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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Et si les Français étaient fatigués du marché ?

05/04/2011 07:41

Et si les Français étaient fatigués du marché ?


Journaliste politique expérimenté, Eric Dupin a choisi de prendre son sac et de rencontrer, deux ans durant, des centaines d'habitants aux quatre coins du pays. Il en ressort un livre superbe, qui nous apprend cent fois plus sur l'état d'esprit de la France que les centaines de sondages dont nous sommes abreuvés du 1° janvier au 31 décembre.

Jean-Michel Aphatie. Alain Duhamel. Olivier Duhamel. Jean-Pierre Elkabbach. Thierry Guerrier. William Leymergie. Dominique Seux. Eric Zemmour. Et quelques autres. Chaque matin, ils sont quelques uns à traduire l'humeur de la France, sur nos écrans et nos postes de radio. Ils sont censés être les médiateurs, le pouls du pays. Et ils ne se privent pas de le rappeler, en donnant du « Les Français pensent que », « pour les Français, il est clair que », « Les Français broient du noir », « Ils ont le blues », « personne ne France ne croit plus que », etc, etc.

Mais tous ces médiateurs sont-ils certains d'avoir du pays une vision actualisée ? Ils ne discernent souvent dans les sondages que ce qui vient conforter leurs propres croyances. Quant au peuple en chair et en os, il ne le perçoivent, dans la plupart des cas, qu'à travers des discussions de taxi ou de bistrot. On ne croise pas le populo en se rendant du Flore au studio de RTL ou d'Europe 1 plus un week-end à Deauville ou La Baule.

Quoique moins consacré par les médias, Eric Dupin n'était pas, au fond mieux équipé que tous ces hommes de médias pour sentir la France. Il connaissait le monde politique par les plis et les replis des restaurants parisiens. L'univers du sondage n'avait aucun secret pour lui, mais les labyrinthes de chiffres éloignent souvent de certaines trivialités.

Pourtant, un beau matin, hasard de l'existence ou fruit d'une sagesse patiemment accumulée ou  brusquement éprouvée, ce journaliste s'est convaincu lui-même que ce pays n'était plus lisible ou qu'en tout cas il lui échappait; que les commentaires sur ce même pays sonnaient faux, et lui étaient de plus en plus étrangers; que ses propres grilles de lecture, qui brillaient par leur originalité (pince sans rire, Eric Dupin, freelance de la politique, n'hésitait pas à se vendre comme un « Alain Duhamel du pauvre »), ne fonctionnaient plus.

Bref, comme il l'explique lui-même dans l'introduction de son ouvrage, Eric Dupin est parti à la rencontre des habitants de France. Nez au vent, sans arrière-pensée, ce qui, pour qui connait son cartésianisme obtus, n'a pas dû lui être facile... « Je n'avais rien à prouver », écrit-il d'une plume nonchalante. « C'est sans doute ce qui m'a permis d'atteindre mon objectif. »

 

DIx-sept voyages dans la France profonde ou pas

Tout est dit. Mais tout reste à lire. Car la France que nous fait découvrir Dupin au hasard de dix-sept pérégrinations et de centaines de rencontres, n'a pas grand chose à voir avec le pays dont nous parlent les médias tous les jours.

On chercherait vainement un échantillon représentatif dans ces 380 pages aussi édifiantes qu'agréables à lire. Il n'est guère pourtant de milieu social ou de profession que n'ait croisé l'auteur. Qui, quoique aimant visiblement l'immaculée blancheur des nappes de restaurant de nos régions, ne craint pas, pour varier les plaisirs et les rencontres, de dîner dans un routier après avoir déjeuné chez un abonné du Gault et Millau. Devenu observateur par fonction (que faire d'autre quand on se promène ?), Eric Dupin en retire une leçon lumineuse : « Plus le standing d'un restaurant est élevé, et plus sa clientèle est âgée. » On ne dira jamais assez à quel point l'état - et  l'humeur - de notre pays transparaît là où se nourrit son peuple.

