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Face à Le Pen et Sarkozy : nos priorités
21/04/2011 07:22
Maurice Szafran répond, une bonne fois pour toutes, aux attaques essuyées par Marianne quant à son traitement médiatique du Front national : effectivement, le journal considère que la radicalisation de l'UMP et la paralysie socialiste sont de bien plus grands dangers pour la France que les poussées momentanées du Front national.
Dans une récente émission de télévision (« Mots Croisés » d’Yves Calvi sur France 2), notre consœur du Nouvel Observateur, Ariane Chemin, s'en est une nouvelle fois prise à Marianne - ce qui est parfaitement son droit, la polémique politique, idéologique ou culturelle étant plutôt a notre goût. Mais, plus précisément, que nous que nous reprochait ce jour-là l'excellente Mlle Chemin? Ceci : nous serions plus durs, plus sévères, plus impitoyables envers Nicolas Sarkozy qu'à l'encontre de... Marine Le Pen !
Alors, voyons voir.
D'abord, et même avant tout, nous n'avons pas de compte à rendre - hormis à nos lecteurs, et certainement pas à des confrères seraient-ils du Nouvel Observateur et, à ce seul titre, détenteurs d'une partie de la morale publique, du moins s'en sont-ils eux-mêmes convaincus... L'extrême droite, qu'elle soit incarnée en France par Jean-Marie, puis par Marine Le Pen, ça ne change rien à l'affaire, est un ennemi irréductible. Non pas un adversaire ; un ennemi. Inutile d'ailleurs d'en rajouter : seuls des esprits malades (ou inquiets, et nous privilégions d'ailleurs cette seconde hypothèse) peuvent nous soupçonner. De quoi d'ailleurs? De ménager le FN ? Ridicule, simplement ridicule. Aucune réponse ni explication à fournir, certainement pas.
Depuis les premiers jours de la République, l'extrême droite incarne une tradition et une force politiques ; plus ou moins importantes, plus ou moins influentes. Aux origines de la Ve République, l'extrême droite - le Front National en l'occurrence - fut longtemps marginalisée. Influence réduite. Mais comment faire, dès les années 80, avec le lepénisme renaissant ? Cette interrogation-là est plus nécessaire que jamais. Mais elle concerne avant tout les républicains, la droite et la gauche, leurs insuffisances, leurs silences et leurs lâchetés. C'est en cela que Jean-Marie puis Marine Le Pen et le Front National en tant que tels ne nous intéressent guère. Ils incarnent l'ennemi - nous le savons et eux aussi. Ce qui importe, ce qui nous concerne au premier chef ? Nos propres faiblesses, celles du camp républicain, ses reniements. Parfois, tant sur son flanc droit que sur son aile gauche. En 2007, nous nous étions réjouis que Nicolas Sarkozy parvienne à ramener de nombreux électeurs lepénistes parmi les républicains. Quatre ans plus tard, l'alignement du chef de l'Etat sur certaines thèses frontistes pourrait changer la nature même de la droite républicaine. Cela nous perturbe davantage que, par exemple, les élucubrations économiques de Mme Le Pen.
Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait exact...
Si une (bonne) partie de l'électorat dit populaire est sensible aux thèses (absurdes) notamment économiques, financières et sociales, du FN, c'est précisément en raison de l'incapacité de la gauche, de la social-démocratie d'assumer le défi social. Alors répétons-le à Ariane Chemin et aux autres : oui, la dérive de Sarkozy et les blocages du PS nous perturbent davantage que les coups de menton du FN.
Maurice Szafran - Marianne
http://www.marianne2.fr/Face-a-Le-Pen-et-Sarkozy-nos-priorites_a205264.html
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Moscovici jette un pavé dans la mare de Veolia
20/04/2011 07:43
La communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard présidée par Pierre Moscovici vient de décider de rompre le contrat qui l’unissait jusqu’en 2022 à Veolia. Un retour à une régie publique de l’eau rendue possible par un arrêt du Conseil d’Etat et qui pourrait en entraîner de nombreux autres.
