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Chiffres du chômage de février : Un trompe l'oeil pervers !
25/03/2011 10:43
Si Xavier Bertrand avance timidement que les chiffres du chômage sont encourageants, la réalité est plus sombre. En effet, le nombre de chômeurs seniors et de longue durée augmentent et la durée des offres d'emploi diminue !
Selon le Ministère du travail : « Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A a baissé de 0,1% pour s'établir à 2.701.100 fin février en France métropolitaine, soit 2.100 demandeurs d'emploi de moins qu'à fin janvier (...) »
Ce qui a permis à Xavier Bertrand de déclarer : « Après les bons résultats enregistrés en janvier, ce deuxième mois consécutif de baisse globale du nombre de demandeurs d'emploi est encourageant (...) »
Que constate t-on ? : pour la catégorie A, "B et C" la baisse est de 0,1%. Néanmoins, sur 1 an la hausse pour ces catégories sont respectivement de 1,3% et 4,1%
Ces chiffres ne doivent pas occulter une réalité : Le Chômage change de nature ! Si on licencie moins, on embauche moins. Bilan : les demandeurs d'emploi restent plus longtemps privés d'emploi !
C'est surtout visible pour les plus de 50 ans. Ceux qui devaient, selon le gouvernement et le Medef, trouver plus facilement un emploi avec le recul de l'âge légal de départ à la retraite !
N'est ce pas monsieur Pillard ? ( Président de la commission Protection sociale du Medef ) : « l'allongement de la durée d'activité est un facteur important de croissance et d'emploi. Les entreprises sont prêtes à se mobiliser pour franchir une nouvelle étape dans la gestion des carrières des seniors » - Medef Résultat de cette « mobilisation » des employeurs ?
« Les chiffres de Pôle Emploi publiés jeudi soir montrent une explosion du chômage chez les seniors (...) » écrit le JDD Cette situation est d'autant plus grave que précise le journal ceux-ci « pointent de plus en plus longtemps » à Pôle Emploi !
Dans le détail : « (...) Leur proportion augmente parmi les inscrits à Pôle Emploi. Ils représentent environ 20% des chômeurs, contre 17% (...) En moyenne, ils restent 377 jours inscrits à Pôle Emploi (...) Ils alimentent ainsi les bataillons de chômeurs de longue durée, qui continuent de croître (...) »
Et ce n'est pas la prime de 2000 €, proposée aux entreprises qui embauchent un plus de ... 45 ans, qui risque d'améliorer les choses !
Tous âges confondus : Des offres d'emplois de plus en plus courtes !
Les offres d'emploi : « Le nombre d'offres pour des emplois de moins d'un mois a bondi de 16,8%. Pour les emplois d'un à six mois la hausse est de 0,4% et pour les emplois de plus de six mois elle est de 2,7% » - Yahoo/Reuters Ce à quoi il faut ajouter le scepticisme de Jean-Louis Walter le médiateur de Pôle Emploi. En effet, nous dit Europe1. Celui-ci : a publié son rapport annuel, jeudi. S'il fustige certaines méthodes de Pôle Emploi, il met en doute celle du gouvernement en ce qui concerne le chômage de longue durée ! : « (...) Commentant la demande de Nicolas Sarkozy d'organiser des entretiens pour les demandeurs d'emploi de longue durée dans les trois mois, le médiateur s'est montré sceptique sur l'efficacité d'une telle démarche (...) » - 20 Minutes Des résultats vraiment encourageants, comme ... les heures supplémentaires !
En effet, en 2010 : « (..) 749 millions d'euros ont été déclarés par les entreprises au titre des heures supplémentaires exonérées par la loi sur le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat, dite loi TEPA, au 4e trimestre 2010. Sur un an, le nombre connaît une augmentation de 2,4 % (...) » - Le Particulier Ou celles de janvier 2011 : (...) En janvier, le nombre d'heures supplémentaires des entreprises de plus de 9 salariés sont reparties à la hausse (+6,5%) » - Boursorama Cherchez l'erreur !
