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Etrangers: comment Sarkozy et Guéant ont rendu les expulsions impossibles
25/03/2011 10:16
Par manque de moyens ou de volonté, le gouvernement avait déjà du mal à remplir ses quotas d’expulsions. Et tous ses manœuvres pour faire accélérer les choses ont été retoquées. La fermeté affichée du chef de l'Etat risque de n'être que du vent.
Un accroc de plus dans la politique migratoire du gouvernement. Basé sur des quotas quasi-impossibles à respecter, sans vision d’ensemble, ni connaissance des flux, elle est en plus faillible juridiquement. Et dans ce domaine, l’enjeu n’est plus seulement national mais européen. En effet, une directive européenne dite « directive retour », adoptée en 2008, impose aux Etats-membres de fixer un délai de retour volontaire de 7 à 30 jours avant de pouvoir expulser de force un clandestin. Depuis le 24 décembre dernier, les Etats-membres n’ont plus aucune excuse pour ne pas avoir transposé cette disposition dans leur droit national, faute de quoi un sans-papier peut invoquer le texte européen devant la justice administrative pour faire annuler son expulsion. En effet, lorsqu’une directive européenne contient des dispositions très claires et précises, ce qui est le cas ici, elles s'appliquent directement dans les Etats membres.
C’est le cas en France, la directive retour n’étant pas encore transposée. Une projet de loi à ce sujet est actuellement en discussion au Parlement. Pour l’heure, les arrêtés préfectoraux de reconduites à la frontière (APRF) ne sont assortis d’aucun délai pour un retour volontaire, sans coercition ni passage en rétention. De ce fait, ces arrêts sont contestables devant la justice administrative au nom de la directive retour. Serge Slama, juriste au Gisti, estime, dans Libération, qu’il existe déjà des « centaines » de cas d’expulsions qui ont été ainsi retoquées. Et partout en France, des tribunaux ont ainsi annulé des décisions préfectorales concernant notamment des Tunisiens venus de Lampedusa. Tant pis pour les discours offensifs du chef de l'Etat à ce sujet.
C’est le Conseil d’Etat qui a donné le coup de grâce à Guéant et Sarkozy. Le 21 mars, saisi par le Tribunal administratif de Montreuil, il a confirmé que les APRF, tels que délivrés par les autorités, étaient bien contraires à la directive retour. « Il résulte clairement de l’article 7 de la directive du 16 décembre 2008 qu’une décision de retour doit indiquer le délai, approprié à chaque situation, dont dispose le ressortissant d’un pays tiers pour quitter volontairement le territoire national », explique l’avis.Toutefois, le Conseil d'Etat précise bien qu'un sans-papier coupable de fraude ou de trouble à l’ordre public ne pourra pas bénéficier de ce délai. Mais ces personnes ne seront pas pour autant de retour dans leur pays au lendemain de leur arrestation, il faut toujours un délai pour préparer le retour de l’intéressé. En fait, l’avis du Conseil va plutôt influer sur les personnes qui seront immédiatement susceptibles d'être placés ou non en rétention en vue d’une expulsion forcée.
Failles juridiques
Sur ce plan, une belle faille juridique vient de s’ouvrir, une faille qui met à bas les discours dits «sécuritaires» de Guéant et Sarkozy. En effet, sur un point particulier, la directive retour laisse une marge de manœuvre aux Etats membres pour expulser de force sans délai (et donc pouvoir placer en rétention) un sans-papier en cas de « risque de fuite ». Mais la définition de ce qu’est ce « risque de fuite » n’était pas précisé par le texte européen qui renvoie cette responsabilité aux Etats membres.
Le problème est qu’en France, il n’existe pas encore de définition précise de ce « risque de fuite », la loi sur l’immigration étant toujours en discussion. Un vide juridique s'est donc créé au détriment des envolées du chef de l'Etat. En effet, sans définition précise, le « risque de fuite » ne peut être invoqué pour expulser de force un sans-papier. Ce dernier pourra toujours de ce fait bénéficier d'un délai pour le retour volontaire et donc échapper à la rétention. Cette faille ne pourra être comblée que lorsque le texte sur l'immigration s’appliquera (peut-être en juin). Par son inertie, le gouvernement a donc lui-même mis en place les freins à sa politique migratoire.