La politique vu par ceux qui la subissent

La force du récit ? Son humanité, et au-delà, la façon dont l'auteur parvient à nous faire toucher du doigt ce qu'est la politique de la France dans chaque secteur - l'agriculture, la métallurgie, la pêche, le service public, la grande distribution - à travers ce qu'en vivent vraiment ses habitants. Ici se juge l'Union européenne, la priorité à la sécurité proclamée par Sarkozy, la désindustrialisation du pays, la déréliction de son école ou au contraire, le dynamisme de ses élus qui ne baissent pas les bras, la niaque de ses éducateurs qui veulent sauver ce qui peut l'être encore.

L'auteur en a tiré une conclusion évocatrice : les Français seraient, ose-t-il, fatigués de modernité. Bien vu. Quiconque a traîné ses guêtres un vendredi après-midi à l'hypermarché de Pontault-Combault, en est vite persuadé. A la lecture des récits et des histoires de vie recueillies, j'en aurais plutôt déduit, pour ma part, qu'ils étaient plutôt épuisés par le marché, du moins tel qu'il s'impose aujourd'hui, partout et tout le temps. Il est vrai que le marché et la modernité constituent depuis longtemps un couple illégitime.

Du patron de PME désespéré d'avoir à lutter contre une concurrence polonaise stimulée par les subventions de l'union au postier anxieux d'être moins compétitif que son camarade allemand au moment de l'ouverture du marché européen dans la poste grand public, tous nos concitoyens se persuadent, jour après jour, que la soi-disant liberté du marché restreint chaque jour un peu plus leur liberté personnelle, celle d'aimer le travail bien fait ou le service rendu.
 

Les décroissants au pinacle ?

La preuve ? Les seuls Français qu'Eric Dupin a trouvés vraiment rayonnants de bonheur sont ceux qui, justement, ont pu, vertu de l'âge ou du territoire, organiser leur activité en marge du marché tout puissant, quitte à se contenter de 1000 euros pour vivre. L'auteur parcourt ainsi moulte villages revivifiés par des urbains venus y poser leur sac une fois leurs illusions perdues.

Eric Dupin est au journalisme ce que Jean-Paul Delevoye est à la politique : un révélateur qui, du coup, doit être marginalisé pour que le système continue à ignorer les vérités qu'ils dénichent. Le refrain de Guy Béart redevient terriblement à la page : « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ». L'ex-Médiateur pourra méditer au Conseil économique et social, maison de retraite de la vie politique. Le second devra pointer, au pire, à Pôle emploi : bien souvent, dans la France de 2011, on ne réinvente pas le journalisme dans les journaux mais au contraire en les quittant.
 


Saint-Dizier, dans la Haute-Marne
Saint-Dizier, dans la Haute-Marne
Retrouvez en cliquant sur ce lien le site autour du livre d'Eric Dupin, Voyages en France, qui rassemble plusieurs centaines de prises de vue du journaliste lors de ses voyages. On y découvre quelques gueules mais surtout la variété des paysages français, sujet de fierté nationale, mais aussi du dernier roman de Houellebecq.
Philippe Cohen - Marianne
 
 








Exclusif: le programme du PS in extenso

05/04/2011 07:34

Exclusif: le programme du PS in extenso


Marianne2.fr s'est procuré le texte intégral du projet socialiste avant sa diffusion auprès des journalistes et du grand public et avant qu'il ne soit amendé par le Conseil politique et le Bureau national du PS.


Autrefois les partis proposaient des programmes et des militants pour les diffuser. Aujourd'hui, le PS se contente d'un « socle commun ». Quel est le sens du projet que s'apprête à diffuser la direction du PS ? Ce ne sera pas le programme du candidat socialiste. Il est censé lui donner un vivier de mesures dans lesquelles il pourra puiser. Certains diront que le futur candidat socialiste, qui qu'il soit, prendra soin de ne pas paraître recopier ce catalogue de 110 pages dont la hiérarchie n'est pas évidente.