Slovar
http://slovar.blogspot.com/
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Libye 2012 : la première guerre sondagière
25/03/2011 10:39
Un billet très court pour revenir sur la guerre déclenchée par le Président Sarkozy en Libye, et qui est toujours actuellement en cours. Si la légitimité de cette intervention n'est pas contestable, la manière dont Mr Sarkozy a monté cette opération démontre de manière définitivement qu'il n'est pas l'homme de la situation.
A contre-temps et à contre-courant :
L'enchaînement des évènements et des décisions qui a amené le Président de la République française à déclencher seul les opérations en Libye est éloquent sur sa capacité à transformer en plomb tout ce qu'il touche déjà évoquée.
Si personne de sensé ne peut contester la nécessité d'aider le peuple libyen à se libérer de l'emprise du clan Kadhafi et de sa répression sanguinaire, la manière dont cela se fait soulève un nombre important de questions malheureusement sans réponses positives.
D'une part la France a dans cette affaire le plus mauvais rôle : celui du va-t-en guerre aux ordres des américains (si Sarkozy a poussé à une intervention, celle-ci ne s'est faite qu'après "l'autorisation" de Barak Obama, extorquée d'ailleurs par Hillary Clinton sur la base de la fausse assertion d'un soutien arabe).
La France n'est que le fidèle "servant" des USA dans cette opération, en concurrence avec le Royaume-Uni.
Ensuite, et nonobstant les mouvements de menton et les déclarations martiales à l'emporte-pièce, la réalité est simple : la France n'a pas les moyens d'assumer seule cette guerre (pourtant contre un pays faible militairement et proche de nos positions).
Cette opération intervient ainsi alors que l'armée française est en pleine débacle matérielle et morale, laminée par la politique de désarmement malheureuse de Sarkozy, associée à une attitude maladroite vis à vis de l'institution militaire, maltraitée comme l'éducation nationale ou la Justice (que l'on se souvienne de l'incident de Carcassonne).
Après avoir fermé des bases (par exemple Nîmes, Nice, Aix les Milles), et les escadrons de chasse et de bombardement, on se retrouve incapables d'assurer une présence aérienne permanente,sans l'aide d'autres pays. Ce qui est un comble pour une grande puissance présente sur tout le globe !
Enfin, l'intervention vient trop tard. Le terrain libyen est assez simple et ses impératifs sont connus depuis la seconde guerre mondiale : le verrou de la Cyrénaïque est Mers el Brega (appelé souvent Brega). Une fois ce verrou tombé, Benghazi est indéfendable sur terre et c'est toute la Cyrénaïque qui est menacée. La position d'Ajdabyia (ancienne Agedabia) n'est pas une position sérieuse, c'est juste un carrefour de routes qui commande toute la région, mais uqi peut être aisément contourné.
Entendons-nous bien, la question n'est pas de savoir s'il fallait intervenir, mais plutôt de savoir pourquoi on a tant attendu (uns outien arabe ? nous ne l'avons pas plus aujourd'hui qu'en début de mois - un soutien russe ou chinois ? idem).
Cette intervention est beaucoup trop tardive et laisse les insurgés (pourtant aidés en secret depuis le début du mois - voir les livraisons de canons antiaériens françaises à Benghazi) en position affaiblie : la Cyrénaïque est menacée, et ils ne peuvent plus soutenir les villes soulevées à l'Est (Tripolitaine) : Misrata est abandonnée à sons ort, comme Zaouyia et autres...
Une guerre sans chef et sans plan :
Perdu dans sa activisme et son agitation chronique, et incapable d'avoir la moindre réflexion, Sarkozy se retrouve aujourd'hui à la tête d'une "coalition" sans chef et sans plan, faite de bric et de broc et qui a vocation malheureusement à se déliter avec le temps (voir les atermoiements italiens par exemple).
lancer une campagne aérienne n'a de sens que dans deux hypothèses :
- soit la structure politique du pays présente une faiblesse à l'action aérienne : cette hypothèse est rare mais explique le succès remporté contre la Serbie à l'issue d'une longue campagne uniquement aérienne qui a mis le clan Milosevic à genoux et l'a forcé à négocier la paix et accepter une occupation terrestre du Kosovo. Cette campagne est d'ailleurs la seule où la décision a été exclusivement remportée par les bombardements aériens ciblés et efficaces, révolutionnant la stratégie aérienne (voir par exemple cet ouvrage qui expose les tenants et les aboutissants de cette "révolution").
