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Lampedusa illustre la désunion européenne sur l'immmigration
15/02/2011 11:59
L’Italie a déjà déclenché l’alerte humanitaire face à l’arrivée de milliers de Tunisiens sur ses côtes. La France ne semble pas s’inquiéter. Et l'Union européenne paraît impuissante.
Déjà 5000 immigrants, majoritairement de Tunisie, sont arrivés en cinq jours sur la petite île italienne de Lampedusa disante de 130 kilomètres des côtes tunisiennes.Un homme est déjà mort sur une de ces embarcations de fortune. Ces migrants fuient les désordres politiques et économiques dans leur pays. Même débarrassés de Ben Ali, le pays reste dans l’incertitude et de nombreuses entreprises ont fermé. Le tourisme a été particulièrement touché. Face à cette crise, l’Italie a proclamé l’état d’urgence humanitaire et en a appelé à l’aide internationale. Rome a également accusé Bruxelles de ne rien faire pour l’aider. La Commission européenne a rétorqué que l’Italie avait refusé toutes ses demandes d’aide… ce que Rome a démenti. Mais on ne peut pas dire que l’Europe découvre ce phénomène.
La gestion des frontières de l’UE est depuis longtemps un problème politique. Les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc sont déjà tristement célèbres pour être une porte de passage pour les candidats à l’émigration clandestine. Mais surtout, la hausse de l’immigration venant de pays en crise politique est un phénomène connu. Et on peut se douter que la destination finale que ces immigrants à la France, grand pays d'accueil des migrants tunisiens. D'autres obtiendront le droit d’asile et donc le droit d’aller librement en France. Reste aussi à savoir combien réussiront à échapper aux gardes italiens ou renteront avec un simple visa touristique vite expiré. Marianne2 avait déjà montré comment la crise en Côte d’ivoire ou au Congo avait provoqué un fort afflux d’immigrés venant de ces pays. Ces crises peuvent également inciter les immigrés déjà présents à prolonger leur séjour. Quitte à passer dans la clandestinité pour des papiers non renouvelés.
Cette crise migratoire pourrait donc bien nous concerner à court terme. Pourtant à l’heure actuelle, le ministère de l’Intérieur n’a toujours pas réagi à l’affaire. Ni sur son site ni suite aux questions posées par Marianne2. Seules réactions officielles : celle d’Eric Besson, ministre... de l’Industrie et ex-ministre de l’Immigration. « Il ne peut pas y avoir de tolérance pour l'immigration clandestine » a-t-il dit sur Canal+ même « si certains peuvent avoir le droit à l'asile ». Le Quai d’Orsay a également réagi dans un communiqué disant que la France « affirme sa pleine solidarité avec l’Italie pour faire face aux arrivées massives de migrants irréguliers en provenance de Tunisie ». Le sujet devrait être abordé lors du prochain Conseil des ministres de l’Intérieur selon le ministère. Mais pas un mot sur la situation française en elle-même.
Manque de prévision
Pourtant, la situation politique en Tunisie, les troubles persistants en Algérie et au Maroc, sans parler des problèmes économiques, laissent présager que la situation n’est pas encore réglée. Même si l’Office des migrations internationales dit que le flux d’immigrants tunisiens vers l’Italie a, pour l’instant, cessé. Mais la Tunisie, avec une administration et surtout une police en pleine épuration de l’ère Ben Ali, ne saura pas faire face seule au phénomène. Cette perspective ne semble en tous cas pas inquiéter les autorités françaises. Un comportement caractéristique de la politique migratoire française où l’anticipation et la fine connaissance des flux ne sont pas de mise.