Voilà une décision qui devrait faire des vagues et mériterait, sans doute aussi, d’atterrir dans le programme du PS pour la prochaine présidentielle. La communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard vient de décider de briser, avant terme, le contrat qui la liait à Veolia pour revenir à une distribution de l’eau en régie publique. « C’est une première puisque le contrat courrait jusqu’en 2022. Auparavant, ceux qui sont revenus en régie publique l’ont fait lorsque leur contrat de délégation de service publique arrivait à son terme », explique son président, le socialiste Pierre Moscovici, qui, dans le même temps, a décidé « unilatéralement » d’une baisse du prix de l’eau de 10%.
C’est d’ailleurs le coût élevé pour ses administrés du mètre cube d’eau qui a convaincu le député PS du Doubs d’agir : « Ce n’est pas une posture politique, mais une question de gestion. Je ne suis pas un idéologue, mais un pragmatique. Et mon pragmatisme rejoignait sur ce sujet mes principes ». Selon lui, le contrat de délégation de service public passé avec l’ex-Compagnie générale des eaux était devenu « caduque et obsolète » : « Les investissements réalisés par Veolia sont amortis depuis longtemps. La délégation n’avait plus de raison d’être aujourd’hui ». Pour parvenir à ses fins, le dirigeant socialiste s’est appuyé sur une décision du Conseil d’Etat, « l’arrêt commune d’Olivet », permettant de revoir à la baisse la durée d’une délégation de service public. La communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard pourra ainsi revenir à un système de distribution public d’eau potable dès 2015. Une action qui, Pierre Moscovici le sait bien, pourrait faire des émules : « Je ne suis pas en croisade. Mais si notre décision inspire d’autres collectivités, ça me réjouit. »
En revanche, dans les bureaux de Veolia, on ne doit pas vraiment se réjouir. « On sent une certaine crispation, une certaine nervosité, étant donné que ça ouvre une brèche dans un modèle économique datant des années 70-80, confirme Moscovici, Ils doivent songer à lancer un contentieux pour dissuader d’autres communes de faire de même. Mais j’attends leurs avocats. Je les attends de pied ferme… »
Gérald Andrieu - Marianne
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Garde à vue: comment Sarkozy a trop tardé à réformer
19/04/2011 07:18
Deux ans et demi que le problème de la garde à vue est sur la table. Il a fallu attendre des décisions du Conseil Constitutionnel et de la Cour de cassation pour que le gouvernement fasse enfin une réforme à la va-vite, quitte à bousculer tout le monde.
Il y a des exceptions qui confirment la règle. Si le chef de l’Etat, son gouvernement, ainsi que quelques députés UMP sont prêts à alourdir le Code pénal à chaque fait divers, il y a des cas où le pouvoir politique a fait preuve d’une totale inertie juridique. Le récent arrêt de la Cour de cassation a surpris tout le monde en indiquant que les nouveaux principes de la garde à vue, impliquant notamment la présence de l’avocat durant l’interrogatoire et le droit au silence, étaient d’application immédiate comme droits garantis par la Convention européenne des droits de l’Homme, texte de valeur supérieure aux lois nationales. Face à l’urgence, le ministère de la Justice a donc décidé que la nouvelle réforme de la garde à vue devait être appliquée tout de suite, même si la loi dit qu’elle n’entrera en vigueur... qu’à partir du 1er juin. On nage alors dans l’absurde. Du jour au lendemain, policiers, gendarmes et avocats ont donc basculé dans un nouvel univers juridique. A charge pour eux de s’adapter.