Dans l'esprit de Martine Aubry, ce « presque-programme » a déjà une fonction interne : montrer aux militants qu'on peut faire exister une synthèse dans laquelle se retrouveront aussi bien les « Fabiusiens », les « Ségolénistes » que les « Hollandais » ou les « Montebouriens ». Les esprits chagrins noteront eux, que ce programme a soigneusement survolé ce qui pouvait diviser le PS ou l'électorat de gauche : la relation à l'Union européenne, la sécurité ou l'immigration. Pour un document qui prétend relever d'un récit national susceptible de faire renouer la gauche avec le succès, c'est fâcheux.

Mais ne soyons pas trop schtroumpfs boudeurs. Ce projet a le mérite d'exister. Il mérite un examen sérieux et approfondi. De la part de nos lecteurs d'abord. Pour le consulter dans sa version non encore amendée par les pontes du Parti socialiste (il s'agit d'une version « de travail » datée du 30 mars), cliquez ici ou téléchargez-le ci-dessous.

programmeps_marianne2.pdf ProgrammePS_Marianne2.pdf  (1.03 Mo)

http://www.marianne2.fr/Exclusif-le-programme-du-PS-in-extenso_a204719.html







Denain : Dominique de Villepin venu tester ses idées auprès des vraies gens

05/04/2011 07:29



Denain : Dominique de Villepin venu tester ses idées auprès des vraies gens

lundi 04.04.2011, 15:43
Denain : Dominique de Villepin venu tester ses idées auprès des vraies gens Dominique de Villepin, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac a visité lundi matin la Fonderie et acierie de Denain - PHOTO JOHAN BEN AZZOUZ
L'ancien premier ministre de Jacques Chirac a visité lundi matin la Fonderie et acierie de Denain (FAD), avant de rencontrer des chefs d'entreprise des environs.
Il a défendu ses projets d'entrée des salariés dans les conseils d'administration des entreprises et de revenu citoyen.
Même si les salariés ont davantage parlé de pénibilité au travail et les entrepreneurs, de fiscalité, le peut-être candidat à la prochaine présidentielle a posé énormément de questions et défendu la place de l'industrie en France.
La Voix du Nord
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A Denain dans le Nord, Dominique de Villepin à la rencontre le monde ouvrier
Dominique de Villepin a visité lundi matin la Fonderie et acierie de Denain (FAD), avant de rencontrer des chefs d'entreprise des environs.
Il a défendu ses projets d'entrée des salariés dans les conseils d'administration des entreprises et de revenu citoyen. Même si les salariés ont davantage parlé de pénibilité au travail et les entrepreneurs, de fiscalité, Dominique de Villepin a posé énormément de questions et défendu la place de l'industrie en France.
En visite à Denain dans le Nord ce lundi, Dominique de Villepin a proposé lundi d'engager une "révolution de la dignité", avec notamment la création d'un revenu minimum garanti de 850 euros par mois pour chaque Français et la cogestion dans les entreprises.
Interrogé sur le projet du PS lors d'un déplacement dans une fonderie à Denain (Nord), l'ancien Premier ministre a estimé qu'il n'y avait pas "beaucoup d'idées nouvelles, innovantes".
"Ce qui me frappe, c'est que tant du côté de l'UMP que du Parti socialiste, dans le fond, on semble se contenter d'ajustements politiques qui à mon sens ne sont pas à la hauteur des véritables enjeux si l'on veut vraiment refonder notre politique française", a-t-il déclaré.
"Je propose (...) d'engager une véritable révolution qui est celle de la dignité: conférer à chaque citoyen français la reconnaissance de sa dignité, (...) par un revenu garanti (...) de 850 euros qui permettra à chacun d'avoir à la fois la sécurité et la liberté d'entreprendre", a-t-il déclaré lundi, évoquant comme contrepartie "une obligation de projet pour chacun, qui serait personnalisé et suivi".
M. de Villepin a plaidé pour l'avènement d'un "nouvel esprit de dialogue social" pour défendre l'industrie, proposant "une cogestion à la française" qui consisterait à réserver aux salariés "un tiers des places dans les conseils d'administration et les conseils de surveillance".
"Cela change la répartition des pouvoirs, pour la discussion en matière salariale, pour les discussions en matière d'emploi, pour l'avenir des entreprises. Nous avons besoin de changer ce rapport de force", a-t-il poursuivi.
Interrogé sur l'antenne de France 3 Nord/Pas-de-Calais sur l'éventualité de sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, M. de Villepin a répondu que "nous ne sommes pas dans le temps de l'élection présidentielle". "Ce qui devra être annoncé le sera d'ici la fin de l'année, à un moment où nous serons alors dans le combat politique des présidentielles", a-t-il dit.
Source: Agence France Presse
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Dominique de Villepin en campagne