Une erreur car cet afflux risque d’avoir des conséquences importantes. Si des immigrants clandestins viennent directement en France, les préfectures, l’Ofpra, chargé des procédures des demandeurs d’asiles, et les centres d’accueil chargé de les héberger en attendant seront encore plus surchargés. Toutefois, les demandeurs d’asile passés clandestinement d’abord par l’Italie ne retourneront pas en Tunisie mais… en Italie. En effet, selon les règles européennes, le demandeur d'asile est censé s’adresser au premier pays européen par lequel il est rentré. C'est un peu le principe du retour à l'envoyeur. Ce qui n’est pas sans poser de problème vis-à-vis de l’Espagne, de la Grèce et de l’Italie, grands points de passage de clandestins, qui doivent donc gérer toutes ces ces procédures. On pourrait donc se demander si l’attentisme de la France n’est dû au fait qu’elle considère que le problème est du ressort de l’Italie. La solidarité européenne a ses limites.
Mais même si les immigrés rentrent en règle en France, le problème continuera de se poser. L’Ofii qui gère l’accueil des migrants a assuré à Marianne2 avoir « bien évidemment » les moyens de gérer un éventuel afflux même s’il n’y a pas de « signes particuliers » sur ce phénomène. Cela dit, les autorités françaises n’ont jamais su mener une politique de gestion à long terme des flux migratoires. La brusque entrée de migrants suite à une crise politique risquera de bousculer les marchés de l’emploi locaux. D’autant plus que la France connaît mal ses immigrés comme l’avait déjà souligné la démographe Michèle Tribalat dans Les yeux grands fermés.
Où est passé le développement solidaire ?
La seule solution que proposent les pays européens reste pourtant la répression plus bête que méchante. La France a demandé le renforcement des moyens de l’agence européenne Frontex chargée de coordonner la surveillance commune des frontières. Robert Maroni, ministre de l’Intérieur italien (de la Ligue du Nord, parti ouvertement anti-immigrés), a même proposé l’envoi de policiers italiens en Tunisie, déclenchant l’ire de Tunis qui a dénoncé une atteinte à sa souveraineté. Mais sans véritable politique de prévision concertée, tout ceci peut paraître vain. La polémique sur les Roms entre Paris et Bruxelles avait montré d’autres failles de la politique migratoire européenne. La Commission aurait été légitime pour défendre les droits des Roms si elle savait voir plus loin que la sacro-sainte libre circulation des personnes (et des capitaux et marchandises accessoirement). On gère les conséquences policière ou humanitaire sans gestion en amont.
Dans cette optique, au-delà d’une capacité à prévenir la fluctuation des flux migratoires, la solution à cette crise viendra de la stabilisation politique et économique des pays d’origine des migrants. Paris a déjà débloqué en urgence... 350 000 euros pour aider les populations tunisiennes dans leur pays. L'ambassade de France à Tunis précise que cet argent est une « assistance aux groupes les plus vulnérables de la population, en particulier aux enfants et aux personnes âgées ainsi qu’aux victimes des manifestations et aux personnes malades ». En regard des enjeux, la somme semble totalement dérisoire.
En créant le ministre de l’Immigration et de l’identité nationale en 2007, Nicolas Sarkozy avait pourtant consacré le « co-développement » (devenu développement solidaire en 2008) comme politique censée inciter les migrants à rester chez eux. Plusieurs accords ont été signés en ce sens avec le Congo, le Sénégal… et la Tunisie. Pour ce dernier pays, il semble que les grands principes du texte adopté n’aient pas résisté à la crise politique. A croire que la politique migratoire du chef de l’Etat n’est que du vent. Et que la régulation n'est décidément pas le fort de l'Union européenne.
Tefy Andriamanana - Marianne
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L'esbrouffe de Sarkozy ne passe plus
15/02/2011 11:51
Pour Maurice Szafran, le « show » présidentiel a atteint ses limites. Impressionnant dans sa campagne de 2007, le discours sarkozien ne trompe plus personne. Dans ces conditions, on peut donc se demander comment la gauche pourrait ne pas profiter de cette rupture entre le chef de l'Etat et les Français.