Et personne n’est content. Les forces de l’ordre se plaignent des difficultés posées lors des enquêtes et de l’absence de locaux adaptés pour permettre un entretien confidentiel entre le suspect et son avocat. Les travaux d’aménagement sont estimés à 21 millions. Les avocats pestent aussi. Les bâtonniers de Vannes et Créteil ont d’ores et déjà appelé leurs troupes à ne pas appliquer immédiatement la réforme et à attendre le 1er juin. Ils protestent contre la rémunération des avocats au titre de l’aide juridictionnelle (lorsque l’Etat prend en charge les frais de justice des personnes modestes). Pour l’instant, ces derniers seraient rémunérés 300 euros bruts pour 24 heures de présence alors que le Conseil national des barreaux réclame la somme de 366 euros. Les avocats de Seine-saint-Denis étaient d’ailleurs en grève à ce sujet la semaine dernière.
Personne ne semblait préparé aux conséquences de cet arrêt de la Cour de Cassation (pris en assemblée plénière). Pourtant, ce camouflet n’est pas le premier. En octobre, la chambre criminelle de la Cour avait déjà déclaré le régime de la garde à vue contraire à la Convention européenne pour absence d'un avocat lors de l'interrogatoire. La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), chargée de faire respecter la Convention, avait déjà sanctionné la garde à vue française quelques jours plus tôt pour non respect du droit au silence. En juillet, le Conseil Constitutionnel, dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité, avait déclaré le régime de la garde à vue contraire aux droits fondamentaux notamment les droits de la défense. Mais dans ce cas, le Conseil, suivi par la chambre criminelle de Cour de cassation, avait laissé au gouvernement jusqu'au 01 juillet 2011 pour modifier la loi dans le bon sens. L'assemblée plénière de la Cour s'est montrée plus pressée.
Des critiques dès 2009
Ces critiques juridiques à l’égard de la garde à vue à la française ne datent pas d’hier. Mais, paradoxalement, la première alerte est venue de décisions concernant … la Turquie. En effet, la Turquie, comme la France, est soumise à la Convention européenne. Et par deux arrêts condamnant Ankara en novembre 2008 et octobre 2009, la CEDH a rappelé que pour garantir un « procès équitable », la présence d’un avocat était requise tout au long de la garde à vue.
Après le deuxième arrêt de la Cour européenne en octobre 2009, les réactions n’ont pas tardé. Le Syndicat de la Magistrature et le Syndicat des Avocats de France ont rédigé une lettre ouverte. Me Christian Charrière-Bournazel, à l’époque bâtonnier de Paris, a aussi prévenu des conséquences des arrêts de la CEDH. Au niveau politique, Michèle Alliot-Marie, encore ministre de la Justice, a été interrogée à plusieurs reprises par des députés et sénateurs essentiellement de gauche via des questions écrites. Mais elle leur a répondu, en avril 2010, que tout allait bien : « Le droit français en vigueur pour les infractions de droit commun satisfait à cette exigence précise (de l’assistance d’un avocat, ndlr) puisqu'il autorise le gardé à vue à s'entretenir confidentiellement, dès le début de la garde à vue, avec un avocat ».
Sauf que la jurisprudence de la Cour européenne n’impose pas qu’une simple entrevue en début d’interrogatoire mais bel et bien une assistance réelle tout au long de la procédure. « La discussion de l'affaire, l'organisation de la défense, la recherche des preuves favorables à l'accusé, la préparation des interrogatoires, le soutien de l'accusé en détresse et le contrôle des conditions de détention sont des éléments fondamentaux de la défense que l'avocat doit librement exercer », précise la Cour dans son arrêt d’octobre 2009. Mais, sentant sans doute le danger, Michèle Alliot-Marie a renvoyé les parlementaires vers la réforme de la procédure pénale. Un projet avorté car seules subsisteront les mesures sur la garde à vue.
Le ministère de la Justice désavoué
On pourrait excuser MAM en disait que les arrêts de la CEDH ne concernaient pas directement la France. Mais entre les questions posées par les parlementaires et la réponse de la ministre, des tribunaux français ont appliqué la jurisprudence de la CEDH et fait annuler des gardes à vues s’étant déroulées sans la présence d’un avocat. C'est notamment le cas du Tribunal correctionnel de Paris en février 2010. Le Tribunal avait alors retoqué cinq gardes à vues en précisant dans ses attendus que le rôle du juge était « de faire prévaloir la Convention européenne, d’application directe en droit national ». L’article 55 de la Constitution prévoit en effet que les traités internationaux ont une « autorité supérieure » aux lois nationales. En cas de conflit, ici entre le droit français sur la garde à vue et la Convention européenne, le juge doit se baser le traité international.