L'ancien Premier ministre visitait lundi une fonderie-aciérie à Denain dans le Nord. L'occasion pour lui de roder son futur programme.

Casque de chantier vissé sur le brushing, veste jaune fluo et lunettes de protection sur le nez au sortir de la fonderie-aciérie de Denain (Nord) : la visite de Dominique de Villepin, lundi, dans la ville du député-maire socialiste Patrick Roy, ressemble à s'y méprendre à un déplacement de campagne. Pourtant, on a tendance à oublier que l'ancien Premier ministre n'est toujours pas officiellement candidat à la présidentielle. D'autant qu'il s'applique à distiller les éléments marquants du programme de son parti, qu'il dévoilera plus en détail le 14 avril prochain.

Et c'est une véritable "refondation", une "révolution" même, que prétend mettre en place Dominique de Villepin : celle de "la dignité". Il faut "conférer, rendre sa dignité à chaque citoyen", martèle-t-il dans le TGV qui file vers Lille. "C'est une absolue nécessité." Au lendemain de la présentation par le Parti socialiste de ses 20 propositions pour 2012, Villepin entend bien se distinguer. Premier argument : le "revenu citoyen garanti" : un salaire pour tous, fixé à 850 euros, qui pourra être cumulé de façon dégressive jusqu'à 1 500 euros de salaire, en échange d'un engagement citoyen (bénévolat, associatif) ainsi que d'un service civique.

"La France est un pays riche !"

Rien à voir, selon lui, avec ce qu'il considère comme des "ajustements à la marge", des mesures "du passé", proposés par le PS et l'UMP. "Et qu'on ne vienne pas (lui) parler de financement", "la France est un pays riche !" s'exclame-t-il. Le budget de cette mesure représente 30 milliards d'euros, selon ses calculs, soit "l'équivalent des cadeaux fiscaux faits depuis 2007". Refusant la sinistrose ambiante, Dominique de Villepin veut se poser en porteur d'espoir.

Il anticipe les critiques et se défend de proposer une politique utopique, ou même d'assistanat : "Ce n'est pas de l'assistance, les gens donneront ce qu'ils ont à donner." Une proposition pour le moins originale qui prend le contre-pied de la politique de Nicolas Sarkozy, en redéfinissant la "valeur travail" sur laquelle le chef de l'État avait fondé sa campagne en 2007. Selon Dominique de Villepin, le slogan sarkozyste s'est heurté "au rocher de la mondialisation". "On est loin du travailler plus pour gagner plus", croit utile de préciser Dominique de Villepin. L'ancien Premier ministre veut sortir le travail d'une logique "conditionnelle" et refuse de stigmatiser les Français comme des tire-au-flanc.

Redonner confiance dans la politique

Il s'est d'ailleurs fixé un défi majeur pour 2012 : redonner confiance dans la politique. "Qui y croit encore ?" s'interroge-t-il. Dénonçant au passage les "querelles de personnes" dans la majorité, qui, selon lui, "n'arrivent pas par hasard", il estime que la France manque d'une manière générale d'"outils politiques". "Mon expérience m'a amené à penser que l'important, ce sont les outils", explique-t-il. D'où ses autres propositions majeures : la simplification des instances gouvernementales en réduisant le gouvernement à dix grands ministères. Actuellement, "les ministères ne répondent plus, ils sont fragmentés".