Les Français ne marchent plus dans la combine « géniale » du président-communicant. Ils l'écoutent ; ils ne le croient plus; ils suivent le show (huit millions de téléspectateurs et plus, l'autre soir sur TF1) ; ils n'en retiennent rien, sinon des mots creux et des formules éculées. Quoi qu'en disent Nicolas Sarkozy et son entourage, ses sorties à répétition - sur les écrans de télé sous de nombreuses formes - sont faites pour retrouver des points dans les études d'opinion. Or, les différentes cotes du chef de l'Etat demeurent basses, très basses. La preuve que « quelque chose » ne passe plus, même si l'on persiste à « admirer » l'artiste.
Reste à déterminer ce qui désormais « empêche » les Français.
COMMUNICANT OU BATELEUR ?
De 2004 à 2007- oui, trois ans ! - Nicolas Sarkozy sut conduire une exceptionnelle campagne électorale (ah, la couillonnerie des socialistes qui osent prétendre que, eux, trois mois leur suffiront...). Il s'avéra en effet un communicant d'exception. Mais cette forme, résolument moderne et novatrice - je parle comme les vraies gens, je fais les mêmes fautes qu'eux - s'appuyait sur un programme, sur des idées, sur des promesses, sur des bribes d’idéologie, aussi contestable tout cela fut-il.
Désormais, le discours de Nicolas Sarkozy ne fonctionne plus car il n'en subsiste que l'absence de résultats et la démagogie. Le fond ? Quel fond ? La réhabilitation de l'argent et sa bonne influence sur la société tout entière... Les idées ? Quelles idées ? Moraliser le capitalisme financier et ramener les traders, les banquiers à la raison et à la décence... Les résultats ? Quels résultats ? La progression ininterrompue du chômage et des agressions physiques contre les personnes... Et l'on pourrait tant et tant multiplier les exemples. Un bon communicant - et Nicolas est bien mieux que ça - ne peut « vendre » que ce dont il dispose. Le chef de l'Etat dispose-t-il encore d'une « came », d'une « marchandise » vendable ? Rien n'est moins sûr.
QUELS BONIMENTS POUR LE BONIMENTEUR ?
En 2007 - ce ne sera jamais suffisamment répété - Nicolas Sarkozy avait réussi une campagne exceptionnelle, sans doute la plus brillante en Ve République. Il parvint en effet à ce prodige : tenir, sans rompre à aucun moment, un fil allant de l'extrême droite (la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale) au centre gauche (la bourgeoisie était tombée sous son charme, bastonnant allègrement Ségolène Royal), sans jamais négliger une ode républicaine qui, grâce à Jaurès, à Mandel et à... Henri Guaino, ne manqua pas, elle non plus, de faire son effet.
Rien de tout cela, de ce tour de magie politique ne pourra être répété, copié, dupliqué en 2012.
QUELLE CAMPAGNE EN 2012 ?
Disons-le sans détour : aujourd’hui Nicolas Sarkozy n'en sait rien. Il balbutie, il tâtonne, il hésite, il change de pied. A l'été 2010, il lance à Grenoble une campagne nationalisto-sécuritaire teintée de xénophobie. Échec. Depuis, il vise à se présidentialiser (échec) et à s'internationaliser (échec). On dirait une large majorité de Français désormais insensibles à ses charmes, à ses retournements, à ses sautillements.
D’où cette hypothèse en rupture avec celles des meilleurs analystes de la presse d'opposition : et si la rupture entre Sarkozy et les Français - y compris au sein de son propre électorat - était irréversible ? Et si le sortant ne trouvait désespérément pas une nouvelle histoire à raconter ? Et si la communication en politique touchait enfin ses limites ?
Dans ce contexte, pourquoi la gauche, pourquoi l'opposition ont-elles autant la trouille? Nous aurons à l'évidence l'occasion d'y revenir.
Maurice Szafran - Marianne
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Selon les sondages, les Français veulent sanctionner les juges qu'ils soutiennent
15/02/2011 11:45
Selon Le Figaro, 62% des Français veulent des sanctions contre les juges. Dans 20 Minutes, on apprenait pourtant que 65% des Français soutenaient les juges protestant contre... les menaces de sanctions dans l'affaire de Pornic.