Cette disposition va être mise en débat dès décembre 2010. Mais, malgré ce nouvel avertissement, Michel Mercier, nouveau ministre de la Justice, va rester aussi inerte que MAM. A cette époque, à Lyon, des juges s’opposaient au parquet général sur les règles à appliquer en cas de garde à vue. Les juges lyonnais arguaient qu’au vu de la jurisprudence de la CEDH, la présence continue de l’avocat devait s’appliquer sans attendre la nouvelle loi. Le même argument développé par la Cour de cassation dans son arrêt du 15 avril dernier. Pourtant, interrogé à l’époque par Marianne2, le ministère de la Justice avait récusé toute application immédiate au nom de la « sécurité juridique » : « Laissons à la réforme le temps d'entrer en vigueur ». Quatre mois plus tard, la Cour de Cassation donnera tort au ministère et raison aux juges lyonnais, obligeant ainsi une application en urgence de la réforme.
Mais la droite n’est pas seule responsable de ce fiasco. La gauche, le gouvernement Jospin en l’occurrence, y a aussi contribué. En effet, pour justifier sa décision de juillet dernier, le Conseil Constitutionnel a dénoncé le recours systématique à la garde à vue, qui devient le plus souvent « la phase principale de constitution du dossier de la procédure en vue du jugement de la personne mise en cause » et mérite donc un encadrement plus strict. Car, en quelques années, le nombre de gardes à vue en France a explosé passant de 336 718 en 2001 à sans doute à plus de 800 000 en 2010. Au delà de la hausse de la délinquance, bien sûr, le Conseil Constitutionnel explique ce chiffre notamment par la « réduction des exigences conditionnant l'attribution de la qualité d'officier de police judiciaire » aux forces de l’ordre. Or, seuls les OPJ ont le pouvoir de mettre quelqu’un en garde à vue.
Jospin responsable ?
Dans l’imaginaire collectif, « officier de police » renvoie aux policiers gradés comme les lieutenants. Mais, en novembre 1998, la gauche a fait passer une loi permettant aux policiers en tenue (gardiens de la paix, brigadiers-chefs et autres) d’être qualifiés comme OPJ, après trois ans de service, un exament et avis conforme d’une commission. L'objectif était, dans le cadre de la police de proximité, de permettre aux simples policiers de quartier d'avoir les coudées franches. De ce fait, le nombre d’OPJ a augmenté de 24% entre 2003 et 2009 passant de 20 794 à 25 864 au profit des policiers en tenue qualifiés comme OPJ. Les effectifs de ces derniers ont augmenté de 164% durant cette période, alors que le nombre d’officiers (du lieutenant au commandant) a baissé de 12% et de commissaires de 16%.
Bref, la réforme du gouvernement Jospin a contribué a augmenté le nombre de policiers pouvant placer quelqu’un en garde à vue, actant ainsi sa banalisation... dénoncée 12 ans plus tard par le Conseil Constitutionnel. Preuve que la gauche et la droite ont visiblement tout fait pour abattre le régime français de la garde à vue. Si les suspects viennent d’obtenir le droit au silence, certains ministres se sont attribués depuis longtemps le droit d’être sourds.
Tefy Andriamanana - Marianne
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Joly, Hulot ou l’avènement des candidats « in vitro »
15/04/2011 12:15
Les écolos ont désormais deux candidats potentiels. Mais on connaît peu de choses de leur pensée politique. D’ailleurs, ils la construisent au fur et à mesure sous le regard des Français-électeurs. Car contrairement aux responsables politiques traditionnels, ils se rêvent d’abord en candidats et ensuite, seulement ensuite, ils en viennent à se construire une ligne politique. Ce sont en définitive des candidats in vitro.