On imagine facilement l’impact au quotidien. En 2009, 40 116 APRF avaient été délivrés. Si chacun se met à contester son arrêté, les tribunaux administratifs, qui n’ont pas besoin de ça, risquent d’être surchargés. La faille a bien sûr été exploitée par Marine Le Pen qui a dénoncé, dans un communiqué, l'« amateurisme déconcertant » du pouvoir. Face à cela, le Ministère de l’Intérieur a promis de faire passer des « instructions précises » aux préfets pour que les APRF mentionnent bien un délai de retour volontaire, probablement d’un mois comme le prévoit la future loi sur l’immigration. Par chance, l’avis du Conseil d’Etat n’affecte pas les Obligations de quitter le territoire français (OQTF), une autre procédure (40 191 en 2009) qui prévoit déjà un délai d’un mois pour que le sans-papier quitte la France de lui-même. Lorsque la loi sur l’immigration entrera en vigueur, tout devrait rentrer dans l’ordre. Enfin théoriquement.
Juges surchargés
En effet, cette loi prévoit, entre autres, que le délai maximal de rétention passe de 32 à 45 jours pour donner plus de marge aux autorités pour expulser les sans-papiers. La fin de la durée maximale de rétention est souvent un obstacle au renvoi au pays, la procédure pouvant être longue et compliquée. Pour exemple, 70% des décisions d’expulsions n’ont pas été exécutées en 2009. C'est notamment l'obtention d'un laissez-passer consulaire de la part du pays d’origine, document qui permet à l''intéressé de passer la frontière, qui peut poser problème. Selon un rapport de la députée UMP Béatrice Pavy, 34% de ces non-exécutions étaient dues à la non-délivrance durant le délai de rétention de ce document suite à l'absence de représentation consulaire, à un retard ou même à un refus pour et simple du pays concerné.
Car derrière, ces mesures, il y a un défi politique. Le gouvernement ayant eu du mal l’année dernière à remplir ses quotas d’expulsions, tous les artifices législatifs sont bons à prendre, même les plus tordus. D’un autre côté, mener une politique du chiffre, tout en baissant les effectifs de police et en pondant des textes de loi bourrées de failles est une chose peu aisée. Le problème est que maintenir plus longtemps les sans-papiers en rétention jouera naturellement sur leur population au risque de les surcharger. Le nombre de places en CRA devrait atteindre 2063 cette année, leur taux d’occupation était en moyenne de 69% en 2009.
Autre mesure pour remplir les promesses démesurées du chef l’Etat : retarder l’intervention du juge des libertés et de la détention (JLD). Ce dernier libère souvent des sans-papiers en centre de rétention administrative (CRA), empêchant ainsi toute expulsion par la force (le JLD n’annulant le principe du retour vers le pays d’origine). Ce sont 27% des décisions d’expulsions non exécutées en 2009 qui étaient dues à l’intervention du JLD. La loi sur l’immigration a donc prévu une mesure pour le contrer. Désormais, le JLD interviendra au bout de cinq jours et non plus de deux, et c’est donc le juge administratif qui interviendra en premier dans le contentieux. A la base, le juge administratif est censé seulement la décision d’expulsion en elle-même, mais vu qu'il intervient désormais en premier, il pourra aussi juger le maintien en rétention via un référé-liberté.
Usine à gaz
La mesure est une usine à gaz. Les juges administratifs arguent qu’ils seront surchargés par les procédures, sachant qu’ils devront se prononcer 72 heures après avoir été saisis. Auparavant, c’était plutôt sur le JLD que pesait le contentieux en la matière. Selon l’Union syndicale des magistrats administratifs, les JLD s’occupent en moyenne de 40 000 dossiers d’immigration par an contre 10 000 pour les juges administratifs. Inverser leur ordre d’intervention risque naturellement d’inverser cette tendance. Autre problème : la loi sera sûrement examinée par le Conseil Constitutionnel qui pourrait considérer que le report de l’intervention du JLD nuit aux droits de la défense. Bref, encore une mesure d’affichage vouée à faire du chiffre et risquant de n’avoir aucun effet concret.
