiatique était telle que la police se devait de produire des résultats au plus vite. En moins de 48 heures, 10 personnes ont déjà été arrêtées dont 8 mineurs, le plus jeune étant âgé de 14 ans. Mardi matin, ils étaient toujours en garde à vue. Pourtant au même moment, toujours en banlieue parisienne, d’autres faits divers sanglants ont eu lieu sans attirer autant de caméras. A Aubervilliers, un homme a pris une balle dans la tête. Une rixe entre jeunes à eu lieu à Saint-Cyr-l’Ecole. A Garges-les-Gonesse, un homme a pris un coup de couteau dans un foyer Adoma.
Naturellement, le sociologue de service est également convoqué pour donner un sens à tout cela, généralement pour des analyses aussi plates que « la délinquance, c’est la faute à la société ». Certes, ce n’est pas forcément de la faute de l’universitaire, souvent interrogé à la va-vite par des journalistes qui ne connaissent pas ses travaux. A ce titre, Laurent Muccheilli, chercheur connu de tous les stagiaires qui savent taper « bandes des cités » sur Google, a été approché par de nombreux journalistes. Avec son collègue Marwan Mohammed, il raconte ses coups de fils incessants sur son blog. « Hier après-midi, puis ce matin, voici que le téléphone s’est mis à sonner. Un(e), puis deux, puis trois, quatre, cinq et finalement une bonne douzaine de journalistes, de radio, télévision et presse écrite nous ont appelés l’un et l’autre », écrit le sociologue.
Pour tenter de donner une validité scientifique au traitement de ce fait divers, Laurent Mucchielli s’est notamment exprimé sur RTL ce lundi. « En Ile-de-France, il y a tellement peu d’identité locale que le phénomène de quartier est exacerbé », a-t-il déclaré. Les journalistes ont donc trouvé leur filon : les bandes. Les bandes, personne ne sait ce que c’est réellement, mais tout le monde l’utilise, à défaut de décrire une réalité, il passe bien dans les médias. Ce terme inclut des actes délinquances provoquées par des effets de groupe, la criminalité organisée, les regroupements communautaires, les rivalités de quartiers de villes.. Tout autant de formes de violences non pas vues selon leur réalité sociologique mais selon leur apparence médiatique. Car, la plupart du temps, la délinquance n’est pas abordée dans les médias comme un problème social, judiciaire ou policier mais comme un événement théâtral avec ses acteurs et ses metteurs en scène.
Fièvre médiatique
En cela, une dépêche AFP du 3 avril fait le lien entre l’agression de Noisy et le meurtre d’Asnières survenu il y a quelque semaines. « Pour des sociologues, ce nouveau fait divers, après des rixes entre des bandes d'Asnières et de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, s'apparente à un nouvel épisode de rivalités entre jeunes de cités de la banlieue parisienne », écrit l’agence. Et la dite dépêche prête ces propos au sociologue Marwan Mohammed : « Il y a une identité territoire très forte (...) en Ile-de-France car dans cette région, (...) Il y a donc une identité de quartier qui est surévaluée ». Mais, selon Mucchielli et Mohammed, cette interview n’a pas été réalisée suite à l’agression de Noisy mais suite 15 jours plus tôt suite au meurtre d’Asnières. Réinterrogé, Marwan Mohammed a donné une autre version : « Dans ce fait précis, c'était un groupe contre un individu. Je m'interroge sur la lecture dominante, quasi animalière de ce fait divers impliquant: ‘Les femelles appartiennent aux mâles du groupe’ ».
Claude Guéant, en bon élève de Nicolas Sarkozy a évidemment récupéré l’affaire. Dès dimanche matin, il a convoqué une réunion au sommet avec Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale et Michel Gaudin, préfet de police de Paris (qui dirige la police de Seine-saint-Denis). Selon un communiqué du ministère, Claude Guéant, « a demandé que tous les moyens soient mis en oeuvre et, en particulier, l'exploitation rapide des images de vidéoprotection pour arrêter les auteurs de cette agression sauvage, afin que ceux-ci soient présentés devant la justice dans les délais les plus brefs ». Les autorités ne ratent jamais une occasion de prétendre que la vidéosurveillance, à défaut de prévenir les crimes, peut aider à la résoudre. Lundi, en marge d’un déplacement à Nantes, Claude Guéant a encore évoqué l’affaire, faisant part de ses « bons espoirs » sur l’arrestation des coupables. A l’aube d’une campagne 2012, où le bilan de la droite en matière de sécurité sera remis sur la table, il se devait d’être sur le devant de la scène.