Europe écologie – Les Verts (EELV) n’en a décidément pas fini avec la stratégie du casting. Initiée lors des européennes de 2009, le rassemblement des écologistes rempile donc pour la présidentielle de 2012 avec deux recrues de choix : Eva Joly et désormais Nicolas Hulot. Deux membres de la « société civile » comme on dit aujourd’hui et comme on les aime tant à EELV. Chacun a pour lui son curriculum vitæ : Joly la magistrate opiniâtre et Hulot l’animateur télé tombé en pamoison devant le spectacle de la nature. Des concepts marketing en somme. Mais dont on ne connaît rien ou si peu sur le plan de la pensée politique.
D’ailleurs, ils effectuent leur mue de gens « normaux » issue de la fameuse « société civile » en candidat à la présidentielle sous les yeux mêmes des Français-électeurs. Ce sont des sortes de candidats in vitro. Des candidats façon Tamagotchis, ces petits animaux électroniques qui ont fait fureur dans les cours d’école à la fin des années 1990 et qu’il fallait nourrir sous peine de les voir mourir dans d’atroces souffrances numériques. Car contrairement aux responsables politiques traditionnels, ils se rêvent d’abord en candidats et ensuite, seulement ensuite, ils en viennent à se construire une pensée politique, un corpus idéologique, une ligne programmatique. Hulot vient par exemple de se déclarer candidat, mais il consulte des experts en tout genre et dans tous les domaines depuis des mois. Marianne révélait ainsi que Nicolas Hulot, parmi les nombreux spécialistes venus au chevet de sa pensée politique, avait fait appel à un sociologue spécialiste du care pour le former à la question sociale !
De quoi permettre à Eva Joly (qui, il faut le reconnaître apprend vite les règles du jeu politique, à commencer par la distribution de coups bas) de tacler son adversaire dans la primaire écologiste. Et ce, le jour-même de sa déclaration de candidature. Ainsi, Eva Joly explique dans une interview au Bondy Blog que Nicolas Hulot est « un nouveau venu sur les thèmes de la justice sociale ». Ce qui est vrai. Mais peut-être tout autant qu’elle. Car si Eva Joly se défend d’être « une nouvelle venue » sur le sujet et estime que ses « combats » pour « l’égalité devant la justice, pour plus de justice entre le Nord et le Sud depuis 15 ans » parlent pour elle, les Verts, eux-même, n’en ont pas toujours été convaincus. Outre le fait qu’Eva Joly ait eu par le passé la tentation du MoDem, il faut se souvenir que pour être accepté par l’appareil écologiste comme candidate potentielle à la présidentielle, il lui a fallu fournir une sorte de diplôme en gauchitude. C’était en août dernier seulement, lors de l’université d’été de Nantes des écolos. Elle a dû faire allégeance aux Verts ed la même façon qu'aujourd’hui, certains (à commencer par elle ) demandent à Nicolas Hulot de se positionner clairement en opposition avec l’autre Nicolas, Sarkozy. Elle aussi avait dû expliquer à qui mieux-mieux que la question sociale était indissociable de la question écologique.