La Libye est-elle dans cette configuration ? D'après les éléments en notre possession, on peut en douter, aucune des emprises de la tribu Kadhafi n'étant réellement vulnérable par les airs.
- soit préparer une intervention au sol en "attendrissant" les défenses ennemies, réduisant son potentiel matériel et démoralisant les hommes : c'est le cas classique de la préparation aérienne, version moderne des préparations d'artillerie, précédant le soffensives terrestres.
Or la Coalition n'a ni l'intention, ni les moyens d'intervenir au sol dans un cadre offensif (même si les USA paraissent rassembler des forces de Marines en Méditerranée).
Il reste un scénario de type "afghan", l'offensive terrestres reposant sur des forces locales. Si l'on peut douter des capacités des insurgés à réaliser ce type d'offensive, le résultat de ce type de scénario, aboutissant comme en afghanistan à remplacer une domination tribale par une autre ne peut satisfaire sérieusement aucun stratège.
Bref, la guerre aérienne actuelle a été lancée sans Stratégie sérieuse d'exploitation, misant (pariant serait plus exact) sur un effondrement de Kadhafi qui ne s'est pas réalisé.
Car de fait, et c'est la situation actuelle : une fois la "no flying zone" établie, on fait quoi ?
Un nouveau concept : la guerre sondagière :
Car en fait, l'opération déclenchée par Sarkozy n'a pas pour but de résoudre la situation libyenne, mais est avant tout liée à des considérations de politique intérieure.
Comme je l'avais entrevu, le pouvoir UMP est aux abois et prêt à tout pour se sortir de la nasse d'impopularité dans laquelle il se trouve, même en déclenchant une guerre (voir notamment mon billet "donc il faudra une guerre" et celui sur Sarkozy "l'homme qui transforme tout ce qu'il touche en plomb").
C'est donc à un nouveau concept de l'histoire militaire que nos courageux militaires (pensons notamment à nos pilotes qui risquent leur vie pour cela) que Sarkozy nous confronte : la guerre sondagière, comme aux plus belles heures du colonialisme.
La fuite en avant est flagrante et il ne recule devant rien pour faire oublier son bilan catastrpohique et les perspectives sombres à laquelle il destine les français.
Ce calcul va-t-il être le bon ? nul ne peut le savoir même si le "son du canon" a tendance à doper à court terme la popularité des dirigeants en place.
Certains pourront argumenter contre notre analyse, qui est pourtant la seule qui nous paraisse expliquer pourquopi si nous intervenons aussi violemment en Libye, nous ne bougerons pas pour la Syrie, le Yemen, le Bahrein....
Par Verdun
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Entretien à L'Opinion :
25/03/2011 10:31
Entretien de Jean-Pierre Chevènement à L'Opinion, propos recueillis par Christian Authier, 25 mars 2011
Dans un essai riche et peìneìtrant, La France est-elle finie ?, Jean-Pierre CheveÌnement scrute le passeì, le preìsent et l’avenir de notre pays tout en s’interrogeant sur les forces aÌ l’œuvre dans la construction europeìenne et dans la mondialisation. Entretien.
L'Opinion : De Gaulle disait que la France n’existe que si elle est grande, François Mitterrand pensait qu’elle ne pouvait plus que «passer entre les gouttes». De quelle vision vous sentez-vous le plus proche ? Jean-Pierre Chevènement: La premieÌre. Je pense que le geìneìral de Gaulle avait raison, mais la France reìelle a toujours su naviguer entre ces deux conceptions.