Si les sondeurs dirigeaient les interrogatoires, les erreurs judiciaires seraient légion, tant leur art de la formulation paraît subtil. Sur le même thème, un résultat peut être plus ou moins différent selon la tournure de la question. Le média-client prend ensuite un titre bien choisi et c'est comme cela que deux journaux peuvent dire tout et son contraire à quelques jours d'intervalles.
C'est le cas pour le mouvement des magistrats. Ils protestent actuellement contre les menaces de sanctions à leur égard proférées par Nicolas Sarkozy dans l'affaire de Pornic. Le rapport de l'inspection des services judiciaires, dévoilé par Le Figaro, a mis à jour plusieurs erreurs dans le suivi de Tony Meilhon, principal suspect. Les magistrats seront reçus ce lundi au ministère de la Justice après une semaine de report d'audience.
Mercredi 9 février, 20 Minutes publiait un sondage exclusif avec BVA. Le résultat : 65% des Français trouvaient ce mouvement « tout à fait » (39%) ou « plutôt » (26%) justifié. Pour le quotidien gratuit, « les magistrats ont remporté la première bataille de la guerre de l’opinion ».
Dans le Figaro d'aujourd'hui... c'est le contraire. Le journal titre en une : « 62% des Français favorables à des sanctions contre les juges ». En pages intérieures, cette défiance de l'opinion contre la magistrature est confirmée : « Les Français soutiennent fortement l'exigence d'une responsabilité accrue des magistrats défendue par Nicolas Sarkozy au lendemain du meurtre de la jeune Laëtitia ».
Tout est dans la question
Pour comprendre d'où vient cette différence, il faut donc se pencher sur la question posée. Chez BVA/ 20 Minutes, la formulation est telle : « Pour protester contre les propos que Nicolas Sarkozy a tenu la semaine dernière sur les magistrats, lors de l’affaire du meurtre de Laetitia Perrais, des syndicats de magistrats appellent à des grèves et à des manifestations le jeudi 10 février. Vous personnellement, trouvez-vous ces grèves et ces manifestations de magistrats tout à fait justifiées, plutôt justifiées, pas vraiment justifiées ou pas du tout justifiées ? ».
La question ne rappelle pas le contenu exact des propos du chef de l'Etat, ni le fond de la polémique sur la responsabilité des magistrats. Elle ramène le mouvement à une protestation contre le locataire de l'Elysée. De ce fait, le sondé est presque amené à se prononcer contre ou pour Nicolas Sarkozy. Et au vu de l'impopularité de ce dernier, il est facile de rassembler les troupes derrière les magistrats quelque soit le motif de leur colère.
Dans le Figaro, en revanche, la question est strictement liée à la responsabilité des magistrats : « Êtes-vous favorable ou défavorables à ce que l'on sanctionne les juges en cas de faute ayant entraîné une erreur judiciaire ? ». L'intitulé est même pervers : quelle personne de bon sens voudrait que quelqu'un ayant commis une faute avec de graves conséquences ne soit pas sanctionné ? Le sondage ne met pas en place de débat pour savoir si les dysfonctionnements de la justice sont dues aux erreurs des magistrats ou à un manque de moyens, les magistrats sont fautifs, point.
Opinion complexe
Mais le sondage bien orienté du Figaro repose aussi sur le choix d'un angle de traitement. Le sondage Ifop dévoile également des résultats plus favorables aux juges mais non mis en avant par le quotidien. Dans l'article, on apprend que 77% des Français veulent plus de moyens pour la justice , 83% trouvent les juges compétents et 76% intègres. En revanche, pour leur neutralité, le plébiscite est moins fort : seuls 57% des Français leur attribuent cette qualité. Peu étonnant, interroger les personnes sur la neutralité des juges les amènent à se positionner politiquement. Les sympathisants de droite peuvent trouver les juges trop complaisants avec les criminels récidivistes, les sympathisants de gauche peuvent les trouver trop cléments dans l'affaire Woerth et autres dossiers politico-financiers.