Pourtant, on peut parier que dans quelques jours, cette affaire sera oubliée, tant des médias que du pouvoir. Elle connaîtra le même flop que les mesures promises après les émeutes de Grenoble. L’extension des peines planchers aux mineurs primo-délinquants a été censurée par le Conseil Constitutionnel, la déchéance de nationalité pour les meurtriers de policiers ou de gendarmes été retoquée par les sénateurs. De même, la baisse des moyens de la police continue. Car une fois la fièvre médiatique tombée, les promesses soi-disant sécuritaires du gouvernement s’envolent et les journalistes passent à autre chose. Pour Claude Guéant, le rideau du théâtre de l’insécurité est baissé, mais dans les quartiers populaires, la pièce continue de jouer.
Tefy Andriamanana - Marianne
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Le Front national assainit sa trésorerie et prépare 2012
05/04/2011 17:02
Endetté jusqu'au cou, le FN serait sur le point de conclure la vente du Paquebot et de rembourser ainsi la totalité de ses créances. Mais une fois les bailleurs payés, restent les élections à financer.
Et de trois ! Le Front national viendrait de signer sa troisième promesse de vente en deux ans pour le Paquebot, son ancien siège situé à Saint-Cloud. Le montant de la transaction « tourne autour de 10 millions d’euros », selon Wallerand de Saint-Just vice-président et trésorier. Soit environ 5 millions de moins que la somme escomptée par Jean-Marie Le Pen lors de la mise en vente en 2008, mais le même prix que la vente avortée d'octobre dernier. Si la négociation aboutit, « toutes les ardoises seront réglées », assure le trésorier du FN. Mais une fois les dettes épongées surgit la question des dépenses futures. Les deux campagnes électorales qui se profilent à l'horizon 2012 nécessitent de soulever des fonds. Tiraillé entre ses déficits antérieurs et ses frais prochains, le parti de Marine Le Pen serait-il menacé par l’état désastreux de ses finances ?
Reste à payer
Première créancière du parti, la Société Générale entend récupérer la modeste somme de 5,2 millions d’euros. Fin mars, la banque a demandé au tribunal de Nanterre de saisir le vieux QG frontiste. In extremis, le FN obtient un délai de deux mois grâce à la présentation de la promesse de vente à l'amiable. Pour l'instant, le parti refuse de communiquer sur la suite des négociations entamées fin décembre avec l'acheteur potentiel.
Autre bailleur plus inattendu, Cotelec, le micro parti créé par Le Pen père en 1988 pour financer ses campagnes présidentielles, a prêté 2,8 millions d’euros au Front.
Début mars, un huissier a également fait la surprise de venir sonner à la porte du nouveau siège du parti à Nanterre pour récupérer 160 000 euros de cotisations sociales dues à l’Urssaf.
« Nous avons aussi des dettes contractées, pour certaines, depuis 2007 avec des imprimeurs, ajoute Saint-Just. Mais ce sont des amis donc ils patientent. »
Enfin, la campagne des élections cantonales, même organisée de façon économe, a aussi représenté un coût, que le trésorier évalue à 350 000 euros.
Au total, le FN doit donc s’acquitter de près de 9 millions d’euros, soit le montant total du bâtiment de Saint-Cloud. Persuadé que le parti a déjà sorti la tête de l'eau, le trésorier ne retient que les conséquences positives de ces ennuis financiers : « Cette cure de pauvreté a été une très bonne chose pour le parti : on n'a plus dépensé un centime inutilement. »
Reste à dépenser
Sauf que combler son déficit ne signifie pas devenir créditeur. Une fois les 9 millions d'euros remboursés, les caisses du FN resteront toujours désespérément vides. Comment envisager de se lancer dans la course à la présidentielle sans un euro en poche ? « Nous cherchons à emprunter 10 millions d'euros pour la présidentielle, l'équivalent du montant remboursable, précise Saint-Just. Quand on ira déposer nos cinq cents signatures, le Trésor public nous fera une avance de 150 000 euros ; de notre côté, on fera des emprunts à la Société Générale et à la banque personnelle de Marine Le Pen. » Et pour les législatives ? « Nos candidats peuvent emprunter eux-mêmes, et grâce aux très bons sondages, ça va se bousculer au portillon. » Pas de panique donc, au FN, même sans le sou, on trouve toujours une solution.
Reste la question des conseillers de la présidente, qui travaillent et s'activent pour ébaucher un programme. Marine Le Pen rêve d'une équipe de vrais professionnels pour sa campagne, capable de gérer un agenda médiatique surchargé, de l'aider à penser les différents temps forts, et de former les centaines de candidats aux élections législatives qui devront disposer d'un discours cohérent et homogène.
« Pour le moment, les conseillers de Marine la conseillent gratuitement, se félicite presque le trésorier. On ne leur donne rien, on se contente de rembourser leurs billets de train en seconde classe, ils sont déjà très contents de travailler avec elle. » Côté conseillers, même discours : approcher la patronne, voilà la vraie récompense. Jusqu'à quand ?
Laureline Dupont - Marianne
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