Vous eìvoquez dans La France est-elle finie ? un climat de repentance et de mauvaise conscience qui consideÌre l’Histoire de France comme une seìrie de fautes ou de crimes. Comment rompre avec ce climat sans verser dans un nationalisme eìtroit ? Ce fut le geìnie du geìneìral de Gaulle de reìtablir la France dans ses preìrogatives de grande puissance au lendemain de la deuxieÌme guerre mondiale en suscitant la Reìsistance et en associant l’armeìe française, autant qu’on le pouvait, au combat victorieux de 1944-45. C’est aÌ mon sens en renouant le fil de notre Histoire aÌ l’ideìal de progreÌs que nous aiderons la France aÌ ne pas être deìfigureìe – ce qui ne manquerait pas d’arriver si le Front national entrait un jour dans un gouvernement. Par ailleurs, il faut redonner une signification de progreÌs aÌ la construction europeìenne. Le soi-disant pacte “de compeìtitiviteì“ imposeì par Madame Merkel conduirait au contraire aÌ une reìcession europeìenne et aÌ une profonde reìgression sociale : recul automatique de l’âge de la retraite, constitutionnalisation de l’interdiction des deìficits, reìduction de la part des salaires dans le revenu national...
Vous prônez un «accord de peuple aÌ peuple entre la France et l’Allemagne». Le peuple allemand lui aussi aspire aÌ voir se desserrer le carcan de la rigueur salariale. Les syndicats allemands, le SPD qui a signeì avec Martine Aubry un texte que je qualifierais de «potable», le parti La Gauche (Die Linke) offrent le visage d’un pays qui ne semble pas condamneì pour l’eìterniteì aÌ une politique conservatrice libeìrale.
Vous relatez preìciseìment dans votre livre le ralliement de la gauche française, en particulier socialiste, au neìo-libeìralisme. On a pourtant le sentiment que cette conversion demeure dans les discours ou les programmes eìlectoraux du PS du domaine du refouleì. En effet, le Parti socialiste n’a pas voulu assumer des choix qui le mettaient en porte-aÌ-faux avec les couches populaires. Donc, il navigue dans un double discours et le probleÌme pour lui est de deìnouer les bandelettes dans lesquelles il s’est laisseì emprisonner par la confusion du ralliement au neìo-libeìralisme avec l’ideìe de la construction europeìenne. Il est grave que le logiciel neìo-libeìral ait eìteì la base sur laquelle l’Europe s’est eìdifieìe depuis les traiteìs du Luxembourg (dit Acte Unique 1985) et de Maastricht (1992).
Il faudrait selon vous «soit changer les reÌgles du jeu de la monnaie unique, soit mettre un terme aÌ cette expeìrimentation hasardeuse». En quoi l’euro vous semble un carcan ? Il empêche tout ajustement moneìtaire entre les diffeìrents pays. Quand la compeìtitiviteì d’un pays diverge trop fortement d’avec celle des autres, on a une crise comme celle qui a frappeì la GreÌce, l’Irlande, le Portugal... On sait que le pouvoir d’achat en Allemagne a eìteì plafonneì depuis dix ans tandis qu’il a augmenteì dans la zone euro de quinze points, en France de dix points, en GreÌce de trente points... Il est eìvident qu’aÌ deìfaut d’une relance concerteìe aÌ l’eìchelle europeìenne, cela implique une correction par la baisse des salaires, ce qui est treÌs peìnalisant et treÌs mal accepteì. Il y a une autre meìthode : la relance et la croissance qui peuvent permettre de desserrer l’eìtau de la dette et faciliter le reìtablissement de la situation des pays en difficulteì
La gauche a eu le tort de tourner le dos aux couches populaires, la droite d’abandonner la nation, eìcrivez-vous. Le vrai clivage aujourd’hui n’est-il pas entre ce que vous appeliez les «eìlites mondialiseìes» et les peuples attacheìs au cadre national ? L’expression «eìlites mondialiseìes» est de Zygmunt Bauman, un sociologue polonais. Je constate qu’il faut que la deìmocratie se remette en marche dans chaque pays. Elle est en principe la loi du nombre et il y a une majoriteì potentielle pour construire une gauche recomposeìe. C’est ce aÌ quoi je m’efforce avec le MRC.