Mais elle semble avoir oublié sa récente conversion. Car dans cet entretien au Bondy Blog, Eva Joly fait très fort et en vient même à moquer le choix de Nicolas Hulot de s’être déclaré en banlieue, à Sevran : « Personnellement, déclare-t-elle, j’ai vécu 22 ans en banlieue, dans le Sud de l’Essonne. J’étais une utilisatrice de la ligne C du RER, donc je connais bien les galères liées aux transports en banlieue. Pour Nicolas Hulot, c’est une façon de se positionner et de dire que l’écologie politique n’est pas uniquement environnementale, que c’est aussi du social. Je lui dis : “Très bien, bienvenu au club” ! »
Elle est décidément gonflée Eva. La banlieue, dit-elle, elle connaît. Et pourtant au tout début de sa campagne, elle était capable de déclarer dans Rue89 Le Mensuel qu’« en France, il n'y a plus de taudis ». Son entourage aura beau nous expliquer qu’elle parlait des bidonvilles comme en a connus la France des années 60, il n’empêche, il y a de quoi rester perplexe devant tant d’acuité de la part d’une candidate issue de la « société civile » et donc sensée connaître le pays, le vrai, pas comme ces foutus élites politiques… D’ailleurs, ses proches lui ont concocté dans la foulée de cette déclaration un petit tour de France pour aller à la découverte de la vraie vie des vrais gens… comme une vraie candidate in vitro qui apprend chaque jour un plus sur des sujets qu’elle devait pourtant maîtriser avant de prétendre à la magistrature suprême.
Eva Joly a beau jeu aussi de reprocher à l’ex-animateur d’Ushuaïa de ne pas avoir « dit un mot du nucléaire » lors de son discours de Sevran. Les militants d’EELV se souviennent sans doute que lors d’une de ses premières apparitions télévisuelles en tant que candidate, au Grand journal de Canal, elle avait été infoutue de dire clairement — en bonne candidate in vitro — ce qu’elle pensait du nucléaire. De quoi faire jaser sérieusement dans les rangs d’EELV quelques jours plus tard lors du grand raout écologiste de Grenoble.
En définitive, Eva Joly critique avec virulence Nicolas Hulot, mais qu’elle se rassure : il finira par prendre le même chemin qu’elle, par tenir sensiblement le même discours qu’elle, par être aussi formaté qu’elle. Elle a seulement quelques semaines d’avance sur lui (et des liens avec de grands groupes industriels en moins). Car tous deux sont bels et bien des candidats in vitro. Ils apprennent en marchant. Et souvent aussi en trébuchant. Le résultat est finalement assez déstabilisant. On aimerait voir se multiplier les candidats issus de la « société civile » et que ces derniers finissent par « dégager » (c'est à la mode) tous les vieux requins qui ont fait de la politique une profession.
Mais à regarder les errements des deux candidats écologistes, on se dit aussi qu’on ne s’improvise pas candidat à la présidentielle. Qu’un Tamagotchi façon Hulot ou Joly, c’est bien gentil, mais que ça n’a pas les épaules pour présider aux destinées du pays. Et l'on se retrouverait presque à regretter un temps pas si béni qui consistait pour les partis politiques à désigner le plus capé de ses membres comme candidat. Un processus certes pas satisfaisant (car confiscatoire), mais qui avait au moins le mérite de faire émerger des personnes dont la crédibilité politique était déjà assise. Une crédibilité politique qui, contrairement à aujourd'hui, ne se construisait pas dans un laboratoire à ciel ouvert, sous l'œil des caméras. Car si les Français doutent de l'honnêteté des vieux routards de la politique, ils doutent aussi de la crédibilité des personnes issues de la société civile. Et voir trébucher sans cesse ces candidats-là ne les aidera pas à y croire d'avantage.
Gérald Andrieu - Marianne
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Japon: les « intouchables » de Fukushima
15/04/2011 07:53
Considérée au temps du japon féodal comme une minorité d'intouchables employés dans les métiers impurs, la communauté burakumin compte près de 3 millions de personnes. Si toute discrimination officielle a disparu, des discriminations sociales, familiales ou professionnelles subsistent. Les sous-traitants de l'industrie nucléaire ont largement employé des burakumin pour les tâches les plus exposées à la radio-activité. Une pratique qui semble perdurer à Fukushima.
Ce sont les héros irradiés de Fukushima baptisés les « Fukushima 50 » par la presse internationale. Les 50 liquidateurs kamikazes restés sur le site le 15 mars 2011, le jour où l’incendie dans l’unité 4 a forcé à l’évacuation des travailleurs de la centrale.