Ces deux sondages montrent que ce qu'on appelle l'opinion a un avis complexe face aux magistrats. Si elle défend la compétence d'une profession, elle dénonce aussi quelques « brebis galeuses ». Si, par anti-sarkozisme, elle est prête à se montrer solidaire d'un mouvement de protestation ou à dénoncer la mainmise du pouvoir dans les affaires, elle n'est pas prête à accepter son impunité. Au contraire, c'est parce que la justice indépendante est jugée fondamentale dans une société démocratique, que l'on doit exiger qu'elle puisse rendre des comptes. Des sanctions sont aujourd'hui possibles, encore faut-il avoir le courage de les appliquer.
Tefy Andriamanana - Marianne
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Jacques Sapir : pourquoi la France ne doit pas copier l'Allemagne (1)
15/02/2011 11:40
L’euro fait débat. Et c’est tant mieux. La crise de la dette, de la Grèce au Portugal en passant par l’Irlande, a remis sur la table l’existence de la monnaie unique dans sa forme actuelle comme dans son pilotage, deux questions que l’on croyait tranchées. Preuve de cette nouvelle disposition, des économistes tel Daniel Cohen acceptent désormais de se confronter dans les colonnes des Echos, avec leurs homologues plus critiques sur l’euro, comme Alain Cotta. Pour le premier, l’euro a servi de parapluie : « un an après, on pouvait se dire que la crise avait été parfaitement gérée. » Le second est plus dubitatif : « Personne ne dit comment la crise aurait été absorbée sans l’euro (…) Vous pouvez prétendre que la situation aurait été encore plus mauvaise sans l’euro, mais personnellement, je ne reçois pas cet argument. » En complément de cette vidéo des Echos qui donne à voir un échange de haut niveau, où l’on pourra entendre les arguments des deux camps, Marianne publie un texte de Jacques Sapir.
Le professeur de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, considèrent que ajoutées aux erreurs originelles qui ont prévalues lors de la création de l’euros, les effets des politiques d’ajustement, telle que décidées le 4 février dernier, sous le terme de « pacte de compétitivité » sont en passe de déclencher une terrible récession.
Parfaitement calibrées pour l’Allemagne ces décisions emporteront la plupart des économies, et notamment celle de la France. Pour Jacques Sapir, il s’agit donc de penser une politique alternative. S'inspirant des judoka, cette situation est susceptible de donner à la France l'opportunité de s'imposer à l'Allemagne. Écartant d’emblée le statut quo, qui verrait l’euro demeurer en l’état, il aborde tour à tour les deux options. La dissolution pure et simple, n’emporte pas sa préférence, qui va d’avantage à une modification profonde du pilotage de la monnaie unique, et avant tout à sa dévaluation vis-à-vis des autres monnaies. Nous publions son long texte en 5 parties, voici la première.
La crise de la zone Euro connaît une trêve, qui devrait durer jusqu’en mars 2011. Cependant, non seulement aucun des problèmes fondamentaux n’est résolu, mais les solutions partielles proposées, et présentées comme une avancée historique vers une Europe fédérale, posent bien plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
L’Euro s’avère un véritable problème pour la croissance des pays qui la composent. Ceci
devient de plus en plus évident avec les différents plans d’ajustement budgétaire mis en place à travers la zone. De fait, les propositions franco-allemandes du sommet européen du 4 février vont toutes dans le même sens : pénaliser la consommation, durcir le cadre social et enlever aux États un peu plus de souveraineté. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux gouvernements aient violemment protesté.
Le sommet européen de mars 2011 devrait connaître une nouvelle étape dans cet affrontement et voir soit l’accord vidé de sa substance soit une profonde rupture entre les pays de la zone Euro. Soyons en sûrs, la spéculation reprendra à la fin du printemps. Les effets cumulatifs des politiques d’ajustement budgétaire se feront sentir au second semestre 2011 et nous entamerons l’année 2012 dans une crise renouvelée de la zone Euro, mais où cette fois toutes les munitions auront été tirées et où la crédibilité des gouvernements sera largement érodée.