Autre élément essentiel de son programme : la création de huit régions puissantes, capables de rivaliser avec les "Länder" allemands. Enfin, Dominique de Villepin était venu parler de dialogue social aux salariés de la fonderie. Le fondateur de République solidaire propose notamment que les conseils d'administration des entreprises comportent un tiers de salariés.

"Les Français doivent pouvoir sortir d'eux-mêmes de leur souffrance, sortir de leur paralysie, c'est une main tendue à chacun", résume enfin l'ancien Premier ministre. Et lorsqu'un journaliste se hasarde à lui demander à quoi son programme est censé servir "concrètement" : "Est-ce que ce sera un programme de campagne ou doit-il servir d'inspiration aux futurs candidats, comme l'avait fait Nicolas Hulot et son pacte écologique en 2007 ?" - Dominique de Villepin répond, dans un sourire entendu : "J'ai beaucoup d'admiration pour Hulot, mais ça fait trente ans que je suis en politique..." sourit-il. Villepin n'est apparemment pas là que pour souffler des idées...

Source: Pauline de Saint Rémy, Le Point

http://www.lavoixeco.com/actualite/Region/2011/04/04/article_denain-dominique-de-villepin-venu-tester.shtml

http://2villepin.free.fr/index.php/2011/04/05/1857-a-denain-dans-le-nord-dominique-de-villepin-a-la-rencontre-du-monde-ouvrier






Compter les « musulmans », à quoi ça sert ?

04/04/2011 17:04

Compter les « musulmans », à quoi ça sert ?


On annonçait régulièrement qu’il y aurait jusqu’à 6 millions de musulmans en France. Pourtant, une étude récente de l’Ined en compte 2,1 millions. Elle a été peu relayée dans les médias. A l’heure où l’UMP clot son débat sur l’Islam, la question prend pourtant toute son importance.


Mettons les choses à plat. Le débat sur l’Islam (ou sur la laïcité) de l’UMP a déchaîné les passions autour de la communauté musulmane. Au cœur du conflit se trouve notamment le nombre réel de musulmans. En France, quelque soient ses opinions, chacun a intérêt à gonfler les chiffres, que ce soit pour entretenir le fantasme d’un choc des civilisations naissant sur le boulevard Barbès, flatter une potentielle clientèle électorale ou montrer ses muscles afin de défendre les intérêts de sa communauté.

Officiellement, l’Islam serait la deuxième religion de France. Claude Guéant met la barre très haut en estimant qu'il y a « entre 5 et 10 millions »
de musulmans. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, annonçait en juin 2010 un effectif de « 4 à 5 millions » dont 1,5 millions dans toute l’Île-de-France et 500 000 à Paris. A la même époque, le ministère de l’Intérieur donnait le chiffre de 5 à 6 millions. En décembre, lorsque Marine Le Pen avait lancé la polémique sur les prières de rues, ces chiffres avaient été brandis pour démontrer qu’il n’y avait pas assez de mosquées par rapport aux musulmans présents en France.

Reste à savoir ce qu’on met derrière ces chiffres. Une
récente étude de l’Ined dévoilait des données remettant en cause tous les préjugés sur ce qu'est la « communauté musulmane ». Selon l’institut, il y aurait… 2,1 millions de musulmans « déclarés » en France âgés de 18 à 50 ans. Mais « même en ajoutant les personnes âgées de moins de 18 ans, et celles de plus de 50 ans, ça ne ferait pas 5 millions », a expliqué à l’AFP Patrick Simon, co-auteur de l’étude.
 