En tant que ministre de l’Inteìrieur, vous avez eìteì l’objet de nombreuses poleìmiques et attaques, mais elles avaient la particulariteì de venir de gens se deìclarant de gauche. On peut penser aux campagnes du Monde et de Libeìration ou aux critiques violentes de BHL. Comment expliquez-vous ce paradoxe ? Ce n’est nullement un paradoxe car je suis en deìsaccord fondamental avec cet individu. Je n’ai jamais pris Bernard-Henri Leìvy pour un homme de gauche. Il repreìsente une droite camoufleìe, une sorte de neìo-libeìralisme qui se pare des atours d’une gauche fantasmeìe. Quand on ose eìcrire comme lui que l’antiameìricanisme est la meìtaphore de l’antiseìmitisme, il n’y a plus qu’aÌ tirer l’eìchelle. Il n’y a pas de deìbat possible avec un tel personnage. C’est un maître en manipulation ideìologique. Il excelle aÌ forger des grilles de lecture qui deìforment la reìaliteì.
En 2002, vous avez reçu le soutien d’eìminents intellectuels ou eìcrivains : Michel Houellebecq, Jean Dutourd, Patrick Besson, Philippe Muray, Reìgis Debray, Max Gallo... Pour autant, vous n’avez pas reìussi aÌ rassembler, aÌ «faire bouger les lignes». Comment analysez-vous cet eìchec ? Je pense que ma tentative eìtait juste quant au fond, mais preìmatureìe. La situation en 2002 n’eìtait pas encore mûre. Depuis, la crise de 2008-2009 est venue changer la donne. Je n’aurais rien aÌ retirer aÌ mon analyse de l’Europe ou aÌ la critique de la deìsindustrialisation de la France, bien au contraire, ni aÌ ma penseìe sur l’Eìcole ou la seìcuriteì.
En 2007, Nicolas Sarkozy a eìteì eìlu avec une theìmatique et des discours ouÌ l’empreinte d’Henri Guaino et de Max Gallo, qui fut l’un de vos proches, eìtait forte. Qu’avez-vous ressenti en voyant votre discours gagner ? On ne peut jamais empêcher un leader politique de faire de la reìcupeìration. La seule façon de l’empêcher vraiment serait de faire la politique qu’ils feignent de vouloir reprendre aÌ leur compte. Mais ce hold-up n’est rendu possible que parce que la gauche a laisseì tomber le drapeau de la nation et de la Reìpublique. Par ailleurs, entre le discours spontaneìment libeìral, atlantiste et occidentaliste de Monsieur Sarkozy et le discours d’investiture que lui a suggeìreì Monsieur Guaino, il y a plus qu’un abîme. Je crois que les Français ont aujourd’hui parfaitement mesureì qu’il y a treÌs loin des promesses aux actes et de la coupe aux leÌvres.
Vous citez le philosophe Gilles Châtelet faisant le diagnostic d’«une socieìteì mortifeÌre, drogueìe aÌ la consommation, au consensus et aÌ la communication». Peut-on en sortir ? Oui, il faut parier sur l’homme, sur sa conscience. Par exemple, ce qui se passe sur le web est treÌs inteìressant, pas seulement en France mais dans le monde entier. On s’aperçoit que des gens reconquieÌrent un outil d’autonomie.
Votre jugement sur l’intervention militaire française en Libye ? Cette intervention se fait dans le cadre d’une reìsolution du Conseil de seìcuriteì des Nations Unies fondeìe sur la “responsabiliteì de proteìger“, reìsolution que les Nations Unies ont faite leur en 2005. Ce n’est pas l’exercice d’un droit d’ingeìrence et encore moins d’un devoir d’ingeìrence, mais de la responsabiliteì de protection des civils. Il faut se deìlimiter au but de la reìsolution. Tous les moyens ne sont pas permis puisqu’il est exclu d’opeìrer une occupation au sol sous quelque forme que ce soit. Je pense que cette intervention se leìgitimait par le souci de proteìger les populations libyennes au moment ouÌ se fait jour dans les peuples arabes une aspiration aÌ la deìmocratie. Pour autant, rien n’est gagneì car il est plus facile de commencer une guerre que d’en sortir. Creìons les meilleures conditions pour permettre au peuple libyen de s’autodeìterminer. C’est aÌ lui de conqueìrir la deìmocratie. Pas aÌ nous de la lui imposer.