Même exemple avec la Loppsi. Toujours dans l’optique d’accélérer les expulsions, le texte initial prévoyait que le JLD puisse statuer au sein même des centres de rétention. C'était autant de temps de transport gagné. En 2006, le gouvernement avait déjà aménagé des salles d’audience à l’intérieur de plusieurs CRA, mais, en 2008, la Cour de Cassation avait déclaré ces installations illégales au motif que la loi en vigueur n’autorisait que les salles d'audience « à proximité immédiate » des CRA et non en leur sein. La Loppsi était censée réparer cette petite subtilité juridique. Mais le 10 mars, le gouvernement a été retoqué par le Conseil Constitutionnel. Ce dernier a censuré cette mesure estimant qu’elle méconnaît « les règles du procès équitable et les exigences de publicité des débats ». Plus que l’indécence, c’est donc l’incompétence qui caractérise la politique de Guéant et Sarkozy.
Tefy Andriamanana - Marianne
Dessin : Louison
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Dupont-Aignan : "Ce front républicain est grotesque
25/03/2011 06:22
"Je ne voterais pas pour les candidats du système", indique le président de Debout la République qui croit que "le front républicain ne peut pas exister entre des partis qui ne sont pas républicains".
> Interview
L'UMP se déchire sur l'opportunité d'un front républicain pour faire barrage au FN au second tour des cantonales. Quelle est la position de Debout la République ?
- C'est un faux débat! Le front républicain ne peut pas exister entre des partis qui ne sont pas républicains. Ce sont des partis qui ont violé la démocratie avec le traité de Lisbonne qui s'est assis sur le référendum de 2005, des partis qui aujourd'hui payent les choix qu'ils ont faits depuis vingt ans. Ce front républicain est grotesque et ne peut faire que le jeu du Front national.
Ce qui me surprend, c'est qu'il n'y en ait pas un qui se demande pourquoi les Français se sont massivement abstenu et ont voté pour le Front national. Insécurité, trafic de drogues dans les banlieues… Personne n'en parle! Ils n'ont toujours rien compris, rien appris. Nous, notre position à debout la République est très simple: c'est un débat de farces et attrapes qui ne vaut rien et qui n'intéresse pas nos concitoyens. Je propose une autre offre politique nationale, républicaine, sociale, car c'est la seule solution pour le pays. Sinon, on fera de Marine Le Pen la nouvelle Jeanne d'Arc. Parce qu'ils proposent tous la même chose. Je propose une autre voix, et il faudra un rassemblement de toutes celles et tous ceux qui veulent renégocier les traités européens, nationaliser certaines banques, contrôler nos frontières, et le jour où nous aurons ce débat, vous verrez que nous aurons moins d'abstention.
Donc vous ne donnez pas de consigne de vote en cas de présence du FN au second tour des cantonales ?
- Je ne donne pas de consigne de vote. Chacun vote en fonction de ce qu'il pense, et je crois que la plupart de mes électeurs, de gauche comme de droite, voteront Front national, puisqu'on ne leur offre pas d'autres choix !
D'ailleurs, il faut noter que les candidats de Debout la République, là où il y en avait, ont fait de très bons scores, entre 10 et 20% dans certains cantons. Ce n'est pas significatif électoralement mais cela montre que lorsqu'il y a une pensée différente de la pensée unique dans l'offre politique, les Français l'entendent. Quand j'étais présent aux régionales en Ile-de-France, j'ai quand même fait 5% [en fait 4% en 2010, NDLR], et le FN n'a fait que 9%. Parce que Debout la République défend autre chose sans pour autant avoir les excès qu'on entend au Front national parfois.