Essentialisation

D’où vient ce gigantesque écart ? Tout simplement d’un biais sur la définition de ce qu’est être musulman. Le chiffre de 5 millions vient en fait d’une confusion entre appartenance religieuse et origine nationale. Dans une interview à Saphir News, Patrick Simon note que « la plupart des estimations sont fondées sur l’origine des personnes et non sur leur déclaration en matière de religion ». Bref, il suffit d’être originaire du Maghreb par exemple pour être compté comme musulman indépendamment de son attachement à cette confession. A l’inverse, l’Ined compte toutes les personnes se déclarant musulmanes : « Sont considérés comme ‘musulmans’ toutes les personnes ayant fait référence à l’islam dans leur réponse, quelles que soient leurs origines ou leurs pratiques », détaille Patrick Simon.

Ce biais a déjà été dénoncé par la démographe Michèle Tribalat. Et même si on sa basait sur la seule généalogie, ce chiffre serait au dessus de la réalité. En 2003, Michèle Tribalat
donnait le chiffre de 3,7 millions de « personnes susceptibles d'être musulmanes par filiation ». Mais comme être blanc et français ne fait pas forcément de vous un catholique, avoir des parents marocains ne fait pas forcément de vous un musulman. Ici, on confond une histoire familiale qui appartient au passé avec l’attachement revendiqué à une religion qui relève du présent. Faire ce classement, c’est assigner aux gens une identité qu’ils n’ont pas choisi en raison de la génétique, une essentialisation qui ne peut que fragmenter encore plus une société française qui n’en avait pas besoin.

Le chiffre de l’Ined souffre cependant d’un deuxième biais. Il confond croyants, pratiquants et revendications identitaires. Le ministère de l’Intérieur disait que 43% des musulmans comptés par ses services n’étaient pas pratiquants. De même, l’Ined rassemble tous les musulmans revendiqués quelque soit le niveau de leur pratique. Or, cette distinction a son importance. Si l'on cherche à connaître le nombre de musulmans pour évaluer la construction de mosquées, c’est le nombre de pratiquants réguliers qui compte. Et plus encore, c’est la concentration des musulmans dans certaines zones qui est la donnée la plus importante. Savoir qu’il y a 2 ou 5 millions de musulmans partout en France a peu d’importance, si on veut savoir s’il y a assez de mosquées, ce qui importe c’est de savoir combien il y a de pratiquants réguliers dans telle ville voire telle quartier.

Comptage ethnique déguisé ?

Mais, il reste qu’il y a des personnes qui se disent musulmanes même si elles ne seront jamais amenées à utiliser des équipements voués à la pratique de l’Islam. Se dire musulman n’est pas seulement le signe d’une pratique plus ou moins régulière, c’est aussi un blason, une façon de revendiquer une identité pour des personnes naviguant entre deux cultures. C’est une façon de savoir, de dire qui on est, indépendamment de ce que l’on fait.

De là, une question à poser. Compter les musulmans pratiquants pour savoir combien s’il y a assez de mosquées relève du bon sens urbanistique, au même titre de savoir combien il y a de personnes âgées pour construire des maisons de retraites. Mais à quoi sert de compter les musulmans revendiqués, pratiquants ou non ? Est-ce une façon de compter le poids d’une « communauté » ? Si la méthode de l'INED (le musulman est celui se revendique comme tel) est différente du comptage par la généalogie, les deux techniques posent la même question, celle de l'intérêt du comptage en dehors des objectifs pratiques (les mosquées).  Ne serait-ce pas une façon déguisée de faire du comptage ethnique ?

Il est vrai que, comme il est toujours interdit de compter qui, en France, est arabe ou noir, on se contente de compter les « musulmans ». Dans l’imaginaire collectif, le nombre de « musulmans » affichés renvoie autant un groupe religieux qu’à un groupe ethnique. On nage alors dans l’hypocrisie totale. Au lieu de se demander au bout de combien de générations on peut être compté comme musulman, ne conviendrait-il pas mieux de (ré)ouvrir le débat sur les statistiques ethniques ?