------ le site Internet de l'Opinion : www.lopinion.com
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Comment la financiarisation a tué l'économie
25/03/2011 10:27
Si autrefois le capitalisme servait, malgré les conflits sociaux, au progrès technique et à l'amélioration des conditions de vie, cette utilité a, selon Elie Arié, totalement disparu avec de la financiarisation de l'économie. Dès lors, les salariés se sent dévalorisés, les dirigeants des grandes entreprises négocient des parachutes dorés et plus personne ne sait vraiment quel est le sens de la vie.
La financiarisation de l’économie mondiale a une conséquence, à mon avis essentielle, de nature ontologique, mais dont on mesure encore mal l’importance.
Le capitalisme (« le meilleur des systèmes que l’humanité ait connu jusqu’à présent », Karl Marx) a longtemps fonctionné en mettant le profit financier au service du progrès technique (sinon social, ou, du moins, pas directement) de l’humanité: les banques finançaient l’industrie, l’industrie créait des chemins de fer, des avions, des automobiles, des médicaments, de l’électricité, des logements de plus en plus confortables, de l’eau potable, etc. ; chacun retirait de son travail une impression d’utilité et de participer, à son niveau même modeste, au progrès de l’humanité, ce qui contribuait à donner un sens à sa vie.
En découlaient également, en dépit des conflits sociaux et de la lutte des classes, des sentiments tels que l’esprit d’entreprise, et la fierté (parfois un peu touchante par sa naïveté) d’appartenir à « une grande famille » ; je me souviens (authentique) de celle d’un patient, salarié des services administratifs de l’ Aérospatiale, qui m’avait dit, à la sortie du Concorde : « Voilà ce que nous sommes capables de faire ! » ; et d’un manœuvre de Renault, fier d’avoir serré un jour la main de son Président Pierre Dreyfus –ce qui ne l’empêchait pas d’être le premier à faire grève à l’occasion.
La financiarisation de l’économie, en imposant aux entreprises comme condition de leur survie la rentabilité maximale à court terme de l’actionnariat, a transformé le profit en fin en soi, et la masse salariale en variable d’ajustement ; en 20 ans, il a rendu ce monde, que j’ai pourtant connu, aussi lointain, incompréhensible et étrange que le Haut Moyen Âge.
Les dirigeants des entreprises, en négociant à leur embauche des « parachutes dorés » indépendants de leurs résultats et qui leur assurent de quoi être riches pour cinq générations même s’ils les mènent à la faillite, ont perdu tout prestige aux yeux des salariés et ont retiré à leur fortune toute justification idéologique; les banques réalisent d’énormes bénéfices (ou d’énormes pertes) avec des produits tellement sophistiqués qu’elles n’en comprennent pas toujours elles-mêmes leur nature exacte, mais dorment sur les deux oreilles en sachant que les contribuables viendront les renflouer si les choses tournent mal ; la production recherche non pas « le produit qui fait progresser l’humanité », mais « le produit qui se vendra grâce au marketing » : l’industrie pharmaceutique cherche un Viagra® pour femmes ou des hypocholestérolémiants qui feront baisser le cholestérol au-dessous de ce qui est nécessaire, l’important étant de convaincre ensuite des centaines de millions de gens de les prendre tous les jours toute leur vie ; l’industrie alimentaire nous persuade d’ acheter des produits « bio », des compléments alimentaires ou des eaux minérales cent fois plus chères que celle du robinet, sans le moindre avantage pour notre santé ; l’informatique nous oblige à acheter de nouveaux ordinateurs, logiciels, smartphones, appareils de photo, dont la plupart d’entre nous n’ont réellement besoin que de 10% des fonctions qu’ils contiennent –mais les modèles qui nous suffiraient disparaissent du marché ; etc.
La nature du rapport du salarié avec son entreprise a changé : c’est devenu du « chacun pour soi » ; le salarié intelligent entre dans l’entreprise avec l’intention d’en changer au bout de deux à cinq ans, ayant simplement amélioré son CV pour pouvoir prétendre ailleurs à un meilleur salaire ; l’entreprise effectue des licenciements boursiers, des délocalisations et des restructurations qui étaient imprévisibles la veille ; la règle du jeu est claire pour tout le monde, et il serait puéril d’y introduire, de part ou d’autre, des considérations morales : le système ne laisse le choix à personne.