Je comprends le vote Front national et je dis qu'il y a urgence à présenter une autre offre. Le Front national ne doit pas avoir le monopole du drapeau et de la République, que les autres ont abandonné.
Donc pas de consigne de vote. Mais vous, personnellement, que feriez-vous ?
- C'est le secret de l'isoloir, et pour l'instant le cas ne se présente pas. Mais en tout cas je ne voterais pas pour les candidats du système, ça c'est certain.
Pas pour les partis du système, vous parlez du PS et de l'UMP ?
- Ce sont eux qui nous ont menés au Front national. Donc je ne vois pas pourquoi je voterais pour eux! C'est quand même incroyable de recevoir des leçons de la part de gens qui ont tout échoué et qui voudraient qu'on vote pour eux, contre ceux qu'ils ont créé ? C'est l'épuisement d'un système qui a toujours échoué, qui a créé le Front national, et qui maintenant s'en sert pour se maintenir.
Je dis aux Français: ne désespérez pas, on va présenter un projet pour la France en 2012 et c'est pour cela que je veux absolument être candidat.
Interview de Nicolas Dupont-Aignan, député, président de Debout la République, par Baptiste Legrand
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Libye-Côte d’Ivoire: l’ingérence à géométrie variable
22/03/2011 06:39
Trois jours à peine après le début des attaques sur la Libye, une partie de la presse africaine et le camp Ouattara dénoncent l'abandon de la Côte d'Ivoire par la communauté internationale. Un deux poids-deux mesures dans l'engagement des puissances occidentales qui démontre que, du fait de leur complexité, les opérations de paix médiatico-démocratiques ont vécu.
En côte d’ivoire, on a pas beaucoup de pétrole, mais on a du cacao. Les esprits taquins souligneront que le pays se cherche également son BHL susceptible de focaliser l’attention de quelques grands de ce monde à coups d’éditos et d’interventions en direct-live. Passons. La côte d’ivoire n’est pas la Libye. Loin de la géopolitique Libyenne, le pays ne fait pas le poids.
A peine la résolution permettant la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne votée au conseil de sécurité de l’ONU, les premiers éditos polémiques affluaient dans la presse africaine : « La communauté internationale a-t-elle abandonné la Côte d’Ivoire ? C’est la question que bon nombre d’Ivoiriens se posent actuellement. Les ivoiriens ont l’impression qu’ils ont été oubliés par l’ONU, l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, la France, etc. au détriment des révolutions arabes. Ils s’expliquent difficilement la promptitude avec laquelle la communauté internationale avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis en tête, a réagi dès l’éclatement de la crise libyenne » écrit Le Patriote. Consacré par l’ONU, on le voit, le droit d’ingérence est à géométrie variable. Certes Kadhafi utilisait des avions et des chars contre son peuple, mais cela fait désormais 4 mois que la crise couve en Côte d’Ivoire. Massacres, charniers, guerre civile, connectionivoirienne.net parle de 500 morts, des milliers de blessés et des millions de déplacés. Bombarder Tripoli pour mieux ignorer Abidjan, cibler Kadhafi et épargner Gbagbo, telle est la « logique » d’engagement des puissances occidentales.
Une attention plus grande aux crises lucratives
« Tous les critères légitimant une plus forte intervention de la communauté internationale sont réunis mais celle-ci, au-delà de sa première salve de sanctions, est tétanisée alors que la guerre dont on parle au futur est déjà au présent » estime Christian Brazzin, spécialiste des organisations internationales qui dénonce le fait que « les grandes puissances démocratiques, France, USA, Grande-Bretagne sont déjà passées à une crise plus « lucrative », laissant en Côte d’Ivoire un sillon de mots et de déclarations vides. C’est normal, la Côte d’Ivoire n’est pas « à deux heures de Paris » au cœur de l’Europe, elle ne borde pas la méditerranée, elle n’est pas le pays d’en face avec 3% de la production mondial de pétrole haut de gamme ».