Tefy Andriamanana - Marianne
 







Quatre leçons et quelques illusions sur la chute de Gbagbo

04/04/2011 13:44

Quatre leçons et quelques illusions sur la chute de Gbagbo


L'issue ne fait plus guère de doute : Gbagbo va devoir abandonner le pouvoir. Alain Léauthier nous explique pourquoi son départ ne signifie pas automatiquement une grande victoire de la démocratie. l ne faut pas certes pas vendre la peau du Gbagbo avant qu’il ne soit tué, mais la fin du président sortant de la Côte d’Ivoire ne fait désormais plus de doute. Celui qui aimait son surnom de boulanger d’Abidjan, eu égard à sa légendaire habileté à rouler ses adversaires dans la farine, ne sortira vraisemblablement pas indemne du pétrin dans lequel il s’est fourré. Qu’il soit  exécuté, exfiltré ou simplement arrêté, Gbagbo, en tout cas, aura perdu le combat engagé tout à la fois contre son rival Alassane Ouattara, contre la France, les Etats-Unis et les institutions internationales. Comme l’on dit dans les gazettes où l’on prétend façonner le monde à partir des trottoirs de Saint Germain des Prés, l’événement est considérable. Et pas forcément si limpide quand la vérité du monde revêt tant de visages différents à Kaboul, à Tripoli, à Damas ou au Caire.

1) Première évidente leçon : la stratégie du  « seul contre tous les impérialismes »  a échoué.
Seuls les obligés du régime ou la masse hétéroclite des jeunes patriotes, mélange de voyous, d’étudiants précarisés et d’idéologues en mal de grand soir, ont répondu présent. Après avoir soutenu le « camarade Gbagbo », par ailleurs converti comme eux aux dures réalités du marché, deux géants du continent, l’Angola et l’Afrique du Sud l’ont finalement laissé tomber pour préserver leurs propres intérêts de puissances émergentes mais encore fragiles.

2) Un certain droit d’ingérence fonctionne.
C’est incontestablement le boycott  économique du pays qui a précipité la chute  de Gbagbo : la double paralysie du système bancaire et de la filière cacaotière a peu à peu étouffé le régime et explique  la désaffection  de pans entiers de l’armée et de la police. Quand la solde ne suit  pas ou menace d’être supprimée… Il semble d’ailleurs que le « timing » de l’offensive des Forces républicaines (FR) soutenant Alassane Ouattara soit directement lié à la question cacaotière: Gbagbo  espérait trouver un second souffle grâce aux  revenus de la petite récolte à venir qu’une compagnie chinoise se déclarait prête à acheter. D’autre part, certains producteurs ayant soutenu Ouattara pressaient ce dernier de hâter la conclusion car la précédente récolte, la plus importante dans l’année, menaçait de pourrir dans leurs hangars où elle était stockée en attendant la levée du boycott. À l’exception des Chinois qui n’ont pas réussi à sauver le régime, les multinationales ont donc respecté l’appel de Ouattara. Version optimiste : elles se sont pliées de bonne grâce à la légitimité démocratique qu’il représentait une fois le label «bon  élu » accordé par l’ONU et validé dans la foulée par les principales puissances du Conseil de sécurité. En réalité, la focalisation de l’attention sur le pays, relayée par les grands médias internationaux, rendait difficile une attitude de franc tireur désinvolte. Le problème n’est pas de faire du business sur des cadavres mais que cela se sache. La « communauté internationale » somnolente  lors de tant d’élections truquées, au Gabon, au Congo, au Burkina Faso et bien d’autres pays, s’est soudainement énervée sur le cas ivoirien. Les marchands sans frontière se sont donc adaptés. Adieu Laurent, bonjour Alassane, d’autant que ce dernier, ex-directeur adjoint du FMI et grand adepte des traitements de choc libéraux quand il officiait comme Premier ministre d’Houphouët-Boigny, fait pour ainsi dire partie de la famille. Selon un observateur privilégié du microcosme abidjanais, les nombreux groupes français présents dans le pays ont attendu les toutes dernières semaines avant de lâcher Laurent Gbagbo. « Quand ils ont compris qu’il ne pourrait pas s’en sortir. Ces derniers jours,  bien au contraire, ils espéraient un dénouement rapide de peur que l’économie ne soit durablement abîmée. »