L’Euro concentre donc sur lui la totalité des contradictions qui sont nées de la politique néolibérale menée depuis le début des années 1980. Non qu’il en soit la cause unique. De nombreuses autres institutions, tant par leur absence (l’absence de toute harmonisation sociale et fiscale, d’un contrôle des capitaux, des mesures de protectionnismes altruistes ciblées) que par leur présence (les directives européennes dans certains secteurs, les politiques budgétaires et fiscales, menées par les différents États) contribuent à la situation actuelle. Nous le répétons : le néo-libéralisme est une totalité qui fait système.
Mais, aujourd’hui, ces contradictions s’incarnent et se concentrent sur l’Euro, tant d’un point de vue interne qu’externe. L’Euro, comme toute monnaie, est une « dette » d’un État (virtuel), émise comme contrepartie sociale des engagements de cet État vis-à-vis de sa population et devant servir au paiement de l’impôt (1). Fondamentalement, l’Euro ne peut exister de manière stable tant qu’il n’est pas adossé à un État européen collectant des impôts et garantissant le transfert des dettes privées en dettes publiques. Or, cet État n’est pas de nature du possible, ni aujourd’hui ni dans un avenir qui nous soit maîtrisable. L’hypothèse fédérale est rejetée par les peuples qui forment des communautés politiques trop différenciées tant par l’histoire que par leur culture et leurs institutions (2) pour pouvoir se fusionner en une communauté politique unique.
Aujourd’hui, nous voyons bien que son maintien – sous sa forme actuelle – ne peut que plonger les pays de zone Euro dans une récession qui durera de nombreuses années. C’est pourquoi il importe de faire sauter ce carcan et de rendre ainsi possible la mise en place d’autres nécessaires mesures. C’est un commencement et certainement pas une fin, comme le prétendent certains. Mais, c’est un commencement indispensable et il est illusoire de croire que ces autres mesures puissent être mises en action avec un Euro dans sa forme actuelle. C’est pourquoi la question de l’Euro, d’une possible sortie de la zone comme de sa possible évolution et transformation, est appelée à dominer le débat politique en France, mais aussi de plus en plus en Europe, pour les mois à venir.
La question de l’Euro, pour un pays comme la France est en réalité double. D’une part, l’Euro nous impose des contraintes sur notre commerce extérieur « hors zone » tant pour des raisons de taux de change que du fait d’un manque de réglementation. D’autre part, l’Euro exerce sur nous des contraintes fortes dans le cadre de la zone Euro en nous empêchant de dévaluer. Ces deux types de problèmes sont très souvent mélangés. On va tenter ici de les séparer pour en étudier les effets. Par ailleurs, l’idée d’aligner la politique économique de la France sur celle de l’Allemagne apparaît comme une profonde erreur.
En raison de sa démographie, la France a besoin de bien plus de création d’emplois que l’Allemagne. Cette dernière, quoique plus peuplée que notre pays, a aujourd’hui un tiers de moins de jeunes dans son système éducatif du fait de la chute catastrophique de sa natalité. Or, promouvoir une véritable politique industrielle en France, et faire reculer le spectre de la désindustrialisation, imposera à notre pays un taux structurel d’inflation très différent de celui de l’Allemagne. La solution fédérale impliquerait que l’Allemagne accepte de subventionner la France par des transferts budgétaires importants et qu’elle procède à une politique de relance. C’est à l’évidence impossible et il faut savoir qu’aucune force de l’échiquier politique allemand ne préconise une telle politique.
Il nous faut dès lors concevoir une politique originale pour la France, en dehors de toute tentative d’imiter un pays dont les structures apparaissent à la fois différentes des nôtres et condamnées dans le long terme.
(1) Lire L. Randall Wray, « Money », Working paper n° 647, The Levy Economics Institute of Bard College, Annandale on Hudson, NY, 2010. C.A.E. Goodhart, « Money and Default » in M. Forstater et L. Randall Wray (edits), Keynes for the Twenty-First Century, New York, Palgrave-Macmillan, 2008.