Constatant ce « deux poids, deux mesures », le camp d’Alassane Ouattara réclame ouvertement que, sur le terrain, l’Onuci joue plus efficacement son rôle de protection des populations civiles. Et là aussi, pour le camp Ouattara, l’exemple Libyen est un argument massue : « On ne peut pas comprendre que la communauté internationale se soit mobilisée pour la Libye et qu'elle ne puisse pas prendre des décisions fermes sur la Côte d'Ivoire. Il faut le faire immédiatement, c'est une question de vie ou de mort », a insisté Anne Ouloto, porte parole de Ouattara.
La fin des opérations de démocratisation faciles
Imparable à première vue: si l’on est favorable au droit d’ingérence, il ne doit souffrir aucune exception. La Libye certes, mais pourquoi pas la Tchétchénie, la Côte d’Ivoire, le Yémen, Bahreïn, l’Arabie Saoudite, la Corée du Nord. Tous les pays arabes et tous les Etats africains -qui se font très discrets dans leur pseudo-soutien à ce qui ressemble de plus en plus à une opération occidentale- encore sous le joug d’une dictature. Et la Chine, si le cœur vous en dit… Le conseiller pour la sécurité de Barack Obama y est allé de ses explications estimant que les situations en Libye et à Bahreïn « n’étaient pas comparables. Manama (NDLR : la capitale de Bahreïn) est un allié de longue date des Etats-Unis. La magnitude de la violence en Libye, où il y avait un dirigeant qui était en train de mener une campagne militaire de facto contre son propre peuple, excédait celle des situations dans d'autres pays du Moyen-Orient » a expliqué Ben Rhodes.
Théâtre de graves violences la semaine dernière entre le pouvoir et des manifestants conduits par les chiites, un chef de l'opposition a affirmé que 100 personnes étaient toujours portées disparues depuis le début de la contestation le 14 février, au cours de laquelle 16 personnes, 12 protestataires et 4 policiers, ont été tuées et des centaines blessées. Pour taper sur sa population et mater ses révolutions, mieux vaut donc quand même être un allié des USA avec quelques barils de pétrole à refourguer à la première puissance mondiale. Démonstration par l’absurde que les « expéditions démocratico-médiatiques destinées à faire avancer la démocratie au son du canon » selon l’expression du philosophe Marcel Gauchet, relèvent plus de l’arbitraire que d'un quelconque « droit » qui s'imposerait à tous. Tout engagement de la communauté internationale dans une action démocratique est le résultat d’un savant dosage aux ingrédients le plus souvent mystérieux. Depuis le Kosovo, la guerre d’Irak et encore plus l’Afghanistan, tout ce qui pouvait être « démocratisé » facilement l’a été. Toute intervention de la communauté internationale est aujourd’hui la promesse contraignante d’un engagement coûteux humainement et économiquement, sur une longue période. Un coût de moins en moins accepté par les opinions occidentales. D'où des opérations loin d’être toujours populaires quand elles se prolongent et d’autant plus délicates à négocier politiquement et diplomatiquement. Le tout sans garantie véritable de résultats. L'ingérence démocratique, très en vogue sous Reagan et Bush reprend du poil de la bête. Si elle se justifie dans les cas extrêmes de guerre civile ou de génocide, les bombardements de modèles politiques démocratiques prêts à l'emploi n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité.
Régis Soubrouillard - Marianne
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Tunisie: pas encore la démocratie, mais déjà un premier sondage!
21/03/2011 16:05
Quelques semaines après la révolution qui a fait tomber Ben Ali, la Tunisie découvre les joies de la démocratie et ses outils politiques. Parmi lesquels les sondages, gadgets survendus dans nos vieilles démocraties qui en abusent, ils apparaissent comme des outils de connaissance et d'expression politiques dans des pays récemment sortis de longues périodes d'absolutisme. Marianne2 dévoile les résultats de l'un des premiers sondages réalisé en Tunisie.