Nous vivrons de plus en plus vieux – mais la société sait de moins en moins que faire de ses vieux, et, par conséquent, les vieux que faire de leur vie.
Reste qu’à la longue –et c’est cela qui est nouveau- lorsque le profit et l’argent, qui sont des abstractions au-delà du minimum vital, deviennent la seule fin en soi de toute activité, chacun, à quelque niveau qu’il se situe, sera amené de plus en plus souvent à se poser un jour ou l’autre la question « à quoi sert ma vie ? à quoi sert la vie ? » - ce qui n’était pas le cas autrefois.
Les plus simples d’esprit chercheront à donner un sens à leur vie par la satisfaction tirée de l’ étalage de leur richesse, ou en se repliant vers des valeurs communautaristes passéistes, ethniques ou religieuses ; les plus faibles, en se marginalisant et en recherchant le bonheur dans les drogues ou l’alcool ; les plus sensuels consacreront leur vie à l’érotisme ; mais tous les autres?
Voici venu le temps impitoyable de la lucidité.
Elie Arié - Tribune
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Contre Marine Le Pen, la République, la vraie !
25/03/2011 10:19
Cette semaine, Marianne laisse carte blanche à Jean-Pierre Chevènement*, pour qui seul un candidat capable d’occuper l’espace allant de Mélenchon à Villepin offirait à notre pays une perspective crédible de refondation. Il faut être pervers pour imputer à la gauche républicaine la responsabilité du hold-up dont elle est la victime.
a France n’a jamais, dans son histoire, donné de majorité à l’extrême droite. Les républicains ont triomphé des antidreyfusards au début du siècle dernier. De même le régime de Vichy, à la fois produit de la capitulation de juin 1940 et ombre portée du nazisme sur la France, a été balayé quatre ans plus tard par de Gaulle et la Résistance. Cette « loi historique » pourrait-elle être mise en défaut par un Front national « relooké » par Marine Le Pen ?
Le Front national s’est installé dans le paysage politique depuis 1983-1984, au lendemain de l’ouverture à gauche de la fameuse « parenthèse libérale » et au fur et à mesure que s’installait, à la faveur de ce retournement politique et sur la base de l’acte unique, un modèle de développement économique – dérégulation, monnaie forte, financiarisation, désindustrialisation de l’économie, chômage de masse – générateur d’une « fracture sociale » toujours plus profonde. L’extrême droite discréditée depuis la Seconde Guerre mondiale a pu ainsi ethniciser de concert avec la gauche « différentialiste » la question sociale. Elle n’a cependant jamais constitué jusqu’ici une véritable menace. La voie ouverte par Le Pen le 21 avril 2002, avec près de 17 % des suffrages exprimés, est apparue quinze jours plus tard pour ce qu’elle était : une totale impasse politique (18 % des voix).
Peut-il en aller autrement à l’avenir ? Les tenants de la « pensée unique » s’avisent avec un mélange de terreur feinte et de délectation secrète de ce que Marine Le Pen chercherait, depuis son discours d’investiture le 16 janvier 2011, à réaliser une sorte de « hold-up idéologique » sur le discours de la gauche républicaine, en reprenant à son compte le thème de l’Etat protecteur. Certes, Philippe Cohen et Laureline Dupont ont donné sans doute par inadvertance quelques verges pour se faire battre dans un reportage publié par Marianne sur un prétendu « cabinet secret » de Marine Le Pen. Mais il est ridicule de dénoncer, comme le fait Ariane Chemin dans le Nouvel Observateur, « les intellos du souverainisme décontaminant la pensée FN », et même odieux d’annoncer le prochain ralliement de Philippe Cohen, dont tout le parcours dit l’inverse, au Front national, en attaquant à travers un mauvais jeu de mots, « Marianne-Le Pen », ou encore de décrire un « cabinet secret » de Mme Le Pen « truffé de personnages qui, pratiquement tous, ont accompagné, à un moment ou à un autre, Jean-Pierre Chevènement dans son parcours politique » (Jean-Michel Aphatie). Pour ma part, je n’en connais aucun, et s’il s’en trouvait un seul, je le désavouerais aussitôt. A bien relire le discours de Marine Le Pen, on retrouverait à ce compte les intonations et même des expressions de François Mitterrand au congrès d’Epinay de juin 1971 (dénonciation de l’« argent roi »). Tout cela fait partie d’un très banal travail de récupération politicien. Si le PS et la droite ont laissé tomber le drapeau de l’indépendance nationale et même d’une conception exigeante de la République, à qui la faute ? Et si le Front national cherche à récupérer cet héritage en déshérence, il faut être idiot pour applaudir et pervers pour renverser les rôles en imputant à la gauche républicaine la responsabilité du hold-up dont elle est victime ! C’est le degré zéro de la réflexion politique. Il est vrai qu’une nouvelle étape de développement de l’extrême droite se dessine : la fille ne vise pas seulement à faire oublier les outrances du père. Le moment est venu pour elle d’occuper systématiquement, non pas seulement au nom de la nation mais au nom de la République elle-même, le terrain laissé libre à la fois par un PS qui a troqué depuis longtemps le discours social qu’il tenait vis-à-vis des couches populaires contre un discours « sociétal » et par une droite atlantiste et « occidentaliste » qui a abandonné l’héritage universaliste de la nation française.