(2) Et il faut rappeler ici la continuité des arrêts de la cour constitutionnelle allemande sur ce point.
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Face à la détresse, comment redonner espoir au monde agricole ?
14/02/2011 10:19
Vendredi, j'ai passé la matinée avec les agriculteurs de Seine et Marne, avant de participer samedi à un débat dans le Rhône (à Vaugneray) sur le thème de l'agriculture et du monde rural.
La situation de l’agriculture française est très contrastée. La hausse du prix des céréales (qu’il faut cependant relativiser car nous sommes revenus au prix de 1983) donne une bouffée d’oxygène à certains mais asphyxie les éleveurs. Ces derniers sont coincés entre le prix de vente du lait, toujours très bas, et le prix d’achat des aliments pour bétail qui a explosé.
Le résultat est là : les exploitations laitières sont prises à la gorge, le lait est vendu en dessous de son prix de revient. Bientôt il faudra importer du lait en France à mesure que les agriculteurs disparaissent.
Mais le désastre n’est pas seulement économique et social, il est humain. Dans l’indifférence générale, 400 agriculteurs se sont suicidés cette année (plus d’1 par jour). Au-delà de l’étranglement financier qui les désespère, c’est aussi la perte de maîtrise de leur activité qui les déstabilise.
Ce matin, un des agriculteurs me disait : « on nous vend des semences enrobées d’insecticides, nous ne savons même pas ce qu’il y a dedans. Ceux qui nous conseillent sont les fabricants qui incitent à mettre toujours plus d’engrais, malgré la mode de l’environnement ». C’est comme si le pharmacien était médecin. Les primes qui ont remplacé les garanties de prix enferment aussi les agriculteurs dans une bureaucratie européenne sans précédent.
Un autre me disait : que l’épuisement des sols est la conséquence de la logique de l’argent roi qui a emporté ce milieu. A qui servent les recherches de l’INRA si on manque d’agronomes de terrain capables de conseiller les agriculteurs, de mutualiser les bonnes expériences. Beaucoup d’entre eux ont conscience de la nécessité absolue de préserver leur terre pour garantir la fertilité. Ainsi il est vital de pratiquer la plantation de protéagineux qui permettent pendant trois ans de régénérer le sol.
Mais le problème majeur et central réside bien sûr dans l’ouverture totale des frontières qui met notre agriculture en concurrence avec des pays aux normes sociales et environnementales très faibles. Compte tenu du coût de la main d’œuvre et de la haute exigence que nous avons quand même en France, il va de soi que les producteurs de lait ne peuvent pas supporter la concurrence des pays de l’Est, voire l’Ukraine.
Le combat majeur doit, bien sûr, est celui que je soutiens depuis longtemps, d’une exception agricole sur le modèle de l’exception culturelle à l’OMC.
Pourquoi les artistes, le monde du cinéma se sont-ils protégés pendant qu’on laisse mourir nos paysans ? Tout simplement parce qu’ils vivent à Sain Germain-des-Prés et qu’ils ont su peser sur le pouvoir politique qu’ils craignaient de perdre leur soutien médiatique.
Si l’on veut redonner une dignité à nos agriculteurs, garantir la qualité des aliments que nos enfants mangent, permettre l’autosuffisance alimentaire de la France et de l’Europe à un prix stable, il faut bien sûr protéger nos marchés. Ce qui sera peut être bien pour l’Europe, sera aussi très positif pour l’Afrique car nous ne maîtriserons les flux migratoires que lorsque le paysan africain pourra vivre de sa terre.
Nous reparlerons de tout cela lors de ma visite prochaine au Salon de l’Agriculture le 25 février.
Nicolas Dupont Aignan
http://blog.nicolasdupontaignan.fr/post/Face-%C3%A0-la-d%C3%A9tresse%2C-comment-redonner-espoir-au-monde-agricole
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