Ils sont en fait plus de 700, selon des révélations récentes du Asahi Shimbun, le plus grand quotidien japonais, engagés dans une bataille quotidienne contre un « ennemi invisible ». « Immédiatement après le séisme du 11 mars, le nombre d’employés de Tepco et de ses sous-traitants, Toshiba et Hitachi sur le site de Fukushima s’est élevé à plus de 700 personnes » travaillant dans des groupes de « secours », « information », « service médical » et « sécurité ». Ils se relaient par groupe de 50 travaillant sur le site pendant 2 jours avant d'aller subir des tests à l'Institut de radiologie de Tokyo. Combien sont ils vraiment ? Sont ils protégés ? Payés ? D'après un recoupement disponible sur wikipedia, plus de 1800 personnes (fourchette basse) auraient travaillé sur le site depuis le 15 mars, si l'on compte toutes les filiales, sous-traitants, pompiers et techniciens etc.
Derrière les louanges à ces intrépides, une autre réalité, la face cachée de la société japonaise : les burakumin, assimilables aux « intouchables » en Inde, des marginaux, condamnés depuis la nuit des temps à exercer des métiers dégradants. Et à Fukushima, les agences de travail temporaire avouent avoir de plus en plus de peine à recruter des ouvriers qui acceptent d’aller travailler dans la centrale nucléaire.
Trop dangereux, trop exposé. Résultat, des travailleurs sans formation, itinérants réalisent l’essentiel des travaux dangereux –mais essentiels- dans les centrales. « C’est la face cachée de l’industrie nucléaire » déclare au New-York Times, un militant de l’amélioration des conditions de travail dans ce secteur d’activités. Parmi eux, des burakumins. Associés à la misère, au chômage, et à la criminalité, ils exécutent les tâches que personne ne souhaite faire.
Les hiérarchies sociales: une vérité refoulée
Une subsistance du système des castes : « la discrimination a commencé au 9ème siècle. Les burakumin étaient ceux qui touchaient le sang notamment les gens qui préparaient la nourriture pour les faucons, car la chasse au faucon était la grande distraction à l’époque. Tous les métiers liés au sang, au traitement des peaux et à la mort des animaux se sont trouvés marginalisés notamment en raison des préjugés shintô et bouddhiques de l’époque » explique Jean-François Sabouret chercheur au CNRS, spécialiste du Japon et auteur d’une thèse et d’un ouvrage sur les burakumin (l’autre Japon les Burakumin, éditions de la Découverte).
De là s’est forgée toute une hiérarchie sociale : les samourais (shi), les paysans (no), les artisans (ko) et les marchands -les plus méprisables (sho).
Mais également des hors-castes: les habitants des hameaux discriminés (hisabetsu burakumin), un statut héréditaire jadis, objet de nombreuses discriminations qui perdurent encore hélas pour beaucoup de nos jours. Il y avait les eta (littéralement les « plein de souillure » -êtres souillés- ceux dont le métier touche au sang et à la mort des animaux, au traitement des peaux ou au métier de bourreau) et les hinin ( non humains) considérés comme des « non-humains », souvent des criminels, mais qui avaient l’infime espoir de « réintégrer » la « bonne » société après avoir purgé leur peine dans les bas fonds.
Au nombre de 2 à 3 millions de personnes, il est quasiment interdit d’en parler dans les médias et en public.
Les petites mains de l'industrie nucléaire
En 1995, la chaine anglaise Channel Four diffusera une enquête de 30 minutes sur les conditions de travail dans l’industrie nucléaire japonaise, montrant notamment les effets de la dérégulation du marché japonais, l’absence de respect des normes de sécurité et l’irresponsabilité des industriels, notamment chez les sous –traitants de l’industrie nucléaire. Plus vous avez de sous-traitants, moins les normes de sécurité sont respectées.