Le Front national cherche aujourd’hui à exploiter à son profit une situation de crise et de rupture sociale. Il met le doigt là où ça fait mal, au point qu’on finirait par oublier comment il s’est construit à travers la dénonciation, depuis quarante ans, de l’« immigrationnisme » comme étant la source de tous les maux. On chercherait en vain dans le discours de Marine Le Pen l’ombre d’une analyse économique et sociale construite, ou la plus petite esquisse d’une politique visant à surmonter, dans l’intérêt du pays, la crise de l’euro.
Marine Le Pen est certainement une fille très maligne (au double sens du terme), mais elle est incapable de mettre en œuvre une politique de réindustrialisation et d’intégration des immigrés parce que l’idée même du citoyen lui reste étrangère. Quoi qu’il fasse, le Front national restera le parti de l’ethnicité et ne deviendra jamais celui de la citoyenneté. Il suffit de voir Marine Le Pen brandir la menace d’un « nouveau califat » sur le pays : elle nous ramène aux croisades, alors qu’il s’agit seulement de faire appliquer la loi républicaine, la même pour tous.
Marine Le Pen peut sans doute améliorer le score de son père. Si elle est en mesure de faire battre le candidat de la droite au premier tour de 2012, elle n’a pas par elle-même la crédibilité qui lui permettrait de l’emporter. Comme en 2002, un « front républicain » la renverra dans les cordes au second tour. A vrai dire, ce n’est pas 2012 qui m’inquiète, c’est la suite.
Le Front national n’a évidemment pas changé. Le véritable carburant de l’extrême droite, c’est la crise économique, sociale et politique qui est devant nous. Le « pacte de compétitivité » Merkel-Sarkozy porte en lui la menace d’une terrible régression sociale. Si le PS ne rompt pas avec la politique de supplétif qui a été la sienne quand il a voté le traité de Lisbonne, son candidat pourra bien l’emporter en 2012, mais il offrira un boulevard à la conjonction dès aujourd’hui probable du Front national et d’une droite rejetée dans l’opposition, et cela dès les élections municipales, régionales et départementales de 2014. En s’emparant des leviers de l’action locale, l’extrême droite s’approcherait alors du pouvoir de l’Etat. La France, pour le coup, en sortirait défigurée !
Pour déjouer ce piège infernal, est-il envisageable de faire surgir d’ici à 2012 un candidat qui offre une alternative politique réelle à l’accrochage suicidaire de la France au pacte de Mme Merkel ? Et à défaut qu’aucun candidat socialiste à ce jour n’ait laissé paraître qu’il était capable d’opérer ce virage stratégique, un autre candidat pourra-t-il occuper l’espace allant de Mélenchon à Villepin afin d’offrir à notre pays une perspective crédible de refondation républicaine ? Bref, d’opposer à Marine Le Pen la République, la vraie ? * Président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen.
http://www.marianne2.fr/Contre-Marine-Le-Pen-la-Republique-la-vraie-_a204213.html
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