Après le temps des révolutions, la Tunisie découvre les joies fragiles d'une démocratie balbutiante. Parmi les nouveautés qui s'installent peu à peu dans le paysage politique tunisien : les sondages. Gadgets suspects, polluants des côtes démocratiques dans nos contrées qui en consomment plus que de raison, tout en relativisant leurs résultats, ils apparaissent comme un espace d'expression politique et de connaissance des aspirations des populations dans des pays à peine sortis de l'absolutisme. En Tunisie les bureaux d’études multiplient les enquêtes pour prendre le pouls de l'opinion.
Du temps de Ben Ali, ces enquêtes politiques n’étaient que très rarement réalisées, compte tenu du fait que le pouvoir n’acceptait aucune critique.
Selon l’un des premiers sondages politiques réalisé par l'Institut ID Claire, 64,3% de la population affiche un certain optimisme concernant l’avenir de la Tunisie contre 15,4% qui se montre plus sceptique. Les domaines à améliorer en priorité concernent la justice (34,1%), l’éducation (13,3%), l’administration publique (13%), la santé et l’emploi (7,9%). Les principales attentes et aspirations des personnes sondées sont en premier lieu l’amélioration du niveau de vie (27,3%), plus de justice sociale (18,1%) et une baisse du chômage (16,7%). La lutte contre la corruption, les réformes économiques et la réforme de la constitution font également partie des priorités.
Les Tunisiens défavorables à un régime présidentiel
Interrogés sur les changements à apporter à la Constitution Tunisienne, il apparait que la principale préoccupation est le nombre de mandats présidentiels qu’ils ont demandé de préciser et de limiter. Les répondants souhaiteraient également, à travers la constitution, garantir la démocratie, la liberté d'expression et la liberté de la presse. D’autres éléments ont été évoqués tels que l'immunité du président (qui doit pouvoir être levée), la liberté et la transparence des élections, la réduction des pouvoirs du président, l’indépendance de la justice, la séparation entre les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judicaire) et le changement de régime. Le parfait anti-portrait du régime Ben Ali...
Concernant le type de régime souhaité, la majorité des interrogés (66,2%) choisit le régime parlementaire. Cette préférence est principalement motivée par la volonté du tunisien de participer, de donner son avis et surtout de prendre part aux décisions. Seuls 18,1% veulent maintenir un régime présidentiel car depuis l’indépendance c’est le seul qu’ont connu les Tunisiens.
C’est le comportement des Tunisiens lors des différentes élections (municipales, législatives et présidentielles) qui se révèle particulièrement intéressant. Le sondage montre que la participation aux votes a toujours été très limitée. Il s’est avéré ainsi que seulement 18,1% ont déjà voté dans des élections municipales, 15,5% dans des élections législatives et 30,6% dans des élections présidentielles quand Ben Ali annonçait des scores fleuves de 85% voire 95% et des taux de participation jamais inférieurs à 80% !
Aucune figure politique ne sort du lot
A l’évidence, il est beaucoup trop tôt pour que les Tunsiens voient clair dans la nouvelle donne politique : « Concernant les représentants des partis, il apparait nettement un manque de connaissance étant donné que la scène politique de l’avant 14 Janvier était dominée par le RCD. Nous avons demandé aux répondants de nous donner spontanément leurs visions de l’orientation politique des partis. Faute de bien connaître le programme politique de chaque parti, les sondés ont donné des réponses subjectives » fait remarquer l’Institut.
Le sondage montre que les Tunisiens n’ont toujours pas de figure politique qui se distingue des autres vu que 83,3% des répondants n’ont pas donné de nom ! Néanmoins, Ahmed Nejib Chebbi, le leader du Parti Démocratique Progressiste prend timidement la tête du classement avec seulement 6,6%, suivi par Rached Ghanouchi (5,1%), le leader du mouvement islamiste tunisien, largement réprimé sous Ben Ali et qui a obtenu sa légalisation récemment après 30 ans d’interdiction.