Des travailleurs forcés à travailler au plus près du cœur des réacteurs à des chaleurs supérieurs à 40°c, obligés à se rendre sur les lieux au moment des accidents, contraints à éponger l’eau radioactive avec des serviettes, condamnés à effectuer des travaux de nettoyage, sans protections ni conscience des risques. Le documentaire soulignera que beaucoup d’entre eux sont issus de la caste des burakumin, sortis des ghettos de Tokyo et Osaka.
« Il est terrible de constater que le seul pays qui ait connu une attaque nucléaire puisse produire de telles souffrances avec ses propres centrales » témoigne l’un d’eux dans le documentaire.
Après la seconde guerre mondiale, les habitants des quartiers irradiés d’Hiroshima sont également l’objet de nombreuses discriminations avec une hiérarchie parmi les victimes. Parmi eux, les burakumin étaient soumis au « régime » le plus dur, contraints à rester dans leur quartier de misère à l’intérieur de la ville d’Hiroshima.
« Mais il n’y eut jamais d’enquête et le nombre exact des morts des différents ghettos d’Hiroshima reste inconnu. Sans famille à l’extérieur de la ville, les survivants durent rester dans la zone radioactive et vécurent pendant des années » écrit Philippe Pons, le correspondant du Monde à Tokyo en 1995, « absence de soins, épidémies, tuberculose : ils survivaient avec leurs plaies infectées dans les gravats, ramassaient des ferrailles ou abattaient chez eux des animaux dont ils vendaient la viande au marché noir, raconte Masamori Konishi, membre de l’Union de libération des buraku de la préfecture de Hiroshima… ».
Ruse tragique de l’histoire, à l’époque le quartier-ghetto des burakumin d’Hiroshima s’appelait…Fukushima.
Burakumin: la face cachée du Japon
Selon Jean-François Sabouret, spécialiste du Japon et dont le dernier ouvrage est Japon, la fabrique des futurs (CNRS-Editions), la discrimination des ancêtres des Burakumin est « presque aussi ancienne que l'histoire du Japon et de ses croyances locales». En 1868 arrive l’empereur meiji, et ses premières lois égalitaires qui mettent fin à toute discrimination. Les quatre classes officielles sont abolies, les japonais deviennent des sujets mais ils ne se passent rien pendant 4 ans pour les burakumin : « on leur crée un statut spécial de « nouveau citoyen ». Les gens du spectacle naguère discriminés durant l’époque d’Edo (sumo, kabuki, geisha…) sont libérés mais pas ceux des métiers liés à l’abattage des animaux et au traitement des peaux ».
En 1922, est créée la ligue des nivelleurs (suiheisha) ancêtre de la ligue de libération des burakumin créée la même année que le PC japoanais. Malgré les luttes, les discriminations persistent notamment dans certaines grandes entreprises, les recruteurs ont des consignes pour veiller à ne pas recruter des burakumin : « Ils avaient des annuaires qui fournissaient la liste et le lieu des ghettos. En 1976, la ligue de libération des burakumin a fait interdire ces annuaires. Mais, dans les faits, il y a encore des familles qui, au moment d’un mariage, font appel à des détectives pour savoir si leur fille n’est pas en train de s’amouracher d’un Burakumin. Cela coûte cher (environ 2500 euros), mais ce n’est rien à côté de s’apercevoir trop tard que l’époux de votre fils ou vos petits-enfants sont issus des descendants de la caste discriminée…» explique Jean-François Sabouret.
Malgré la ligue de libération, la lutte des Burakumin et les efforts des divers gouvernements japonais, notamment financiers alloués à l'amélioration de la situation matérielle des ghettos, la discrimination des Burakumin perdure aujourd'hui. Certaines personnes issues de cette minorité tentent d'effacer les traces de leurs origines, et de s'intégrer à la société normale, mais dans les faits, ils sont souvent les remiers à subir les conséquences sociales de la crise. Largement discriminés, des Burakumin se retrouvent aussi, comme certains descendants de Coréens dans les rangs de la pègre (les yakuza). Au Japon, cette persistance de pratiques féodales reste un sujet largement tabou.
Régis Soubrouillard - Marianne
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