3) Est ce le triomphe du droit sur l’injustice ?
Oui, incontestablement si l’on considère qu’un scrutin électoral constitue l’alpha et l’oméga d’un régime démocratique élémentaire, quel que soit le continent. De bons et honnêtes spécialistes de la Côte d’Ivoire estiment pourtant que les conditions du vote dans le Nord du pays auraient dû invalider l’élection d’Alassane Ouattara. Moins à cause d’une fraude ouverte qu’en raison du climat de domination violente que les ex-rebelles des Forces Nouvelles (les FN rebaptisés un peu artificiellement Forces Républicaines)  ont fait régner depuis 2002,  quand ils en ont pris le contrôle sans partage et surtout sans contre-pouvoir.  Ce n’est pas forcément inexact mais la situation dans les régions restées sous domination du camp Gbagbo ne témoignait pas d’un grand pluralisme quoi qu’en disent  Jacques Verges, Roland Dumas ou quelques socialistes français égarés. Le fait est que les deux parties avaient finalement accepté de se rendre aux urnes en toute connaissance de cause, même si effectivement le contrat ne présentait pas toutes les garanties de loyauté et de parfaite transparence. Mais Gbagbo a joué. Et il a  perdu. L’éthique,  dont se gargarisent quelques spécialistes patentés qui ne connaissent l’Afrique qu’à partir de leur chambre climatisée, n’y retrouvera peut-être pas tous ses petits. Et la participation massive des Ivoiriens au scrutin, au premier comme au second tour, constitue incontestablement un signe d’espoir pour le continent noir. Mais il faut probablement tourner la page : c’est le souhait  d’une majorité d’Ivoiriens qui ne se payent pas de grands mots et veulent avant tout (s’) en sortir

4) Alassane Ouattara sera-t-il l’homme de  la situation?
C’est évidemment aujourd’hui la seule question qui vaille. Sa victoire  ne suscite en réalité aucun enthousiasme même si la rue montre ou montrera le contraire. À tort, ou à raison, des millions d’Ivoiriens ne l’aiment pas. Ils le soupçonnent d’être depuis toujours l’ordonnateur de la rébellion qui a abouti à la partition de fait du pays à partir de 2002. C’est pour eux, « une bouche qui ment », un adepte du double langage, policé et feutré avec ses amis de la jet set internationale, brutal quand il s’agit d’organiser la prise du pouvoir. Ainsi, au cours des dernières années,  Alassane Ouattara a-t-il toléré, voir même ordonné les horreurs commises par tel ou tel « commandant de zone » des ex-FN dans le Nord ? Tel ou tel trafic ? Les accusations, gravissimes, n’émanent pas des seuls propagandistes du camp Gbagbo, qui oublient toujours leurs propres turpitudes, mais d’organisations comme Human Right Watch. Ou aujourd’hui même l’ONU qui s’inquiète publiquement des « atteintes aux droits de l’homme » dont les troupes de Ouattara se seraient rendues responsables au cours de leur offensive dans l’ouest et le centre. Alassane Ouattara devra très vite lever ces ambiguïtés et prouver qu’il n’est ni le chef, ni l’otage d’un groupe aux intérêts et aux pratiques quelquefois plus que douteux. Surtout, il lui faudra incarner toute la Côte d’Ivoire dans sa diversité ethnique et culturelle et pas seulement l’envie pressante de revanche, sociale et politique, des dioulas du Nord. Faute de quoi le printemps de la démocratie à Abidjan ne durera que le temps d’une amère illusion.
Alain Léauthier - Marianne

 

Dessin : Louison





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