Un air de démocratie souffle bien sur la Tunisie, mais le chemin sera long et difficile : le journal tunisien WMC rapportait récemment que lors d'un débat télévisé sur une chaîne privée tunisienne, on a demandé à un jeune ce que signifiait la démocratie pour lui, il a répondu: «Je ne sais pas. Vous me demandez quelque chose que je n’ai jamais connu et que je n’ai jamais pratiqué. Je répondrais à votre question lorsque je l’aurais pratiqué!». Tout est dit.
Régis Soubrouillard - Marianne
Dessin : Louison
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Cantonales : Sarkozy doit changer. Mais le veut-il ?
21/03/2011 16:02
Au lendemain du premier tour des élections cantonales, Maurice Szafran tire les enseignement du vote des Français, et notamment du divorce de la droite avec Nicolas Sarkozy, dont il analyse les causes.
La droite anti-sarkozyste
C'est sans doute la première et principale leçon qu'il faille tirer du premier tour des élections cantonales : une partie importante de la droite a divorcé (durablement ?) de Nicolas Sarkozy et donc, de l'UMP. Les très faibles scores du parti présidentiel - même si l'on tient compte d'une phénoménale abstention - en fournissent cette fois une preuve indubitable.
A dire vrai, ce rejet de ce président (de droite) par des pans entiers de l'électorat (de droite) ne constitue plus une surprise que pour les sarkolâtres - et il en existe encore une poignée. Il suffit en effet de tendre l'oreille, d'écouter les Français de droite, de tenir compte de la rage anti-Sarkozy qu'ils expriment, pour ne pas s'étonner un instant du résultat de ces élections en principe locales, mais permettant d'esquisser une carte politique résolument nationale, elle.
Ce matin, la priorité de Nicolas Sarkozy est donc plus évidente que jamais : reconquérir la droite, son cœur de cible, plus précisément encore les différentes composante du spectre droitier. Et c'est bien tout le problème car, en bon dialecticien qu'il est, le chef de l'État sait que, parfois, les contradictions peuvent se révéler insurmontables. Quelques exemples.
1. L'intervention contre Kadhafi. L'électorat centre droit-centre gauche (qui avait joué un rôle non négligeable dans la victoire de Sarkozy en 2007) approuve sans aucun doute l'initiative militaro-politico-humanitaire initiée par l'Elysee. Cela faisait longtemps, fort longtemps, qu'une telle concordance ne s'était plus produite. Mais l'électorat populaire d'une droite « plus droitière » tenté à nouveau par le Front National ? Rien n'est moins certain. Or, pour vaincre l'année prochaine, le président sortant a un besoin impérieux de « tenir » les deux bouts. Comment procéder? Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy n'a toujours pas trouve une esquisse de réponse. La preuve par le premier tour des élections cantonales.
2. Le débat sur la laïcité et l'islam. De nouveau le grand écart, celui qui finit par écarteler Nicolas Sarkozy. Car la droite modérée supporte mal,en effet, à la fois les termes de l'affaire - en fait, une stigmatisation de l'islam et des musulmans - et la stratégie a peine dissimulée : braconner en surenchérissant sur la thématique Le Pen. L'électorat de droite modérée est furieux de ce comportement; l'électorat ultra droitier, s'il partage le constat Sarkozy-Guéant, s'est laissé attirer par Marine Le Pen. Sarkozy le sait; Copé le sait ; Fillon le sait. Et ils savent tous les trois que la stratégie de radicalisation à droite imposée par Sarkozy depuis le discours de Grenoble en août 2010 se révèle un échec cuisant. Changer, mais comment ? Et le président le veut-il seulement ?
3. Contrer le Front National. En adoptant ses thèses, ses thèmes, ses mots et discours ? En autorisant en sous-main les électeurs UMP à voter en faveur du FN quand, au second tour, le parti d'extrême droite se retrouve seul face à la gauche?
Comment le dire sans maniérisme : quand, de la sorte, il fait de la politique, Nicolas Sarkozy perd une grande part de sa dignité.
Maurice Szafran - Marianne
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